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Critiques rédigées par Les bibliothécaires

 

Master gardener (Paul Schrader)

note: 3Parfois avoir la main verte conduit au salut Les bibliothécaires - 6 mars 2024

Master Gardener est un film du réalisateur Paul Shchrader, scénariste du cultissime Taxi driver.
Dans cet opus on retrouve encore et toujours la patte du maître qui poursuit sa trilogie sur la rédemption qui commença en 2017 avec sur le chemin de la rédemption puis en 2021 avec The card counter et enfin en 2022 avec Master Gardener. On suit un ancien néonazi qui cherche à retrouver son salut en devenant un maître du jardinage. Narvel Roth alias Joel Edgerton travaille dans une résidence luxueuse comme jardinier et homme à tout faire pour la propriétaire Norma Haverhill alias Sigourney Weaver. Narvel est un homme pathologiquement méticuleux au point de compiler tout son travail sur les plantes dans des carnets de bords. Le film nous plonge dans une atmosphère anachronique et très intrigante, au cœur d’une vieille demeure pseudo-aristocratique entourée de jardins à la française où tout porte à croire que la maîtresse de maison disposerait des faveurs de son valet mais tout bascule lorsque Norma demande à Narvel de prendre sa petite nièce Maya en apprentissage. L’arrivée de Maya bouleverse l’équilibre des lieux, des tensions apparaissent entre les deux femmes liées à une rivalité sociale et amoureuse. Narvel se transforme alors en défenseur des nobles causes, dévoilant ainsi à travers quelques flashbacks son passé violent. Un thriller captivant mais au scénario pas tout à fait abouti. R.V.

Annie colère (Blandine Lenoir)

note: 5Annie colère ou le combat pour la liberté Les bibliothécaires - 2 février 2024

Annie colère est un film à la fois politique et touchant sur la lutte pour l’émancipation féminine par l’accès à l’avortement. On suit Laure Calamy alias Annie une ouvrière, mère de deux enfants qui décide de faire appel au MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception) afin d’avorter après être tombée enceinte accidentellement une troisième fois. Cette intervention va donner un nouveau sens à sa vie.
Le film se passe en février 1974 un peu avant que la loi Simone Veil soit promulguée en janvier 1975. Le film rend hommage à ce mouvement qui en seulement 18 mois à réussi à faire changer la loi. Initialement constitués essentiellement au départ par de militantes surmotivées et de très peu de médecins, ces femmes ces groupes ont bien souvent pratiqué l’avortement clandestin afin d’aider de nombreuses jeunes femmes en détresse.
Laure Calamy porte le film sur ses épaules rendant extra-ordinaire le combat d’une femme « ordinaire ». Le but de Blandine Lenoir dans ce film était de mettre en lumière la parole de ces femmes afin qu’elles puissent être écoutées et considérées notamment dans ce contexte actuel où le droit à l’avortement revient régulièrement au cœur de l’actualité. Dernièrement fragilisé aux Etats-Unis, « la liberté » de recourir à l’avortement est actuellement débattu à l’Assemblée Nationale pour intégrer notre constitution.
Un film absolument nécessaire pour une combat perpétuel.R.V.

Nuée (La) (Just Philippot)

note: 51001 pattes Les bibliothécaires - 2 février 2024

Virginie élève seule ses deux enfants et porte à bout de bras son exploitation agricole, qui périclite. Pour la sauver, elle se lance dans l’élevage des sauterelles comestibles, lesquelles développent une certaine dépendance...au sang humain.
Pour cette première réalisation, extrêmement maitrisée, Just Philippot exploite le cinéma de genre pour aborder la question de la survie économique. Très rapidement, il instaure un climat oppressant avec un sentiment de danger imminent. D'où vient cette angoisse ? De Virginie, mère aux abois à la limite de la folie, d'une violence sourde, d'un besoin de vengeance sociale, des sauterelles mutantes...?
Bravo à Just Philippot de mettre l'actrice Suliane Brahim au centre de ce dispositif. Inconnue du grand public, on découvre cette comédienne de théâtre, pensionnaire de la Comédie-Française dans ce rôle de mère nourricière...
Spectateurs entomophobes, passez votre chemin. C.G.

Le challenge (Gene Stupnitsky)

note: 3Génération de trop Les bibliothécaires - 2 février 2024

Le challenge de Gene Stupnitsky est une comédie de 2023 avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal. L’actrice se faisait rare depuis ses dernières apparitions dans X-men et Hunger-games, elle revient dans un registre dans lequel on a moins l’habitude de la voir. Elle interprète Maddie une trentenaire qui a du mal à joindre les deux bouts, et qui s’improvise chauffeur Uber pour arrondir ses fins de mois…jusqu’à ce matin où sa voiture est saisie.
Afin d’éviter de perdre également sa maison, elle décide de répondre à une annonce dans laquelle des parents fortunés propose un véhicule gratuit en échange d’une série de rendez-vous avec leur adolescent introverti. Le but étant de le dévergonder avant son entrée à l’université. Maddie qui est une jeune femme très libre sexuellement ne rencontre aucune difficulté à accepter la proposition.

La seconde partie du film bascule dans le film sentimental convenu. On découvre Percy, un jeune homme très introverti mais surprenant qui bouscule les sentiments de Maddie : pour elle, c’est le début d’une amitié alors que lui passe doucement de l’indifférence à l’amour. Le malaise provient également de certaines scènes qui mettent en avant la différence d’âge et qui montre que les deux personnages n’appartiennent pas à la même génération.

Gene Stupnitsky est un habitué des teens comédies on se souvient de Good boy sorti en 2019 sur la préadolescence, avec une certaine touche grivoise, dans le pur style de Judd Apatow. Là encore, le scénario n’est pas très élaboré mais les deux acteurs sont excellents. Le Challenge est un bon film qui montre la naissance d’une amitié entre deux êtres que tout oppose.
R.V.

Oppenheimer (Christopher Nolan)

note: 4Bombe à retardement Les bibliothécaires - 2 février 2024

3 ans après “Tenet”, le réalisateur Christophe Nolan se lance dans le récit de la création de la bombe atomique par Robert Oppenheimer.
1942. Convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis décident dans le plus grand des secrets de créer la première bombe atomique de l’histoire. Pour diriger ce projet, le gouvernement fait appel au brillant physicien Robert Oppenheimer. Dans un laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, le scientifique et son équipe mettent au point cette arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel.
Christopher Nolan choisit de raconter cette histoire avec une trajectoire tragique et sidérante moins spectaculaire que ses derniers essais Dunkerque et Tenet mais plus ambitieux encore. Oppenheimer est massif, une épopée de trois heures dotées d’un casting impressionnant : Cillian Murphy, Emily Blunt ainsi que Robert Downey.Jr.

Christopher Nolan n’offre pas simplement un film mais une immersion grâce à la mise en scène ainsi que la bande son du film, passant des rêveries du jeune physicien à une prise de conscience sur les répercussions de sa création.

Oppenheimer ne décrit pas seulement la création de l’arme nucléaire, il parle de la société d’après-guerre, période où les États-Unis sombrent brutalement dans la paranoïa communiste. Avec sa bombe, Oppenheimer a ouvert les portes d’un monde nouveau dont il a complètement perdu le contrôle.
Un biopic captivant, qui nous fait voyager de l’émerveillement de cette découverte, aux effroyables conséquences sur le monde.
Emma V.

Trio (Kaya Miyano)

note: 5Simple et addictif Les bibliothécaires - 12 janvier 2024

Voici un jeu de cartes familial, aux règles simples pour exercer vos talents de mémoire et de bluff. C.G.

Raowl n° 2
Peau d'âne la princesse qui pue (Tébo)

note: 4La peau d'Ane, ça pue ! Les bibliothécaires - 5 janvier 2024

Raowl, c'est l'histoire d'un sauveur de princesses, pas comme les autres. Il a un pouvoir : quand il éternue, il se transforme en un magnifique prince charmant qui déteste tout le monde !
Un jour Raowl rencontre Peau d'Ane mais ils se font vite capturer par un monstre...comment vont-ils parvenir à se sortir de ce pétrain? Je vous laisse le découvrir.
J'ai beaucoup aimé le duo formé par Raowl et Peau d'Ane. Et puis, la BD est suffisamment longue pour que le lecteur entre dans l'histoire et apprécie d'y rester pour son plus grand plaisir. Le ton humoristique fonctionne très bien. Et pour finir, j'ai également beaucoup aimé le graphisme de Tébo.
Youssef, stagiaire de 3ème au College Pompidou d'Enghien-les-Bains.

The last of Us saison 1 (Neil Druckmann)

note: 5Les liens du sans Les bibliothécaires - 3 janvier 2024

The last of us est l’adaptation du jeu vidéo à succès du même nom, dans lequel on suit un homme Joël et une jeune fille Ellie dans un monde postapocalyptique, à la suite d’une pandémie provoquée par un champignon, le cordyceps. Pour survivre, ils doivent traverser les Etats-Unis en ruine afin de conduire Ellie immunisée contre cette maladie dans un centre afin de produire un vaccin. Pour se faire, elle est accompagnée par Joël, un homme près à tout pour la protéger tel un père. Les deux personnages sont interprétés par deux acteurs talentueux Pedro Pascual et Bella Ramsay.

La réussite de la série réside dans le fait que les scénaristes et réalisateurs, Craig Mazin et Neil Druckmann sont restés les plus fidèles possible à l’esprit du jeu vidéo en conservant ce qui faisait son succès c’est à dire d’importantes séquences. Ceci s’explique certainement par le fait que Neil Druckmann est également scénariste du jeu vidéo. Cette adaptation bien que fidèle reste plutôt réaliste, il y a très peu de scène de confrontation avec les créatures contaminées contrairement au jeu vidéo ou d’autres séries du même genre tel que Walking Dead. Elle se concentre sur la relation entre les deux personnages principaux, une relation père-fille s’installe et l’amour adoptif dépasse tous lien du sang dans un monde où l’homme est totalement déshumanisé. Il s’agit là surement de la meilleure adaptation d’un jeu vidéo sur écran et le format série permet un développement plus complet de l’histoire. On attend impatiemment l’adaptation du deuxième volet du jeu vidéo qui pourrait se voir transformer en deux saisons supplémentaires dans la série. A suivre…
R.V

Maestro s (Bruno Chiche)

note: 4Combat des chefs Les bibliothécaires - 8 novembre 2023

Comme le titre le souligne, il n’y a pas un mais deux maestros dans la famille Dumar : François le père, interprété par le magnifique Pierre Arditi, grand chef d’orchestre au crépuscule de sa carrière dirige la Philharmonie de Paris et le fils Denis, joué par Yvan Attal vient de remporter une victoire de la musique classique. Le film s’ouvre sur un quiproquo, un poste s’est ouvert à la prestigieuse Scala de Milan mais les dirigeants ont malencontreusement contacté le père à la place du fils…et c’est au fils qu’il est demandé de réparer cette erreur en informant son père…
Cette situation délicate et hautement improbable sonne comme la fin de cette rivalité. En effet, le maitre fini par être dépassé par l’apprenti sachant que la Scala était le rêve du père. Le film joue beaucoup sur le tandem Arditi-Attal qui passe du grave au touchant. Le duo est parfaitement contrebalancé par la présence de Miou-Miou qui joue le rôle de la mère, dernier lien entre ces deux hommes qui se fuient.
Bruno Chiche signe une comédie dramatique attachante avec une bande son classique qui ravira les mélomanes et rafraîchit les films sur la thématique de la relation père-fils dans un domaine professionnel peu connu. À voir absolument.
R.V.

I inside the old year dying (P. J. Harvey)

note: 5Enfin de retour ! Les bibliothécaires - 7 novembre 2023

Un nouvel album de PJ Harvey reste un évènement dans le monde de la musique, et voilà bientôt trente ans que l’Anglaise se renouvelle à chaque opus.

"Inside the old year dying" dévoile plus que jamais la poétesse derrière la chanteuse. D’une exigence sans faille, et de sa voix gracieusement perchée, PJ Harvey délivre une expérience musicale riche, onirique voire expérimentale. Il n’en demeure pas moins accessible et la beauté de ce disque se distille au fil des écoutes. C.G.

Jeanne du Barry (Maïwenn Le Besco)

note: 4Scandaleusement Touchant ! Les bibliothécaires - 7 novembre 2023

Après avoir réalisé « Mon roi » et « Polisse » la réalisatrice et actrice Maïwenn se penche sur un récit historique autour de la dernière favorite du Roi Louis XV.

Jeanne, fille du peuple désirant une vie pleine de plaisirs et de connaissances, utilise ses charmes pour gravir les échelons de la société. Elle devient la favorite du Roi qui ignore sa condition et prend goût à la vie auprès d’elle. Leur amour ainsi que l’installation de Jeanne à la cour scandalisent Versailles.

Le film Jeanne du Barry est tourné à Versailles et Maïwenn déploie un déluge de dentelles, de bougies et de perruques poudrées. Un hommage tout particulier pour l’acteur Johnny Depp interprétant en français (V.O) le rôle du Roi Louis XV avec un charisme sans fin.

Ce film évoque le lien fort entre Jeanne du Barry et Louis XV et nous fait voyager à travers une multitude d’émotions de tendresse, hargne ou chagrin. Entre romance et drame : pour les passionnées d’histoire mais pas seulement !

Emma V.

Toujours prêtes ! n° 1 (Virginie Augustin)

note: 4Héroïnes des temps modernes Les bibliothécaires - 6 octobre 2023

Spin-off du "Petit théâtre des opérations", série de documentaires puis de BD à succès revisitant l’histoire de façon décalée, "Toujours prêtes" s’intéresse aux exploits improbables mais vrais d’héroïnes méconnues des deux guerres mondiales.
Composé de courtes chroniques humoristiques complétées d’une page biographique, ce premier tome fait la lumière sur ces femmes qui sont allées combattre sur les lignes ennemies et qui sont pourtant demeurées dans l’ombre de l’histoire.
Des petites Curies à Milunka Savic qui se déguisa en homme pour intégrer les rangs de l’armée serbe et terrorisa l’ennemi par la justesse et la vitesse de son lancer de grenades, en passant par Yoshiko Kawashima, princesse impériale chinoise déchue qui œuvra comme espionne pour le Japon, sans oublier les « sorcières » de l’armée soviétique, c’est autant de destinées incroyables et dignes des plus grands blockbusters américains qui nous sont contées par Julien Hervieux sans jamais se départir de son ton décalé, apportant de la légèreté à des épopées aux fins parfois tragiques. Le dessin toujours efficace de Virginie Augustin fait mouche, elle qui s’était déjà illustrée dans des bandes dessinées mettant en scène des femmes au caractère bien trempé ("40 Éléphants", avec Kid Toussaint ; "Joe la pirate" avec Hubert…).
Une succession de petites chroniques légères à picorer, mais qui se dévore aussi en un rien de temps tant ces histoires sont passionnantes et donnent envie d’en apprendre plus sur ces héroïnes des temps modernes.
Vv

Les oiseaux de papier (Mana Neyestani)

note: 4Traversée périlleuse Les bibliothécaires - 6 octobre 2023

Dessinateur de presse et de bande dessinée, Mana Neyestani s’est fait connaître par ses romans graphiques très documentés décrivant les paradoxes de la société iranienne. Réfugié politique en France depuis 2012, il réalise sa première bande dessinée de fiction avec Les oiseaux de papier et nous emmène au Kurdistan iranien, région pauvre et montagneuse située à la frontière avec l’Irak et également haut lieu de trafic d’articles de contrebande.

Persécutés par le pouvoir central et survivant dans des petits villages où il y a peu d’emploi, la plupart des Kurdes sont contraints de se faire embaucher comme passeur (ou « kolbar ») afin de gagner leur vie : ils doivent ainsi traverser la frontière à flanc de montagne et récupérer les marchandises en Irak (de l’alcool, des cigarettes, des vêtements, mais parfois des machines à laver et autres électroménagers volumineux…), qu’ils réacheminent vers l’Iran sur leur dos dans des conditions précaires et dangereuses, avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer, les gardes-frontières et les conditions climatiques étant bien souvent impitoyables.

Jalal, jeune diplômé en ingénierie, a rejoint les kolbars en espérant mettre de côté suffisamment d’argent pour soigner sa mère et épouser Rojan, promise à un autre. Tandis que Rojan tisse la laine en attendant le retour de son fiancé et rythme le récit par ses réflexions, l’expédition de Jalal et ses compagnons de route tourne bientôt à la catastrophe lorsque la neige commence à tomber et qu’ils s’égarent dans un champ de mines… Drame social bien mené, Les oiseaux de papier s’inscrit également dans une tension dramatique efficace, puisque le voyage des kolbars est également l’occasion pour certains de régler leurs comptes. Le dessin au trait fin et dur contribue à cette atmosphère pesante.
Vv

Aftersun (Charlotte Wells)

note: 5Dernier été Les bibliothécaires - 6 octobre 2023

Pour son premier film, l’écossaise Charlotte Wells creuse le sillon des souvenirs entre mélancolie et douceur de vivre.
Callum, jeune trentenaire offre des vacances à sa fille Sophie dans un hôtel en Turquie. Glaces, baignades, parties de billard ponctuent leurs journées oisives. Complices, ce duo s’offre une parenthèse enchantée. Sophie, un pied dans l’enfance et l’autre dans l’adolescence, observe avec curiosité le fonctionnement et les jeux des teenagers.
Ce film simple et subtil à la fois déborde de mélancolie.
Callum, grand gaillard aux traits doux, cache difficilement son mal-être. Ici et là, quelques indices éclairent sur son tourment. Mais surtout, cette mélancolie se diffuse dans les allers retours entre souvenirs joyeux et parcellaires fixés sur la pellicule du camescope de Sophie qui enregistre ces moments heureux dans l’insouciance de leur pouvoir de réminiscences, et sa réalité d’adulte, teintée de nostalgie et de regrets. Inlassablement, Sophie se raccroche à ces fragments d’images et ses souvenirs pour résoudre le mystère de ce père que l’on devine désormais absent.
Aftersun est un film puissant, obsédant, qui touche au cœur. C.G.

Retour à Séoul (Davy Chou)

note: 4En Corée et encore Les bibliothécaires - 6 septembre 2023

Née en Corée du Sud, il y a vingt-cinq ans, Freddie, très vite adoptée par un couple de Français arrive un jour à Séoul, par hasard, son avion pour le Japon annulé. À la découverte d’une culture et d’un pays dont elle ne connait ni les codes ni le langage, elle ne cherche pas particulièrement à renouer avec ses origines. Cependant, encouragée par sa logeuse, Freddie décide de retrouver son père et sa mère…
David Chou construit son film autour de quatre temps forts de la vie de Freddie, sur une période de 10 ans : un récit d’ellipses dans lequel se construit l’identité complexe de l’héroïne. À chaque nouvelle période, le spectateur compose avec la nouvelle version de Freddie qui, elle s’affranchit déjà de son passé. Fascinante et imprévisible, elle s’avère même taciturne voire antipathique tant elle refuse de se conformer à quoi que ce soit dans sa quête.
Avec ce « retour au pays », David Chou illustre par le long chemin de Freddie vers sa propre identité démontrant ainsi un processus incertain, aux sentiments contradictoires, fait d’interrogations et de rejets.
C.G

La famille Asada (Ryôta Nakano)

note: 5Une photo, une famille, des souvenirs inaltérables. Les bibliothécaires - 5 septembre 2023

La famille Asada est un film japonais du réalisateur Ryôta Nakano, sorti en France en janvier 2023. Il s’agit d’une comédie dramatique basée sur l’histoire réelle du célèbre photographe japonais Masashi Asada dont les mises en scènes photographiques mettent en lumière sa famille.

Le film présente deux parties, dont la première expose la vocation de Masashi pour son futur métier. Un appareil argentique reçu en cadeau par son père à l’âge de 12 ans sera le facteur décisif de sa future passion. La singularité de son style s’affirme alors puisque le photographe instaure une relation d’intimité avec son sujet, condition fondamentale de sa création. Sa personnalité atypique contraste avec le conformisme de la société nipponne. Soutenu par ses parents, mais incompris par son frère, sa détermination à se réaliser en tant qu’artiste ne cessera de croître, jusqu’à la mise en scène des ambitions et des espoirs perdus de chacun des membres de sa famille. Sera alors édité l’illustre album de la famille Asada : grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est possible.

La seconde partie du film met en scène une mémoire personnelle et collective dans le contexte du séisme survenu en 2011 au Japon sur la côte Pacifique. Masashi vient en aide à des sinistrés, en récoltant dans les décombres des maisons détruites toutes les photos englouties afin qu’ils puissent récupérer un ou plusieurs de leurs souvenirs les plus précieux.

A l’instar du réalisateur Kore-eda, Ryôta Nakano utilise le thème de la famille et du foyer comme l’essence même de son travail.
RV

Oeuvre non trouvée

note: 4Tea time ! Les bibliothécaires - 8 juillet 2023

Cathy, sexagénaire anglaise, tente de se reconstruire après le décès de son mari, et (mal) entourée par ses proches : un fils égoïste, sa fiancée stupide, un frère grossier, une belle-sœur aigrie et des beaux-parents abominables. Cet éventail de personnages grotesques et pénibles apporte son lot de dialogues et scènes cocasses face à Cathy qui demeure imperturbable et bienveillante face à tant de maladresses. Une patience qui force l'admiration.

Heureusement que Michael, le meilleur ami de feu son mari, est là pour la soutenir… Sans doute parce qu’il est amoureux d’elle depuis presque quarante ans...

Mum est une série touchante et décalée sur le temps du deuil, le retour à la vie et aux sentiments.

Et bien-sûr à voir en V.O pour apprécier la variété d'accents British ! C.G.

Farmhand n° 1 (Rob Guillory)

note: 4Big Ferma Les bibliothécaires - 16 juin 2023

Après "Tony Chu", le détective cannibale, Rob Guillory revient avec une autre comédie à la fois lugubre et délirante. "Farmhand" met en scène une famille d’agriculteurs qui a prospéré dans une production agricole bien particulière : suite à une vision, le père de famille Jedediah Jenkins, agriculteur peu doué, a découvert un nouveau type de cellule souche humaine, capable de s’adapter à son environnement et de réparer tout tissu humain endommagé, lui permettant ainsi de cultiver… des organes humains ! Il fait ainsi de sa ferme le plus grand institut "fermaceutique" du pays où grands accidentés, amputés et autres viennent se faire greffer à l’envi.
Lorsqu’Ezekiel, le fils aîné, vient se réinstaller dans la région avec sa famille après avoir rompu les liens avec son père, il découvre une exploitation agricole prospère mais entourée de mystère, et qui doit faire face à l’espionnage industriel et les magouilles politiciennes. Sous ses airs de faiseur de miracle, le père Jenkins semble cacher bien des secrets, de même que le voisinage qui semble à la fois le craindre et le haïr…
Une délectable comédie noire aux airs de cartoon, flirtant avec le thriller et l’horreur.
Vv

Peau (Mieke Versyp)

note: 4À fleur de peau Les bibliothécaires - 16 juin 2023

Premier roman graphique de Sabien Clement et Mieke Versyp (qui remporta le prix Goscinny 2023 pour son scénario), "Peau" est avant tout l’histoire d’une mise à nue, et d’une amitié entre deux femmes aux parcours de vie très différents. D’un côté Esther, trentenaire solitaire et un peu paumée, qui trouve son seul divertissement dans l’atelier de dessin de nu qu’elle dirige. De l’autre, Rita, plus âgée, divorcée, décide de poser comme modèle à l’atelier afin d’arrondir ses fins de mois.

Leur amitié, d’abord ténue, se fait progressivement de plus en plus essentielle à mesure que l’on suit leurs vies respectives, dans toute leur fragilité et leur précarité, à la fois financière et affective : Esther vit ainsi une histoire d’amour naissante et brinquebalante tandis que Rita s’efforce de maintenir le lien avec sa fille indifférente qu’elle ne comprend plus. Les séances de dessin rythment ces moments de solitude et deviennent des moments de respiration et d’émancipation pour les deux femmes.

Un roman graphique extrêmement touchant, très humain dans la mesure où il dépeint avec beaucoup de délicatesse toutes les imperfections et les petites frustrations du quotidien. On décèle de la tendresse pour ces deux personnages qui apprennent à continuer de vivre et de se réinventer malgré les déceptions de la vie : comment faire peau neuve à partir de ce qu’on a vécu et souffert ?
La dessinatrice flamande Sabien Clement mélange allègrement les medium dans cet album graphiquement superbe : traits de stylos, crayon, peinture, collages intercalés de croquis au crayon. Un ensemble hétéroclite et sensuel aux tons doux et pastel.
Vv

Bullet Train (David Leitch)

note: 4Un train nommé carnage Les bibliothécaires - 6 juin 2023

Bullet Train est un blockbuster d’action, sorti durant l’été 2022. Le film est signé par le réalisateur David Leitch qui a commencé sa carrière comme cascadeur dans les années 90. Doublure de Brad Pitt dans Le Mexicain, Spy Games, Ocean's Eleven, Troie, et Mr. et Mrs. Smith, il devient par la suite le coréalisateur de John Wick, puis le réalisateur de Fast and Furious ainsi que de Deadpool. Ce dernier film Bullet train, l’adaptation d’un livre du romancier japonais, Kôtarô Isaka. Il imite le style de Guy Ritchie mélangeant avec brio violence et hilarité, ajoutant des touches Tarantinesques mais sans jamais réussir à égaler le maître. De nombreuses idées scénaristiques, reprises du chef d’œuvre Kill Bill convoquent à la fois : l’action située au Japon, les récits à tiroirs, les noms des personnages affichés à l’écran, les incessants flash-backs etc... C’est un très bon divertissement où scènes spectaculaires se mélangent à l’humour grinçant des personnages. On retrouve Brad Pitt dans son registre comique, dans lequel il excelle. Sa performance se rapproche de celle de Once upon a time… in Hollywood dans lequel il incarnait Cliff Booth. Ici il joue le rôle d’un tueur à gage qui ne veut plus utiliser d’armes car il suit une thérapie afin de se pacifier ce qui est complètement contradictoire avec son gagne-pain. Ce qui au départ devait être une simple mission va se convertir en un véritable carnage en huit clos, le mauvais Karma de « Coccinelle » allias Brad Pitt expliquant peut-être tout cela. Un film d'action à voir, entièrement désinhibé et comportant de nombreuses scènes de combats à la violence graphique assumée. R.V.

Enfants des autres (Les) (Rebecca Zlotowski)

note: 5Mère parallèle Les bibliothécaires - 1 juin 2023

Rachel (Virginie Efira), femme épanouie, professeur de lettres tombe amoureuse d’Ali (Roshdy Zem), papa de Leila 4 ans.
Dans ce très beau film, Rebecca Zlotowski interroge la figure de la belle-mère, loin de l’image de la marâtre puisqu'elle questionne plus largement la question de la parentalité et de la transmission en dehors de tout lien biologique.
C'est au contact de Leila que le désir de maternité se révèle chez Rachel alors que celle-ci est précisément rattrapée par son âge "biologique". Impuissance, dignité et acceptation animent ce magnifique personnage interprété par Virginie Efira.
Sujet à la fois banal et intime, Rebecca Zlotwoski réalise un film solaire qui touche à l'universel. C.G.

Rocky (John G. Avildsen)

note: 4Rocky où la fable de la chance offerte à n’importe qui Les bibliothécaires - 31 mai 2023

Rocky est un film que Stallone a entièrement imaginé et pour lequel il n’envisageait personne d’autre que lui-même pour le rôle principal. Et il a très bien fait car cela lui a rapporté 3 Oscar dont celui de meilleur film. Qui n’a jamais rêvé de gloire et de respect ? Qui n’a jamais souhaité que la chance lui sourit enfin ? Rocky c’est tout cela à la fois. C’est un drame social dans lequel un boxeur de seconde zone, homme de main à ses heures perdues, se voit offrir l’opportunité de décrocher le titre des poids lourds et ainsi, s’extraire de sa condition misérable. Stallone s’est inspiré de l’histoire de Chuck Wepner, un boxeur inconnu, qui aura tenu durant 15 rounds face au champion du monde le célèbre Mohamed Ali, perdant par KO technique à 16 secondes de la fin du match.

Rocky offre une énième relecture de « l’American Dream », une histoire de réussite personnelle décrochée par un travail acharné, une volonté de croire en soi jusqu’au bout et tenir debout coute que coute. C’est sur ce postulat que Rocky assoit son image de « battant ». Néanmoins, Stallone tient davantage de l’anti-héros, du loser magnifique auquel le spectateur s’attache forcément. Il émane de ce film beaucoup de sincérité et de tendresse pour ce boxeur. Et puis, on ne boudera pas son plaisir de spectateur en entendant les premières notes du thème composé par Bill Conti Gonna fly now.

Un film culte qu’il ne faut pas hésiter à redécouvrir tant Stallone y est très juste. R.V

Suis-moi je te fuis (Koji Fukada)

note: 3Promis...c'est la dernière fois ! Les bibliothécaires - 1 avril 2023

Suis-moi je te fuis est un film du réalisateur japonais Koji Fukada il s’agit d’une adaptation du manga The Mark of Truth de Mochiru Hoshisato. Le jeune Tsuji commercial dans une petite pme et amoureux indécis fricote secrètement avec deux de ses collègues. Au Japon il est très mal vu d’avoir une relation avec un collègue. Tsuji cache donc ses relations car il bénéficie d’une bonne situation dans cette société. Mais tout bascule le jour où il croise Ukiyo, jeune femme rencontrée à la sortie d’un konbini (sorte de superette japonaise), et qu’il va sauver in extremis d’un accident sur un passage à niveau.

Dès lors, Tsuji est impliqué systématiquement dans des incidents impliquant Ukiyo et il doit à chaque fois intervenir pour la sortir de situation dramatique. Cet engagement témoigne de son amour naissant pour Ukiyo dont elle sait tirer profit. En réalité, cet amour ne s’affirmera jamais.

Koji Fukada met en scène de façon magistrale le grain de sable qui enraye la machine du quotidien. Difficile pour Tsuji de reconnaitre cet amour, car dans cette société patriarcale japonaise, sclérosée par les contraintes sociales et familiales, il serait déclassé en s’impliquant totalement dans une relation avec cette jeune femme à perdre d’un point de vue social en s’impliquant totalement dans cette relation avec cette jeune femme, qui a tout perdu. Le film est à mettre en parallèle avec un autre film de Fukada, Hospitalité dans lequel un vieil ami de la famille Kobayashi va bouleverser leur quotidien. Fukada, à travers ces personnages, critique cette société japonaise qui sépare rigoureusement la vie privée de la vie professionnelle, créant parfois des situations irrationnelles soulignant au passage les inégalités hommes-femmes au sein du monde du travail.
Une plongée dans une relation à la fois complexe et bouleversante. R.V.

Revoir Paris (Alice Winocour)

note: 5Réparer les vivants Les bibliothécaires - 1 avril 2023

Inspiré des attentats de 2015, Alice Winocour livre son quatrième film dans lequel nous accompagnons une survivante, Mia, dans sa quête de reconstruction. Souffrant d’un blocage mental, elle entame une enquête sur les évènements de la soirée avec l’espoir de rassembler les morceaux éparses de sa mémoire pour réapprendre à vivre. Sur ce chemin, elle rencontre Thomas, marqué dans sa chair, et qui lui, souffre de trop se souvenir. Son témoignage ainsi que la confrontation avec d’autres survivants l’aideront dans sa quête.
Avec pudeur et délicatesse, Winocour filme les traumas et le chemin de résilience d’une survivante aux prises avec la présence fantomatique et bienveillante des disparus. C’est d’ailleurs un des points forts de la mise en scène de la réalisatrice.
Cette rupture brutale dans la vie de Mia ouvre aussi une nouvelle perception de son rapport à l’autre et surtout au monde qui l’entoure. Revoir Paris c’est aussi, littéralement, regarder Paris d’un autre œil, dans sa réalité sociale la plus injuste : un Paris de la clandestinité et de l’exploitation de la misère humaine, un Paris des Invisibles.
Le douloureux processus de reconstitution du puzzle permet à Virginie Efira de livrer une prestation sobre face à Benoît Magimel très touchant.
C.G.

Elvis (Baz Luhrmann)

note: 4La poule aux oeufs d'or Les bibliothécaires - 1 mars 2023

Elvis est un biopic du réalisateur australien Baz Luhrmann. Il s’agit d’un film renaissance pour Luhrmann car il n’avait rien réalisé depuis Gatsby le Manifique sorti en 2013. Une entreprise ambitieuse qui montre la complexité de l’univers qui entourait le King, abordée à partir du prisme de la relation entretenue entre Elvis et son manager le Colonel Parker, escroc vénal qui géra tout du long sa carrière musicale et cinématographique. Ce dernier apparait donc comme une sorte de narrateur sorti d’une foire aux monstres dont il a tous les attributs physiques et mentaux. La mise en scène de Luhrmann est encore une fois foisonnante et clinquante, et cette exubérance parfaite pour illustrer la vie du King. Tous les codes de la pop culture américaine s’y retrouvent : l’Amérique des trente glorieuses, l’Amérique puritaine qui veut se libérer. La mère consciente de l’impact de son fils sur les foules, a peur pour lui. Son formidable déhanché lui vaudra le sobriquet d’Elvis le pelvis et quelques démêlés avec la justice de l’époque. Il devra donc s’engager dans l’armée afin de laver son image.

La création artistique d’Elvis est une véritable révolution musicale, à l’origine de l’expansion d’un style issue la fusion du style blues, gospel, country pour inventer le rock n’roll. Le mélange parfait entre la musique noire américaine et son interprétation par un blanc devenu Le King, est un magnifique symbole de l’union possible entre les blancs et les noirs.

Dire que la prestation du jeune Austin Butler ressuscite une idole est vrai : sa manière de bouger et sa voix incarnent parfaitement Elvis. C’est une performance qui lui a valu le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique en 2023. Il immortalise à l’écran la déchéance du roi du rock n’roll. Elvis rêvait en effet d’être un grand acteur comme James Dean, et enfant, il voulait ressembler au héros Captain Marvel, finalement il sera une star internationale connue planétairement mais sans jamais quitter les Etats-Unis, englouti dans le faste de Las Vegas, sa prison dorée. L’interprétation du Colonel Parker par Tom Hanks est tout aussi extraordinaire et traduit minutieusement la relation malsaine d’interdépendance financière installée entre Parker et Presley au point de faire complètement disparaître le rêve de cette icône culturelle sans précédent. R.V.

Wendy (Benh Zeitlin)

note: 4Les enfants sauvages Les bibliothécaires - 1 mars 2023

Wendy, fillette à l'avenir tout tracé, vit dans une ville paumée du Sud des Etats-Unis où elle prête régulièrement main forte à sa mère, serveuse dans un boui-boui de gare.

Une nuit, Wendy découvre un enfant mystérieux courant sur les toits d'un wagon. Accompagnée de ses deux frères jumeaux, elle décide de suivre ce garçon prénommé Peter. Tous ensemble, ils atteignent une île fantastique où les enfants règnent en maître.

Voici donc une nouvelle adaptation du roman de J.M. Barrie "Peter Pan" avec la particularité que Wendy devient le personnage central de cette version. Filmé à hauteur d'enfant, ce film donne à voir l'enthousiasme de leurs aventures, leur insouciance et leur énergie déployées au milieu d'une nature bienveillante. Malgré les décors naturels et le traitement réaliste de l'histoire, il s'en dégage une dimension protectrice voire onirique.

Cette nouvelle adaptation inscrit le mythe de Peter Pan dans l’époque contemporaine et ses préoccupations écologiques et sociétales. C.G.
À partir de 12 ans.

As bestas (Rodrigo Sorogoyen)

note: 5Les bêtes humaines Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Antoine et Olga, un couple de français, vivent en Galice dans un hameau déserté où ils mènent une agriculture responsable et retapent des maisons en vue d’un éventuel repeuplement du village. A la faveur d’une pétition sur l’implantation d’éoliennes, une méfiance à l’égard des Français se mue en animosité de la part des voisins directs, un duo de frangins rustres. En effet, fort de ses convictions écologiques, Antoine s’oppose à cette installation et brise ainsi l’espoir de ses voisins de s’arracher à cette terre natale et néanmoins ingrate, grâce une compensation financière. Dès lors, cette querelle de voisinage ravive rancœurs et frustrations, fait place au harcèlement pour progressivement amorcer une descente aux enfers.
L’espagnol Sorogoyen signe un thriller rural et glaçant sur fond de lutte des classes où se confrontent pêle mêle les idéaux de néo ruraux et le désespoir des éleveurs confronté à une misère grimpante, le sentiment d’infériorité né du manque d’éducation ou encore la question d’appartenance à une terre. C.G.

Déjà vu (Trio Sr9)

note: 5Une pop très percutante Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Le trio Sr9 est composé de Nicolas Cousin, Paul Changarnier et Alexandre Esperet, trois amis issus du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. Formés aux œuvres du répertoire classique, ils s’étaient précédemment attaqués à l’adaptation de Bach, Satie et Ravel tout en exploitant le répertoire de compositeurs de pièces pour marimba. Sur Déjà vu ils réinterprètent les succès de la pop music. Pour se faire ils jouent des percussions notamment leur instrument fétiche le marimba mais pas que… puisque tous les objets du quotidien sont détournés de leur usage premier : la casserole ou le verre à pied deviennent des instruments de musique à part entière.
Ils sont accompagnés pour le chant par des artistes majeurs de la scène francophone tels que Camilla Jordana, Camille, Sandra Nkaké, Malik Djoudi ou Blick Bassy. Les titres de Rihanna, Pharrell Williams, Billie Eilish, Ariana Grande ou Lana Del Rey deviennent plus minimalistes, plus acoustiques rendant ces reprises plus chaleureuses à l’image d’un duo piano voix. On peut saluer au passage le travail de Clément Ducol l’arrangeur qui ne garde que la pureté de ce mélange voix percussion pour nous offrir un album solaire.
R.V.

Ombre d'un mensonge (L') (Bouli Lanners)

note: 4Pieux mensonge Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Phil s’est exilé dans une petite communauté presbytérienne de l’île de Lewis, au nord de l’Ecosse. Une nuit, il est victime d’une attaque cérébrale qui le rend momentanément amnésique. À son retour, il est pris en charge par Millie, une femme de la communauté qui affirme qu’ils s’aimaient en secret avant son accident.
Pour son cinquième film, Bouli Lanners raconte une histoire d’amour entre une femme, à la fois prisonnière de cette île et de ses sentiments, et cet homme secret et fragilisé : tous deux en proie à un ultime désir de vie.
Très délicat, ce film a un petit air de déjà-vu, mais il séduit avec ses grandes étendues ; les paysages sont sublimés par une photographie soignée, et ses personnages bien dessinés et incarnés par Bouli Lanners lui-même et Michelle Fairley, la mère de la famille Stark dans la série Game of Thrones.
C.G.

Tilt (Confidence Man)

note: 3Un petit sucre pour la planète Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Tilt est le second album du quatuor australien Confidence Man. Le groupe est une véritable machine à produire des tubes au gout 90’s. Leur premier album Confident Music For Confident People sorti en 2018, se démarquait déjà par un son original mélangeant big beat des années 90 et électro. Dans ce nouvel opus, les mêmes composantes restent efficaces, auquel ils ajoutent une dance-pop, se rapprochant de Grace Jones, Madonna, des Chemical Brothers ou encore de Deee-lite. Le groupe abuse de la boîte à rythmes si marquante de cette époque provoquant une irrésistible envie de danser sur des résonances si nostalgiques. Le meilleur titre de l’album est incontestablement Holiday qui avec des paroles simples nous font voyager dans leur foisonnement psychédélique. Feels like a different thing est parfaitement calibré pour la piste de danse du Quai Ouest avec son texte court et répété en boucle… R.V.

Incroyable mais vrai (Quentin Dupieux)

note: 3Une histoire de gros tuyaux Les bibliothécaires - 10 janvier 2023

"Incroyable mais vrai" est une comédie du réalisateur Quentin Dupieux.
Comme à son habitude, il part d’un argument hautement improbable pour le développer avec une logique tout ce qui a de plus réaliste. Ici, un couple Alain et Marie, incarné par Alain Chabat et Léa Drucker achète un pavillon dans lequel se trouve une trappe magique. Le réalisateur prend son temps pour nous révéler l’intrigue de ce scénario complétement délirant, ce qui participe grandement à l’effet de surprise. Il est très difficile de parler de ce film sans en divulguer trop, ce qui pourrait gâcher à coup sur le plaisir de découverte. Néanmoins, le sujet traité reste d’actualité et aborde l’obsession de la jeunesse et la virilité obsessive qui conduit à tous les excès. Le film est amené par un très bon casting notamment Benoît Magimel en quadragénaire à l’attitude franchouillarde.
Ce film éveille la curiosité du spectateur; c'est aussi un très bon prélude à son film actuellement en salle "Fumer fait tousser".

Une étude en émeraude (Neil Gaiman)

note: 4Quand Conan Doyle rencontre Lovecraft Les bibliothécaires - 7 janvier 2023

Après avoir été blessé sur le terrain, un vétéran de la guerre anglo-afghane retourne dans la Londres brumeuse de Sa Majesté et se retrouve en colocation avec un homme solitaire et excentrique, pourvu de capacités déductives particulièrement remarquables. Sollicité par Scotland Yard, les deux nouveaux amis se lancent dans une enquête impliquant un meurtre d’une ampleur cosmique et terrifiante…
Si ce pitch vous semble familier, c’est qu’Une étude en émeraude est une savoureuse rencontre entre le monde horrifique de Lovecraft et l’univers très british d’Arthur Conan Doyle. Adaptée d’une nouvelle multi-primée de Neil Gaiman (auteur de romans à succès comme Coraline ou Good Omens, et scénariste de Sandman), la bande dessinée reprend parfaitement les codes du roman policier britannique, aussi flegmatique que piquant, et réussit à l’intégrer dans un cadre inquiétant et surnaturel.
Cependant, l’album plaira davantage aux amateurs de Sherlock Holmes qu’aux friands de récits horrifiques, car si le dessin de Rafael Albuquerque restitue à merveille le monde sinistre de Cthulhu et autres entités cosmiques menaçantes, il faut tout de même garder en tête les principaux personnages de Conan Doyle pour relever tous les indices et savourer pleinement le twist final…
Vv

La nuit du 12 (Dominik Moll)

note: 5L'enfer au bout de la nuit Les bibliothécaires - 4 janvier 2023

Clara a été brulée vive une nuit dans la région grenobloise.
Son assassin ne sera jamais retrouvé malgré l'acharnement des enquêteurs. Aucune divulgation prématurée puisque le film débute sur ce constat que chaque année, en France, 20 % des affaires criminelles ne sont pas élucidées.
Dominik Moll réalise un film haletant sans suspense, un film noir entêtant à l'image des interrogations continues des deux inspecteurs. Pourquoi cette sauvagerie ? Pourquoi tous les suspects paraissent complices ?
L'enquête vertigineuse démontre surtout la misogynie ordinaire autant que criminelle et finalement, l'identité du meurtrier importe peu face à ce constat accablant. Clara est morte parce qu'elle était une femme comme le résume bien une de ses amies.
Le duo d'anti-héros interprété Bastien Bouillon et Boulli Lanners est impeccable : un introverti solitaire hanté par cette enquête face un colosse sentimental au bout du rouleau.
Avec La nuit du 12, Dominik Moll signe un polar magistral sur la violence masculine.
C.G.

Ecole du bout du monde (L') (Pawo Choyning Dorji)

note: 4C'est loin mais c'est beau Les bibliothécaires - 9 décembre 2022

Assez rare pour le souligner, L’école du bout du Monde est un film bhoutanais. Pour les moins doués en géo, nul besoin d’ouvrir Google Map, le Bhoutan est un petit pays d’Asie coincé entre la Chine et l’Inde. Encore plus surprenant, ce pays méconnu offre un programme politique déroutant puisqu’il prône le « Bonheur Brut National », une manière d’interroger les valeurs et priorités d’une société.

Instituteur réticent, avec une furieuse envie de s’exiler en Australie, Ugyen doit encore une dernière année de service en tant que fonctionnaire à l’État. Que cela ne tienne, il sera muté dans «l’école la plus reculée du monde», perdue dans une vallée uniquement accessible après 8 jours de trek. Fini les SMS et l’ipod. Fini l’électricité.
Malgré d’ostensibles réserves, Ugyen se laisse émouvoir par une fillette désireuse de commencer l’école et finit par endosser le tablier du parfait maitre d’école.

Le film quasi documentaire offre des images magnifiques de ce petit village du Bhoutan perdu au milieu des montagnes où le sens de l'hospitalité, la solidarité et la bienveillance sont des valeurs humaines privilégiés. C.G.
À partir de 9 ans.

Stillwater (Tom McCarthy)

note: 4Pas belle la vie Les bibliothécaires - 8 décembre 2022

Stillwater est un thriller judiciaire réalisé par Tom McCarthy. Matt Damon campe un foreur américain venu en France pour épauler sa fille emprisonnée à Marseille et accusée du meurtre de sa colocataire. Convaincu de son innocence, il va enquêter pour trouver de nouveaux éléments afin que le dossier soit réexaminé. Très vite, il est confronté à la barrière de la langue et aux différences culturelles, mais au cours de ses investigations, il se lie d’amitié avec une jeune femme, Virginie et sa fille Maya. Progressivement, le film glisse de « thriller à suspense » américain à film psychologique digne d’un Jacques Audiard dont le scénariste attitré signe justement le scénario. C’est l’occasion pour le public américain de découvrir un autre Sud de la France, loin des cartes postales d’une côte d’Azur glamour. Peu à peu, un fossé se creuse entre celui qu’il pense être et celui qu’il devient au contact de cette ville. Ainsi, Il éprouve de l’attirance pour Virginie, femme indépendante et intello ce qui est en total opposition ses valeurs et ses idéaux de redneck. La construction narrative peut s’avérer déroutante mais constitue un vrai point fort du film tout comme son dénouement. Un très bon film entre romance et policier qui ne vous laissera pas sur une impression de déjà-vu puisque qu’il n’appartient ni aux standards des films policier américains ni aux films psychologiques français. R.V.

Allons enfants (Thierry Demaizière)

note: 4Le jour du hip-hop est arrivé Les bibliothécaires - 12 novembre 2022

Allons Enfants met en lumière une expérience unique en France : utiliser la danse hip hop pour attirer des élèves décrocheurs et les ramener vers la réussite scolaire. Et ça marche ! Le lycée parisien Turgot accueille au sein de cette section d’excellence, des élèves issus de quartiers défavorisés pour suivre ce cursus.
La caméra suit ces jeunes au plus près des corps et de l’émotion pour retranscrire cette fougue, cette énergie portée par le « crew ». En effet, cette expérience hip-hop mêle l’individuel et par conséquent le dépassement de soi au service du collectif en prônant le respect de l’adversaire. La valeur d’un danseur se juge fraternellement au cœur de l’arène.
Les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai choisissent de mettre en avant plusieurs témoignages de jeunes danseurs, des gamins avec des fêlures, des histoires familiales, des gamins qui ont la « déter » de prendre une revanche sociale sur la vie. Un parti pris émotionnel qui laisse de côté certains aspects de cette expérience de mixité sociale revendiquée. Ainsi, on ne voit jamais ce groupe de danseurs interagir avec d’autres élèves du lycée.
Pourtant, ce documentaire, politique dans ses intentions, montre une jeunesse passionnante, passionnée et multiculturelle. CG

Boogie nights (Paul Thomas Anderson)

note: 4Pour quelques centimètres de trop... Les bibliothécaires - 5 novembre 2022

Paul Thomas Anderson réalisait en 1998 son deuxième film avec Boogie nights, le film traite d’un sujet peu banal, le cinéma pornographique à la fin des années 70 aux Etats-Unis.
Eddie Adams incarné par Mark Walhlberg est un jeune homme de 17 ans un peu paumé vivant entre un père mutique et une mère hystérique. Dans ce climat, il se réfugie dans son travail de plongeur dans une boite de nuit de Los Angeles. C’est là qu’il est repéré par Jack Horner alias Burt Reynolds, un réalisateur célèbre de films pour adulte. Très vite, Eddie devient « Dirk Diggler » LA star internationale du porno. Outre la reconnaissance, ce milieu lui offre véritable famille et la relation entre Eddie et Jack s’apparente à celle d’un père et d’un fils.
Tous les personnages de Paul Thomas Anderson sont dépeints de façon touchante, tous ont une part d’ombre en eux, ce qui fait que le film par certains moments flirte avec le mélodrame. Le film est un hommage à la fin d’une époque culte, celle du disco, on ressent toute la nostalgie du réalisateur quand le film s’attarde sur les changements majeurs que s’apprête à vivre le cinéma porno : le passage à la vidéo fait entrer cet artisanat dans une ère plus industrielle. Dès lors, le film devient plus sombre ; la chute d’Eddie s’amorce avec son addiction pour la drogue. Paul Thomas Anderson réussit à nous séduire avec cette narration ambitieuse qui est un véritable hommage à une époque libre et sans tabou et à un cinéma de série B méconnu. Son dernier film Licorice Pizza vient d’ailleurs compléter l’exploration nostalgique de la fin des années 70 juste avant la décennie du désenchantement.
R.V.

Freakout/release (Hot Chip)

note: 5Mélancolie euphorique Les bibliothécaires - 1 octobre 2022

Avec ce huitième album studio produit par Soulwax, les Anglais nous offre un passeport pour la danse et la joie contrairement à ce que pouvait laisser présager leur premier titre Down (« déprimé »). Les anglais retrouvent leur recette imparable : un mix entre rythmn’s blues, soul et house pop à paillettes ! Avec sa voix singulière de falsetto, le chanteur Alexis Taylor donne également dans le mélancolique sur certains titres comme « Not alone » ou « Time ».
Encore une fois, Hot Chip réussit le pont entre pop et dancefloor avec élégance et brio ! C.G.

Eugénie Grandet (Marc Dugain)

note: 5L'Avare Les bibliothécaires - 10 septembre 2022

Après la fougueuse adaptation des "Illusions Perdues" par Xavier Giannolli, c’est au tour d’"Eugénie Grandet" de se voir adapter au cinéma par Marc Dugain.
Sous la Restauration, Félix Grandet, marchand opportuniste et avare obsessionnel, dissimule sa large fortune à sa fille et à son épouse qu’il maintient dans une existence morne et sans distraction. L’arrivée soudaine du cousin joli cœur provoque le trouble chez Eugénie et déstabilise de fait l’ordre établi par ce père tyrannique.

Marc Dugain prend des libertés avec le texte original, centre son récit sur la volonté d’émancipation d’Eugénie, offrant ainsi une résonance très contemporaine à ce personnage de la littérature française. C’est aussi le portrait d’une jeune femme sincère fidèle à ses principes face à un monde corrompu par l’argent. C.G.

Maigret (Patrice Leconte)

note: 5Maigret ou l’enquête des non-dits Les bibliothécaires - 6 septembre 2022

Coréalisé par Patrice Lecomte et de Jérôme Tonnerre, Maigret est une libre adaptation cinématographique du roman Maigret et la jeune morte de l’auteur belge Georges Simenon. Gérard Depardieu y incarne le célèbre commissaire 30 ans après la dernière adaptation cinéma. Ce retour à l’écran du célèbre commissaire représentant d’une police d’un autre âge où l’investigation se base sur le flair et non pas sur la technologie est la volonté de Patrice Lecomte, grand fan de l’œuvre de Simenon.
L’intrigue se déroule dans le Paris des années 50 où le corps d’une jeune fille est retrouvé poignardé dans un parc. Maigret âgé, malade et à bout de souffle est personnellement touché par cette affaire puisqu’il y voit un parallèle avec sa propre fille disparue. L’enquête est donc un prétexte pour comprendre comment fonctionne le raisonnement du commissaire, et lui redonner goût à la vie en résolvant ce mystère devenu très personnel. Pour succéder à Jean Gabin, qui de mieux que Depardieu, lui aussi grand admirateur de l’œuvre de Simenon.
La force du film provient également de son économie narrative ; détails et indices subtilement distillés par-ci par-là. Tout est dans le non-dit, qui est finalement beaucoup plus percutant dans la narration. Ne passez pas à côté du bonus « Enquête sur Maigret » de 32 min, une petite pépite qui vous éclairera sur l’œuvre de Simenon et sur la réalisation de ce long métrage. Ce policier vous donnera envie de redécouvrir l’œuvre de Simenon disponible sur nos rayonnages ! RV

Sur la bouche (Rebecca Benhamou)

note: 4Cinquante nuances de rouge Les bibliothécaires - 2 septembre 2022

Avant la crise Covid, il s’en vendait environ dix chaque seconde en Europe. Un petit cylindre métallique dont le contenu se décline en mille teintes, aux noms inspirés de gourmandises, de fruits, d’émois et de fleurs. Le bâton de rouge à lèvres, instrument associé à la féminité par excellence, se voit retracer son histoire par Rebecca Benhamou qui nous fait voyager de la fin du XIXème siècle à nos jours.

Pudique et féminin à ses débuts, émancipateur lorsque les suffragettes se l’approprient, le rouge à lèvres se parera des lumières des « années folles » avant de se couvrir de vernis patriotique pendant la Seconde Guerre mondiale. Tour à tour émancipateur puis conformiste, parfois jusqu’à l’aliénation, il redeviendra à nouveau expérimental et subversif lorsque les hippies et les punks s’en joueront pour mieux défier les normes sociétales.

Un court essai captivant qui va au-delà de l’histoire des cosmétiques, et montre que le simple geste de se farder les lèvres n’a rien d’anodin. Ambigu et riche d’une multiplicité de sens, il est au contraire tributaire de l’évolution des mœurs occidentales et témoigne de la place des femmes dans l’espace public, qui va de pair avec la maîtrise de leur image.

En donnant la parole à des témoins de leur temps, de Zola à Madonna et David Bowie, en passant par Colette, Nikki de Saint-Phalle, Louise Brooks et Marilyn Monroe, Rebecca Benhamou réussit à brosser le portrait de tout un siècle et souligne la dimension à la fois symbolique et politique d’un objet à l’apparence anodine. Elle met ainsi en évidence la puissance de toute une industrie longtemps associée à la frivolité.
Vv

Haute couture (Sylvie Ohayon)

note: 3Cousu de fil blanc... Les bibliothécaires - 2 juillet 2022

Haute couture est un film de 2021 réalisé par Sylvie Ohayon. Nathalie Baye (Esther), première d’atelier chez Dior et proche de la retraite rencontre par simultanéité d’évènements, une jeune banlieusarde interprétée par Lyna Khoudri (Jade). Esther, femme seule ne vivant que pour son métier, n’a presque plus de contacts avec sa fille. Un jour, en allant travailler, Esther se fait voler son sac par Jade. Cette dernière ayant des remords, le lui rapporte. Esther voit alors le potentiel de la jeune femme en observant la finesse de ses mains et lui propose de faire un stage dans la maison Dior.
Pour son deuxième film, Sylvie Ohayon est dans le déjà-vu, ne révolutionne pas le genre, mais place le focus sur l’ouvrage de ces femmes, ouvrant grand les portes du monde de la haute couture. Sa caméra arpente les couloirs de l’atelier de prestige faisant le portrait de ces petites mains souvent oubliées, minutieuses et aux compétences bien spécifiques. Une ode au beau geste et à l’excellence.
Parfois la distance de la caméra, regrettable et frustrante, perd la magie de cet univers. Le film s’appuie surtout sur un casting de haut vol, Nathalie Baye donne le change à Clotilde Coureau. Le film évoque aussi la notion de l’émancipation de la femme par le biais d’un métier d’art et d’exception. Un film dans la lignée d’Yves Saint Laurent mais sans jamais atteindre son niveau. R.V.

Nightmare Alley (Guillermo Del Toro)

note: 4Le chemin de la perdition Les bibliothécaires - 2 juillet 2022

Nightmare Alley est un film de Guillermo Del Toro sorti en 2021. Ce thriller se déroule dans les années 40. Il s’agit de l’adaptation du roman : le charlatan de William Lindsay Gresham. Après La forme de l’eau, Guillermo Del Toro nous emmène dans une ambiance fantastique où se croisent des monstres de foire issus d’un cirque itinérant dans lequel le personnage Stanton Carlisle joué par Bradley Cooper, s’est engagé après avoir tout perdu. Très vite il se prend d’amitié pour une voyante dénommée Zeena et son mari Pete, une ancienne gloire du mentalisme. Stanton Carlisle comprend alors les rouages de leurs arnaques et décide d’utiliser ses nouveaux talents sur des personnes riches issues de la société new yorkaise de l’époque.
On a peur mais de façon insidieuse, puisque sorti de l’habituel bestiaire de Guillermo Del Toro, on plonge ici dans une atmosphère spirituelle où la part sombre de Carlisle le poussera jusqu’à sa propre destruction. Cette nouvelle version diffère de celle de 1947, film noir où le personnage principal trouve sa rédemption dans les bras de sa dulcinée Molly.
L’excellente interprétation de Cate Blanchett en fine psychologue surpasse le jeu d’acteur de son acolyte Bradley Cooper.
La force du réalisateur est de créer des décors magnifiques de fêtes foraines populaires de l’Amérique de la fin du 19ème siècle. Sa compétence passée issue du monde des effets visuels et son amour des détails, crée un film très psychologique qui nous fait réfléchir sur nous-même et parvient à nous faire douter de nos propres convictions. RV

Et le désert disparaîtra (Marie Pavlenko)

note: 3Un futur sans verdure Les bibliothécaires - 25 juin 2022

Ce roman de Marie Pavlenko présente le monde sous un autre angle. Un monde, couvert de déserts, qui pourrait bientôt devenir le nôtre.
Au cours de ce récit, nous suivons le parcours de la jeune Samaa. Elle vit dans une tribu qui « chasse » des arbres pour ensuite les vendre ou les échanger contre de la nourriture et des éléments dont ils ont besoin pour vivre, comme de l’oxygène. Sa tribu ne veut pas que les femmes partent à la recherche d’arbres dans le désert. Cette règle ne convient pas à la jeune fille qui décide de suivre les hommes. Seulement le désert lui réserve des surprises.

Ce livre engagé nous ouvre les yeux sur l’importance de la nature et des conséquences permanentes que nous avons sur l’environnement. On y observe également le développement du personnage de Samaa un jeune fille courageuse qui se bat pour ce qu’elle veut, ce qui fait d'elle une vrai figure féministe. Le rythme du livre est parfois lent et très descriptif cependant cela n’est pas forcément négatif et montre également les épreuves auxquelles elle doit faire face .
Un roman passionnant qui se lit doucement et qui nous fait réfléchir.
J.Z.L.C

A pink story (Kate Charlesworth)

note: 5Une fresque captivante Les bibliothécaires - 8 juin 2022

Artiste et illustratrice britannique, Kate Charlesworth dévoile avec A Pink Story une autobiographie dessinée passionnante qu’elle met en parallèle avec la lutte pour les droits des personnes LGBTQI dans le monde anglo-saxon.
Féministe engagée et lesbienne assumée, Kate Charlesworth est née en 1950, une époque où la société britannique est encore hostile aux « invertis ». De la première occurrence à la radio du terme « homosexualité » aux lois de décriminalisation, en passant par les émeutes de Stonewall jusqu’à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, elle revient sur les étapes majeures de ce combat à la fois politique et sociétal et en décrit l’impact sur sa vie personnelle.

Les pages autobiographiques, dessinées dans un monochrome doux rehaussé de taches de couleur, alternent avec de très belles doubles pages foisonnantes d’informations et d’anecdotes cocasses consacrées à des personnalités ou des événements qui ont contribué à l’avancée de la cause, issus autant de la musique que de la littérature en passant par le cinéma, le théâtre, les sciences et les affaires de mœurs dont raffole la presse à scandale.

Affiches de films, couvertures de livres, photos, collages, paroles de chansons et parfois même extraits d’articles de presse ou reproduction de textes de loi, Kate Charlesworth multiplie les supports et brosse un portrait à la fois pop et engagé de la communauté queer de la seconde moitié du XXIème siècle, dont on découvre la culture, le mode de vie mais aussi les moments de gloire et de crise.
Témoin de l’évolution des mœurs et de la pensée occidentale, Kate Charlesworth réalise ainsi une fresque absolument captivante de l’histoire LGBTQI qui prend des allures d’encyclopédie par la densité et la richesse de son contenu.
Vv

Julie en 12 chapitres (Joachim Trier)

note: 5La pire personne au monde Les bibliothécaires - 1 juin 2022

Julie, figure féminine intemporelle, ça pourrait être vous, moi, elle….
Virevoltante, indécise, solaire, incohérente, désenchantée, Julie est coincée entre ses désirs et les attentes de la société. Alors elle navigue à vue, hésite, se trompe, que ce soit concernant ses envies professionnelles ou amoureuses. Le titre original du film « The worst person in the world », à savoir « la pire personne du monde » en français dans le texte…résume parfaitement ce que peut être Julie.
D’une grande simplicité en apparence, ce film demande une grande minutie d’écriture pour retranscrire ce réel et ces moments de vie naturels. Quelques scènes sont incroyablement poétiques ou renouvellent le genre de la comédie romantique. C.G.

La loi de Téhéran (Saeed Roustayi)

note: 5Poulet Farsi Les bibliothécaires - 1 juin 2022

La loi de Téhéran est le troisième film du jeune réalisateur iranien Saeed Roustayi, récompensé du Grand Prix et du Prix de la critique lors du dernier Festival international du film policier qui s’est déroulé à Reims en 2021. C’est un triller intense dans lequel on suit une équipe de la brigade des stups iranienne qui enquête sur le plus gros narcotrafiquant du pays surnommé Nasser Khakzad et interprété par le très bon Navid Mohammadzadeh. Dans ce pays où la possession de drogue par un narcotrafiquant en grande ou petite quantité est punissable d’une seule sanction, celle la peine de mort, les policiers se livrent à une traque massive et violente. Le but est d’asphyxier le trafic ainsi que ses consommateurs. Ainsi, la pression exercée sur les familles est telle que les langues finissent par se délier. La police de Téhéran use de tous les moyens pour obtenir renseignements et témoignages, si bien que rapidement, l'enquêteur interprété par Peymân Maâdi met la main sur sa proie. Dans ce jeu de cache-cache, les trafiquants sont eux aussi prêts à tout pour éviter de finir au bout d’une corde. Cette société, viscéralement corrompue, ne laisse aucune place à la morale ou l’éthique : même les enfants sont monnayables pour diminuer une peine. Le film est qualifié de polar social - mélange de thriller criminel et de critique sociale. Ce qui impressionne le plus c’est l’esthétique du film qui tient du réalisme documentaire. L’usage du champ contre-champ inverse peu à peu le sentiment que l’on éprouve pour chacun des personnages ; le dealeur retrouve un semblant de dignité alors que le policier finit par se rendre compte que tout ce en quoi il croit est faux.
L’Iran a trouvé un grand réalisateur de polar en la personne de Saeed Roustayi, dans la lignée des Abbas Kiarostami ou bien Asghar Farhadi. Du grand cinéma. R.V.

Dernier train pour Busan (Sang-ho Yeon)

note: 4Zombies express Les bibliothécaires - 1 juin 2022

Dernier train pour Busan est un film d’horreur du réalisateur coréen Sang-ho Yeon. L’histoire est simple : un virus se répand et transforme son hôte en zombie. La narration se concentre sur un petit groupe de personnes prenant le train TCX, l’équivalent de notre TGV : un père et sa fille, un couple dont la femme est enceinte, un dirigeant d’entreprise, des lycéens. Mais le voyage ne sera pas de tout repos, puisque les passagers vont devoir se livrer à une lutte sans merci contre les nouveaux infectés. Certains de ces personnages, archétypes de la société coréenne, symbolisent la déshumanisation et l’individualisme mercantile qui règnent en maître. Ce film est donc une critique sociale, de par sa forme et par son sujet. Seok-woo par exemple, le père de la petite fille, arriviste et nombriliste, finira par changer sa façon d’être ce qui le conduit à une forme de rédemption et de réhumanisation. Cette pointe d’espoir au sein de ce monde apocalyptique, apparaît comme cynique de la part du réalisateur.
Le film parvient à renouveler le genre, grâce à des images dont la force iconographique se rapproche véritablement de la bande dessinée. Sang-ho Yeon, dont les compétences initiales sont issues de la réalisation de films d’animation, offre ici un scénario de la même veine d’un Snowpiercer, adaptation cinématographique de la bd le Transperceneige. Pour autant, les codes du genre sont ici bien ancrés dans le sillage d’un George Romero, ou hérités de films plus récents comme World War Z dans lequel les zombies se déplacent vite, en meute, telle une véritable vague destructrice.
Pour un voyage sans retour : à rapprocher du film Seoul station (sorti également en 2016), puis de Peninsula, à regarder comme sa suite (sorti en 2020). R. V.

Motomami (Rosalia)

note: 4Hola chica ! Que dices ? Les bibliothécaires - 1 juin 2022

Chevauchant une grosse cylindrée, la catalane Rosalia revient avec un nouvel album flamboyant dans lequel se télescopent flamenco, musiques latines, raggaeton, rap. Elle se joue de toutes ces influences, brouille les pistes pour accoucher d’un projet très singulier. Personnalité atypique, visuels et clips très soignés, revendiquée féministe, Rosalia invente définitivement son rythme. C.G.

Chala une enfance cubaine (Ernesto Daranas)

note: 4Une enfance à la Havane Les bibliothécaires - 31 mai 2022

Sorti en 2015, "Chala" a été un phénomène de société à Cuba. Loin des images d'Epinal qui font rêver les touristes, ce film présente un autre portrait de la Havane. Sans censure, le réalisateur Ernesto Daranas donne un coup de projecteur peu commun sur la vie des laissés-pour-comptes de la capitale sale et délabrée.
Chala est un enfant des rues, délaissé par une mère toxicomane, à la scolarité difficile et qui pour survivre trempe dans les combats de chien. En raison de ces activités, on veut le renvoyer de l'école. Seule son institutrice, figure maternelle aimante, croit en lui et se bat pour que Chala ne soit pas envoyé en maison de redressement.
Dans cette œuvre, il n’est pas seulement question de la marginalité de Chala, Daranas fait aussi découvrir une réalité cubaine, celle des immigrés de l'intérieur, appelés Palestinos, avec le personnage de Yéni, la petite amoureuse de Chala. Originaires de l'est de l'île, ces cubains n'ont pas le droit de vivre à la Havane. ; ils sont donc clandestins dans leur propre pays.
Sans complaisance, Chala pose un regard lucide sur Cuba et sur la situation de ses habitants.
A voir avec des enfants, à partir de 12 ans. C.G.

It's a sin (Russell T. Davies)

note: 5La ! Les bibliothécaires - 18 mai 2022

Minisérie de 5 épisodes, It’s a sin embrasse une décennie de pandémie de Sida en Angleterre. Si ce postulat de départ semble peu joyeux, cette série s’avère par-dessus tout festive, chaleureuse, pleine d’humour.

Alors que la libération sexuelle des jeunes homosexuels est en marche dans le Londres des années 80, cette décennie coïncide également avec une période d’ultra conservatisme nimbée d’homophobie rampante. De l’émergence de la maladie sous forme de rumeurs et de désinformation jusqu’à son éclatement, nous assistons à la prise de conscience progressive de Richie et de sa bande de potes. L’un des atouts de cette série chorale, est l’attachement aux personnages, drôles et exubérants à la fois. L’énergie de groupe ne cache jamais la psychologie individuelle des protagonistes, sans oublier la pop New Wave de Pet Shop Boy ou Bronski Beat qui accompagne brillamment la série.

Sans pathos bien que lacrymale, la série est avant tout politique. Elle dénonce l’époque, le traitement des malades du VIH et met en avant l’énergie du collectif pour lutter contre l’intolérance, le sentiment de honte et le conservatisme. CG

Onoda, 10 000 nuits dans la jungle (Arthur Harari)

note: 5Seul au monde Les bibliothécaires - 18 mai 2022

Onoda est un film français du cinéaste Arthur Harari. Toutes les caractéristiques françaises du film ont été gommées puisque ce dernier est entièrement en japonais, ainsi que le casting. Il s’agit d’une fresque monumentale d’une durée de 2 heures 47 dans laquelle on suit un soldat japonais retranché durant 30 ans dans la jungle de l’île de Jubang aux Philippines, persuadé que la seconde guerre mondiale n’est pas terminée et que le Japon ne doit pas capituler. Le début de la narration débute en 1974, date à laquelle le soldat Onoda rend les armes. Le film retrace la vie de ce jeune soldat envoyé sur l’île à la fin de l’année 44 avec une unité spéciale, pour une mission de guérilla. Leur but est de ralentir l’avancée américaine et le débarquement à venir. Le lieutenant Onoda, initialement choisi pour accomplir une mission de pilote kamikaze, refuse, et pour expier sa faute, accepte cette mission jusqu’au-boutiste.

Un film sur la solitude, l’endoctrinement, et la perte de toute forme de rationalité. Harari, traite ce sujet à l’instar d’autres réalisateurs de grands films de guerre comme Apocalypse now, et montre une nature très hostile, qui met l’homme à l’écart de toute civilisation, le menant jusqu’à la folie. Un univers parallèle s’immisce alors dans la tête du soldat, pour qui le complot vient nécessairement du monde extérieur.

Onoda est une expérience, une complainte montrant la chute d’un homme conditionné par les dogmes et les ordres.

On y trouve cependant une note d’espoir.

À voir absolument. R.V.

Debout les femmes ! (François Ruffin)

note: 5Les Invisibles Les bibliothécaires - 18 mai 2022

Debout les femmes ! est un documentaire qui émeut profondément puisqu’il traite de la condition des femmes exerçants des métiers au lien social essentiel. En ces temps électoraux bouleversés, ce film fait du bien à l’âme. En effet, dans notre pays, certaines personnes se soucient encore des autres, et notamment de ces femmes maintenues dans des conditions de travail très difficiles dont le salaire ne permet pas de dépasser le seuil de pauvreté, et ceci même dans les hautes sphères de l’Etat. C’est pour cette raison que François Ruffin, député de la France Insoumise, ainsi que Bruno Bonnell, député de la République en Marche, ouvrent une mission, durant la pandémie de COVID 19, au sein de la commission des affaires économiques, à propos de ces métiers considérés comme essentiels. François Ruffin et le réalisateur Gilles Perret traversent la France et dressent la condition de ces métiers de l’entretien, de l’éducation, ou bien encore de l’aide à la personne. Défile alors un ensemble de portraits touchants, de femmes de tous âges et de toutes nationalités, passionnées par leurs métiers de service aux autres. Malgré leur forte implication, elles n’obtiennent en contrepartie aucune reconnaissance. Ce travail précaire, à la limite du servage, ne permet aucune stabilité de vie, en raison des amplitudes horaires et du type de contrat, renouvelable ou pas, n’octroyant ni prime ni bonification. Elles bouclent leurs fins de mois avec des salaires avoisinant les 800 euros. Il est grand temps d’écouter et de mettre en lumière ces femmes de l’invisible.

Un road movie du quotidien qui ne vous laissera vraiment pas indifférent. R.V

Something is killing the children n° 1
Archer's peak (James Tynion IV)

note: 4Âmes sensibles s’abstenir ! Les bibliothécaires - 6 mai 2022

Dans la petite bourgade d’Archer’s Peak, les enfants disparaissent les uns après les autres. Indifférents à ce phénomène qui inquiète de plus en plus les adultes, James et ses copains s’aventurent une nuit dans la forêt après un pari stupide. Le jeune collégien sera le seul survivant d’un massacre sanglant. Devenu le suspect numéro un de la police, il s’efforcera de répéter en vain que là-bas au fond des bois, invisible aux yeux des adultes, quelque chose s’en prend aux enfants… Jusqu’à ce qu’arrive Erica, traqueuse de monstres qualifiée et manifestement la seule adulte capable de voir les créatures sanguinaires qui guettent dans l’obscurité.

Un début saisissant pour cette série où le suspense flirte avec l’horreur : bien que destinée aux ados, elle fera aussi le bonheur des amateurs du genre et des adeptes d’un fantastique un peu sanguinolent.
Le trait trouble et les couleurs contrastées du dessinateur Werther Dell’Edera participent de l’atmosphère angoissante : la palette terne et triste du quotidien baigne la petite ville d’une lumière maussade et inquiétante, qui trouve son paroxysme dans la violence des scènes de nuit, marquantes par leur vivacité et leur aspect graphique. Âmes sensibles s’abstenir !

Contes ordinaires n° 1
Contes ordinaires d'une société résignée (Ersin Karabulut)

note: 5Une anticipation poétique et acerbe Les bibliothécaires - 6 mai 2022

À travers quinze historiettes à l’imaginaire sombre et cynique, le dessinateur et satiriste turc Ersin Karabulut nous dépeint le quotidien d’une société contemporaine dans ses travers les plus troublants. Relevées d’une touche fantastique et surnaturelle, ces chroniques sociales de quelques planches suffisent à susciter le malaise (voire l’horreur ?) par des métaphores inquiétantes où la noirceur poétique le dispute à une satire glaçante et acerbe.
Entre le vieillard qui ne meurt jamais et vampirise ses proches, le fœtus dont on prédit la future carrière professionnelle dès l’échographie, les éruptions cutanées qui communiquent avec leurs hôtes ou encore ceux qui se couperaient volontiers bras et autres organes par amour, Karabulut évoque avec poésie et humour (noir, certes) une société du renoncement, minée par les carcans sociaux et complètement apathique. Drôlement effrayant : à découvrir si vous n’êtes pas trop déprimé !
Vv

Demandez-leur la lune (Isabelle Pandazopoulos)

note: 4Ouvrir la voix Les bibliothécaires - 1 avril 2022

Refusés en seconde générale, quatre ados en échec scolaire croisent la route d’une prof de français atypique qui s’est mis en tête de les présenter à un concours d’éloquence.
Tour à tour, le lecteur suit le parcours de chaque protagoniste découvrant ainsi des histoires familiales complexes, des fêlures mais aussi des espoirs enfouis. Farouk est en attente de papiers pour pouvoir rester en France, Samantha doit gérer une mère bi-polaire, Lilou rase les murs depuis la disparition de son frère et la honte qui s'est abattue sur sa famille et Bastien doit renoncer à l'école sur les ordres de ses parents pour reprendre l'entreprise familiale. Tous ont un point commun : une parole refoulée. Agathe Fortin, leur professeur de français croit en eux comme personne et à son contact, la parole va se libérer, ils vont trouver les mots pour dire qui ils sont et dévoiler leur émotions.
Ce roman ado traite à la fois de la force des mots et … des silences. L’introduction du roman est extrêmement puissante et condense le propos de l’auteur. Le sujet du décrochage scolaire n’est pas si fréquemment abordé en littérature jeunesse. C.G.

Sampled soul (Charles Aznavour)

note: 5Quand Aznavour rencontre Dr Dre Les bibliothécaires - 1 avril 2022

Les artistes s’inspirent les uns des autres à travers l’utilisation de « sample ».
Kezako ?...me direz-vous.

Un sample est un échantillon musical prélevé sur une œuvre dont certains artistes s’emparent pour l’injecter dans leurs propres morceaux. L’art du sampling permet ainsi de faire un pont entre le hip-hop, le plus souvent, et les autres genres musicaux (jazz, soul, disco…). On peut ainsi découvrir des artistes oubliés ou des morceaux peu connus leur donnant ainsi une nouvelle vie.

Cette compilation présente donc des titres originaux samplés par des rappeurs ou musiciens électro ces derniers années…À vous de retrouver dans quels morceaux vous l’avez entendu. Heureusement, et pour éviter de se faire des nœuds au cerveau, la jacquette vous donnera la réponse ! C.G.

Made in Bangladesh (Rubaiyat Hossain)

note: 5Femmes de courage Les bibliothécaires - 1 avril 2022

Made in Bangladesh est un film de la cinéaste bangladaise Rubaiyat Hossain qui traite de la condition de travail des femmes dans son pays. Des femmes décident de défendre leurs droits, face à des conditions de travail de plus en plus dures, en créant un syndicat. La première difficulté rencontrée est celle du patriarcat puisque l’homme a tout pouvoir. Elles sont menacées par leur direction et leur mari, et doivent surmonter de nombreux obstacles administratifs. Rien ne les effraie cependant et leur lutte acharnée peint ici un magnifique tableau de solidarité féminine, dans ce contexte impitoyable de mondialisation, au sein de l’industrie textile. Humour et réalisme se lient pour une belle leçon d’humanisme. R.V.

Le musée des merveilles (Todd Haynes)

note: 4Deux enfants dans la ville. Les bibliothécaires - 2 mars 2022

En 1977, dans le Minnesota, Ben, un garçon de 12 ans qui vient de perdre sa mère est frappé de surdité après un accident. Ce coup du sort le décide à partir pour New York à la recherche d’un père qu’il n’a jamais connu, armé d’un seul indice.
Cinquante ans plus tôt, Rose âgée de 12 ans aussi, sourde de naissance, se passionne pour la carrière d'une mystérieuse actrice. Maltraitée par son père, Rose traverse l’Hudson pour rejoindre Manhattan afin de découvrir son idole sur scène.
Dès lors, une double quête à la symétrie fascinante transporte le spectateur dans les rues de New York. Un demi-siècle sépare ces deux enfants mais leurs destins pourraient se rejoindre…
Un film extrêmement léché d’un point de vue esthétique, et surtout, concernant la restitution des époques : l’utilisation d’un sublime noir et blanc retraçant les années 20 de la fillette, les couleurs vintage des 70’s, attribuées à la vie de Ben. Le traitement de la surdité pour chacun des protagonistes, est très habilement mené : le spectateur est invité à percevoir de l’intérieur, par le biais de bruits très étouffés, les trépidations du monde extérieur. En contrepoint, la bande son reste efficace, avec le Space Oddity de David Bowie, surexploité cependant comme bande son des années 70.
Malgré de belles trouvailles, le film peut pâtir d’une intrigue trop lisse et prévisible. Ce film reste néanmoins un beau moment de cinéma à partager en famille car il rend hommage à cette capacité d’émerveillement que portent en eux les enfants. C.G.

A partir de 9 ans.

Free Guy (Shawn Levy)

note: 4Le mec à la chemisette bleue Les bibliothécaires - 2 mars 2022

Avec Free Guy Ryan Reynolds reste dans son rôle d’anti-héros qu’il affectionne depuis qu’il est devenu Deadpool. Et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve les mêmes réalisateurs que sur la franchise de Marvel. Pour réaliser cette comédie familiale 2.0, on a mis à la commande Shawn Levy le créateur de la drôlissime trilogie La nuit au musée avec Ben Stiller, mais il est loin de sa meilleure réalisation Real Steel mélangeant réalité et monde virtuel. Ici Ryan Reynolds joue un PNG (Personnage Non Joueur pour les non-initiés) nommé Guy, sympathique banquier à chemisette bleue évoluant au sein d’un jeu vidéo ultra violent, cousin éloigné de GTA. Le film reprend un concept déjà exploité (Matrix, Ready Player One, The Truman Show) sans atteindre le niveau de ces films, mais on passe un très bon moment. Guy devient le bug de la matrice du jeu, il aspire à plus et il prend conscience de la réalité de son monde jusqu’à le pousser à prendre les armes …
Parfois le film oscille vers la comédie romantique mais sans jamais tomber dans les clichés. Ryan Reynolds est génial dans son incarnation d’intelligence artificielle candide se moquant subtilement au passage de certaines grosses franchises telles que Star Wars ou Avengers. Une très bonne comédie moderne qui plaira certainement aux geeks… et au reste de l’humanité. R.V.

Blizzard (Marie Vingtras)

note: 5Tu nous entends le blizzard?.... Les bibliothécaires - 8 février 2022

Dans une ville perdue de l’Alaska, une tempête de neige fait rage. Bess commet l’erreur de sortir avec l’enfant. Une seconde d’inattention, elle lâche sa main, il disparait. Accablée, elle décide d’affronter seule le blizzard pour le retrouver. Benedict part à leur recherche dès qu'il se rend compte de leur absence et entraine Cole contre son gré. Seul Freeman, nouvellement arrivé, reste à l’écart de cette quête.
Au fil de courts chapitres, ces quatre voix se succèdent pour raconter leur parcours et finalement leur présence au milieu de cette Nature rude et hostile. Cette construction habile dévoile progressivement les parcours de chacun, les liens qui les unissent, faisant monter la tension. Introspection, souvenirs et fantômes alimentent les témoignages des protagonistes dans un tourbillon impétueux… la blancheur et la grandeur de l’Alaska comme révélateurs de la noirceur humaine.
Un huis clos intime, noir et captivant, à l’écriture ciselée et concise! C.G.

Proxima (Alice Winocour)

note: 4Interstellaire Les bibliothécaires - 19 janvier 2022

Proxima est le dernier film de la réalisatrice Alice Winocour.Elle retrace ici le parcours d’une astronaute interprétée par Eva Green, alias Sarah Loreau, qui parvient à réaliser son rêve : celui de rejoindre la station spatiale afin d’accomplir les futures missions sur Mars. Une œuvre intime profondément féministe dans laquelle se dresse le portrait d’une femme bouleversante de courage. Un portrait méritant qui sert également d’hommage à toutes les pionnières de l’espace présentes dans le film et retrace leur rêve commun atteint du bout des doigts. Une œuvre dénonciatrice du machisme pervertissant ce milieu au sein duquel, Eva Green, campe une femme forte , capable de tenir tête aux hommes les plus mysogines. Une véritable ode à la persévérance et à l’opiniâtreté féminines, qualités parfaitement illustrées par ce personnage complet d’aventurière avertie et de mère attentive. R.V.

Mon cousin (Jan Kounen)

note: 3Quelle est l’odeur du pop-corn dans un réacteur en flamme ? Les bibliothécaires - 12 janvier 2022

Mon cousin est une comédie réalisée par le cinéaste franco néerlandais Jan kounen. On ne s’attendait pas à ce que le réalisateur de Dobermann ou 99 francs se lance dans ce style si particulier. Cette comédie a tout sur le papier d’un Buddy movie propre aux comédies françaises de Francis Veber ou Gérard Oury, mais avec la griffe de Kounen. En réalité, Mon cousin est bien plus que ça ! Le réalisateur ne se contente pas de nous faire rire, il cherche à faire réfléchir le spectateur afin que celui-ci définisse qui est le véritable fou de l’histoire. Le film repose sur le tandem improbable de Vincent Lindon, patron d’une multinationale viticole absorbé par son travail et prêt à signer un très gros contrat, et François Damiens, son cousin émotionnellement fragile surnommé le pop-corn par sa psychologue en rapport à ses réactions épidermiques incontrôlables. Oui mais voilà, Pierre a besoin de la signature de son cousin pour finaliser cette juteuse affaire, et ce dernier ne l’entend pas de cette oreille et cherche à s’impliquer dans l’entreprise familiale. La patte du réalisateur se retrouve dans certaine scène onirique rappelant 99 francs, ou dans la scène du crash aérien digne d’un blockbuster américain. Mon cousin est une comédie d’un nouveau genre qui vous fera réfléchir sur le surmenage qui parfois nous conduit à la folie. A regarder sans attendre. R.V.

Une histoire à soi (Amandine Gay)

note: 5Construire son histoire Les bibliothécaires - 5 janvier 2022

Née sous X, Amandine Gay aborde avec ce documentaire un sujet qu’elle connaît intimement : l’adoption. Une histoire à soi est portée avec force par les témoignages en voix hors champ de cinq adultes originaires de Corée du Sud, du Rwanda, du Sri Lanka, du Brésil et d’Australie élevé·e·s dans des familles françaises. Habilement entrecroisés, leurs récits sont illustrés par leurs archives personnelles constituées de vidéos et de photos.
Cette superposition visuelle et sonore révèle une réappropriation de leur propre histoire, dans laquelle tous partagent une expérience commune : le besoin d’un retour sur la terre de leur origine.
Activiste, sociologue, afro-féministe, Amandine Gay propose une œuvre à la fois intime et politique qui interroge également sur la perpétuation de l’adoption à l’internationale. C.G.

200 mètres (Ameen Nayfeh)

note: 5Si loin, si proche Les bibliothécaires - 8 décembre 2021

200 Mètres à vol d’oiseau, ça peut paraître rien.
200 mètres et un mur, voilà ce qui sépare Mustapha de sa femme Salwa et de ses trois enfants. Celui-ci vit en Cisjordanie, les autres membres de sa famille en Israël. Pour traverser ce mur et les rejoindre, Mustafa doit posséder un permis de travailler ou une carte d’identité israélienne mais il s’en défend, par conviction. Chacun tente de résister au quotidien avec toute l’énergie, la ruse et la tendresse nécessaires.
Un week-end, une fonctionnaire israélienne lui refuse le passage de la frontière sous prétexte de l’invalidité de son permis de travail. Pour contrer cet interdit et retrouver les siens, Mustapha décide de faire appel à un passeur. Au même moment, Salwa l’informe que son fils ainé est hospitalisé en Israël après avoir été renversé par une voiture. Dès lors s’ensuit une interminable et périlleuse virée pour passer cette frontière.

Issu du documentaire, Ameen Nayfet dont c’est le premier long métrage choisit de mettre en scène le vrai afin de toucher un public très large. A la fois road movie, drame social et thriller, le réalisateur offre un film coup de poing qui entraine le spectateur aux côtés de Mustapha, tendu vers le même objectif et qui nous laisse à bout de souffle.
Témoins de l’absurdité de la situation, comme nous le sommes d’un conflit, depuis de nombreuses années. La question de la circulation des personnes ou du passage des frontières rappelle les diktats d’une vie soumise à l’occupation, même si dans ce film la présence de l’armée israélienne reste anecdotique aux détours d’une ou deux scènes. En effet, il ne suggère plus qu'il ne souligne la violence d'Etat israélienne, montrée ici dans les détails, dans les tracasseries du quotidien, et dans les entraves à la liberté subies jour après jour par la population palestinienne.
Le film d'Ameen Nayfeh, Prix du Public au festival de Venise, apporte un éclairage à échelle humaine, sans discours politique prononcé, sur une situation de plus en plus difficile à comprendre, à l'image de ce mur infini, gris, omniprésent dans le film, qui empêche la vie de circuler tout simplement. C.G.

La grande fabrique à crottes (Nadja Belhadj)

note: 4Indispensable pour les enfants curieux et/ou les adultes qui aiment briller en soirée mondaine! Les bibliothécaires - 12 novembre 2021

Lecteur coprophobe passe ton chemin, car avec ce livre tu vas devenir incollable en excréments!
Que ce soit ceux des animaux, celui de nez, son utilisation parfois surprenante dans l’art, la médecine ou bien l’agriculture, tout ce qu’il faut savoir sur le caca y est présent et expliqué simplement.
Indispensable pour les enfants curieux et/ou les adultes qui aiment briller en soirée mondaine!
T.V.

Not your muse (Celeste)

note: 5Au firmament Les bibliothécaires - 6 novembre 2021

Biberonnée aux sons des plus grandes chanteuses de comme Aretha Franklin ou Billie Holiday, la jeune britannique Céleste s’apprête à faire parler d’elle. D’une puissance vocale indéniable, elle imprime son style soul-jazz sur de nombreux morceaux. Néanmoins, c’est lorsque Céleste les interprète en souplesse, retenue et nuances qu’elle apparait la plus intéressante. Elle devient alors magnétique. D’ailleurs, son album forme un tout assez hétéroclite alternant les titrés efficaces taillés pour la radio plutôt pop (Stop the Flame, Tonight) et des morceaux plus acoustiques et intimes (Ideal woman). Une belle découverte. C.G.

Oeuvre non trouvée

note: 5Un chien pas comme les autres... Les bibliothécaires - 6 novembre 2021

L’appel de la forêt est une adaptation du célèbre roman de Jack London. Un chien fidèle du nom de Buck, choyé au sein d’une riche famille de Santa Clara en Californie, est un jour enlevé et envoyé au Canada afin de servir de chien de traineau pour des chercheurs d’or. Le réalisateur, Chris Sanders, offre ici un film d’aventure mais aussi, on ne peut plus familial, qui ravira les petits comme les grands. Les effets spéciaux ne sont pas toujours de qualité, mais les images, spectaculaires, font passer un très agréable moment, rappelant certaines scènes du premier film de Jean-Jacques Annaud. De plus, le plaisir reste entier puisque le nouveau casting permet de retrouver l’incontournable Harison Ford aux côtés d’Omar Sy, Dan Stevens, et Karen Gillan. R.V.

Oeuvre non trouvée

note: 4Pétillant et juste Les bibliothécaires - 4 novembre 2021

Emma est ravie : cette année elle entre en cinquième, des projets plein la tête, et a hâte de retrouver ses deux meilleures amies, Linnéa et Bao. Sauf que, dès le premier jour d’école, plus rien n’est comme avant : Linnéa s’est trouvée un petit copain pendant l’été et ne veut plus jouer avec ses amies pendant les récréations. Quant à Bao, elle trouve que construire des cabanes, c’est mieux que l’amour et les garçons. Déstabilisée par la dispute de ses copines qui finit par s’étendre à la classe entière, Emma ne veut pas prendre parti : pourquoi ne pourrait-elle pas continuer à vouloir jouer dans la forêt et tomber amoureuse en même temps ?

À mi-chemin entre la bande dessinée et le journal intime, cet album décrit avec beaucoup de justesse la période à la fois riche et complexe qu’est le passage de l’enfance à l’adolescence. Confrontée au regard de ses camarades et à la confusion de ses sentiments, Emma est une jeune fille attachante qui se découvre et apprend à maîtriser ses propres fragilités. On apprécie d’ailleurs les échanges remplis de bienveillance et de complicité qu’elle a avec son papa, premier soutien de sa fille.
Une bande dessinée qui porte un regard juste et tendre sur cette période charnière de la vie, agrémentée d’un dessin pétillant, de petites notes et de playlists sympas !
Vv

Pilu des bois (Mai K. Nguyen)

note: 4Leçon de sagesse Les bibliothécaires - 4 novembre 2021

Willow est une petite fille qui vit avec son père et sa grande sœur depuis le décès de sa maman. Embêtée à l’école, elle a beaucoup de mal à exprimer ses émotions et à mettre des mots sur sa situation. Suite à une dispute familiale, elle s’enfuit dans les bois proches de sa maison et trouve refuge dans la nature réconfortante où elle avait l’habitude de se promener avec sa mère. Sa rencontre avec une petite créature elfique va l’aider à retrouver son chemin et sa famille, et à faire la paix avec elle-même et ses émotions.
Un album qui aborde habilement la question du deuil : malgré la gravité du sujet, cette bande dessinée mêle habilement une candeur touchante à une leçon de sagesse qui parlera aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Ses jolies couleurs en font une petite douceur à découvrir tout en rendant un bel hommage à la nature.
Vv

Promising young woman (Emerald Fennell)

note: 4La femme qui jouait avec le feu Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

Promising young woman est un film de la réalisatrice britannique Emerald Fennel déjà connue pour sa série The crown et Killing Eve (coscénariste). Ce premier long métrage s’inspire directement du mouvement # Me Too, véritable mise en garde contre les prédateurs de femmes soumis à l’emprise de l’alcool. Il s’agit d’une critique acerbe de la société américaine et de l’élite masculine blanche, de certaines de leurs exactions commises en toute impunité et tolérées par les responsables des établissements universitaires. Le film est un mélange des genres entre viol et vengeance, thriller psychanalytique, satire sociale et comédie romantique. Carey Mulligan y est charismatique, elle interprète ici son meilleur rôle depuis The Dig : elle campe le personnage de Cassie, trentenaire très ambiguë, belle et intelligente, vivant chez ses parents le jour, se faisant rusée et calculatrice la nuit. Accompagnée par des acteurs tels que Christopher Mintz-Plasse, Clancy Brown, ou le grand Alfred Molina ainsi que d’une bande son très pop, le personnage de Cassie prend un ancrage fort qui marquera longtemps nos esprits. R.V.

Tropico salvaje (Gallera Social Club (La))

note: 5Electropicale Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

La Gallera Social Club est un voyage chargé de folklore Vénézuélien, de psychédélisme et d'électro comme l’illustre parfaitement l’album : Trópico Salvaje. Concentré survitaminé de funk, de rock et d’électro, La Gallera Social Club honore ses racines afro-venezueliennes tout en brouillant les pistes avec ce son "folk'electronico",véritable pépite pétrie de groove et de folie douce. C.G

Anne with an 'E' saison 1 (Moira Walley-Beckett)

note: 5Un brin de fraicheur, une bouffée d'optimisme Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

Anna Shirley, une adolescente orpheline, maltraitée en orphelinat et par les différentes familles qui l’ont accueillie, arrive par erreur dans la famille Cuthbert, où vivent Marilla et son frère Matthew. En effet, ces derniers s’attendaient à recueillir un garçon afin de les soulager dans les travaux à la ferme. Extrêmement bavarde et exaltée, cette enfant va venir bouleverser leur quotidien…
Cette série est l’adaptation d’un classique de la littérature jeunesse américaine traduit en français sous le titre Anne et la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery.
Anne, bavarde invétérée détonne par son enthousiasme à toute épreuve. Riche d’un monde intérieur foisonnant, la jeune fille à l’imagination débordante se nourrit de littérature, voit de la beauté dans les choses les plus banales et s’émerveille des innombrables richesses de la Nature. La Nature tient d’ailleurs une place prépondérante dans cette série tournée au Canada sur l’île du Prince Edouard.
Ancrée dans le Canada de la fin du XIXeme siècle, les thématiques fortes développées au fil des épisodes surprennent : l’homosexualité, le poids des traditions, la question des classes sociales, le racisme… L’autrice impose clairement une réflexion sur son temps en questionnant la place des femmes dans une société où elles sont cantonnées à des rôles secondaires.
C’est aussi une histoire d’amour, une rencontre entre deux êtres cabossés et cette enfant lumineuse, une re-découverte de la magie de l’enfance. Mais surtout, la série interroge sur la place de l’imagination et sa force de résilience.
Anne avec un « E » fait partie de ces personnages qui accompagne longtemps le lecteur/spectateur. « Anne Shirley est l'enfant la plus attachante, émouvante et délicieuse depuis l'immortelle Alice. » (Mark Twain)

A partir de 10 ans. C.G.

Our pathetic age (Dj Shadow)

note: 5le Beat en guerre contre la modernité Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

Dj Shadow revient avec un nouvel album Our pathetic age dans lequel il aborde la peur des nouvelles technologies. Cet opus se compose de deux parties. La première, très électronique notamment sur les titres Singblade ,Intersectionality, Weightless, laisse beaucoup de place à l’expérimentation instrumentale et aux drums sur le titre Beauty, Power, Motion, Life, Work, Chaos, Law. Le titre Firestorm dénote, grâce à cette touche douceur apportée par le piano. La deuxième partie, plus vocale, accueille des invités prestigieux: le Wu-Tang Clan, De la Soul, Run The Jewels, Pharoahe Monch, Wiki. Tous issus de la scène hip hop, ils viennent épauler DJ Shadow avec pour cheval de bataille la dénonciation de l’omniprésence des écrans dans nos vies conduisant à la déshumanisation des rapports sociaux. Un album à écouter sans attendre. R.V.

Petite fille (Sébastien Lifshitz)

note: 4La lutte du genre Les bibliothécaires - 1 septembre 2021

Depuis l'âge de 3 ans, Sasha ne se reconnait pas dans son corps de petit garçon assigné à la naissance : Sasha veut être une fille!

Sébastien Lifshitz, précédemment césarisé pour son documentaire Adolescentes, livre ici un film bouleversant de délicatesse et d'intelligence sur la question de la transidentité chez un enfant.

Petit bout de femme à la force intérieure incroyable, Sasha parle peu, mais nombre d'émotions communiquent par le regard entre elle et les membres de sa famille. Un clan soudé contre vents et marées, véritables boucliers contre les éléments extérieurs : les institutions, la société... La maman de Sasha incarne cet amour inconditionnel pour son enfant. Trés présente dans le film, on la voit en proie à diverses émotions : le doute ou la culpabilité, la pugnacité et la combativité.

Le film regorge de scènes du quotidien pleines de grâce et de poésie notamment lors des moments de jeux dans le jardin, véritable écrin protecteur dans lequel Sasha s'offre la liberté d'être elle-même.

A chacun de ses longs-métrages, Lifshitz filme ses personnages au plus près, avec beaucoup d'amour et d'empathie, mettant en récit des vies anonymes en lutte pour la construction de leur propre identité. C.G.
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Josep (Aurel)

note: 5Les crayons de la colère Les bibliothécaires - 1 septembre 2021

Josep est un film d’animation du dessinateur Aurel. Le film évoque la « Retirada », c’est-à-dire l’exil en France des républicains espagnols suite à la victoire de Franco en 1939. C’est un biopic autour du dessinateur caricaturiste Josep Bartoli engagé dans le parti communiste catalan. Aurel dont c’est le premier long métrage montre le sort des espagnols, ayant fui le franquisme, sur le sol français, tout en rendant hommage à Bartoli et ses dessins.

Sur le plan artistique, le film est une succession de récits avec différentes temporalités. Le montage n’aide pas toujours à bien suivre la narration car Aurel mélange ses propres dessins à ceux de Josep et par moments, le style graphique est plus proche de la bande-dessinée que du film d’animation.

Le film retrace un passé peu glorieux de la France vis-à-vis de son voisin espagnol. Afin de contrebalancer cette vision individualiste et raciste, le réalisateur s’appuie sur un personnage fictif prénommé Serge, un jeune gendarme discret, ami et protecteur de Josep.

Le film déroule la vie de Serge en commençant au crépuscule de sa vie lorsque celui-ci transmet ses souvenirs à son petit fils qui prend conscience de l’Homme que fut son grand père. Josep est un hommage aux personnes qui osent désobéir face aux horreurs et aux injustices. Très émouvant, ce long-métrage est porté par un magnifique dessin, une musique exceptionnelle signée Sílvia Pérez Cruz et un casting unique rassemblant les acteurs Sergi Lopez, François Morel ou encore Gérard Hernandez.

L’art devient un support pour le devoir de mémoire, doublé d’un bel hommage d’un dessinateur à un autre. R.V.

Je veux un super-pouvoir ! (Émilie Vast)

note: 5Un album pour faire découvrir aux plus-petits les capacités extraordinaires des animaux Les bibliothécaires - 27 juillet 2021

Voler ? Déjà pris ! Courir très vite ? Aussi ! Beaucoup d'animaux ont des super-pouvoirs, alors que reste-t-il à Lapin ? Ce lapin aimerait bien avoir un super-pouvoir mais lequel choisir ? Au fil du temps, on s’aperçoit que les super-pouvoirs sont déjà présents dans la nature, quelques animaux aux capacités exceptionnelles ! Et finalement, on réalise que ce petit lapin en a un. Il suffit de bien le chercher ! Un documentaire animalier avec une histoire amusante.

Nowhere girl (Magali Le Huche)

note: 5OB LA DI OB LA DA... Les bibliothécaires - 27 juillet 2021

Magali 11 ans, fan absolue des Beatles, entre en sixième bien déterminée à réussir cette première année au collège. Elève moyenne jusqu’à présent, elle a décidé de devenir une super bonne élève appréciée de ses profs !
Mais voilà, les semaines passent et Magali a de plus en de plus mal à quitter le cocon familial : une boule grandit inlassablement dans son ventre, son cartable s’alourdit de jour en jour. Elle lutte de toutes ses forces pour se rendre au collège, mais un jour, son corps lâche. Entourée de parents compréhensifs et bienveillants, elle consulte un psy, le verdict tombe : phobie scolaire.
Sur son chemin de l’acceptation et de la guérison, Les Beatles seront ses compagnons de route, sa bouée de secours. Telle Alice, elle grimpe sur son Yellow Submarine et s’enfonce vers ce monde psychédélique, foisonnant de couleurs, loin de ses peurs et angoisses existentielles.
Autrice d’albums jeunesse, Magali Le Huche s’embarque dans ce récit autobiographique pour traiter d’un sujet peu exploité en littérature jeunesse : la phobie scolaire. Elle aborde le sujet de façon délicate et sensible. C’est aussi le récit d’une entrée fragile dans l’adolescence avec ce refus de grandir, de voir son corps évoluer, la peur de ne pas trouver sa place.
Nowhere girl est un roman graphique pop, une lecture bienveillante qui donne envie de replonger dans la discographie des Beatles ! C.G.

Good boys (Gene Stupnitsky)

note: 4Very bad boys Les bibliothécaires - 24 juillet 2021

Good Boys est un film de Gene Stupnitsky sorti en 2019. Le film est une comédie sur la préadolescence, avec une certaine touche grivoise à l’instar de ses ainés, les films Supergrave ou Sausage party tous deux scénarisés par Evan Goldberg et Seth Rogen, deux bras droits de Judd Apatow, réalisateur de 40 ans toujours puceau.
Le film suit trois amis d’enfance de 12 ans, Max, Thor et Lucas, qui se préparent à participer à leur première soirée, où ils espèrent pouvoir embrasser des filles. C’est pour cette raison que les ados s’embarquent dans une série de choix plus délirants les uns que les autres. Par moments, le film se transforme en remake de Supergrave en réinterprétant certaines de ses scènes mythiques. La grande réussite du film est de concilier le politiquement incorrect du style de Judd Apatow à l’enfance, et ça marche terriblement bien. On ne tombe jamais dans le mauvais gout grâce à la distance qui s’établit entre ces enfants et la réalité du monde adulte. Une comédie hilarante qui pourra être vue par les grands ados et leurs parents. R. V.

Les oiseaux du temps (Amal El-Mohtar)

note: 5C'est ainsi que l'on perd la guerre du temps Les bibliothécaires - 3 juillet 2021

Dans un futur lointain, deux mystérieuses factions se livrent une guerre temporelle sans merci et envoient leurs agents défaire et refaire discrètement l’histoire dans tous les passés possibles.
Lassées de ce conflit sans fin, Rouge et Bleu, les meilleures combattantes de chacun des deux camps, s’engagent dans une correspondance interdite, d’abord pour provoquer l’adversaire, avant que ne s’installent un respect mutuel et une confiance fragile. Mais tout se complique quand l’amour finit par s’immiscer entre les lignes et qu’il faut à tout prix le préserver sur le champ de bataille…

Un drôle d’ovni que cette romance épistolaire de SF écrite à deux mains !
D’une poésie troublante et envoûtante, la correspondance de Rouge et Bleu s’inscrit dans un contexte nébuleux : des tenants et aboutissants de la guerre nous ne saurons rien, ou presque. Et cela importe peu car seule compte la beauté féroce et mélancolique de leurs échanges, des lettres éphémères dissimulées de façon improbable à travers l’espace et le temps.
Un magnifique roman sur l’altérité et l’humanité, aussi fascinant que déroutant par sa prose à la fois sensuelle et hermétique. Un vertige dont on ressort le cœur battant, tout en regrettant de ne pas pouvoir faire durer le voyage un peu plus longtemps...
Vv

Immensità (Andrea Laszlo de Simone)

note: 5Italo Cosmique ♥ Les bibliothécaires - 3 juillet 2021

Immensità …un album aussi court qu’intense et profond, à l’image de cette couverture cosmique. L’italien Andréa Lazslo de Simone nous transporte dans une univers intimiste porté par cette pop symphonique sensuelle et lyrique. La puissance des chœurs et des arrangement de cordes y est pour beaucoup, sans parler de cette langue... Immensità nous fait ouvrir les bras pour se lover comme un bon vieux slow des années 70. C.G

30 jours max (Tarek Boudali)

note: 3Le retour de trop de la Bande à Fifi Les bibliothécaires - 3 juillet 2021

Avec 30 Jours max, Tarek Boudali répond à la question : que ferais-tu s’il te restait 30 jours à vivre ? Et pour y répondre la bande à Philippe Lacheau s’est mise en quatre pour nous faire vivre cette comédie déjantée agrémentée de scènes d’action cocasses. Rayane alias Tarek Boudali est un jeune flic trouillard et maladroit, qui ne cesse de consterner son entourage et ses collègues, mais il finit par se surprendre lui-même quand il apprend qu’il ne lui reste que 30 jours à vivre. On retrouve les gags qui ont fait le succès de la Bande à Fifi, avec une vraie volonté de filiation avec les humoristes des années 90, des Inconnus au Splendid, en passant par l’humour Canal + propre à De Caunes et Garcia, auxquels les compères rendent hommage en les invitant en guests stars. Mais il est vrai que le scénario peine à trouver son rythme, trop de ralentis inutiles cassent la dynamique du film. Le manque d’imagination contraint les scénaristes à s’inspirer des classiques de la comédie française. Le film ne parvient pas à sortir de cet humour redondant, ce qui l’empêche de créer un deuxième ou troisième degré, comme on peut le trouver dans les comédies de Judd Apatow. 30 jours max permet de passer un bon moment en famille mais reste loin derrière certaines comédies françaises auxquelles le film rend hommage. R.V.

Street Fighting Cat n° 1
Street fighting cat (SP Nakatema)

note: 5Yaku-Chat Les bibliothécaires - 23 juin 2021

La nuit, quand les humains s'endorment, les chats s’approprient les rues et les toits. Poussés par leurs instincts ancestraux, les chefs de bandes défendent ou agrandissent leur territoire à coups de griffes et de crocs pour écarter les plus retors des chats de poubelle. »

Voici le pitch que nous propose Street Fighting Cat.
En creusant davantage on finit vite par faire le rapprochement avec l’univers de la pègre japonaise, les yakuzas qui s’affrontent pour étendre leur territoire).

Le tout est traité avec humour et décalage. Le dessin très cartoon, voir SD (super déformé), renforce cette impression. Qu’on aime ou pas cela permet à Street Fighting Cat d’avoir sa propre identité et de se démarquer de la concurrence que représente la myriade de mangas sur les chats qu’on peut trouver au Japon. T.V.

55 jours chez mon chat (Sébastien Mourrain)

note: 5Témoignage étonnant et drôle d'un chat et son maître pendant cette période bien particulière Les bibliothécaires - 8 juin 2021

Grand coup de cœur pour cet album sans texte. L’auteur et illustrateur nous convie chez lui avec son chat pendant l’étrange moment de vie qu’a été le premier confinement .
Le lecteur se retrouve alors dans le quotidien de l’auteur , son intérieur, ses habitudes, sa famille parfois ….et son CHAT. Il nous décrit avec beaucoup d’humour des scènes de vies où chaque jour est différent. On pourrait presque confondre le chat et le maitre. Est-il un chat ou mime-t-il son chat ? qui est qui ? Tout est étrange et drôle à la fois. Les croquis étant en noir et blanc, on peut parfois s’amuser à chercher le chat.
A lire et à relire car des petits moments de vie peuvent nous avoir échappés.

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary (Rémi Chayé)

note: 5L'enfance d'une cheffe Les bibliothécaires - 2 juin 2021

Dans un convoi de pionniers en route vers l'Oregon, le père de Martha Jane se blesse. Bien qu'âgée de seulement 11 ans, elle devient alors responsable de la caravane familiale. Moquée par les garçons du convoi, elle fait le dur apprentissage de la vie sur la route : elle soigne les chevaux, apprend secrètement à monter et à manier le lasso. Progressivement, une envie farouche de s'émanciper grandit chez cette gamine laissant deviner la grande Calamity Jane qu'elle deviendra : elle se coupe les cheveux et adopte les vêtements des garçons. Ainsi, en brisant les codes de la féminité et en bouleversant la place traditionnelle de la femme au sein de la communauté, elle devient une menace. Accusée à tort de vol, elle fuit le campement.
Nous voilà partis, aux côtés de Martha Jane, sur les chemins du Far West, en quête de rencontres et d'aventures, prêts à en découdre pour réparer l'injustice ! Caractère bien trempée, tête brulée, effrontée, Martha Jane Cannary est un sacré bout de femme !
D'un point de vue formel, ce long-métrage est une réussite. Les plaines à perte de vue, l'océan de nuages ou les feux de camps sont magnifiés par l'usage des aplats de couleurs et le jeu des contrastes.
Sans temps morts, à un rythme trépidant, Rémi Chayé livre sa version du western animé digne des films de John Ford ! C.G.

Aller-retour (Bon Entendeur)

note: 4“Mesdames Messieurs, bonsoir, vous écoutez Bon Entendeur.” Les bibliothécaires - 1 juin 2021

Ce collectif formé par trois jeunes français s’est fait connaître par ses mixtapes mensuelles postées sur Soundcloud (https://soundcloud.com/bon-entendeur) et mettant à l’honneur la culture française. Ils dévoilent aujourd’hui leur premier album, Aller-Retour, réunissant ce qui a fait leur succès : d’élégants collages de voix mythiques de la francophonie sur des beats rafraîchissants. Le disque compile de sympathiques voyages musicaux qui dépoussièrent notre patrimoine sonore en le raccordant à des codes modernes. Entre réarrangements de chansons des années 60–70 et créations originales mêlées à des entretiens (celle de Beigbeder particulièrement réjouissante), les 14 titres slaloment entre jolis hommages et remises à neuf. Le disque parfait pour un été déconfiné. C.G.

Blue Note re:imagined (Jorja Smith)

note: 5Coup de jeune Les bibliothécaires - 1 juin 2021

Le mythique label de jazz Blue Note sort une anthologie : véritable passerelle entre passé prestigieux et nouvel horizon . Il confie ainsi ses chefs-d'œuvre à de nouveaux talents principalement issus de la scène jazz londonienne qui y ajoutent des touches de funk, de soul et un poil d'électro. Des morceaux de Wayne Shorter, Eddie Henderson, Herbie Hancock sont transformés par Jorja Smith, Erza Collective ou bien Poppy Adujha. Cette dernière s'attaque justement au titre Watermelon Man d'Herbie Hancock, reprenant a cappella l'introduction du morceau originellement interprétée à la flûte, n'hésitant pas à y ajouter des paroles engagées.
Malgré la diversité des registres, cette compilation s'avère riche, équilibrée et cohérente. C.G.

Chicken skin music (Ry Cooder)

note: 5Viva America Les bibliothécaires - 1 juin 2021

Ryland Cooder est un musicien guitariste de blues qui a parcouru la planète et joué avec les plus grands noms, Rolling Stone Magazine le classe à la 8ème place des 100 plus grands guitaristes de tous les temps. Son style éclectique s’inspire du blues, du jazz, de la musique tex-mex, indienne, hawaïenne, cubaine et africaine. Sa carrière débute dans les années 60, en 1965 il forme les Rising Sons avec Taj Mahal que nous vous avions présenté au mois de mai, cela se conclura par la production d’un 45 tours Candy Man (un album complet de leurs enregistrements de 1964/1966 sortira finalement en 1992). En 1967 il collabore avec le Captain Beefheart's Magic Band pour le premier album du Captain, Safe as Milk. Il débute sa carrière solo en 1970, en reprenant des classiques de la musique américaine, folk, blues notamment sur son album éponyme Ry Cooder. Les 3 albums suivants sont marqués par un son rhythm’n’blues, 1972 Into the Purple Valley et Boomer's Story, et en 1974 Paradise and Lunch. C’est en 1976 que sort Chiken skin Music qui marque un tournant dans la carrière de Ryland car on retrouve toutes ses influences. Et cela commence dès la pochette où l’art populaire mexicain est mis à l’honneur. Le titre de l’album Chicken Skin Music fait référence à une expression hawaïenne pour la musique qui vous donne la chair de poule. Les titres Yellow roses et Chloe ont été enregistrés à Hawaï avec Gabby Pahuinui et Atta Isaacs, deux des plus grands musiciens de steel guitar propre à la musique traditionnelle hawaïenne. L’inspiration mexicaine se retrouve sur la reprise gospel de Stand By Me avec un arrangement norteño, ou encore avec un boléro sur le titre de Jim Reeves, He'll Have to Go, mettant en scène le jeu de l'accordéon de Flaco Jimenez. Bobby King et Terry Evans, deux habitués des disques de Cooder, complètent la danse en chantant un rhythm’n’blues chargé de gospel hawaïen sur le titre Always lift him up/Kanaka Wai Wai. Chicken skin Music reste à ce jour l’un des meilleurs albums de Ry Cooder avec ce son qui vous fera voyager dans une Amérique multiculturelle. RV

Oeuvre non trouvée

note: 5"Quand l’autisme débarque dans une famille" Les bibliothécaires - 28 mai 2021

Un bel album qui traite avec intelligence et bienveillance le sujet de l'autisme. S'adressant à tous, il aide à comprendre avec une approche positive le quotidien de ceux qui le vivent, sans pour autant enlever les difficultés rencontrées. C'est un album touchant, émouvant qui aborde avec finesse une réalité encore peu abordée dans le paysage éditorial jeunesse.

Le Jardin, Paris (Gaëlle Geniller)

note: 4Fleurs du jardin Les bibliothécaires - 11 mai 2021

Au Jardin, chic cabaret parisien de l’entre-deux guerres dirigé par la mère de Rose, toutes les danseuses s’y épanouissent et portent un nom de fleur. Rose, 18 ans, a grandi dans ce cocon familial et protecteur fait de féminité et de bienveillance, et s’apprête à faire ses premiers pas sur scène. Et ce, malgré sa timidité… et le fait que Rose est un garçon.

Il y a beaucoup de candeur et de sincérité dans ce roman graphique, au départ pensé pour être un court-métrage d’animation. La palette, riche et généreuse, nous fait ressentir l’atmosphère à la fois feutrée et festive du Jardin de même que le bouillonnement du Paris des années folles en contraste avec la tranquillité vivifiante de la campagne alentour.

La narration, quant à elle, est une agréable surprise car elle évite les écueils que peut rencontrer un sujet aussi délicat que les frontières (ou leur absence) entre les genres et se recentre sur la personnalité candide mais lucide de Rose, qui s’assume pleinement et naturellement comme un homme qui aime porter des vêtements féminins.
Certes sa simplicité désarmante et son apparence androgyne font de lui l’objet de toutes les curiosités, mais jamais de façon malsaine, et le soutien qu’il trouve auprès de ses proches rend le récit du passage vers l’âge adulte réconfortant et optimiste. Une véritable bouffée de fraîcheur. Vv

Je ne veux pas être maman (Irene Olmo)

note: 4Une réflexion poétique et pertinente Les bibliothécaires - 11 mai 2021

Dans son enfance, qu’elle a passée à jouer à la poupée avec ses sœurs, Irene croyait que la maternité était une évidence, et non un choix. Devenue adulte, c’est ce choix, et plus particulièrement, le choix de ne pas devenir mère, qu’elle explore dans une bande dessinée autobiographique fleurie et poétique.

En partageant le cheminement personnel qui l’a conduite à prendre cette décision, la dessinatrice catalane évoque aussi non sans humour les réactions de son entourage, qui vont de l’incompréhension à la pitié. Elle témoigne ainsi de la pression sociale et de l’injonction à la maternité qui existent encore aujourd’hui dans nos sociétés occidentales. Sur un ton juste et réfléchi, cette bande dessinée permet de soulever des interrogations complexes et pertinentes. Vv

Animotecture (Tom Wainwright)

note: 5♥♥♥ Archi poilant Les bibliothécaires - 6 mai 2021

Le saviez-vous ? Le design, c’est aussi pour les animaux domestiques. Il n’y a pas de raison pour que Kiki n’ait pas droit à sa niche art déco!
Animotecture dévoile une fascinante collection d’objets design destinés à nos animaux chéris : chats, chiens, poules, oiseaux et même bernard l’hermite… Cherchez l’intrus. C’est au XXI siècle qu’apparait le design architectural pour animaux à la faveur d‘une industrie animalière grandissante. Ainsi, de très grands designers et architectes ont pensé la création d’aires de jeux ou habitats pratiques et ingénieux.
Si certains objets apparaissent luxueux de par leurs matériaux, d’autres ont été créés dans le cadre d’actions de bienfaisance et font la part belle aux matériaux écologiques/ou de récupération.
Le livre idéal pour tous les amoureux des animaux ou amateurs de design et à feuilleter en famille. C.G.

La cravate (Etienne Chaillou)

note: 4La cravate ne fait pas le moine Les bibliothécaires - 4 mai 2021

La cravate, documentaire de Mathias Théry et Etienne Chaillou, propose de suivre un jeune homme, Bastien Regnier, militant d’extrême droite. Le scénario s’appuie sur l’observation du parcours de Bastien mais en toute neutralité ; le parti pris très subtile des réalisateurs s’attache simplement à éclairer le spectateur, sans pour autant faire du militantisme anti-Front National. Plongé dans la campagne présidentielle de 2017, le tournage commence en novembre 2016 et finit en juillet 2017. Fils d’un chef d’entreprise, Bastien a vécu un parcours chaotique, se sentant rejeté et humilié à l’école et incompris au sein de sa famille. Ce garçon aura nourri de nombreuses peurs qui le conduiront à commettre à l’âge de 13 ans un acte violent. Cette révélation surgit au milieu du documentaire et caractérise un tournant crucial dans sa vie. Dès lors placé en famille d’accueil, il fera la rencontre d’un néo-nazi qui l’intègre dans son collectif Le Picard Crew. Après s’être radicalisé dans cette mouvance skinhead, il trouve son équilibre au sein du Front National, où il se sent utile et considéré. Cinq années durant il devient une petite main du parti. Son chef Éric Richermoz voit en lui un affidé bien utile qu’il pourra facilement exploiter à ses propres fins. Dès lors on a l’impression que la caméra devient une béquille thérapeutique pour Bastien : il verbalise alors les méfiances ressenties vis-à-vis des politiques qu’il qualifie d’arrivistes en quête de pouvoir. Le film se termine sur une question centrale pour: "Mais alors, en fait, je suis un connard ou pas ?". Cette chute pousse le spectateur à la réflexion, concernant la question du jugement et surtout des circonstances qui mènent à cette trajectoire idéologique. R.V.

Original album classics (Taj Mahal)

note: 5Blues Stories Les bibliothécaires - 4 mai 2021

Taj Mahal de son vrai nom Henry Fredericks est un musicien américain et le frère de Carole Fredericks. Dans ce coffret Original album classics on retrouve 3 albums des débuts de Taj Mahal, Taj Mahal, The natch’l blues (1968) et Mo’ Roots (1974). Fils d’un musicien de jazz américain, son style est caractérisé par un métissage musical varié, incluant des sonorités reggae. C’est un passionné de musique maitrisant une dizaine d’instruments allant de la guitare au banjo, en passant par la basse, les claviers, l’harmonica, le violoncelle ou encore la trompette. Les deux albums de 1968 sont des albums classiques de blues notamment avec les titres Dust My Broom, Everybody's Got To Change Sometime, pouvant rappeler le grand John Mayall. The Natch'l Blues s’inscrit dans la continuité du premier album ; on y retrouve les mêmes musiciens que sur Taj Mahal, on notera des arrangements sonores qui tendent vers la soul ou le funk propres à cette édition de l’album, ainsi que l’ajout de versions alternatives des titres The Cuckoo, New Strangers Blues et Things Are Gonna Work Out Fine, toujours dans ce style très funky notamment avec la présence de cuivres. Quant au troisième album Mo 'Roots plus tardif, on sort du blues traditionnel pour une approche plus expérimentale mélangeant les styles afin de retrouver les racines du blues. L’inspiration reggae se retrouve sur les morceaux Johnny Too Bad, Slave Diver et Desperate Lover, le style calypso sur les titres Blackjack Davey et Clara, et le style funk et soul dans Big Mama. On plonge même dans le bayou avec de la musique cajun de Louisiane sur le titre Cajun Waltz. Un vrai melting pot condensé en seulement huit titres. Ces albums sont une bonne manière de découvrir les origines de Taj Mahal, un artiste qui vous fera aimer le blues en réinterprétant les origines des musiques noires américaines. R.V.

Oeuvre non trouvée

note: 4A l’ami qui a détruit ma vie Les bibliothécaires - 29 avril 2021

Que feriez-vous si vous appreniez que votre voisin Guy, devenu votre ami, avec qui vous avez partagé apéritifs ensoleillés et parties de cartes , avec qui vous avez échangé des outils et votre passion pour l’entomologie, celui qui habite avec sa femme la seule maison à côté de la vôtre dans ce petit coin de campagne, votre petit paradis , cet homme si sympathique était … un tueur en série, un tueur d’enfants…
Thierry ce samedi est surpris au petit matin par un groupe d’intervention de la gendarmerie, des hommes casqués et armés, qui envahissent le jardin de son voisin et les emportent, lui et sa femme, poings liés toutes sirènes hurlantes. Et quand le silence se fait et qu’interviennent les hommes en blanc de la police scientifique, les questions surgissent.
Comment supporter l’idée d’avoir partagé des moments d’amitié et de convivialité avec ce « monstre »… Comment vivre cette situation qui telle une déflagration emporte le couple, le travail, les souvenirs… Tiffany Tavernier détaille la descente aux enfers et sait capter cette plongée dans les pensées les plus intimes de cet homme dévasté et trahi qui n’a pas su voir l’horreur ni su protéger. Peut-on se relever d’une pareille proximité. Une plongée dans la psyché de cet homme mutique et blessé. C’est quand on touche le fond de l’eau que l’on peut remonter à la surface… Y.G

Nuits appalaches (Chris Offutt)

note: 5Comme seule loi, les siens… Comme seule arme, ses mains. Les bibliothécaires - 29 avril 2021

Dans les profondes forêts du Kentucky, deux êtres perdus vont se croiser ; Tucker, jeune vétéran de la guerre de Corée de retour au pays et Rhonda petit bout de femme à la peau brune, elle, tombée dans le traquenard d’un oncle incestueux et lui, démolissant le portrait de ce parent agresseur… Et ne plus se quitter …Gagner sa vie dans ces vallées éloignées quand on a un solide véhicule et du cran c’est travailler pour Beanpole le trafiquant d’alcool local … Et dans leur maison perdue au milieu des bois Le temps s’écoule au rythme des courses de contrebande, et si l’amour reste intacte, la vie parfois fracasse le plus profond d’une famille, les enfants. Si Jo la plus grande dénote d’une étonnante maturité, Big Billy, Bessie, Ida et Velmey leurs quatre autres enfants sont déficients sans que la médecine puisse l’expliquer. Alors quand les services sociaux décident de leurs retirer, Tucker sait comment les protéger…
D’une écriture efficace et aiguisée comme le couteau Ka-bar que Tucker porte à la ceinture, Chris Offutt nous entraîne sur des chemins de terre poussiéreux à la rencontre de ces hommes et de ces femmes, descendants de trappeurs, qui ont appris à ne s’en remettre qu’à eux-mêmes, quittes à transgresser la loi et l’ordre. Un récit entre roman noir et western dans lequel souffle le vent au parfum boisé des collines appalaches. Y.G.

Le démon de la Colline aux Loups (Dimitri Rouchon-Borie)

note: 4Là haut dans le Noir Les bibliothécaires - 8 avril 2021

Depuis sa cellule de prison, Duke tape sur sa machine à écrire pour raconter sa vie et les raisons de sa détention. La première erreur de cet enfant a été de voir le jour. Son enfance débute sur la colline aux loups, dans une fratrie nombreuse ou aucun des enfants n’est nommé, laissés à l’abandon, voire élevés au rang d’animal sauvage. Totalement reclus, ils ignorent tout de la vie extérieure à la maison. A l’humiliation et au mépris va s’ajouter l’indicible violence, de celle qui laisse le lecteur sans voix, abasourdi, au bord de la nausée. Âmes sensibles s’abstenir.
De ce traumatisme nait le « démon » qui n’aura plus de cesse de le poursuivre, de l’habiter, de tout emporter sur son passage.
Malgré ses actes impardonnables, on s’accroche à ce personnage étonnamment candide et lumineux, broyé par le destin et pris dans un engrenage infernal laissant le lecteur impuissant devant la victoire du Mal sur le Bien.
Le langage de Duke, « son parlement » comme il le nomme, ne s’embarrasse pas de ponctuation. Intense et naïve, dépouillée mais précise, cette écriture donne une grande force au personnage principal et au roman.
Le Démon de la colline aux loups est donc une lecture forte, remplie d’émotions brutes, dont les scènes et les pensées maudites hantent durablement, même une fois le livre refermé. C.G.

Des diables et des saints (Jean-Baptiste Andréa)

note: 5Sympathy for the devil... Les bibliothécaires - 8 avril 2021

Vous qui preniez l’avion ou le train, vous l’avez forcément croisé, penché sur son instrument, ce pianiste virtuose jouant exclusivement du Beethoven. Jour après jour, Joseph guette son passage…
Suite au décès de ses parents et de sa petite soeur, Joseph, 15 ans, adolescent des beaux quartiers et désormais sans famille, est transféré dans un orphelinat Les Confins construit dans un fond de vallée des Pyrénées. Tout est dans le nom « après les Confins, il n’y avait plus rien ». Tenue d’une main de fer par l’Abbé Sénac et son assistant tortionnaire, Joseph y découvre la maltraitance, l’enfermement le chagrin, mais aussi l’amitié, la solidarité et l’amour.
Jean Baptiste Andréa signe ici un roman sur l’enfance, celle qui nous constitue, nous porte et ne nous quitte jamais. C’est un récit tendre, émouvant, poignant qui tient le lecteur en haleine et que l’on referme à contrecœur. C.G.

Mon traître (Sorj Chalandon)

note: 5Avec coeur et à sang Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Ce livre est avant tout une histoire de coup de foudre pour l’Irlande. Antoine, artisan luthier à Paris, tombe amoureux du pays, pour le meilleur et pour le pire.
Il est accueilli à Belfast, dans les années 1970, par un couple touché dans la chair par le conflit Nord-irlandais. Le narrateur va découvrir les horreurs de la guerre mais aussi la « beauté terrible » du combat pour l’unification. A travers les amitiés de « Tony », sa fascination pour l’IRA, son engagement, l’auteur nous révèle l’histoire de ce conflit qui s’est terminé dans les années 2000. Au fil des années, Antoine perdra également son idéalisme, confronté à la violence et à la trahison, comme un jeune perd ses illusions face à la réalité.
Le ton et l’écriture de Sorj Chalandon accompagnent l’élan passionnel du narrateur avec justesse, l’écrivain s’est inspiré de son histoire personnelle. E.T.

Cuz I love you (Lizzo)

note: 5Si Aretha Franklin faisait du hip-hop... Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Militante de l’acceptation de soi, Lizzo insuffle une sacrée dose d’énergie et de jovialité sur la scène rap américaine. Elle impose son statut de femme noire et obèse dans une industrie musicale normée à coups de prestations scéniques délurées et audacieuses. Le corps de Lizzo est au cœur de sa démarche artistique et elle le met en scène au service d’un puissant message : accepter son corps, apprendre à s’aimer pour aimer les autres. Un programme de développement personnel à elle seule !
À la croisée des genres entre hip hop et soul, funk et gospel, morceaux chantés et rappés, Lizzo distille une parole friponne sans détour et avec beaucoup d’humour !
C.G.

Énorme (Sophie Letourneur)

note: 3Un malheureux évènement Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Sophie Letourneur signe avec Énorme une comédie très atypique s’éloignant des références fleuretant parfois avec le film documentaire. On suit un couple de quadra interprété par Jonathan Cohen et Marina Foïs deux poids lourds de la comédie que l’on avait déjà vu à l’écran ensemble dans Papa ou Maman 2 de Martin Bourboulon. Elle interprète une pianiste célèbre totalement dépendante de son mari et lui un mari-homme à tout faire très envahissant vivant par procuration la célébrité de sa femme, et allant jusqu’à organiser sa vie intime. Jonathan Cohen occupe tellement l’espace qu’il en crève l’écran au point qu’il en devient presque trop gênant. Après avoir contribué incidemment à la naissance d’un nouveau-né, celui-ci décide de faire un enfant à sa femme, sans concertation, en substituant sa pilule contraceptive. Le film bascule vers le genre documentaire lorsque l’on suit la grossesse de Claire. Le grotesque fait également son apparition à travers le déni de grossesse de Claire qui se matérialise par un ventre énorme, et la couvade de Frédéric qui en devient pathétique.
Sophie Letourneur livre ici un film qui interroge, puisqu’il dit beaucoup sur une maternité non désirée et notamment sur l’appropriation du corps de la femme par l’homme. Il y a un vrai paradoxe car bien que le sujet soit grave, il est traité avec beaucoup d’humour. Certains diront qu’il est heureux que ce soit une femme qui traite de ce genre de sujet car les détracteurs auraient crié au scandale. Le film est aussi un hommage à tous les soignants qui sont là pour veiller sur les futurs parents. Un film qui rappellera de bons ou mauvais souvenirs aux parents. R.V.

Budapest concert (Keith Jarrett)

note: 5"Der des Der" Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Lorsque Keith Jarrett s’installe seul au piano, nul ne sait ce qui va se passer. Sans partition, sans préméditation, Keith Jarrett improvise…Son Opus « The Koln Concert » en 1973 révélait l’artiste au monde entier.
Dans ce nouvel enregistrement de 2016, Keith Jarrett démontre à nouveau l’étendue de son talent : classique, contemporain, du mélodique ou dissonant en passant par le blues, ses pièces musicales ont raccourci et s’étendent néanmoins sur un double album. Une double dose de Jarrett pour ce qui sera probablement son dernier album enregistré live. C.G.

Light of my life (Casey Affleck)

note: 5« A Girl Story » Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Casey Affleck signe avec Light of my life un récit post apocalyptique plein de tendresse. On suit un père (Casey Affleck) et sa fille (Anna Pniowsky) dans un monde où les femmes ont presque toutes disparu suite à un virus. Le film fait donc écho à la pandémie actuelle. Ce père essaye tant bien que mal de faire survivre sa fille en la cachant du reste du monde tel un nouveau Noé, non pas dans les eaux, mais dans une tente au milieu des bois. Ce père tente de combler le vide laissé par la mère, mais maladroitement, voulant tout contrôler, il en oublie l’essentiel qu’est l’amour. Dans ce monde où seule prime l’éducation survivaliste, tout individu croisé est appréhendé comme un ennemi à évincer à tout prix. Peu à peu, il parviendra à se dépasser pour entrevoir la possibilité de faire confiance à l’autre.
Le film ne révolutionne pas le genre mais s’inscrit dans une continuité liée au style propre du plus jeune de la fratrie Affleck. Ce long métrage peut s’apparenter à La Route de John Hillcoat dans lequel on suit l’errance d’un père et de son fils au sein d’un monde post apocalyptique, ou encore de Debra Granik, Leave no trace, où un père vit aussi seul avec sa fille dans les bois, loin de la civilisation. Le film n’est pas non plus sans rappeler le précédent film de Casey Affleck Ghost Story, dans le rythme de sa narration alternant habilement langueur et tension.
Un film d’amour touchant, où la relation à l’autre est toujours remise en cause. R.V.

La poule qui dit NON! (Nicolas Gouny)

note: 4Une poule capricieuse! Les bibliothécaires - 27 mars 2021

Vous pourrez retrouver dans l'espace jeunesse , de nombreux albums de poules !
Celles qui ne veulent pas pondre pour ne pas se décoiffer, celles qui revendiquent, les militantes, les trop gourmandes...

Monique, la poule de notre gentil et très compréhensif fermier, est très exigeante. Elle désire un poulailler privé , un oreiller..
Mais elle fait des œufs MAGNIFIQUES !! Patient le fermier va céder à tous ses caprices.
Elle va lui faire un œuf d’une très grande beauté et là de nouveau caprice de star ....

Nicolas Gouny s’est entouré de Pog un Illustrateur de talent qui « gribouille, scribouille, peinturlure » …une très belle collaboration pour nous délivrer un album drôle.

Oeuvre non trouvée

note: 4Bienvenue au Moyen Age! Les bibliothécaires - 27 mars 2021

Les rats et la peste.
Hamelin et le joueur de flûte.
La duperie et les enfants perdus.

Oui, on connait.

Et si l’histoire était différente ? Et si vous laissiez Flore Vesco vous conter une autre version de cette légende ? Une version plus macabre mais aussi plus chantante, une version où le héros n'est pas celui ou celle que l'on attend.
Ce roman est écrit dans une langue fleurie évoquant un vieux français teinté de termes germaniques (l'intrigue nous entraîne au creux du St Empire), ajoutant un certain charme à la lecture.
L'autrice nous ravit également en donnant de l'épaisseur à l'histoire, prenant le temps de brosser des personnages et un "Moyen-Âge haut en couleur" : de l'organisation politique à l'hygiène en passant par les rites et superstitions, tout est tellement évocateur qu'on a l'impression d'y être. Effroyable et ironique la lecture en devient… réjouissante.
On regrettera juste une nette accélération du récit sur les 4 derniers chapitres et une surcharge de fantastique, qui avait pourtant su rester discret tout du long.

Ce que je ne veux pas savoir (Deborah Levy)

note: 5Un voyage en eaux troubles : un récit autobiographique puissant et libérateur Les bibliothécaires - 24 mars 2021

Ce récit autobiographique est un plaidoyer pour la libération des femmes. Deborah Levy nous raconte ce chemin à mener pour trouver la force d’être dans le monde, libre, sans se voir assigner une place parce qu’on est une femme, une mère.
Avec sincérité et esprit, l’autrice porte sa voix de femme. Elle livre à travers un voyage non seulement géographique mais temporel, les prémices de sa vocation d’écrivaine et son féminisme.
Le premier chapitre, essentiel, frappe fort. L’autrice met à distance son désarroi avec courage. Elle a fui son quotidien, se retrouve à Majorque dans un hôtel paumé. Elle regarde en face sa douleur et son étouffement tout en citant des écrivains qui l’accompagnent dans cette prise de conscience, dans cette quête de soi.
La voix de l’autrice est là encore, vibrante, dans celle de la petite fille confrontée au tragique en Afrique du Sud puis celle de l’adolescente en exil en Angleterre. Déborah Lévy sait, sans nostalgie et non sans humour, se remémorer les moments fondateurs de sa vie et de sa vision du monde.
Un livre bouleversant, Deborah Levy y est d’une grande pudeur tout en “parlant fort ». Prix Femina étranger 2020. E.T.

Après nous, les animaux (Camille Brunel)

note: 3Retour à la vie sauvage Les bibliothécaires - 23 mars 2021

Après nous, les animaux de Camille Brunel.

2086, l’humanité est décimée par les maladies véhiculées par les insectes, ne reste que des animaux sur la surface de la terre. Le décor post apocalyptique est posé ! Actuellement, cette tendance fleurit en littérature jeunesse si bien qu’il devient difficile de trouver l’originalité. Pourtant, ce roman se distingue brillamment par sa singularité.
Un groupe hétéroclite d’animaux (comprenant chimpanzés, lycaons, vaches, geais, éléphants…) issu d’un cirque espagnol et embarqués sur un paquebot à la dérive finit par échouer sur les côtes du Mexique. Arche sans Noé, ce bestiaire se retrouve livré à lui-même dans une Nature hostile où il tentera de survivre, de s'organiser et de partir à la recherche de ceux qui étaient encore récemment leurs maîtres.
Camille Brunel propose une fable écologique engagée pour la cause animale soulignant les relations entre les hommes et les animaux, leurs animalités respectives et le fragile équilibre des individus soumis à leurs propres instincts. Le choix stylistique de l’auteur est une force du roman puisque les animaux ne se comportent pas comme des humains, ils ne parlent pas, seules leurs émotions et bestialité sont soulignées.
Malgré ses nombreuses qualités et son message politique, le lecteur chemine avec ces animaux mais le périple est répétitif, long, voire trop long. Malgré un bon départ, quelques tensions et rebondissements, je n’ai jamais complètement accroché à ce récit. C.G.

Les fleurs de la ville (Jon Arno Lawson)

note: 5Un album sans texte qui laisse notre imagination s’évader à volonté ! Les bibliothécaires - 5 mars 2021

Une balade en noir et blanc avec quelques touches de couleur de ci de là.
Une petite fille marche avec son papa. Elle remarque des tâches de couleur pendant son trajet.
Beaucoup de poésie, de tendresse et d'amour dans cet album sans texte où notre imagination peut voguer à l’infini.

Les enfants du temps (Makoto Shinkai)

note: 3À la recherche du soleil perdu Les bibliothécaires - 2 mars 2021

Les enfants du temps est la nouvelle fable écologique du réalisateur japonais Makoto Shinkai, déjà connu pour ses œuvres précédentes Your Name ou The garden of words. Cependant, ce dernier n’est pas à la hauteur des deux précédents, sans pour autant le caractériser de mauvais film, bien au contraire. La splendeur des paysages est à couper le souffle, mais le scénario manque d’originalité. Tout comme dans Your Name, on suit deux adolescents plongés dans une romance bercée de fantastique et le contexte des pluies diluviennes rappelle celui de The garden of words. Les enfants du temps se déroule donc à Tokyo, sous une météo au déluge incessant, où un jeune garçon dénommé Hodaka, qui a fui son île natale, se retrouve dans cette jungle urbaine sans un sou en poche. Il trouve alors un petit boulot dans une revue traitant du paranormal et pour laquelle il doit enquêter sur les prêtresses du temps. Très sceptique, il finit pourtant par rencontrer Hina, et entre les deux adolescents une grande complicité va naître.
Shinkai traite ici de façon très fébrile la question du dérèglement climatique. Cherche-t-il à minimiser la responsabilité humaine ou bien à en dénoncer son inconséquent aveuglement? L’intention est louable mais la réalisation est maladroite, car le message à transmettre aux nouvelles générations tend à être mal interprété.
Aussi, et pour le plaisir de ses fans, le réalisateur offre un caméo des personnages de Your Name : alors ouvrez grand vos yeux et retrouvez-les furtivement! R.V.

Cool jazz (Bobby McFerrin)

note: 4la cool jazz attitude Les bibliothécaires - 2 mars 2021

Fort d’un succès en ligne Decca Records a décidé d’éditer cette compilation qui sent bon le soleil et le sable chaud. De Norah Jones à Nat King Cole, de Melody Gardot à Stan Getz en passant par Louis Armstrong et Gregory Porter découvrez cette compilation de 30 standards du jazz et de reprises façon jazzy. On adore la reprise de Rihanna Don’t stop the music par Jamie Cullum, ou encore un très bon Hit the road jack repris par Shirley Horn, ou encore la voix suave et mélodieuse de Julie London sur le succès planétaire de Cry me a river de Justin Timberlake. Un vrai « feel good » CD qui vous fera patienter jusqu’à l’été prochain. La bande son idéale de vos prochaines escapades estivales. R.V.

Reine d'un été (Joya Thome)

note: 5Le goût de l'été Les bibliothécaires - 4 février 2021

Léa, 10 ans, voit arriver les vacances d’été avec une certaine appréhension. Cette année, elle se sent trop éloignée des préoccupations de ses copines et décide de ne pas partir en colonie de vacances avec elles. Seule, elle va alors découvrir sa ville sous un autre jour et rencontrer de nouveaux amis : une bande de garçons intrépides. Mais avant d’intégrer ce groupe, elle devra faire ses preuves. L’été s’annonce plein d’aventures et de belles expériences.
Léa vit le dernier été de son enfance avant de glisser doucement vers l’adolescence. La réalisatrice capture cet entre-deux-âges délicat. L’héroïne s’accroche encore à cette insouciance enfantine si bien incarnée par les activités de ce groupe de p’tit gars. La campagne allemande se prête parfaitement à cette sensation de possibles et laisse même transparaître une douce nostalgie. Nostalgie du dernier été passé pour les enfants, nostalgie de l'enfance pour les adultes. C’est sans doute là que réside le point fort du film : il peut parler à toutes les générations. C.G.

Felicità (Bruno Merle)

note: 4Le bonheur n’est pas que chez les autres Les bibliothécaires - 4 février 2021

Bruno Merle signe avec Felicità son deuxième long métrage après Héros : il s’agit là d’une comédie dramatique incisive et drôle. On suit une famille qui se prépare comme toutes les familles à la rentrée de septembre de leur enfant. A cette occasion on prend le petit déjeuner en famille, on vérifie les fournitures, mais un petit grain de sable va très vite venir perturber cet équilibre apparent.

La scène d’ouverture du film est hilarante, marquée par un premier canular du père lors d’un déjeuner dans un fast-food. Elle montre que le mensonge est érigé comme un art de vivre dans cette famille peu ordinaire. On est vite intrigué par le personnage de Tommy, la fille du couple (et du réalisateur), interprétée par Rita Merle. Adolescente aux attitudes « autistes », Tommy fuit la réalité de son quotidien peu enviable. L’impasse psychologique dans laquelle elle se perd, traitée à travers des mises en situation fantasques, opère un réflexe empathique qui stimule tout autant l’imaginaire du spectateur.

Le rôle du père, comme repris de justice un peu paumé, est brillamment interprété par Pio Marmaï (similaire à celui qu’il tenait dans En liberté de Pierre Salvadori). Aux côtés de Camille Rutherford, ils incarnent des parents borderline, dans une situation précaire, et leurs mésaventures créent chaque fois un comique de situation des plus cocasses. Se posent alors, à travers le fil rouge de l’humour, des questions cruciales comme celle de l’immaturité parentale et des conséquences de celle-ci sur la vie d’un enfant.

Ce feel good road movie offre à voir de magiques paysages du littoral breton, jusqu’à l’épilogue final et jubilatoire qui vous fera immanquablement sourire. R.V.

That kinda music (Tom Misch)

note: 4Les fusions de Misch Les bibliothécaires - 4 février 2021

Après le succès de l’album Geography en 2018, le guitariste, chanteur et producteur londonien Tom Misch signe son retour en 2020 avec la sortie de What Kinda Music qu’il compose avec le batteur de jazz Yussef Dayes. Comme auparavant, il n’hésite pas à mélanger les styles et les sons passant de la pop, au funk, au hip-hop, à la soul, au jazz ou même au disco, pour un résultat toujours aussi singulier. Les quatre premiers morceaux de l’album sont structurés alors que la seconde partie laisse libre cours à l’improvisation et à l’expérimentation, à partir de sonorités plus jazzy. Un album à écouter plusieurs fois pour l’apprécier pleinement. R.V.

Nous, les chiens.. (Seong-Yun Oh)

note: 4Une vie de chiens Les bibliothécaires - 4 février 2021

Moong-chi est un chien qui aime ses maîtres et n'arrive pas à croire et à accepter qu'il a été abandonné en pleine nature par ceux-ci… Ses nouveaux compagnons d’aventure, d’autres chiens abandonnés, vont lui apprendre à vivre en communauté et à survivre en trouvant leur propre nourriture. Solidaire et déterminée, la petite bande de chiens errants va peu à peu réapprendre à se débrouiller seule et à découvrir la liberté.
Nous, les chiens est un film d’animation singulier et ambitieux par les thématiques abordées : l’abandon des animaux de compagnie, l’opposition chiens-hommes, opposition ville-nature. L’engagement des réalisateurs pour la cause animale n’épargne pas les cœurs sensibles, c’est pourquoi nous conseillons ce film à partir de 8 ans et dans le cadre familial.
Le style graphique pourra déplaire à certains mais les paysages mis en valeur par les formes et les lignes sont remarquables de réalisme. C.G.
À partir de 8 ans

Malgré tout (Jordi Lafebre)

note: 4L'amour à rebours Les bibliothécaires - 2 février 2021

Un soir d’automne, deux jeunes retraités, Ana et Zeno, se retrouvent sous une pluie battante. Ana, les pieds sur terre et épouse et mère dynamique, vient de quitter la mairie qu’elle a longtemps dirigée. Zeno, fantasque et éternel célibataire, a enfin terminé la thèse sur laquelle il travaillait. Ils sont amoureux et attendent ce premier rendez-vous depuis quarante ans.
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour se retrouver ? C’est tout l’objet de cet album qui commence au chapitre 20 de leur vie puis remonte à rebours leur histoire d’amour, depuis la fin jusqu’au commencement : comme une machine à remonter le temps, chaque chapitre en appelle un autre situé plus avant dans le passé pour venir progressivement au premier regard, dans un final étonnant qui pousse le procédé à l’extrême.
Le dessin de Jordi Lafevre est vif et expressif et les protagonistes, attachants, sont escortés d’une galerie de personnages secondaires tout aussi touchants. Tendre et délicat, cet album est un poème, une ode à l’amour, inconditionnel, qui traverse le temps. En cette période trouble, un peu de bonheur et de gens heureux, ça fait du bien !
Vv

Le roi des oiseaux (Aleksandr Vladimirovič Utkin)

note: 5Un album envoûtant Les bibliothécaires - 2 février 2021

Dans un magnifique album aux couleurs chatoyantes, le dessinateur russe Alexander Utkin nous entraîne à la découverte des contes et légendes du folklore slave.
Et si comme dans beaucoup de récits, tout semble toujours commencer par une pomme d’or, les légendes slaves se déploient avec une impressionnante galerie de personnages mémorables, du brave marchand à l’esprit maléfique des rivières, en passant par le flamboyant roi des oiseaux au jeune et rusé héros parti à la découverte du monde. Les palais dorés surgissent des coffres, les princesses ensorcelées du plumage éclatant des cygnes…
On retombe en enfance le temps de la lecture, dans une parenthèse enchantée où l’émerveillement des contes surgit à chaque page tournée, et on se surprend à rêver du temps où les bêtes parlaient, et où l’aventure et la magie guettaient à chaque détour de chemin.
Le dessin au trait gras et charbonneux, proche du pastel, assorti à une palette de couleurs riches et profondes, achèvent de donner à l’album une dimension à la fois intemporelle et moderne, rappelant les premiers films d’animation Disney.
Un album envoûtant, qui plaira à ceux qui ont déjà dévoré toute la mythologie grecque et égyptienne et qui connaissent leurs contes de fées sur le bout des doigts. Vivement le tome 2 !
Vv

Les règles de l'amitié (Lily Williams)

note: 4Sang tabou Les bibliothécaires - 2 février 2021

Sasha, adolescente timide et effacée, est nouvelle au lycée d’Hazelton. Catastrophe, son premier jour au lycée est aussi le jour de ses premières règles et son pantalon blanc en fera les frais… Mais un groupe de trois copines de longue date, Abby, Christine et Brit, la prend sous son aile et l’entraîne aux toilettes se débarbouiller. D’où un constat d’Abby, élève modèle et artiste engagée, face au distributeur de tampons désespérément vide : « Le papier toilette est gratuit dans les lieux publics. Pourquoi pas les protections menstruelles ? C'est naturel de saigner ! »
C’est le début d’une grande amitié mais aussi d’un combat mené par la petite bande à l’école contre le tabou qui empêche encore de parler librement de ses règles, et qui, au-delà du cadre scolaire, pose un véritable problème de santé publique.
Entre les compétitions sportives, les devoirs et les premiers émois amoureux, la BD évoquera de façon habile des problèmes comme l’endométriose, le choc toxique, mais montre aussi que chacune vit ses règles différemment.
Une bd intelligente et fine, avec des personnages attachants et crédibles, et colorée, comme il se doit, d’un beau camaïeu de rouge ! À mettre entre toutes les mains !
Vv

Ce qu'il faut de nuit (Laurent Petitmangin)

note: 5Le coeur des hommes Les bibliothécaires - 9 janvier 2021

Ce qu’il faut de nuit est une lecture aussi éprouvante qu’époustouflante.

C’est le récit d’un père veuf, ouvrier, encarté au parti socialiste, qui tente de faire face aux accidents de la vie et aux hasards. Avec pudeur et dignité, il raconte la perte de son épouse, l’éducation de ses deux fils, les liens qui se distendent à mesure qu’ils grandissent, les orientations politiques divergentes jusqu’au point de rupture dramatique.
Ça parle d’amour paternel et fraternel, de résignation, de honte, d’amitié, de lutte des classes, de racisme et de pardon.

Pour ce premier roman, Laurent Petitmangin opère une entrée en littérature remarquable avec ce roman sensible aux accents sociaux qui résonnent avec notre époque. C.G.

Sans foi ni loi (Brunet, Marion)

note: 5Hors la loi Les bibliothécaires - 9 janvier 2021

Afin de sauver sa peau, une hors la loi, Abigail Stenson kidnappe le jeune Garrett et l’entraîne dans une cavale au cours de laquelle il rencontrera l’aventure, l’amour, l’amitié et goûtera (à) la liberté absolue.

Le genre incontournable qu’est le western au cinéma, est en revanche assez rarement exploité en littérature et notamment en littérature jeunesse. Marion Brunet amène ici le lecteur dans l’Ouest américain des années 20 et emprunte au genre les codes qui font son succès : grands espaces, saloons, coups de feu. Néanmoins, elle dépoussière les clichés en choisissant une femme comme héroïne.

Taiseuse, insaisissable, sauvage, le portrait d’Abigail Stenson se dévoile progressivement à travers le regard du jeune homme. A son contact, et au fil de leur cavale, il observe, apprend, gagne en confiance. Très vite, Garrett envisage ce voyage comme un échappatoire ; il se déleste de ses attributs d’otage et de victime pour s’émanciper notamment de la ferme familiale et de la violence paternelle. L’évolution du personnage de Garrett est vraiment touchante d’autant que c’est lui qui se fait le narrateur de cette aventure, dix ans après les faits.

Bien que classé dans la littérature « young adults », par les thèmes abordés, la narration, le style et à la violence de certaines scènes ou sous-entendus, ce roman peut légitimement trouver sa place dans le rayon adulte. C’est surtout le signe d’une très bonne littérature, sans frontière. Son style d’écriture au fort pouvoir évocateur transporte le lecteur au plus près des sensations. Elle s’applique à poser un cadre, décrire des scènes comme au cinéma.
Enfin, Marion Brunet mêle intelligemment les questions de la filiation et de la liberté.
Si Abigail Stenson incarne un modèle d’émancipation pour Garrett, elle n’en demeure pas moins rude: certains la trouveront même égoïste, se délestant de toutes contraintes familiales, mais c’est le prix à payer pour conserver sa liberté. A l’âge des ruptures, Garrett délaisse la solitude en traçant sa propre voie aux cotés de sa nouvelle fratrie. C.G.

Matthias & Maxime (Xavier Dolan)

note: 5La confusion des sentiments Les bibliothécaires - 6 janvier 2021

Lors d’un week-end festif, deux amis d’enfance sont amenés à s’embrasser pour les besoins d’un film amateur. Ce baiser de cinéma chamboule la vie des protagonistes en faisant naître doutes et sentiments ambivalents.
Avec Mathias et Maxime, Xavier Dolan se rapproche de ses premiers films, tournant au Québec, avec des acteurs inconnus qu’il suit au plus près, caméra à l’épaule. Le rythme rapide est soumis à l’énergie de cette bande d’amis, et semble être filmé à la limite de l’improvisation. Rien n’est laissé au hasard chez Xavier Dolan. La mise en scène pleine de fougue, voire frénétique, est à l’image de la confusion des sentiments qui assaillent les garçons. Tous deux sont déstabilisés: Mathias devient agressif, empli d’une colère sourde, Maxime, plus introspectif, souffre en silence.
Le départ imminent de Maxime en Australie ajoute au sentiment d’urgence et au trouble des deux personnages principaux. Il est l’enjeu même des scènes d’adieux et de confrontations, dans lesquelles se concentre la force émotionnelle du film.
Dolan filme avec pudeur et délicatesse la ligne parfois ténue entre l’amour et l’amitié et ce sentiment indicible face à la disparition inéluctable de quelque chose qui aura bientôt disparu. Il a mis une fois de plus en exergue la complexité des relations humaines tout en montrant qu’elles valent la peine d’être vécues. C.G.

La plus belle femme du monde (William Roy)

note: 4De l'extase à la wi-fi Les bibliothécaires - 18 décembre 2020

William Roy et Sylvain Dorange retracent la vie d’Hedy Lamarr, icône du cinéma hollywoodien de l’entre-deux guerres qui s’était fait connaître dans le sulfureux film Extase puis dans Samson et Dalila de Cecil B. De Mille. Au-delà de la fascination exercée par sa beauté et du scandale provoqué par sa réputation de croqueuse d’hommes, celle que l’on surnommait « la plus belle femme du monde » était aussi une inventrice de génie.
Hedy se consacre en effet, entre deux tournages, à sa passion de toujours : les innovations technologiques. Au cours de la seconde guerre mondiale, elle mettra au point un système de transmission cryptée dans le but d'éviter les torpillages des vaisseaux américains. Mais le système est trop en avance sur son temps et se heurte à l’incompréhension et au rejet amusé des hauts-gradés de l’armée américaine, qui suggèrent plutôt à Hedy de mettre sa plastique éblouissante au service de l’effort de guerre…

À travers cet album dont le graphisme et les couleurs ne sont pas sans rappeler les affiches art déco de Cassandre, William Roy et Sylvain Dorange soulignent un pan méconnu de la personnalité d’Hedy Lamarr. La bande dessinée révèle également les contradictions de l’inventrice qui, tout en souhaitant être reconnue pour ses capacités intellectuelles, s’est toujours sentie obligée de répondre aux exigences esthétiques qui lui sont imposées, et ce, parfois jusqu’à l’obsession.
Ainsi, à la suite d'opérations chirurgicales catastrophiques, elle n'osera plus se montrer en public jusqu'à la fin de sa vie, pas même pour aller retirer la récompense que lui remettra en 1997 l'Electronic Frontier Foundation pour ses travaux, à l'origine des techniques sur lesquelles reposent aujourd'hui la téléphonie mobile, le GPS et le wi-fi.

Si la lecture est particulièrement instructive et agréable, on n’en ressent pas moins la frustration et la solitude du personnage et c’est avec un sentiment d’amertume et de mélancolie que l’on referme l’album.
Vv


Dimanche chez les Minton (Sylvia Plath)

note: 4La part destructrice du rêve Les bibliothécaires - 18 décembre 2020

Sylvia Plath est essentiellement connue pour son œuvre poétique, et pour le couple qu’elle formait avec le poète britannique Ted Hughes. Dans ce recueil, l’écrivaine américaine, également autrice de romans et d’essais, se révèle aussi une talentueuse nouvelliste, à travers cinq textes courts qui portent un regard désabusé et féroce sur le conformisme social de son temps, et notamment sur les relations au sein du couple marié.
Jeune femme brillante qui fit publier ses premiers textes avant l’âge de dix ans et fréquenta l’université de Cambridge, Sylvia Plath se sentit rapidement déchirée entre son besoin impérieux d’indépendance et ses obligations d’épouse et de mère. Dans les nouvelles qui composent Dimanche chez les Minton, elle convoque ainsi un imaginaire parfois violent et hostile contre l’oppression des faux-semblants et les conventions sociales. Elle interroge ainsi la force et la violence de l'imagination et du rêve dans une tentative désespérée d'émancipation, parfois jusqu'à l'auto-destruction.

Ce recueil, court et remarquable, est donc un excellent moyen de découvrir son œuvre en prose. Prise en étau entre sa vie de famille et ses aspirations littéraires, Sylvia Plath se mit la tête dans un four à l’âge de trente ans, après avoir au préalable, préparé le petit-déjeuner de ses deux enfants.
Vv

Atlantique (Mati Diop)

note: 4Les Fantômes de l'Afrique Les bibliothécaires - 10 décembre 2020

Atlantique est le premier long métrage de la réalisatrice sénégalaise Mati Diop. Récompensé du Grand Prix lors du dernier festival de Cannes 2019, ce film montre la dualité de la ville de Dakar dont la réalité est prise entre modernité et tradition. Ce contraste, marqué entre les richesses architecturales de la mégalopole et les bidonvilles du centre-ville, se retrouve également dans la manière de vivre des habitants, en particulier des jeunes adultes, englués dans un quotidien sans avenir. C’est dans ce contexte que la réalisatrice oriente sa caméra sur la jeune Ada qui doit se plier aux traditions en épousant Omar, un exilé qui a fait fortune en Italie. Mais Ada n’aspire qu’à une chose : profiter de la vie en vivant aux côtés de Souleiman, son véritable amour. Le deuxième thématique point de vue du film, plus onirique, aborde la question de l’émancipation et de l’évasion, par la mer. La dimension politique et sociale prend alors toute sa force, sous une forme presque fantastique,lors d’une scène surnaturelle où les morts côtoient les vivants et cela suffit à susciter l’effroi de manière très efficace.
Atlantique est donc une fable traitant de l’exploitation d’un continent et de sa jeunesse. R. V.

Seules les bêtes (Dominik Moll)

note: 4Ultra moderne solitude Les bibliothécaires - 1 décembre 2020

D’une première scène cocasse introductive dans les rues bruyantes d’Abidjan, à des contrées montagneuses, enneigées et silencieuses, rien ne semble lié ou faire sens. Et pourtant…
Ce contraste happe le spectateur d’autant qu’une intrigue est dévoilée très rapidement : une femme a disparu, son véhicule abandonné a été retrouvé sur une route des Causses. Les gendarmes n’ont pas de piste précise, interrogent quelques individus formant ainsi une galerie de personnages principaux, connectés entre eux par des enjeux divers.
Très riche et habilement menée, cette narration éclatée parvient non seulement à capter très vite l’attention mais révèle progressivement l’intrigue aux moyens de points de vue divers et de contrechamps astucieux. Mais finalement, tous les protagonistes ont au fond quelque-chose en commun : une solitude affective qui les plonge dans les abymes de la passion amoureuse.
Du point de vue des genres, Dominik Moll navigue habilement entre le polar, le drame social et la comédie. Malgré quelques invraisemblances, que nous mettrons sur le compte de la fable moderne, le film n’en demeure pas moins un puzzle complexe et captivant. C.G.

Beach Boys' christmas album (Beach Boys (The))

note: 4Sea, sex and....snow Les bibliothécaires - 1 décembre 2020

Les Américains excellent dans l’art de la reprise de la chanson de Noel, et les Beach Boys se sont eux aussi confrontés à cet exercice. Sorti en 1964, The Beach Boys Christmas Album, sort du lot car le groupe ne se contente pas de reprendre des classiques, mais propose sur les 12 chansons, 5 titres originaux composés par le génie Brian Wilson, dont le fabuleux Little St Nick devenu part entière du folklore américain
L’album fait la part belle à la marque de fabrique des Beach Boys : les harmonies vocales. Autre originalité, le groupe s’est offert les services d’un Big Band sur les classiques pour donner une atmosphère plus festive, à la manière des groupes vocaux des années 50. C.G.

Celle qui marche la nuit (Delphine Bertholon)

note: 4Bienvenue dans la maison hantée Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Un roman jeunesse qui flirte entre fantastique et thriller. Le suspense est bien amenée et l’on peut facilement s’identifier au narrateur et s’approprier son malaise grandissant dans cette demeure si particulière.
Il s’adresse surtout à un public pré-adolescents (les plus âgés risquent d’être moins réceptifs au récit.)

Bonbon Super n° 1
1, 2, 3 pistache (Saïd Sassine)

note: 4Du sucre, des épices et un tas de bonnes choses... Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

L’île Coco, colorée, ensoleillée et paradisiaque, a tout de la destination de rêve. C’est cependant sans compter son immense volcan hyper émotif, qui garde l’entrée des Enfers. Alors que le maître des Enfers est en voyage pour affaires, son fils Stan s’en donne à cœur joie et dévore les cœurs de tous les couples d’amoureux de l’île.
La situation est critique et la dépression guette lorsque sont envoyées en renfort de l’espace les Bonbons Supers, trois fillettes aux super pouvoirs qui atterrissent sur l’île sous forme de bonbons magiques. Si Praline et Amande sont recueillies par Cassius, chien ermite dépressif anciennement chasseur de monstres, leur sœur Pistache tombe directement à la merci du prince des Enfers. Dévorée par un monstre, elle renaît plus monstrueuse et dangereuse que jamais…

Une bande dessinée pleine de peps qui saura plaire aux plus jeunes et jouer de la corde nostalgique avec les moins jeunes : avec son graphisme pop et coloré et ses super-héroïnes qui se transforment façon magical girl (avec billes de pouvoir, explosion d’étoiles et lumières magiques), Bonbon Super est un bel hommage aux dessins animés des années 90.
Il ne faut pas se laisser prendre par son allure à première vue un peu légère : s’il semble être fait de « sucre, d’épices et d’un tas de bonnes choses », l’univers créé par Saïd Sassine est aussi riche de références, et permet, mine de rien, d’aborder des thèmes comme la mort ou le deuil. Un délice acidulé qui fond sous la langue comme un bonbon.
Vv

Les menhirs de glace (Kim Stanley Robinson)

note: 4Mémoire défaillante Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Connu pour son œuvre de SF traitant notamment de la terraformation de la planète Mars (Trilogie martienne), le romancier Kim Stanley Robinson interroge dans ce recueil de nouvelles d’anticipation la mémoire humaine face aux progrès technologiques.

Nous sommes en 2247 et des hommes vivent déjà depuis plusieurs générations sur Mars. Les évolutions de la science et de la médecine leur ont permis de vivre jusqu’à 600 ans en retardant leur vieillissement. Cependant, si l’on vieillit moins vite, la mémoire, elle, n’a pas suivi et ne couvre que l’étendue d’une vie auparavant considérée comme normale et qui ne dépasse donc pas les cent ans. Une évolution qui bouleverse donc le parcours de vie de l’individu et ses interactions avec les autres : quid des relations sociales et familiales lorsque l’espérance de vie de tout un chacun est ainsi étendue et que l’on a presque l’éternité devant soi ? De la construction de l’histoire collective, des soubresauts politiques et économiques et de leurs conséquences sur l’imaginaire commun, lorsqu’histoire et actualités se confondent constamment ?

Le lecteur est donc confronté à des situations déstabilisantes où des personnages plusieurs fois centenaires ne se souviennent que des années les plus récentes de leur vie : ainsi d’un fringant archéologue de 200 ans qui dirige des fouilles dans les ruines de sa ville de naissance, détruite par une guerre dans sa jeunesse, guerre dont il n’a naturellement plus aucun souvenir et qui est prétexte à nombre de propagandes et de récupérations politiques à l’échelle de la géopolitique interplanétaire.
On en a un autre exemple plus symbolique avec les menhirs de glace découverts sur Pluton, des monuments que vénère l’humanité (bien présente lors de leur construction), certaine qu’ils appartiennent à un passé commun mais oublié, puisque faute de documentation fiable, personne ne se souvient précisément de leur signification ni des raisons de leur édification.

Une lecture captivante que pourraient apprécier ceux que rebuterait la science-fiction faite d’explosions, d’attaques extraterrestres et de guerres intergalactiques.
Vv

Meurtre à la bibliothèque (Franck Andriat)

note: 4Un livre et deux fins possibles. A vous de choisir! Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Damien, commissaire à la retraite, profite du calme et de la tranquillité qu'il a bien mérité. Seulement un jour tout bascule : un gratin d’aubergines brûle, une chasse d’eau coule et la bibliothèque où travaille sa femme devient un lieu de crime. Ni une ni deux, Damien rempile et mène l'enquête !

Nous avons ici un roman policier plein d'humour avec une écriture très agréable ET deux chutes possibles. Ce court roman de 180 pages devrait plaire aux détectives en herbe. Frank Andriat, l'auteur de Mon pire ami et Depuis ta mort (tous deux disponibles dans votre médiathèque) nous prouve une fois de plus qu'il maitrise parfaitement son sujet.

Au bonheur des dames (Agnès Maupré)

note: 4Accro au shopping Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Denise, jeune Provinciale bien droite dans ses bottes, monte chercher du travail à Paris, alors en pleine restructuration. C’est la fin du XIXème siècle et sur les grands boulevards qui percent récemment la ville, une âpre lutte se joue entre les petits commerces spécialisés et les grands magasins. Faute de travail ailleurs, Denise sera embauchée au Bonheur des Dames, magasin de « nouveautés » aux vingtaines de rayons et aux centaines d’employés. Elle y apprendra ce qui constitue la base du commerce moderne, de la réclame à la vente à perte, en passant par l’aménagement des rayons et des étalages et la concurrence féroce que se livrent les employés aux situations précaires.

Agnès Maupré redonne des couleurs à un classique avec une adaptation moderne du Bonheur des dames d’Émile Zola, tout en restant fidèle au roman original. Elle nous en montre l’aspect visionnaire dans sa description du consumérisme et des techniques de vente, qui sont encore utilisées aujourd’hui et mises en évidence de façon fluide et pertinente dans la bande dessinée. Essor du capitalisme, économie de marché, impunité des patrons, tout le propos de Zola est là, d’autant que la figure du grand magasin en pleine expansion qui dévore et ruine les petits commerces alentour fait toujours douloureusement écho aujourd’hui...

Maupré donne enfin une interprétation moderne bienvenue au personnage de Denise, qui se faisait déjà défenseure des opprimés chez Zola, mais qui acquiert ici une dimension féministe. Le trait, souple et dynamique, est servi par des couleurs vives et audacieusement criardes, et illustrent parfaitement le mouvement constant (des marchandises, du personnel) qui rythmait la vie du grand magasin. Elles donnent ainsi au lecteur comme aux personnages l’impression de se perdre parmi les rayons et les articles, tous plus éblouissants et tentateurs les uns que les autres.
Une adaptation réussie qui dépoussière une lecture qui pourrait rebuter certains, traumatisés par de mauvais souvenirs de devoirs scolaires…
Vv

Monsieur je-sais-tout (Stephan Archinard)

note: 3Accepter la différence Les bibliothécaires - 5 novembre 2020

Stéphan Archinard et François Prévôt-Leygonie signent avec Monsieur je-sais-tout une comédie sur le handicap. Le thème traité est l’autisme à travers le syndrome d’Asperger. On retiendra surtout la performance du jeune Max Baissette de Malglaive qui interprète avec justesse le personnage de Léo en rendant à l’écran toutes les caractéristiques de ce syndrome si particulier sans jamais tomber dans la caricature. Quant à Arnaud Ducret, le personnage du célibataire endurci lui va comme un gant. Le film ne révolutionne pas le genre mais il rappelle sans aucun doute le scenario de Rain Man version française. On assiste donc à la rencontre de deux personnes que tout oppose et qui vont apprendre à s’apprécier. La force du film est dans ce duo qui fonctionne parfaitement. Un récit d’une grande douceur qui se laisse regarder avec beaucoup de compassion, comme les grands succès qu’ont été Hors-normes ou bien encore Intouchable mais avec beaucoup moins de force narrative. R.V.

Gloria mundi (Robert Guediguian)

note: 4Les Misérables Les bibliothécaires - 4 novembre 2020

Robert Guédiguian signe avec Gloria Mundi un de ses films les plus sombres. Filmé en plans larges, il montre la réalité de certains quartiers pauvres au quotidien, dans lesquels l’individualisme et le capitalisme l’emportent sur des valeurs telles que la famille ou la solidarité. Le réalisateur expose le conflit générationnel au sein d’une famille recomposée, véritable microcosme de notre société actuelle: la jeune génération est prête à tout pour réussir, quitte à broyer les plus miséreux. Les rivalités et la jalousie font véritablement imploser cette famille, et les valeurs les plus essentielles, comme celle de l’amour, y sont souillées. Les plus jeunes se complaisent dans des actes sexuels sordides exposés sur les réseaux sociaux sans se préoccuper des conséquences. Finalement, les ainés se résignent à ne plus combattre dans ce monde, à l’image de Sylvie interprétée par Ariane Ascaride la compagne et égérie de Robert Guédiguian, qui refuse de faire grève afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Le film sonne comme un cri de colère afin de réveiller les consciences. La seule note d’espoir, est bien celle de la scène introductive du film: la naissance de la petite Gloria portée à l’écran comme un acte sacré.
R. V.

Peau d'homme (Hubert)

note: 5Mauvais genre Les bibliothécaires - 4 novembre 2020

Dans l’Italie médiévale, Bianca, jeune fille de bonne famille, rencontre pour la première fois son futur époux, Giovanni. Les noces sont prévues une quinzaine de jours plus tard mais la jeune femme regrette de ne pas avoir l’occasion de mieux connaître ce futur mari, jeune commerçant prospère mais distant. C’est sans compter sur la complicité de sa marraine, qui lui révèle un secret familial précieusement transmis de mère en fille : une « peau d’homme » !
En la revêtant, Bianca prend l’apparence d’un bel éphèbe, Lorenzo, ce qui lui permettra de se mêler au monde des hommes en toute discrétion ! C’est donc sous les traits et l’identité de Lorenzo que Bianca découvre une liberté grisante interdite aux femmes, cantonnées à la pudeur et à la honte par le fanatisme religieux ambiant. En tant que Lorenzo, la jeune fiancée se rapproche donc incognito de son futur mari, dont elle devient rapidement l’ami puis l’amant…

Entre la farce et le marivaudage, cet album est un véritable hommage à la tolérance et à l’émancipation féminine. En soulignant la différence entre les attentes sociales imposées aux hommes et aux femmes, que Bianca, héroïne vive et révoltée, ne se privera pas de renverser, Hubert et Zanzim nous livrent un conte lumineux et humain qui se confond avec la satire sociale, dénonçant l’hypocrisie de tout un système. Et nous invitent, avec subtilité, à une réflexion sur l’identité sexuelle et le genre. Tout un programme, me direz-vous, magnifié par le dessin naïf de Zanzim, dont les jeux avec les enluminures et les perspectives ne sont pas sans rappeler l’art pictural médiéval.

Un album sensible, aussi réjouissant que flamboyant, et pour le scénariste, une bien élégante façon de tirer sa révérence. Merci Hubert !
Vv

100 ans (Heike Faller)

note: 5Un livre unique pour tous les âges Les bibliothécaires - 17 octobre 2020

“ Qu’avez-vous appris dans la vie ? ”, c’est la question qu’a posée l’auteure, Heike Faller, journaliste en Allemagne, à des dizaines de personnes à travers le monde. Les réponses reçues ont ainsi donné vie à un livre mettant en lumière ce que l’on découvre à travers les âges, de la naissance à 99 ans.
Tendre , drôle , émouvant , dynamisant ... 100 ans, Tout ce que tu apprendras dans la vie fait partie de ces ouvrages qui réunissent et qui consolident les liens entre les générations. Chacun, quelque soit son âge, son origine, et son parcours de vie, s’identifie dans son passé, son présent, son avenir peut-être.
Un livre poétique qui parle à tous!

Peau de mille bêtes (Stéphane Fert)

note: 5Peau d'Âne, version girl power Les bibliothécaires - 13 octobre 2020

Lou, petit prince naïf mais sincère, manie bien mieux les mots que l’épée. Il est certain d’une chose : son destin n’est pas de secourir les princesses ni de combattre les dragons, mais d’écrire une encyclopédie botanique révolutionnaire. C’est donc au cours d’une promenade en forêt que sa route croise celle de la redoutable princesse Ronces, fille maudite du roi des insectes. En effet, celui-ci la tient jalousement cachée des regards sous l’œil vigilant des mille bêtes des forêts, en attendant qu’elle devienne la parfaite épouse apte à remplacer la défunte reine. Avec l’aide de Margot, une bonne fée aux douteuses allures de sorcière, Ronces partira en quête de son indépendance, même si pour cela, elle doit devenir un monstre aux yeux des hommes…

Dans cette réécriture délicieusement cruelle du conte de Charles Perrault, Stéphane Fert met en scène une héroïne forte et mémorable, tout en bouleversant avec malice les codes traditionnels et archaïsants des contes. De nombreuses références à la littérature et au cinéma fourmillent, ne serait-ce que dans le texte d’une grande poésie qui doit autant à Baudelaire qu’à Hugo, sublimant un dessin rond au trait gras et une palette d’une richesse voluptueuse. Un très beau récit d’émancipation féminine !
Prix Imaginales 2020.
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 4Bêtise ordinaire Les bibliothécaires - 13 octobre 2020

Un petit bijou d’humour noir que ce recueil de saynètes toutes plus absurdes les unes que les autres : Emmanuel Reuzé et Nicolas Rouhaud poussent à son extrême un quotidien déjà miné par les contradictions, afin de mieux en souligner les travers.
Et le résultat est plutôt savoureux : des profs remplacés par des distributeurs de diplômes, des kamikazes qui se suicident suite à une vague de licenciement massif, des gendarmes et des voleurs en télétravail, des albums Panini pour collectionner les images des paquets de cigarettes, ou bien encore une commune qui décide de faire venir des migrants pour leur faire construire un mur anti-migrant… Les deux auteurs s’en donnent à cœur joie et égratignent avec délices tous les sujets d’actualité.
Les personnages inexpressifs et les dessins figés, répétés à l’envi dans des gaufriers d’une rigidité implacable, contribuent aussi à cette impression de non-sens total des situations, dont l’absurdité et la violence ne sont pas sans évoquer un étrange mariage entre les Monty Python et George Orwell.
Vv

Esja (Hania Rani)

note: 5Piano solo Les bibliothécaires - 7 octobre 2020

Hania Rani appartient à la mouvance du « néo-classique » ou « néoclassicisme ». Sous cette étiquette, on peut placer de nombreux artistes contemporains tels que Ludovico Einaudi, Nils Frahm ou Arnald Olafssur.
Tous explorent le potentiel infini du piano droit. Hania Rani l’associe à quelques touches électroniques des plus minimalistes. Mélodies romantiques, atmosphériques ou mélancoliques, ces morceaux donnent une sensation de temps et d’espace illimités. Les boucles, propres à la musique répétitive, embarquent l’auditeur dans une expérience immersive. D’aucuns pourront argumenter que ce style néoclassique peut s’avérer ennuyeux et qu’il est préférable de se tourner vers l’inspiration première de ces artistes à savoir Debussy, Saint-Saëns ou Satie. C.G.

Notre-Dame du Nil (Atiq Rahimi)

note: 5Les origines d'un génocide Les bibliothécaires - 3 octobre 2020

Notre Dame du Nil est un film du réalisateur Atiq Rahimi adapté du roman éponyme de Scholastique Mukasonga, récompensé par le prix Renaudot 2012. Le film retrace les circonstances qui ont mené au génocide des Tutsis en se focalisant sur un pensionnat catholique de jeunes filles vingt ans auparavant. Ces dernières sont vouées à devenir les élites dirigeantes du pays. Apparaissent alors des querelles raciales, liée à la colonisation à l’encontre des jeunes filles Tutsies et émanant des jeunes filles Hutues. Notre Dame du Nil est un film investi d’une mission : celle de dénoncer sans fard les affres de la condition humaine. R.V.

Indispensable Bo Diddley vol.2 (The) (Bo Diddley)

note: 5Get the rythm... Les bibliothécaires - 3 octobre 2020

Bo Diddley, de son vrai nom Elias Otha Bates McDaniel, tient son pseudonyme de l'instrument assez rudimentaire qu'utilisaient les musiciens noirs débutants à la naissance du blues, parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se payer une vraie guitare. En effet, le son de cet instrument, constitué d'un morceau de fil de fer accroché au mur et sur lequel on faisait glisser un goulot de bouteille, se rapprochait de celui d'un instrument à cordes.

Au début de sa carrière, Bo Diddley, bien connu pour son riff de guitare, le Diddley beat, très percussif, l’abandonne progressivement pour un blues plus proche de celui du rythm and blues, élargissant ainsi son public. Plus tard, des musiciens comme les Rolling Stones, les Yardbirds et bien d’autres, le considèrent comme un père spirituel et reprennent ses titres. Ce musicien a également été le précurseur du style "chanté parlé", qu'il a découvert très jeune lorsqu'il fréquentait les chœurs des églises baptistes. Beaucoup de ses compositions sont d’ailleurs inspirées des gospels.

Ce coffret permet de mettre en lumière cet artiste trop souvent éclipsé commercialement par ses comparses Chuck Berry et Little Richards et les rockers blancs dans l'Amérique de la ségrégation raciale. C.G.

Vox Low (Vox Low)

note: 5Un album pour "s'alounger"... Les bibliothécaires - 3 octobre 2020

Vox low, jeune groupe parisien, a connu ses débuts avec Jean-Christophe Couderc et Benoît Raymond, formant le duo Think Twice dans les années 2000, en plein boom de la french touch et produit à l’époque par Laurent Garnier. Bien loin aujourd’hui de cet univers, et rejoint par Mathieu Autin à la batterie et aux percussions, par Guillaume Léglise à la Guitare et aux synthés, le groupe oscille entre un univers punk et psychédélique aux textes sombres, soutien aux laissés pour compte. Composé de 9 titres en anglais, l’album transporte dans un univers hypnotique où pour lequel la voix de Jean-Christophe Couderc survole des nappes synthétiques rappelant les sonorités des années 80. Certains morceaux très entêtants tels que « Ride Alone » et « Something Is Wrong » offre un voyage vers la nouvelle vague punk française, à découvrir sans attendre. R.V.

Frenchy (Thomas Dutronc)

note: 4Des classiques qui sortent de l'ordinaire Les bibliothécaires - 18 septembre 2020

Le guitariste et chanteur Thomas Dutronc signe avec Frenchy son deuxième album chez le célèbre label de jazz Blue Note. C’est une reprise de 14 standards de la chanson française passés à la postérité car ils ont traversé l’Atlantique et ont été repris par les plus grands tels que Franck Sinatra, Louis Armstrong, Tony Benett, Nat King Cole, Dean Martin ou Nina Simone. On trouve parmi cette liste de titres : La belle vie ; Comme d’habitude ; Ne me quitte pas ; La vie en rose ; C’est si bon et des titres plus surprenants tel que Get lucky du groupe électro Daft Punk. Cet album très jazzy est une œuvre soignée pour laquelle Dutronc s’est entouré des meilleurs : Rocky Gresset (guitare), Éric Legnini (piano), Thomas Bramerie (contrebasse) et Denis Benarrosh (batterie). On retrouve toute l’influence du jazz manouche si typique de Django Reinhardt, ainsi que des collaborations prestigieuses du monde du rock, de la pop ou du jazz avec Iggy Pop, Diana Krall, Youn Sun Nah, Stacey Kent ou Billy Gibbons le guitariste des ZZ top, on obtient alors un C’est si bon en anglais et en français, tellement swingue, avec les voix si différentes de Dutronc, de Diana Krall et d’Iggy Pop qui se marient à merveille. Laissez-vous porter et redécouvrez ces titres sous un jour nouveau. R.V.

Taupe & Mulot n° 1
Les beaux jours (Henri Meunier)

note: 5Une p'tite part de tarte aux lombrics? Les bibliothécaires - 18 septembre 2020

..." Après tout, les paysages dans les tableaux sont toujours plus ou moins inventés, car on peint plus avec son coeur qu'avec ses yeux !"

Comment ne pas tomber amoureux de ces deux bestioles ? Taupe & Mulot, les deux protagonistes de ce savoureux album nous conduisent dans leurs aventures au cœur d'une Nature généreuse et accueillante. C'est le printemps et les deux comparses débordent d'énergie et d'envie de la re-découvrir.

Caractères différents mais complémentaires, entraide, encouragement et bienveillance ...
Ce texte véhicule des valeurs positives avec beaucoup de légèreté et d'humour. Les mots d'Henri Meunier sont riches, subtils et poétiques, quant aux dessins de Benjamin Chaud, ils foisonnent de détails humoristiques. Une très belle complémentarité texte/images qui séduit à la fois les parents et les enfants. D'ailleurs, ce livre peut s'adresser aux lecteurs débutants comme aux plus petits pour une lecture accompagnée. C.G.

Ramages (Birds On A Wire)

note: 5Ramage et Plumage Les bibliothécaires - 1 septembre 2020

Birds on a wire, sont deux artistes féminines : Rosemary Standley à la voix magique ( échappée de Moriarty) et Dom la Nena au violoncelle. Elles signent un deuxième opus de reprises de chansons venues de tous les horizons et essentiellement glanées dans leurs souvenirs d'enfance respectifs. Elles revendiquent clairement une nouvelle couleur pour ces morceaux en explorant divers genres musicaux. Des sons et des instruments tels que le clavecin ont été empruntés aux musiques traditionnelles, au baroque, au folk. C’est un album épuré et gracieux, un vrai régal pour les oreilles. C.G.

Resistance (Soul Jazz Orchestra (The))

note: 5Tropicool zouk Les bibliothécaires - 1 septembre 2020

Entre Afrobeat, musiques latines et jazz, le groupe canadien Souljazz perfectionne un groove imparable. Pour Résistance, le sextuor insuffle des éléments mélodiques propres aux Antilles et à l'Afrique de l'Ouest francophone sur fond d’afrobeat. Ça chante en créole et ça flirte avec le zouk pour notre plus GRAND plaisir ! En piste ! C.G.

Asako I&II (Ryûsuke Hamaguchi)

note: 4Un amour peut en gâcher un autre Les bibliothécaires - 1 septembre 2020

Asako I&II est un film du réalisateur japonais qui avait marqué l’Europe en 2015 grâce à sa série réalisée pour le cinéma Senses, et qui dressait le portrait de quatre femmes partageant une amitié sans faille jusqu'à la disparition de l’une d’entre elles.

La disparition est ici aussi un thème essentiel : tout commence avec le départ de Baku, le premier amour d’Asako. Le film dresse le portrait de cette femme meurtrie intérieurement. Le cinéma D’Hamaguchi provient de la scène indépendante nipponne, à la trame très artistique. On note également l’influence du cinéma européen, en particulier celui d’Hitchcock, par la double interprétation de Masahiro Higashide qui n’est pas sans rappeler un remake inversé de Vertigo. C’est une œuvre touchante qui s’appuie sur la force et l’influence du premier amour. Cette adaptation fidèle du roman de Tomoka Shibasaki rappelle certains mélodrames de Douglas Sirk où le bonheur se mêle à la tristesse. L’œuvre touche par la façon dont la poétique conjugale quotidienne est traitée.

Asako, femme discrète, a du mal à s’ouvrir aux autres, perturbée par la perte d’un amour passé et rencontre à nouveau quelqu’un qui est la copie conforme de son premier amour. Cette femme sensible assume ses choix dans une société japonaise qui pèse par ses traditions.

Restant fidèle à ses sentiments, elle découvre ce qu’est le véritable amour, et c’est bien là la force du réalisateur: mettre en exergue ce sentiment si puissant. Une œuvre d’une grande délicatesse à voir et à revoir. R.V.

Là où chantent les écrevisses (Delia Owens)

note: 4L'enfant sauvage Les bibliothécaires - 26 août 2020

1952 Au cœur des marais d’une petite ville de Caroline du Nord, Kya est la dernière d’une fratrie qui se délite sous la violence d’un père alcoolique. La mère déserte, puis ses frères et sœurs, tous quittent la cabane délabrée qui tient lieu de foyer et la laisse seule avec son père. Jusqu’au jour où celui-ci quitte le marécage pour ne jamais revenir. Kya a 10 ans et va faire l’apprentissage de la vie dans le plus grand dénuement et la plus grande solitude au coeur de ce marais, à la fois espace nourricier mais aussi lieu sauvage et secret. Aux yeux des habitants de Barkley Cove, Kya devient la mystérieuse Fille des Marais, source de fantasmes et de préjugés.

1969 Deux enfants découvrent, dans les marais, le corps sans vie de Chase Andrews, le wonder boy local .Le roman débute d'ailleurs par cette disparition. De l'enquête qui découle de cette mort, l'auteure remonte le temps et le lecteur découvre la vie de Kya. Ces deux histoires parallèles finiront par se croiser.

Véritable ode à la Nature, ce roman possède une incroyable puissance d’évocation.Les descriptions de la vie du marais sont tellement imbriquées dans le récit qu'elles l'étoffent intelligemment. Odeurs des eaux saumatres, couleurs des plumes d'oiseaux, le touché des coquillages dentelés, bruissements de feuilles, oiseaux bigarrés...Kya s'approprie ce marais, sa "Terre-Mère". Le lecteur s'attache à Kya, enfant avide de savoirs, sauvage et solitaire mais surtout dotée d'un élan de (sur)vie admirable. D'ailleurs, Kya s'inscrit dans la lignée d’héroïnes fortes et combatives dont la litterature actuelle foisonne (My absolut Darling, Dans la forêt, Manuel de survie à l'usage des jeunes filles...).
Un hymne sublime à la nature, à la solitude et à la résilience. C.G.

N'oublie pas ton rêve (Simon Philip)

note: 5A la poursuite de ses rêves Les bibliothécaires - 31 juillet 2020

« N'oublie pas ton rêve » est un album très touchant. Bernard, un petit lapin, essaie de passer inaperçu, invisible...dur pour lui d’affronter le regard des autres.
Simon Philip encourage ses petits lecteurs à assumer leurs différences et à croire en eux.
Il invite son personnage, Bernard, à rêver et ainsi devenir lui-même.
Les illustrations très colorées sont amusantes, les expressions des lapins étonnantes !

Ad Astra (James Gray)

note: 5Un peu plus prés des étoiles Les bibliothécaires - 12 juin 2020

Après The lost city of Z, James Gray propulse le spectateur sur Neptune, aux côtés de Roy McBride incarné par Brad Pitt, un astronaute de la NASA à la recherche de son père super-héros, disparu 16 ans plus tôt au cours d'une mission, mais avant tout en quête de lui-même.

Disons-le d’emblée, Brad Pitt est exceptionnel dans le rôle de cet astronaute torturé rompu à l'exercice du self-controle, barrant la route à la moindre émotion, se délestant de toute attache. Une sorte de léthargie affective le plonge dans une profonde mélancolie bien dissimulée.
Jams Gray régale le spectateur par la beauté de l'image, la mise en scène dépouillée mais grandiose. Néanmoins, cela reste un film de science-fiction impliquant quelques codes du genre, inévitables. Sans les dévoiler, ces quelques scènes rappelleront aux spectateurs d'autres chefs-d'oeuvre mais le cinéaste ne s'éloigne jamais de cette quête d'introspection. En effet, le héros part à la recherche du père disparu afin de renouer avec une part manquante de son histoire, et comprendre, mais la quête du père fonctionne comme un révélateur. C'est aux confins de la galaxie qu'il parvient à s'en démarquer, à trouver la force de vivre, avec la volonté d'apprendre à aimer et à être aussi aux autres. C.G.

La femme de mon frère (Monia Chokri)

note: 3La jalousie est un vilain défaut Les bibliothécaires - 7 mai 2020

La femme de mon frère est le premier long métrage de l’actrice et désormais réalisatrice québécoise Monia Chokri. Le film met en scène Sophia, une trentenaire dépressive interprétée par l’impeccable Anne-Elisabeth Bossé. Celle-ci vit une véritable crise d’adulescence alors que son frère Karim finit par trouver l'amour en la personne d'Eloïse. La fin de la relation fusionnelle frère-sœur rend Sophia profondément jalouse. Cette comédie dramatique oscille entre gravité et légèreté. Le style de Chokri est très inspiré de celui de son compatriote Xavier Dolan avec qui elle a travaillé dans Les Amours Imaginaires et Laurence Anyways. On y retrouve des plans saccadés, à priori incongrus au cadrage presque photographique, une bande son variée et judicieusement choisie, mais cette recherche esthétique s’impose au détriment du fond. L’ensemble s’enlise alors dans une certaine longueur propre aux premières réalisations.
La force du film réside dans cette galerie de portraits drôles et excentriques : le père en réfugié communiste et la mère en débridée sexuelle, un couple qui n'a jamais été aussi amoureux l'un de l'autre que depuis leur divorce. Sophia en doctorante qui chôme, installée chez son frère, et ce dernier en psychologue grand donneur de leçons, mais qui n'hésite pas à contredire ses principes quand ça l'arrange. La complicité créée entre les deux personnages principaux est l’atout principal de ce long-métrage. On aime ou on n’aime pas l’humour décalé de nos cousins canadiens, mais force est de constater que le film trouve un intérêt conjoncturel certain dans ce besoin impérieux de sécurité affective.

Happa no ko (Karin Serres)

note: 5Bienvenue à Gattaca! Les bibliothécaires - 4 mai 2020

Bienvenue dans le futur, voici quelques points à savoir :
-il n'y a plus qu'un seul et même État, divisé selon les frontières des anciens pays eux-mêmes répartis en secteurs, une seule ville, une seule langue.
-Les termes de métiers ou professions appartiennent aux langues anciennes. Aujourd'hui tout est effectué par des machines.
-Chaque citoyen possède un bracelet connecté à l'école, la résidence, le service de restauration à domicile. Les humains n'ont plus qu'à jouer, dans des salles d'arcade, à la maison, ou pratiquer du sport.
L'énergie dépensée est accumulée dans le bracelet qui nourrit via une borne de transfert l'alimentation générale en courant électrique.
Certains pourraient trouver cela chouette (Oui oui, on voit bien les geeks se réjouir! ) mais c'est parce qu'ils ne savent pas encore que la nature a disparu !
Happa No ko est un récit initiatique et d’anticipation qui sonne juste, le monde dépeint par l'auteur est cohérent et fait froid dans le dos.
Après l’avoir lu, difficile de ne pas s'interroger sur la place de la robotique et des machines dans l'humanité.

Deux moi (Cédric Klapisch)

note: 4Je suis une bulle.... Les bibliothécaires - 28 avril 2020

Cédric Klapisch dans son nouveau film Deux moi aborde des thématiques qui lui sont chères comme la solitude ou le passage à la vie adulte. On suit deux trentenaires, Rémy et Mélanie, dans la ville dévorante qu’est Paris. Klapisch sort du cadre champêtre de son précédent film Ce qui nous lie pour celui de l’ultra citadin, et fidèle à ses deux acteurs principaux, Ana Girardot en chercheuse en immunologie cancéreuse et François Civil en conseiller clientèle. L’interprétation est solide, lui en montagnard maladroit, elle en Parisienne monotone presque effacée. Tous deux traversent un épisode dépressif ; elle n’arrive pas à se remettre de sa rupture amoureuse et lui refoule des blessures passées provoquant des insomnies. Le réalisateur dresse deux portraits en miroir : deux âmes sœurs qui ne se rencontrent jamais. On a à faire aux maux d’une génération : la solitude, le stress quotidien et le désenchantement amoureux. C’est pour cette raison que Rémy et Mélanie décident d’entamer une psychothérapie afin de surpasser un mal-être qui entrave bonheur possible et confiance en soi. Mélanie sera suivie par Camille Cottin, et Rémy, par François Berléand, qui deviendront peu à peu leurs confidents et les instigateurs secrets de leur potentielle rencontre. Les deux psychothérapeutes vont faire remonter à la surface des traumatismes qui verrouillaient la possibilité d’épanouissement des deux personnages, délivrant des vérités qui tiennent plus des clichés que de la réalité telles que "les réseaux sociaux ont tué les relations sociales", "il faut faire confiance à la vie" ou bien l'idée qu'il faille préférer les « vraies relations ». On pardonnera cependant au réalisateur qui offre ici un magnifique conte de ville dont la vie fourmillante vitamine nos esprits confinés. R.V.

La planète des singes n° 1
Terreur sur la planète des singes (Doug Moench)

note: 5Une lecture incontournable pour les fans de La Planète des Singes ! Les bibliothécaires - 27 avril 2020

En 1974, face au succès des 5 adaptations au cinéma, entre 1968 et 1973, du roman "La Planète des Singes", l'oeuvre de Pierre Boulle change de dimension pour entrer dans l'éternité.

La Planète des Singes devient un mythe universel. Devant ce phénomène, commande est passée afin de proposer aux amateurs de comics, les films réadaptés en bande dessinée. Doug Moench est alors choisi pour assurer le travail et va s'entourer de très bons dessinateurs noir et blanc pour produire, dans un tome 1 intitulé "Terror on the Planet of the Apes" (Terreur sur la Planète des Singes), toute une nouvelle saga, indépendante de l'histoire principale bien connue (qui arrivera dans le Tome 2 et suivants).

Avec ce Tome 1, nous sommes immédiatement transportés en l'an 2070, sur des terres apocalyptiques où singes, gorilles et humains cohabitent sous l'égide du Donneur de Lois, orang-outan respecté qui fait office de guide suprême et prêche la tolérance et la cohabitation grâce à des idéaux pacifistes et progressistes.

Cependant, le gorille Brutus, Ministre de la Paix, attise la haine, d'abord, de manière clandestine puis à visage découvert en propageant des idées radicalement racistes envers les humains. Ses hommes de main, cagoulés façon Ku Klux Klan, vont terroriser la population humaine et assassiner, sous ses yeux, les parents du jeune Jason, anti-héros de cette longue saga rocambolesque et violente. De plus, dans une parodie de justice, Jason est accusé du meurtre de la femme de Brutus qui l'avait démasqué et que Brutus a lui-même tuée pour éviter d'être dénoncé aux autorités.

Jason, en cavale, n'a alors d'autre choix que de retrouver, avec ses amis humains et singes, le Donneur de Lois, parti pour une mystérieuse quête dans la Zone Interdite, et de le ramener à la Cité avant que Brutus ne réalise son coup d'Etat.

Durant cette aventure, on fera connaissance avec une multitude de personnages hauts en couleur dont le chimpanzé Alex, ami d'enfance de Jason; Malaguena, belle gitane humaine; Julius Gunpowder, un Davy Crockett simiesque, chef d'un village de trappeurs; le Luminurgiste, étonnant voyageur à la roulotte, collectionneur d'objets issus de la civilisation d'avant l'apocalypse; l'équipage du Simian…

Ainsi, dans ce 1er tome, Jason poursuit Brutus (le meurtrier de ses parents) et Brutus poursuit Jason... qui devra déjouer les plans totalitaires de Brutus, mais aussi les pièges de diverses créatures rencontrées durant son périple comme les Héritiers de la planète, les démons singes ailés, les cyborgs mutants, les gorilles vikings ou les gorilloïdes.

La découverte des Rocheuses et la montagne sacrée du psychédrome seront également des moments intenses, certainement les passages les plus psychédéliques de l'histoire.

Au final, ce livre-objet est autant somptueux que copieux avec ses 372 pages et 19 épisodes tissés sur un scénario composé d'une multitude de rebondissements! Indispensable, quoiqu'il en soit, pour les spécialistes et les nostalgiques de La Planète des Singes et/ou pour les curieux.FD


Semiosis (Sue Burke)

note: 4Vers l'infini et au-delà ! Loin des … virus… Les bibliothécaires - 6 avril 2020

Titre du premier chapitre : An 1. Nous sommes un an après l’arrivée sur HIP 30815F, appelé aujourd’hui Pax, une colonie humaine d'une cinquantaine d’individus ayant fui la terre. Après 158 ans d'hibernation dans un minuscule vaisseau spatial et un crash à l'atterrissage, la communauté se réduit rapidement à une trentaine d'individus ; botaniste, météorologiste, médecins… Tous se sont préparés à s'établir sur ce nouveau monde. Une société se met en place, des codes à établir, des tâches à se répartir, on pense même à créer un calendrier. Mais la petite communauté sera confrontée à des tensions et des drames provoqués par la volonté de jeunes téméraires de poursuivre l'exploration.
C’est avec la précision d'un démiurge que Sue Burke décrit la faune, la flore, les paysages de cette planète dans lesquels elle entraîne ses personnages. Nous allons suivre cette communauté à travers le temps et de génération en génération jusqu'à celle qui fera LA rencontre … Les hommes ne sont pas seuls sur Pax… Un récit de science fiction original par sa construction et d'une grande richesse dans les thèmes abordés, écologie, responsabilité politique, neurobiologie des plantes, rapport à l'autre…
Y.G.

Délivrances (Toni Morrison)

note: 5Puissance narrative et acuité du regard Les bibliothécaires - 6 avril 2020


Ce roman simple et complexe à la fois, à l'écriture épurée, est une excellente introduction à l'oeuvre de Toni Morisson, femme exceptionnelle, prix Nobel de littérature en 1993.
Lula Ann est née trop noire, ses parents des mulâtres au teint clair ne comprennent pas. Le père quitte la maison, la mère l'élève sans cacher son dégoût. L'histoire le prouvera, Lula Ann est prête à tout pour que cette mère si froide et indifférente lui donne de l'affection et lui prenne la main en public.
Mal aimée, elle signe même un faux témoignage envoyant une institutrice blanche en prison pour pédophilie.
La fillette grandit seule, se forge une personnalité factice, portant en elle le secret de ce mensonge lourd de conséquences.
Devenue adulte, la chenille se transforme en papillon et Lula Ann devient Bride, à la beauté éblouissante, fière de sa peau tellement noire qu'elle la met en valeur en ne s'habillant qu'en blanc.
Magnifique et épanouie, elle entame une brillante carrière dans le secteur des cosmétiques et élabore sa propre ligne de produits. Mais un jour son fiancé la quitte.
Comment parvient-on à se libérer des traumatismes de l'enfance ? Comment vivre avec la culpabilité d'être? Comment vivre en étant noire, même la plus belle ? Comment survivre avec le mensonge, dans le mensonge? Comment aimer sans rejeter ni juger ?

En partant à la recherche de son fiancé, Lula Ann va entreprendre un voyage au fond d'elle-même. Cette chute lui permettra de se libérer de tout ce qui l'emprisonne.
Délivrance de la naissance, délivrance de l'enfance martyre, délivrance du mensonge, délivrance pour une re-naissance. « Délivrances » c'est aussi l'histoire de la création d'un couple vrai.
Toni Morrison écrit sur l'Amérique d'aujourd'hui, mais c'est avec la structure du conte qu'elle nous parle d'exclusion, de racisme, de haine, d'enfance brisée ou de mensonge.

Un roman grave, lumineux et réaliste.
Belle lecture !
F.P.

Et je danse, aussi (Anne-Laure Bondoux)

note: 4A la recherche du bonheur Les bibliothécaires - 6 avril 2020

En cette période de confinement, qui n’éprouve pas l’envie d’écrire, d’échanger avec sa famille, ses amis, ses collègues, voire même des inconnus ? Dialoguer est essentiel, une fonction vitale motivée par divers besoins : la curiosité, l’amour, la solitude, la tristesse… Tous ces sentiments humains qui prouvent que nous sommes bien vivants. Et je danse, aussi en est le témoignage. Ce récit épistolaire publié en 2016 est l’œuvre de deux auteurs, Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat. On y rencontre un écrivain lauréat du prix Goncourt, Pierre-Marie Sotto, en manque d’inspiration et habitué à ne jamais répondre aux courriers de ses admirateurs. Mais un jour, il reçoit une mystérieuse enveloppe accompagnée d’une photo dont l’expéditrice est une certaine Adeline Parmelan. Cette dernière lui demande de ne pas ouvrir l’enveloppe, et cette injonction pique la curiosité de l’auteur. S’engage alors une conversation quotidienne en ligne de deux personnages qui à priori n’ont rien en commun, si ce n’est leur grande solitude. Un lien mystérieux les unie cependant, dévoilé au fil du récit, déployant une histoire touchante, et une large réflexion autour de divers thèmes comme l’acte d’écriture, l’amitié, le couple, les enfants, l’amour, le deuil, la désillusion et l’amour à nouveau.
Ce livre audio est un bel hommage à l’humain et son immuable instinct de survie.
R. V.

Les refuges (Jérôme Loubry)

note: 4Ne pas utiliser ce Refuge en cas de confinement. Les bibliothécaires - 1 avril 2020

Les Refuges... Est-ce ce petit village de Normandie, où Sandrine, jeune journaliste vient de prendre un poste pour oublier une vie parisienne trop ordinaire. Est-ce cette île au milieu des flots où sa grand-mère qu’elle ne connait pas, vient de décéder. Est-ce cette petite communauté de personnes âgées qui vivent recluses pour affronter l'atmosphère oppressante de l’île... Est-ce ce camp de vacances qui accueillit au lendemain de la guerre des enfants et qui ferma précipitemment …
Les refuges sont surtout ceux dans lesquels nous basculons pour ignorer une réalité trop effrayante, et dont il va falloir sortir Sandrine retrouvée au bord d'une plage et couverte de sang. Avec le soutien de la psychiatre de l'hôpital, Damien l' inspecteur chargé de l’enquête, devra chercher au plus profond de lui-même pour tenter de trouver des réponses. Un polar psychologique, rythmé par le poème de Goethe, le Roi des Aulnes « Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent, C’est le père et son enfant ». Nous vous défions de ne pas lire ce roman à tiroirs, Prix Cognac du meilleur polar francophone 2019, d'une traite…
Y.G

Voyage à Yoshino (Naomi Kawase)

note: 3Une vision de trop Les bibliothécaires - 30 mars 2020

Voyage à Yoshino est un film de la réalisatrice japonaise Naomi Kawase de 2018. Ses films présentent deux caractéristiques récurrentes : une vision très traditionnelle et rurale du Japon (on pense alors à La forêt de Mogari), parallèlement à une peinture très poétique de ses personnages (on pense à Délices de Tokyo). Ici, elle concilie les deux à travers une quête spirituelle, explorant la nature et ses mystères, mais sans jamais vraiment y parvenir.
Le film se déroule dans la forêt de Nara, région natale de Kawase. On suit Jeanne, une écrivaine française interprétée par Juliette Binoche, venue au Japon pour trouver une plante médicinale appelée Vision qui n’éclot que tous les 997 ans. A travers ce prétexte, Jeanne cherche à renouer avec un bonheur passé, vécu vingt ans plus tôt au même endroit. Elle rencontre alors un garde-forestier nommé Tomo, incarné par Masatoshi Nagase, qui la laisse s’installer chez lui le temps de pouvoir accomplir ses recherches. Tomo marque par son mutisme.
Sa quête se transforme en voyage onirique qui peut perdre le spectateur non initié. Les enjeux narratifs réduits à peau de chagrin, limitent l’action à la rencontre de deux êtres meurtris, à la contemplation de plans dédiés à une nature sublime, à une dramaturgie sans réelle temporalité, perdus entre passé et présent.


Un film qui laisse un goût d’inachevé, dont le mérite serait celui du voyage, mais comme une belle carte postale. R. V.

Midsommar (Ari Aster)

note: 5Cauchemar au Paradis Les bibliothécaires - 30 mars 2020

Après Hérédité, Ari Aster signe avec Midsommar sa deuxième fiction horrifique. Ses deux films dédiés à la famille et au deuil, contraste cependant ici des standards du film d’horreur. En effet, l’histoire se déroule en Suède durant un lumineux été où cinq étudiants en sociologie décident d’observer le mode de vie d’une communauté païenne Hårga, au sein d’un petit village.
Dani, le personnage principal est incarné par Florence Pugh (The Young Lady). Alors qu’elle vient de perdre sa sœur et ses parents, son compagnon Christian, un homme distant et froid, lui propose de participer à ce voyage d’exploration en Suède.
Dès leur arrivée, au prétexte d’une communion mystique avec la nature, les personnages sont soumis à suivre des rites initiatiques, à consommer des psychotropes, et seront témoins d’un suicide collectif rapidement banalisé par ce paganisme déviant qui s’offre à Dani comme une réponse à son deuil difficile.
Elle s’adonne de plus en plus à cette fureur cathartique, extase mortifère, adoptée désormais au sein de sa nouvelle famille Hårga, et la nature toute entière.
Une véritable ode à l’horreur. R.V.

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon (Jean-Paul Dubois)

note: 5Histoire d'une vie Les bibliothécaires - 28 mars 2020

Dès les premières lignes on s’attache aux personnages, et on a envie de savoir comment Paul Hansen s'est retrouvé derrière les barreaux de la prison de Bordeaux, à Montréal. Qu'est-il arrivé à ce fils de pasteur danois et d'une exploitante de cinéma à Toulouse, pour être amené à partager son quotidien et sa cellule avec un Hells qui ne rêve que d'une chose, c'est de couper en deux tout humain qui se met en travers de son chemin?

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon est un roman abouti, dans lequel on découvre un écrivain possédant un sens aigüe de la fraternité et animé par un sentiment certain de révolte à l'égard de toutes les formes d’injustice.
Les adeptes de Jean-Paul Dubois aimeront ce roman; les autres découvriront un univers humain et touchant, des personnages pittoresques, des phrases ciselées et profondes.
Un roman désillusionné, mais humaniste et plein d’humour malgré la gravité du sujet, une belle plume, un style vitaminé !
F.P.

La clé USB (Jean-Philippe Toussaint)

note: 5Un roman trompe-l'oeil, totalement prenant Les bibliothécaires - 26 mars 2020

Dans ce roman sorti à l'occasion de la rentrée littéraire de l'automne 2019, le narrateur travaille au sein de la Direction de la Prospective Stratégique de la Commission Européenne.

Sa spécialité est le "blockchain". Il travaille sur la prospective, essaie de prévoir l'avenir, d'anticiper le futur en élaborant des scénarios. Mais un jour, il va être approché par des lobbyistes. Cet homme va alors découvrir, après leur départ de l'hôtel où ils avaient rendez-vous, une clé USB que l'un d'eux a abandonnée (de gré ou non) dans le salon.

Dans cette clé USB se trouvent des éléments qu'il va essayer de décoder.... et lentement le lecteur comprend qu'il doit aussi essayer de décoder ce livre qui cache en fait autre chose... Un éloge du père du narrateur (qui travaillait également à la Commission Européenne) mais aussi un hommage au père de J.P. Toussaint, décédé en 2013, également écrivain et auteur de romans policiers.

Finalement, on part d'un roman d'espionnage économique pour aller vers un roman plus intimiste, basé sur une transposition avec quelques passages assez drôles, voire décalés... Un roman trompe-l'oeil porté par une toujours très belle écriture et totalement prenant. F. D.

La panthère des neiges (Sylvain Tesson)

note: 5Le voyageur fait de sa destination un destin Les bibliothécaires - 25 mars 2020

Partir aux confins du Tibet observer un animal mythique alors qu’on se remet difficilement d'une mauvaise chute, c’est le défi que saisit l’écrivain voyageur Sylvain Tesson. Pour le guider, le photographe animalier Vincent Munier, masse de muscle en tenue de camouflage, sa compagne et un jeune assistant.
Les voilà partis dans un voyage à travers les Hauts plateaux dans des conditions d’une grande rusticité, objectif tenter de surprendre ce fauve extraordinaire que l'on dit disparu, la panthère des neiges. Mais pour Sylvain Tesson, ce voyage est prétexte… ce qu’il veut expérimenter c'est vivre à « l’affût », de l'animal et de la faune tibétaine, mais surtout de lui-même et de ses émotions, pratiquer l'art de la patience. Ces nombreux moments d'attente seront l’occasion de nous entraîner de l’aventure vers la littérature, nourrissant ses compagnons et le lecteur de son amour des grands auteurs et cette immobilité sera un mouvement entre méditation, Intemporel monde bouddhiste, et spiritualité, revivre les départs de deux êtres chers. Aller sur les traces de Sylvain Tesson, c'est suivre un esprit libre et engagé contre une certaine modernité, les pieds bien chaussés. Y. G.

Capharnaüm (Nadine Labaki)

note: 5Les oubliés des bas-fonds de Beyrouth Les bibliothécaires - 23 mars 2020

La cinéaste Nadine Labaki filme, avec une grande force narrative, le drame familial de la pauvreté. Capharnaüm sorti en 2018 est alors en sélection officielle au Festival de Cannes. Trois fois primé, il reçoit le prix du jury, le prix du jury œcuménique et le prix de la citoyenneté. Capharnaüm est ensuite sélectionné pour représenter le Liban à l'Oscar du meilleur film en langue étrangère.
L'histoire raconte la vie de Zain, 12 ans environ, qui n’a jamais connu d’enfance, vit d'expédients dans un quartier misérable de Beyrouth avec sa famille. Le garçon livre les commandes à ses voisins, essaie de soutirer de l’argent aux automobilistes, aide sa mère à trafiquer des médicaments stupéfiants. Pour payer le loyer de leur misérable appartement, ses parents l’ont contraint lui et ses frères et sœurs à être les esclaves de l’épicier du coin. Zain rêve pourtant d’aller à l’école. Mais, une chose le terrifie : l’épicier a demandé sa petite sœur en mariage et attend impatiemment que celle-ci devienne « une femme ». Alors, quand la petite fille de 11 ans tâche les draps d’un peu de sang, Zain fait tout pour dissimuler l’incident et organise leur départ. Malheureusement les parents s’en aperçoivent et le garçon partira seul. Au cours de sa fugue, il rencontre Rahil, une immigrée éthiopienne sans papiers et son bébé Yonas ; en l'absence de Rahil, Zain s'occupe comme d’un frère du bébé qui, sinon, serait mort de faim.
Ce drame moderne dégage une puissance de ton qui emporte dès les premières minutes. Réfléchi et précis, le film impose la force du documentaire tout en gardant une grande élégance de narration. Le récit habilement construit dénonce un capharnaüm de cruauté en ne quittant jamais son héros des yeux. Le regard attentif de la caméra accompagne son sujet sans l’étouffer, le respecte sans l'étudier. Et indéniablement, il crève l’écran.
On est captivé et ému par la détermination du jeune garçon qui se bat férocement pour sauver sa peau et celles des plus faibles autour de lui, qui se rebelle contre cette vie qui lui est imposée.
Un mélodrame violent, une œuvre cinématographique sensible et aboutie !
F.P.

Yesterday (Danny Boyle)

note: 5Un garçon...pas dans le vent Les bibliothécaires - 4 mars 2020

Yesterday, fiction de Danny Boyle (2019), est un hommage aux fans des Beatles de la première heure. Le film rappelle fortement celui de Laurent Tuel Jean-Philippe dans lequel tous ont oublié qui était Johnny Hallyday, y compris le principal concerné, qui reprend son vrai nom, Jean-Philippe Smet. Ici, le personnage principal Jack Malik (Himesh Patel) joue le rôle d’un chanteur sans succès qui découvre après son accident, lié à une coupure électrique planétaire, que les Beatles n’ont jamais existé. Il va alors s’approprier les chansons du célèbre groupe afin d’accéder à la gloire et à la fortune.
Quel plaisir de redécouvrir les chansons mythiques du groupe grâce à Jack Malik qui retourne sur les lieux évoqués dans les textes des Beatles, comme par exemple le quartier de Penny Lane à Liverpool. Ainsi, le jeune homme contraint de jouer à n’oubliez pas les paroles nous fait beaucoup rire lorsque certaines chansons sont transformées. "Hey Jude" devient alors "Hey dude", selon les diktats de l'industrie musicale contemporaine et un public choisissant souvent la facilité. Les chansons, décontextualisées, ne rencontrent pas immédiatement le succès qu’elles méritent, d’autant que Malik ne possède pas tout à fait le talent des interprètes originels.
Gardez un mouchoir à porter de mains pour les quelques belles surprises dédiées aux fans du groupe mythique…
Un très bon feel good movie qui ne marquera pas l’histoire mais qui fait passer un moment bien agréable. R.V.

Pata pata (Miriam Makeba)

note: 5Makéba, ma ché bella ! Les bibliothécaires - 4 mars 2020

Pour Miriam Makeba, les années 60 sont décisives. Exilée aux États-Unis après avoir dénoncé le régime de l’apartheid, la chanteuse sud-africaine se lance dans une nouvelle carrière musicale et « Pata Pata» symbolise ce virage artistique. Doté d’un refrain efficace, ce morceau fait un carton sur les pistes de danse du monde entier. Le mélodieux « Click Song Number One » est un clin d’œil à la culture xhosa et à son langage à base de claquements de langue. Et la reprise du standard éthio-jazz « Yetenlu Tizaleny » vire au discours panafricain.
Si le continent natal de Makeba reste au cœur de cette production, d’autres répertoires agrémentent cet enregistrement. « West Wind » rend ainsi hommage à la tradition du music hall américain. Et la folk song « A Piece of Ground » critique la colonisation et ses méfaits. Taillé pour le marché occidental,« Pata Pata » est à ce titre un disque clé de Mama Africa. C.G.

Braquage (Marie-Flore)

note: 4Haut le coeur Les bibliothécaires - 4 mars 2020

Nouvelle venue sur la scène pop, Marie-Flore s’inscrit dans la lignée des autrices-compositrices comme Clara Luciani, Juliette Armanet ou Cléa Vincent. Dans ce disque, elle décortique une rupture amoureuse douloureuse, le ton est libre, cru et percutant, la dimension charnelle indéniable. Ici la pop flirte avec l’électronique et le hip hop. C.G.

Sofia et le marchand ambulant (Katia Canciani)

note: 4Un anniversaire incroyable! Les bibliothécaires - 21 février 2020

Sofia fait un vœu pour son anniversaire, elle rencontre Tullio le marchand ambulant. Au fil du temps, Tullio lui fait découvrir des mélodies, des odeurs, des saveurs dont elle ignorait l'existence. Un lien solide se tisse ainsi entre eux et voilà que le camion du marchand ne passe plus. Ce livre nous montre la joie et le bonheur de Sofia de passer du temps avec Tullio le marchand ambulant. Malgré la pauvreté de la jeune fille et le fait qu’elle ne puisse rien acheter au marchand, celui-ci prend le temps de lui présenter ses marchandises.
Les illustrations sont remarquables, elles se démarquent par leurs couleurs. Un bel album sur la persévérance, l’amitié et le partage.

Galets peints

note: 4Une activité simple et amusante! Les bibliothécaires - 21 février 2020

Un petit livre pratique pour une activité simple et amusante, avec plein d'idées de motifs variés. Le livre contient aussi un cahier de dessin ,avec des modèles. Cette activité est adaptée aux enfants dés 5 ans.
Peinture ou feutres, tout fonctionne. Petit atelier à proposer pendant les vacances.

Oeuvre non trouvée

note: 4Plus précieux que l'or! Les bibliothécaires - 21 février 2020

Le balayeur du désert est un court album dans lequel un homme balaie jour après jour le sable du désert. Intrigués, les villageois finissent par le rejoindre pensant qu’il cherchait un trésor. Leurs efforts en commun permettent de découvrir un puits.
Cet ouvrage nous montre la puissance du collectif. En effet, la prise d’initiative d’une seule personne pousse tous le monde à collaborer et à obtenir ainsi un résultat améliorant le quotidien de tous. Une très belle morale, rappelant que nos efforts finissent toujours pas payer et ce malgré l'ampleur de la tâche.

I hate Fairyland n° 1
Le vert de ses cheveux (Skottie Young)

note: 4À la recherche de la @# !%* de clé perdue Les bibliothécaires - 5 février 2020

Il était une fois, une adorable fillette qui s’appelait Gertrude. Un beau jour, elle fut aspirée par le tapis de sa chambre et arriva dans le monde enchanté de Fairyland. Cloudia, la reine de céans, lui confia une mission : retrouver la clé magique qui lui permettrait de rentrer chez elle. C’est ainsi que la brave enfant s’élança à la conquête de sa destinée… mais, c’était il y a des années de cela.

Trente ans ont passé et Gert, devenue une mégère aigrie et ultraviolente coincée dans un corps de fillette, arpente toujours furieusement les plaines acidulées de Fairyland et en terrorise les habitants, flanquée de Larry, son Jiminy Cricket cynique et blasé, à la recherche de la porte de sortie. Et gare à quiconque se mettra en travers de son chemin…

Parodie noire, hilarante et irrévérencieuse au possible, I hate Fairyland revisite avec brio (et à grand renfort d’hémoglobine) les histoires de mondes merveilleux. Entre le jeu vidéo de massacre et le cartoon faussement innocent, cette série en quatre tomes de Skottie Young et de Jean-François Beaulieu est une véritable pépite (en sucre ♥) à découvrir ! Vv

Memories of murder (Joon-Ho Bong)

note: 5Le doux visage du mal Les bibliothécaires - 4 février 2020

Memories of murder est un thriller coréen de Bong joon-Ho s’inspirant de faits réels commis entre 1986 et 1991 en Corée du Sud. Sorti en 2004, c’est le premier chef-d’œuvre du réalisateur, vainqueur de la dernière Palme d’or de Cannes pour son film Parasite. L’histoire se déroule en 1986 dans un village reculé de Corée du Sud, le détective Park Doo-Man (interprété par le génialissime Kang-Ho Song) de la police locale est envoyé sur les lieux pour enquêter sur le viol et le meurtre d’une jeune femme. La succession de nouveaux meurtres, le manque d’indices ainsi que l’incompétence des policiers locaux poussent les autorités de Séoul à dépêcher sur place un spécialiste des meurtres en série, le détective Tae-Yoon Seo interprété par Kim Sang-Kyung et dont les méthodes d’investigations évoluées remettront en cause le travail bâclé de la police locale.
Le film est un mélange des genres ; tantôt policier sombre et violent, il bascule également dans le burlesque et l'humour par le biais de situations improbables. On retrouve les codes du genre : le bon flic et le méchant flic, le premier aux méthodes bourrues et ne se fiant qu’à son intuition, le second ne se fiant qu’aux nouvelles technologies et à la science. Le succès du film réside dans ses multiples rebondissements conduisant les enquêteurs sur de mauvaises pistes, les poussant à se remettre sans cesse en question. La scène finale soulignant la détresse du détective, et de l’homme hanté, poursuivi des années durant par l’affaire non résolue, fait de cette fiction, 14 ans après sa sortie, un modèle de thriller aussi bien pour sa complexité narrative, que par sa vision historique et la réflexion qu’il crée chez le spectateur. Un véritable chef-d’œuvre. R.V.

Return (The) (Sampa The Great)

note: 5Tout d'une grande... Les bibliothécaires - 4 février 2020

Sampa the Great porte bien son nom. Sa présence charismatique convoque à la fois l’image de la guerrière et de la prêtresse. À la fois poétesse et rappeuse, sa musique puissante navigue entre le patrimoine musical et spirituel de son Afrique natale (Le Zambie pour sa terre natale, et le Botswana pour la terre d’enfance), la soul des années 70, le jazz, le rap old school. Forte et riche de ses diverses cultures, son album est la bande son de son combat pour s’affirmer comme femme, musicienne, noire. C.G.

Un monde sans rivage (Hélène Gaudy)

note: 5Des Pieds Nickelés dans les icebergs Les bibliothécaires - 25 janvier 2020

1897, trois aventuriers peu préparés tentent d’atteindre le Pôle Nord en Ballon. 1930, à l’occasion d’une fonte exceptionnelle de glace sur une île arctique, les vestiges de leur expédition réapparaissent. A partir des photographies et carnets de bord retrouvés parmi les traces du campement, Hélène Gaudy évoque les rêves et les passions de ces hommes qui aspiraient à la postérité, invoque les aventuriers d’autres expéditions polaires et nous invite d’une écriture ciselée et poétique à parcourir les paysages de ce « monde sans rivage » … Y.G.

Le Petit fugitif (Morris Engel)

note: 5Perdu dans Manhattan Les bibliothécaires - 17 janvier 2020

Au début des années 50 à Brooklyn, deux jeunes garçons, Lennie et son petit frère Joey, 7 ans, sont livrés à eux-mêmes le temps d'un week-end. Agacé par la présence encombrante de son jeune frère, Lennie va alors lui jouer un mauvais tour en lui faisant croire qu'il l'a accidentellement tué. Persuadé d'avoir causé la mort de son frère, Joey va s'enfuir et errer seul à Coney Island, vaste parc d'attraction à ciel ouvert. L'histoire d'une blague de mauvais goût qui va se transformer en une grande aventure.
Le petit Fugitif est un film unique car filmé à hauteur d’enfant : ainsi, le spectateur partage les émotions et les sensations du jeune héros. C.G.

A voir en famille (à partir de 7 ans)

Pull (Claire Lebourg)

note: 5Pull tout doux Les bibliothécaires - 17 janvier 2020

Certain d’avoir abandonné son maître (ou serait-ce le contraire ?…), le chien Pull culpabilise. Recueilli par une communauté de cabots et par un chat, Pull trouve refuge dans leur vieux wagon désaffecté. Groucho, Brimbelle, Bruce, Mammouth…Chacun occupe une place particulière et tous fonctionnent à l’amitié, à la solidarité et à l’entraide. C’est simple, on voudrait tous les adopter!
Encore une pépite signée Claire Lebourg. C.G.

On l'appelle Jeeg Robot (Gabriele Mainetti)

note: 4Le super héros à la sauce porno danette Les bibliothécaires - 16 janvier 2020

On l’appelle Jeeg Robot de Gabriele Marinetti
Tous les super-héros ne naissent pas aux Etats-Unis ! On l’appelle Jeeg Robot est l’histoire d’un italien un peu paumé qui acquiert des supers pouvoirs. Le réalisateur Gabriele Marinetti prend le risque de faire un film de super-héros dont le sujet est l’apanage des grosses productions hollywoodiennes avec un petit budget (1.7 millions d’euros) et ça marche. Le film démarre en trombe, on découvre le personnage principal Enzo (interprété par l’excellent Claudio Santamaria) qui, pour fuir la police, se jette dans les eaux troubles du Tibre. Celles-ci sont polluées par de la matière radioactive qui confère à Enzo des pouvoirs extraordinaires. La sempiternelle question de faire le bien ou le mal revient alors sur le devant de la scène et comme toujours elle est liée à l’entourage du héros. Au commencement, il n’en est pas vraiment un, c’est même l’anti-héros par excellence : un physique de déménageur adepte du porno et de la crème dessert. Ses ennuis le conduisent à rencontrer la voisine du dessous Alessia (interprétée par la jolie Ilenia Pastorelli), jeune femme autiste fan du manga japonais Jeeg Robot, qui voit en Enzo la réincarnation de son personnage favori. Par amour, Enzo va finalement devenir ce chevalier servant, prenant conscience de tout ce qu’il peut faire avec ses nouveaux pouvoirs, se remettant ainsi sur le droit chemin. On l’appelle Jeeg Robot est un renouveau du genre et du cinéma italien de manière générale ; on pense aussi à Incassable de M. Night Shyamalan, mais ce n’est pas le premier film du genre en Italie puisqu’en 2015 était sorti Invisible Boy de Gabriele Salvatores. Cette fiction est une vraie réussite qui peut se targuer d’avoir obtenu 6 récompenses au Donatello 2016, l’équivalent de nos César. R. V.

Les Zola (Méliane Marcaggi)

note: 5Madame Zola Les bibliothécaires - 17 décembre 2019

Si Émile Zola est connu pour avoir été l’auteur de l’immense saga familiale des Rougon-Macquart, on en sait en revanche bien moins sur l’écrivain et sa propre famille. Méliane Marcaggi et Alice Chemama nous convient à suivre les traces du romancier, dans le Paris des impressionnistes jusqu’à sa paisible demeure de Médan.

Mais cette bande dessinée réalisée à l’aquarelle est surtout un très bel hommage à Alexandrine Meley, épouse du romancier, et au rôle qu’elle a tenu dans sa vie et dans sa carrière. Jeune lingère qui fréquente le milieu des impressionnistes, c’est elle qui suggéra à Zola d’enquêter au cœur des quartiers populaires parisiens et de se mêler aux ouvriers pour écrire les vingt tomes des Rougon-Macquart. Sa propre jeunesse miséreuse lui inspira les trames de ses romans. Elle sera enfin son plus grand soutien lors de l’affaire Dreyfus et organisera sa défense en France alors qu’il est exilé en Angleterre.

Cette BD biographique est un portrait extrêmement touchant et inspirant : Méliane Marcaggi rend en effet cette Mme Zola très attachante et nous suivons le parcours de vie d’une femme déterminée et lucide, confrontée aux préoccupations et difficultés des femmes de son temps.
À ne pas manquer si vous aimez les romans d'Émile Zola (attention, le romancier en prend tout de même pour son grade…). Vv

Les cicatrices de la nuit (Alexandre Galien)

note: 5Un bon cru pour le prix des Orfèvres 2020 Les bibliothécaires - 14 décembre 2019

2019 devrait rester un bon souvenir pour Alexandre Galien, jeune policier de 28 ans qui remporte le prix du Quai des orfèvres 2020 avec Les Cicatrices de la nuit, un polar glaçant qui se déroule à Paris.
Après vingt années passées à la Mondaine, le commandant Philippe Valmy débarque à la Crim’. Pour son « baptême de l’air », il est servi ! Une jeune femme se prostituant est retrouvée égorgée dans un fourré après avoir été torturée.
Policier en disponibilité, comme Olivier Norek, Alexandre Galien raconte avec minutie l’enquête menée par l’équipe de Valmy et montre, en parallèle, l’horreur avec les yeux du tueur sadique qui va récidiver.
C’est très efficace et effrayant à souhait !
F. D.

The time for peace is now (Little Shadows (The))

note: 5Trésors cachés du gospel Les bibliothécaires - 13 décembre 2019

The time for peace is now est une compilation de gospel issue des circuits indépendants des années 70 et exhale fortement de soul musique. L’album compilé par le label Luaka Bop de David Byrne, est la deuxième proposition consacrée à la musique spirituelle gospel : composée de 14 titres retrouvés dans les greniers et les hangars du Sud des États-Unis, et remaniés par le DJ Greg Belson. Les thèmes abordés traitent de la spiritualité, de la paix ; on évoque l’amour de son prochain, la vie et la mort, la joie, la tristesse et la douleur, sans référence directe à Dieu. De nombreux chanteurs et chanteuses soul ont fait leurs débuts dans les églises, on pense aussi à Aretha Franklin, The Mighty Clouds ou les Staple Singers qui ont influencé des artistes comme The Triumphs, The Little Shadows, Willie Scott & The Birmingham Spirituals ou The Soul Stirrers présents dans cet album. The Time For Peace is now navigue entre soul, funk et R&B. L’album comprend également des notes de carnet en langue anglaise de Jonathan Lethem, écrivain de best-seller rattaché au New York Times, mais aussi de l’expert en gospel Robert F. Darden. Un album à découvrir sans attendre. R.V.

La sémantique c'est élastique (James)

note: 4Jeux de maux Les bibliothécaires - 11 décembre 2019

Regroupant les chroniques parues dans la rubrique sémantique de la Revue Dessinée, La Sémantique c’est élastique propose de revenir en quelques planches sur une expression ou un mot régulièrement employé dans le langage courant.

Avec inévitablement un détour vers la grammaire et l’étymologie, James décortique surtout la véritable signification de ces locutions qui peuvent nous sembler aller de soi… sans pour autant toujours avoir du sens lorsque nous les employons.
Pourquoi est-il inexact de parler d’ « inégalité parfaite » ou de la « clôture » d’un vote ? Pourquoi l’héritier des rois était-il appelé le Dauphin ? Quelle est la différence entre un « salaud » et un « salop » ? En explorant l’évolution du vocabulaire au fil du temps et des cultures, on comprendra enfin pourquoi la dinde, bien qu’originaire du Mexique, est un « poulet d’Inde » en français, une « pintade turque » en anglais, un « poulet hollandais » en Malaisie et une « poule du Pérou » pour les Portugais.
De façon moins anecdotique, sont également abordées des préoccupations plus actuelles telles que la féminisation des noms de métier, le glissement de valeur entre l’expatrié et le migrant économique, ou encore les anglicismes qui seraient pour la plupart issus du français !

Une vingtaine de chroniques qui constituent une lecture à la fois agréable et instructive et qui nous rappellent à quel point maîtriser la langue permet de façonner (voire manipuler ?) les esprits et la réalité. À picorer pour frimer aux dîners de famille.
Vv

Everything not saved will be lost (Foals)

note: 5Rien ne se perd Les bibliothécaires - 3 décembre 2019

Le second volet d’Everything not saved will be lost des Anglais de Foals s’inscrit dans la continuité du premier opus sorti en mars. Structures des morceaux, ambiances et thématiques se complètent et se répondent. Aussi, cette deuxième partie s’avère plus musclée laissant la part belle à de puissants riffs de guitares. En effet, ce quatuor londonien excelle dans l’écriture de morceaux tendus avant la libération d’explosions électriques emportant tout sur leur passage. Portés par leur leader charismatique Yannis Philippakis, Foals s’interroge sur une Angleterre embourbée dans le Brexit, le dérèglement climatique et plus globalement sur l’époque dans laquelle nous vivons. C.G.

Cambio (La Chica)

note: 5Wind of change Les bibliothécaires - 3 décembre 2019

L’artiste franco-vénézuélienne Sophie Fustec sort son premier album sous le nom de la Chica.
Entre rap, pop et nappes électroniques profondes, musique et chants traditionnels d’Amérique du Sud plus traditionnels, La Chica fait cohabiter toutes les émotions au sein de Cambio. De la ballade de Suenos au chant guerrier de Sola, elle explore tous les recoins de sa personnalité et nous fait part d’une musique profondément personnelle. Les morceaux s’enchaînent dans un collage cohérent, entraînant et plutôt irrésistible. C.G.

Dune (Canine)

note: 5L’appel de la meute Les bibliothécaires - 3 décembre 2019

Rares sont les disques aussi captivants dès la première écoute !
A la lisière du féminin et du masculin, Canine transcende les genres de sa voix mouvante. Ce collectif tisse des orchestrations riches avec des motifs électro et des cordes puissantes pour donner naissance à une musique hybride, un voyage musical sensoriel. Cet album dégage une indéniable puissance émotionnelle et cinématographique. C.G.

Oeuvre non trouvée

note: 5Trésors cachés du gospel Les bibliothécaires - 3 décembre 2019

The time for peace is now est une compilation de gospel issue des circuits indépendants des années 70 et exhale fortement de soul musique. L’album compilé par le label Luaka Bop de David Byrne, est la deuxième proposition consacrée à la musique spirituelle gospel : composée de 14 titres retrouvés dans les greniers et les hangars du Sud des États-Unis, et remaniés par le DJ Greg Belson. Les thèmes abordés traitent de la spiritualité, de la paix ; on évoque l’amour de son prochain, la vie et la mort, la joie, la tristesse et la douleur, sans référence directe à Dieu. De nombreux chanteurs et chanteuses soul ont fait leurs débuts dans les églises, on pense aussi à Aretha Franklin, The Mighty Clouds ou les Staple Singers qui ont influencé des artistes comme The Triumphs, The Little Shadows, Willie Scott & The Birmingham Spirituals ou The Soul Stirrers présents dans cet album. The Time For Peace is now navigue entre soul, funk et R&B. L’album comprend également des notes de carnet en langue anglaise de Jonathan Lethem, écrivain de best-seller rattaché au New York Times, mais aussi de l’expert en gospel Robert F. Darden. Un album à découvrir sans attendre.
R.V.

Les éternels (Jia Zhang-Ke)

note: 5Rien n'est éternel Les bibliothécaires - 3 décembre 2019

Les éternels de Jia Zhang – Ke est l’histoire d’amour avortée entre Quiao , jeune femme fidèle aux traditions, et Bin petit chef de la pègre locale.
Le récit se déroule sur une période de 17 ans, montrant ainsi les changements de la société chinoise qui s’ouvre à la culture occidentale. Le film montre aussi les effets des séparations et des retrouvailles entre les deux amants. Ce couple qui vit dans l’insouciance se confronte alors à la violence et à l’agressivité de ce monde en mutation, transformant leur amour en sacrifice. L’abandon et la solitude laisseront place à la recherche de tout ce qui a été perdu. Dans cette quête on découvre un monde dévasté : usine à l’abandon, quartier populaire rasé, barrage hydraulique qui inonde toute une vallée, etc. Le paysage devient le prolongement du personnage de Quiao. La trajectoire sentimentale du personnage se mêle à l’histoire nationale du pays. Le réalisateur montre comment les personnages s’adaptent au sein de cette nouvelle société. On trouve déjà ce propos dans ses précédents films comme Still Life . Néanmoins, les ellipses un peu trop fréquentes brisent quelque peu le fil narrateur. Une fresque cependant immense avec des acteurs impériaux, du grand Zhang-Ke. R.V.

Oeuvre non trouvée

note: 4« Vous avez un nouveau message » Les bibliothécaires - 12 novembre 2019

« Pourquoi les féministes sont toujours laides à gerber ? », « Il faudrait arracher l’utérus aux salopes de ton genre », « J’espère que tu te feras violer à mort ». Tels sont les mots doux adressés à de nombreuses internautes finlandaises et qui illustrent la violence dont font preuve certains derrière l’anonymat sécurisant du net.

Dans cette bande dessinée proche de l’enquête, la journaliste finlandaise Johanna Vehkoo et la dessinatrice Emmi Nieminen donnent la parole aux victimes de cyber-harcèlement, et plus particulièrement aux femmes, qui font le plus souvent l’objet d’injures à caractère sexuel et misogyne.
Elles sont militantes, politiques, artistes, bénévoles d’associations, chercheuses, ou de simples internautes ayant eu l’audace de manifester leur opinion sur les réseaux sociaux. Leur activité, leur origine ethnique ou les propos qu’elles ont pu tenir en ont fait les cibles de réelles campagnes de haine sur internet qui ont fini par submerger leur vie professionnelle et personnelle.
Spécialiste des questions sur la désinformation et la vérification des faits, Johanna Vehkoo recueille des témoignages particulièrement dérangeants, dont la fureur et la vulgarité frisent parfois le grotesque. Dans une seconde partie fondée sur des travaux de recherche, elle démonte les mécanismes de ces déchaînements de haine, et en signale la banalisation et les conséquences sur les victimes (l’impuissance des autorités contraignant parfois certaines d’entre elles à l’autocensure).
À noter en fin d’ouvrage, un petit guide qui explique comment réagir si l’on devenait soi-même la cible de harcèlement en ligne… Une lecture édifiante et nécessaire.
Vv

Ceux de 14 (Maurice Genevoix)

note: 5Un chef d’œuvre bouleversant à lire absolument ! Les bibliothécaires - 12 novembre 2019

« Ceux de 14 » n'est pas seulement le plus grand classique sur 14-18, c'est aussi l'ouvrage d'un immense écrivain. En effet, ce n’est pas un pamphlet sur la première guerre, ni un roman à thèse ou à orientation pacifiste et encore moins une œuvre à visées patriotiques. Ici, Maurice Genevoix y décrit les batailles, la vie, la brutalité des combats et les atrocités de la guerre, la souffrance de ses compagnons d’arme lors des batailles de la Marne, de l’Argonne, des Hauts-de-Meuse. Ce qui en fait incontestablement LE témoignage sur 14-18, le « maître ouvrage » sur la première guerre mondiale coté français.

C'est à partir de ses notes quotidiennes prises sur les champs de bataille que va s'élaborer son œuvre littéraire dans laquelle une vision humaniste se dégage à chaque page, alliée à une grande sincérité humaine.

Grièvement blessé aux Éparges le 25 avril 1915 (en même temps que Ernst Jünger et dans le même affrontement), il fut réformé. Il reprit par la suite ses cahiers, ce qui donna Sous Verdun, en 1916, un récit dont le réalisme lui vaut d'être largement censuré, puis Nuits de guerre (1917), La boue (1921) et Les Eparges (1923), rassemblés ensuite dans Ceux de 14 en 1949.

Initialement prévue en 2019, la double entrée au Panthéon de Maurice Genevoix et de « Ceux de 14 » se déroulera finalement en 2020 conjointement au centenaire de l’inhumation du Soldat Inconnu. Cette « panthéonisation », porte-parole « du Soldat de 1914 » qui sera inhumé, mais également, à titre collectif, de « Ceux de 14 », soldats et femmes qui ont accompagné sur le front, les fera entrer glorieusement au Panthéon aux côtés de l'académicien.

Venez donc (re)découvrir au rayon « Fictions » de l’espace adulte de la médiathèque, ce chef d’œuvre bouleversant.
F. D.

Petit (Maria Jalibert)

note: 5Qui est le plus minuscule? Les bibliothécaires - 12 novembre 2019

Des Illustrations faites avec des petits bouts de feutrine et de tissu et des couleurs pastels. Histoire amusante sur la taille des animaux, du plus grand au plus petit.
Le petit du ver de terre est plus petit que le petit de la poule, qui est plus petit que le petit du chat, etc. Mais le plus petit des plus petits, c'est qui ?
Un album simple et malin, qui s'amuse des échelles et des réactions de chacun. .

Edmond (Alexis Michalik)

note: 5Edmond ou comment la scène arrive sur grand écran... Les bibliothécaires - 2 novembre 2019

Edmond est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme d’Alexis Michalik. Initialement, la pièce avait été écrite pour le cinéma, mais le manque de moyens l’amena vers les planches. Le succès fut tel que la pièce est encore à l’affiche du théâtre du Palais Royal, et récompensée par 5 Molières en 2017. Le film est un biopic ou plutôt une fiction réaliste sur la vie d’Edmond Rostand au moment où il écrit Cyrano de Bergerac en 1897. Paris à la fin du 19ème siècle : la France est en pleine affaire Dreyfus, les frères Lumière bouleversent le monde avec leurs images animées projetées dans les salles parisiennes grâce au premier cinématographe. A travers l’écriture de Michalik, les deux univers se rencontrent souvent. Edmond est un récit très romancé au fil duquel on découvre comment Rostand, qui signe des tragédies en vers lorsque le public réclame des comédies en prose, est contraint d’essuyer des échecs. Ainsi le dramaturge George Feydeau, avec son célèbre Dindon, est son grand concurrent de l’époque. Rostand n’a d’autre choix, pour renouer avec le succès, que d’imaginer un chef-d’œuvre en l’espace de trois semaines. Ce sera Cyrano, qu’il écrit en s’inspirant d’un échange épistolaire avec une habilleuse. Michalik arrive à nous plonger dans cette merveilleuse effervescence de l’époque, comme au première loge de la représentation initiale grâce au casting formidablement choisi. Un hommage magnifique qui motive à revoir l’une des plus belles pièces du théâtre français.

La lutte des classes (Michel Leclerc)

note: 4Les « bobos » de la gauche Les bibliothécaires - 2 novembre 2019

Michel Leclerc signe avec La lutte des classes une comédie satirique sur la société d’aujourd’hui. Sofia (Leïla Bekhti) et Paul (Edouard Baer) sont en couple : elle est une brillante avocate d’origine maghrébine, lui est le batteur d’un groupe de rock punk anarchiste dont la gloire n’a jamais vraiment décollé. Ils décident de s’installer en banlieue parisienne pour offrir un meilleur cadre de vie à leurs enfants et emménagent à Bagnolet en Seine Saint Denis, là où Sofia a grandi. Mais le lieu idéalisé de son enfance a disparu, la plupart des amis du couple préfèrent placer leurs enfants en école privée car l’école laïque républicaine ne joue plus son rôle de mixité sociale. Corentin se retrouve vite à être le seul blanc de sa classe, et ses camarades lui mènent la vie dure lorsque les questions culturelles et religieuses s’invitent à l’école. Michel Leclerc se moque gentiment de la gauche des bobos bien-pensants qui plaident le vivre ensemble mais qui, une fois confrontés à la réalité, prennent leurs jambes à leur cou pour fuir des décisions contradictoires. Il pointe ici l’hypocrisie de ces personnes qui prétendent cependant défendre les plus pauvres. Le ton critique de cette comédie permet de mettre sur un pied d’égalité les bobos gauchistes et les communautarismes. Le film finit par s’essouffler, en tombant dans les clichés et les discours moralisateurs.

Cependant, La Lutte des classes reste un film intelligent, drôle et qui donne à réfléchir. R. V.

Le feu de Thésée n° 1 (Jerry Frissen)

note: 5La véritable histoire de Thésée et le Minotaure Les bibliothécaires - 26 octobre 2019

Oubliez le fier Thésée terrassant le terrible Minotaure au cœur de son labyrinthe. Et si, en vérité, le héros de cette légende était une femme ? C’est ce que propose de nous relater Jerry Frissen dans ce magnifique diptyque, en incarnant Thésée sous les traits d’une héroïne, fille illégitime du Roi Égée, rejetée puis livrée à des hommes avides de chair fraîche. Jusqu’à ce que cette victime relève la tête et apprenne à se battre pour retrouver sa liberté. Mais l’abandon odieux de son père n’a jamais quitté ses pensées. Elle se rend alors à Athènes… L’heure de la vengeance a sonné.
Dans cette brillante version revisitée, Jerry Frissen nous livre ici des dialogues bien écrits, des personnages charismatiques ainsi qu’un rythme de narration impeccablement tissé. En prime, le dessin de Francesco Trifolgi se montre équilibré et régulier, spectaculaire par moment et expressif sur les personnages et leurs mouvements. Un sans-faute pour cette étonnante relecture du mythe grec.

A suivre, bientôt à la médiathèque : Le Feu de Thésée, Tome 2 : Vaincre.
F. D.

Oeuvre non trouvée

note: 5Mangaception Les bibliothécaires - 26 octobre 2019

La série Bakuman nous fait suivre le chemin initiatique de Moritaka Mashiro et Akito Takagi, tous deux élèves de troisième souhaitant devenir mangakas. Leur duo insolite va se confronter à la dure réalité du milieu, la vie de mangaka étant loin d’être rose, la route vers le succès s’annonce longue et ardue.
Parue depuis déjà neuf ans, cette série s’est vite créée une place parmi les « classiques », de par le sujet choisi et la façon dont elle le traite (il faut bien reconnaître que faire un manga sur comment faire un manga est une idée assez cocasse).

Qu’il s’agisse ici pour vous d’une lecture-découverte ou bien familière, cette série est un vent de fraîcheur : au revoir combats sanglants entre personnages aux muscles surdimensionnés, au revoir jeune japonais lambda qui meurt tragiquement avant de se réincarner en héros incroyable dans un énième monde fantaisiste. La vraie vie, la galère de la page blanche, les semaines à manger des pâtes par manque de budget! Bakuman c’est tout cela, et c’est bon !
Th. V.

Le dieu vagabond (Fabrizio Dori)

note: 5Un road trip mystique aux accents pop Les bibliothécaires - 26 octobre 2019

Eustis, compagnon de Dionysos et de Pan, est un satyre exilé dans le monde des mortels pour avoir offensé la farouche Artémis. Pour rentrer chez lui, il entreprend alors un voyage qui le mènera des bords d’autoroute à l’antre de la sinistre Hécate, en passant par la demeure d’Hadès.
Cet album nous embarque dans une odyssée moderne et psychédélique qui réécrit superbement les mythes antiques, servi par un graphisme éblouissant oscillant entre l’ocre des céramiques antiques et les multiples références aux plus grands maîtres de la peinture et du dessin. Des tournesols de Van Gogh à la vague d’Hokusai en passant par le pop art et le Little Nemo de Winsor McCay, ce road-trip mystique est une véritable perle à découvrir.
Vv

Une fin de loup (Jérôme Camil)

note: 5Un conte pas comme les autres Les bibliothécaires - 15 octobre 2019

C'est avec Brio que l'auteur choisit de détourner les contes traditionnels .
Dans un pré, des moutons s’apprêtent à en découdre avec le loup censé surgir de la brume… Au lieu de ça, le loup se prélasse, bien installé dans son canapé… (…)
Entre album de jeunesse et pièce de théâtre, c'est une histoire pleine de surprises où l'on savoure humour et malice!

Emma Wrong (Lorenzo Palloni)

note: 4Un huis-clos déroutant aux accents rétro Les bibliothécaires - 10 octobre 2019

Désert du Nevada, 1951. Le cadavre d’une femme est découvert un matin dans la piscine du Hot Rock Motel… Quelques jours plus tôt, curieux et vacanciers s’y sont pressés pour assister au premier essai nucléaire sur le sol américain. Parmi la clientèle, l’étrange Emma Wong trouble par sa beauté et son passé mystérieux. Lancée sur les traces de son espion d’amant qui se serait dissimulé dans le motel, sa présence va déclencher une suite d’événements qui vont rapidement lui échapper…
Lorenzo Palloni et Laura Guglielmo nous servent un début d’intrigue qui n’est pas sans rappeler les plus célèbres trames d’Agatha Christie… avant de tout bonnement brouiller les pistes et de multiplier des retournements dignes d’un roman d’espionnage à la Ian Fleming. Dans une Amérique en pleine guerre froide, le dessin semi-réaliste et la palette en quadrichromie de Laura Guglielmo nous entraînent dans un huis-clos prenant et déroutant aux accents rétro… Attendez-vous à une intrigue tordue et à un final explosif.
Vv

A bath full of ecstasy (Hot Chip)

note: 5Bain de rave Les bibliothécaires - 5 octobre 2019

Les anglais du groupe Hot Chip signent avec A bath full of ecstasy leurs 7ème album studio. Il a été enregistré entre Londres et Paris avec la collaboration de producteurs de renom tels que Philippe Zdar et Rodaidh McDonald. La French touch est très présente dans l’album et certains titres ne sont pas sans rappeler Daft Punk, ou encore Petit Biscuit notamment sur le titre A bath full of ecstasy. Le quintet navigue dans les eaux dansantes de la synthpop des eighties. Le clubbing est à la base de cet album puisque ces quarantenaires ont passé leurs jeunes années en club à écouter du drum’n’bass, disco, garage, deep funk et de la house. Le premier titre, Melody of love nous plonge dans les années 80 avec un son pop et des envolées synthétiques. Hot Chip signe un magnifique album qui donne envie de s’immerger dans un bain multicolore. RV

Who's happy? (Hugh Coltman)

note: 5Crooner folk Les bibliothécaires - 2 octobre 2019

Après le succès de son album hommage à Nat King Cole (disponible à la médiathèque), le crooner britannique prend la direction de la Louisiane. Le plus francophile des chanteurs anglais s’associe au guitariste français Freddy Koella, collaborateur de Bob Dylan pour composer Who’s Happy ?
Enregistré à la New Orleans, berceau du jazz, il alterne entre des balades intimistes et des compositions endiablées exécutées par des brass bands. C'est donc un son trés chaud et cuivré, gorgé de so(u)l(eil) et parfois accompagné de guitares blues et folk. C.G.

Green balloon (Tank and The Bangas)

note: 5L'appel des Bangas Les bibliothécaires - 2 octobre 2019

Issu de la Nouvelle Orleans, le collectif Tank and the Bangas mené par la flamboyante Tarriona Tank Ball s’émancipe de tout essai de classification musicale, au grand dam des bibliothécaires ! Riche d’un bagage culturel, cet orchestre de poche combine spoken world, r’n’b, hip hop, soul…un cocktail vitaminé et réjouissant, une musique « feel-good » , une bonne dose de sérotonine dans les oreilles ! C.G

Cédric Villani (Cédric Villani)

note: 4Les maths pour les Nuls Les bibliothécaires - 2 octobre 2019

Qui n’a jamais rêvé de comprendre les mathématiques de façon ludique à travers des exemples du quotidien ? Grâce au mathématicien Cédric Villani médaillé Fields en 2010, cette discipline devient accessible à partir d’une série de huit conférences présentées en 2017 à la Maison aux Métallos. Ces conférences sont mises en scène afin de capter l’attention des spectateurs. Le scientifique a voulu utiliser une méthode joueuse en partant de sujets qui à priori n’ont rien de mathématique. L’exemple de la chauve-souris permet d’aborder la physique en étudiant les fréquences et les sons. En effet, la chauve-souris utilise l’écholocalisation pour se nourrir et se déplacer dans l’obscurité. En observant le vol de ce mammifère, les scientifiques étudient les frottements dans l’air. Tous ces domaines nécessitent donc des équations et théories mathématiques qui permettent de modéliser la réalité.
La mathématique participe ainsi à toutes sortes de phénomènes et on se rend compte que les choses familières recèlent une part de mystère et de merveilleux. Des conférences passionnantes qui vont vous réconcilier avec les maths. R.V.

La guerre des fourmis (Franck Courchamp)

note: 4L'art de la guerre, version "Minuscule" Les bibliothécaires - 1 octobre 2019

Si vous aussi vous vous êtes amusés à observer les fourmis lorsque vous étiez enfant, vous vous replongerez avec fascination dans le monde de ces petites bêtes grâce à cet album qui dévoile les arcanes de modes de vie pour le moins étonnants.
Si les fourmis sont des modèles de survie collective et contribuent à l’équilibre des milieux naturels, Franck Courchamp et Mathieu Ughetti nous emmènent à la rencontre d’espèces plus agressives, dites « envahissantes », et qui représentent un réel danger pour les autres insectes, animaux, voire pour l’homme. De la fourmi balle de fusil dont la morsure provoquerait une douleur équivalente à « marcher sur des charbons ardents avec un clou de 10 cm dans le talon », à la fourmi folle qui décime les populations de crabes des îles Christmas, en passant par celles qui s’attaquent aux câbles et aux champs électriques dans les villes, l’album passe en revue ces féroces petites bêtes qui se disputent des territoires et mettent en place de réelles stratégies de survie et de conquête... et qui coûtent des millions aux États chaque année et ce dans la plus grande discrétion.
Malgré sa complexité, le sujet est abordé avec pédagogie et humour, ce qui rend le propos limpide et ludique, et on croirait presque lire de la science-fiction. Mais l’album nous rappelle avec justesse le rôle que joue chaque espèce (aussi minuscule semble-t-elle) sur les écosystèmes, notamment à l’heure du réchauffement climatique qui favorise l’expansion de certaines espèces particulièrement voraces…Et on est bien content de ne pas vivre à leur échelle ! Une bd de vulgarisation passionnante, à mettre entre toutes les mains, et ce dès 10 ans.
Vv

En liberté ! (Pierre Salvadori)

note: 5La rançon du désespoir Les bibliothécaires - 3 septembre 2019

Pierre Salvadori, dans cette comédie fantasque, met en avant le personnage d’une veuve qui cherche à réparer les erreurs commises par son défunt mari, un flic ripoux et véritable héros local. Yvonne Santi, interprétée par Adèle Haenel, est donc une jeune inspectrice de police, mère d’un jeune garçon, qui vient de perdre son mari Jean (Vincent Elbaz), capitaine dans le même commissariat. L’histoire débute lorsque Yvonne découvre que Jean a fait inculper un innocent en la personne d’Antoine (Pio Marmaï) pour masquer sa participation à un braquage de bijouterie. Lorsque Antoine sort enfin de prison, elle va tout mettre en œuvre pour le réintégrer dans la société tandis que celui-ci va l’entraîner dans une multitude de situations peu confortables et des plus insolites.
Le réalisateur utilise les flashbacks pour modeler la réalité concernant la mort en héros de Jean sous la forme d’histoires racontées à son fils par Yvonne. Cette histoire varie en fonction de l’état d’esprit de la mère, le but étant de révéler de façon douce la vérité sur ce père magnifié et à travers le fils. L’intérêt du film est de traiter un sujet dramatique par le biais d’une comédie légère utilisant à la fois le burlesque, la romance, ou bien encore le conte. La réussite de ce film réside ainsi dans les dialogues, écrits par Salvadori lui-même, et dans le fil narratif très singulier guidé par ses 2 coscénaristes, Benjamin Charbit et Benoît Graffin.
Pour la rentrée, une bonne comédie à regarder en famille. R.V.

Une affaire de famille (Hirokazu Kore-Eda)

note: 5Sans Famille Les bibliothécaires - 29 août 2019

Sur le chemin de la maison, après une session de vol à l’étalage, Osamu et son fils trouvent un soir, une fillette qui semble livrée à elle-même. Ils décident de la ramener à la maison, où vivent déjà sa femme, sa belle-sœur et la grand-mère. Tous les films de Hirozaku Koré-Eda traitent de la famille et celui-là ne déroge pas à la règle. Sauf que, cette famille est artificielle. Aucun lien du sang n’en unit les membres. Grâce à une grande maîtrise du récit, le spectateur entrevoit progressivement chaque personnage et leur connection. Cette famille n’existe que parce-que chacun de ses membres l’a décidé. C’est avec une grande tendresse que Kore Eda filme cette communauté de cœur associée face à la violence du monde. En effet, le cinéaste met également en lumière les déclassés de la société japonaise et témoigne son affection à ceux qui luttent pour joindre les deux bouts, parfois en volant, souvent en travaillant pour un salaire de misère. De ce point de vue, Kore Eda livre là son film le plus engagé en montrant un Japon méconnu où la réussite économique du pays engendre une forte précarité sociale.
Enfin, le réalisateur pousse plus loin sa réflexion sur la notion de famille et bouscule les conceptions poussiéreuses autour de la cellule familiale traditionnelle. Cette notion est compliquée et fragile, et Kore-eda nous le montre bien. Une vérité universelle. C.G.

Oeuvre non trouvée

note: 5Noir et lumineux Les bibliothécaires - 24 juillet 2019

Gabriel, prêtre, reçoit une femme dans la pénombre de son confessionnal. Cette dernière lui demande d’aller bénir le corps d’une femme qui vient de mourir dans l’asile voisin. Plus étrange, elle lui demande surtout de récupérer discrètement des cahiers cachés sous la robe de la défunte. Gabriel tient sa promesse et la lecture des cahiers le/nous plonge dans le destin de Rose.

Rose y raconte comment son père l’a vendue, à l’âge de 14 ans à un maître de forge, et la vie qu’elle a eu ensuite.

En grand conteur, Franck Bouysse livre un grand roman romanesque et bouleversant comme un classique du 19ème siècle. Noir et lumineux à la fois

Noire (Émilie Plateau)

note: 4Avant Rosa Parks Les bibliothécaires - 23 juillet 2019

Si Rosa Parks représente une figure emblématique du mouvement des droits civiques, son refus de céder sa place à une personne blanche dans le bus lui avait été inspiré par la résistance que manifesta une jeune collégienne neuf mois plus tôt, au même arrêt. Adapté de l’essai de Tania de Montaigne, Émilie Plateau nous livre un roman graphique au dessin simple et enfantin qui revient sur la vie de Claudette Colvin, oubliée de l’histoire.
Claudette a quinze ans en mars 1955 lorsque, sur le trajet retour de l’école, elle refuse de laisser sa place de bus à un Blanc. Son arrestation est l’occasion pour l’Association Nationale pour la promotion des Gens de couleur (NAAPC) de porter l’incident devant les tribunaux, espérant ainsi ébranler les lois ségrégationnistes. Auprès de la jeune fille se presseront des figures telle que Rosa Parks, secrétaire de l’association dans la ville de Montgomery, ainsi que d’autres défenseurs des droits civiques comme Jo Ann Robinson ou encore le jeune pasteur Martin Luther King. Mais la perte du procès ainsi qu’une grossesse non désirée feront disparaître la jeune fille de l’histoire officielle : trop jeune, trop inconsciente et plus assez respectable, Claudette Colvin n’a plus l’étoffe d’une icône et retombera donc dans l’anonymat.
En revenant sur les réalités de la ségrégation raciale, Émilie Plateau et Tania de Montaigne rappellent ainsi que ce racisme fut doublé, pour les femmes noires, d’un mépris constant que suscitait leur statut de femme, et ce, aussi bien au sein de la communauté noire que blanche : « Vous êtes une femme, donc moins qu’un homme, et vous êtes noire, donc moins que rien ».
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 5Une poule qui n'aime pas pondre! Les bibliothécaires - 6 juillet 2019

Une poule , Cunégonde, cherche des solutions plus cocasses les unes que les autres, pour ne pas pondre son œuf du jour. Elle est drôle et pleine d’imagination! Une
aventure qui l’emportera jusqu’au bout du monde. Attention, la chute est, comme dit l’auteure en parlant de son histoire, INCROYABLE !

Le livre qui dit non (Cédric Ramadier)

note: 4Un livre ludique à lire pendant la phase d'opposition Les bibliothécaires - 6 juillet 2019

L’auteur a une façon ludique, originale et très personnelle de nous parler des émotions. On vit et ressent les humeurs changeantes de son personnage, le livre ! Il peut ainsi être en colère, amoureux ou grognon…
Mais son ami la petite souris trouvera avec beaucoup de tendresse, de câlin et un bisou ..des solutions.

El Mal querer (Rosalia)

note: 5Flamenco 2.0 Les bibliothécaires - 6 juillet 2019

Jeune catalane, Rosalia dépoussière littéralement le flamenco. Elle pulvérise les codes de ce genre ancestral en y insufflant des sonorités urbaines. Mixé avec du hip-hop, du Rn’B, de la pop et de l’électro, ce produit typique de la terre d’Espagne hyper édicté, se pare ici de nouveaux atours. Très controversée par les puristes et accusée de dénaturer cet art, elle lui rend plutôt hommage et l’amène sur un nouveau terrain. C.G.

Sans un bruit (John Krasinski)

note: 4Le silence est d’or Les bibliothécaires - 2 juillet 2019

Sans un bruit de John Krasinski, sorti en 2019, ouvre une nouvelle ère du film d’horreur en prenant le silence comme maître du suspense. On suit une famille composée de trois enfants et des parents essayant de survivre, dans un univers post-apocalyptique, à des créatures monstrueuses dont l’origine nous est inconnue. Le réalisateur, bien inspiré lors de son casting, choisit à la fois des acteurs expérimentés et de jeunes novices. Le rôle de la mère est tenu par la compagne de Krasinski, Emily Blunt, déjà habituée aux rôles de science-fiction (Edge of tomorrow) et celui du du père par Krasinski lui-même.
Le réalisateur ne s’attarde pas en explication mais préfère plonger dès le début du film le spectateur dans un suspense haletant : on est immédiatement envahi par la peur avec la capture du plus jeune enfant suite à un manque d’attention des parents. Certaines scènes très inspirées de La guerre des mondes ne révolutionnent pas le genre mais participent à ce climat, le tout plongé dans un silence de plomb, digne du chef d’œuvre Alien. Une mention spéciale à la jeune actrice sourde Millicent Simmonds, splendide dans son univers insonore plein d’effroi.
Quelques observations cependant : la musique impose son appréciation émotionnelle au spectateur, qui aurait préféré sans doute la puissance évocatrice du silence. La fin du film est jubilatoire grâce à la découverte du point faible de ces terrifiantes bébêtes…
Sans oublier le bonus: un making-of qui permet de mieux comprendre la réalisation de ce petit chef-d’œuvre, entre l’horreur et science-fiction. R.V.

Oeuvre non trouvée

note: 5Flamenco 2.0 Les bibliothécaires - 2 juillet 2019

Jeune catalane, Rosalia dépoussière littéralement le flamenco. Elle pulvérise les codes de ce genre ancestral en y insufflant des sonorités urbaines. Mixé avec du hip-hop, du Rn’B, de la pop et de l’électro, ce produit typique de la terre d’Espagne hyper édicté, se pare ici de nouveaux atours. Très controversée par les puristes et accusée de dénaturer cet art, elle lui rend plutôt hommage et l’amène sur un nouveau terrain.

A ghost story (David Lowery)

note: 4Ghost in translation Les bibliothécaires - 2 juillet 2019

A Ghost Story explore ici un genre nouveau pour le réalisateur David Lowery adoptant le point de vue du fantôme (déjà traité - différemment - par le réalisateur Jerry Zucker dans les années 1990 dans le film Ghost, interprété par Patrick Swayze).
Il s’agit d’un couple installé dans un pavillon de banlieue américaine dont l’histoire vire au drame lorsque l’époux, interprété par Casey Affleck, meurt dans un accident de voiture. Ce dernier revient sous les traits d’un fantôme, hanter la vie de sa femme.
Mais ce fantôme drapé de blanc reste invisible pour le reste de l’humanité. Il erre telle une âme en peine, condamné au purgatoire. Ne subissant pas l’influence du temps, il cherche à trouver un sens à sa présence. Plus rien ne subsiste en lui de sa vie antérieure car il a tout oublié, seulement l’attachement au lieu. David Lowery prend son temps, il filme un drame poétique et contemplatif qui contraste avec les traditionnels films du genre qui s’insèrent dans le registre de l’horreur. De longs plans séquence ponctués d’une musique douce où les seules scènes effrayantes sont celles de l’apparition du fantôme montrent une connexion entre le mort et les vivants. Tout est fait pour que le spectateur soit pris de compassion pour ce spectre qui expérimente la solitude.
Un film d’une douceur absolue qui invite à une belle réflexion sur la vie après la mort. R.V.

Dans un rayon de soleil (Tillie Walden)

note: 5Un space opera poétique et dépaysant Les bibliothécaires - 21 juin 2019

Dans une galaxie pas si lointaine, un vaisseau papillonne de planète en planète à la recherche de monuments désaffectés. Il s’agit de l’équipage d’Alma et de Char, chargé de restaurer les ruines d’une civilisation passée qui parsèment l’espace. C’est ce groupe hétéroclite que rejoint Mia, fraîchement diplômée et hantée par le souvenir d’un amour disparu.
Dans un voyage onirique à travers un espace infini, Tillie Walden signe un space opera amoureux d’une mélancolie lancinante. La beauté et l’énigmatique obscurité des paysages spatiaux insufflent une grande poésie à la narration, ponctuée par les couleurs éclatantes des astres et des comètes qui baignent l’atmosphère. Magnifique et absolument dépaysant.
Vv

KidZ n° 1 (Aurélien Ducoudray)

note: 4Madame Finksen n’a plus toute sa tête Les bibliothécaires - 8 juin 2019

Comment survivre à l’apocalypse zombie quand on a 10 ans, que l’on est réfugié dans un pavillon de banlieue sous le soleil de Californie et que l’on a vu ses parents s’entredévorer ? En comptant sur sa bande de copains; Brooks, Cochonou, Mickey et les jumeaux, et en organisant la défensive entre expéditions punitives et recherche de biens de consommation. La survie à tout prix jusqu’au jour où la petite communauté est confrontée à un problème majeur : l’arrivée de deux jeunes filles, Polly et Sue…

Quand Walking Dead rencontre la série bande dessinée Seuls…Points communs avec cette série : des adolescents dont les parents ont disparu, le décor d’une banlieue pavillonnaire, mais dans Kid’Z, nos jeunes héros ont fort à faire avec des zombies…
Pour les plus jeunes, la thématique « zombies » est souvent abordée sur le registre de l’humour (Zombillénium, Mélusine, Kid Paddle…), la série Kid’Z s’adresse aux plus grands de nos jeunes lecteurs, elle alterne humour et aventure tout en jouant le jeu du genre « zombie » avec quelques coups de batte de base-ball.

Ducoudray, scénariste prolixe, a écrit peu de scénarios de bandes dessinées pour la jeunesse. Il nous livre un album qui sait alterner les scènes d’actions et les moments d’intimité en laissant de la place à l’univers de l’adolescence. Le dessinateur Joret vient de l’animation et du jeu vidéo, l’efficacité de son dessin au trait rapide dynamise le récit.
Cette nouvelle série devrait combler les jeunes lecteurs qui ont dévoré les albums Seuls et regardé la série télévisée Stranger Things. Y. G.

Charlotte impératrice n° 1
La princesse et l'archiduc (Fabien Nury)

note: 4Profiter du destin et arracher le pouvoir Les bibliothécaires - 8 juin 2019

1850, Charlotte 10 ans fille de Léopold 1er, Roi des Belges, est conduite devant sa mère Louise d’Orléans qui vient de décéder. Quelques années plus tard, sa rencontre avec Maximilien 1er et le mariage qui va suivre, marque le début de son parcours d’archiduchesse qui sert de trame à cette nouvelle série historique. Nous découvrons à ses côtés les coulisses tourmentées de ces cours d’Europe au milieu du XIXème siècle. Jeu de pouvoirs dans cette Europe en guerre qui oppose les empires mais aussi affrontements dans le couple entre Charlotte et Maximilien…

Charlotte impératrice n’est pas une série historique de plus dans la production éditoriale foisonnante de bande dessinée. C’est une rencontre, celle du scénariste Fabien Nury dont les séries (Il était une fois en France, La Mort de Staline, L’Or et le sang, Silas Corey, Tyler Cross…) prévalent de la qualité de celle-ci et du dessinateur Mathieu Bonhomme (Esteban, Le Marquis d’Anaon, Lucky Luke, Texas cow-boys…) à l’élégant dessin d’un réalisme épuré…Le résultat, une fresque historique sur cette partie de l’histoire peu traitée en bande dessinée, l’Europe du milieu du XIXème siècle et sur l’expédition mexicaine qui entraîna les troupes françaises au Nouveau Monde. Cet album raconte aussi un parcours de femme, celui de Charlotte qui devra forcer son destin, mariée très jeune et confrontée à la pression du pouvoir impérial, pour gagner face un mari défaillant l’autonomie d’une impératrice. Y. G.

Je voudrais que la nuit me prenne (Isabelle Desesquelles)

note: 5Voir la lumière d’une étoile ne prouve pas son existence Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Dès le premier chapitre une émotion mystérieuse vous étreint. D’où vient ce serrement à la gorge à la lecture alors que l’auteur nous décrit l’enfance de Clémence petite fille de huit ans ? Le regard d’une petite fille témoin de l’amour de ses parents, un père « maître d’école » et une maman au cœur immense et rayonnant. La petite fille s’émerveille de la vie, de cet amour, du quotidien entre des parents aimés et s’aimant. Cette petite fille projette cet amour partagé, ce trop-plein d’émotions dans un sentiment naissant pour son petit voisin, un amour déjà mature, bouleversant. Le roman aborde l’enfance par la force des moments vécus qui ne seront bientôt que des souvenirs…Pourquoi dans ce quotidien d’amour familial et de fantaisie, imperceptiblement une ombre vient à planer…
Une écriture habile à décrire le sensible au service d’une histoire qui éclaire le pourquoi de cet émoi ressenti. Une belle lecture qui a su convaincre aussi les jeunes lecteurs qui lui ont attribué le prix Femina des lycéens 2018. Y.G.

Helena (Jérémy Fel)

note: 5Dans l’obscurité du champ de maïs, j’ai bien cru apercevoir l’épouvantail se déplacer… Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Longue traînée de bitume dans la chaleur de l’été, Hayley roule dans sa décapotable rutilante vers la gloire, le tournoi de golf pour lequel elle s’est entraînée. Jeune et jolie californienne, tout lui réussit, à part le petit copain qui semble chercher ailleurs. Et…Le cabriolet tomba en panne…
Mais quand tout vous sourit, c’est une charmante famille américaine, mère courage et ses trois enfants, qui vous accueille pour vous permettre de dépanner votre Aston Martin…Mais même dans les contes de fée, la maison de pain d’épices s’avère être un piège redoutable. Dans cette ferme balayée par les vents chauds du Kansas, perdue au milieu des champs de maïs, un jeune ogre de dix-sept ans contient sa rage…
Ce thriller psychologique semble issu de la plume d’un auteur américain … Le plus américain des jeunes auteurs français (son deuxième roman) nous livre un roman qui s’inspirent autant du conte, de la littérature américaine que du cinéma et des séries. Un croisement entre Truman Capote, le magicien d’Oz et Stephen King…
Jusqu’où une mère peut aller pour sauver ses enfants…Y.G.

Gaspard va au mariage (Antony Cordier)

note: 5Family Business Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Ce film original ressemble à un conte de Charles Perrault. On y trouve des forêts, une grande maison familiale qui tient lieu de château, une fratrie aux rapports ambigus, une maman décédée et le remariage du Père.
Après plusieurs année d’absence, Gaspard, rejoint donc sa famille dans le Limousin pour assister au remariage de son père. Par le biais d’une rencontre improbable dans le train, il parvient à convaincre une jeune fille de jouer le rôle de sa petite amie pendant le séjour pour échapper aux griffes de cette fratrie. Précisons que le lieu du mariage n’est autre qu’un zoo détenu par la famille depuis toujours et où les enfants ont grandi. C’est également un lieu d’enfermement pour le frère et la sœur de Gaspard qui restent comme emprisonnés dans cet univers d’enfance et que Gaspard tente de fuir depuis toujours. Il est bien là, l’enjeu principal du film : faire le deuil de l’enfance pour devenir adulte.
Le film souffre de plusieurs défauts mais vaut le détour pour son humour décalé et sa douce extravagance. C.G.

Bach inspirations (Thibaut Garcia)

note: 5Cordes de Paradis Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Thibaut Garcia est un jeune guitariste classique diplômé du conservatoire de Toulouse : révélation dans la catégorie Soliste Instrumental des victoires de la musique classique 2019. Il offre ici un album guitare seule intitulé Bach inspirations dans lequel il rend hommage au grand compositeur allemand en interprétant trois œuvres inspirées de sa musique. L’écoute de l’album transporte dans un univers néo-classique. C’est une manière de découvrir un répertoire pour guitare, mal connu du grand public, et qui s’inspire directement des compositions de Bach, d’œuvres qui furent initialement écrites pour être jouées à la guitare comme La catedral de Agustín Barrios-Mangoré, ou encore les Inventions d’Alexandre Tansman. Epoustouflante interprétation de l’Ave Maria par la soprano Elsa Dreisig accompagnée par la guitare seule de Thibaut Garcia. Un véritable moment de paix à écouter égoïstement installé dans son salon un verre à la main. R.V.

Amanda (Mikhaël Hers)

note: 5Guérir à deux Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Dans ce film on suit David Sorel, jeune homme de 24 ans un peu débrouillard qui jongle entre son travail d’élagueur à la ville de Paris et celui de réceptionniste pour touristes au compte de son propriétaire bailleur. Il soutient sa grande sœur Sandrine, mère célibataire et professeur d’anglais au lycée Arago, en allant chercher sa nièce Amanda, âgée de 7 ans, à l’école. Bien qu’il soit souvent en retard, il fait de son mieux, et une relation très complice s’installe entre sa nièce et lui. Ce lien fort s’explique aussi par le lourd passé du frère et de la sœur, abandonnés tout jeunes par leur mère et dont le père est décédé. Cependant, tout bascule un soir d’été lorsque David, arrivé en retard au pique-nique prévu avec des amis au bois de Vincennes, découvre le carnage. Des terroristes islamistes ont tiré sur la foule. Sa sœur figure parmi les victimes laissant une fille de sept ans et un frère de vingt-quatre ans désemparés, meurtris par l’absence. Le film sorti 3 ans après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris est un hommage aux victimes mais n’en constitue pas le sujet.
Il s’agit ici de faire une observation du deuil. Ce thème ainsi que celui du passage brutal à l’âge adulte sont récurrents dans la filmographie du cinéaste. Il faut avancer coûte que coûte pour ne pas sombrer: faire des choix, comme celui de devenir père. Le réalisateur parvient à capter avec justesse toutes les subtilités affectives éprouvées. Amanda perd tout espoir, mais la guérison n’est jamais loin comme le suggère la scène finale à Wimbledon, où le sourire d’Amanda renaît. R.V.

Walter Appleduck n° 1
Cow-boy stagiaire (Fabcaro)

note: 4Le bon, la brute et le stagiaire Les bibliothécaires - 17 mai 2019

Walter Appleduck est un jeune garçon poli, cultivé et bien éduqué qui fait un master cow-boy et part en stage dans la ville déjantée de Dirty Old Town. Devenu l’assistant d’un shérif adjoint d’une paresse exemplaire, il va apprendre les rudiments du métier dans les circonstances les plus farfelues. De l’absurde et du loufoque à la sauce far-west. Vv

La fille dans l'écran (Lou Lubie)

note: 4De l'autre côté de l'écran Les bibliothécaires - 17 mai 2019

Dans un roman graphique réalisé à quatre mains, Lou Lubie et Manon Desveaux donnent vie à une touchante histoire d’amitié et d’amour entre deux jeunes femmes que tout, y compris la distance, semblait séparer.

Le dessin dynamique et coloré de Lou Lubie suit ainsi le quotidien de Marley, pétillante jeune femme exilée à Montréal qui, entre deux soirées, a un peu laissé de côté sa passion pour la photographie. Dans un petit village perdu du Périgueux, Coline, aspirante illustratrice sujette à des crises d’angoisses et mise en scène par le dessin sobre de Manon Desveaux, tombe sous le charme des photos prises par Marley et décide de lui demander l’autorisation de s’en inspirer pour ses propres dessins.

Après un premier contact hésitant et timide par mail, les messages se suivent et se multiplient et une amitié sincère se crée entre les deux jeunes femmes, que l’on suit de façon parallèle avec les planches de chacune des deux dessinatrices qui se font face à chaque page tournée. Jusqu’à la rencontre en vrai…

Une lecture agréable, pas forcément révolutionnaire et un peu fleur bleue mais intéressante dans la démarche narrative et dans l’utilisation de la technologie par les deux personnages pour établir le contact. On se laisse aisément conquérir par la sincérité des personnages et la simplicité de leur relation par écrans interposés.
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 5Eloge du travail manuel Les bibliothécaires - 15 mai 2019

Un mélange d’anecdotes, récits et argumentaires sociologique et philosophique qui galvanise l’esprit, en restaurant la place de l’Ouvrage - extraordinaire - au sens propre et noble du terme. Avec humour, passion et grande intelligence, l’auteur replace l’éthos artisanal en bonne place, restitue l’expérience de ceux qui fabriquent ou réparent , dans un monde où l’on ne sait plus qu’acheter, consommer, jeter et remplacer.
Attention : à outrance, le travail intellectuel peut se révéler pauvre et déresponsabilisant, les nouveaux emplois de l’ « économie du savoir » dangereux pour l’homme ! F.P.

Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)

note: 5Sur la route Les bibliothécaires - 15 mai 2019

Sylvain Tesson fait partie de ses auteurs-voyageurs qui ne dissocient pas le voyage de l’écriture, comme Jack London, Jack Kerouac ou Joseph Kessel avant lui. Ici, il parcourt la France à pied, du Mercantour aux côtes du Cotentin pour découvrir son propre pays. Réflexions personnelles et observations de l'évolution du paysage l'accompagnent le long de ses chemins noirs. Récit sociologique autant qu'intime, Sylvain Tesson livre un texte magnifique, d'une simplicité lumineuse.
Un périple loin de la civilisation, en pleine nature, soit un des thèmes de prédilection d’un écrivain qui a fait du récit autobiographique le cœur de toute son œuvre. F.P.

Foxwarren (Foxwarren)

note: 5FolkWarren Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Andy Shauf, artisan solitaire, concrétise un nouveau projet musical entouré de ses complices d’enfance. De la douceur emmenée par une voix mélancolique, les morceaux de cet album accrochent l’oreille par leur coté irrésistible et entêtant. La musique de Foxwarren est à la fois planante, atmosphérique et parfois synthétique. C.G.

Pink air (Elysian Fields)

note: 5Un ciel pas si rose Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Pink air est le 9ème album du groupe new yorkais Elysan Fields, porté par la voix de la charismatique Jennifer Charles et les guitares d’Oren Bloedow. Le duo signe ici un album rock sombre en abordant les thématiques sociétales et politiques s’inspirant des pires craintes des Américains comme celle des problèmes écologiques, ou encore d’une dictature menée par un dirigeant narcissique censé représenter Trump. Un sentiment de peur contrebalancé par l’humour et un ton caustique se dégage des textes de Jennifer Charles. On le trouve en définitive plus blues, comme l’atteste le premier titre Storm cellar, puis on passe à des morceaux plus rock voire disco-rock comme Tidal wave, et enfin presque psychédéliques avec le titre Karen 25. Cet album gagne en intensité notamment avec Dispossessed qui rappelle les années 90 et des groupes comme Dolly.
Pink air est sans conteste un immense moment de rock qui ne peut laisser indifférent. R.V.

Boarding house reach (Jack White)

note: 3Jack White en roue libre Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Boarding house reach est le troisième album solo de l’ancien membre des White Stripes, j’ai nommé Jack White. Dans cet album, mister White renoue avec ses origines de batteur et les percussions y sont très présentes. On découvre un album tout en expérimentation et pas totalement maîtrisé, et c’est bien là qu’est l’intérêt : faire découvrir plusieurs batteries, percussions et basses. morceau Ice station zebra mélange des sons à la fois Hip-Hop, Jazz, Funk, Rock, Metal sur une plage de plus de 4 minutes. Aujourd’hui Jack White laisse place à son imagination, à une musique très personnelle, apporte sa vision de ce que la musique "devrait" être aujourd'hui, une sorte de chaos funky. Bien que le début soit très ancré sur ses origines musicales blues, l’album propose une transition vers des sons contemporains comme dans Why Walk the Dog ? Cette oeuvre créée dans son appartement de Nashville loin de toute civilisation, avec pour seule compagnie une flopée d’instruments, montre la folie créatrice de ce génie du rock. Finalement l’audace fera place à un fourre-tout quelque peu chaotique.
Un album qui vous laissera peut-être perplexe car sa réalisation et la simplicité des textes ne sont sans doute pas ici à la hauteur de ses ambitions créatrices. R.V.

Call me by your name (Luca Guadagnino)

note: 4Plaisir des sens Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Call me by your name est un film franco-italo-américain du réalisateur Luca Guadagnino adapté du roman Appelle-moi par ton nom, d’André Aciman. L’histoire se déroule durant l’été 1983 en Lombardie où une famille de la haute société française passe ses vacances, comme tous les étés, dans la vieille demeure familiale. Le père interprété par Michael Stuhlbarg est un professeur américain d’archéologie et d’histoire de l’art à l’université et la mère campée par Amira Casar est traductrice de profession. Leur fils Elio, un jeune homme de 17 ans, très mûr pour son âge, passe son temps entre la lecture, la musique et rencontrer ses amis. Pour lui c’est le temps des premiers flirts avec son amie Marzia. Mais tout bascule lorsque qu’Oliver, un étudiant américain, débarque chez lui pour aider son père dans ses recherches. Entre Elio et Oliver, une attraction immédiate s’opère.
Timothée Chalamet (Elio) est vraiment fantastique dans son rôle d’adolescent jouant sur les deux tableaux ; les sentiments se mélangent en lui, à un âge où tout est tumultueux, puis la montée du désir et le torrent d’émotions ¬contradictoires le libère. La force de cette relation réside dans le dépassement de la question du genre, de la sexualité, sublimé par cette connexion entre deux êtres. La romance est traitée de la même manière qu'une histoire d'amour hétérosexuelle. Deux personnes se rencontrent, se cherchent, et ne pourront plus se passer l'une de l'autre. Cet amour, aussi bref soit-il, peut être vécu, car Elio vit dans un environnement qui le permet : son père encourage cette amitié même lorsqu’il comprend qu’il s’agit d’amour. La force de ce film réside du pouvoir de plonger le spectateur dans un monde sensoriel, lui faire vivre et ressentir les émotions d’Elio
Un film sublime plein de charme et de volupté. R.V.

Macaroni ! (Thomas Campi)

note: 5Un récit humain et touchant à découvrir Les bibliothécaires - 10 avril 2019

Au fil du scénario de la BD, on apprend qu’Ottavio a fui son pays sous l’influence de la propagande, pour rejoindre, comme beaucoup d'autres, ce qui devait être l'eldorado belge, mais qui s’est en fait révélé être l’enfer de la mine de charbon.
Lorsque Roméo doit passer quelques jours à Charleroi dans la petite maison en briques rouges de son grand-père Ottavio, le jeune garçon de 11 ans se dit que cela va être un enfer d’habiter toute une semaine chez ce « vieux chiant ».
Aujourd'hui, bien que les souvenirs, les regrets des occasions manquées, la maladie, les secrets de ce vieil homme seul s'entremêlent, ces quelques jours vont, en réalité, changer Roméo pour toujours. En plus de se rapprocher de son « nonno », qui est loin d’être le « vieux chiant » qu’il pensait, Roméo va se lier d’amitié avec Lucie, la petite voisine espiègle et un cochon prénommé Mussolini.

L’écriture de Zabus est efficace et parle de quête d’identité, de transmission entre générations, de non-dits familiaux tout en abordant les thèmes de la vieillesse, de l'immigration et les regrets d’un homme au crépuscule de sa vie.
Petit bonus : ne zappez surtout pas la préface de Salvatore Adamo, elle est émouvante. Ses parents ayant connu une trajectoire assez similaire à celle d’Ottavio. Enfin, la postface éclaire aussi sur la vie sinueuse et la genèse de ce projet avant qu'il ne se concrétise en BD : les changements de formats et de dessinateur, les réécritures…
En refermant le livre, on se dit qu’on aurait bien voulu passer un peu plus de temps avec Roméo et son père, partis sur les traces de son grand-père en Italie. Ce qui prouve que le dessinateur et le scénariste ont réussi le pari de nous embarquer dans leur univers !
Un album touchant parce que sensible et émouvant...
F. D.


Roux ! (Musée national Jean-Jacques Henner)

note: 5Splendeurs et misères de la rousseur Les bibliothécaires - 10 avril 2019

Cuivré, mordoré, fauve, auburn, brique, rouille, roussâtre, carotte, cannelle, les mots ne manquent pas pour désigner l’orangé qui se décline en mille nuances et mille connotations sitôt qu’il pare une chevelure ou un pelage.
À l’origine de ce catalogue qui revient sur l’exposition « Roux ! » qu’accueillit le musée Jean-Jacques Henner, quelques traits de sanguine de ce peintre qui se fit connaître pour ne représenter « que » des rousses. On voyage dans le temps et dans le monde symbolique de la rousseur, une couleur ambiguë, flamboyante et sanguine, symbole de puissance et de virilité dans certaines traditions mais aussi de violence et de malfaisance dans d’autres.
Suscitant à la fois la fascination et la répulsion, la couleur rousse orna ainsi la chevelure de figures bibliques telles que Judas ou Marie-Madeleine, illustra la fourberie du géant nordique Loki ou du dieu égyptien Seth. Mais furent roux également la sublime Vénus de Botticelli ou le rusé Renart du roman médiéval. Roux encore furent les puissants dieux des Cherokee et les masques des chefs des îles du Pacifique. Splendeurs et misères de la rousseur, partez à la découverte d’une couleur ambivalente et passionnante.
Vv

My absolute darling (Gabriel Tallent)

note: 5Tu seras forte ma fille! Les bibliothécaires - 10 avril 2019

Premier roman de Gabriel TALLENT et force est de constater que ce dernier porte bien son nom. Turtle (Julia de son vrai nom) est une adolescente de 14 ans vivant seule avec un père violent et abusif. Elle va tant bien que mal tenter de s’émanciper de cette relation malsaine dans laquelle elle est empêtrée et réapprendre à vivre normalement.
Le récit, prenant et immersif, mène le lecteur à ressentir au fil de l’histoire les mêmes angoisses et sentiments d’impuissance que l’héroïne. Sans pour autant s’identifier à elle, on l’accompagne, subordonnés à son esprit, se mais on subit, impuissants, tout ce qui lui arrive. Nous aimerions lui crier des choses mais jamais notre voix ne l’atteint : la logique n’exclut pas la frustration…
Lire ce roman c’est un peu comme sentir une araignée invisible se balader sur notre corps sans moyens de la déloger. La lecture à certains moments est presque douloureuse et pourtant, il est impossible de s’en éloigner. Nous la poursuivons coûte que coûte.

Avec toi (Pauline Delabroy-Allard)

note: 5Un album tendre et poétique! Les bibliothécaires - 3 avril 2019

C’est avec tendresse et délicatesse que Pauline Dellabroy Allard délivre dans cet album jeunesse « Avec toi » le récit d’une journée type d’une mère et sa fille.
Un récit à 2 voix : sur la page de gauche se déroule le point de vue de la maman, sur celle de droite celui de l’enfant. On suit pas à pas chaque événement de la journée entre les moments de partage, l’absence et l’éloignement, entre fusion et désaccords.
Un album poétique et philosophique où l’auteur met en lumière et sublime nos quotidiens.

The cakemaker (Ofir Raul Graizer)

note: 5Les gâteaux de l'amour Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Ce premier long métrage israélien apparaît comme une leçon de tolérance à travers la rencontre de deux personnages Thomas et Oren. Thomas, un jeune pâtissier allemand, entretient une liaison avec Oren, un israélien de passage en Allemagne. Les deux amants se voient lors des déplacements professionnels d’Oren à Berlin. Oren mène alors une double vie celui-ci étant marié et père d’un enfant à Jérusalem. Oren et Thomas vivent un amour sincère puisqu’ils n’ont aucun secret l’un pour l’autre. Oren raconte sans tabou à Thomas sa vie avec ses proches, et cette relation libre s’affranchit de toute contrainte. Pour Oren il est bien plus simple de vivre librement sa bisexualité en Allemagne plutôt que dans son pays ultra-orthodoxe. Ainsi, tout s’effondre lorsque Thomas apprend qu’Oren est décédé dans un accident de voiture à Jérusalem. Assommé par le deuil, Thomas décide de partir à Jérusalem dans un pays où il ne connait ni la langue, ni la culture, ni la religion, afin de se confronter à la part inconnue de la vie d’Oren. Sans révéler ses véritables motivations, il va se rapprocher de la famille d’Oren, en trouvant du travail auprès d’Anat sa femme.
Le réalisateur cherche alors à rapprocher deux cœurs endeuillées en montrant leur complicité naissante. L’attitude bienveillante de Thomas est à l’image de ses pâtisseries, qui apportent réconfort et chaleur. Très vite il se rend indispensable dans le café d’Anat puisque celui-ci fait prospérer l’affaire par la vente de ses merveilleuses pâtisseries, et ce malgré les obligations liées à la religion juive qui lui interdisent d’utiliser un four. Ofir Raul Graizer dénonce ici l’inflexibilité de la religion juive. Le réalisateur fait preuve ici d’une grande audace en traitant de sujets aussi polémiques dans un pays où la religion est très présente. En effet, rares sont les films s’aventurant sur ce terrain dans le cinéma israélien. L’autre but inavoué du réalisateur est la volonté de rapprocher l’Allemagne et Israël, deux pays liés par un passé tragique.
The cakemaker révèle finalement un beau drame intime qui réchauffe le cœur et aborde subtilement de nombreux sujets: le deuil, la religion, l’homosexualité. R.V.

Ann O'Aro (Ann O'Aro)

note: 5Du corps au coeur Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Artiste atypique dans son parcours et son chant, Ann O’aro sort un album singulier et bouleversant. Elle s’empare du maloya, genre musical emblématique de sa natale Réunion. Elle interprète plus qu’elle ne chante son histoire douloureuse et son enfance meurtrie. Sa musique aborde des sujets intimes et tabous utilisant des mots crus et brutaux, cherchant ainsi à dépasser sa souffrance à la façon d’une thérapie. C’est un album à découvrir, saisissant et sauvage.

Tales of America (J.S. Ondara)

note: 4American Boy Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Sur les traces de Bob Dylan, son idole absolu, JS Ondara quitte son Kenya natal pour rejoindre Minneapolis et se lancer dans la chanson. C’est ici sa version à lui de l’ «American dream », sujet inépuisable notamment pour un songwiter de chansons folk blues. De sa voix haut perchée, un brin androgyne, il interprète des ballades évoquant son parcours d’immigré confronté aux violences sociales et politiques de ce pays d'adoption. La guitare sèche et sa voix de griot soul colorent ses titres d'une douce mélancolie.

Sharp objects (Jean-Marc Vallee)

note: 4Drôles de Dames Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Camille Peaker, journaliste à Saint Louis, se retrouve à enquêter sur le meurtre de deux jeunes filles dans la ville de son enfance, Wind Gap.
Hantée par de douloureux souvenirs de son passé, elle revient à contrecœur dans cette bourgade ou le décès de ces jeunes filles fait écho à la mort de sa jeune sœur bien des années plus tôt. L'efficacité de cette série repose sur divers éléments : en premier lieu, sa distribution. Le trio d'actrices est impeccable. Torturées ou tyranniques, leur jeu est sensible et subtil. Le sens de la narration et la dramatisation participent également à sa réussite. Certes, le rythme est lancinant comme un poison se répandant lentement mais de nombreux flashbacks plongent le spectateur dans le passé de Camille pour constituer les pièces d'un puzzle, source de compréhension des addictions de Camille et de son antipathie pour sa mère.
Enfin, n’oubliez pas de regarder le générique jusqu’à la fin…C.G.

Antonia (Gabriella Zalapì)

note: 5Journal d’une épouse délaissée Les bibliothécaires - 15 mars 2019

Palerme, 1965. Antonia est mariée et s’ennuie profondément, elle est seule et ne supporte plus la vie à deux .Son mari, un notable de la ville, est autoritaire et peu aimant. Elle a un fils qui est élevé par une nourrice exclusive. Suite au décès de sa grand-mère, elle tient un journal qu’elle étoffe de lettres, carnets et photographies. En dépouillant ces archives, elle reconstruit le puzzle du passé familial. Elle puise dans cette recherche la force nécessaire pour échapper à sa condition.
Roman d’une femme émancipée dans les années 1960,qui est rythmé de photographies tirées des archives familiales de Gabriella Zalapì, ce qui donne un caractère biographique à ce journal. D.S.

Contes ordinaires n° 1
Contes ordinaires d'une société résignée (Ersin Karabulut)

note: 4Une anticipation poétique et acerbe Les bibliothécaires - 8 mars 2019

À travers quinze historiettes à l’imaginaire sombre et cynique, le dessinateur et satiriste turc Ersin Karabulut dépeint le quotidien d’une société contemporaine dans ses travers les plus troublants. Relevées d’une touche fantastique et surnaturelle, ces chroniques sociales de quelques planches suffisent à susciter le malaise (voire l’horreur ?) par des métaphores inquiétantes où la noirceur poétique le dispute à une satire glaçante et acerbe.
Entre le vieillard qui ne meurt jamais et vampirise ses proches, le fœtus dont on prédit la future carrière professionnelle dès l’échographie, les éruptions cutanées qui communiquent avec leurs hôtes ou encore ceux qui se couperaient volontiers bras et autres organes par amour, Karabulut évoque avec poésie et humour (noir, certes) une société du renoncement, minée par les carcans sociaux et complètement apathique. Drôlement effrayant : à découvrir si vous n’êtes pas trop déprimé ! Vv

La tour fantôme n° 1 (Taro Nogizaka)

note: 4À tour de rôle ! Les bibliothécaires - 8 mars 2019

L'histoire se déroule en 1954, dans la ville de Kobe au Japon.
La tour de l'horloge, aussi communément appelée Tour Fantôme, est l'un des endroits les plus effroyables de la ville. En effet le 23 Juin 1952, à 23h53 exactement, un horrible drame s'y est produit. Tatsu Fujiwa, une femme de 60 ans, a brutalement été assassinée par sa fille adoptive, Rika, âgée de 23 ans ! Depuis, deux ans se sont écoulés.

Taichi Amano, un jeune homme un peu perdu et vivant en marge de la société se retrouve par la force des choses à enquêter sur cette fameuse tour, le menant de rencontres en découvertes sordides.
Cette série alterne les genres de manière très fluide, passant du drame au policier, puis du mystère à l’horreur sans la moindre discordance. Les personnages sonnent vrai, chacun évoluant à sa propre manière opposant parfois son intérêt personnel à l’objectif du groupe. Ainsi ils vont tour à tour s’entraider, dissimuler des informations et mettre également en danger les autres.

L’ambiance générale rétro et délicieusement glauque ne sera pas au goût de tout le monde mais ce serait se passer d’une histoire prenante et SURprenante.
À noter tout de même la présence importante de violence (modérée certes mais tout de même) : La tour fantôme vise donc avant tout un Public Adulte et adolescent.
T. V.

Incendies (Denis Villeneuve)

note: 4Femme qui chante Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Incendies est un film du réalisateur canadien Denis Villeneuve sorti en 2010. Villeneuve, déjà connu pour ses succès de science-fiction tels que Premier Contact ou Blade Runner 2049, montre ici tout son talent de metteur en scène en matière de dramaturgie. Ce film est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Wajdi Mouawad, portant sur la quête identitaire autour du passé d’une femme réfugiée au Canada. A la lecture du testament de leur mère Nawal Marwan, ses enfants Jeanne et Simon se voient remettre par le notaire deux enveloppes : l’une destinée à leur père qu’ils croyaient mort avant leur arrivée au Canada, et l’autre destinée à leur frère dont ils ignoraient l’existence. Le film se transforme alors en enquête sur le terrain, dans un pays du Moyen Orient (certainement le Liban pendant la guerre civile) jamais nommé. Le cinéaste alterne entre récits présents et passés que le spectateur doit raccorder entre eux afin de retracer la vie de cette femme qui devient à la fois mère mais aussi terroriste, prisonnière de guerre, et femme violée. Ce procédé permet au spectateur d’atteindre une plus grande compassion pour les jumeaux qui découvrent leur histoire au fur et à mesure de leurs recherches.
Un film très dur qui ne vous laissera pas indifférent. R. V.

Soundtrax (Fred Pallem)

note: 5Une collection de vraies fausses B.O. de films Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Toujours inclassables, les musiques de Fred Pallem s’inspirent systématiquement de sa première passion : les musiques de films. Un voyage à travers le temps et les salles obscures de cinémas de genres : du thriller italien aux séries Z, en passant par la Blaxploitation et les nanars érotiques français des années 70. Suspense, émotions, humour :16 titres jubilatoires de vraies-fausses bandes originales dont seul notre imaginaire peut en définir le film. « Cet album a été pensé comme une B.O, sans le film, avec la seule volonté de convoquer des images. C’est un album pour "tripper", se faire son propre scénario. » A découvrir absolument ! C.G.

137 avenue Kaniama (Baloji)

note: 5Un aller retour Kinshasa-Bruxelles, svp… Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Baloji est belgo-congolais, ou « kongaulois », comme le dit le titre de l'une de ses chansons. Baloji produit ici un rap atypique, un métissage festif de hip-hop, de funk, de house et chargé d'influences africaines. L’afro beat de Fela Kuti n’est pas très loin non plus : morceaux longs, rythmes répétitifs envoûtants. Mais pas seulement : Baloji est également un enfant de la chanson francophone avec des textes puissants au service d’un récit autobiographique ou engagés pour évoquer des satires sociales et politiques. Sa musique est un terrain de jeu qui lui permet de traiter le désespoir avec humour, de transcender les situations, puis de s'en détacher. C.G.

Dogman (Matteo Garrone)

note: 5Chienne de vie Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Dogman est un film du réalisateur italien Matteo Garrone déjà connu pour son œuvre Gamorra sorti en 2008 et portant sur la mafia napolitaine.
Ici, il s’inspire d’un fait divers réel de la fin des années 1980, qui choqua toute l’Italie. Le scénario se déroule dans une station balnéaire de Campanie en déshérence. On suit Marcello, interprété par le formidable Marcello Fonte (Prix d’interprétation à Cannes), un toiletteur pour chien apprécié et aimé de tous. Marcello se retrouve malgré lui entraîné dans une spirale criminelle lorsque réapparait son ami Simoncino, un ancien boxer accro à la cocaïne. Celui-ci est obligé de commettre des cambriolages pour financer son addiction et contraint très vite Marcello à prendre part à ses exactions. Marcello se retrouve alors isolé de sa famille, détesté de tous, et n’a d’autre choix que d’assumer ses forfaits. Trahi, il doit tout recommencer à zéro, mais compte bien cette fois se venger.
Dogman pourrait être assimilé à un film de vengeance, mais cette finalité tant attendue par le spectateur, ne sera qu’un échec pour Marcello car celui-ci se retrouvera encore plus seul, vidé de toute humanité, montrant l’échec de la gentillesse face à la violence. Le but inavoué du réalisateur est la dénonciation de la violence qui sévit de façon récurrente en Italie et la passivité des gouvernants qui ont abandonné cette population. La parabole du début du film dans laquelle le chien violent devient gentil suite aux soins prodigués par Marcello ne s’applique pas à l’homme, Dogman résonne surtout comme le constat d’une violence qui pousse l'humain à ce qu'il est le plus souvent, une bête. Le film n’est pas sans rappeler les comédies satiriques des grands cinéastes italiens des années 60 tel que Comencini ou De Risi, où l’on cherchait à montrer l’envers du miracle économique. Un film haletant, à découvrir. R.V.

Kedi, des chats et des hommes (Ceyda Torun)

note: 4Des chats et des hommes Les bibliothécaires - 15 février 2019

Si vous aimez regarder des vidéos de chats sur internet (qui n’aime pas les vidéos de chats ??), ce film de Ceyda Torun est fait pour vous : la réalisatrice turque nous propose de suivre le temps d’une journée les gambades de sept matous parmi les milliers qui vagabondent à leur gré dans les rues d’Istanbul. Des chats, du soleil et de beaux paysages, que demander de plus ?

Aux animaux la guerre (Nicolas Mathieu)

note: 5Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés… Les bibliothécaires - 15 février 2019

Le prix Goncourt 2018 a récompensé Nicolas Mathieu pour « Leurs enfants après eux ». Mais connaissez-vous son premier et précédent roman paru chez Actes Sud dans la collection Actes Noirs, la fameuse collection de Stieg Larson et de Camilla Lackberg ?
Nicolas Mathieu nous livrait en 2014 un polar complexe enraciné dans le terroir vosgien fracassé par les licenciements économiques. Nous découvrions une palette de personnages bousculés, déclassés, aspirés par le quotidien dans lequel les « héros » étaient en équilibre entre le mal et le bien. Derrière l’esprit roman policier de cette fresque du quotidien pointait déjà le roman politique de la France « périphérique ». Nicolas Mathieu a adapté fin 2018 son roman en une série de très bonne facture pour la télévision. Y.G.

Botanicum (Katherine J. Willis)

note: 5Promenade végétale Les bibliothécaires - 15 février 2019

Entre herbier et cabinet de curiosités, ce livre invite à la déambulation planche après planche. Le lecteur y découvre la merveilleuse diversité que la Nature a à offrir au travers de somptueuses illustrations mises en valeur par le format de l’ouvrage. Et puis, les textes sont exigeants MAIS totalement abordables aux enfants. C’est le livre parfait à feuilleter avec les enfants pour (re)-découvrir le monde végétal complexe et fascinant. C.G.

Dans la forêt (Jean Hegland)

note: 5Séquoia le problème? Les bibliothécaires - 15 février 2019

Deux sœurs, Nell et Eva, vivent dans la demeure familiale au fin fond des bois à bien 50 kilomètres de toutes formes de civilisations tandis que le monde civilisé extérieur se meurt tel un feu de bois mal attisé.
Si vous êtes à la recherche d’une histoire pleine de bons sentiments, passez votre chemin : ce roman est un roller-coster émotionnel, alternant des moments de tendresse touchante avec des épisodes au désespoir certain.C’est comme-ci nous étions soumis au rythme des jongleries bigarrées d’un saltimbanque nous plongeant dans une espèce d’expectative angoissante.
Nous sommes ici les spectateurs de la vie des deux jeunes femmes livrées à elles-mêmes, tentant de vivre plutôt que de survivre.
Préparez-vous pour sa lecture car ce roman est une longue course en apnée où les moments de répit sont rares et fugaces. T.V.

Sketches of nowhere (Antoine Pierre)

note: 4Un son de nulle part Les bibliothécaires - 1 février 2019

Antoine Pierre et son quintet Urbex signent un deuxième album intitulé Sketches of nowhere? jazz planant inspiré des plus grands comme Miles Davis, mais aussi teinté d’une touche plus électro absente du précédent album sorti en 2016. Cette confrontation entre acoustique et électro montre une volonté de mélanger tradition et innovation. Il s’agit d’une suite d’improvisations, enregistrée en studio avec de nombreuses collaborations, notamment celle de Ben Van Gelder au saxophone ou encore de Magic Malic à la flute et au chant. La principale nouveauté de l’album est ce besoin de mixer le son rock et jazz, ce qui donne une spontanéité à l’ensemble de la création. L’ambiance de l’album est presque hypnotique. La présence de Bert Cools et de sa guitare électrique dans le quintet ont a fortement orienté l’album vers la musique électronique notamment en utilisant des pédales d’effets. Les morceaux sont des improvisations qui s’inspirent du vécu des musiciens, comme sur le titre Entropy où Antoine Pierre s’intéressait aux théories de Stephen Hawking. Ce principe de l’entropie qui stipule le désordre croissant, propose un début de morceau très ordonné, qui au fur et à mesure se déconstruit, et le désordre augmentant aboutit à une fin totalement chaotique. Ce voyage en dix pistes s’accompagne d’un livret comportant des photos d’enregistrements studio, comme pour tracer ce qui paraissait être une simple et éphémère collaboration, et qui finalement se poursuivra pour de nombreux concerts. A découvrir sans attendre. R. V.

Exotic worlds and masterful treasures (Stimulator Jones)

note: 5Sous le soleil, la plage Les bibliothécaires - 1 février 2019

Avant l’écoute même de l’album, l’esthétique rétro chic du collage de la couverture interpelle : champignons géants (hallucinogènes ?), femmes nues lascivement étendues, fruits exotiques. La musique de Stimulator Jonesrenvoie aux années 80-90 pour une balade en roller sous les palmiers de la côte californienne, un casque sur les oreilles envoyant des morceaux soul et funky à souhait. Ce groove sirupeux, voire cliché, n’en demeure pas moins séduisant. C.G.

Broadway Limited (Malika Ferdjoukh)

note: 4Swing Time Les bibliothécaires - 15 janvier 2019

Suite à une méprise linguistique et grâce à un bocal de soupe d’asperges, Jocelyn Brouillard, 17 ans, étudiant français en musicologie et fraîchement débarqué à New York, se retrouve logé à la pension Giboulées, exclusivement réservée aux jeunes filles.

On est en 1948 : tandis que le vieux continent se relève péniblement de la guerre, Jocelyn découvre une Amérique où le jazz et les paillettes explosent dans les clubs et les théâtres de Broadway, alors qu’en coulisses, la peur du « rouge » s’érige progressivement en chasse aux sorcières au sein du monde éclatant du show-business et des comédies musicales.

C’est bien peu de chose pour égratigner les rêves de Jocelyn et ses nouvelles camarades de pension, attachantes jeunes demoiselles téméraires et pétillantes, assoiffées de gloire et de justice, et qui s’imaginent volontiers au bras d’un Fred Astaire ou récoltant déjà les acclamations d’une Ginger Rogers. Mais derrière chaque rêve, se cache une blessure secrète, une quête personnelle dont chacune tente de venir à bout.

Alors que le roman s’insère à l’aube de la guerre froide, on s’amuse pourtant avec ces jeunes gens et on se prend à croire avec eux en un monde qui tournerait tout en musique et où les grandes vedettes d’hier et d’aujourd’hui feraient irruption dans nos vies avec la facilité d’un caméo d’Alfred Hitchcock. Ces filles du docteur March d’un nouveau genre, gardées par un dragon mélancolique et mélomane, n’ont pas fini de nous faire rêver… et danser. À lire avec les plus beaux morceaux de jazz en fond !
Vv

Les Amazones (Adrienne Mayor)

note: 4À la rencontre des Amazones Les bibliothécaires - 15 janvier 2019

Adrienne Mayor nous entraîne sur les traces des Amazones, ces guerrières fantasmées qui ont fait couler beaucoup d’encre (et de sang) et qui ont peuplé l’imaginaire de l’Antiquité occidentale. Dans les mythes des Grecs et des Romains, elles sont de redoutables combattantes, forcément belles et braves, à l’égal des plus grands héros grecs et des plus valeureux généraux romains. Mais c’est leur caractère mortifère et castrateur qui a fait leur renommée et les a définies comme les dignes adversaires de héros civilisateurs qui en triompheront toujours systématiquement (ou presque…).

En s’appuyant sur de récentes découvertes archéologiques et génétiques ainsi que sur l’analyse de différents artefacts antiques, Adrienne Mayor rectifie le tir et met à jour la réalité historique des Amazones. Elle nous montre qu’il n’y eut jamais de femmes mutilant leurs enfants mâles ni se coupant un sein pour mieux guerroyer. Il y eut en revanche des femmes combattantes, issues de peuples nomades (et mixtes !) qui auraient été les premiers à domestiquer les chevaux et qui parcoururent les environs de la Mer Noire et les steppes eurasiennes jusqu’en Inde et en Chine. L’historienne nous révèle ainsi ce qu’on sait de ces « Amazones » réelles et de leur mode de vie. Elles combattaient en effet à l’égal des hommes et on ne les identifia que récemment comme figurant parmi les guerriers dont on a retrouvé les tombeaux tout au long du XXème siècle dans les régions de la Mer Noire et de la Mer Caspienne, guerriers qu’on a longtemps crus être uniquement des hommes.

Mais loin de nous limiter au monde européen, l’historienne nous conduira aussi en Perse, en Arabie, en Lybie puis en Asie centrale et en Chine, à la découverte de civilisations qui avaient leurs propres histoires de femmes guerrières. Ces combattantes semblaient parfois ne pas faire figure d’exception mais constituaient bien la norme au sein de peuples dont le principal mode de vie était sans cesse soumis à la mobilité et l’indépendance. Et c’est peut-être ce qui, chez les Amazones, a autant fasciné et dérangé les Grecs : leur redoutable indépendance qu’ils voyaient refléter dans le rejet de la féminité classique, telle qu’elle était conçue par la société gréco-romaine.
Vv

Entre 2 rives (Ki-Duk Kim)

note: 4Ouvre tes yeux Les bibliothécaires - 5 janvier 2019

Entre 2 rives est un film réalisé en 2016 par le réalisateur coréen Kim Ki-duk. A travers l’histoire d’un pêcheur nord-coréen nommé Nam Chul-woo et interprété par Ryoo Seung-bum, il a voulu dénoncer toute la brutalité de la relation fratricide qui s’exerce entre les Corées pour des raisons idéologiques totalement dénuées de sens (le Sud capitaliste et le Nord communiste). Nam Chul-woo, modeste pêcheur nord-coréen, tombe en panne au milieu du lac qui fait office de frontière entre les deux Corées. Ses filets se sont pris dans l’hélice du moteur et il dérive ainsi jusqu’en Corée du Sud. Interpelé, il est considéré comme un espion, et les méthodes alors utilisées à son égard n’ont qu’un but: le faire avouer. Les interrogatoires pratiqués en Corée du Sud ressemblent beaucoup à ceux du Nord. Le parallèle vaut aussi pour les méthodes de manipulation de l'opinion publique. Les deux Corées sont semblables dans leurs contradictions. Un terrible mécanisme kafkaïen se met alors en place, rendant impossible tout retour en arrière pour notre malheureux héros. Quoi qu’il fasse il est considéré comme un espion des deux côtés. Petit à petit Nam Chul-woo est broyé par les deux systèmes, alors que son seul but était de rentrer chez lui pour retrouver sa famille.
Le 22ème film de Kim Ki-duk se veut ouvertement politique et renvoie dos à dos deux pays paranoïaques et antagonistes. Kim Ki-duk remet notamment en cause le capitalisme exacerbé de la Corée du Sud qui n’arrive plus à satisfaire sa population et dénonce un système démocratique qui n’en a que les apparences. La façon de filmer traduit la colère du cinéaste dont la principale préoccupation est le temps qui passe. Plus on avance dans la narration plus les antagonismes entre les deux pays augmentent. Mais l’espoir est encore permis à travers le personnage de Oh Jin-woo, jeune garde du corps de Nam, car la jeunesse est la clé de la réunification, grâce à son ouverture d’esprit. Une véritable leçon de tolérance. R. V.

Andalusia of love (Marcel Khalife)

note: 4Andalousie mon amour Les bibliothécaires - 3 janvier 2019

Marcel Khalifé, compositeur, chanteur et oudiste libanais, reprend dans ce nouvel album Andalusia of love les poèmes de son grand ami Mahmoud Darwich disparu en 2008. Leur complicité artistique avait déjà rencontré de nombreux succès, notamment avec l’album Promises of the storm sorti en 1976, mais aussi de grandes mésaventures avec l’album The arabic coffee pot sorti en 1995 qui valut à Khalifé un procès pour blasphème religieux, ayant utilisé un verset du Coran. Dans cet opus Andalusia of love, on retrouve un long poème d’amour écrit par Darwich, vibrant hommage à l’ancien Khalifa andalou du 15ème siècle où Musulmans et Chrétiens coexistaient en paix, faisant écho à l’engagement humaniste et pacifique partagé par les deux auteurs. Le poème est traduit en anglais sur la pochette du cd, laissant au public la possibilité de s’imprégner du texte. La voix grave de Khalifé donne une résonance spirituelle et poignante au texte, l’oud et sa voix se mélangent parfaitement pour créer une douce harmonie orientale, l’ensemble accompagné de son quartet composé à la fois de son fils Ainé Rami au piano, et de son cadet Bachar aux percussions. Le piano donne des notes de virtuosité et de modernisme à toute l’œuvre. Andalusia of love vous submergera d’émotions à coup sûr. RV

Rider (The) (Chloé Zhao)

note: 5Rider on the storm Les bibliothécaires - 3 janvier 2019

The rider dresse le portrait bouleversant d’une étoile montante du rodéo et dresseur de chevaux, tentant de trouver un nouveau sens à sa vie après un tragique accident qui le prive de sa passion. Pour ce deuxième film, Chloe Zhao pose à nouveau sa caméra dans le Dakota du Sud mais les cowboys de son western moderne s’avèrent cassés, désœuvrés, vulnérables dans ces grandes plaines américaines. Une Amérique sublimée et en même temps étouffante.
Elle s’attache aussi à montrer une communauté, hors du temps et socialement isolée, qui glorifie la nature, se retranche dans des traditions et une culture forte, qui à nos yeux d’Européens, peuvent paraître incompréhensibles.
Une scène est remarquablement filmée : une chorégraphie entre le cheval et Brady. Le jeune homme tente de dompter le cheval, il l’approche progressivement, il le monte puis redescend et ainsi de suite jusqu’à ce que le cheval l’accepte définitivement sur son dos. Elle capte la relation fusionnelle entre ces deux êtres permettant à Brady de trouver le chemin du deuil et de la guérison. C’est bouleversant et magnifique

Hip hop after all (Guts !)

note: 5Habillés pour l'hiver Les bibliothécaires - 2 janvier 2019

Loin d’être une nouveauté, Hip Hop after all mérite d’autant plus l’écoute. Œuvrant dans les coulisses du hip hop, Guts, producteur de l’ombre, signe içi une pépite. Cet alchimiste du son a composé 16 titres melting pot mêlant élégamment soul, funk, jazz et rap old school. La production de cet album vous rappelera le son des 80/s ou 90’s. Et puis, les transitions entre chaque titre sont soignées comme sur une vieille station de radio américaine Hip hop after all donne chaud, alors vous voilà parer pour l’hiver. C.G.

Oeuvre non trouvée

note: 4Swing Time Les bibliothécaires - 19 décembre 2018

Suite à une méprise linguistique et grâce à un bocal de soupe d’asperges, Jocelyn Brouillard, 17 ans, étudiant français en musicologie et fraîchement débarqué à New York, se retrouve logé à la pension Giboulée, exclusivement réservée aux jeunes filles.
On est en 1948 : tandis que le vieux continent se relève péniblement de la guerre, Jocelyn découvre une Amérique où le jazz et les paillettes explosent dans les clubs et les théâtres de Broadway, alors qu’en coulisses, la peur du « rouge » s’érige progressivement en chasse aux sorcières au sein du monde éclatant du show-business et des comédies musicales.

C’est bien peu de chose pour égratigner les rêves de Jocelyn et ses nouvelles camarades de pension, attachantes jeunes demoiselles téméraires et pétillantes, assoiffées de gloire et de justice, et qui s’imaginent volontiers au bras d’un Fred Astaire ou récoltant déjà les acclamations d’une Ginger Rogers. Mais derrière chaque rêve, se cache une blessure secrète, une quête personnelle dont chacune tente de venir à bout.

Alors que le roman s’insère à l’aube de la guerre froide, on s’amuse pourtant avec ces jeunes gens et on se prend à croire avec eux en un monde qui tournerait tout en musique et où les grandes vedettes d’hier et d’aujourd’hui feraient irruption dans nos vies avec la facilité d’un caméo d’Alfred Hitchcock. Ces filles du docteur March d’un nouveau genre, gardées par un dragon mélancolique et mélomane, n’ont pas fini de nous faire rêver… et danser. À lire avec les plus beaux morceaux de jazz en fond !
Vv

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres (Emil Ferris)

note: 5Monstres et cie Les bibliothécaires - 15 décembre 2018

Remarquable première œuvre de la dessinatrice Emil Ferris, Moi ce que j’aime, c’est les monstres se présente à la fois comme le journal intime et le carnet à dessins d’une fillette de 10 ans. Karen Reyes vit avec une famille aimante mais pauvre dans le sous-sol d’un immeuble de Chicago dans les années 60. Fascinée par les monstres en tout genre, elle est malmenée à l’école mais laisse sa créativité se déployer dans son journal où elle se représente volontiers en loup-garou et reproduit (au stylo bille !) tableaux de maîtres et couvertures de pulp comics d’horreur.

Son journal devient un carnet d’enquête lorsqu’elle apprend l’inexplicable mort de sa sympathique mais mystérieuse voisine, Anka Silverberg, rescapée de la Shoah : persuadée qu’il ne s’agit pas d’un suicide comme le conclut la police, Karen se lance dans une enquête qui la mènera à s’interroger sur son entourage et sur elle-même, tout en lui faisant découvrir la jeunesse d’Anka dans l’Allemagne des années 30 et pendant la seconde guerre mondiale. Les deux récits s’entremêlent et abordent les problématiques sociales de l’Amérique des années 60, plongée dans la lutte pour les droits civiques.
Dense et prenant, ce premier tome est une véritable prouesse artistique et se conclut sur un cliffhanger qui annonce déjà une série d’envergure. À découvrir.
Vv

Hiver indien (Charlotte Bousquet)

note: 3Une douce histoire de Noël Les bibliothécaires - 15 décembre 2018

Hiver indien est une nouvelle collaboration de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini qui avaient déjà signé ensemble une série de BD pour ados (collection les Graphiques chez Gulf Stream). Cette fois-ci elles restent dans l’univers adolescent avec un roman graphique centré sur la musique.

Manon, 16 ans, est timide et peu sûre d’elle. Elle se remet difficilement d’un échec à une audition de piano dû au trac et à la pression de ses proches. L’adolescente trouve peu de réconfort auprès d’un père effacé qui ne la comprend pas et qui vit dans l’orbite d’une famille en apparence unie mais minée par les rivalités et les rancœurs.
Alors qu’elle s’apprête à les retrouver pour les fêtes de fin d’année, réapparaît dans leur vie Nadia, la marraine de Manon, qui s’était brouillée avec la famille pour avoir tout quitté afin de réaliser son rêve de devenir violoncelliste. Entre les deux femmes naîtra une complicité qui permettra à Manon de reprendre confiance en elle et de s’affirmer. Un sympathique roman graphique sur la transmission et les incertitudes de l’adolescence.
Vv

Saint Georges (Marco Martins)

note: 5Les poings au service du desespoir Les bibliothécaires - 1 décembre 2018

Saint Georges est un film de Marco Martins sur la crise financière au Portugal en 2011. Il a été présenté lors de la Mostra de Venise en 2016 et Nuno Lopes l’acteur principal a obtenu le prix du meilleur acteur. Est mis en scène la déchéance de Jorge, un homme qui a tout perdu: son emploi, sa femme, et bientôt son fils. La boxe, sa seule sortie de secours, ne lui rapporte plus rien. Il propose alors ses services à une entreprise de recouvrement qui sème la terreur auprès des victimes de la crise comme lui.
Dans ce film sombre, la misère est visible partout, il n’y a aucune échappatoire. Le personnage erre dans une ville fantomatique de Lisbonne, méconnaissable. La plupart des scènes se passent la nuit dans des quartiers pauvres. Le racisme s’invite aussi au travers les échanges de ces victimes de la crise financières qui prennent pour responsable les étrangers venus au Portugal pour travailler. Le regard que le père de Jorge porte sur sa femme Susanna en est symptomatique : il l’appelle « la Brésilienne », avec beaucoup de mépris. Toutes ces vérités lui arrivent en pleine face, et ces coups-là sont bien plus douloureux que ceux reçus sur le ring. Cette morale il tentera de l’inculquer à son fils après son dernier combat.
La déshumanisation de cette société touche même les sentiments, puisque l’amour entre les êtres est mis à l’épreuve par le matérialisme. Comment peut-on encore vivre quand on n’a plus rien? Pour certain la solution est toute trouvée, il ne reste plus qu’à disparaitre une bonne fois pour toute.
Ici, Marco martins a voulu donner le témoignage d’une réalité qui a modifié les mentalités de tout un pays : un univers poignant qui ne vous laissera pas indifférent.R.V.

Dancehall (Blaze (The))

note: 5Sur le dance...hall Les bibliothécaires - 1 décembre 2018

L’itinéraire fulgurant de The Blaze ressemble à celui de nombreux groupes découverts sur le net. C’est d’autant plus vrai que leur musique s’écoute autant qu’elle se regarde. En effet, ces deux cousins réalisent des clips aux allures de courts métrages sensuels dans lesquels sont glorifiées les notions de jeunesse, de communautés ou d’amitiés. Côté musique, leurs mélodies mêmes racontent des histoires. Une voix soul et robotique traverse la quasi-totalité des morceaux leur donnant une touche mélancolique voire crépusculaire. Cette électro-house pourra convaincre les plus récalcitrants à la musique électronique. C.G.

Wanderer (Cat Power)

note: 5Douceur vagabonde Les bibliothécaires - 1 décembre 2018

Originaire de Georgie, Chan Marshall alias Catpower est une fille du Sud des États-Unis. Le sud-américain: celui de la Soul.
Imprégnée de cette musique ainsi que de celle de ces ainé(e)s folkeu(ses) x, elle a ouvert la voie à une ribambelle de chanteuses ces dernières années. Aujourd’hui, elle opère un retour lumineux aux sources d’une musique folk plus mélancolique et minimaliste où la plupart des morceaux sont dominés tantôt par la guitare tantôt par le piano. C’est un album très dépouillé, voire acoustique, et on reste suspendu à ce fil fragile et émouvant. C.G.

Princesse Kevin (Michaël Escoffier)

note: 5Quand les garçons voient aussi la vie en Rose… et pas qu’en bleu ! Les bibliothécaires - 10 novembre 2018

Les filles auraient le droit de se déguiser en cowboy ou en pirate, mais pour les garçons, interdit de porter une robe de princesse??!
Kevin est une princesse. Les autres peuvent bien rigoler, Kevin s’en moque. Kevin est une princesse, un point c’est tout. Sa sœur lui a prêté une robe, des chaussures à talon, quelques bijoux. Il a emprunté le maquillage de sa maman, et maintenant Kevin est une princesse. Il ne voit pas ce qu’il y a de mal à se déguiser ainsi. Quand on se déguise, c’est pour qu’on ne vous reconnaisse pas. Sinon, ça ne sert à rien de se déguiser. Et d’abord, qui a décrété que seules les filles pouvaient se déguiser en princesses ?

Sous l’effet « girly » assuré par sa couverture et ses illustrations roses fluo, l’auteur Michael Escoffier et l’illustrateur Roland Garrigue abordent avec humour le thème de la différence, de la tolérance et la liberté d’être soi que cela plaise ou pas.

Monsieur Fée (Morgane de Cadier)

note: 5un beau message pour les enfants sur la différence Les bibliothécaires - 10 novembre 2018

Ce qui attire dans cet album, c’est avant tout le titre et le petit éléphant grognon en robe.
Chouette vous dites-vous, un album sur la théorie du genre et bien… non pas tout à fait…
Certes Monsieur fée est (a priori) la seule fée masculine de la forêt, mais l’histoire ne tourne pas autour de ça, l’enjeu ici est surtout de démontrer que chacun possède ses propres forces et faiblesses et ce qu’y paraît inutile au premier coup d’œil peut finalement s’avérer indispensable.

Deux mots sur l’histoire, Monsieur fée faisant tout de travers décide de quitter la forêt et découvre par hasard une ville, tout y est gris, tout le monde y est triste. (Un peu comme Paris en gros). Il décide alors d’utiliser ses dons pour remettre de l’ordre dans tout ça, évidemment rien ne fonctionne comme il le voulait mais ce sont finalement les effets secondaires de sa magie qui ont le plus d’impact, redonnant aux habitants de la ville le sourire.

Un personnage attachant avec de savoureuses illustrations, un récit poétique et rempli d’optimisme. Un album qui vaut le coup qu’on s’y attarde.

Night is short, walk on girl (Masaaki Yuasa)

note: 5Délire visuel Les bibliothécaires - 3 novembre 2018

Night is short walk on girl est un film d’animation japonais du réalisateur Yuasa Masaaki, auteur déjà connu pour son cultissime Mind Game. Il s’agit ici d’une comédie romantique ubuesque. Senpaï, un jeune étudiant de Kyoto, est secrètement amoureux d’une jeune fille aux cheveux noirs dont il ne connaît ni le nom, ni l’adresse. Afin de la séduire, le jeune homme transi manœuvre depuis des mois pour mettre en place l’opération OCV, consistant à occuper le champ de vision de la jeune fille et à provoquer des rencontres inopinées, afin que celle-ci tombe amoureuse de lui. Le terrain étant bien préparé, il est temps pour lui de passer à l’action en lui avouant ses sentiments. Pour cela il a toute une nuit pour y arriver, mais comprendra-t-elle ses sentiments ?
La romance des deux étudiants se transforme peu à peu en une véritable épopée métaphysique où l’on rencontre des personnages plus originaux les uns que les autres : un obsédé amateur d’estampes érotiques, un dramaturge qui changera de caleçon le jour où il retrouvera la femme de ses rêves, un vieux riche dépressif qui passe son temps à organiser des concours complètement fous.
Cette nuit-là semble durer une année entière, ne s’égrène pas au même rythme pour les différents personnages : sur le cadran des montres des plus âgés l’aiguille file à une vitesse vertigineuse tandis que pour les plus jeunes, elle tourne au ralenti, leur laissant le temps d’accomplir leurs rêves.
Pour le spectateur c’est une heure trente de grand divertissement qui ne laisse pas le temps de respirer. Une révélation visuelle et scénaristique à la fois drôle et immersive. Un rêve éveillé. R. V.

Ce qui nous lie (Cédric Klapisch)

note: 3Un bon cru ! Les bibliothécaires - 3 novembre 2018

Ce qui nous lie est un film de 2017 du réalisateur Cédric Klapich. Il s’agit là de son onzième long métrage.
Le film relate la reprise par une fratrie d’un domaine familial situé en Bourgogne. Jean, l’ainé des fils, interprété par Pio Marmaï, a quitté le pays il y a presque dix ans pour faire un tour du monde et surtout pour fuir l’autorité du père. Sa mère, morte il y a un peu plus de 4 ans, il n'a pas donné signe de vie depuis. Cet épisode a laissé des traces au sein de la fratrie, notamment entre Jérémie le benjamin et Jean; or lorsque sa sœur le prévient que son père est gravement malade, celui-ci décide de rentrer, mais de façon provisoire, car il a refait sa vie en Australie, où il est devenu père d’un petit garçon. Rien cependant ne se passe comme prévu puisque le père meurt juste avant les vendanges. Tous décident alors de vivre une année ensemble, quitte à mettre leur vie respective entre parenthèses afin de régler les problèmes de succession et produire la nouvelle récolte.
Ce qui lie ces jeunes est bien plus qu’un simple héritage car c’est la terre elle-même, comme le constate Jean en voix off « à force de travailler la terre, on s'imagine qu'elle vous appartient, alors qu'on finit par réaliser que c'est vous qui lui appartenez ».
Les films de Klapisch sont marqués par sa façon de dresser des portraits et de tisser des liens entre les personnages. On se souvient du portrait générationnel des étudiants Erasmus dans l’Auberge Espagnole. Ici on s’intéresse surtout aux rapports familiaux, entre un père et un fils, entre deux frères et une sœur. La notion de transmission est également très présente dans le film, pas seulement la transmission d’un bien ou d’une terre mais aussi celle d’un savoir. La vigne demande un long apprentissage, tout comme ces jeunes gens devront trouver leur équilibre entre espoirs et souvenirs.
Un très bon cru à déguster sans modération, bien que celui-ci laisse une certaine langueur en bouche. R.V

Geography (Tom Misch)

note: 5Voyage sonore Les bibliothécaires - 3 novembre 2018

Inconnu pour la plupart d’entre nous, le Londonien Tom Misch, 22 ans, compte déjà quelques millions d’écoutes et de vues sur le net pour les différents titres qu’il a produit au cours des trois dernières années. Totalement ouvert et curieux, il n’hésite pas à mélanger les styles et les sons, sans complexes. Ainsi, dans la musique de Tom Misch se croisent des sonorités pop, funk, hip-hop, soul, jazz ou même disco, pour un résultat aussi singulier que familier, parfaitement abouti, d’une grande diversité et d’une grande richesse. La preuve en est avec les nombreuses collaborations sur cet album et dans ses productions plus généralement : Loyle Carner, De la Soul…C.G.

Lost & found (Jorja Smith)

note: 5Jorja on my mind Les bibliothécaires - 2 novembre 2018

Dans la catégorie « espoir de la soul anglaise », je demande Jorja Smith. La presse aime voir en elle une héritière d’Amy Winehouse pour cette voix éraillée voire lascive. Elle aussi est autrice de ses textes, engagés pour certains, et dans lesquels elle vient à questionner la société anglaise. Musicalement, elle puise dans un large champ. Son album se compose à la fois de R'n'B, de dance-hall, de jazz, de gospel. Sa voix majestueuse, est portée par des rythmes minimalistes et des synthés lascifs. C.G.

Orages d'acier (Ernst Jünger)

note: 4Témoignage exceptionnel Les bibliothécaires - 9 octobre 2018

Dans ce livre, Ernst Jünger nous fait revivre la grande guerre de 14/18 sous la plume du jeune officier qu'il fut à cette époque.
Bien que ce soit le point de vue d'un Allemand, on est frappé par la similitude du vécu, des situations, avec les récits des écrivains français : mêmes villages, mêmes batailles dont la célèbre bataille de la Somme, mêmes tranchées, mêmes gaz, mêmes obus, mêmes morts atroces…
Un livre surprenant, qui vient sans doute de la distance qui nous sépare de 14-18, mais aussi par la forme de la narration de cet « Orages d'acier ».
En effet, il y a dans ce récit peu de peur perceptible: le ton est froid, les descriptions sans émotion ni sentiment. Des déluges de balles, d'obus, de massacres. Vers la fin du livre où l'on sent l'épuisement et la folie qui guettent.
Fascinant, par le courage et l'humanité de Jünger, qui n'a aucune animosité envers ceux d'en face, les soldats de l'autre camp (comme en témoignent ces scènes étonnantes de conversation avec des soldats anglais, par-dessus les tranchées, ou au moment de capturer des prisonniers).
Etonnants encore les moments de bonheur relatés dans ce livre... telles ces journées de lecture dans l'abri des tranchées.
Ce livre fait le pendant aux écrits de Maurice Genevoix (« Ceux de 14 ») puisque les deux auteurs se sont retrouvés sur les mêmes lieux de bataille presque au même moment.
Ainsi, un remarquable ouvrage de Bernard Maris verra le jour prochainement pour évoquer les destins croisés de ces deux écrivains-guerriers d'un autre siècle : "L'homme de guerre - M. Genevoix face à E. Jünger" … F.D.

Andersen (Nathalie Ferlut)

note: 5À l'Eventyr ! Les bibliothécaires - 6 octobre 2018

Il était une fois, le fils d’un pauvre cordonnier qui rêvait d’aventures et de gloire. Ainsi pourrait commencer, comme n’importe quel conte, le récit de la vie palpitante de Hans Christian Andersen, dont Nathalie Ferlut a tiré une biographie d’une grande poésie.

Mais loin de l’autobiographie enchantée où Andersen lui-même tentait de persuader le lecteur qu’il mena une existence digne d’un « conte de fées, riche et heureuse », ce roman graphique aborde de manière plus contrastée la vie et l’œuvre d’un conteur d’exception, personnage attachant et rêveur mais marginal et solitaire. En effet, si ses contes ont su charmer des générations entières d’enfants, ce grand mélancolique, pour qui l’imagination fut à la fois voyage et refuge, ne put jamais vraiment trouver sa place dans la bonne société danoise.

Ce sont donc bien les zones d’ombre du conteur qui sont dépeintes ici, aussi bien sa fragilité psychologique qu’une partie de son œuvre, romans, poèmes et pièces de théâtre à foison, méconnue du grand public. Les différentes étapes de sa vie défilent tels de petits contes enchanteurs, habillés de frises colorées, des personnages de papier dont il était friand et de riches enluminures qui font de ce livre un très bel objet graphique.
Pourquoi hésiter ? Suivez les pas du petit soldat de plomb et écoutez le chant de la fée : nul n’est jamais trop vieux pour se replonger dans la poésie et l’univers merveilleux et mélancolique d’Andersen !
Vv

Nous avons fait de notre mieux (Thi Bui)

note: 4Une biographie familiale poignante et poétique Les bibliothécaires - 6 octobre 2018

Thi Bui a trois ans lorsqu’elle arrive en Californie avec ses parents et ses frère et sœurs et n’a que peu de souvenirs de sa vie « d’avant ». Nous sommes en 1978 : après plusieurs années de misère, la famille Bui monte à bord d’une embarcation de fortune et quitte le Vietnam récemment réunifié pour échouer dans les camps de réfugiés de Malaisie, avant d’arriver aux États-Unis. Thi fait partie de cette première génération de boat people qui a grandi en Occident et qui constate la difficulté pour les anciens de concilier mode de vie à l’américaine et tradition ancestrale.
Mais ce n’est qu’une fois adulte que Thi entreprend de redécouvrir son histoire familiale afin de mieux comprendre ses parents, ce qui les a fait tels qu’ils sont et le silence qu’ils tirent sur plusieurs décennies de guerre : elle retracera ainsi leur enfance, sous l’Indochine encore française, et leur jeunesse marquée par l’instabilité politique et les premières guérillas jusqu’à la scission de leur pays natal sous l’égide des blocs occidental et soviétique.

Thi Bui livre la biographie à la fois poétique et poignante d’une famille en exil, confrontée au racisme et au déclassement mais qui à force de travail, est parvenue à se hisser parmi la middle class. Le traumatisme de l’exode et ses sacrifices font partie intégrante d’une histoire familiale dont hérite l’auteur, préoccupée par la constitution de sa propre identité, et de celle qu’elle laissera à ses propres enfants.
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 4Spectre en vue Les bibliothécaires - 2 octobre 2018

Ring est un film d’horreur d’Hideo Nakata sorti en 1998 et considéré comme l’un des films les plus terrifiants de ces 20 dernières années. Nous sommes au Japon et une terrible rumeur circule parmi les lycéens japonais : des personnes meurent dans les sept jours suivant le visionnage d’une cassette vidéo. Tomoko, une lycéenne, trouve la mort chez elle dans d'étranges circonstances. Sa meilleure amie, unique témoin de la scène, est dès lors tenue pour folle, depuis qu’elle la retrouvée morte dans un placard, le visage foudroyé par la frayeur. Les amis de cette jeune fille qui avaient également regardé la cassette meurent les uns après les autres. Reiko Asakawa, journaliste à Tokyo, et tante de Tomoko, décide d’enquêter sur la mort de sa nièce après avoir entendu parler de cette cassette. Ses investigations la conduisent dans une auberge de montagne où elle entreprend de visionner, seule, la vidéo.
Ici, le tour de force du réalisateur est de faire monter l’angoisse, en suggérant plus qu’en montrant, comme dans un Carpenter, un Tourneur ou encore un Hitchcock, mais à la façon teenage wasabi : des adolescentes fraîches et puériles sont vouées à mourir d’horreur. Plus l’intrigue avance, plus le spectateur est immergé au point de croire que ce mal répugnant sortant d’un anneau symbolisant un puits, pourrait surgir de l’écran. Nul besoin d’effets spéciaux ou d’hémoglobine pour être terrifié puisque le cinéaste ne montre pas ce qui tue, la chose létale peut donc être partout, tapie dans chaque endroit du quotidien, voire même dans votre écran de télévision.
A regarder sans attendre, tapis sous la couette, et en l’absence des enfants évidemment.

Les gardiennes (Xavier Beauvois)

note: 4Les femmes de l'arrière. Les bibliothécaires - 2 octobre 2018

Les gardiennes est un film du réalisateur Xavier Beauvois sorti en 2017, drame adapté du roman d'Ernest Pérochon paru en 1924.
L’intrigue se déroule pendant la première guerre mondiale, dans la ferme d’Hortense, interprétée par Nathalie Baye. En l’absence des hommes partis combattre pour une guerre soi-disant éclair, les femmes sont les seules à travailler et à maintenir l’effort de guerre. Pour aider sa fille à la ferme, Hortense décide de contacter l’assistance publique, qui lui envoie Francine, une jeune femme courageuse, ne rechignant pas au travail. Cette vie de labeur est rythmée par les permissions des hommes, qui tentent de retrouver un semblant de vie, auprès de leur mère, de leur femme ou bien leur fille. Georges, le fils benjamin, arrive à se rapprocher de Francine par des échanges épistolaires, puis physiquement. De cet amour naîtra un enfant qui conduira Francine à sa perte.
Le film est un hommage vibrant à toutes ces femmes qui ont été les gardiennes du logis de la famille et de l’effort de guerre d’une manière plus générale ; elles ont contribué au modernisme de l’économie par le biais des innovations apportées par les Alliés et par les inventions liées à la guerre. Beauvois met ces héroïnes en avant grâce à une magnifique photographie qui nous plonge dans une France profonde rurale, où le travail est le seul maître mot, et prend le temps de développer sa trame narrative, bien appuyée par un casting de choix, avec entre autres Nathalie Baye et Laura Smet qui se retrouvent à jouer leur rôle de mère et fille à l’écran. Et enfin, la belle découverte d’une jeune actrice, Iris Bry, qui à elle seule symbolise la future émancipation des femmes… Un véritable voyage au cœur d’une Histoire qui nous paraît si éloignée. R.V.

Une vie ailleurs (Olivier Peyon)

note: 4Histoires de mère(s) Les bibliothécaires - 2 octobre 2018

Accompagnée d’un assistant social, Sylvie part en Uruguay pour reprendre son fils, enlevé quatre mois plus tôt par son ex conjoint uruguayen. Malgré le décès du père, le jeune garçon continue de vivre avec sa tante et sa grand-mère. Leur plan initial ne va pas se révéler si simple que ça.
Le film est intéressant car il se place du point de vue de Medhi, à la fois témoin du désespoir d’une mère, et également du bonheur de cet enfant dans sa famille paternelle. Chargé de localiser et ramener l’enfant, Medhi va progressivement s’immiscer dans le quotidien du jeune garçon, se lier d’amitié avec lui et se rapprocher des deux femmes dévouées qui entourent d’amour cet enfant et tentent de pallier au vide de la mère disparue. Dès lors, son engagement auprès de Sylvie vacille.

L’enjeu principal du film reste la question centrale de la parentalité. Quels sont les droits de Sylvie sur cet enfant qui ignore son existence ? Faut-il privilégier son bonheur personnel au détriment de l’équilibre de son enfant, quitte à le perdre définitivement? Toutes ces interrogations sont soulevées de manière sensible et non manichéenne. C.G.

Les fleurs du mal n° Tome 1 (Shûzô Oshimi)

note: 5Mauvaises graines Les bibliothécaires - 21 septembre 2018

Amateurs de jolies rimes et d’alexandrins élégants et sophistiqués, veuillez passer votre chemin! Ne vous laissez pas abuser par le titre : nous parlons ici d’un manga paru en 2017 (pour la version française) qui n’a rien de poétique à priori. Oh non, ici on est plutôt dans le dur et le moche, Ces fleurs du mal ne sont pas là pour faire sourire et voir la vie en rose, mais pour faire grincer des dents et curieusement, c’est plaisant.
L’histoire prend place dans une ville de province banale, dans un collège banal. Le protagoniste, Takao, est un élève moyen et timide (en bref : banal) qui se sent à l’étroit dans son quotidien monotone. Pour y échapper, il se réfugie dans la lecture, tombe sous le charme du recueil Les fleurs du mal de Baudelaire, et l’ouvrage va vite devenir sa bouée de sauvetage, le moyen de se démarquer dans ce monde de grisaille où la normalité est de mise, où tout et tout le monde se ressemble.
Comme beaucoup d’adolescents de son école, il s’émerveille devant la belle Nanako (l’idole de sa classe voire même du collège). Se contentant d’ordinaire à l’observer de loin, il est un jour pris d’un coup de folie et dérobe les vêtements de sport de la demoiselle. Paniqué, il s’enfuit avec le fruit de son larcin. Manque de chance, Sawa, l’élément perturbateur du récit ET de la classe, le surprend et décide de le faire chanter, l’obligeant ainsi à effectuer les actes les plus fous et dégradants sous peine de se faire dénoncer.
Ce manga choque, brise les tabous. Il dépeint la déviance non pas comme un vice mais plutôt comme une bouffée d’oxygène, une espèce de libération.
Attention tout de même : ce manga s’adresse à un public adulte ET averti. Th. V.

Panthère (Brecht Evens)

note: 5"Un livre pour adulte qui se déguise en livre pour enfant" (B. Evens) Les bibliothécaires - 12 septembre 2018

On croirait ouvrir un album de conte pour enfant, avec les mille couleurs qui se déploient sur la couverture, mais quelque chose dans l’expression effacée de la fillette et celle, troublante, de la panthère, nous refroidit immédiatement.
Et on aura bien raison car tout de Panthère esquisse une progression du rêve merveilleux vers le cauchemar le plus glaçant. L’histoire s’ouvre sur le deuil que fait Christine, six ans, de la disparition de son chat. Son père l’élève seul depuis que sa mère a claqué la porte du foyer en menaçant de se suicider.

Dans son quotidien morne et solitaire, la fillette voit avec émerveillement surgir du dernier tiroir de sa commode– comme un diable de sa boîte – l’époustouflant et charismatique Panthère, prince de contes de fées haut en couleurs, héritier du royaume de Panthésia, beau parleur aux milles aventures et aux mille visages.

Si sa présence tient à première vue du merveilleux et a vite fait de réintroduire un peu de magie dans la vie de Christine, Panthère révèle rapidement au lecteur perplexe toute l’ambiguïté de son personnage. Tantôt confident rassurant, tantôt ami troublant, ses multiples masques en font un caméléon manipulateur et inquiétant que les couleurs, vives et éclatantes, ne rendent que plus attirant aux yeux de Christine.
Entre jeux d’ombres qui créent le malaise et parties de twister suggestives, l’ami dévoué de la petite fille change constamment de visage et de personnalité et se voudrait exclusif, l’isolant du reste du monde – et même de ses jouets favoris qui tentent, en vain, de la prévenir. Et le doute de s’emparer du lecteur qui s’interroge : réalité sinistre ou sombre sublimation d’un traumatisme ?
La relation presque fusionnelle du prédateur et de l’enfant est angoissante et atteint son sommet à la venue des amis de Panthère, nettement plus menaçants et qui, dénués de son charisme, ont bien du mal à dissimuler leurs véritables intentions…

Les couleurs chatoyantes utilisées par Brecht Evens et la féérie première instaurée par la venue de Panthère renvoient inévitablement cet album vers le livre pour enfant, ce qui ne fait qu’accentuer la sinistre réalité d’un huis-clos perturbant dont le lecteur est le spectateur muet. Les expressions changeantes de la panthère et les kaléidoscopes saturés de couleurs et de détails, vertigineux et chaotiques, entretiennent le sentiment de malaise tout au long des pages jusqu’à l’horreur la plus complète.
Une lecture glaçante.
Vv

Migrant (Eoin Colfer)

note: 3Pour une vie meilleure Les bibliothécaires - 11 septembre 2018

Migrant s’ouvre sur deux jeunes frères perdus en pleine Méditerranée, serrés avec quatorze autres migrants dans un minuscule bateau gonflable qui prend l’eau. Scénarisé par Eoin Colfer et Andrew Donkin, ce roman graphique suit le périple vers l’Europe d’un jeune orphelin ghanéen, Ebo. Depuis que leur sœur aînée a décidé de traverser la mer pour rejoindre l’Italie, Ebo et son grand frère Kwame attendent de ses nouvelles dans leur village natal. Mais lorsque Kwame part également sans prévenir, Ebo se lancera dans un long voyage dans l’espoir de retrouver sa famille.

Le récit revient ainsi sur tous les dangers et difficultés auxquels sont confrontés les migrants, bien avant la traversée de la Méditerranée sur des embarcations de fortune : sur le temps passé à accumuler les travaux ingrats et à économiser pour partir, sur la violence et la cupidité de passeurs parfois sans scrupules, en passant par les dangers de la traversée du désert en camion… Autant de périls qui constituent le quotidien de ces personnes à la recherche d’une vie meilleure.

Si les couleurs, douces et parfois même lumineuses, semblent peu se prêter à un sujet aussi grave, elles permettent de soutenir une narration menée sans aucun pathos, à l’image du personnage principal qui fait preuve d’un optimisme à toute épreuve.
Vv

Jeune femme (Léonor Serraille)

note: 5Jeune et Folie Les bibliothécaires - 1 septembre 2018

Un chat sous le bras, des portes closes, rien dans les poches Paul est de retour à Paris après une longue absence…Le film s’ouvre sur une scène frontale où Paula s’impose violemment à la caméra, dans ce délire verbal se mêle colère et désespoir suite à une rupture amoureuse. Dès lors, la caméra ne lâchera plus son personnage central. Elle dessine un portrait mouvant de cette jeune femme, spontanée, fantasque et sensible, toujours sur la brèche mais en perpétuelle révolution. Ainsi, elle tente de se faire passer pour ce qu’elle n’est pas, endosse diverses identités afin de correspondre à ce que la société attend d’elle. Cette adaptabilité lui donne la force et une indépendance nouvelle. Dans cette quête, les personnages secondaires participent de cette construction.
C’est une tragi-comédie touchante dans laquelle on assiste à la mue de cette jeune femme passant d’un être incontrôlable voire animal pour atteindre un être solide et libre. C.G.

Orquesta Akokan (Orquesta Akokan)

note: 4Viva Mambo Les bibliothécaires - 1 septembre 2018

Fidèles pourvoyeurs d’artistes et de sons Soul vintage, l’exigeant label Daptone, une fois n’est pas coutume, se lance dans la production d’un album de musique cubaine. Enregistré dans les mythiques studios Areito de la Havane, cet opus de compositions originales réunit un casting 5 étoiles issu des meilleurs formations cubaines actuelles. Cet orchestre multigénérationnel d’exilés cubains, d’Havanais ou d’américains restitue à la perfection l’ambiance fiévreuse des dancings des années 50 de la Havane. C.G.

Radyo siwèl (Melissa Laveaux)

note: 5Back to the roots Les bibliothécaires - 1 septembre 2018

Canadienne d’origine haïtienne, Mélissa Laveaux est allée puiser dans le répertoire du folklore haïtien, principalement des chansons de l’occupation américaine d’Haïti de 1915 à 1934 remises au goût du jour. Renouer avec ses racines, c’est d’abord renouer avec une langue. Après deux albums qui mélangeaient anglais et français, toutes les chansons de ce disque sont quasiment intégralement interprétées en créole. Ces 12 titres mêlant chansons, comptines et airs vaudous rendent bien sûr hommage à la culture de ses ancêtres tout en mélangeant ses influences folk, blues, trip hop, calypso ou merengue.
Radyo Siwèl n’est pas seulement une célébration de la culture haïtienne mais également un moyen nécessaire d’éveiller les consciences. En raison des controverses générées par la présidence de Trump qui a récemment qualifié les pays africains mais aussi haïtiens et autres de « pays de merde », ce troisième opus, selon son auteure, « c’est un épisode de l’histoire d’Haïti, c’est de la chanson haïtienne, mais le thème de l’envahisseur est universel ».
Énorme coup de cœur pour cette artiste que la médiathèque George Sand a reçu dans le cadre d’une rencontre musicale en 2014. C.G.

Madame (Amanda Sthers)

note: 3La vie domestique Les bibliothécaires - 1 septembre 2018

Dans Madame on suit une riche famille issue de l’aristocratie anglaise et vivant à Paris. Anne et Bob organisent un dîner mondain afin de favoriser l’authentification d’un Caravage. Cependant, l’arrivée inopinée du fils ainé de Bob porte le plan de table à treize convives, une fausse note que Madame (Toni Colette) corrige en ajoutant Maria (Rossy de Palma), la bonne, au nombre des invités. S’ensuit un quiproquo sur la véritable identité de Maria.
Pour son deuxième long-métrage, la romancière et réalisatrice Amanda Sthers propose une comédie romantique dont la thématique de l’amour entre la pauvre bonne et le riche aristocrate est vue et revue, mais dont la finalité, critique de notre système occidental de castes, est inattendue. Acerbe, la réalisatrice n'hésite pas à égratigner cette petite bourgeoisie des temps modernes, sans pour autant se montrer cruelle.
Rossy de Palma remplit à merveille son rôle de femme du peuple pétrie d'espoirs malgré ses doutes et ses peurs. Cette émancipation du personnage se retrouve dans la fin ouverte du film qui montre justement qu’on peut sortir des carcans sociaux qui empêchent de voir la vérité au-delà des apparences. R.V

Makala (Emmanuel Gras)

note: 3Sur des charbons ardents Les bibliothécaires - 1 septembre 2018

Makala qui signifie charbon en swahili est un documentaire-fiction d’Emmanuel Gras. L’intrigue se déroule dans la région du Katanga en République démocratique du Congo. Kabwita, un jeune villageois, essaye d’offrir un avenir meilleur à sa femme Lydie et à ses enfants. Il décide d’agrandir sa maison mais pour cela, il lui faut acheter des tôles qu’il pourra financer par la vente de son charbon. Durant la première partie du film, on suit Kabwita dans son travail ; on le voit abattre un arbre immense à coups de hachette, réunir les bûches en un monticule recouvert de terre et brûler le bois pour en récupérer le charbon. La deuxième partie du récit se concentre sur l’acheminement périlleux du charbon vers la ville à l’aide d’un vélo de fortune. Emmanuel Gras s’attache à montrer le quotidien de Kabwita, sans fioriture. L’image est un instantané traduisant la réalité.
A chaque instant, on sent le cinéaste se questionner : comment filmer Kabwita sans l’humilier ? Son point de vue crée involontairement une fictionnalisation du protagoniste qui, faisant preuve d'une telle persévérance, devient un héros malgré lui. L'esthétisation à outrance et l'écriture de certaines séquences participent également à cette fictionnalisation. Emmanuel Gras n'a pas voulu de voix off ou de commentaires. Le montage dynamise une mise en scène contemplative, pleine de pudeur. Tout ceci afin de pousser le spectateur à réfléchir sur la condition humaine. R.V.

Aleph (Gesaffelstein)

note: 4Back to Black Les bibliothécaires - 10 août 2018

Attention pour âme sensible à l’électro made in France.
À l’instar des cadences de la Machine trouvez ici leurs échos, la beauté du rêve en prime.

Une musique qui vous chauffe dans la noirceur et vous subjugue.

Je kiffe GESAFFELSTEIN « Aleph » !

Les nouvelles aventures du fäkir au pays d'Ikea (Romain Puértolas)

note: 5Embarquez pour un voyage insensé ! Bonne humeur et rires garantis ! Les bibliothécaires - 17 juillet 2018

Dans ce deuxième opus, notre fakir n'a désormais plus rien à voir avec l'Indien qui multipliait les galères en arrivant en France. Aujourd'hui, il vit dans un grand appartement parisien avec son épouse Marie Rivière.
Grâce aux énormes ventes du livre qui relatait ses pérégrinations, il s'est quelque peu embourgeoisé et a perdu toute authenticité, se complaisant dans le matérialisme.
Ajatashatru a perdu son inspiration. Il n’arrive pas à écrire son deuxième roman.
Un malheur n’arrivant jamais seul, le lit à 15000 clous, « Kisitrotsipik », disparaît du dernier catalogue Ikea. Le géant suédois des meubles en kit ayant en effet dû interrompre sa fabrication suite à diverses plaintes.
C'est ainsi qu' « Aja » part en Suède pour se retrouver, une sorte de pèlerinage, et pour rencontrer monsieur Ikea afin de lui demander de lui fabriquer un dernier modèle de lit à clous.
En parallèle à ce nouveau voyage, il sera également question de la jeunesse d'Aja, et plus précisément de la façon dont il est devenu fakir grâce à son maître Baba Orhom.
L’alternance des chapitres entre l’expédition en Suède et le retour sur le passé sombre auprès de son maître peut toutefois perturber le lecteur au début. Mais vous l'aurez compris, ce deuxième opus, c'est du grand n'importe quoi.
L'humour provoqué le plus souvent par le mélange des cultures françaises, suédoises et indiennes porte quand même ses fruits, même si l'histoire est totalement (et volontairement) rocambolesque et pleine d'improbables coïncidences.
Certes, si vous êtes un lecteur particulièrement exigeant, il vaut mieux s'abstenir mais si vous souhaitez juste passer un bon moment avec un roman facile à lire, rempli de péripéties loufoques, alors ces nouvelles pérégrinations vous satisferont. Il faut aimer l'humour délirant, la blague à deux balles comme les jeux de mots caustiques. Bonne humeur et rires garantis ! F.B.

Guerres (Timothy Findlery)

note: 5un roman atypique et poignant sur la « Der des Der » Les bibliothécaires - 17 juillet 2018

Présenté par l'éditeur comme une interrogation sur le sens de notre humanité, plutôt que comme un livre de guerre, ce troisième roman de l’écrivain canadien anglais Timothy Findley est tout à fait remarquable.
T. Findley nous conte, comme s'il l'avait lui-même vécue, l'histoire de Robert Ross, jeune canadien enrôlé dans la Première Guerre mondiale, une guerre absurde et meurtrière dans laquelle il est chargé de responsabilités auxquelles il n'était pas préparé. Lui, comme beaucoup d'autres, s'y est impliqué avec l’intime conviction que cette guerre devait mettre fin à toutes les autres.
Même lors des moments terribles, l’auteur ne s'attarde pas aux atrocités, ne décrit pas l'horreur mais plutôt la façon dont elle est vécue par les soldats.
Ce qui en fait un livre fort réside également dans la narration qui se développe sous forme de petits tableaux (le contexte familial autour de Robert Ross, la préparation militaire, la traversée de l’Atlantique…).
C’est grâce à l’exploitation d’un ensemble d'entretiens, d'extraits de journal intime, que T. Findley arrive à créer des images à partir de la mise en valeur de petits détails qui progressivement pourraient presque s’animer pour nourrir un film dans nos têtes…
La fin du roman est écrite avec beaucoup de style, assez dramatique mais avec un rythme enlevé.
Au final, ce livre, tellement atypique, ne se raconte pas ! Il se lit !

Sirius (Stéphane Servant)

note: 3Le grand voyage Les bibliothécaires - 17 juillet 2018

Ce roman s’adresse à ceux et celles qui souhaitent voyager sans sortir de chez eux. Les deux protagonistes vivent à l’écart de tout problème jusqu’au jour où ils se retrouvent contraints de prendre la route, traversant les vestiges de notre civilisation et confrontés à la folie et à la sauvagerie qui se sont emparées des habitants du « nouveau » monde.
Agréable à lire, les pages défilent et la fin arrive avant même que l’on s’en rendre compte… Les personnages y sont PRESQUE tous plaisants : sauf Kid, horripilant, avec qui vous n’avez pas fini de vous arracher les cheveux !
Pour peu que vous ne soyez pas malade en voiture, ce livre est le moyen idéal de passer le temps dans les embouteillages, avant d’atteindre les bords de plages. T.V.

The shadow hero (Gene Yang)

note: 3Tu seras un super-héros, mon fils Les bibliothécaires - 6 juillet 2018

Pour Hua, jeune immigrante chinoise dans les années 1920, le rêve américain a un goût amer : parquée dans le Chinatown d’une petite ville côtière des États-Unis, elle épouse un épicier local – Chinois lui aussi – à la réussite modeste. Elle mène une vie paisible (comprenez monotone) entre le commerce tenu par son mari et son fils adolescent et les maisons des quartiers nantis où elle passe chaque jour faire le ménage.
Jusqu’au jour où, témoin d’un hold-up, Hua est prise comme otage par un des braqueurs. C’est sans compter sur l’aide et l’efficacité de l’Ancre de la Justice, le super-héros local. Dès lors, pour la petite mère de famille, l’avenir est tout tracé : si elle n’est allée que de déception en résignation, son fils Hank, lui, deviendra un super-héros, elle y tient. Quitte à lui coudre elle-même son costume, l’aider à acquérir des super-pouvoirs ou l’emmener en voiture jusque sur les lieux du crime…

Ainsi deux jeunes auteurs font revivre un super-héros des années 40, dont les aventures (inachevées) et le visage (jamais dévoilé) sont tombés dans l’oubli. Et pour cause, en plein âge d’or des comics de super-héros – et en pleine Seconde Guerre mondiale – la Tortue Verte n’a pas su se démarquer de ses collègues surhumains défendant les États-Unis à grands renforts de liberté et de patriotisme. Elle protégeait cependant la Chine, alliée des Américains, contre les assauts de l’Empire japonais. Gene Luen Yang et Sonny Liew proposent un hommage moderne et hilarant au genre tout en soulevant la question de l’identité et de l’intégration de la communauté sino-américaine aux États-Unis.
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 4A lire tête-bêche Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

Un livre pour se mettre sans dessous-dessus...
Strictement réservé aux Gourmets de plus de 18 ans. LV

Pommes ! (Amandine Geers)

note: 4La Pomme Magique ! Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

Newton, Ève, la déesse Iduun, Merlin, Pomono la Nymphe, Guillaume Tell, Magritte, Marseille ou les Beatles perpétuent sa Légende.
La pomme apparaît il y a plus d’une dizaine de millions d’années.
Il y a 3000 ans elle éclot dans les grands récits mythologiques.
Au Moyen Âge la pomme servait de base à la préparation d’onguents devenus « pommade ».
Sa conservation est optimale, elle se bonifie avec le temps. Elle recèle d’incroyables nutriments santé comme la vitamine C, de la quercétine qui est un polyphénol puissant et régénérant. Elle agit sur le cholestérol, le diabète, les cellules, la dentition … La pomme est rassasiante et détoxifiante. Découvrez la suite dans le livre…

Recette :
Gelée de pomme bio « anti-gaspi »
Préparation 15 min
Cuisson 1 heure
Conservation 1 an

Pour 4 à 5 petits pots
500 G d’épluchures, cœurs et pépins
80 cl d’eau
Le jus d’un citron non traité
Sucre blond (ou autre produit sucrant non colorant, pas de sucre complet) - 50% du poids de jus prélevé.

- Mettre les déchets de pommes dans une cocotte.
- Arroser de jus de citron, couvrir d’eau et cuire à feu doux sans remuer pendant 30 min.
- Filtrer le jus avec une passoire fine et le peser. Réserver la moitié du poids du jus en sucre
- Remettre le jus dans la cocotte, ajouter le sucre faire cuire 30 min à petit feu.
- Vérifier la gélification, verser le jus dans des pots stérilisés ou ébouillantés.
- Retourner les pots pour faire le vide d’air.

Accompagnement : Une belle brioche ou un Camembert de Normandie etc... LV.

Enghien-les-Bains (Sophie Cueille)

note: 5Pour les Journées du Patrimoine Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

Pour un moment privilégié dans la ville créative d’Enghien-les-Bains, où la Mémoire commune est en partage et se fête, je vous propose deux très beaux livres qui vous accompagneront dans cette invitation à la promenade et autres petites flâneries paisibles. Ils sont abondamment illustrés et agrémentés de petits chapitres relatant quelques curiosités assez étonnantes (Châteaux discrets, gréement en Casino, architecture ambitieuse, décorations très stylisées, mondanités...) enfin, voici de quoi vous sublimer les yeux et l’imaginaire ! Du XIXe siècle à aujourd’hui, surprise et admiration s’impatientent de vous rencontrer. LV

Enghien-les-Bains (Louis-Léopold Gavelle)

note: 5L'art du partage Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

Pour un moment privilégié dans la ville créative d’Enghien-les-Bains, où la Mémoire commune est en partage et se fête, je vous propose deux très beaux livres qui vous accompagneront dans cette invitation à la promenade et autres petites flâneries paisibles. Ils sont abondamment illustrés et agrémentés de petits chapitres relatant quelques curiosités assez étonnantes (Châteaux discrets, gréement en Casino, architecture ambitieuse, décorations très stylisées, mondanités...) enfin, voici de quoi vous sublimer les yeux et l’imaginaire ! Du XIXe siècle à aujourd’hui, surprise et admiration s’impatientent de vous rencontrer. LV

Dire au revoir (Gaëtan Roussel)

note: 5Poésie acidulée Les bibliothécaires - 4 juillet 2018


Gaëtan Roussel livre un recueil de nouvelles tout en poésie et en humour. Vingt nouvelles, de trois à quinze pages chacune sur un même thème : dire au revoir. Dans tous ces textes, flottent toujours le sens de la formule, l’humour délicat et la poésie doucement acidulée. On reconnait, même sans l'entendre, la voix particulièrement intense et déchirante de l’auteur de par sa façon de rythmer ses phrases, d’agencer des jeux de mots simples et recherchés, de jouer astucieusement sur les répétitions introduisant au final une belle sensibilité et une certaine nostalgie.
Ainsi, on savoure les instants « Des bouquets sans fleurs », de « La rupture », du « Zéro cachemire, une rencontre »… Il y a aussi « Un même jour », « La maladie » et surtout « Ma Camille ». Jolie petite nouvelle d’un homme en voyage qui finit par un au-revoir. Des « au-revoir » sans haine, sans drame, où les choses sont acceptées… ce qui fait aussi le charme particulier de ce recueil de nouvelles.

Les nuits de Reykjavik (Arnaldur Indriðason)

note: 3Nuits islandaises Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

C'est un préquel (ou antépisode : œuvre littéraire dont l'histoire précède celle d'une œuvre antérieurement créée en se concentrant sur les événements se déroulant avant le récit original).

Ce roman pourrait s'appeler « Aux origines » car il correspond à la 1ère enquête du jeune policier Erlendur Sveinsson. Je trouve ce roman particulièrement réussi car :

- l’enquête nous montre le tournant dans la carrière du jeune policier (et son ascension) ainsi que l’évolution dans sa vie sentimentale puisque on en sait davantage sur les débuts de sa relation avec Halldora, celle qui deviendra sa femme et la mère de ses enfants.

- en plus de l'intrigue, l'auteur, Arnaldur Indridason, offre davantage qu'un roman policier, il nous dresse un portrait de la société islandaise des années 1970 en proie aux doutes (l'alcoolisme, la drogue, les violences conjugales…), décrite avec force et une certaine noirceur.

- l’enquête repose entièrement sur la minutie, l'analyse rigoureuse des faits et surtout, sur la personnalité et la psychologie de cet Erlendur nostalgique, solitaire et taiseux, secret, taciturne, voire asocial...

- de par certains aspects, dont le rythme, parfois les pesanteurs de l’enquête, la description du milieu social ou celle de l'atmosphère de Reykjavik, ce roman nous fait penser à G. Simenon et à son célèbre personnage du commissaire Maigret.

Le Prince et la Couturière (Jen Wang)

note: 4Frais et moderne Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

La saison des bals bat son plein et les souverains du royaume de Belgique cherchent une épouse pour leur fils le prince Sébastien : une aubaine pour Francès, jeune couturière talentueuse qui espère se faire un nom dans le milieu en confectionnant les robes des prétendantes…
Mais ses créations originales attirent l’œil d’une cliente autrement plus inattendue : Sébastien lui-même, jeune prince sensible et maladroit écrasé par ses fonctions et qui ne se sent bien dans sa peau que lorsqu’il porte les robes les plus extravagantes !

Aidé de Francès, rapidement devenue son amie et sa complice, Sébastien devient la vedette des soirées mondaines sous les traits (et surtout dans les robes) de l’époustouflante et fictive lady Crystallia. Mais difficile de mener une telle double vie, surtout lorsqu’on est appelé à régner, d’autant que l’ambitieuse Francès ne se voit pas vivre pour toujours dans l’ombre du futur héritier sans réaliser ses propres rêves…

À travers ce conte d’une étonnante modernité, Jen Wang revisite les histoires à la Cendrillon et aborde avec finesse la question actuelle et sensible du genre, sans tomber dans la facilité ou les stéréotypes. Les personnages, adolescents attachants en quête d’identité, portent un scénario qui est une réelle bouffée d’oxygène et d’ouverture d’esprit. Entre l’animation et le manga, le dessin rond et mignon apporte beaucoup de douceur à l’histoire.

Et tant pis si certains reprocheront à cette bande dessinée la candeur de son propos et de son dénouement: c’est doux, c’est frais, c’est coloré, et parfois, les happy ends, ça fait du bien !
Vv.

Verdun n° 3 (Jean-Yves Le Naour)

note: 5Une histoire d’amour et de fidélité au nom de la justice et de l’honneur Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

« Les fusillés de Fleury », c’est le tome 3 de la série « Verdun ». Cet opus a l’avantage de pouvoir être lu indépendamment des autres, ce qui permet de comprendre toute l’histoire sans avoir lu les deux premiers tomes.

Cette BD retrace l’histoire vraie de deux sous-officiers « fusillés pour l’exemple » lors de la Première Guerre mondiale, pour avoir fui le champ de bataille et l’enfer déchaîné de Verdun afin de sauver une trentaine de soldats français condamnés à une mort assurée et à la boucherie puisque cernés et isolés par l’ennemi. Exécutés sans jugement ni tribunal par leurs propres camarades soldats survivants de la boucherie, ils ont été accusés par leur hiérarchie militaire d’avoir « quitté le champ de bataille sans ordre, abandonnant la lutte »…

C’est le combat contre cette injustice que cette BD nous propose de vivre. L’histoire d’un combat de dix ans mené par Fernande Herduin afin de réhabiliter la mémoire de son mari.
Une belle BD montrant l’horreur de la Première Guerre mondiale ; un dessin soigné livré par Inaki Holgado et S. Bouet ; une reconstitution crédible et un personnage principal auquel on s’attache vite dans sa recherche obstinée de la vérité, dans sa reconquête folle de l’honneur perdu de son mari… ce qui fait, au final, la réussite de cette BD.

Enfin, la BD s’achève sur une invitation de l’auteur, J-Y Le Naour, au devoir de mémoire et à venir visiter les lieux où les fusillés de Fleury ont connu le supplice… à prendre « le petit chemin qui… vous amène… au village fantôme de Fleury-devant-Douaumont, village mort pour la France, dont il ne reste plus rien, pas même une pierre… ». Afin de ne pas (les) oublier… jamais.
F. D.

Les filles d'Avril (Michel Franco)

note: 5Ma mère, ma meilleure ennemie Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

Les filles d’Avril est un drame psychologique du réalisateur mexicain Michel Franco. Ce film traite de la maternité d’une jeune fille de 17 ans, Valéria. Follement amoureuse de son petit ami Matéo : ils vont bientôt devenir parents d’une petite fille. Valéria vit avec Mateo à Puerto Vallarta chez sa sœur ainée, Clara. Bien décidée à garder l’enfant, Valéria ne veut pas mettre au courant sa mère Avril. Cependant, et en raison du coût et de la responsabilité qu'un enfant représente, Clara décide de l'appeler. Avril s’installe alors avec ses filles et prend les choses en main. Progressivement son comportement vis-à-vis de l’enfant change.
Dans ce film, on ne trouve pas de scène terrifiante de sadisme, habituelle dans les films de Michel Franco. C’est un film plus insidieux, qui distille petit à petit son poison à travers un personnage extrêmement dérangeant de mère prédatrice prête à tout pour conserver une forme de jeunesse éternelle.
Personne n'est épargné dans ce drame. Les femmes y sont immatures, tentatrices et égoïstes. Quant au seul homme présent dans cette aventure, il est faible, et donne une image peu flatteuse du genre masculin. On peut surtout saluer l'interprétation d'Emma Suarez, très inquiétante en mère castratrice. RV

Peur de rien (Danielle Arbid)

note: 5Soif de liberté Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

1993, Lina une jeune libanaise arrive à Paris pour ses études. Seule, ou presque : elle a pour seule famille en France une tante et son mari. Bien vite elle se voit contrainte de fuir leur maison car son oncle tente d’abuser d’elle. Elle trouve refuge chez une amie de l’université puis parvient à décrocher un emploi, et s’ensuit plusieurs rencontres. Ainsi commence l'éducation sentimentale et culturelle de la jeune fille qui doit se battre pour avoir un toit et obtenir sa carte de séjour.
Le film est un récit très ample d’initiations adolescentes où le personnage est tout à tour aidé ou rejeté.
La réalisatrice Danielle Arbib raconte un morceau de l’histoire de France : celle de Charles Pasqua, période sombre où l’on cherchait à faire fuir les immigrés par tous les moyens administratifs, et qui fait tristement écho à notre actualité.
Ce film est un véritable plaidoyer à la solidarité et à l’intégration. RV

Diane a les épaules (Fabien Gorgeat)

note: 59 mois de grâce Les bibliothécaires - 4 juillet 2018

Diane porte l’enfant d’un couple d’amis homosexuels lorsqu’elle rencontre Fabrizio et en tombe amoureuse. Contrairement aux apparences, la gestation pour autrui n’est pas tant le sujet du film mais plutôt le prétexte à une comédie dramatico-sentimentale.
Diane est une femme libre, extravertie et solaire qui prête juste son corps au désir de paternité de ses amis. Et alors ? Elle sépare « sa tête de son ventre ».Cependant, le film avance au rythme des doutes de son héroïne. Clotile Hesme crève l’écran, la complexité de son personnage permet de montrer toute l’étendue de son talent.
Ce film n’est absolument pas militant mais grâce à son humour il encourage le spectateur à s’interroger sur cette question sociétale. CG.

45 vérités sur les chats (Bruno Gibert)

note: 5les chats sont ici passés au crible! Les bibliothécaires - 27 juin 2018

Un album qui ravira enfants et adultes sur nos espiègles amis les chats!
L'auteur nous délivre avec humour, 45 dessins très graphiques et poétiques avec en dessous une vérité ( ou presque) sur nos sympathiques bêtes à moustache.

Nos yeux fermés (Akira Sasō)

note: 3L'amour, aveugle ? Les bibliothécaires - 26 juin 2018

Ichitaro est aveugle. Un jour, en ville, il se fait bousculer dans un escalator et il en laisse tomber sa canne blanche. Ce sera la première fois que son chemin croise celui de Chihaya qui, pressée, ne s'excusera même pas, ni ne l'aidera à récupérer sa canne. Comme souvent, elle était trop pressée...
Habitant tous les deux dans le même quartier, Ichitaro et Chihaya vont se recroiser. Lui, assez bavard, profitera, lors de leur seconde rencontre, de la gêne affichée par Chihaya pour imposer le rythme : il réussira à ce qu'elle accepte de faire un bout de chemin avec lui, puis un autre, un autre jour, et ainsi de suite. Jusqu'à ce qu'entre eux finisse par naître une certaine complicité...

Vous l’aurez compris le thème du jour c’est la tranche de vie (navré pour les amateurs de bastons et d’intrigues à vous triturer les méninges). D’un point de vue purement graphique, les dessins des personnages sont plutôt moyens et inégaux suivant les planches, mais l’ambiance et la beauté générale est largement rattraper par les environnements qui sont ultra maîtrisés. En bref, nous avons la chance de pouvoir nous servir de nos yeux, ils seraient fort dommage de ne pas lire ce petit one-shot franchement rafraîchissant et de passer à côté de ce petit bol d’air frais.
T. V.

Oeuvre non trouvée

note: 4. Les bibliothécaires - 26 juin 2018

Dans le paisible village normand de Troumesnil, le vent et la pluie grignotent à petit feu les falaises, menaçant de faire disparaître paysages et habitations. Le maire a réussi à faire évacuer tous les administrés inquiétés. Tous ? Non ! Madeleine, une irréductible nonagénaire, résiste encore et toujours à son transfert en maison de retraite et s’accroche vaillamment à ses souvenirs et à la maison que lui a construite son mari, disparu en mer. Mais lorsque l’érosion arrive sur le pas de sa porte, Madeleine, aveugle de naissance, sera bien contrainte de faire face au danger.
Duhamel réussit à faire d’un sujet délicat une bande dessinée sensible et drôle : il parvient, avec le sympathique et bouillonnant personnage de Madeleine, à évoquer des thèmes comme la mémoire et l’oubli, la perte d’un être cher ou encore tout simplement l’épreuve de la solitude sans verser dans le pathos. Une belle BD.
Vv

All melody (Nils Frahm)

note: 4Doux, envoûtant et hypnotique. Les bibliothécaires - 8 juin 2018

Influencé par les univers minimalistes de Steve Reich ou Max Richter, le pianiste Nils Frahm, de formation classique, propose avec All melody une musique instrumentale intimiste et contemplative mixant habilement musique électronique et musique "classique". Sur cet album, ses compositions au piano sont colorées par de subtiles collaborations qui ouvrent des ponts entre les genres. Cuivres et cordes notamment apportent une densité et une variété de paysages sonores.
C'est un album à la fois doux, envoutant et hypnotique. CG

Dans un recoin de ce monde (Sunao Katabuchi)

note: 5Fresque poétique Les bibliothécaires - 8 juin 2018

Dans un recoin de ce monde est un film d’animation de Sunao Katabuchi tiré d’un manga de la dessinatrice Fumiyo Kouno. On y voit la vie quotidienne d’une famille japonaise pendant la Seconde Guerre Mondiale. Le récit passe en revue 15 ans d’histoire, des années 30 jusqu’à la capitulation japonaise en 1945. On suit la vie de Suzu Urano, une jeune fille d’Hiroshima s’apprêtant à quitter sa famille pour rejoindre son mari à Kure, un port militaire limitrophe d’Hiroshima. Déracinée, elle apprend à connaître sa nouvelle famille et à les aimer. La jeune fille s’échappe de son quotidien grâce au dessin qui lui permet de mettre de la beauté dans un monde bouleversé par les horreurs de la guerres. La force du récit s’appuie sur le méticuleux travail de reconstitution réalisé par Katabuchi qui arrive à lier la grande histoire avec la petite, tous les détails du quotidien sont montrés sans fioriture, le dessin est simple, presque enfantin, le but étant de mettre en exergue l’amour. Ce souci du détail explique que les œuvres de Katabuchi soient si rares. Ce film est un petit chef-d’œuvre de l’anime, peut-être l’un des meilleurs traitant de ce sujet avec Le tombeau des lucioles. RV

Silicon Valley saison 1 (Mike Judge)

note: 5Cynical Valley Les bibliothécaires - 8 juin 2018

Cette série parodique sur le monde de la high tech suit le parcours d’un programmeur timide, Richard, dans les couloirs de la grande multinationale, Hooli (une caricature de Google. Sur son temps libre il travaille dans un modeste incubateur de start-up à Palo Alto (le Beverly Hills de la Silicon Valley) sur son application révolutionnaire de compression de fichiers. Les géants de la Silicon Valley prennent conscience du potentiel de son invention et vont tout faire pour obtenir les droits d’exploitation de son algorithme.
Dans cette série, tout le monde en prend pour son grade, les grands comme les petits, qui prétendent vouloir “rendre le monde meilleur” avec leurs applications Les épisodes montrent les obstacles que Richard devra surmonter, l’un après l’autre, pour créer son entreprise Pied Piper. David contre Goliath revisité à l'ère du 2.0 ou l’utopie du rêve américain des grandes entreprises d’informatique. On regrettera l’absence de personnages féminins forts. Les premiers épisodes sont un peu poussifs et ennuyeux car on colle trop à la réalité, mais plus on avance dans la série, plus le scénario est audacieux et hilarant. RV

A voix haute (Stéphane de Freitas)

note: 5C'est d'la bombe bébé ! Les bibliothécaires - 2 mai 2018

Inspirer haut et fort, jongler avec les mots, maitriser les règles de l'humour courtois : autant de plaisirs simples auxquels vous aurez gouté en buvant les paroles tantôt hésitantes, tantôt assurées de cette bande de jeunes étudiants en quête d'éloquence. Ce film documentaire est un antidote à la timidité, joli moment d'une expérience tant individuelle que collective.
Comme l'ont chanté leurs ainés, il y à 20 ans , assurément la scène Seine Denis, c'est d'la bombe bébé ! CG

Imani. Vol. 1 (Blackalicious)

note: 5Un album à découvrir Les bibliothécaires - 2 mai 2018

Imani Vol.1 est le quatrième album studio du groupe Blackalicious composé de The Gift of Gab et Chief Xcel. Le duo est connu pour son impressionnante capacité à rimer. En 2012, Gift of Gabe souffre d’insuffisance rénale, ce qui contraint le groupe à repousser la sortie de l’album en raison de la longue convalescence de Gift of Gab. Trois ans plus tard le disque sonne comme un remerciement à la vie notamment dans le titre Love’s gonna save the day qui est un hymne à l’amour. Autre titre évocateur, Escape qui oppose une vie de créativité à une vie de délinquance. Toute cette positivité est agrémentée par des rythmes de jazz légers et des rythmes funk, écho du hip-hop des années 90, et plus spécifiquement dans les morceaux Twist of Time et Blacka qui ne sont pas sans rappeler IAM en France. RV

Oeuvre non trouvée

note: 5Pas si paumé que ça.... Les bibliothécaires - 2 mai 2018

Bonne pomme signe les retrouvailles du célèbre couple Depardieu et Deneuve, dans une comédie attendrissante. Gérard est un garagiste sexagénaire passionné par son travail mais il supporte de plus en plus mal sa situation au sein de sa famille. Sa femme le trompe et il sait qu’il risque de tout perdre. Bien décidé à reprendre sa vie en main avec le petit pactole qu’il a mis de côté, Gérard décide de tout quitter. Sa fugue le conduit dans le Gâtinais où il compte reprendre un garage dans un petit village paisible, ou presque, puisqu’en face du fameux garage se trouve l’auberge de Barbara incarnée par Catherine Deneuve, une femme complètement fantasque. Même si ces retrouvailles constituent un véritable plaisir pour les spectateurs, le film pâtit d’un scénario et d’un casting peu aboutis. Florence Quentin ne révolutionne pas le genre puisqu’elle reprend des typologies de personnages que l’on retrouve déjà dans la filmographie des deux comédiens. L’atout majeur de cette comédie farfelue reste cependant le personnage de Barbara, cette madame sans-gêne qui mène tout son petit monde et surtout le nouvel arrivé, par le bout du nez.
Un film dont on se délecte comme d’un bon fruit, sur le moment, mais qu’on aura vite digéré. RV

Et si l'amour c'était aimer ? (Fabcaro)

note: 5Amour, gloire et absurdité Les bibliothécaires - 2 mai 2018

Ne vous fiez pas à sa couverture jaune fade et ses dessins complètement statiques : cet album de Fabcaro est un véritable petit bijou d’absurdité ! Henri et Sandrine forment un couple heureux, mais leur idylle sans nuage va bientôt être troublée par la venue du ténébreux Michel…
À partir d’une reprise décalée des intrigues compliquées des soap-opera et autres feux de l’amour, Fabcaro nous fait enchaîner des situations toutes plus loufoques les unes que les autres. Le découpage, qui n’est pas sans rappeler celui des romans photos, les visages inexpressifs des personnages et leurs propos complètement décalés font de cet album un régal d’inepties, à la fois drôles et intelligentes. On en redemande !
Vv

Ceux qui restent (Josep Busquet)

note: 4Enfants perdus Les bibliothécaires - 2 mai 2018

Nous avons tous lu de ces histoires où des enfants partent en plein milieu de la nuit pour des contrées imaginaires dont ils deviennent les héros d’un jour. Le temps est en général passé plus lentement dans le monde réel et l’enfant revient pétri d’expérience quelques heures plus tard.
Mais que se passerait-il si, à l’inverse, le temps s’écoulait plus rapidement dans le monde réel ? C’est la question que se sont posé Joseph Busquet et Alex Xoül dans ce roman graphique aux couleurs douces qui ne présage en rien l’issue dramatique pour les proches de Ben, garçonnet énergique qu’une créature magique emmène une nuit pour sauver son royaume enchanté. Pour une fois, l’histoire ne suivra pas les aventures de l’enfant mais celles, bien moins réjouissantes, de « ceux qui restent », c’est-à-dire les parents de Ben.

Edward et Susan Hawkins découvrent un matin le lit de leur fils vide. Après avoir alerté la police, ils passeront par tous les moyens dans l’espoir de le retrouver : tracts, interviews télévisées, consultation de spécialistes… jusqu’à ce que Ben réapparaisse deux mois plus tard, en pleine santé, avec des objets magiques plein les poches et des histoires rocambolesques plein la tête… ainsi que l’intention de repartir le plus vite possible.
Réelle BD du désenchantement et de la désillusion, Ceux qui restent explore une facette originale des récits de notre enfance et décrit l’envers d’un rêve d’enfant qui a tout du cauchemar éveillé pour les parents : entre pression médiatique et soupçons des enquêteurs face aux multiples disparitions de leur fils, les tourments qui menacent les Hawkins se trouvent bien dans la réalité. Mais ils ne semblent pas les seuls à être dans cette situation…
Vv

Les mythes du Cthulhu (Howard Phillips Lovecraft)

note: 4Entre littérature et bande dessinée, les monstres sans visage sont bien là Les bibliothécaires - 18 avril 2018

Howard Phillips Lovecraft (1890-1937) fait partie de ces écrivains qu’on ne présente plus. Il est entre autres l’auteur du Mythe de Cthulhu et est, avec Edgar Allan Poe, un des auteurs de récits d’horreur les plus influents du XXème siècle. De son côté, Alberto Breccia (1919-1993) est un auteur de bande dessinée argentin, principalement connu pour ses œuvres de science-fiction, biographies et comic strips (il fonda avec Hugo Pratt l’Ecole Panaméricaine d’Art de Buenos Aires).

En 1979, il publie Les Mythes de Cthulhu, adaptée des textes de Lovecraft (adaptation en collaboration avec Norberto Buscaglia). Cette bande dessinée reprend quelques nouvelles de l’auteur du Mythe, tirées de différents recueils (La Couleur tombée du ciel, Je suis d’ailleurs, etc.) et mises en images par Breccia. Avec cette BD, Breccia pourrait presque être appelé, non pas dessinateur, mais peintre de bande dessinée, tellement ses images sont de l’ordre de la création plastique, mêlant collage, peinture, traits de crayon, de pinceau… Tantôt du côté du dessin académique (portraits réalistes, un trait fin et soigné), tantôt dans l’informe (avec des coulures de peinture, d’encre de chine, des collages asymétriques…), Breccia s’accorde parfaitement aux récits d’horreur de Lovecraft qui, lui-même, nous fait passer d’un monde où règne la folie, à un monde de cauchemar où vivent des créatures issues de la peur des hommes…

Les adorateurs lovecraftiens ne seront pas déçus par cette bande dessinée car on y retrouve toute l’horreur invisible décrite par Lovecraft dans ses nouvelles. Le texte se mêle directement aux dessins, tel un roman illustré, et l’adaptation qui en a été faite reste fidèle aux textes originaux (certains passages ont été condensés, voire retirés, mais sont entièrement résumés dans les images). Si vous ne connaissez pas Lovecraft, la bande dessinée de Breccia est l’occasion de découvrir ce monde terrifiant, qui aura inspiré des auteurs comme Stephen King, Alan Moore, ou encore Clive Barker.
A. M.

Edelweiss (Cédric Mayen)

note: 4Quand l'amour fait gravir les montagnes Les bibliothécaires - 18 avril 2018

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Olympe, jeune femme issue de la bourgeoisie française, est déterminée à se montrer digne de son héritage familial : son aïeule, Henriette d’Angeville, a été la première femme à gravir le Mont-Blanc. Indépendante, persévérante et passionnée d’alpinisme depuis toujours, Olympe se destine à reproduire le même exploit.
Lors d’une fête de village, elle rencontre Edmond, un jeune ouvrier. Au mépris des conventions de leur temps, les deux jeunes gens décident de passer leur vie ensemble, pour le meilleur comme pour le pire. Et de gravir toutes les montagnes côte à côte.

Cédric Mayen nous livre ici une belle histoire d’amour, parfois alourdie par les événements plus tragiques les uns que les autres qui touchent le couple. Ce sont cependant dans ces épreuves que les deux personnages réaffirment à chaque fois leur confiance indéfectible en l’avenir.
Côté couleurs, la palette rétro de Lucy Mazel se répartit de façon harmonieuse et constante pour souligner le contraste entre le caractère inébranlable d’Olympe et le dévouement inconditionnel d’Edmond. Le dessin, quant à lui, est soigné et dynamique, et achève d’illustrer un récit qui joue sur les drames d’un quotidien qui accompagne l’évolution des mentalités et des modes de vie de l’après-guerre.
Vv

Blood (Rhye)

note: 5La délicatesse Les bibliothécaires - 14 avril 2018

Un corps de femme dénudée s’affiche sur la couverture de cet album.
A l’écoute, une voix singulière, qui n’est pas sans rappeler celle de Sade. A l’instar de Cigarettes after sex, la frontière entre masculin et féminin s’estompe. Laissez-vous effleurer par cette voix caressante qui évoque l’amour, sa fin et le renouveau.
Une pop-soul sensuelle à ne pas rater. CG

Petit paysan (Hubert Charuel)

note: 5Des vaches et des hommes Les bibliothécaires - 4 avril 2018

Pierre, jeune éleveur de vaches laitières va tout tenter pour sauver sa petite exploitation alors que son troupeau est menacée par une épidémie.
Pour ce premier long métrage, Hubert Charuel porte un regard lucide et authentique sur cette profession en difficulté. Son ambition n’est pas uniquement de filmer le réel; en effet, très vite, il insuffle une dose de suspense et amène son film à la lisière du thriller psychologique avec une touche de fantastique.
Pierre, le Petit Paysan en question, c’est Swann Arlaud. Il interprète un personnage taiseux, quasiment asocial, porté par un quotidien réglé au cordeau. Il porte davantage d’attention à ses bêtes qu’à son prochain, instaurant une relation quasi paternelle à son cheptel. Face à l’inéluctable évidence, son monde va s’écrouler. Sa sœur vétérinaire, jouée par Sarah Giraudeau occupe une place à part ; elle est à la fois la complice fraternelle et la rigueur professionnelle, une représentante de la loi soumise à l’application du principe de précaution.
Hubert Charuel ne propose pas tant un film sur la condition paysanne qu’une réflexion sur la condition humaine. CG

En cuisine avec Kafka (Tom Gauld)

note: 5: Vous aimez la littérature ? Les vaisseaux spatiaux ? Les dinosaures et les chevaliers ? Non ? Ah. Les bibliothécaires - 28 mars 2018

En cuisine avec Kafka, c’est la suite de Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, de Tom Gauld, et c’est toujours aussi barré !
Si vous ne connaissez pas Vous êtes tous jaloux de mon jetpack, on ne peut que trop vous conseiller de foncer vers le mur le plus proche sans vous arrêter. Bon, on ne vous en veut pas (trop) et, devinez quoi, ça tombe bien, on a les deux volumes. Donc ensuite relevez-vous, et allez découvrir ces génialissimes cartoons de Tom Gauld.

À l’origine publiés dans le Guardian (pour certains dans le New York et le New York Times), les strips de Gauld sont, et ce n’est pas peu de le dire, emprunts d’un humour (très anglais) complètement absurde, avec une certaine pointe d’élégance (bien anglaise) et de culture (peut-être anglaise). Si vous aimez des auteurs comme Quino (Mafalda) ou Geluck (le Chat), ces strips sont faits pour vous . Gauld se joue avec un amour non dissimulé de la littérature, de la fantasy, de la science-fiction, des classiques, du cinéma, des auteurs, du monde de l’édition, des bibliothécaires (mais ça, ce n’est pas drôle), de la société… Et il y a toujours une critique véhiculée derrière chaque blague… ou presque. Et nous on adore.

Des histoires courtes, un dessin minimaliste et un humour complètement absurde, irrévérencieux et surtout… très anglais. À découvrir, surtout si vous n’êtes pas « un excellent homme nommé Dutilleul qui possèd[e] le don singulier de passer à travers les murs sans en être incommodé » (et vous pouvez commencer aussi bien par Vous êtes tous jaloux de mon jetpack que par En cuisine avec Kafka, qui est encore mieux !).
A. M.

Le photographe de Mauthausen (Salva Rubio)

note: 4Photographier l'enfer Les bibliothécaires - 10 mars 2018

En 1946, Francisco Boix, photographe espagnol, membre du parti communiste et survivant du camp de concentration de Mauthausen, témoigne au procès de Nuremberg. Des photos prises puis cachées dans le camp lors de son emprisonnement lui permettent d’identifier et de faire condamner des officiers nazis.

Ce roman graphique est un hommage rendu par Salva Rubio et Pedro J. Colombo à un de ces oubliés de la Seconde Guerre mondiale au parcours hors du commun : issu d’une famille sympathisante de gauche, Francisco Boix fuit l’Espagne après la prise du pouvoir par Franco. Il rejoint alors les forces armées françaises et est capturé en 1940 par le Troisième Reich. Son passé républicain puis son engagement communiste en font immédiatement un double prisonnier politique envoyé en sûreté au camp « de travail » de Mauthausen, en Autriche : un enfer dont Boix s’efforcera de conserver les traces tout au long de sa captivité.

Ancien photographe de profession, il est en effet affecté au service d’identification du camp où il développe les photos des exécutions prises par un officier SS particulièrement fasciné par la mort, et qu’il sera parfois contraint d’assister dans l’immortalisation des scènes macabres. Il fait alors plusieurs copies des pellicules qu’il dissimule un peu partout dans le camp, et parviendra même à en faire sortir quelques-unes.

Enrichi d’un remarquable dossier avec quelques-unes de ces fameuses photos à l’appui (âmes sensibles s’abstenir), ce roman graphique témoigne des tentatives du photographe de mettre des images sur l’indicible et la barbarie.
Il lève également le voile sur le statut difficile de ces survivants espagnols qui, à la fin de la guerre, ne trouvent plus leur place : communistes pour une grande majorité d’entre eux, il leur est impossible de retourner en Espagne où Franco les attend de pied ferme. Et parce qu’ils ont survécu à l’enfer, ils suscitent la méfiance dans les pays alliés et sont considérés comme des collaborateurs par l’Union Soviétique.
Le photographe de Mauthausen interroge donc l’engagement, qu’il soit politique ou artistique, ainsi que ses limites, dans l’élaboration de ce difficile travail de mémoire.
Un roman graphique extrêmement fort.
Vv

S'unir c'est se mélanger (Laurent Cardon)

note: 4Unissons-nous Les bibliothécaires - 10 mars 2018

Branle-bas de combat au poulailler, une poule a disparu. comment s'organiser pour la retrouver et qui doit décider ?
Démocratie, différence, égalité, liberté individuelle sont les thèmes abordés avec humour dans cet album. Sans oublier la chute qui nous a bien fait rire!

Good time (Benny Safdie)

note: 5Une vraie expérience de cinéma. Les bibliothécaires - 10 mars 2018

Un braquage amateur tourne mal. Connie parvient à s’enfuir, son frère Nick est arrêté. Connie n’a plus qu’une idée en tête : libérer son frère et commence alors une virée frénétique et hypnotique dans les rues crades de New York. Le New York des frères Safdie est peuplé de marginaux, chaotique et imprévisible. Caméra au poing, visages filmés en plans rapprochés, leur cinéma se rapproche du documentaire et capte l’urgence comme l’inéluctable dérive de Connie. Les décisions prises ne sont jamais les bonnes et leur enchainement frise même l’absurde. Cette atmosphère survoltée, soutenue par la musique hypnotique d’Oneothrix Point Never (primé au Festival de Cannes) achève de faire de cette cavale urbaine une vraie expérience de cinéma.Cg

Tramontane (Vatche Boulghourjian)

note: 5Une révélation à voir sans attendre! Les bibliothécaires - 10 mars 2018

Vatche Boulghourjian signe avec Tramontane un film bouleversant. Rabih, un jeune Libanais aveugle, doit voyager en Europe pour une tournée avec sa chorale. Lors des formalités pour obtenir son passeport, on lui explique que sa pièce d’identité est fausse et qu’il risque des poursuites judiciaires. Sa recherche identitaire se heurte alors à l'ignorance et aux mensonges de son entourage. Mais son insistance lui permet de découvrir qu’il a été adopté. Rabih est né un an avant la fin de la guerre civile qui a duré 15 ans, son oncle Hishamn, frère de sa mère adoptive, l’a recueilli près d’une zone de combats où ont été tués ses vrais parents. La quête de vérité pousse Rabih à traverser le pays, et ce voyage devient le symbole d’un passé douloureux qui refait surface à la fois pour lui mais aussi pour tout un pays. Le cinéaste montre à quel point il est difficile d’obtenir des réponses dans un pays où l’on cherche à fuir un passé fratricide. Vatche Boulghourjian lance un message fort en choisissant un acteur aveugle pour son premier film, celui de l’espoir. L’espoir de toute une nation qui doit apprendre à se pardonner, car elle ne peut revenir sur son passé, tout comme Rabih ne peut réécrire son histoire. Le film est porté par la performance de Barakat Jabbour (Rabih), acteur aveugle dont c’était le premier rôle au cinéma. Les chants traditionnels qu’il interprète avec sa chorale sont juste poignants. Une révélation à voir sans attendre

Your lie in april n° 1 (Naoshi Arakawa)

note: 4Une lecture qui donne une furieuse envie de se mettre à la musique ! Les bibliothécaires - 20 février 2018

Quand Arima Kōsei était petit, il était considéré comme un enfant pianiste prodige. Mais depuis la mort de sa mère, il ne peut plus entendre le son du piano. Quelques années plus tard, il rencontre une violoniste nommée Kaori Miyazono qui va le forcer à participer à plusieurs compétitions de piano, lui faisant redécouvrir le monde musical.

Nous sommes face à une curiosité : un manga sur la musique. Certains d’entre vous sont sûrement déjà en train de hausser les sourcils et pourtant, malgré l’absence totale d’ambiance musicale (manga oblige… Après, libre à vous de vous préparer votre playlist au préalable pour une immersion optimale !), Your lie in april arrive à nous retransmettre les émotions ressenties par nos jeunes artistes !
Et c’est une jolie prouesse car très vite, nous allons nous rendre compte que le véritable intérêt de cette série, n’est PAS la musique en elle-même, mais plutôt tout ce qui en découle : ainsi le lecteur aura très vite fait, d’angoisser avant chaque représentation, se sentir impuissant et désemparé devant les échecs de nos héros ou bien sourire bêtement devant un moment calme et joyeux.

Ce shôjo réussit à captiver son lecteur en à peine un claquement de doigt (qu’il soit une fille ou un garçon d’ailleurs !) et ses rebondissements bien que parfois un peu classiques sont nombreux et nous font apprécier d’autant plus, les petits moments où « tout va bien ». Bouclez donc vos ceintures et préparez-vous à de nombreux ascenseurs émotionnels !

Enfin pour finir, cette série laissera une petite trace dans votre cœur, et fort est à parier qu’une fois terminé, vous aurez vous aussi une furieuse envie de vous mettre à jouer d’un instrument ! (Envie qui retombe relativement vite, rassurez-vous.)
T. V.

Une soeur (Bastien Vivès)

note: 4Une fille ? Je ne connais pas ce Pokémon... Les bibliothécaires - 20 février 2018

Antoine, 13 ans, passe des vacances en bord de mer, avec sa mère, son père et son petit frère Titi. Son quotidien sans histoire va être bouleversé par l’arrivée d’Hélène, 16 ans, une amie de la famille…

Bastien Vivès nous livre ici l’histoire d’un premier amour pleine d’émotion, et nous transporte par un dessin fin, épuré et très poétique. Une fois commencée, les pages de la bande dessinée se tournent d’elles-mêmes, jusqu’aux dernières cases où, comme les personnages, on regrette que ce soit si vite terminé.

On pourra toutefois regretter quelques scènes un peu trop explicites, amenées et puis stoppées de manière assez abrupte (un peu comme si l’auteur s’était dit « ça y est, ça c’est fait, on passe à autre chose… »).

Une bande dessinée très poétique et forte en émotion donc, destinée plutôt à un public averti.
A. M.

Misery (Rob Reiner)

note: 5A conseiller aux amoureux des films d’épouvante. Les bibliothécaires - 10 février 2018

Auteur à succès, Paul Sheldon vient tout juste de terminer son dernier manuscrit. Lorsqu’il quitte l’hôtel où il a l’habitude de se rendre pour écrire et trouver l’inspiration, il est surpris par une tempête de neige et finit par avoir un accident. Il est alors secouru, enseveli dans la neige, par Annie Wilkes, une admiratrice de sa saga de romans Misery. Gravement blessé, il est soigné par cette infirmière apparemment bienveillante, qui vit seule dans une maison isolée, mais Paul ne va pas tarder à voir sa convalescence tourner au cauchemar quand Annie, lisant le dernier roman de Misery, découvre que son héroïne préférée est morte…
Adapté du roman éponyme de Stephen King, Misery est un film d’épouvante jouant aussi bien sur le gore que sur la pression psychologique, que ce soit au niveau de la tension générée par ses scènes de suspens que par le personnage de Annie Wilkes et ses crises de colère imprévisibles. Rob Reiner réussit ainsi à alterner scènes d’actions et de tortures violentes, et une atmosphère glauque mettant nos nerfs à dure épreuve. À noter, l’incroyable prestation de Kathy Bates qui reçut l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle en 1991.
Au final, Misery ne nous laissera pas indifférent, le réalisateur nous tenant en haleine tout au long du film, à nous faire nous demander qui du héros ou de sa geôlière s’en sortira vivant… Mais pas indemne. On pourra regretter toutefois une fin un peu trop empressée, après toutes ces minutes d’angoisse, comme souvent chez King.
Du bon Stephen King donc, un classique même, à conseiller aux amoureux des films d’épouvante.

The lost city of Z (James Gray)

note: 5la jungle leur appartient …. Les bibliothécaires - 10 février 2018

Trés loin de New York, sa terre de prédilection, James Gray nous entraîne en forêt amazonienne pour relater l'histoire vraie de l'explorateur Percy Fawcett. Ce Britannique est missionné en Bolivie par la Royal Geographic Society pour cartographier des régions jusque-là inexplorées. Mais là-bas, il trouve des restes d'une possible cité perdue.
Sous ce récit d'aventures, James Gray ravive ses obsessions pour des personnages tiraillées entre deux mondes ou mus par des pulsions contraires. Et puis, içi encore, à l’instar de La nuit nous appartient, la question de la famille constitue le dilemme suprême. Au cœur de l’hostilité verdoyante, il pense à sa famille laissée en Angleterre mais une fois rentré, il demeure tourmenté par ces contrées inexplorées et cette cité inconnue. Il incarne nos aspirations à l’ailleurs.
C’est un film subtile et grandiose, une quête identitaire aux allures de film d’aventures. Cg

Awaken, my love ! (Childish Gambino)

note: 5Un album qui réveille Les bibliothécaires - 10 février 2018

Derrière Childish Gambino se cache Donald Glover, l'interprète, compositeur, auteur et réalisateur habitué du petit écran dans la série Community où il incarne Troy Barnes ou plus récemment sur grand écran au côté de Matt Damon dans Seul sur Mars. Awaken, My love ! son troisième album quitte l’univers hip-hop très présent dans ses deux premiers opus pour un style plus funk, néo-soul comme dans le morceau Boogieman qui puise ses sonorités dans le disco funk des seventies. D’autres comme zombies ne sont pas sans rappeler des influences électro de la scène française en particulier Kavinsky. Childish Gambino change de style et ça lui va plutôt bien, c’est dans ce nouveau registre qu’on espèrera le retrouver.

13 (Indochine)

note: 513 comme rêve et espoir Les bibliothécaires - 10 février 2018

C’est avec plaisir que l’on retrouve le mythique groupe de rock français des années 80 Indochine. Il s’agit du treizième album de la formation dont la pochette est signée par le photographe Erwin Olaf, mettant en scène treize enfants portant des costumes colorés avec des bannières. Depuis l'arrivée d’Oli de Sat au synthé, le groupe est marqué par les influences électro pop et new wave. Ce treizième opus n’échappe pas à la règle et il est porté par la voix posée du leader Nicola Sirkis qui signe l’ensemble des textes de l’album. Ces textes sombres dressent le portrait du monde actuel où les drames de l’actualité se succèdent comme dans Un été français qui évoque les attentats de Paris et du Bataclan, mais l’espoir n’est jamais loin comme avec le titre 2033. Indochine reste fidèle à ses thèmes de prédilection : la tolérance, l’égalité des droits, la mort, l’oppression, l’espoir, c’est pour cette raison que le groupe plaît toujours autant aux plus jeunes et aux moins jeunes.
A écouter sans attendre.

Les mille et une vies des urgences (Dominique Mermoux)

note: 4Alors voilà. Les bibliothécaires - 1 février 2018

« Je vais parler. Parler jusqu’à ce que les avions décollent, jusqu’à ce que son fils revienne. La patiente m’écoutera. Tant qu’elle écoute, elle est en vie. »

Dans le service de cancérologie d’un hôpital, une femme en phase terminale attend impatiemment le retour de son fils, retenu en Islande par un volcan capricieux. Pour la divertir, Baptiste, jeune interne affecté aux urgences, lui tient chaque jour compagnie et partage avec elle des anecdotes de son quotidien débordé.
Étonnantes, cocasses ou émouvantes, ces petites histoires donnent un aperçu du rythme effréné des urgences, par lesquelles passent des milliers de vie chaque année. Le quotidien du personnel médical y oscille entre la routine des consultations et des soins quotidiens, jusqu’aux interventions médicales plus conséquentes, du déplacement sur les lieux d’une défenestration à l’amputation d’un accidenté de la route.

Adapté de l’ouvrage Alors voilà. Les 1001 vies des urgences de Baptiste Beaulieu, recueil d’anecdotes elles-mêmes tirées du blog de l’auteur, cette bande dessinée dépeint avec beaucoup de sensibilité et ce qu’il faut d’humour et d’autodérision un quotidien éprouvant, celui du personnel soignant comme des personnes qui y sont soignées …
Mieux encore, elle détricote au fil des pages les tensions qui peuvent exister entre eux, issues d’une méconnaissance du service et de l’incompréhension que peuvent parfois provoquer les maux complexes de chaque être humain.

Dans l’objectif d’enfin réconcilier personnel médical et patients, Baptiste Beaulieu et Dominique Mermoux nous montrent que, oui, dans la vie, il y a la violence et la solitude, il y a la maladie et la mort. Mais cela ne va pas sans l’empathie, la compassion, le courage, l’humanité enfin, une humanité bouillonnante de vie et de volonté de vivre.
On referme le livre, confiant, en se disant que, finalement, elle s’en sort peut-être pas si mal que ça, l’humanité…
Vv

40 éléphants n° 1
Florrie, doigts de fée (Kid Toussaint)

note: 4Le crime est notre affaire Les bibliothécaires - 17 janvier 2018

Londres, 1920. À la fin de la Première Guerre mondiale, Florrie, jeune pickpocket aux doigts de fée, est repérée par Esther, modeste mère de famille qui l’enrôle bientôt au service des Quarante Éléphants, un gang localisé dans le quartier populaire d’Elephant & Castle… et composé exclusivement de femmes.

Car si ces dernières ont remplacé les hommes dans la vie civile au cours de la guerre, certaines d’entre elles se sont également approprié les milieux mafieux de la capitale britannique. Voleuses, tueuses, empoisonneuses, proxénètes ou encore escrocs, ces dames entendent bien conserver des prérogatives durement acquises et que revendiquent à présent leurs collègues masculins à la fin de la guerre. D’autant que l’arrivée d’une nouvelle recrue au sein du clan suscite bien des soupçons et des divisions : le gang est en effet rapidement ciblé par la police et certains de ses membres, arrêtés…

Si les personnages et leurs aventures sont issus de l’imagination du scénariste, cette nouvelle série de Kid Toussaint s’inspire du réel et tristement célèbre gang des « Forty Elephants ». Pendant féminin des quarante voleurs dans l’Angleterre du XXème siècle, ces femmes ont régné sur les bas-fonds londoniens pendant près d’un siècle. Menées par leur propre reine, elles imposaient des tributs dont les autres gangs devaient s’acquitter et furent les auteures de razzias monumentales qui laissèrent la police longtemps démunie.

Le propos de la bande dessinée est, quant à lui, d’une redoutable efficacité : les rebondissements s’enchaînent sans laisser au lecteur le temps de reprendre son souffle et la large variété de ces gangsters pas comme les autres achève d’alimenter une intrigue qui se termine sur un cliffhanger…Aux vues du grand nombre de personnages, on espère seulement que Kid Toussaint trouvera le temps et la place de donner à chacun de ces Elephants toute leur profondeur…
Suite au prochain volume qui conclura ce premier cycle narratif.
Vv

Harmonies (Lord Echo)

note: 5Une musique délicieuse et envoutante Les bibliothécaires - 3 janvier 2018

On prend du reggae, du rocksteady, de la disco, de la soul Africaine, un peu de techno, on mélange le tout et c’est ainsi qu’on obtient la recette magique de Harmonies. La sauce Lord Echo, c’est une musique répétitive qui fusionne les genres. Le résultat est aussi délicieux qu’envoutant.

Après la tempête (Kore-eda Hirokazu)

note: 4L'espoir empêche de vivre Les bibliothécaires - 3 janvier 2018

Dans son film Après la tempête, le réalisateur Kore-Eda dresse le portrait mélancolique d’une famille japonaise d’aujourd’hui, distillant par petites touches une note d’espoir à travers l’histoire d’un père qui essaie de reconquérir sa famille. Ryota, ancien écrivain prometteur, devenu détective privé, possède les mêmes travers que son défunt père: il joue aux courses, ment pour soutirer de l'argent à son entourage, et contraint ainsi son ex-femme Kyoko à le menacer de payer la pension alimentaire afin que celui-ci puisse voir son fils. Les deux personnages s’opposent : elle souhaite avancer, se reconstruire dans une nouvelle relation, tandis que lui cherche désespérément à redorer son blason de père et d’époux. Puis soudain, l’espoir renait lorsque la famille est à nouveau réunie. Fidèle à la tradition cinématographique japonaise, Kore-Eda se révèle être le digne héritier d’Ozu par les thèmes qu’il aborde, notamment celui de la famille ou en puisant dans les nombreux problèmes sociétaux japonais. Il parvient à créer une histoire à partir de petits moments de vie banals.
La morale de cette fable pourrait être que les blessures ne s’effacent jamais totalement, et qu’il reste toujours l’espoir que les choses s’améliorent comme le calme qui se dessine après tempête.

La lumière allumée (Richard Marnier)

note: 5Un album sur l'anticonformisme et la tolérance Les bibliothécaires - 3 janvier 2018

Voici ma ville, une ville sans surprise et sans histoire.
Dans mon quartier,
chaque maison a une porte,
deux fenêtres et un toit rouge bien régulier…

Cet album sur l'anticonformisme et la tolérance a pour cadre une ville calme, sans surprise, où toutes les maisons sont identiques. Un jour, un habitant se construit une demeure avec tout ce qu'il a ramené de ses voyages. S'il provoque le scandale au début, les voisins s'y font et tous, petit à petit, l'imitent en décorant leur maison au gré de leur fantaisie.

Le premier homme (Jacques Ferrandez)

note: 5Une superbe adaptation d’une œuvre encore trop méconnue… Les bibliothécaires - 21 décembre 2017

Le manuscrit du roman "Le premier homme", a été retrouvé dans la voiture qui, le 4 janvier 1960, percuta un platane, tuant Albert Camus sur le coup. A ses côtés, 144 pages rangées dans une sacoche en cuir. L’œuvre sera publiée plus de 30 ans après, en 1994.

C’est à partir du texte du roman, mais aussi des brouillons d'Albert Camus et de ses petites notes prises sur des enveloppes, des tickets de métro que Jacques Ferrandez accomplit ici un véritable exercice de reconstitution. Toute cette matière lui a servi, non pas à remplir des blancs, mais à adapter, avec merveille, une fois encore, cette œuvre inachevée pour laquelle Albert Camus avait de grandes ambitions, un peu comme son "Guerre et paix", une trilogie basée sur l'amour et la fraternité.

Grâce à son travail, Jacques Ferrandez présente une version dessinée ultra-respectueuse de l’œuvre de l’écrivain qui est autant historique, idéologique, qu’autobiographique.
On y retrouve la lumière et les magnifiques paysages méditerranéens qu'il sait si bien peindre. Le dessinateur nous plonge dans l'enfance de Jacques Cormery (A. Camus lui-même) en Algérie, en nous décrivant, à la fois, la relation si particulière qu’il entretenait avec son instituteur qui lui offrit la possibilité d'étudier, et nous montre également comment il s’est construit.
A travers l'histoire familiale du personnage, l’auteur nous livre aussi l’histoire de ces Européens venus bâtir une nouvelle vie en Algérie, restituant la dureté de leurs vies, leur quotidien, puis les tensions des années 50 liées à la décolonisation.

Commencée avec ses "Cahiers d'Orient", poursuivie avec l'adaptation de "L'hôte", puis celle de "L'étranger" et maintenant avec "Le premier homme", Jacques Ferrandez continue à apporter un éclairage saisissant, à la fois, sur l'histoire qui lie la France à l'Algérie, mais aussi sur l'œuvre d'Albert Camus.
Une lecture qui ne laissera personne de marbre…
F. D.

Oeuvre non trouvée

note: 5Du surnaturel saupoudré de girl power Les bibliothécaires - 21 décembre 2017

Cinq copines passent l’été en camp de vacances et se rendent vite compte que les bois qui jouxtent le camp n’ont rien d’ordinaire : entre la chasse aux renards à trois yeux et la visite impromptue d’une femme ourse, sans parler de l’assaut d’un T-Rex fou furieux et l’invasion d’une armée de zombies, les vacances de Jo, April, Mal, Molly et Ripley s’annoncent sportives !

Dans une réédition en intégrale du premier arc de la série de comics dont seul le premier tome a paru, Lumberjanes nous plonge dans un camp de scoutisme estival et met en scène un groupe d’héroïnes aussi attachantes que pleines de ressources.
Confrontées au surnaturel, elles devront faire preuve d’astuce et de débrouillardise pour percer le mystère qui rôde autour de leur camp. Les aventures et les rebondissements s’enchaînent à un rythme effréné dans une ambiance bon enfant qui donne la part belle à l’amitié et la solidarité, le tout saupoudré d’une bonne pincée de girl power. Le ton en est en effet résolument féministe et les références aux femmes célèbres se multiplient.
Le dessin, dynamique, et les couleurs, vives et chaleureuses, donnent un style très cartoon. Frais, pétillant et solaire, vivement la suite !
Vv

Bonjour Père Noël (Michaël Escoffier)

note: 5Un album drôle! Les bibliothécaires - 9 décembre 2017

Dans cet album on aborde avec humour la question du partage et du bonheur que
procure le plaisir d'offrir, le Père Noël va au grès de ses visites se faire déposséder mais
pas d'inquiétude les jouets sont sains et saufs.

Le père Noël des escargots (Pierre Crooks)

note: 5En attendant Noël Les bibliothécaires - 9 décembre 2017

Un conte qui fait le lien entre les
Noëls d’année en année, en égrenant les rencontres selon les saisons. Les illustrations colorées et au scotch apportent
un angle nouveau et moderne dans un univers si traditionnel.

La playlist des philosophes (Marianne Chailland)

note: 5Philosopher en chanson Les bibliothécaires - 9 décembre 2017

La Playlist des philosophes fait le pari audacieux d’expliquer les grands concepts philosophiques à partir de chansons de variétés.
Plus besoin pour les futurs bacheliers de lâcher leurs écouteurs pour réfléchir et réviser leurs cours. En effet, qui aurait pu penser que l’on puisse aborder la philosophie platonicienne grâce à Stromae ou bien encore comprendre la philosophie nietzschéenne en écoutant Mika ! Dans la chanson de Mika : « Elle me dit » c’est la mère qui incarne ce que Nietzsche a appelé- l’homme du ressentiment -
L’auteur ( professeur de philosophie) est lucide et imagine volontiers que sa démarche sera dénoncée par les puristes et elle dénonce avec ironie : « Aimer la chanson de variétés semble bel et bien constituer un signe extérieur d’affliction culturelle » (cf. préface du livre). Gageons que cet essai ne laissera aucun lecteur indifférent et qu’il a bien sa place dans les rayons d’une bibliothèque!

Les petites victoires (Yvon Roy)

note: 4Lumineux et touchant Les bibliothécaires - 8 décembre 2017

Dessinateur de bandes dessinées au Canada, Yvon Roy livre avec Les petites victoires une œuvre en partie autobiographique puisqu’il s’inspire de son vécu pour évoquer dans cette BD le sujet de l’autisme. Il partage plus particulièrement son expérience en tant que parent d’un enfant autiste dans le quotidien de Marc et Chloé, jeunes parents d’un petit garçon chez lequel se manifestera le handicap dès le plus jeune âge.

On suit le quotidien d’Olivier de sa naissance jusqu’à ses huit ans, et notamment son éducation par des parents qui s’efforcent de s’adapter à son handicap. Il s’agit donc moins d’une bande dessinée sur l’autisme en tant que telle que sur la façon dont les parents, et notamment le père, alter ego de l’auteur, opère un véritable travail sur soi afin d’accepter la différence de son fils et l’aider à surmonter son handicap et son isolement.

Aucun pathos cependant dans ce récit optimiste et lumineux, servi par un dessin sobre et parfois même quelques notes humoristiques. Le propos reste cependant touchant et encourageant, le père déployant des trésors de patience, d’autant qu’il est constamment soutenu par ses proches et notamment par la mère de son enfant et ce, même après leur séparation. A voir ici un très beau portrait de l’amour parental, solidaire, inconditionnel.

Mais le plus intéressant est l’approche adoptée par le père d’Olivier qui, craignant que les méthodes de prise en charge préconisées par les médecins risquent de conforter son fils dans son isolement, décide d’aller à leur encontre dans des petits jeux ingénieux afin d’habituer le petit garçon à la réalité et à ses changements. Un travail qui se fait à petits pas, à coups de persévérance et de petites victoires qui permettent à Olivier de s’épanouir, mais surtout établit une réelle complicité entre l’enfant et le père et facilite leur communication, et celle d’Olivier avec le monde qui l’entoure.

L’auteur témoigne ainsi d’une approche différente de l’autisme, qui ne vise en aucun cas à décrier les méthodes des spécialistes mais insiste sur la nécessité de s’adapter aux particularités de l’enfant, d’apprendre à le connaître. Avec, à la clé, des résultats souvent inattendus mais toujours encourageants.

Une BD qui traite donc d’un sujet difficile de façon positive, suscite à la fois de l’espoir et permet une sensibilisation à cet handicap encore mal connu du monde médical.
Vv

Grave (Julia Ducournau)

note: 4La chair et Le sang Les bibliothécaires - 2 décembre 2017

Végétarienne de mère en fille, Justine, étudiante en école vétérinaire, se voit forcer d’ingurgiter de la viande crue lors d’un rituel de bizutage. Dès lors, LA véritable nature de Justine se dévoile…
Avec Grave, Julie Ducournau marque une entrée fracassante dans le cinéma français en explorant le cinéma de genre.
Attention, ce film est déconseillé aux âmes sensibles et certaines scènes hyperréalistes mettent à rude épreuve les nerfs du spectateur. Le rire jaune n’est jamais très loin, questionnant ainsi notre position écartelée entre dégoût et curiosité morbide.
La question tabou du cannibalisme est ici traitée en corrélation avec la recherche d’identité. En effet, Justine se trouve confrontée à son animalité, à CE corps aux appétits hors-normes. La transition vers le monde des adultes s’accompagne de révélations horrifiques qui mettent à mal les certitudes de l’enfance.
Le tandem des deux soeurs ne laisse pas non plus indifférent, entre attraction et répulsion, confrontation et complicité, intérêt et convoitise pour la même proie.

Brigade criminelle (Raynal Pellicer)

note: 5Dans le quotidien de la Crim' Les bibliothécaires - 21 novembre 2017

Le décor du siège de la police judiciaire parisienne depuis 1913 change en ce début d’automne 2017. Terminé le célèbre escalier en colimaçon long de 148 marches, les bureaux exigus, les toits de Paris en ligne de fuite… Adieu le fameux et mythique 36, quai des Orfèvres… Bonjour le 36, rue du Bastion dans le quartier Clichy-Batignolles…

Heureusement, reste une trace indélébile de cette histoire. Et quelle trace ! Une BD plus précisément. Celle de Raynal Pellicer et de Titwane intitulée « Brigade criminelle : immersion au cœur du 36, quai des Orfèvre. »
Car les (anciens) locaux de la brigade criminelle sont presque aussi chargés d’histoire que la brigade elle-même. Les auteurs arrivent, d’ailleurs, dans cet ouvrage à en dresser des tableaux saisissants.

Pour beaucoup, la "Crim’" est considérée comme le plus prestigieux des services de la Police judiciaire parisienne. Mais aussi un des plus secrets car très rarement ouvert aux journalistes ou au public. Le document relate le quotidien de groupes d’enquêtes de droit commun et celui de la Section anti-terroriste. Il nous plonge dans la vie de la Brigade, nous explique son organisation et nous fait suivre sur le terrain quelques affaires comme celles du « Meurtre au Père-Lachaise » ou « Le peintre sans visage » avec retranscription des gardes à vue et interrogatoires… à l’appui.

Les ripeurs, les mains sales, les procéduriers... Tous ont des fonctions bien précises. A tel point qu’un chapitre est consacré au rôle fondamental du procédurier chargé d’effectuer les premières constatations, et qui n’existe dans aucun autre service de police.

Les dessins à l’aquarelle de Titwane finissent de nous dépeindre les atmosphères si particulières des scènes de crime et des locaux dans lesquels les policiers exerçaient pour nous plonger au cœur de l’action ! Cet ouvrage très fourni en textes et richement augmenté par les illustrations du talentueux Titwane, constitue un compte-rendu captivant de cette expérience rare.

Une superbe découverte, vivement conseillée !
F. D.

Space boulettes (Craig Thompson)

note: 5Baleines de l'espace Les bibliothécaires - 21 novembre 2017

Violette Marlocke est une petite fille qui vit dans un camping-vaisseau spatial avec ses parents. Sa maman travaille en tant que styliste à la station spatiale la plus proche tandis que son papa passe ses journées à récupérer les déchets de baleines de l’espace, source fondamentale de carburant pour les vaisseaux. Un jour, l’une d’entre elles tombe malade et déclenche ce qui s’annonce comme le pire désastre écologique de l’histoire cosmique : la diarrhée de baleine, qui emporte tout sur son passage ! Le père de Violette disparaît et la fillette se lance immédiatement à sa recherche à travers l’univers…

Après Habibi et Blankets (également disponibles dans votre bédéthèque !), Craig Thompson propose avec Space Boulettes une aventure loufoque et touchante, avec des personnages hauts en couleur et un univers complètement déjanté.

On suit avec fébrilité l’expédition de sauvetage de l’intrépide Violette qui traversera les décharges intersidérales, manipulera des exosquelettes spatiaux et recevra l’aide d’un jeune poulet bibliophile, du dernier lumpkin de son espèce et d’un gang de motards interstellaires...

Le dessin dynamique et expressif, et les couleurs vives et profondes font de cette bande dessinée une lecture tout à fait réjouissante. A noter que le volume se termine sur un petit dossier nous révélant les arcanes de la traduction des jeux de mots et de la transposition des références du texte, ancrés dans la culture américaine.
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 4DMMO-RPG Les bibliothécaires - 10 novembre 2017

L’histoire se déroule en 2138. On nous fait la présentation d’un jeu, plus particulièrement un DMMO-RPG (Dive Massively Multiplayer Online Role Playing Game.) particulièrement populaire au Japon du nom d’Yggdrasil.
Cependant après douze années d’exploitation, les serveurs d’Yggdrasil vont fermer. Dès lors on nous présente un joueur dont on ne connaît que le pseudo: Momonga.
Ce dernier possède un avatar extrêmement puissant: un nécromancien de niveau 100 (le niveau maximum sur Yggdrasil.), et est le chef d’une des guildes les plus puissantes du jeu: «Ainz Ooal Gown». Nostalgique des longues heures qu’il a pu passer dans l’univers d’Yggdrasil. Momonga décide de rester connecté dans le jeu et ce jusqu’à la deadline.

Néanmoins malgré que l’heure de fermeture supposée ait été dépassée, Momonga est toujours dans le jeu. De plus il se rend compte que les PNJ créés par sa guilde sont devenus des êtres vivants à part entière. Momonga ne peut plus interagir avec le menu du DMMO-RPG et de ce fait il ne peut plus se déconnecter.
Dès lors, en incarnant son avatar, Momonga tente chercher des réponses à ses questions. Mais très vite le nécromancien décide de prendre le contrôle du monde qu’il lui fait face et de devenir l’ultime légende de cet univers.

Même si la réalité virtuelle est devenu un thème redondant depuis ces dernières années (notamment grâce à l’explosion de mangas tels que Swort Art Online), Overlord tente une nouvelle approche en proposant une situation où le protagoniste qui est « bloqué » dans cet univers est satisfait de sa situation et tente d’en faire son nouveau foyer.

Et il faut reconnaître que ça fait du bien, d’avoir autre chose qu’un héros de shonen luttant à corps et à cris pour rentrer chez lui. Momonga, n’ayant aucunes attaches dans le monde réel, garde la tête froide et tire le meilleur parti de cette situation.
La psychologie du personnage est extrêmement intéressante, puisque le « héros » n’étant ni bon ni mauvais, agira essentiellement dans son propre intérêt : il apparaît ainsi au lecteur bien plus humain que n’importe quel autre personnage d’autres œuvres prêt à donner sa vie pour un vieil homme qu’il vient tout juste de rencontrer. (Blague à part, qui de parfaitement sain d’esprit agirait comme ça ?)
En bref, sans pour autant être un renouveau dans le genre, Overlord apporte un vent de fraîcheur bienvenu et nous donnes envie de suivre de près le développement de la psychologie du protagoniste.
T. V.

Monsieur désire ? (Hubert)

note: 4La vertu servant le vice Les bibliothécaires - 8 novembre 2017

Dans l’austère Angleterre victorienne, le jeune et fortuné sir Édouard révolte l’aristocratie autant qu’il la fascine par ses frasques incessantes et ses mœurs de vie dissolues. Lisbeth, domestique discrète et travailleuse, entre à son service et demeure imperturbable face aux provocations de son maître dont elle devient bientôt la confidente, bouleversant ainsi la hiérarchie de la maison et les conventions sociales. Dans un discours qui oscille entre le raffinement des cercles aristocratiques et la dureté de la condition de travail des domestiques, les dialogues habilement menés illustrent la progression de cette relation hors du commun, mise en images par le dessin élégant de Virginie Augustin.
Vv

Rock 'n' roll (Guillaume Canet)

note: 4Mais pourquoi t’as fait ça?! Les bibliothécaires - 4 novembre 2017

Dans Rock’n roll Guillaume Canet joue son propre rôle, et tout semble aller pour le mieux dans sa vie personnelle et professionnelle mais tout est remis en cause par une jeune comédienne qui lui reproche de ne pas faire assez rock. Et là tout bascule, le gendre idéal qu’incarne Guillaume Canet entame une métamorphose ; Guillaume se cherche une nouvelle jeunesse en passant par des solutions extrêmes qui auront à la fois des conséquences sur sa vie familiale et sur sa carrière.
Rock’n roll est une satire du monde du show business dans lequel des hommes et des femmes courent après leurs gloires passées. Guillaume Canet fait preuve d’autodérision avec cette version ridicule du couple qu’il forme avec Marion Cotillard. On est loin, très loin du glamour auquel ils nous ont habitués.

Une vie (Stéphane Brizé)

note: 4La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit Les bibliothécaires - 4 novembre 2017

Stéphane Brisé, réalisateur de la Loi du marché, s’attaque à l’adaptation du premier roman de Guy de Maupassant, publié en 1883.Jeanne, jeune aristocrate provinciale, à peine sortie du couvent retrouve le château-cocon de son enfance et des parents tendres et protecteurs. Ses perspectives d’avenir se limitent à réussir un beau mariage et fonder une famille.
Ses parents la laissent épouser le vicomte Julien de Lamare. Dés lors, la candide Jeanne vit les premières désillusions de sa vie d’adulte et l’intrigue progresse inexorablement vers des trahisons et des drames que le spectateur sent poindre.
La construction du film n’est pas linéaire et chronologique de manière à souligner le passage du temps. Le film est tissé de ruptures narratives, d’ellipses. Les flashbacks notamment illustrent parfaitement le ressassement de l’héroïne, le passé devenant un refuge face à la brutalité du présent. La représentation de la Nature omniprésente apparait également intéressante, à l’unisson de la psychologie de Jeanne. Le réalisateur exploite intensément les sons de la Nature.
Ce film est nimbé d’une grâce et d’une poésie absolue, incarnée par la présence singulière de Judith Chemla qui donne à Jeanne sa fraicheur et sa noirceur.

La fissure (Carlos Spottorno)

note: 4Les limites de l'Europe Les bibliothécaires - 18 octobre 2017

En 2013, dans le contexte des migrations amorcées par le printemps arabe, plus de 300 migrants périssent en mer au large des côtes de l’île de Lampedusa. Il n’en faut pas plus pour deux journalistes d’El Pais Semanal pour se lancer dans un reportage ambitieux aux points les plus chauds des frontières européennes.

De l’enclave espagnole de Melilla au nord du Maroc jusqu’au centre d’accueil surpeuplé d’Hermanli en Bulgarie, en passant par les frontières hermétiquement fermées de la Hongrie, Carlos Spottorno et Guillermo Abril suivent et photographient ces populations issues de pays différents et dont le seul objectif est de franchir les portes bien gardées de l’Union Européenne.
À la frontière entre le reportage photo et la bande dessinée, ce documentaire est frappant d’une réalité bien souvent mise de côté par les discours politiques et témoigne d’une Union Européenne qui se désolidarise et qui semble bien démunie face à des vagues d’immigration de plus en plus conséquentes. Pour ces clichés exceptionnels, Spottorno et Abril seront récompensés par l’organisme du World Press Photo en 2015.

Entre le discours contrôlé des agents de police aux frontières et les visites impromptues de camps d’immigrés surpeuplés, les deux journalistes révèlent dès 2014 les fragilités de l’Union Européenne, des fissures que ne feront qu’amplifier la crise ukrainienne puis le Brexit, ou encore l’essor général des nationalismes en Europe. La deuxième partie de l’ouvrage est ainsi consacrée à des voyages aux limites de l’ancien bloc soviétique, où les échanges tendus avec la Russie se font à coups d’entraînement post-apocalyptiques et de défilés militaires soutenus par l’Otan.

Un ouvrage saisissant, à lire ne serait-ce que pour ses photographies marquantes.
Vv

Histoire de la prostitution (Laurent De Sutter)

note: 4Splendeurs et misères des courtisan(e)s Les bibliothécaires - 14 octobre 2017

Une petite histoire édifiante de la prostitution : ou quand les prostituées étaient les seules femmes libres de Babylone, et que les hétaïres se mettaient à la politique ; dans l’Europe médiévale, l’Église catholique les considérèrent même (de manière officieuse) comme régulatrices de paix sociale.
De Rome, « lupanar à ciel ouvert » au quartier de Yoshiwara au Japon, où les rapports tarifés se pratiquaient avec ses rites et ses codes, en passant par la prostitution européenne dans les colonies, ce documentaire revient de façon efficace et synthétique sur le statut des prostitué(e)s et de la prostitution, de l’Antiquité à nos jours.
Vv

Fire Punch n° 1 (Tatsuki Fujimoto)

note: 4La vengeance est un plat qui se mange... (très) chaud ? Les bibliothécaires - 14 octobre 2017

Avec un titre pareil, on pourrait s’attendre à un énième manga de super héros en costume affriolant, protégeant la veuve et l’orphelin... Et pourtant, il n’en est rien.
Voici le speech : le monde est en train de mourir dans un froid glacial. Certains membres de la population possèdent des pouvoirs qui les aident à survivre, mais ce sont surtout des outils pour exploiter les autres. Ou même se faire exploiter. Quant aux humains normaux, ils servent d'esclaves au mieux, de combustible au pire.
Agni et sa soeur, Luna, font partis de ces « élus » et possèdent la faculté de se régénérer. Agni utilise ce pouvoir pour nourrir les habitants de son village. Pourtant cela ne suffira pas à les préserver du terrible malheur qui va s’abattre sur eux… Agni sera le seul survivant du massacre qui a brûlé tous ses proches. Il part alors dans une quête effrénée pour assouvir sa soif de vengeance !

Bien que l’histoire paraît somme toute assez classique, la grande force de Fire Punch réside dans sa volonté d’aller toujours plus loin : ainsi on explorera des thèmes hautement dérangeants tel que l’esclavage, le cannibalisme, l’inceste et bien d’autres, Fire Punch décrit avec brio toute l’horreur dont l’espèce humaine est capable en situation de crise.
Ce manga s’adresse à un public mature et averti (16 ans et +), les scènes violentes (aussi bien sur le plan physique que moral) sont courantes et les plus sensibles pourraient ne pas être à l’aise.
Pour peu que ces quelques obstacles ne nous aient pas refroidi, on se délecte des (més-) aventures d’Agni le vengeur enflammé et nous le suivons tel un papillon de nuit traquant inlassablement la moindre petite lueur dans l’obscurité.
En conclusion, Fire Punch, c’est dur, ça fait grincer des dents, mais c’est diablement bon et on en redemande. T. V.

Coluche (François Dimberton)

note: 5C’est l’histoire d’un mec… formidable ! Les bibliothécaires - 14 octobre 2017

Dans Coluche : une vie d'enfoiré !, François Dimberton nous offre un très bel aperçu de ce qu’a pu être la vie de l’artiste. À la lecture de cette BD, on peut se dire qu’il a vécu mille vies tellement son existence fut rocambolesque !

Le scénario réussit à saluer, sans rien oublier, les différentes étapes de cette carrière fulgurante et hors norme : découvrir où il est né, qui étaient ses parents, ses amis d’enfance, son adolescence, son entrée dans la vie active après le service militaire, sa première compagnie, sa rencontre avec G. Moustaki, son aventure avec Miou-Miou, ses enfants, ses passions, ses crises de nerfs et ses premiers succès populaires… jusqu’à ses déboires avec l’alcool et la drogue qui l’ont coupé de tout. Sans compter le fisc qui lui maintenait la tête sous l’eau… avant la rédemption et la consécration quelques années plus tard.
Même si on connaît la vie de l’humoriste, F. Dimberton arrive quand même à nous surprendre en nous livrant quelques passages méconnus dans la vie de l’artiste comme cet exil en Thaïlande lors de l’été 1984.

Cette BD, au final, est agréablement bien construite, l’auteur raconte avec émotion la vie entière de Coluche, allant à l’essentiel, assaisonnée de répliques cultes de l’humoriste. Le dessin de Rémi Torregrossa est, quant à lui, réalisé avec beaucoup de précision. Son trait réaliste et fin donne vie aux innombrables visages de stars de l’époque reconnaissables au premier coup d’œil.
En résumé, « Coluche : une vie d'enfoiré ! » est une belle réussite et nous offre un excellent moment de lecture ! F. D.

Le grand livre des superstitions (Édouard Brasey)

note: 5Halloween ou le Nouvel An Celte (Samhain) Les bibliothécaires - 10 octobre 2017

J’étais à la recherche des origines d’All Hallows’Eve « veille de tous les saints ». Grâce à ce livre j’ai tout trouvé, mieux, désormais les superstitions ne sont plus des mystères pour moi mais une multitude d’Histoires des sociétés !
Voici donc une petite pépite documentaire proposant un voyage léger et agréable dans les lointaines racines de nos superstitions, pour certaines nimbées de quelques créatures fabuleuses, pour d’autres prenant leur source dans les fêtes et croyances populaires de jadis !

Ainsi donc, Samhain ou « Samon » en gaulois Kesako ? C’est simplement « la fête des derniers labours d’Automne » mais aussi la « veille de tous les saints » en bref, le moment du « nouvel An Celte ». Période où les limites de l’Espace et du Temps sont abolies car les esprits de l’Autre monde se mêlent librement aux vivants, moment où l’on fête la fin des moissons tout en se préparant au passage des mois d’hiver et de froid. Pas de tristesse donc dans cette fête, ni d’étranges citrouilles charnues mais un instant particulier pour célébrer les Esprits anciens et partager les joies de l’été passé.
J’aime ce livre car il nous permet de nous remémorer que d’un Mythe naît souvent un Rite… L.V.

(Vous aimerez également : « Les druides » de Miranda Green & « Les Cultes, mythes et religions » de Salomon Reinach)

Mes courges, melons, pâtissons (Blaise Leclerc)

note: 5Cet Automne faites le plein de bêta-carotène , c’est la fête ! Les bibliothécaires - 10 octobre 2017

C’est la saison, les étals de certains primeurs regorgent de belles couleurs chatoyantes grâce à la panoplie des diverses cucurbitacées. Cucur…quoi ? ;o Cet ouvrage vous en fera re-découvrir pas moins de 40 ! Si si, mais alors, que sont exactement les cucurbitacées ? D’où proviennent-elles ? Et enfin par quelle multitude de vitamines nous revigorent-t-elles ?
Et bien dans ce livre vous y trouverez tous leurs secrets. Chaque variété y est présentée sous la forme d’une petite fiche illustrée, comme par exemple la Giraumon turban ou la Patidou. Il vous sera même permis de vous régaler par des recettes toutes aussi gourmandes qu’appétissantes (j’ai testé !  ) Les conseils de l’auteur, chantre de la biodiversité et jardinier-Bio devenu « expert en la matière» vous convaincra d’en cultiver pour vous-même. Donc plus qu’une lanterne pour « la fête des derniers Labours » du 31 octobre, mettez-les dans vos paniers et mangez-les ! Par L.V.

Imbattable n° 1
Justice et légumes frais (Pascal Jousselin)

note: 4C’est un oiseau ? C’est un avion ! Non, c’est Imbattable ! Les bibliothécaires - 5 octobre 2017

Si vous êtes un fidèle du Journal de Spirou, Imbattable ne doit pas vous être inconnu… Sinon, précipitez-vous sur le premier tome de ses exploits, car ce super-héros à l’allure de déjà vu n’a rien à envier à ses super-prédécesseurs.

Mieux encore : il ne se transforme pas, ne se régénère pas et n’a même de rayon supersonique. Sa kryptonite ? Les desserts de sa mémé. Par contre, il peut se déplacer entre les vignettes de bande dessinée comme personne, ce qui est drôlement pratique pour voir et intervenir sur les événements à venir !

Ajoutez à cela un super-stagiaire capable d’agir sur la perspective, un petit vieux qui peut influer sur les bulles en fonction de son humeur et quelques méchants diaboliques (ou pas…) du même acabit, et vous aurez une idée du joyeux chaos que sont les aventures d’Imbattable.

(Alors oui, il décroche aussi les chats des arbres et règle les soucis de plomberie de ses concitoyens entre deux courses pour sa mémé. Que voulez-vous, agir pour le bien et la justice, ce n’est pas seulement défaire des savants fous tous les jours…)
Vv

Her tape #1 (Her)

note: 5A la bonne Her Les bibliothécaires - 3 octobre 2017

Le disque de Her s’ouvre sur une ode aux femmes et à la féminité. Ce duo breton écrit des morceaux sensuels matinés de soul et d’une pointe d’électro pour donner langueur mais intensité.
Sur ce mini album, ils confrontent leur morceaux produits à leur verson live plus dépouillée.On y trouve d’ailleurs un belle reprise de Sam Cooke A Change is gonna come. C.G.

Cigarettes After Sex (Cigarettes After Sex)

note: 5L'amour, c'est comme une cigarette... Les bibliothécaires - 3 octobre 2017

Ambiance enfumée et sensuelle pour ces ballades de Cigarettes after sex. Rarement groupe n’aura si bien porté son nom tant l’ambiance suggestive habille chaque morceaux de cette album.
On trouve la même patte sonore sur chaque titre et néanmoins aucun sentiment de lassitude à l’écoute de cette pop intimiste. La voix est également troublante : celle d’un homme dont le timbre se rapproche de celui d’une femme. Sans grande surprise pour autant, cela parle d’amour et du souvenir de l’amour comme pour illustrer une comédie tristement romantique. C.G.

Premier contact (Denis Villeneuve)

note: 4Tu viens pour la paix ou pour la guerre? Les bibliothécaires - 3 octobre 2017

Premier contact est un film qui rejoint la lignée des films de science-fiction essayant de comprendre le but de la venue des extra-terrestres. Pour cela l’armée américaine engage des scientifiques spécialisés en linguistique (Amy Adams et Jeremy Renner) afin de comprendre les symboles dessinés par les Heptapodes. Cela n’est pas sans nous rappeler le scénario de Rencontres du troisième type de Steven Spielberg. Içi, deux visions du monde s’opposent : d’un côté les Russes et les Chinois qui veulent à tout prix s’attaquer à ces envahisseurs et de l’autre, les Américains qui cherchent à comprendre ce que veulent ces voyageurs. Tout se résume par l’interprétation d’un mot. Ce mot veut-il dire « armes » ou « outils » ?
Le film est donc une réflexion sur la méfiance vis-à-vis de ce qui est étranger. L’originalité du film réside également dans son organisation temporelle, les découvertes que fait le personnage de Amy Adams façonne sa perception, sa pensée, ses rêves. Le spectateur est comme perdu : il n’arrive plus à savoir si ce qu’il voit fait partie du passé, ou du présent. R. V.

Découvertes insolites autour de Paris (Dominique Lesbros)

note: 4Au-delà du périph... Les bibliothécaires - 30 septembre 2017

Fin des Vacances ? Vive les Week-ends ! Les curiosités, bizzareries, intrigues sont un supplément d’âme à vos sorties ? Voici de quoi sustenter vos besoins d’étrangetés au-delà du Périph’. « Bien-être » assuré ! Suivez le Guide : retrouvez toutes les réponses de la p. 4 à la p. 239.
-Vous êtes un As du Poker ? mais saviez-vous que la Carte à jouer avait son musée ?
-Vous rêvez d’être une Star ou mieux une vedette, venez vous photographier dans le temple « d’Hollywwod-sur-Seine » à côté de la « Machine à rêves »… Atmosphère, atmosphère !
-Qu’est devenu le repaire des chiffonniers en 1899 ? indice : l’endroit est classé Monument Historique depuis 1987. Que suis-je ?
-Parce-que la Paix est votre seconde nature ? Rendez-vous à Suresnes à tire-d’aile ; tandis que si pour vous le Zen est essentiel c’est à Rueil-Malmaison que vous le retrouverez.
-Classée Monument Historique en 1994 elle représente un doux mélange de styles architecturaux aussi divers que tous les continents. Insolite mais pas que … elle provoque également des accidents de circulation. Une idée ?
-Les Vampires et les monstres fantastiques font parties de vos lectures préférées, que diriez-vous de les voir en vrai ? Rappel, les visites sont sur RDV : normal !
-Quand il vous dit « Tu as de beaux yeux» et que ça sonne pour vous l’air d’un déjà vu, préférez l’original à la copie en allant à Mériel. Par L.V.

Injuriez-vous ! (Julienne Flory)

note: 5Dis-moi comment tu injures je te dirais qui tu es… Les bibliothécaires - 30 septembre 2017

Ce livre (trop court) explore une variété d’injures et d’insultes courantes. À chaque fois, l’auteur reconstitue le contexte et le sens, expliqués clairement et facilement. Il propose, bien plus qu’une liste de mots ou d’expressions, mais une partie de l’Histoire de nos sociétés et de ces groupes, du point de vue de leurs comportements verbaux et de leurs mécanismes de défense. Étonnant !
« Nous ne pouvons pas utiliser le langage comme nous le souhaitons ; nous sommes soumis à une standardisation et à des Normes » mais alors en quoi l’insulte serait-elle un « sujet politique » ayant le pouvoir magique de redéfinir le Monde. Pourquoi choisit-on telle injure plutôt qu’une autre ou encore pourquoi les injures ordinaires font appel au corps (souvent féminin) ?
Voici une lecture Coup de cœur éclairant sur nos sociétés & Coup de poing sur nos préjugés, le tout savamment orchestrés pour nous restituer les clefs d’une compréhension qui souvent nous dépasse. Autant passionnant qu’instructif ! Par LV. la B****** qui vous veut du bien.

Toutes les lettres pour agir (Éditions Francis Lefebvre)

note: 4Des lois et vos droits Les bibliothécaires - 29 septembre 2017

« Toutes les lettres pour agir » c’est l’indispensable correspondance juridique (de qualité) qui vous aide à faire valoir vos droits sur des questions aussi vastes que celle de notre quotidien (habitation ; voiture ; consommation ; finances, impôts ; famille et cætera..).
Le petit + est que vous y retrouvez des conseils et des explications juridiques « accessibles pour tous ».

Un Coup de Cœur vous dit-on ! S.A. et L.V.

Coming home (Zhang Yimou)

note: 4Je ne t’oublierai jamais Les bibliothécaires - 20 septembre 2017

Dans Coming home Zhang Yimou nous présente de façon dramatique le contexte social de la Chine pendant la révolution culturelle à travers la figure de son actrice préférée Gong Li. Celle-ci campe une mère de famille déchirée entre sa fille fidèle au partie unique et son mari prisonnier politique de par ses engagements. La fille rêve d’être la danseuse principale d’un ballet, mais le rôle lui échappe de par sa filiation, elle décide donc de dénoncer son père. La douleur provoquée par cette suite de drame rendra le personnage de Gong Li amnésique, tout comme ce pays qui refuse de voir la déchirure provoquée par la révolution culturelle de Mao. La critique du régime imprègne l’intrigue du film mais celle-ci se fait sans violence, le pardon est le maître-mot.
Un film émouvant porteur d’espoirs. R.V.

Ouï (Camille)

note: 5Ouï, trois fois Ouï Les bibliothécaires - 2 septembre 2017

Depuis 15 ans, Camille trace son sillon dans la chanson française. Chaque album diffère du précédent et de désir d’originalité renouvelé participe de sa singularité.
Ecouter un album de Camille, c’est une expérience auditive, certes, mais également sensuel. Dans sa musique, le corps et son potentiel percussif entrent en jeu mais aussi le souffle, la voix. La voix sous toutes ses formes : chœurs, vocalises, syllabes répétées à l’envie. Sur cet album encore, on ressent son amour des mots et leur association, elle les croise, les fait rimés pour créer un rythme, parfois au mépris du sens. Mais le plus souvent, ses mots sont sensibles, poétiques et subtiles. A écouter absolument son texte « Fontaine de lait ». CG

Oeuvre non trouvée

note: 5Si les Dieux nous étaient contés Les bibliothécaires - 2 septembre 2017

Tout le long des 20 épisodes de cette brillante série, François Busnel décortique les mythes grecs. Les premiers épisodes sont consacrés à la naissance du monde avant de se concentrer à Zeus, puis nous invite à la découverte des autres dieux et mortels.
Le mariage entre séquences animées et une riche iconographie choisie dans l’Histoire de l’art s’avère pertinent. Fresques, mosaïques ou tableaux représentant les dieux grecs alternent avec les belles silhouettes noires animées. Et puis, la voix de François Busnel joue énormément dans le plaisir à écouter; il se fait conteur en scénarisant la narration.
Ces dvd sont accessibles aux plus jeunes avec accompagnement des parents ( à partir de 8 ans). C.G.

Les 8 salopards (Quentin Tarantino)

note: 5Mais qui est donc l'imposteur ? Les bibliothécaires - 3 août 2017

L’intrigue des huit salopards se situe peu de temps après la guerre de Sécession. Le chasseur de prime John Ruth conduit sa prisonnière Daisy Domergue à Red Rock pour se faire exécuter et empocher la récompense attendue, mais évidemment rien ne va se passer comme prévu puisque le blizzard et les rencontres sur le chemin le contraignent à s’arrêter à l’auberge de Minnie. C’est dans ce huis-clos que nait la suspicion entre des personnages très différents les uns des autres. Tarantino fait monter la tension entre les personnages en entremêlant leur vie, ce qui finira par les conduire à un carnage digne d’un bon Pulp Fiction ou d’un bon Kill Bill. L’autre intérêt du film est de revisiter le western; on ne s’éternise pas sur les paysages mais sur le fond des personnages. R.V.

Un sac de billes (Christian Duguay)

note: 4La bille du souvenir Les bibliothécaires - 3 août 2017

Un sac de bille est le récit poignant de la fuite de deux frères juifs, Maurice et Joseph, vers la zone libre pendant l’occupation allemande, afin de retrouver leur famille. Christian Duguay montre toute l’ingéniosité et le courage de ces deux enfants. Il met également en exergue l’amour fraternel qui permet de faire face dans toutes les situations. Le film est une adaptation du roman éponyme de Joseph Joffo. Il est également vivement recommander de visionner le magnifique documentaire en bonus sur Joseph Joffo. Celui-ci, en compagnie du réalisateur, revient sur les lieux de son exil et partage avec nous ses impressions. C’est un fabuleux témoignage sur la réalité juive pendant l’occupation ; à voir et à revoir.

Inséparables (Sarah Crossan)

note: 5Un roman captivant pour les ados Les bibliothécaires - 7 juillet 2017

Inséparables raconte l’histoire de deux sœurs siamoises : Grace et Tippi.

Elles ont deux têtes, deux cœurs, quatre bras, deux jambes.

On ne leur donnait que quelques mois à vivre , et voilà qu’elles s’apprêtent à faire leur première rentrée au lycée, au milieu d’autres élèves.

Et ça les terrifie.

On va donc suivre les deux adolescentes dans leur découverte du lycée. On va aussi les voir affronter la violence du regard des autres.

Mais heureusement Grace et Tippi noueront aussi de belles amitiés …
Ce roman écrit en vers libres est captivant vraiment et ne laissera aucun lecteur indifférent. J. B.

Joséphine Baker (Catherine Catel Muller)

note: 4J'ai deux amours Les bibliothécaires - 10 juin 2017

Avec Kiki de Montparnasse et Olympe de Gouges, Catel Muller et José-Louis Bocquet avaient déjà exploré le destin exceptionnel de deux femmes qui ont su marquer leur époque et leurs contemporains. Cette fois-ci, leur inspiratrice est une grande dame qui chantait qu’elle avait « deux amours : [son] pays et Paris »…

Américaine d’origine et Française d’adoption, Joséphine Baker a commencé à danser dans les rues de Saint-Louis avant de terminer sa carrière sur les plus grandes scènes internationales. Entre temps, elle a introduit le charleston en Europe, intégré les forces de l’armée de l’air pour le compte de la France libre, marché aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques des Afro-Américains, adopté douze enfants de différentes nationalités, et charmé les plus grandes personnalités du XXème siècle.
Un destin tumultueux que Catel et Bocquet se sont appliqués à croquer dans un pavé de plus de 500 pages, qui s’avale pourtant d’une traite tant la vie de l’artiste semble tenir du roman. Chaque pas de swing, chaque note de jazz sont rendus par l’expressivité et le dynamisme des dessins.

Le choix du scénariste de suivre chronologiquement les événements qui ont marqué la vie de Joséphine peut, à première vue, sembler indigeste, mais nous permet de mieux saisir l’évolution personnelle de la femme qui se cache derrière la vedette. Une évolution que l’on suit avec d’autant plus de plaisir et de surprise lorsque l’on se rend compte que Joséphine Baker a pratiquement croisé tous ceux qui ont modelé son époque. Reconnaissable à son pagne de bananes et à son léopard de compagnie, figure d’exotisme et d’excentricité, Joséphine Baker a pourtant su se forger une solide réputation auprès de la haute sphère politique et culturelle de son temps. Derrière l’image de la première icône noire internationale, Catel et Bocquet ont su dévoiler la femme dans toute son humanité et son expressivité. Une lecture enrichissante, que l’on pourra compléter, en fin d’ouvrage, avec la biographie complète de Joséphine Baker ainsi que celles, plus rudimentaires, des personnages qu’elle a croisés…
Vv

Le gourmet solitaire (Jirō Taniguchi)

note: 5itadakimasu ! Les bibliothécaires - 10 juin 2017

S’il fallait mal résumer ce manga, ça donnerait quelque chose du genre : « Bon ben c’est l’histoire d’un type qui a faim donc il mange ».
Mais plus sérieusement, on suit les promenades culinaires de monsieur INOGASHIRA, un commercial indépendant. Cet homme est assez basique, il n’a pas de réelle substance et aurait tout aussi bien pu être monsieur Marcel ou madame Bellerose, ce qui n’aurait pas changé grand-chose… Oui cela peut paraitre choquant de prime abord, mais on se rendra compte très vite que son rôle à lui n’est pas d’être intéressant, au contraire il se doit d’être le plus transparent possible pour laisser la part belle au reste.
Mais le reste c’est quoi ? Le reste c’est les plats appétissants que va engloutir le protagoniste. C’est la description des repas (et les dessins bien sûr) qui feraient saliver les plus perspicaces. C’est le cadre dans lequel sont commandés ces casse-croûtes, allant du petit boui-boui au restaurant familial, chaque lieu a sa propre atmosphère et on s’y projette sans le moindre mal.

L’intérêt de ce manga (autre que de donner faim) se situe aussi dans les explications à la fois sommaires et complexes qui accompagnent chaque plat. Anecdote sur l’aliment, conseils de préparation, etc... Le personnage à toujours un petit truc à dire à propos de tout. Alors, on aime ou on n’aime pas, mais on ne dit pas non avant d’avoir gouté : laissez-vous tenter et bon appétit bien sûr. T.V.

William Z Villain (William Z Villain)

note: 4Blues fantomatique Les bibliothécaires - 8 juin 2017

Sur cet album qui porte son nom, William Z. Villain fait tout ou presque. Guitare, piano, percussions, chant. Une musique brute, les deux pieds dans la poussière.
William Z. Villain fait entrer les sons de la nature sur son disque. Le bruit de l’océan ou un concert de criquets ! Mais c’est bel et bien du blues : un blues étrange notamment coloré par des jeux de voix, tantôt haute, tantôt basse. Quelques balades et des rythmes afro-cubains trouvent également leur place sur cet album-pépite. C.G.

Mademoiselle (Chan-Wook Park)

note: 4Thriller érotique à la sauce teryaki Les bibliothécaires - 2 juin 2017

Années 30, la Corée est colonisée par le Japon. Une jeune servante coréenne, recommandée par un comte japonais, entre au service d'une jeune et riche héritière japonaise, qui vit avec son vieil oncle.
Rapidement, le spectateur comprend qu’il s'agit d'une combine (entre le faux comte et la servante, complices) pour priver la jeune Japonaise de son héritage. Mais l'histoire ne fait que commencer....
Park Chan Wook, réalisateur coréen est passé maitre dans l’art de la manipulation. Le film est construit en 3 parties, chaque partie plus complète que la précédente et donnant à l'histoire un autre point de vue, une autre tournure, comme un thriller, un jeu de manipulation et de séduction passionnant. Victime ou complice, chaque protagoniste l’est tour à tour.
L’esthétisme est poussé à son paroxysme : photographie, décor ou costumes, tout est extrêmement stylisé et détaillé, peut-être trop parfois. C.G.

Je veux savoir pourquoi je suis noir ? (Julie Rey)

note: 5Pourquoi nait-on noir? Les bibliothécaires - 2 juin 2017

Falstaff a 12 ans. Les propos racistes d’un camarade d’école à son encontre lui font prendre conscience qu’être noir peut poser des problèmes… Il se tourne vers sa grand-mère blanche pour en savoir plus, pendant que sa cousine collégienne tente de se blanchir la peau…
Minimaliste, humoristique et lapidaire, cette courte pièce à trois personnages qui alterne dialogues et tirades plus introspectives aborde frontalement, la question des préjugés racistes et de la différence.
L’ensemble est très drôle, et d’une modernité un peu désabusée.
Ce titre est la première pièce de Julie Rey, une nouvelle venue à suivre sur la scène littéraire jeunesse. J.B.

Les artichauts (Momo Géraud)

note: 4Un livre sur les violences conjugales. Les bibliothécaires - 23 mai 2017

Ne vous laissez pas prendre à son visuel ; ce livre n’est pas une sempiternelle histoire sur les enfants qui détestent les légumes.Les Artichauts de Momo Géraud aux éditions Utopique aborde un thème difficile rarement évoqué dans les livres jeunesses ; les violences conjugales et leurs conséquences sur les enfants.
Dans ce bel album destiné aux grands à partir de six ans, la justesse des mots se conjugue avec la force des images et l’alternance entre gravité et légèreté en offrant malgré tout un message d’espoir sur le chemin de la résilience.


Tournée ! (Johanna Seban)

note: 5Quand la musique est bonne... Les bibliothécaires - 23 mai 2017

Qu’est-ce qu’un balafon ? Où est né le jazz ? Et le hip-hop ? Pourquoi Mozart était-il si petit ? Où se sont rencontrés John Lennon et Paul McCartney ? Comment fait-on un disque ?

Votre enfant trouvera les réponses à ces questions et à bien d’autres dans l’excellent documentaire : Tournée écrit à quatre mains par deux fans de musique !



La force de ce livre est de mêler plusieurs niveaux de lecture dans d’incroyables doubles pages illustrées : les plus petits découvriront les instruments et s’étonneront devant les cheveux violets des aficionados d’une soirée électro, tandis que les ados pourront découvrir toutes les étapes de la création d’un album et tout connaître des origines du hip hop pour briller devant leurs copains.

Les parents quant à eux pourront se régaler des anecdotes glissées par l’auteur au fil du livre...
JB

Fils de Jean (Le) (Philippe Lioret)

note: 5Chacun cherche son père Les bibliothécaires - 20 mai 2017

Un matin, la sonnerie du portable retentit, Mathieu apprend que son père vient de décéder. Sauf que son père, il ne l’a jamais connu. Il découvre ainsi que ce dernier vivait au Canada et qu’il a deux frères. Bien décidé à rencontrer cette famille inconnue, il s’envole au Canada pour assister à l’enterrement.
Des secrets de famille il en est évidemment question, ils nourrissent l’intrigue du film qui n'est pas spectaculaire mais brille par des petits détails et sa beauté émane des silences, des non-dits et des regards. C.G.

Radiant (Dj Pone)

note: 5Lumineux Les bibliothécaires - 15 avril 2017

Sur ce premier album solo, PONE s’affranchit de son passé de DJ et de membre du groupe Birdy Nam Nam. Ici aucune démonstration de turntablism (l'art de créer de la musique grâce aux platines à vinyles et aux disques vinyles) et de sa technicité sur ses treize pistes. Au contraire, Pone plonge l’auditeur dans un univers aérien et hypnotique. Il se rapproche un peu plus de cette nouvelle scène électro française (Superpoze, Petit Biscuit…) On aime cette musique électronique qui décloisonne les genres.

Carnaval jazz des animaux (Le) (Amazing Keystone Big Band (The))

note: 5Ça va swinguer ! Les bibliothécaires - 15 avril 2017

The Amazing Keystone Big Band poursuit son exploration de la musique classique avec cette réinterprétation jazzy et ludique de l’œuvre de Camile de Saint-Saëns. Ce conte musical propose de découvrir l’incroyable diversité du jazz. Chaque animal a son propre instrument et tous forment un orchestre qui swingue !
C’est une adaptation libre et pleine d’humour servie par la voix d’Edouard Baer. C.G.

Irréprochable (Sébastien Marnier)

note: 4Sans foi, ni loi Les bibliothécaires - 15 avril 2017

Sans emploi et sans domicile depuis un an, Constance, agent immobilier, quitte Paris et revient dans sa ville natale. Dans son ancienne agence, elle est recalée au profit d’une jeune femme. Dès lors, elle n’a qu’une idée en tête : récupérer ce poste.
Ce thriller psychologique distille un malaise rampant et anxiogène par sa mise en scène. Marina Fois incarne à merveille cette femme vénéneuse, limite sociopathe, susceptible de vriller à chaque instant mais totalement détachée de l’amoralité de ses actes. C.G.

Meurtres au potager du roy (Michèle Barrière)

note: 5A déguster sans modération Les bibliothécaires - 30 mars 2017

Dans le potager du roi Louis XIV, Benjamin Savoisy travaille sous la direction de La Quintinie, directeur des Jardins Potagers et Fruitiers du roi. Après que des champs de melons soient complètement dévastés et des jardiniers assassinés dans Paris, Benjamin mène son enquête…
Même si l’intrigue peut paraitre un peu légère, en revanche, le roman vaut surtout pour la richesse des descriptions des plats cuisinés tout en mettant en avant l'art culinaire français qui a pour objectif de régaler la cour du roi où les mélanges sucrés-salés font alors merveille.
A travers son récit, qui emmène les protagonistes de Versailles en Hollande puis en Angleterre, Michèle Barrière ne se contente pas de décrire la cuisine française de l'époque. Elle compare les cuisines, n'hésitant pas à introduire des défis gastronomiques entre certains personnages jusqu’à se livrer « une guerre » à travers des dialogues savoureux. Ce qui procure au final une lecture très plaisante, mêlant avec bonheur histoire, gastronomie et intrigue policière.
L'ouvrage se termine sur un recueil de saveurs et de senteurs composé de recettes de l’époque, comme le "potage à la Reine" ou les "œufs à la négligence". A déguster sans modération ! F.D.

Hilda n° 2
Hilda et le géant de la nuit (Luke Pearson)

note: 5Hilda & les elfes Les bibliothécaires - 1 mars 2017

Hilda est une petite fille solitaire et rêveuse qui vit avec sa mère architecte au beau milieu des vallées. Leur quotidien s’écoule paisiblement jusqu’au jour où le petit peuple des elfes invisibles qui partageait alors la plaine avec elles manifeste son existence par de violents jets de pierre et la décision de les expulser de chez elles. Déterminée à demeurer dans la maison ancestrale, Hilda part à la découverte de la vallée, afin de comprendre ce qui a provoqué l’hostilité des elfes et mettre fin au conflit. Tout cela sous le regard silencieux et confus d’un géant millénaire qui arpente inlassablement les plaines toutes les nuits, indifférent à l’agitation des humains minuscules qui ont un jour chassé son peuple de la vallée…
Voilà une histoire poétique dont les péripéties rappellent le mystère et la féérie des contes ! Les aventures d’Hilda sont servies par un dessin naïf et enrichies de nuances dérivant des couleurs primaires, ce qui rapproche les illustrations du dessin animé et apporte du dynamisme à la narration.
Et comme tout conte qui se respecte, émergent à travers les pérégrinations de l’héroïne des préoccupations bien plus terrestres. Outre le merveilleux de l’intrigue, Hilda se voit contrainte de se mettre dans les souliers des elfes de la vallée, importunés par la géante qu’elle est, lorsqu’elle-même constate sa petitesse face au colosse nocturne.
Un récit qui pose des interrogations sur plusieurs échelles, allant de la simple cohabitation entre des êtres différents à la question du passage du temps.
Hilda et le géant de la nuit, premier d’une série de quatre (bientôt cinq) tomes, porte le regarde tendre de l’enfance sur l’absurdité du monde alentour, et saura toucher petits et grands. A lire sans aucune limite d’âge ! Vv.

Oeuvre non trouvée

note: 4Goncourt des lycéens 2016 Les bibliothécaires - 1 mars 2017

Gaby, jeune garçon métisse (son père est belge, sa mère rwandaise) coule des jours paisibles à Bujumbura, capitale de ce Petit Pays. Il a la vie légère d’un jeune expatrié, partage son temps entre sa bande de copains et ses lectures. Puis surgit le divorce des parents, l’intrusion lente de la violence dans son quotidien et enfin le conflit au Rwanda, le pays voisin.
Petit Pays raconte la perte de l’innocence, le passage à l’âge adulte, la question de l’identité dans un langage visuel, original et plein de malice.

Divines (Houda Benyamina)

note: 4Bandes de filles Les bibliothécaires - 1 mars 2017

Dounia et Mamounia, deux adolescentes tchatcheuses et audacieuses, vivent en banlieue proche de Paris. L’école, elles n’y croient pas, mais aspirent à échapper à la misère de la manière la plus rapide. C’est dans la délinquance qu’elles trouvent leur voie notamment auprès de Rebecca, grosse caïd du quartier. A force de pugnacité, d’audace et d’ambition démesurées, Dounia gravit les échelons, s’enrichit et ne voit pas le piège se refermer sur elle.
Divines sont les comédiennes de cette tragédie. Solaires, enragées, insolentes, tendres…elles portent le film à bout de bras.
Il est vrai que le film traite d’une multitude de sujets (amitié, délinquance, amour, appât du gain, la misère, la banlieue) mais la cinéaste y insuffle tant d’énergie que ce film mérite d’être vu.

Victoria (Justine Triet)

note: 5Femme au bord de la crise de nerfs Les bibliothécaires - 1 mars 2017

Voilà le portrait tendre et complexe d’une femme d’aujourd’hui. Submergée par son quotidien, un brin dépressive, sacrément bordélique, une vie amoureuse quasi nulle, et un ex mari « blogueur » littéraire, Victoria Spick, avocate et mère de deux fillettes, est au bord de la crise de nerfs. Lorsque son meilleur ami, accusé d’avoir voulu poignardé sa compagne, lui demande de le défendre, elle voit sa vie basculer.
L’une des réussites du film est d’osciller entre comédie faussement sentimentale et comédie dramatique ; c’est drôle et angoissant à la fois. Cette ambiguïté permanente donne au film un rythme singulier et frénétique qui n’épargne rien au spectateur.

Transsiberian (Thylacine)

note: 5Du vent dans les plaines Les bibliothécaires - 1 février 2017

Conçu comme une expérience narrative musicale, l’album électro de Thylacine propose un voyage à travers la Russie. Thylacine embarque à bord du transsibérien muni de ses ordinateurs, quelques claviers et autres instruments. Au fil des kilomètres parcourus, le voyageur compose des morceaux inspirés par les étendues et les rencontres entremêlant sons, voix et chants indigènes enregistrés tout le long du périple.
Transsiberian fait partie de ces album-concepts attachants qui nous font voyager sans se déplacer !

Effet aquatique (L') (Solveig Anspach)

note: 4Le gout du chlore Les bibliothécaires - 1 février 2017

Samir remarque Agathe au comptoir d’un troquet parisien. Coup de foudre immédiat. Quand elle apprend que celle-ci est maître-nageur à la piscine de Montreuil, il décide de prendre des cours de natation pour l’approcher. Et pourtant Samir est comme un poisson dans l’eau. Un rapprochement s’opère mais des lors que le subterfuge se dévoile Agathe chasse Samir. Agathe déteste le mensonge ! Elle s’envole vers l’Islande où se tient le Congrès des maîtres-nageurs, son amoureux à sa poursuite. S’ensuivent une rocambolesque série de mensonges, quiproquos, courses poursuite à travers les grands espaces islandais.
Ce mois-ci, c’est encore une jolie comédie (romantique) que nous choisissons comme coup de cœur. La réalisatrice Solveig Anspach mêle habilement la comédie burlesque et poétique, le romantisme et une pincée de surréalisme. Mention spéciale pour la drôlerie de la première partie du film centrée autour de la piscine de Montreuil.

Oeuvre non trouvée

note: 4Allergique aux monstres : s'abstenir Les bibliothécaires - 4 janvier 2017

Monster allergy, de Centomo Katja (dont le premier tome est sorti en 2003) raconte l’arrivée de la jeune Elena Patate, de la disparition de son chat, et de sa rencontre avec le second protagoniste Zick, le jeune garçon bizarre du quartier. Zick fait partie des rares humains pouvant voir les monstres (omniprésents mais invisibles en temps normal). Ensemble ils partent à la recherche du chat de la demoiselle et tombent très vite sur une affaire bien plus grande que ce à quoi ils s’attendaient.

On reste donc sur le thème de l’enquête et des monstres, mais le récit est plus travaillé, les dessins semblent plus matures et surtout les deux héros ont un réel impact sur l’histoire.

Archibald n° 1
Pourfendeur de monstres (Hyun-Min Kim)

note: 2Un peu fade Les bibliothécaires - 4 janvier 2017

Archibald jeune garçon mis à l’écart dans son village, se passionne pour le surnaturel et plus particulièrement les monstres, il tient une boutique de quincailleries et d’antiquité avec son grand-père, tout aussi farfelue que lui.
Un beau jour, il reçoit un courrier mystérieux dans lequel un certain Monk lui demande de mettre de côté un jarre. Jarre qui bien évidemment est volé la nuit même, s’en suit alors une traque jusqu’au voleur qui va faire découvrir à Archibald un tout nouveau monde.

Cette BD plaira aux amateurs de monstres et/ou d’enquêtes, les dessins sont, bien qu’un peu simples, efficaces, et l’histoire se laisse suivre sans réelle difficulté.
Archibald Pourfendeur de monstre s’adresse surtout à un public jeune (6/9 ans), c’est mignon, c’est rigolo, et c’est tout. Si l’on gratte un peu, on se rend compte que le héros est fade et totalement remplaçable et que les gags sentent autant le réchauffé qu’un plat tout prêt sortant du micro-ondes. Archibald ne laisse pas un souvenir impérissable et on aura tôt fait de l’oublier quelques jours après l’avoir lu. T.V.

loi de la jungle (La) (Antonin Peretjatko)

note: 4Aventure délirante Les bibliothécaires - 4 janvier 2017

Marc Châtaigne, un stagiaire du ministère de la Norme, se voit confier une mission délicate par le directeur de cabinet du ministre : se rendre en Guyane pour surveiller la mise aux normes européennes du chantier Guyaneige, la première piste de ski indoor d’Amazonie. Sur place, Châtaigne se lance dans la visite des sites du chantier pour vérifier que tout est bien en règle. Pour y accéder, il est accompagné de Tarzan, jolie stagiaire à l’Office national des forêts qui lui sert de chauffeur…
Décollage immédiat pour 1h40 de délire !
Cette comédie ovni grouille de scènes comiques burlesques et complétement absurdes, de répliques triviales et profondes et n’oublie surtout pas de moquer l’administration française, les politiques et projets économiques déconnectés de la réalité et la précarisation de toute une génération condamnée aux stages. C.G.

Eusa (Yann Tiersen)

note: 5Carte postale d'Ouessant Les bibliothécaires - 4 janvier 2017

Eusa signifie Ouessant en breton et c’est bien une carte postale sonore de l’île que nous offre Yann Tiersen. Dix titres interprétés au piano pour dix localisations de cette île, chère au cœur du pianiste. Il s’est imprégné de ces lieux pour extraire des compositions musicales épurées au piano. C’est d’ailleurs un retour aux sources pour Yann Tiersen dont les premiers albums, plutôt dépouillés, font la part belle au piano.
Les interludes musicales Hent entre chaque morceau apportent une respiration supplémentaire et évitent la monotonie. Les compositions demeurent émouvantes (Pern), parfois mélancoliques (Porz Goret) mais aussi très lumineuses (Kadoran).

The Assassin (Hsiao-Hsien Hou)

note: 4Superbe tragédie Les bibliothécaires - 3 décembre 2016

Dans la Chine du IXe siècle, Nie Yinniang a été éduquée par une nonne qui en a fait un des plus redoutables assassins du pays. Mais Yinniang se laisse encore trop porter par ses sentiments et sa maîtresse lui ordonne de retrouver sa famille pour assassiner son propre cousin Tian Ji'an, qui défie ouvertement l'empereur. Mais Yinniang est toujours amoureuse de Tian Ji'an auquel elle fut autrefois promise. Rapidement, elle révèle son identité au gouverneur et se retrouve placée devant un dilemme : sacrifier son amour ou trahir l'ordre des assassins auquel elle appartient.
Hou Hsia Hsien s’attaque pour la première fois au genre du wu xia pai, le film d’arts martiaux. Les amateurs de combats interminables avec suspension dans les airs seront vite déçus. Ces scènes de combat sont courtes et minimalistes. L’essentiel est ailleurs et précisément dans ce qui ne se dit pas mais ce qui se ressent. En effet, l’intrigue peut paraitre déroutante car le cinéaste élude l’aspect purement narratif. En revanche, le spectateur vit une expérience de cinéma, et doit se laisser porter par la mise en scène. Les scènes en extérieures sont époustouflantes de beauté portées par une lumière splendide. Un soin particulier est également apporté aux décors et aux costumes.

Le Père Noël dans tous ses états (Valérie Dayre)

note: 4Le père Noel est un homme comme les autres? Les bibliothécaires - 3 décembre 2016

Ce livre sort des sentiers battus et de toute l’imagerie d’Épinal autour du Père Noël.
Il s’agit ici d’un homme, un homme comme tous les autres avec des besoins et un quotidien.
L’aspect sérigraphié de l’illustration contribue à l’atmosphère troublante.
Voici un album grave qui pourra difficilement être lu sans accompagnement mais peut susciter questions et débats.

La dernière année ou Pourquoi et comment le Père Noël décida d'arrêter et pourquoi il ne recommença jamais (Thierry Lenain)

note: 5Comme dans un film de Franck Capra... Les bibliothécaires - 3 décembre 2016

Et voilà qu’un jour, le Père Noël est fatigué, un peu las peut-être, vieillissant aussi – ça use comme métier, Père Noël – quelque chose se casse.
Une hésitation, un doute… et il sait que cette année sera sa dernière année.
Pour ne pas léser les enfants qui lui ont écrit, il informe leurs parents de sa décision et, le cœur léger, s’en va vivre une autre vie.
Une vie au service des enfants, encore, mais de ceux pour qui Noël est un jour maigre comme les autres.

Voilà un bien beau livre et une vraie histoire de Noël, qui remet l’humain au cœur de la «magie de Noël» comme dans un film de Frank Capra.

Cette nouvelle collection, Trimestre, fait le lien entre album et premiers romans. Une collection pour les enfants à partir de 8 ans

Putain de guerre ! (Jacques Tardi)

note: 4Putain de guerre Les bibliothécaires - 23 novembre 2016

Avec cette édition intégrale, Jacques Tardi revient à nouveau sur l’horreur et l’absurdité de la Première Guerre Mondiale. Accompagné de l’historien JP. Verney, ils nous délivrent un récit très agréable à lire où les dessins parlent souvent d’eux-mêmes, où la narration est plutôt concise au profit d’illustrations nombreuses. La guerre est racontée dans l’ordre chronologique en mêlant épisodes marquants de la Grande Histoire et vie du soldat pris dans la tourmente.

C’est par les yeux du narrateur, un soldat anonyme, ancien ouvrier tourneur devenu soldat malgré lui, que les auteurs nous montrent l’absurdité des décisions prises par les chefs militaires, les révoltes de soldats, les fusillés pour l’exemple, les procès sommaires où des soldats sont condamnés à mort, l’engagement dans le conflit des pays alliés et celui des colonies françaises… mais aussi la boucherie et l’horreur avec les désastreuses conditions de vie dans les tranchées, la violence des affrontements, la peur permanente, les blessés mutilés à vie, « les gueules cassées »… une dénonciation en règle de cette « Putain de guerre ! ». F. D.

Vivre près des tilleuls (AJAR)

note: 4Universalité de l'émotion Les bibliothécaires - 9 novembre 2016

Thème difficile mais dans une langue magnifique grâce à un style concis, juste, sensible et pudique à la fois, où l'universalité de l'émotion prend tout son sens.
Les auteurs : L’Ajar est un collectif d’auteurs, une association de jeunes auteur-e-s romand-e-s, et ce roman est le premier de cette association-union. Un intrigant projet littéraire : celui de construire un texte d’une seule voix, à 18.
Le sujet : Esther Montandon est une écrivaine suisse bien fictive et pourtant si réelle. Elle n’a pas écrit beaucoup, 4 livres, et surtout elle a arrêté toute production d’écrits après la mort accidentelle de sa fille, Louise, le 3 avril 1960. Tout ce qui précède a disparu volontairement par les flammes. Et pourtant, plus de 50 ans après, Vincent König, le dépositaire des archives d’Esther Montandon, retrouve par hasard les fragments d’un journal tenu dans les deux années qui ont suivi la disparition de sa fille.
Au fil des pages, se dessine le deuil d'une mère, les souvenirs, le manque, la souffrance causée par la perte. L'écriture très touchante et la succession de chapitres très courts rythment la lecture et accentuent l'intensité émotionnelle. Puis, on se rend compte que ce livre n'est pas tout à fait ce qu'il paraissait être au départ. L'originalité de cet ouvrage réside dans le procédé d'écriture qui s'avère une véritable prouesse tant la narration est fluide et cohérente, d’une grande beauté littéraire.

Pour autant, Romain Gary et Emile Ajar s'accordent à dire que....« L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de
la suprématie de l'homme sur ce qui lui arrive. »
En russe, Gary signifie « brûle » et Ajar, « la braise ». Pour l'un et l'autre, il s'agit bien de démultiplier les opportunités identitaires, de toujours renaître de ses cendres, de tordre le cou à la réalité par l'assaut de l'humour, aussi cynique soit-il.... Et à l'inverse ici, la pluralité réussit parfaitement son unification...
Alors Ajar aurait-il mal vieilli, ne répondant plus à la devise de son maître, ni par l'humour transcendental ni par la démultiplication du "je"?

Atmosphères (Tigran Hamasyan)

note: 5Lyrisme mélancolique Les bibliothécaires - 4 octobre 2016

Tout dépend de l’état d’esprit et de l’humeur de l’instant présent. Si le moment est propice, on s’immerge avec délices dans le lyrisme mélancolique d’Atmosphères, un double album ambitieux.
Tigran Hamasyan et ses comparses norvégiens se sont enfermés trois jours durant pour délivrer cet opus totalement improvisé. On se balade entre mélodies orientalisantes, superbes envolées romantiques du piano et quelques incursions électroniques.

Oeuvre non trouvée

note: 4Un autre monde existe Les bibliothécaires - 4 octobre 2016

"Un autre monde est possible", nous en sommes tous convaincus mais la formule résonne comme un vœu pieux. Par contre, ce qu’ont vu et filmé les réalisateurs de « Demain » aux quatre coins du monde, c’est par exemple : un quartier déshérité du sud de l’Inde qui réinvente la démocratie de proximité, un village anglais qui transforme ses rues et espaces verts en un immense jardin collectif partagé, c’est aussi une petite exploitation normande (telle David contre Goliath) sur le point de révolutionner, par une agriculture raisonnée, notre manière de nous nourrir. La découverte de ces expériences pleines de bon sens et d’humanité sont une véritable bouffée d’espoir pour qu’en effet, un autre monde soit possible !

Chemins toxiques

note: 4Thriller écolo Les bibliothécaires - 4 octobre 2016



Un très bon thriller écolo pour les jeunes ados à partir de 11 ans.
On y découvre entre autres une ferme-laboratoire mystérieuse, une boue d’écume qui provoque un urticaire géant qui se développe à vitesse grand V.
un savant fou, et Tamaya une jeune fille discrète et courageuse…

Les chansons que mes frères m'ont apprises (Chloé Zhao)

note: 4Rester ou partir... Les bibliothécaires - 3 septembre 2016

Dans une réserve, dans le Dakota du Sud, Johnny vient de finir ses études et envisage de quitter sa région natale pour Los Angeles. La mort accidentelle de son père et l’attachement à sa jeune sœur vont bouleverser ses projets.
La réalisatrice filme cette communauté au plus près, soulignant la force des traditions ancestrales lentement érodées par l’inéxorable faillite des habitants de cette communauté. Trafic d’alcool, petits larçins, ennui chronique. Les étendues sauvages, magnifiées par le travail de la photographie, enferment davantage les personnages que ne les libèrent.
C’est un magnifique film sur la perte de l’innocence, sur l’émancipation. Néanmoins, il n’y a pas de pathos et on s’attache à la jeune Jashaun qui porte en elle une forme d’espoir.

Konono N°1 meets Batida (Konono N° 1)

note: 5album de transe joyeuse et électrique ! Les bibliothécaires - 3 septembre 2016

Quand un DJ portugais né en Angola (Batida) rencontre un groupe congolais (Konono n°1), ça donne cet album de transe joyeuse et électrique.
Ce groupe congolais s’empare du Likembé, un instrument traditionnel composé de tiges de métal fixées sur une caisse de résonnance. Cet instrument désormais électrifié est au cœur de tous les morceaux ensorcelants et surpuissants.
Une boule d’énergie pour une invitation à la danse. Le remède idéal pour oublier la rentrée !

Le voyage en poisson (Tom Seidmann-Freud)

note: 4Voyage en poisson Les bibliothécaires - 2 juillet 2016

Dans cet album enchanteur et joliment dessiné nous suivons les aventures d’un jeune garçon nommé Peregrin qui est en train de rêver.
Il marche dans une rue où tout semble désolé avec pour seule compagnie Nickeling, son poisson rouge, quand soudain celui-ci se met à grandir jusqu’à prendre toute la place de la chaussée. Nickeling lui propose alors de l’emmener découvrir le monde sur son dos, et finit par le déposer sur un rivage non loin d’un village.
Peregrin, seul, inquiet et trempé par le voyage est alors accueilli par des enfants et emmené chez eux. Là-bas, il fait bon vivre, les gens sont gentils et attentionnés les uns envers les autres, on ne manque de rien, et le concept de monnaie n’existe pas.
Reconnaissant envers Nickeling, le petit Peregrin l’appelle afin de le remercier quand soudain, le rêve prend fin.
Laissant le jeune homme, et nous même, revenir à la réalité fortement touché par cette excursion (trop courte) dans ce paysage si idyllique.

/!\ l’histoire étant assez longue, elle convient plus aux enfants d’au moins 6 ans.

Oeuvre non trouvée

note: 5A relire encore et encore Les bibliothécaires - 2 juillet 2016

Un roman troublant sur une famille qui avait tout pour être heureuse jusqu’à l’arrivée d’un cinquième enfant. Roman se lit d’une traite, très bouleversant, ne laisse personne indifférent. Tout le long du roman on essaie de trouver une solution….

Oeuvre non trouvée

note: 3Adaptation du Manga Les bibliothécaires - 1 juillet 2016

Sword Art Online est un jeu vidéo futuriste de Type MMO. Ici pas de place pour les manettes ou claviers puisque le jeu se passe dans une réalité virtuelle où le personnage n’est autre que le joueur lui-même.
Seulement un jour, les quelques milliers de joueurs connectés se retrouvent coincés dans cet univers et comble du malheur les règles du jeu changent drastiquement : quiconque trouvera la mort dans ce monde, mourra aussi dans le monde réel et le seul moyen de rentrer chez soi est de finir le jeu.

{A savoir} Ce roman est une Adaptation du Manga et de l’animé du même nom.

Il s’adresse principalement à deux types de lecteurs, les amateurs de Fantasy et les curieux qui souhaitent découvrir la littérature Japonaise mais qui ne sont pas tentés par le support manga.

Cependant rassurez-vous, même si vous n’appartenez pas à l’une des deux catégories citées plus haut, vous passerez tout de même un agréable moment en le lisant.

Cats (David Mallet)

note: 3Un spectacle mythique Les bibliothécaires - 1 juillet 2016

Joué dans 300 villes, traduit en 15 langues, récompensé par 7 Tony Awards et 2 Olivier Awards, CATS remporte un véritable triomphe totalisant 73 millions de spectateurs dans le monde depuis 1981.A l’origine de ce succès, les magnifiques poèmes de T.S Eliot admirablement mis en musique par le célèbre compositeur Andrew Lloyd Webber dont la mythique chanson « Memory ». Laissez-vous aussi subjuguer par la beauté des costumes, des maquillages et des décors, la puissance et la grâce des chorégraphies servies par une troupe à vous couper le souffle. Joué en français, le spectacle parisien reprend à l’identique la mise en scène de la nouvelle production londonienne, revisitée par l’équipe créative originale : le metteur en scène Trevor Nunn, la chorégraphe et metteur en scène associée Gillian Lynne, le scénographe John Napier et le compositeur Andrew Lloyd Webber.

Je m'appelle livre et je vais vous raconter mon histoire (Agard, John)

note: 4Un document qui se lit comme un roman ! Les bibliothécaires - 1 juillet 2016

Stendhal écrivait que le roman était un « miroir qu’on promène le long d’un chemin ». Le chemin que ce roman-ci tente de retracer s’avère être celui du livre même : lassé de relater l’histoire des autres, le livre nous dévoile à présent la sienne.
Il fait remonter le lecteur sur les berges du Nil où se cueillait et s’enroulait le papyrus, s’arrête dans les austères scriptoria des moines copistes puis voit fleurir les librairies de gare du XXème siècle, avant de se dérouler à nouveau sur les smartphones et tablettes (qui ne sont plus en cire !).
Il nous rappelle qu’avant de garnir à foison nos bibliothèques municipales, le livre a été un objet sacré au Moyen-Âge, impertinent sous les révolutions, dangereux entre les mains des dictateurs. Que bien avant de pouvoir le glisser dans notre poche, le corner et l’abîmer, il fut une rareté que l’industrialisation fit démocratiser.
Je m’appelle Livre… est un hommage au livre, rendu avec humour et simplicité, où jeunes et moins jeunes verront se mêler aspects documentaire et romanesque. On regrettera cependant l’absence d’une frise chronologique ou d’un glossaire récapitulatif qui auraient pu accentuer la clarté du propos.
Un document qui se lit comme un roman !
Vv

Oeuvre non trouvée

note: 3Une grand dame Les bibliothécaires - 1 juillet 2016

Avec une carrière de musicienne professionnelle qui dure plus de cinquante ans, Lizzie Douglas- dite Memphis Minnie - d'après la petite souris de Walt Disney – demeure comme l’une des plus importantes artistes de l'histoire du blues.
(Re)-découvrez son œuvre impressionnante grâce à cette anthologie qui nous fait voyager. Embarquez pour un aller simple en Louisiane dans les années 30-40. Profitez des duos de guitare parfaits, des chefs-d’œuvre du country blues en solo et de certains des grands moments du Chicago blues.
Son influence a été énorme, elle était la reine du blues.

Le caillou (Thierry Dedieu)

note: 4Le caillou Les bibliothécaires - 1 juillet 2016

L'auteur a écrit cet album engagé après les attentats de janvier 2015. C'est un ouvrage qui parle de destructions et de la folie des hommes. Ce livre sec et fort parle aux enfants des tragédies du monde et de la nécessité de préserver la culture en référence aux exactions des barbares et autres talibans.

Highspeeds (Elliot Moss)

note: 5Electro folk mélancolique Les bibliothécaires - 1 juillet 2016

Elliot Moss appartient à cette famille de multi-instrumentiste-producteur naviguant entre folk pour l’écriture et la guitare et les nappes électro.
Son penchant pour cette soul électro rappelle James Blake ou Chet Faker sur certains morceaux. C’est un album mélancolique qui vous transporte vers de formidables paysages sonores.

Elsewhere (Denai Moore)

note: 5Un album mélancolique à vous coller des frissons Les bibliothécaires - 5 décembre 2015

Du haut de ses 21 ans, cette Jeune Anglo-Jamaicaine, se met à nu sur ce premier album à fleur de peau composé de 12 titres. Douze titres composés au piano et écrit par la demoiselle.
Sa voix accroche votre petit cœur à la première écoute. Puissante et profonde, Denai Moore laisse exprimer une mélancolie à vous coller des frissons. A l’instar de ses compatriotes, Adèle ou Amy Whinehouse, elle figure désormais parmi les représentantes de cette soul anglaise contemporaine. Un petit bémol néanmoins : les chansons sonnent un peu toutes pareilles.

La dernière nuit du Raïs (Yasmina Khadra)

note: 5Une plume fine et poétique Les bibliothécaires - 24 novembre 2015

De sa plume à la fois fine et poétique, directe et sans compromis, Yasmina Khadra traite encore d’un sujet grave d’une importance capitale dans ce monde. On entre dans la psyché du tyran sanguinaire qu’était Mouammar Khadafi. Le narrateur n'est autre que lui-même qui nous confie ses souvenirs et les derniers instants de vie jusqu'à sa mort brutale. Jamais il ne reconnait le mal qu'il a pu faire. On pénètre une âme et ses replis : un délire lucide dont il est le propre otage.
A travers cette plongée vertigineuse dans la tête d’un tyran mégalomane, l’auteur dresse le portrait universel de tous les dictateurs déchus et dévoile les ressorts de la barbarie humaine.
Un roman passionnant qui se lit d’une traite et nous aide à comprendre.

Louison Mignon cherche son chiot (Alex Cousseau)

note: 5Une histoire tendre à ravir! Les bibliothécaires - 23 octobre 2015

Petite histoire tendre à ravir, d’une petite fille qui attend la naissance d’un chiot .Elle cherche dans la maison de son "papé", dans le jardin de son "papé", dans tous les lieux possibles et imaginables, la chienne de son "papé".
On découvre le bonheur de cet enfant entouré de ses grands- parents.
Un très bel album aux illustrations naïves, aux deux couleurs: l'orange et le noir.

Domitille chante Maurice Carême (Maurice Carême)

note: 4Des poèmes revisités en chanson Les bibliothécaires - 9 septembre 2015

Un petit bijou, une voix douce, mélodieuse, et tendre de Domitille.
Des poèmes appris à l'école revisités par Domitille, pour petits et grands .
La solitude est souhaitée, un bon canapé, les larmes salées couleront sur vos joues et un sourire restera collé à vos lèvres.
Ouvrez vos oreilles, mettez vous en condition et savourez ce petit moment de bonheur...

Fraise et chocolat (Aurélia Aurita)

note: 4Un peu d'érotisme. Les bibliothécaires - 9 septembre 2015


Quand près de 10 000 km vous séparent, une idylle amoureuse ne commence pas sur les plus faciles des bases. D’autant plus si, comme Frédéric et Chenda, les sentiments s’expriment aussi bien par le langage que par le corps ; Tout le corps.
Aurelia Aurita se raconte dans un roman graphique au trait aussi simple et naturel que peut l’être un baiser qui dérape en une série de caresses, qui elles-mêmes se trouvent bien mieux sous ou sur une couette. Les corps des deux amoureux s’y bousculent, s’apprennent et s’oublient pour mieux se retrouver, sous nos yeux parfois un peu gênés, émoustillés, mais surtout amusés d’une telle exubérance de simplicité et de bonheur.Curieux, curieuses, polisson(ne)s et romantiques (sans eau de rose, en revanche), foncez !

Patema et le monde inversé (Yasuhiro Yoshiura)

note: 3Une mise en scène vertigineuse! Les bibliothécaires - 9 septembre 2015

Suite à une expérience ayant pour but de modifier la gravité, la terre se retrouve séparée en deux côtés distincts. Vient un jour où Patema « chute » de l’autre côté, surprise de voir « un inversé » devant elle, la tête en bas. Dès lors, elle est l’anormale et la traquée dans ce monde contraire. Yasuhiro Yoshiura, avec ses mondes inversés, se permet de signer un film à la mise en scène vertigineuse et à l’animation ébouriffante. Et, bien qu’on se prenne à lever les yeux au ciel (ou au sol) devant les quelques longueurs qui marquent la fin de ce film animé, il n’empêche que ses personnages attachants et son/ses monde(s) enchanteur(s) vous transporteront allègrement jusqu’à son dénouement.

Jungle (Jungle)

note: 5Un album fièvreux et dansant! Les bibliothécaires - 5 août 2015

Voilà un album qui vous donnera à coup sûr une pêche d'enfer! Le groupe anglais "The Jungle" nous délivre une musique chaude et luxuriante mêlant parfaitement les genres : electro-pop-soul et funk. Un album à mettre dans sa bibliothèque!

Oeuvre non trouvée

note: 4Un film qui offre un régal visuel! Les bibliothécaires - 29 juillet 2015

Hortense est une cuisinière réputée dans son Périgord natal et n'en revient pas, lorsqu'un jour, une berline ministérielle vient l'en arracher pour la transporter "manu militari" au 55, rue du Faubourg Saint-Honoré où elle va occuper le poste de cuisinière personnelle de François Mitterrand. Bourré d'ingrédients subtilement dosés, ce petit film sans prétention réunit de bons acteurs et donne à voir les coulisses
des cuisines du pouvoir.

Hôtel international (Rachel Vanier)

note: 5un roman plein d'humour et de sensibilité Les bibliothécaires - 25 juillet 2015

Lorsque Madeleine apprend le suicide de son père, un suicide pourtant attendu et redouté, sa réaction n'est pas celle qu'elle avait consciencieusement préparée. Désarmée, elle décide de remettre à plus tard l'affrontement de son deuil en s'envolant pour le Cambodge.
Sur un fonds dramatique, Madeleine nous fait vivre son voyage et son expérience avec un grand réalisme.
Un roman plein d'humour mais aussi plein de sensibilité. Un premier roman prometteur. On attend les suivants !

La bibliothèque des coeurs cabossés (Katarina Bivald)

note: 5Un roman frais! Les bibliothécaires - 25 juillet 2015

Une histoire d'amitié et d'amour de livres où les personnages sont vraiment sincères et attachants. Une histoire fraîche racontée sans aucune mièvrerie.
Tout commence par les lettres que s'envoient deux femmes très différentes : Sara Lindqvist, vingt-huit ans, petit rat de bibliothèque mal dans sa peau, vivant à Haninge en Suède, et Amy Harris, soixante-cinq ans, vieille dame cultivée et solitaire, de Broken Wheel, dans l'Iowa. Après deux ans d?échanges et de conseils à la fois sur la littérature et sur la vie, Sara décide de rendre visite à Amy. Mais, quand elle arrive là-bas, elle apprend avec stupeur qu'Amy est morte.

La guerre des tétons n° 2 (Lili Sohn)

note: 5Un témoignage drôle et touchant! Les bibliothécaires - 27 juin 2015

La Guerre des tétons de Lili Sohn

Comme le titre l'indique, il va y avoir affrontement!
Les deux adversaires: Lili et Günther
Lili est une jeune femme d'à peine 30 ans et Günther l'adversaire le plus récalcitrant
qu'elle ait eu à affronter, et pourtant il n'a que quelques semaines!

Günther c'est son cancer.
Lili Sohn a choisi le dessin et l'écriture pour annoncer à ses proches qu'elle est atteinte
d'un cancer du sein; ce sera sous forme de bande dessinée.

Bourrée d'infos très sérieuses distillées sur le mode humoristique,
La Guerre des tétons est une BD qu'on vous recommande.

Le passage du diable (Anne Fine)

note: 4Les amateurs de roman policier ne seront pas déçus. Les bibliothécaires - 13 juin 2015

Depuis toujours, Daniel vit seule avec sa mère dans une grande demeure. A part elle, il ne voit personne car il est gravement malade et le monde extérieur serait trop dangereux pour sa santé. C'est en tous cas ce qu'elle lui répète depuis son plus jeune âge.
Il grandit au milieu des livres avec pour seule compagnie les personnages d'une extraordinaire maison de poupée, reproduction exacte de celle que sa mère aurait habitée autrefois. Pourtant, un jour, des voisins découvrent son existence et décident de faire irruption chez lui pour l'enlever. Sa mère est ,elle, placée en hôpital psychiatrique. Recueilli dans une famille, il est choyé et protégé jusqu'au suicide de sa maman et l'irruption dans sa vie d'un oncle jusque là ignoré. Ce dernier le conduit dans la maison familiale au passé lourds de secrets...
Trés loin des aventures du Chat assassin, Anne Fine distille dans ce roman une atmosphère gothique empreinte de mystère et de noirceur. Initialement destiné à des lecteurs ados, on ne peut qu'encourager les parents a découvrir ce livre. Les amateurs de roman policier ne seront pas déçus.

Oeuvre non trouvée

note: 5Album EXTRAORDINAIREMENT drôle! Les bibliothécaires - 10 juin 2015

Comment un tout petit orthodontiste va sauver un village d'un ogre mangeur de chair fraîche.
C'est simple : lui faire croire qu'il sera beau avec une belle dentition, pour cela il devra ainsi porter un appareil dentaire .
La condition INDISPENSABLE pour séduire une ogresse est de ne pas manger de VIANDE pendant tout le long du traitement
Pourquoi , alors, ne pas ouvrir un restaurant végétarien ?...
Un ogre très Sympatique, un orthodontiste très futé mais peut-être un peu trop bavard et ça le perdra....La chute est PARFAITE. A vous de lire!

À vos papilles ! (Young-Bin Kim)

note: 5Mordus de gastronomie coréenne ? J’espère bien ! Les bibliothécaires - 28 mars 2015

Votre médiathèque accueille dans ses rayons À vos papilles ! Pour vous y initier encore un peu plus, si ce n’est pas déjà fait. Revisitant les plats traditionnels aussi bien que les snacks qui parsèment la vie de tout un coréen, on voyage dans les rues comme dans les restaurants du pays du Kimchi, tenus par la main par le duo coréen KIM Young-Bin / HONG Dong-Kee.
Ayant une légère tendance à verser dans la surenchère, il n’empêche que ce manwha tue agréablement le temps et a la qualité de vous ouvrir l’appétit, tout en vous régalant les yeux.
N’attendez plus, mettez le pied dans le plat, voire même les deux !

Le machin (Stéphane Servant)

note: 5Ecriture piquante et histoire drôle Les bibliothécaires - 28 mars 2015

Un jour, Bobo l’éléphant ramasse un drôle de machin. Il l’attrape et hop ! il le met sur sa tête. Mais, quand il rencontre Kiki l’alligator, celui-ci se moque de lui et s’empare du machin pour s’en faire une cape. Ensuite, Kiki rencontre Zaza la brebis qui éclate de rire et s’en fait une belle jupe. L’histoire continue jusqu’à la découverte surprenante du propriétaire du machin…
Une écriture piquante pour une histoire drôle à souhait. L’illustration, quant à elle, est parfaitement adaptée au sujet : un assemblage de tissus aux couleurs douces.

Oeuvre non trouvée

note: 5N’hésitez pas à y prêter une oreille, puis les deux. Les bibliothécaires - 28 mars 2015

Avis à tous les fans de japanimation, et même aux autres !
Vous n’êtes pas sans le savoir, mais la musique n’a pas de frontière, et encore moins lorsqu’il s’agit de nous les faire frétiller d’aise. Pour vous le prouver une nouvelle fois, la médiathèque se dote ce mois-ci du recueil de pistes ayant fait vibrer les fans de Ghost in the Shell.
S’adressant de base aux passionnés, il n’empêche que sur cet album se trouvent de superbes morceaux où les voix, les samples et les lignes instrumentales viennent se superposer aux bruitages cybernétiques, emblème de la série d’animation.Aventureux ou fans, n’hésitez pas à y prêter une oreille, puis les deux.

Charlotte (David Foenkinos)

note: 5Un roman magnifique Les bibliothécaires - 26 mars 2015

L'auteur de la "délicatesse" nous bouleverse à nouveau. Il retrace la vie de Charlotte Salomon ,artiste peintre juive, Berlinoise, dans une période tragique de l'histoire .
Il utilise des phrases courtes , violentes et tendres à la fois.
Il semble analyser cet artiste dont il est épris. Il est conscient de son mal être mais ne la juge pas.
On pourrait croire qu'il vit près d'elle dans son tourment, impuissant.
Il subit ce destin tragique. Sans aucun doute un magnifique roman .

Wet Moon n° 1
Wet moon (Atsushi Kaneko)

note: 5Prenant, haletant et totalement décalé, Wet Moon ne vous aidera sûrement pas à dormir ! Les bibliothécaires - 6 février 2015

Atsushi Kaneko, habile manipulateur des codes du thriller et de l’épouvante, nous arrive avec Wet Moon, un récit policier aux accents surnaturels où l’action est menée tambour battant. Dans le japon corrompu des 60’s, l’inspecteur Sata est mis sur une enquête qu’il ne pourra pas résoudre, pour la simple et bonne raison qu’il n’en garde aucun souvenir, si ce n’est son réveil à l’hôpital, un trou au crâne. Et celui-ci semble être la cause de ses hallucinations…A la fois porté par sa volonté et freiné par son nouvel handicap, nous nous retrouvons plongés avec lui dans les tréfonds d’une police pourrie et de maîtres chanteurs aussi habiles que malsains.
Prenant, haletant et totalement décalé, Wet Moon ne vous aidera sûrement pas à dormir !

Il était une fois.. (Agnès Domergue)

note: 5Un émerveillement à chaque page. Les bibliothécaires - 6 février 2015

« Nuit cahotée
Sous le poids des matelas
Aïe ! Un pois sournois »
Avez-vous reconnu qui se cache derrière ces lignes ?
Entre contes, poésies et jeux de devinettes, le livre édité par Thierry Magnier est un trésor. Par sa plume, Agnès Domergue décrit les contes avec simplicité et justesse. Son tir est précis. Trois lignes et c’est fini. Cécile Hudrisier, quant à elle, aquarelle tout en délicatesse les contes traditionnels. Une entente parfaite pour un émerveillement à chaque page.

Made in france (Benjamin Carle)

note: 5Le documentaire qui interroge "le made in France" Les bibliothécaires - 4 février 2015

Benjamin jeune journaliste a décidé d’avoir pendant 9 mois une consommation 100% made in France. De la brosse à dents en passant par le frigo, le parapluie, les sous-vêtements à la culture, tout doit être 100% français. Va-t-il alors réussir sa mission ? Est-ce vraiment possible de vivre uniquement de la production française ?
Clair, ce film joue la carte de la pédagogie amusante sans pour autant nous délivrer un discours moralisateur.

La retraite de Nénette (Claire Lebourg)

note: 5Un bijou de délicatesse Les bibliothécaires - 16 janvier 2015

C'est l’heure de la retraite pour Nénette, une dame Orang-outan, pensionnaire du Jardin des plantes. On lui dégote un petit deux-pièces au cœur de Paris, on lui donne quelques conseils et hop, Nénette devient une véritable Parisienne.
Mais très vite, Nenette mange trop de bananes et s’ennuie. Jusqu'au jour où celle-ci trouve une proposition alléchante dans boite aux lettres...Et Si Nénette changeait de vie...
Cet album auto-édité est un bijou de délicatesse. Claire Lebourg offre des aquarelles aux couleurs douces. Et puis les textes sont tendres et drôles à la fois. La rapport texte/image est parfait. On prend gout à suivre les aventures et déconvenues de Nénette dans Paris.
L'illustratrice s'inspire de Nénette, figure incontournable du Jardin des Plantes. En véritable star, Nénette fait même l'objet d'un beau documentaire de Nicolas Philibert, également disponible à la médiathèque.

In the silence (Asgeir)

note: 4A découvrir Les bibliothécaires - 12 décembre 2014

Vous ne le connaissez peut être pas encore, pourtant Asgeir est sans doute l’une des révélations musicales de l’année 2014. Ce jeune Islandais nous offre avec son album « In the Silence » un subtil cocktail folk, éléctro, blues avec en prime une voix magnifique, délicate et mélancolique. Une mention spéciale pour les titres « Going Home » et « King and Cross ». A découvrir!

True detective (Nic Pizzolatto)

note: 5Une série policière brillante dans sa noirceur Les bibliothécaires - 6 décembre 2014

Une série qui renouvèle le genre policier. Ambiance lugubre dans les beaux décors de la Louisiane, on suit l’histoire de 2 flics, des anti-héros enquêtant dans une affaire aux crimes sordides. Une mise en scène esthétique, soignée et une atmosphère obscure, particulière et dérangeante se dégagent de cette série. Elle est d’ailleurs portée par un duo de très bons acteurs, Matthew McConaughey et Woody Harrelson complétement imprégnés de leurs personnages complexes et tourmentés. Vous l’aurez compris, True Detective, ce bijou du polar est une série à ne surtout pas manquer !

Je t'aime (Géraldine Elschner)

note: 5Un bel album pour écrire et dire "je t'aime" dans toutes les langues. Les bibliothécaires - 20 novembre 2014

Une petite fille termine son dessin sur lequel elle veut écrire "je t'aime". Comme elle ne sait pas encore écrire, elle va s'adresser à ses voisins, à commencer par Fatima. Lorsque Fatima lui rend son dessin, celle-ci a griffonné un dessin. Pour arranger ça, la petite se rend chez Sayako. Allons bon ! Sayako aussi lui écrit un drôle de charabia...Bien évidemment, la petite fille ignore encore que tous ces dessins veulent bien dire "je t'aime". Grâce à tous ces voisins, la petite fille et le lecteur découvrent toutes les écritures du monde : arabe, japonais, russe.
Le texte est simple mais pas mièvre et les illustrations de cet album sont à savourer. En effet, chaque appartement présente des détails propres à chaque culture. Chez Fatima, par exemple, on trouve un joli tapis, une théière que l'on imagine remplie d'un délicieux thé à la menthe, un beau pouf en cuir...

Oeuvre non trouvée

note: 5Mammmannnn!!!!!-))) Les bibliothécaires - 15 novembre 2014

Un grand coup de cœur pour le dernier album "maman dans tes bras "de l'auteur Soledad Bravi.
Tout le long de l'album un petit garçon réclame sa mère pour tout ses gestes du quotidien. Jusqu'à ce qu'il demande enfin quelque chose à son papa, mais quoi?
Une chute étonnante, amusante et si vrai .

Flume (Flume)

note: 5A la fois envoûtant et entraînant Les bibliothécaires - 15 novembre 2014

La nouvelle vague électro australienne est riche en musiciens "inspirés" et novateurs. Flume, DJ originaire de Sidney nous arrive avec son premier album.
Parfois envoûtant comme une ballade, pour vous plonger l’instant d’après dans des montagnes russes jalonnées de notes au synthé et d’un beat marqué et entraînant, le premier album de Flume ne saura vous laisser de marbre.

Philomena (Stephen Frears)

note: 5Un film remarquable merveilleusement interprété! Les bibliothécaires - 25 octobre 2014

Philomena est un témoignage émouvant d'une vieille dame qui 50 après est à la recherche de son enfant abandonné lorsqu'elle était au couvent. Inspiré d'une histoire de vraie, Stephen Frears signe ici un très beau film porté par de magnifiques acteurs comme Judi Dench, épatante par son aura et sa force. Un film qui traite avec élégance, finesse et humour​, un terrible drame. Subtile, poignant, bouleversant, on vous recommande vivement cette oeuvre magistrale.

Miele (Valéria Golino)

note: 4un film juste et profond! Les bibliothécaires - 25 octobre 2014

Irène vit seule dans une maison au bord de la mer non loin de Rome. Son père et son amant la croient étudiante. En réalité, sous le nom de code MIELE, elle aide clandestinement des personnes en phase terminale à mourir dignement en leur administrant un barbiturique puissant. Elle assume ce rôle "d'ange de la mort" jusqu'au jour où elle rencontre M. Grimaldi.
Nous voilà embarqué dans un thème très fort qui est le suicide assisté. Mais ici, pas de mélodrame, ni de parti pris, c'est un film qui ne juge pas mais qui interroge. On suit ainsi avec attachement et profondeur l’évolution et la force du personnage de Miele magnifiquement interprété par Jasmine Trinca qui voit ses convictions ébranlées.

Le temps des Mitaines n° 1 (Anne Montel)

note: 4Une magnifique Bd pour les plus jeunes Les bibliothécaires - 25 octobre 2014

Arthur (petit ours brun) vient d’intégrer une nouvelle école mais ses premiers jours coïncident avec une série de kidnapping d’enfants. Curieux, Arthur et ses nouveaux amis vont mener l’enquête au détriment des adultes dépassés par les événements.
Dessin enfantin à l’aquarelle lumineuse et aux teintes douces, papier glacé épais, 115 pages dans lesquelles on trouve une bonne dose de mystère, un zeste de magie, deux doigts de poésie et tous les ingrédients sont réunis pour passer un joli moment dans le village des Mitaines.

A Touch of Sin (Zhang Ke Jia)

note: 5Un film saisissant! Les bibliothécaires - 4 octobre 2014

Dans une Chine contemporaine, le développement économique progresse à pas de géant, sans prendre garde à ceux qui pourraient se trouver sous ses pieds.
Quand la corruption, le harcèlement et l’exploitation sont autant de normes, approcher le pêché du crime devient une liberté, aussi courte et mortelle qu’elle soit.
Composé de quatre court-métrages mêlant habilement violence, thriller et introspection, A TOUCH OF SIN met brillamment en images l’interrogation que son pays semble offrir aux yeux du réalisateur Jya Zhang-Ke : une vie vaut-elle la liberté ?

En finir avec Eddy Bellegueule (Édouard Louis)

note: 5Un roman poignant et bouleversant! Les bibliothécaires - 10 septembre 2014

Roman très poignant, bouleversant d'un jeune adolescent qui grandit dans un milieu ouvrier du Nord dont très vite il est conscient qu'il lui est hostile. Au sein même de sa propre famille dont il va passer son temps ,son énergie, à cacher son homosexualité et dans les couloirs du collège ou il met même sa vie en danger.
Cet adolescent est agressé en permanence à coups de pieds ,poings et crachats... Une humiliation qui se répète jour après jour et se poursuit pendant trois ans. Eddy subit, comme s'il consentait. Il a trop peur pour se révolter. Et il conserve l'espoir de ressembler à ceux qui le maltraitent. Il aspire à devenir «normal».
Ce roman se lit d'une traite et la cruauté de certains actes est si choquante qu'on oublie pas et qu'on oubliera pas .

Derrière les portes closes (SANTOS, Care)

note: 4Roman ambitieux à découvrir en version numérique. Les bibliothécaires - 9 septembre 2014

La demeure familiale du célèbre peintre Amadeo Lax doit être, à la demande de sa petite-fille Violeta, transformée en musée. Les travaux de rénovation ont à peine commencé, qu’un ouvrier découvre dans un placard dissimulé sous une fresque, le cadavre d’une femme. Qui était-ce ?
Ce roman riche et foisonnant est aussi bien une fresque familiale qu'un roman policier. Le lecteur navigue entre deux époques (le présent et la fin du XIX et début du XXe siècles) et entre différentes formes de narrations (mails, proses, lettres...).
Roman ambitieux à découvrir en version numérique.

Tony Chu n° 1
Goût décès (John Layman)

note: 5A dévorer d’urgence Les bibliothécaires - 9 septembre 2014

Une bande-dessinée policière, ça vous tente ? Vous êtes un fin gourmet, avide d’expériences inédites ? Nous avons le menu qui vous conviendra. C’est sur un plateau d’argent que John Layman et Rob Guillory vous servent Tony Chu, détective cannibale. Notre héros est doté d’un étrange pouvoir – la cibopathie – lui permettant de connaître le passé de n’importe quel aliment qui vient à ses papilles ; et cela vaut également pour des aliments moins… conventionnels. Doté d’un trait nerveux agrémenté de couleurs pétantes, Tony Chu saura aguicher aussi bien vos yeux que votre estomac.
Succès immédiat lors de sa parution aux USA, Tony Chu arrive dans nos assiettes françaises ; et il est à dévorer d’urgence.

Tremors (Sohn)

note: 5De la musique électronique pour les allergiques à l’électro ! Les bibliothécaires - 9 juillet 2014

Voila bien un album de musiques électroniques qui ne s’adresse pas à uniquement vos jambes mais bien à votre cœur et à votre cerveau. L'album est d'ailleurs justement intitulé "Trémors" qui signifie "tremblements"...L'écoute de certains morceaux peut d'ailleurs provoquer des frissons. En effet, la voix androgyne et haut-perchée de Sohn apporte une dimension religieuse quasi spirituelle. La musique offre une multitude de contrastes : effets répétitifs, sons purs à la lisière de l'acoustique, sensualité rythmiques.
A découvrir absolument.

Lovely difficult (Mayra Andrade)

note: 5Evasion garantie Les bibliothécaires - 2 juillet 2014

Citoyenne du monde, l'album de Mayra Andrade est à son image.
En effet, avec Lovely difficult elle nous transporte une fois de plus aux 4 coins du monde et nous offre des sonorités tropicales mélangés cette fois-ci à une pop actuelle.
Sa voix chaude et suave s'écoute en anglais, français, créole cap-verdien et portugais.
Pour ce 4ème album elle a  fait aussi appel à des artistes d'horizons différents venus enrichir son univers :Yael Naim et David Donatien, Piers Faccini, Tété, Benjamin Biolay, Hugh Coltman.

Dans le silence du vent (Louise Erdrich)

note: 5Excellent roman Les bibliothécaires - 17 juin 2014

Joe, personnage central du roman, est un adolescent indien de 13 ans dont la mère a été violée.
Au fil de l'enquête, vont s'opposer la loi du Dakota du Nord où vit la famille de Joe et la loi de la réserve, où le père de l'enfant est Juge des affaires amérindiennes.
L'enfant, en quête de vérité ,va suivre ses propres investigations et perdre son innocence et sa naïveté .

La puissance et le talent de Louise Erdrich déjà révélés dans ses précédents romans( Le jeu des ombres ou Ce qui a dévoré nos coeurs) s'expriment à nouveau avec ce dernier et excellent titre.

Alabama Monroe (Felix Van Groeningen)

note: 5Fort, poignant, bouleversant! Les bibliothécaires - 11 juin 2014

Il y a parfois des films dont on ne sait rien et même en regardant sa belle affiche, rien ne laisse entrevoir ce qui nous attend réellement.
Le sujet d'Alabama Monroe évoque ainsi celui de La guerre est déclarée de Valerie Donzelli , toutefois Félix Van Groeningen le traite d'une façon bien différente.
Le réalisateur a en effet choisi une narration déstructurée, pouvant parfois perturber le spectateur, tout en lui offrant également une variation dans ses émotions. On passe ainsi de la souffrance la plus extrême à des moments de gaieté et d'humour, le tout sur des airs de Bluegrass ( style musical d'origine américaine qui constitue une branche de la musique country). Les acteurs sont justes et attachants, la musique est belle!
Qu'on se le dise, ce film est bouleversant et beaucoup d'entre vous ne seront sûrement pas prêts à le regarder tant le sujet est fort et poignant, mais il est traité avec justesse: ni trop, ni trop peu!

Jinbe (Mitsuru Adachi)

note: 4Un bon manga, distrayant, aux personnages attachants. Les bibliothécaires - 6 juin 2014

Adachi Mitsuru s’attelle à la lourde tâche de décrypter et dissocier les liens du sang de ceux de la famille dans le One-Shot (histoire en un tome) Jinbé.
Au fil des pages, on s’attache petit à petit à la famille réduite que composent un père et une fille que tout rapproche, si ce n’est leur sang, qui n’a rien en commun. Alors que les cases défilent sous nos yeux, les interrogations montent en nous : « N’y a-t-il que le sang pour accorder ou non un statut à deux individus ? Qu’est-ce qu’un père qui ne nous est pas biologiquement lié ? »
S’attachant à brouiller la frontière entre l’affection et les sentiments amoureux, on se retrouve pris au jeu de l’auteur, tant que celui-ci se cantonne à une description psychologique et familiale. Emprise qui se relâche malheureusement une fois que le récit commence à décrire des faits, délaissant pour un instant le mystère dont s’entouraient les protagonistes, faisant tomber le voile de notre imagination pour nous mener à une fin un peu trop rapide au goût d’inachevé.
Il n’empêche que Jinbé reste un bon manga, distrayant et aux personnages attachants. Mais ne lui en demandez pas plus.

Woo-lee et moi (Heung-Ah Sim)

note: 4Woo-Lee et moi captive doucement mais sûrement! Les bibliothécaires - 5 juin 2014

Il n’existe pas deux familles identiques, c’est bien connu. D’autant plus quand ladite famille n’est composée que de deux jumelles aussi ressemblantes que leur caractère est différent et d’un père miné par la mort de sa femme.
Sim Heung-Ah, jeune auteure coréenne se base sur son expérience pour décrypter, au travers d’un One-Shot (manga en un volume) sans concession, les problèmes que peut rencontrer une famille mise face aux ennuis financiers, familiaux ou relationnels.
Loin de se contenter de s’apitoyer sur son propre sort, l’héroïne se livre à une analyse d’elle-même et de ceux qui l’entourent, s’appliquant à délivrer une vision rationnelle (et parfois même un peu désillusionnée) de l’importance que chacun confère à ses problèmes, ses soucis quotidiens, qui deviennent finalement le centre d’une vie.
Prenant, loin de l’œuvre post-adolescente trop noire pour être crédible, Woo-Lee et moi captive doucement mais sûrement, sans éclat de voix ni grande morale, nous faisant regarder d’un autre œil ces chemins que nous prenons et nous regardons prendre.

À la maison, il y a des règles ! (Laurence Salaün)

note: 5Un excellent point de départ pour parler des règles de politesse et de vie commune. Les bibliothécaires - 5 juin 2014

Il y des régles à respecter à la maison. On ne détale pas au moment de débarrasser la table, je ne transforme pas la salle de bain en piscine quand je prends mon bain, on ne demande pas à papa si maman a déjà dit non...
Tous les exemples sont drôles et bons, et ça sent le vécu. Les textes sont courts et percutants, les illustrations ne sont pas en restent car elles collent parfaitement à chaque situation. Chaque page est un bijou d'humour !
Voila un excellent point de départ pour parler des règles de politesse et de vie commune.

Cavalo (Rodrigo Amarante)

note: 5Un album mélodieux et profond Les bibliothécaires - 3 juin 2014

Pour ceux qui partent au Brésil, en rentrant vous serez empreints à coup sûr de la saudade (nostalgie) brésilienne. Rien de mieux alors que d'écouter la musique du chanteur brésilien Rodrigo Amarante.
Considéré comme le nouveau Caetano Veloso, sa musique invite à la douceur, à la lenteur et à la spiritualité. Il nous offre un opus aux accents pop, folk également ponctué de quelques touches de samba avec le titre Mana.
Chanté en plusieurs langues (portugais, anglais, français) l'album est à l'image du chanteur qui a beaucoup voyagé et qui a désormais posé ses valises en Californie.

3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories politiques (Steven L. Taylor)

note: 5Lecture plaisante, claire et accessible Les bibliothécaires - 28 mai 2014

Malgré un thème qui pourrait sembler lourd ou difficile à aborder, ce livre ravive nos petites lumières dans le (très) vaste monde des différentes théories politiques.
Promesse tenue, lecture plaisante, claire et véritablement accessible.
Le petit + = 1 page par théorie et 2 min pour la comprendre. Passionnant, non ?
A voir aussi:
3 minutes pour comprendre les 50 plus grandes théories économiques

C'est le métier qui rentre (Sylvie Testud)

note: 5Un agréable moment de lecture : un petit roman idéal pour un trajet en train ! Les bibliothécaires - 14 mai 2014

Un agréable moment de lecture : un petit roman idéal pour un trajet en train ! Sybille fait partie de ces comédiennes qui comptent et qui ont un nom dans le métier. Elle écrit le scénario de son 2ème film en tant que réalisatrice mais celui-ci vire au film catastrophe… A travers cette narration haletante de la coulisse de la préparation d’un film, Sylvie Testut exerce une plume alerte, à partir de phrases courtes et simples où humour, autodérision et optimisme absolu sont de mise.

Le serment (Naomi Ragen)

note: 5Un sujet traité avec délicatesse et objectivité Les bibliothécaires - 14 mai 2014

"Le serment" de Naomi Ragen. Regard objectif sur un fait "divers" dramatique .L'enlèvement d'un médecin et de sa fille à Jérusalem ,toute une mobilisation de personnes aimantes (des grands-mères tatouées d'Auchwitz aux patients palestiniens)...On est bouleversé et on espère jusqu'à la dernière ligne .Naomi Ragen est nommée la "rosa Park" d'Israël pour son intervention auprès des ultraorthodoxes qui refusaient que les femmes montent près des hommes dans les bus.Elle a été récompensée de nombreuses fois pour son talent d'écrivain.

Le confident (Hélène Grémillon)

note: 5Entre récit historique et suspens psychologique Les bibliothécaires - 13 mai 2014

Entre récit historique et suspens psychologique, ce roman est fort car il aborde des thèmes qui permettent l’identification rapide au narrateur. Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier anonyme. Elle croit d’abord à une erreur mais les lettres continuent d’arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu’elle n’est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme.
Une ombre pourtant : le style (division en plusieurs chapitres de nature diverses) alourdit la lecture et l’entrée en matière au regard d’une vérité qui se dévoile par couches successives.

Mémé (Philippe Torreton)

note: 5Un livre savoureux et touchant. Les bibliothécaires - 13 mai 2014

C’est un livre savoureux à la mémoire de sa grand-mère, très personnel et touchant, intime et pudique à la fois, orchestré en différents modes de récit puisque l’auteur s’adresse directement à cette tendre « mémé » ou bien raconte, commente, analyse parfois. Consacré à son aïeule, ce récit est aussi une plongée dans la France de la campagne et du travail sur fond de guerre et de 30 Glorieuses. Bref, la pertinence d’un livre complet quelque peu inclassable.

Girl (Pharrell Williams)

note: 5Joie et légereté! Les bibliothécaires - 12 avril 2014

Fréquemment, la bibliothécaire critique un livre, un album jeunesse, un dvd pour promouvoir un vrai coup de cœur ou exposer un document qui aura moins de chance de sortir mais qui vaut pourtant la peine d'être découvert.
Pour cet album musique de Pharrell Williams, la bibliothécaire se fait plaisir! Et oui, une bibliothécaire, ça aime aussi fredonner et se trémousser. Donc aucun militantisme dans ce choix, juste du plaisir.
Pharrell Williams n'est plus un inconnu au yeux du grand public depuis qu'il a enchainé cette année trois gros tubes Blurred Lines avec Robin Thicke, l'interplanétaire Get Lucky des Daft Punk et enfin le groovy Happy pour son propre compte.
Justement, à l'écoute des morceaux efficaces de G I R L, on ne peut que ressentir de la joie et de la légèreté...et ça fait du bien.
Producteur, arrangeur, compositeur et interprète de tout l'album, il offre également des participations à Justin Timberlake ou Alicia Keys.
Petit coup de cœur pour le titre Hunter.

Wadjda (Haifaa Al-mansour)

note: 5A bicyclette Les bibliothécaires - 5 mars 2014

On suit l'histoire touchante de Wadjda une petite fille pleine de vie qui grandit dans la banlieue de Ryad. Issue d'un milieu conservateur, Wadjda se voit refuser l'achat de son rêve: une bicyclette. En effet, Arabie Saoudite la coutume veut que cela soit réservé aux hommes, mais Wadjda ose s'affirmer et ne voit pas pourquoi elle ne pourrait pas faire comme les garçons . Elle va ainsi tout mettre en oeuvre pour arriver à ses fins.
Cette histoire d'apparence simple nous parle de la condition féminine en Arabie Saoudite, des coutumes et des croyances de ce peuple. Un film juste, délicat , percutant, interprété avec humour et sincérité.
Il faut rappeler que c'est un premier film tourné sur le sol saoudien, pays qui ne compte pas une seule salle de cinéma, et réalisé par une femme de surcroît, Haifaa Al Mansour .

Jeune fille en Dior (Annie Goetzinger)

note: 5Une immersion dans le monde de la mode Les bibliothécaires - 5 mars 2014

1947 : Christian Dior ouvre sa maison haute couture et l’on y pénètre en privilégié par la coulisse.
C’est une immersion dans le monde de la mode : luxe des intérieurs, confection des modèles, choix des différents tissus, travail acharné des couturières, élégance dans la manière de défiler.
Annie Goetzinger retrace au pinceau l’ascension du très renommé Christian Dior jusqu’en 1957 (année de décès du couturier) et fait partager des instants d’effervescence, de légèreté, de frivolité et de beauté dans lesquels se côtoient Marlène Dietrich, Jean Cocteau, Rita Hayworth ou Lauren Bacall.
Une couverture sobre et chic, une reliure en tissu, 128 pages épaisses, des plans panoramiques et des illustrations pleine page de robes de taffeta, de crêpe de Chine et d’organza. Une bande dessinée documentaire qui fait briller les yeux et révèle toute la beauté du féminin.

Un coeur simple (Gustave Flaubert)

note: 5Un classique à redécouvrir! Les bibliothécaires - 21 février 2014

L'histoire d'Un Coeur simple est le récit d’une vie de dévouement quasi surhumain, celui d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation, et on ne peut plus tendre. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet meurt, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n'est nullement ironique mais au contraire très sérieux et très triste. Une écriture de broderie, pointilleuse et calculée, complexe derrière une apparente simplicité, riche sous ses airs de sobriété.
Gustave Flaubert, pour sa dernière édition, veut apitoyer, faire pleurer les âmes sensibles, et y parvient merveilleusement.

La petite fille en rouge (Roberto Innocenti)

note: 5Le petit chaperon rouge revisité Les bibliothécaires - 21 février 2014

Sachez, néanmoins, les enfants, que les histoires sont comme le ciel : changeantes, imprévisibles et susceptibles de vous surprendre sans protection.
Vous aurez beau scruter l'horizon, vous ne saurez jamais vraiment ce qui va arriver.

C'est avec ce préambule en forme de manifeste que commence cette version urbaine et ultra contemporaine du petit Chaperon rouge.
Les illustrations incroyables regorgent de détails réalistes voire politiques que les parents s'amuseront à détecter et que les enfants prendront plaisir à découvrir. Roberto Innocenti respecte efficacement le message contenu dans le conte original : enfants, méfiez-vous des inconnus mais à ceci s'ajoute une vision extrêmement noire et critique de notre société consumériste. Certains adultes pourront trouver cet album trop pessimiste, trop anxiogène et donc peu engageant pour les enfants. Certes, c'est un album à proposer aux plus grands, pas avant 9 ans. Néanmoins, Roberto Innocenti propose deux fins : l'une heureuse comme l'était la version des frères Grimm et l'une tragique... à vous jeunes lecteurs de faire votre choix.

Esprit d'hiver (Laura Kasischke)

note: 5Un conte de Noël gothique. On adore! Les bibliothécaires - 21 février 2014

Un matin de Noël, Holly se réveille avec une sensation étrange : "quelque-chose les avaient suivis depuis la Russie". Dehors, une tempête de neige éclate et "emprisonne" Holly et sa fille Tatiana à l’intérieur de la maison. Il y a des jours comme ça ou tout se ligue contre vous : les éléments, la nature et le quotidien devient un fardeau où les relations se tendent. Au fil des pages de ce huis-clos, Laura Kasischke distille une ambiance très surnaturelle, inquiétante puis étouffante. On devine un malaise, une menace grandissante jusqu'au dénouement final.
Son écriture poétique et crue vient souligner la dureté des thèmes qu'elle aborde dans ses romans : la perte, l'oubli, le deuil, les disparitions ou la solitude. Le plus souvent, ses romans parviennent à vous toucher physiquement en laissant une empreinte particulière.

A découvrir à la médiathèque :

Un oiseau dans le blizzard
A moi pour toujours
la couronne verte

Bonjour tristesse (Françoise Sagan)

note: 5Tendre et romanesque Les bibliothécaires - 14 février 2014

Du premier "Sagan", du tendre, du romanesque..elle a 19 ans quand elle écrit son premier roman, écriture d'adolescente si naïve et mature à la fois.On l'imagine vivre cet été bourgeois au rythme nonchalant , jeune fille espiègle et calculatrice face à un père coureur et irresponsable.

Les fidélités successives (Nicolas d' Estienne d'Orves)

note: 5Passionnant Les bibliothécaires - 14 février 2014

Exceptionnel roman avec une multitude de rebondissements ,de surprises et de vérités. Passionnant parfois déroutant..dérangeant ,pour toile de fond le paris de la collaboration.

Fugitives (Moriarty)

note: 4Un album de reprises au gout de Far West Les bibliothécaires - 7 février 2014

Histoires d'hors-la-loi, de femmes éperdues ou de voleurs, le thème de la fuite est au centre de cet album de reprises, hommage aux songwriters américains (Woodie Guthrie ou Hank Williams).
La voix de Rosemary Standley se prête parfaitement à ces morceaux de folk-blues. Sur cet opus, le groupe est accompagné par les Mama Rosin un groupe suisse qui fait de la musique cajun , de Don Cavalli, ou Moriba Koïta, joueur de ngoni.

The Mandé variations (Toumani Diabate)

note: 5 Un grand disque à mettre dans sa bibliothèque musicale! Les bibliothécaires - 29 janvier 2014

Toumani Diabaté est un musicien Malien considéré comme un des plus grands joueurs de Kora ( instrument de musique à cordes africain). Avec cet album il nous transporte avec douceur dans l'afrique de L'Ouest.
Un album purement instrumentale mais d'une puissance incroyable. Un grand disque à mettre dans sa bibliothèque musicale!
A écouter également
In the heart of the moon

Blackbird (Fat Freddy'S Drop)

note: 4Un album toujours aussi entraînant Les bibliothécaires - 29 janvier 2014

Le groupe Néo-Zélandais Fat Freddy s' Drop revient avec un 3ème opus "Blackbird" toujours aussi entraînant.
On retrouve ce mélange de reggae, dub, jazz, soul des précédents albums avec cette fois une touche d’électro en plus.
Une musique sans aucun doute transcendante et envoûtante !

Silbo (Féloche)

note: 3A découvrir! Les bibliothécaires - 29 janvier 2014

Mélangez de la chanson française avec de la mandoline, du ukulele, de la musique cajun avec des sonorités éléctro et vous obtiendrez l'album "Silbo"de Féloche.
Sur les traces de Jacques Higelin, Feloche nous délivre ici une musique poétique et originale. A découvrir!

Oeuvre non trouvée

note: 5Une Bd pour les plus de 10 ans où l'humour noir est omniprésent! Les bibliothécaires - 28 janvier 2014

Que se passe-t-il lorsqu’une enfant de onze ans superficielle et gâtée reçoit en cadeau pour son anniversaire un hamster psychopathe au physique pour le moins dérangeant?
C’est ce que nous propose de découvrir cet ouvrage qui nous fait partager le quotidien de Bestiole, notre héros poilu.
Ce dernier nous réserve bien des surprises. En effet, que ce soit les petites farces adressées à ses maîtres, ou son évasion spectaculaire du chenil, ou encore son entrée en politique (oui oui…), il aura de quoi ravir le lecteur.
Ce sont les plus de 10 ans qui apprécieront cette bande dessinée dans laquelle l’humour noir est omniprésent.
Qui aurait pu croire dès lors que l’on puisse s’attacher à un personnage au physique si ingrat et tellement antipathique ?
Aussitôt le livre fermé, on est incité à reprendre la lecture afin de savourer pleinement les remarques piquantes et les idées farfelues de cette formidable Bestiole.

Le donjon de Naheulbeuk n° 1 (John Lang)

note: 5Suspense et humour! Les bibliothécaires - 18 janvier 2014

De nos jours, qui ne connait pas John Lang le créateur de la célèbre saga Héroic-Fantasy diffusée sur Youtube et qui a vu le jour en 2001? Ne désespérez pas, vous avez une chance de vous rattraper!
Il s’agit là d’une adaptation en roman, des aventures de nos joyeux écumeurs de tavernes lors d’une formidable et rocambolesque épopée sur les terres de Fangh.

Ce premier tome nous propulse donc aux cotés de nos aventuriers préférés, à travers leur première péripétie. Au programme : du suspense, de l’humour, de l’action, encore de l’humour, de la romance (si, si, je vous assure…) et… de l’humour! Fidèle à l’esprit de la série, ce roman se dévore aussi facilement qu’un succulent gâteau préparé par mamie.

Un gros coup de cœur recommandé par vos bibliothécaires dévoués.

Mon arbre (Séverine Gauthier)

note: 5Gros coup de cœur pour cet album enchanteur. Les bibliothécaires - 10 janvier 2014

Né de la rencontre de pluie et du vent, un bébé émerge d'un doux cocon, posé là, sur la branche d'un arbre (généalogique?).
En quête d'aventures et d'indépendance, l'enfant accompagné d'un chat, part à la découverte de ce nouvel environnement pour finalement se réfugier dans le plus doux des endroits : les bras de sa maman.

Mon Arbre est un album d'une délicatesse et d'une poésie infinies. C'est beau, simplement mais bien écrit et les illustrations sont douces.

If you wait (London Grammar)

note: 5Une voix magistrale et envoûtante Les bibliothécaires - 11 décembre 2013

Comment rester insensible à la voix de Hannah Reid? London Grammar, c'est trois jeunes anglais mais c'est bien la chanteuse qui par sa voix et ses textes mélancoliques et sombres magnétise les morceaux de ce premier album.
Une voix magistrale et envoûtante particulièrement efficace sur le morceau Wasting my young years.
La presse aime les comparer au groupe des XX pour le son épuré.
Friands de reprises, ils se sont attaqués avec succès au Nightcall de Kavinski, chanson phare du film Drive ainsi qu'à Wicked games de Chris Isaak.

Le petit bateau de petit ours (Eve Bunting)

note: 5Une thématique forte Les bibliothécaires - 11 décembre 2013

A priori, en s’arrêtant juste sur la couverture, on se dit encore un histoire avec un petit ours. D'ailleurs, les parents savent fort bien combien leur bambins apprécient Petit Ours brun.
Loin de l'univers esthétique de Petit Ours brun, cet album vous propose d'aborder des questions fortes comme le temps qui passe, le fait de grandir ainsi que le renoncement et le don.
Petit Ours adore pêcher et se prélasser dans son petit bateau mais bientôt Petit Ours devient Grand Ours et il devient impossible de rentrer dans son embarcation. Alors que faire? Il décide de partir à la recherche d'un ourson à qui il pourra léguer son bateau.

Loko et l'arbre de pluie (Laurie Cohen)

note: 5Tendre et poétique Les bibliothécaires - 26 novembre 2013

C'est l'histoire du petit frère de kirikou qui veut sauver sa famille de la sécheresse et de la mort...tendre ,poétique et courageux.
Conte écrit par une auteure Enghiennoise Laurie Cohen, qui garde pour notre plus grand plaisir, la fraîcheur et l'innocence de l'enfance!
Joliment illustré par Katia Levkova .

Isles (Wild Belle)

note: 5Un album groovy! Les bibliothécaires - 26 novembre 2013

Wild Belle, ce duo composé d'un frère et d'une sœur, a le mérite de mélanger les genres. Cet album trés groovy croise la pop, le jazz, la soul, le reggae et un peu de ska.Un vrai coup de ♥ musical ensoleillé!

Oeuvre non trouvée

note: 3Comment réussir son séjour New-Yorkais? Les bibliothécaires - 19 juillet 2013

Un petit guide d'astuce insolite loin, très loin du guide du routard. Ici on apprend davantage à déchiffrer les codes et les moeurs. L'auteur nous livre les problèmes rencontrés dans une ville où l'on prétend que tout est plus facile et plus rapide. En bref, un livre sans prétention, léger et rapide à lire!

La tête en l'air (Paco Roca)

note: 5Gros coup de coeur Les bibliothécaires - 12 juillet 2013

Un immense coup de coeur pour la bande dessinée de Paco Roca "la tête en l'air". Le sujet de la maladie d'Alzheimer est évoquée ici avec tendresse et violence à la fois.
Ernest va passer son temps à lutter contre le diagnostique. Son ami, lui, va l'aider afin que le personnel médical ne s'en aperçoive pas.
Une Bd remplie d'humour et d'humanisme!

Oeuvre non trouvée

note: 2"Une satire sociale aussi drôle que cruelle!" Les bibliothécaires - 12 juillet 2013

Pour son cinquième opus, Saphia Azzeddine se lance dans une satire sociale où elle dézingue les "riches".
Certains passages et répliques sont plein d'humour féroce néanmoins les personnages manquent d'épaisseur et tombent dans la caricature.
Au final, la lecture devient vite ennuyeuse.

Oeuvre non trouvée

note: 4Émotions et suspense sont au rendez-vous! Les bibliothécaires - 27 juin 2013

Dans ce touchant récit à trois voix, nous suivons les parcours de Millie, Mariette et Monsieur Mike, trois êtres que la vie n'a pas épargnés, et dont les chemins vont se croiser dans l'étonnant Atelier des miracles dirigé par le mystérieux Monsieur Jean. Ce dernier s'est donné pour mission de guérir les dépressifs et redonner gout à la vie à tous les pensionnaires de cet atelier si particulier.
Mais chacun a ses secrets, Jean y compris, et tout n'est peut-être pas si idyllique. Sauront-ils profiter de cette deuxième chance et prendre leur destin en main ?
Émotions et suspense sont donc au rendez-vous et c'est ce savant mélange qui fait de "L'atelier des miracles" un roman très agréable à lire.

La réparation (Colombe Schneck)

note: 3Un livre pudique et fort en émotion! Les bibliothécaires - 20 juin 2013

En 2003 naît Salomé, sa fille. Bien après sa venue au monde, elle se souvient que sa propre mère, Hélène, lui avait suggéré ce prénom, évoquant à demi-mot que ce dernier avait été porté par sa petite cousine âgée de six ans à peine, gazée à Auchwitz. C'est le point de départ de l'exploration d'un pan de son histoire familiale qu'elle avait jusque là sciemment ignorée. D'origine juive lituanienne, Colombe Schneck rappelle que la Lituanie a elle aussi subi les horreurs de l'Holocauste et inscrit une partie de son histoire dans le contexte du ghetto de Kovno.
Elle embarque le lecteur dans une véritable investigation journalistique en recueillant et recoupant les témoignages des survivants de sa famille et de leurs descendances disséminés en Israël et aux États-Unis. Une fois les pièces de ce puzzle familial rassemblés se dévoile le lourd secret de sa famille.
Le texte s'avère pudique et fort en émotions, néanmoins il peut souffrir d'une construction désordonnée et de répétitions. Les passages consacrées à sa vie intime et personnelle ainsi que ses nombreux questionnements sur la légitimité de son entreprise paraissent également superflus.
Colombe Schneck est journaliste (France-Inter, I-télé) et écrivain.

Dans la même lignée de lecture :
Daniel Mendelsohn : les disparus

El camino (Black Keys)

note: 5Des rythmes puissants et entêtants! Les bibliothécaires - 3 avril 2013

Enfin disponible à la médiathèque l’album El Camino des Black keys !
A l’image du premier morceau Lonely Boy, pied au plancher, l’auditeur s’engouffre dans un rock-blues avec des riffs de guitare accrocheurs.
A découvrir également l’album Brothers dans les rayons de la section multimédia.

Is your love big enough ? (Lianne La Havas)

note: 5Une artiste complète! Les bibliothécaires - 29 mars 2013

Lianne La havas est la nouvelle étoile montante. Son album est teinté de jazz, pop, de soul et de folk. Sa voix soul se marie parfaitement à celle du chanteur Willy Mason avec qui elle chante "No room for doubt" dont nous adorons le morceau!

Up in the tree (Margaret Atwood)

note: 4Un album élégamment illustré Les bibliothécaires - 29 mars 2013

Voici un album élégamment illustré et écrit par l'écrivaine Margaret Atwood. Deux enfants vivent paisiblement dans un arbre jusqu'au jour où deux castors leur volent l'échelle qui les reliait au sol.
Cet ouvrage est une exception dans la carrière de cette auteur car ses écrits visent un public d'adulte.
Présenté dans sa version originale, en anglais, le texte combine phrases courtes et rimes aux belles sonorités. En 1978, pour des questions de cout de production et d'impression, Margaret Atwood dessina elle-même la police du texte et choisit de décliner trois couleurs seulement pour illustrer son livre. Le rendu est charmant et désuet à la fois.

Les cinq personnes que j'ai rencontrées là-haut (Mitch Albom)

note: 5Coup de coeur! Les bibliothécaires - 6 février 2013

Et si c'était vrai, qui aimerions nous rencontrer une fois mort? Si nous avions le choix, qui? Et pourquoi pas, une dernière fois, régler nos comptes avec nos vieux démons. Une écriture douce, nostalgique, apaisante. Malgré le thème, cet ouvrage est un hymne à l'amour et à la vie!

La fine fine femme (Véronique Caylou)

note: 5Un conte moderne très poétique! Les bibliothécaires - 26 janvier 2013

Une illustration étonnante, colorée et sombre à la fois avec une multitude de détails: une porte ouverte sur la rue, une couverture en dentelle...
C'est l'étrange histoire d'un veilleur de nuit qui tombe amoureux d'une femme toute fine qui n'est rien d'autre qu'une ogresse .Ingénieux, le petit veilleur de nuit va sauver et transformer cette toute fine fine femme, trouvée un jour dans un coin de rue. Un conte rempli d'humour, de tendresse et de poésie.

Oeuvre non trouvée

note: 5Un album qui aborde la question de la liberté individuelle, du respect de l’autre, de la patience et Les bibliothécaires - 20 novembre 2012

Le sous-titre de cet album pour les petits aurait pu être « ou comment apprendre à respecter l’autre et, qui sait, à s’en faire aimer ? »
« L’autre », ici, est un chat, un vrai chat. Il aime grimper aux arbres, se cacher, faire sa toilette et dormir bien entendu. Rien à voir avec une peluche… Un chat plein de répondant face à un enfant très… trop attachant. L’enfant va le découvrir et apprendre au fil des pages. Et quoi de mieux qu’une ritournelle rimée pour parler de liberté, du respect et ne plus faire de confusion entre affection et possessivité…

Oeuvre non trouvée

note: 4Une écriture douce, pleine de poésie! Les bibliothécaires - 17 novembre 2012

"Rosa candida" d’Audur ava Olafsdottir a reçu le prix des libraires en 2010.
Une écriture douce, pleine de poésie avec des personnages attachants. Un jeune homme quitte son père et son frère jumeau après un drame familial afin de se reconstruire. Passionné de roses il s'isole dans un monastère afin de restaurer une roseraie .Un candide des temps modernes.

Mondo (Electric Guest)

note: 5Gros coup de cœur des médiathècaires Les bibliothécaires - 29 septembre 2012

Une pop énergique et moderne pour ce nouveau groupe américain, prêt avec ce premier opus à conquérir le « Mondo ». Des influences funk-soul, quelques touches de musiques électroniques, Electric Guest a bien su s’entourer, en louant les services du célèbre et talentueux producteur Danger Mouse.

Des rythmes puissants riches et colorés, cet album est sans conteste une véritable ode au soleil.

A écouter sans modération les titres suivants : This I hold you, Troubleman, American daydream.

La vie très privée de Mr Sim (Jonathan Coe)

note: 5Un livre à la fois farfelu et profond qui nous tient du début à la fin Les bibliothécaires - 8 septembre 2012

Tantôt ironique, mordant , cruel, tantôt tendre, émouvant et drôle , voici les qualificatifs à propos de l’ouvrage « La vie très privée de Mr Sim » de Jonathan Coe.
Un road movie entre l’Angleterre et l’Australie où l’on suit le personnage attachant de Mr Sim, l’archétype de l’anti-héros.
Un livre à la fois farfelu et profond qui nous tient du début à la fin (et quelle fin !).

Simon's Cat n° 1
Simon's cat (Simon Tofield)

note: 5Une BD légère et amusante, idéale pour se vider la tête! Les bibliothécaires - 11 août 2012

C'est l'histoire d'un chat espiègle, obsédé par la nourriture. On suit les péripéties de ce chat au travers de dessins tous plus drôles les uns que les autres. Une BD légère et amusante, idéale pour se vider la tête!

Einaudi essentiel (Ludovico Einaudi)

note: 4Une invitation à l'introspection et à la méditation Les bibliothécaires - 28 juillet 2012

Lodovico Einaudi est à la fois pianiste et compositeur. Son style se caractérise par des mélodies sobres et répétitives dans un style musical minimaliste qui n’est pas sans rappeler les œuvres de Philip Glass ou Yann Tiersen. Dernièrement, ses pièces pour piano ont été exploitées dans des films tels que Intouchables ou J. Edgar.
Certains détracteurs qualifie sa musique d’easy listening alors qu’elle invite à l’introspection et à la méditation.

El camino (Black Keys)

note: 5Des rythmes puissants et entêtants! Les bibliothécaires - 11 juillet 2012

Enfin disponible à la médiathèque l’album El Camino des Black keys !
A l’image du premier morceau Lonely Boy,pied au plancher, l’auditeur s’engouffre dans un rock-blues avec des riffs de guitare accrocheurs.
A découvrir également l’album Brothers dans les rayons de la section multimédia.

Taranta (Mina Tindle)

note: 5Une voix captivante et gracieuse Les bibliothécaires - 3 juillet 2012

Réalisé avec l’ex-Innocents JP Nataf, Taranta, premier album de la jeune parisienne Mina Tindle, dévoile enfin à un large public une voix captivante et gracieuse. Proche de l’univers de Feist, Mina Tindle propose une pop aux arrangements délicats.
Gros coup de cœur pour le morceau Pan ou on retrouve un peu de JP Nataf.

Les oreilles de Buster (Maria Ernestam)

note: 5Enfin un roman drôle! Les bibliothécaires - 22 juin 2012

Enfin un romain drôle! Le roman commence ainsi : "J’avais sept ans quand j’ai décidé de tuer ma mère ». Que cette première phrase n’effraie pas les lecteurs. Cette histoire compliquée entre une mère et sa fille, nous mène de rebondissements en rebondissements en passant par des situations un peu folles mais assez proches de la réalité.

Mathieu Hidalf n° 2
Mathieu Hidalf et la foudre fantôme (Christophe Mauri)

note: 4Un livre drôle, rythmé et palpitant! Les bibliothécaires - 14 juin 2012

On retrouve notre héros toujours aussi menteur et de mauvaise foi mais tellement désopilant! Mathieu a enfin 11 ans, sera t-il admis à l'école de l'élite? Mathieu va tout faire pour mettre en place une tricherie qui lui permettra d'accéder à son rêve sans effort. Un livre drôle, rythmé et palpitant!

Un feu amical (Avraham B Yehoshua)

note: 5Un livre sur l'amour conjugal Les bibliothécaires - 9 juin 2012

Ce roman met en scène un couple qui s'aime après plus de 30 ans de mariage. A l'occasion d'un voyage, un dialogue intime se poursuit dans la tête de chacun. Sept chapitres correspondent aux 7 jours du voyage. "Un feu amical" est d'abord un livre sur l'amour conjugal. L'auteur est un des plus grands auteurs israéliens vivants: dans ce roman il nous délivre une description minutieuse et réaliste des comportements humains, le souci des détails, les étincelles d'humour, les situations comiques latentes, l'étrangeté de la réalité.

Le nom des gens (Michel Leclerc)

note: 5Original et drôle! Les bibliothécaires - 2 juin 2012

Un film original qui sous des airs de comédie nous dévoile un sujet sérieux. Sara Forestier interprète divinement bien une jeune femme prête à tout pour convertir ses adversaires politiques à ses idées. Original, drôle, impertinent, un superbe film qu’on recommande vivement !

Drive (Cliff Martinez)

note: 5Une BO qui participe à la réussite du film! Les bibliothécaires - 19 mai 2012

Entre douceur, mystère et violence, la musique électro vintage rythme à perfection l'oeuvre cinématographique. On retrouve des morceaux incontournables comme Night call ou Under your spell. En bref, une parfaite communion entre le réalisateur et le compositeur.

Rien ne s'oppose à la nuit (Delphine de Vigan)

note: 5Une incursion bouleversante au cœur d'une histoire familiale Les bibliothécaires - 3 mai 2012

Une incursion bouleversante au cœur de l’histoire familiale où les souvenirs
les plus lumineux côtoient les secrets les plus enfouis.
L’auteur explore le sujet épineux du suicide de sa mère et déroule
avec force et subtilité les failles et blessures de nos propres vies, creuse
des galeries inattendues dans le champ de la mémoire.
Un style très
contemporain où l’autofiction enrichit d’extensions multiples l’acte
d’écriture, fait vaciller les notions mêmes de réalité, vérité, sincérité,
fiction.

Lune captive dans un oeil mort (Pascal Garnier)

note: 5Une écriture dévorante de suspense! Les bibliothécaires - 18 avril 2012

Dans cette courte et réjouissante histoire de sexagénaires exilés en pavillon de retraite, l'auteur nous offre avec beaucoup d'humour et de finesse, malgré la noirceur du sujet, le portrait d'une génération à qui l'on vend du bonheur comme une marchandise supplémentaire. Une fin de vie à l'épreuve d'un redoutable piège à rêves.
Il aborde la solitude, le couple, la vieillesse, le délire sécuritaire.
Puis, la farce bascule dans le drame d'une manière accélérée, précipite l'histoire simple dans le naufrage le plus surréaliste.

Blossom Dearie (Blossom Dearie)

note: 4Une voix jazzy au charme désuet Les bibliothécaires - 10 avril 2012

Laisser vous charmer par la voix presque enfantine de Blossom Dearie. Cette chanteuse américaine, aujourd’hui décédée, s’accompagne au piano dans un style be bop élégant et raffiné.
Certains des morceaux sont interprétées en français, réminiscences de son passé de chanteuse au sein des Blues Stars dans le Paris des années 50.

Crictor (Tomi Ungerer)

note: 4L’album qui va vous faire aimer les serpents Les bibliothécaires - 4 avril 2012

Lorsqu’elle reçoit en cadeau d’anniversaire un boa constrictor, Madame Bodot est prise de frayeur. Pourtant, elle se prend vite d’affection pour le serpent qui devient le parfait animal de compagnie et le surnomme Crictor. Crictor parvient même à faire l’unanimité dans le village.
Tomi Ungérer nous offre une histoire simple et tendre ou se côtoient humour, douceur et insolite. Les traits de son dessins sont très fins , les illustrations craquantes et la gamme de couleur reste douce et cohérente.
Du même auteur à la médiathèque :
Emile
Les trois brigands
Otto : autobiographie d’un ours en peluche

Oeuvre non trouvée

note: 4Des rythmes funk et dance calibrés pour faire bouger! Les bibliothécaires - 27 mars 2012

En vacance de son groupe Tv on the radio, revoici le génial producteur David Sitek avec un nouveau projet électro-pop Maximum Balloon. Accompagné d’un casting vocal prestigieux (Theophilius London, David Byrne ou Karen des Yeah, yeah, yeah), Dave Sitek propose des rythmes funk et dance calibrés pour faire bouger comme sur les titres Groove Me ou Communion.

Une séparation (Asghar Farhadi)

note: 4Un film puissant, juste et touchant. Les bibliothécaires - 21 mars 2012

Un film puissant, juste et touchant. Au cœur du film, un couple, une famille dont le destin va basculer après un malentendu engendrant le départ de l’épouse du foyer. De là, les évènements s’enchaînent pour prendre un tour plus qu’incertain face à la justice.
Cette histoire contemporaine et crédible se fait le reflet d’une réalité parfois absurde et injuste. Nous pénétrons à la fois dans la vie quotidienne de 2 couples, aux aspirations et aux niveaux sociaux distincts, et en Iran. Une bouleversante histoire portée par des acteurs brillants et un cinéma lumineux.

Le futurisme de l'instant (Paul Virilio)

note: 3Comprendre cette nouvelle "ère" du temps Les bibliothécaires - 21 mars 2012

Paul Virilio, Urbaniste et Philosophe, propose dans ce livre "Le futurisme de l’instant : stop-Eject", une réflexion sur notre nouveau rapport au temps et à la vitesse depuis l’avènement des nouvelles technologies et les « accidents » de nos récents progrès et ce que ceux-ci génèrent comme différentes représentations de notre monde, et de notre histoire aujourd’hui.
Il explique par exemple, que l’accident ou la catastrophe peut-être « un révélateur de l’envers du progrès » et donc un outil du progrès.
Plutôt optimiste, que positive attitude, sa vision du temps, tel qu’il va, nous amène à observer le changement social qui s’opère. C’est bien pour cela que la question demeure plus que nécessaire.
Une lecture un peu ardue, tant le sujet requiert une vision large pour l’analyse, toutefois ses mots ‘concepts’ construits en français aident à bien comprendre le propos.
A lire aussi : Le grand accélérateur de Paul Virilio et Accélération, une critique sociale du temps par Rosa Hartmut

Le dessous des cartes (Jean-Christophe Victor)

note: 4La géographie comment ça marche? Les bibliothécaires - 28 février 2012

La géographie comment ça marche ? Qu’est-ce que la « mondialisation » ? Qu’est-ce qu’un pays pauvre ? Comment nourrir tout le monde ? Pourquoi quitte-t-on son pays ? Les religions se laissent-elles cartographier ? Qu’est-ce que le changement climatique ? Comment évaluer les richesses ?... Pour toutes ces questions qui t’interrogent, tu trouveras des réponses sous forme de double page avec une carte, un texte, des photographies et une citation pour t’aider à réfléchir.
Cet atlas aborde à la fois une planète et des hommes, un monde inégal, un monde en équilibre ? Des cartes pour t’approprier le monde, dans ce livre tu apprends à respecter ce monde et ces hommes. Tout un monde à imaginer !

En cuisine avec Alain Passard (Christophe Blain)

note: 4A déguster sans modération, une bande-dessinée aux petits oignons! Les bibliothécaires - 28 février 2012

Entre Alain Passard et Christophe Blain, ces types ont de quoi vous réconcilier avec les légumes et pourquoi pas vous inciter à faire un potager tant qu’on y est !
Il est question de terroirs, de racines, de tuberculeux, d’alliacées et des fruits de la terre en partage, tout ceci pour une savoureuse bande dessinée qui excitera vos papilles autant que vos souvenirs.
Laissez-vous mitonner et assaisonner. A déguster sans modération, une bande-dessinée aux petits oignons, où vous découvrirez avec justesse le monde des cuisines : brigade, techniques, tour de main et inventivité.

Faut-il légaliser l'euthanasie ? (Michel Hautecouverture)

note: 5Un vrai débat de fond à portée de nos mains ! Les bibliothécaires - 21 février 2012

Euthanasie du grec « EU » pour bien et « Thanatos » pour mort signifie donc : « Fin de vie sans souffrance », « Mort douce ».
Mais a-t-on tout signifié pour autant avec ce terme, dans une époque où les soins pour lutter contre la douleur demeurent et que les cellules de soins palliatifs existent déjà ?
Voilà ce sur quoi ce petit livre nous questionne. C’est dans un débat tout en subtilité, que l’auteur (chef de services médicaux, professeur associé au Collège de médecine et chargé d’enseignement à l’Université R. Descartes) nous pose multiples interrogations inhérentes au sujet, quelles soient d’ordre scientifique, médicale, juridique, éthique, sociologique, philosophique, économique ou encore sur les soignants et les malades... Le tout en mettant les passions et les interprétations de côté.
Le style y est limpide et accessible pour tous. Nous comprenons mieux que tout n’est pas définit dans un seul terme et que les évidences ne sont peut-être pas là où nous les imaginions. Sans clivage, ni tabou, nous ne cheminons pas vers un ‘Oui’ ferme ou un ‘Non’ franc, mais bien vers une réflexion profonde sur notre humanité complexe et singulière.

Entretenir sa moto (Jean-Pierre Nicolas)

note: 4Vivement les beaux jours ! sans bruit de casserole :-) Les bibliothécaires - 21 février 2012

Le Circuit Carole se prépare, le Bol d’Or approche, les 24h du Mans-Moto sont pour bientôt, bref c’est le plein d’actu. en perspective... alors en attendant le pétaradant, préparons-nous!
Un livre bien utile, car c’est le b-a-ba de l’entretien mécanique d'une moto.
Les conducteurs de scooters ne sont pas en reste, puisqu’ils y trouveront des aides précieuses pour les kits chaînes, freins, suspensions, câbles, carénages etc...
Beaucoup plus attrayant et plus compréhensible que les « Revues techniques Moto ».
Son petit plus est, qu’il nous indique la périodicité des entretiens, le niveau de difficulté et le temps que nécessitera l’entretien ou la réparation.
Dans l’ensemble il est bien expliqué, les schémas sont clairs (enfin !!) et les photos éloquentes !
Il n’y plus qu’à...

Oeuvre non trouvée

note: 4Haletant! Les bibliothécaires - 21 février 2012

Suzanne Collins a puisé l’inspiration de cette trilogie dans le Running man de Stephen King et dans le roman Battle Royale du Japonais Koshun Takami pour offrir aux jeunes adolescents cette adaptation. Ce livre a le mérite d’apporter une réflexion sur une société et un peuple complètement asservis par un régime totalitaire où la télé devient un outil de cette soumission.

Cette trilogie s’apprête à sortir sur les écrans de cinéma le 21 mars 2012.

Bon appétit, monsieur lapin (Claude Boujon)

note: 5Drôle! Les bibliothécaires - 17 février 2012

Une irrésistible histoire à raconter sans modération! Cet Album aborde l'appétit du lapin et son rapport à la nourriture. "Monsieur lapin n'aime plus les carottes. Il quitte sa maison pour aller voir dans l'assiette de ses voisins..."

Oeuvre non trouvée

note: 5A découvrir de toute urgence! Les bibliothécaires - 14 février 2012

L'album d'Owiny Sigoma Band est un petit bijou de musique world fusion, un zeste de musique africaine et un soupçon de musique électro qui vous donne une envie incontrôlable de vous trémousser. Avec le froid qui règne, il est bon de provoquer des secousses corporelles… Le morceau « Wires » est particulièrement dansant et ensoleillé. A découvrir de toute urgence!

Stella (Sylvie Verheyde)

note: 5Un film bouleversant et attachant! Les bibliothécaires - 4 février 2012

Fin des années 70, Stella est une gamine parisienne à l’orée de l’adolescence. Son existence est partagée entre le bistrot populaire de ses parents fréquenté par nombre de marginaux, et son lycée du XVI arrondissement où elle s’y sent socialement et culturellement déclassée. Elle se désintéresse des cours, ses notes s’en ressentent et elle se réfugie dans son monde intérieur jusqu’à LA rencontre. Elle sympathise avec Gladys, une élève studieuse et douée, grâce à laquelle Stella va découvrir le plaisir de la lecture et les livres, ceux qui ne sont pas imposés par les profs.
Les acteurs sont tous excellents : Guillaume Depardieu, le Prince charmant borderline, Karole Rocher la mère aimante et un peu vulgaire et Benjamin Biolay, le père affectueux et dépassé.
C’est un beau film, bouleversant et attachant.

Diagnostic (Ibrahim Maalouf)

note: 5un album magique et envoûtant! Les bibliothécaires - 4 février 2012

"Diagnostic" est la convergence de toutes les influences d'Ibrahim Maalouf. En effet , il mêle à la fois le jazz, le classique, la musique des Balkans, la musique brésilienne et afro-cubaine. Une fois de plus, Ibrahim Maalouf signe un très bel album.

Et si l'amour durait (Alain Finkielkraut)

note: 4L'amour dans la littérature Les bibliothécaires - 18 janvier 2012

Alain Finkielkraut nous présente le thème de l'amour tel qu'il est traité dans quatre romans d'époque et d'auteurs variés : La princesse de Clèves de Madame de La Fayette, Les meilleures intentions d'Ingmar Bergman, Professeur de désir de Philip Roth et Les oeuvres de Milan Kundera.
L’amour dans la littérature, qu’est-ce-à dire ? Comme il excelle à le faire, il donne à ceux qui n’ont pas lu le livre les clefs pour comprendre l’intrigue, en même temps qu’il éclaire le roman de sa vaste culture, littéraire et philosophique ; sous sa plume, les personnages de ces quatre romans deviennent des enjeux existentiels lestés de tout le poids qu’une lecture distraite, ou conventionnelle, laisse inaperçu.
Tout le monde a lu ou entendu parler de La Princesse de Clèves ou de L’insoutenable légèreté de l’être de Milan Kundera, mais personne n’avait su donner à ces livres l’écho qu’Alain Finkielkraut leur confère. Encore une fois, il s’attache à montrer tout ce que peut la littérature, c’est-à-dire nous permettre une meilleure lecture de nos vies. Et si l’amour durait….

Sites et lieux mystérieux (Mario Centini)

note: 4Une invitation à découvrir des lieux mystérieux ou légendaires! Les bibliothécaires - 18 janvier 2012

C'est à portée de main qu'une invitation à visiter et à découvrir les lieux mystérieux pour certains ou légendaires pour d'autres, nous est proposée ici.
Partez pour Stonehenge, la forêt de Brocéliande, le Loch Ness, l'île de Pâques, Carnac, la cathédrale de Chartres, les grottes de Qumrân, la rue des alchimistes du vieux Prague et encore plein d'autres lieux.... Voici un agréable petit titillement pour notre imagination et nos curiosités.
L'auteur, diplômé en anthropologie culturelle, travaille sur les cultures minoritaires et sur les traditions populaires. Il porte une attention toute particulière aux aspects relatifs au mysticisme et à la religion, et à la problématique de l'insertion des aspects religieux dans la culture contemporaine. Il travaille au Centre d'études des traditions populaires de Turin.

Le chuchoteur (Donato Carrisi)

note: 5Un polar haletant! Les bibliothécaires - 18 janvier 2012

Avant même de commencer sa lecture, la couverture de ce thriller fait déjà froid dans le dos.
Cinq petites filles ont disparu.
Un cimetière au milieu d'une forêt est découvert avec cinq petites fosses creusées et un bras gauche dans chacune d'entre elles. Une sixième fosse et un sixième bras sont découverts alors qu’aucune disparition de fillette n’a été signalée.
L'équipe du criminologue réputé Goran Gavila va devoir enquêter sur ce tueur en série afin de découvrir qui est la sixième victime.
C’est un polar haletant rythmé par de nombreux rebondissements qui tiennent en haleine jusqu’aux toutes dernière pages. Le tueur manipule les enquêteurs, tout comme l'auteur manipule le lecteur.

Revenge (Susanne Bier)

note: 4un film qui ne laisse pas indifférent! Les bibliothécaires - 11 janvier 2012

Ce film danois ne vous laissera pas indifférent. Il met en scène Anton qui est médecin et partage son existence entre son foyer au Danemark et son travail au sein d'un camp de réfugiés en Afrique.
A l'école, son fils Elias, subit des brutalités jusqu'au jour où le nouveau, Christian, décide de prendre sa défense et va devenir pour Elias un modèle auquel des liens trés étroits vont le lier...
La question finale: vengeance ou pardon?

Missing room (The) (Moriarty)

note: 4Un voyage vers des contrées lointaines! Les bibliothécaires - 3 janvier 2012

Après le succès de leur premier opus, le groupe Moriarty revient avec un album romanesque. On retrouve l'ambiance folklore avec un son un peu plus électrique se mariant parfaitement avec la voix habitée de Rosemary.

Le fabuleux amour d'Aucassin & Nicolette (Sylvaine Hinglais)

note: 4Un livre qui vous surprend! Les bibliothécaires - 3 janvier 2012

Ce livre a tout pour vous surprendre. Tout d’abord son format à l’italienne, construit d’une succession de tableaux, si bien que l’on se croit au théâtre ! Autre espièglerie, les personnages interprétés par des animaux savent se faire des plus humains avec leurs questions et leurs certitudes bousculées. Peut-on faire la guerre sans faire un seul mort ? Peut-on s’aimer si l’on ne vient pas du même pays ? si l’on ne croit pas au même dieu ?

Toutes les réponses dans ce livre aux sujets si actuels. Inspiré d’une fable médiévale, cet ouvrage animé par une illustration aux accents naïfs et colorés, n’est pas candide pour autant.

Saltimbanques (Marie Desplechin)

note: 4Une belle histoire! Les bibliothécaires - 3 janvier 2012

Portée par les fantasques dessins d’Emmanuelle Houdart, Marie Desplechin a crée une communauté de figures extraordinaires, le genre de famille que l’on aimerait se fabriquer. Tendrement cruel, gentiment courageux, vous croiserez le destin trop humain de gens du voyage hors-norme. Une belle démesure, effrayante, inspirée et séduisante.

Joueurs de nature (Marc Pouyet)

note: 4Un livre de jeux à réaliser en pleine nature! Les bibliothécaires - 3 janvier 2012

Comment renouer avec les plaisirs vrais ? Voilà la réponse que vous pourrez trouver dans ce livre, simplicité, partage et authenticité sont les mots clés de ce livre qui vous réunira autour de jeux traditionnels aux règles universelles. Chaque jeu a réaliser dans la nature avec ce qu’elle nous offre, plume, fleur, brindille, caillou, coquillage, pierre, feuille… Pétanque avec des boules de fleurs de pissenlit jaune, un cochonnet de fleurs de pâquerette sur une pelouse verte, voilà comment conférer un peu plus de magie et de poésie à vos promenades bucoliques.

Mulatu steps ahead (Mulatu Astatke)

note: 4 Un jazz hors-norme Les bibliothécaires - 3 janvier 2012

Père de l’éthio-jazz, Mulatu Astatké nous offre de goûter le rythme atypique de sa musique. Car derrière son vibraphone et ses percussions, il signe un jazz hors-norme, baignant dans des sonorités latinos, de la soul instrumentale, de la musique folklorique éthiopienne, où cuivres et percussions conversent de manière inédite. Chez lui, la samba est décalée, le jazz emprunte de tortueux chemins épicés souvent très funky. Bref, un groove d’Abyssinie dont Mulatu Astatké demeure bel et bien le représentant le plus inspiré.

Le premier défi de Mathieu Hidalf n° 1 (Christophe Mauri)

note: 4Drôle Les bibliothécaires - 24 décembre 2011

Le premier défi de Mathieu Hidalf de Mauri Christophe est le premier volume d’une série fantasy . Pour Mathieu avoir 10 ans, ça ne sert à rien . Il ne peut pas entrer à l’école de l’élite avant 12 ans, il ne peut pas hériter du manoir, ni du titre de son père… la seule chose qui le réjouit ? Gâcher l’anniversaire du roi , en accomplissant une bêtise mémorable … En effet Mathieu est né le même jour que son roi, et pour lui c’est une réelle source d’inspiration. Pour Mathieu il n’y a jamais de problèmes, il n’y a que des solutions ( des gros mensonges…). Drôle et d’une mauvaise foi inventive, Mathieu est un garçon intelligent et plein de ressources.

Rock'n philo (Francis Métivier)

note: 4Je m'éveille en chantant, la philo is not dead .°) Les bibliothécaires - 24 décembre 2011

La 4ème de couverture nous avertit : Le Rock réveille, la philo éveille. Cerveaux branchés, concepts électrifiés, pensée amplifiée... à près tout La première Méditation de Descartes et le Where is my mind des Pixies posent les mêmes problématiques : le réel est-il ce que je vois ?
La promesse est tenue ! pour cette petite gourmandise, à déguster sans modération ! qui associe l’analyse de textes de philosophie et de textes de rock’n roll. Limpide, que dis-je (génial) ce livre nous permet de (re)découvrir les auteurs classiques et les thèmes majeurs de philosophie à travers des groupes et morceaux préférés... comme les Beatles, The Who, Nina Hagen, Noir Désir, Bob Dylan, Bashung, Led Zeppelin, Patti Smith, BB brunes, Radiohead, Springsteen, Marylin Manson, Pink Floyd, Hendrix, Téléphone, Elvis, The Rolling Stones....

René Cassin et les droits de l'homme (Antoine Prost)

note: 4À découvrir absolument ! Les bibliothécaires - 24 décembre 2011

Voici un regard panoramique sur notre 20e siècle, à travers le prisme d'un homme dont la vie et son engagement sortent du commun : René Cassin, Grand défenseur des Droits de l’Homme.
Il reçu le Prix Nobel de la Paix en 1968, son nom est à jamais lié à « la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme » adoptée en 1948 par l'ONU, dont il est le principal inspirateur et rédacteur du texte. Voici une lecture aussi riche que captivante dont l'intérêt historique reste sans conteste.

Banquises (Valentine Goby)

note: 4'un récit poignant et efficace Les bibliothécaires - 24 décembre 2011

Sarah, une jeune fille de 22 ans a disparu au Groenland. Nous sommes en 1982.
Vingt huit ans plus tard, toujours aucune nouvelle de la jeune fille.
Lisa-la soeur-et ses parents continuent les recherches et c'est à une véritable enquête familiale qu'est convié le lecteur. Il s'agit là d'un récit poignant bien sûr, servi par une écriture "efficace".

English riviera (The) (Metronomy)

note: 5l’évènement musical de la rentrée 2011 Les bibliothécaires - 13 octobre 2011

Album franchement réussi pour le groupe Metronomy. Un disque électro-pop époustouflant, une voix particulière, des mélodies riches, entraînantes et entêtantes.

My friends all died in a plane crash (Cocoon)

note: 4Une folk mélodieuse chantée en anglais Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Tout mes amis sont morts dans un accident d’avion, voici la traduction de cet album du groupe Cocoon qui malgré le titre macabre, nous livrent des mélodies légères douces, suaves. Deux voix qui s’entremêlent à la perfection. En bref cet album est un concentré de fraîcheur!

Les Citronniers (Eran Riklis)

note: 4Belle histoire sur le conflit Israëlo-palestinien Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Belle histoire sur le conflit Israëlo-palestinien présenté sous un angle très original. Récit poignant, touchant malgré quelques petites longueurs.

Oeuvre non trouvée

note: 4Mélange de pop, jazz, samba, bossa nova Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Luisa Maita, chanteuse brésilienne est considérée comme étant une des artistes les plus prometteuses de sa génération. Mélange de pop, jazz, samba, bossa nova , elle nous délivre une musique à la fois entrainante et langoureuse.
Avec son album Lero lero, Luisa Maita nous propose de découvrir une autre facette de la créativité musicale brésilienne.

Contes de Russie (Florence Cadier)

note: 4 Un petit voyage dans le froid , la neige et la glace Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

De jolies histoires effrayantes et tristes à la fois.

Beautiful imperfection (Asa)

note: 4Un album rayonnant et chaleureux qui séduit encore. Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Asa revient avec un nouvel opus intitulé
« beautiful imperfection ».
On retrouve ainsi des sonorités soul, reggae, folk africaine qu’y ont déjà fait le succès du premier album. Elle y ajoute pour ce deuxième opus des couleurs pop, plus soul allant parfois jusqu’à un groove rock sixties.

Head-on (Fatih Akin)

note: 5Fort, âpre, bouleversant! Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Pari réussi pour Fatih Akin qui nous délivre un très beau film .Une histoire d'amour atypique entre deux êtres en perdition portée par un duo de comédiens exceptionnels.

Drôle d'oiseau (Babet)

note: 4Artiste talentueuse Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Depuis 10 ans, Babeth est la choriste et violoniste du groupe de rock français Dyonisos. Entre deux tournées du groupe, elle a enregistré son premier album solo et nous livre aujourd’hui un album de chansons intimistes. Sa voix acidulée se promène sur de jolies mélodies folks et ses textes sensibles, à la fois plein de fantaisie et de charme, révèle une artiste talentueuse

Clara (Helma Sanders-Brahms)

note: 4 Un film touchant Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Clara » film biographique et historique de la réalisatrice et scénariste Helma Sanders, Elle nous fait découvrir la passion dévorante de cette femme, clara, pour la musique et son amour étonnant envers un musicien d’exception, Johannes Brahms .Clara, pianiste de talent, composait en cachette, à l’ombre de son très célèbre époux Robert Schuman, homme affaibli par la maladie.Clara va rencontrer Johannes Brahms et va vivre une belle histoire d’amour en cachette, sans jamais abandonner le père de ses nombreux enfants.Helma Sanders n’oublie pas d’évoquer la situation des femmes artistes de talents ignorées et laissées dans l’oubli.

Le chagrin (Lionel Duroy)

note: 4Très beau ! Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Auteur confidentiel, Lionel Duroy dans son nouvel opus le chagrin nous retrace l’histoire de la société française des 60 dernières années au travers de sa propre histoire et celle de sa famille. Des flashs douloureux en déceptions stimulantes l’auteur décrit un parcours et une éclosion qui amènent son narrateur jusqu’à l’acceptation de soi.

Dans moi (Alex Cousseau)

note: 4Un texte poétique sur une rencontre avec soi Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Un texte poétique sur une rencontre avec soi, celle que l'on fait en grandissant. Sur ce chemin, l’ogre incarne celui qu’il faut affronter pour trouver les réponses aux questions pour ne plus se chercher, pour grandir.

Le grand livre de sagesse Indienne de Chef Leloosk (Josiane Deschamps)

note: 4Contes étonnants à raconter aux grands et aux moins grands ! Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Histoire touchante d’une petite fille « abîmée » qui va sauver les enfants de son village des mains de la géante des bois « Dzunuqwa » grâce à ses jolies boucles d’oreilles.De cet horrible surnom « bec de castor » elle deviendra « celle qui brille comme le soleil ».Ces contes révèlent la culture riche des tribus indiennes du Nord Ouest.

Oeuvre non trouvée

note: 4Des mélodies envoûtantes Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

La Maison Tellier ( trois frères originaires de Normandie) nous propose son 3ème album L'Art de la fugue. Sur des mélodies envoutantes et des sonorités à la Gérard Manset, les influences oscillent entre folk, blues et chanson française, mais le registre reste empreint de références à la littérature ne serait-ce que par le choix du nom du groupe

Oeuvre non trouvée

note: 4A écouter en boucle Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Dans cette nouvelle compilation « 2.1 », Radio Nova explore les nouveaux territoires musicaux. On y écoute de la soul, du rap, du reggae, des musiques électroniques et africaines….Comme à son habitude, Nova délivre un album frais et éclectique qu’on ne se lasse pas d’écouter en boucle !

Oeuvre non trouvée

note: 4Une trés bonne série de Canal+ Les bibliothécaires - 8 octobre 2011

Une trés bonne série de Canal+ qui dévoile les coulisses d'un journal ou d'un plateau-télé. En effet le téléspectateur peut suivre de l'intérieur les enquêtes menées par des journalistes sur de gros sujets d'actualité.A signaler la présence de Patick Bouchitey confondant de naturel et de talent parmi d'auitres bons acteurs au générique de cette nouvelle série.

A mon âge, je me cache encore pour fumer (Rayhana)

note: 4Drôle, ironique , émouvant, poignant! Les bibliothécaires - 13 août 2011

L’auteur nous transporte dans un hammam algérien où neufs femmes d'univers et d'âges très différents se racontent. Le lecteur se trouve alors plongé dans l’intimité de chacune. On y parle ainsi de violence, de désir, d’amour, d’hommes, de tabous moraux et religieux. Des femmes à la fois rebelle, soumise, rêveuse. A travers cette pièce, l’auteur dévoile la complexité d’être une femme dans la société Algérienne actuelle.Drôle, ironique, émouvant, poignant, cette pièce de théâtre est à lire absolument !

Kali Sultana (Titi Robin)

note: 4A écouter sans modération… Les bibliothécaires - 13 août 2011

« Kali Sultana », nous entraîne sur les traces d’une reine noire et mystérieuse. Un mélange de saveurs où se croisent l’Orient, le charme Andalou, les envolées gitanes, et une pincée d’Occident. Une pure merveille, à écouter sans modération…

Oeuvre non trouvée

note: 4Un premier album à découvrir! Les bibliothécaires - 13 août 2011

Premier album pour ce groupe composé du producteur Danger Mouse (célèbre producteur de Gorillaz, Beck, The Black Keys ) et de James Mercer, leader des Shins.Tous les deux s’associent pour nous délivrer une pop spatiale, aérienne. Influencé par le son vintage des années 80-90, cet opus n’en reste pas moins moderne. A découvrir !



Fool's Gold (Fool's Gold)

note: 4Un joyeux métissage musical! Les bibliothécaires - 13 août 2011

Le groupe Fool’s Gold chante l’Afrique et pourtant ils sont californiens.Leur premier album éponyme Fool’s Gold est un joyeux métissage musical : entre pop, rock, funk, musiques africaines et moyen-orientales. Le titre « Surprise Hotel » égayera à coup sûr, les longues journées d’hiver. Joyeux, lumineux, cet opus est une invitation au voyage !

Handmade (Zahra Hindi)

note: 4Une voix envoûtante! Les bibliothécaires - 13 août 2011

Mélange de pop, de jazz et de musique orientale, Hindi Zahra se démarque avec son premier album « Handmade » par son talent et son originalité.Un album intime porté par une voix envoûtante qui nous invite au voyage

Black sands (Bonobo)

note: 4Bonobo signe avec Black Sands, un bel album! Les bibliothécaires - 13 août 2011

Connu comme étant un des Dj’s phares du label Ninja Tune (label de musique électroniques) Bonobo compositeur, bassiste, DJ et producteur britannique, revient avec un quatrième album intitulé « Black Sands ». L’album est un mélange de sonorités : électro jazz, trip hop, électro pop. L’opus s’ouvre sur une note instrumentale avec l’intensité du « prélude » qui se poursuivra avec le titre « Kiara ». Il signe également un duo electro pop avec la chanteuse Adriana Tryanna. A la fois élégant, envoûtant, mélancolique Bonobo signe avec Black Sands, un bel album.

Lost where I belong (Andreya Triana)

note: 4Un album à découvrir! Les bibliothécaires - 13 août 2011

Tout premier album pour cette chanteuse soul, qui s'est fait connaitre avec le titre "The keeper" grâce à sa collaboration avec le Dj Bonobo. Collaboration qui s'est poursuivie sur cet opus "Lost where I belong". Une voix douce posée sur des rythmes Trip-hop et Néo-Soul.

Crack my bones (Shoes (The))

note: 4Un album frais à ne pas rater ! Les bibliothécaires - 13 août 2011

« Crack my bones » premier opus du duo The Shoes issu de la grande famille Rémoise ( Yuksek, bewitched hands) . Leur album électro/pop mixant des rythmes new wave, funk et soul a déjà conquis l’outre manche. Sur les traces d’Hot Chip, Metronomy , le duo a également collaboré sur l’album de Gaëtan Roussel, Julien Doré. Plus producteurs que chanteurs, les deux complices ont su dénicher d’excellents partenaires vocaux (Esser ou Wave Machines...)

Oeuvre non trouvée

note: 5Artiste coup de coeur! Les bibliothécaires - 9 août 2011

Madjo est une artiste qui surprend par son originalité. Pour son premier album "Trapdoor" elle mélange les genres : soul, pop, folk combinées à des sonorités acoustiques, gospel et africaines.
Sa voix élégamment éraillée se pose sur des rythmes entrainants et rafraichissants. Accompagnée de ses deux choristes et de son Beatboxer , sa musique séduit encore plus sur scène!

les Chats persans (Bahman Ghobadi)

note: 4Un film contre l'oppression! Les bibliothécaires - 9 août 2011

Ce film est un voyage au cœur de la musique underground iranienne, imprégnée des difficultés de la vie en Iran, de l'oppression. Il montre ainsi les envies et les limites d’une jeunesse bridée en rêve de liberté.
Un film émouvant, touchant d’autant plus qu’il a été tourné sans autorisation, avec une simple caméra à l’épaule.
« Film choc et déjà culte, Les chats persans est un hommage vibrant au résistant quel qu'il soit, qui se bat pour sa liberté, ses idées et sa passion » Brazil

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