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Master gardener (Paul Schrader)

note: 3Parfois avoir la main verte conduit au salut Les bibliothécaires - 6 mars 2024

Master Gardener est un film du réalisateur Paul Shchrader, scénariste du cultissime Taxi driver.
Dans cet opus on retrouve encore et toujours la patte du maître qui poursuit sa trilogie sur la rédemption qui commença en 2017 avec sur le chemin de la rédemption puis en 2021 avec The card counter et enfin en 2022 avec Master Gardener. On suit un ancien néonazi qui cherche à retrouver son salut en devenant un maître du jardinage. Narvel Roth alias Joel Edgerton travaille dans une résidence luxueuse comme jardinier et homme à tout faire pour la propriétaire Norma Haverhill alias Sigourney Weaver. Narvel est un homme pathologiquement méticuleux au point de compiler tout son travail sur les plantes dans des carnets de bords. Le film nous plonge dans une atmosphère anachronique et très intrigante, au cœur d’une vieille demeure pseudo-aristocratique entourée de jardins à la française où tout porte à croire que la maîtresse de maison disposerait des faveurs de son valet mais tout bascule lorsque Norma demande à Narvel de prendre sa petite nièce Maya en apprentissage. L’arrivée de Maya bouleverse l’équilibre des lieux, des tensions apparaissent entre les deux femmes liées à une rivalité sociale et amoureuse. Narvel se transforme alors en défenseur des nobles causes, dévoilant ainsi à travers quelques flashbacks son passé violent. Un thriller captivant mais au scénario pas tout à fait abouti. R.V.

Annie colère (Blandine Lenoir)

note: 5Annie colère ou le combat pour la liberté Les bibliothécaires - 2 février 2024

Annie colère est un film à la fois politique et touchant sur la lutte pour l’émancipation féminine par l’accès à l’avortement. On suit Laure Calamy alias Annie une ouvrière, mère de deux enfants qui décide de faire appel au MLAC (Mouvement pour la Liberté de l'Avortement et de la Contraception) afin d’avorter après être tombée enceinte accidentellement une troisième fois. Cette intervention va donner un nouveau sens à sa vie.
Le film se passe en février 1974 un peu avant que la loi Simone Veil soit promulguée en janvier 1975. Le film rend hommage à ce mouvement qui en seulement 18 mois à réussi à faire changer la loi. Initialement constitués essentiellement au départ par de militantes surmotivées et de très peu de médecins, ces femmes ces groupes ont bien souvent pratiqué l’avortement clandestin afin d’aider de nombreuses jeunes femmes en détresse.
Laure Calamy porte le film sur ses épaules rendant extra-ordinaire le combat d’une femme « ordinaire ». Le but de Blandine Lenoir dans ce film était de mettre en lumière la parole de ces femmes afin qu’elles puissent être écoutées et considérées notamment dans ce contexte actuel où le droit à l’avortement revient régulièrement au cœur de l’actualité. Dernièrement fragilisé aux Etats-Unis, « la liberté » de recourir à l’avortement est actuellement débattu à l’Assemblée Nationale pour intégrer notre constitution.
Un film absolument nécessaire pour une combat perpétuel.R.V.

Nuée (La) (Just Philippot)

note: 51001 pattes Les bibliothécaires - 2 février 2024

Virginie élève seule ses deux enfants et porte à bout de bras son exploitation agricole, qui périclite. Pour la sauver, elle se lance dans l’élevage des sauterelles comestibles, lesquelles développent une certaine dépendance...au sang humain.
Pour cette première réalisation, extrêmement maitrisée, Just Philippot exploite le cinéma de genre pour aborder la question de la survie économique. Très rapidement, il instaure un climat oppressant avec un sentiment de danger imminent. D'où vient cette angoisse ? De Virginie, mère aux abois à la limite de la folie, d'une violence sourde, d'un besoin de vengeance sociale, des sauterelles mutantes...?
Bravo à Just Philippot de mettre l'actrice Suliane Brahim au centre de ce dispositif. Inconnue du grand public, on découvre cette comédienne de théâtre, pensionnaire de la Comédie-Française dans ce rôle de mère nourricière...
Spectateurs entomophobes, passez votre chemin. C.G.

Le challenge (Gene Stupnitsky)

note: 3Génération de trop Les bibliothécaires - 2 février 2024

Le challenge de Gene Stupnitsky est une comédie de 2023 avec Jennifer Lawrence dans le rôle principal. L’actrice se faisait rare depuis ses dernières apparitions dans X-men et Hunger-games, elle revient dans un registre dans lequel on a moins l’habitude de la voir. Elle interprète Maddie une trentenaire qui a du mal à joindre les deux bouts, et qui s’improvise chauffeur Uber pour arrondir ses fins de mois…jusqu’à ce matin où sa voiture est saisie.
Afin d’éviter de perdre également sa maison, elle décide de répondre à une annonce dans laquelle des parents fortunés propose un véhicule gratuit en échange d’une série de rendez-vous avec leur adolescent introverti. Le but étant de le dévergonder avant son entrée à l’université. Maddie qui est une jeune femme très libre sexuellement ne rencontre aucune difficulté à accepter la proposition.

La seconde partie du film bascule dans le film sentimental convenu. On découvre Percy, un jeune homme très introverti mais surprenant qui bouscule les sentiments de Maddie : pour elle, c’est le début d’une amitié alors que lui passe doucement de l’indifférence à l’amour. Le malaise provient également de certaines scènes qui mettent en avant la différence d’âge et qui montre que les deux personnages n’appartiennent pas à la même génération.

Gene Stupnitsky est un habitué des teens comédies on se souvient de Good boy sorti en 2019 sur la préadolescence, avec une certaine touche grivoise, dans le pur style de Judd Apatow. Là encore, le scénario n’est pas très élaboré mais les deux acteurs sont excellents. Le Challenge est un bon film qui montre la naissance d’une amitié entre deux êtres que tout oppose.
R.V.

Oppenheimer (Christopher Nolan)

note: 4Bombe à retardement Les bibliothécaires - 2 février 2024

3 ans après “Tenet”, le réalisateur Christophe Nolan se lance dans le récit de la création de la bombe atomique par Robert Oppenheimer.
1942. Convaincus que l’Allemagne nazie est en train de développer une arme nucléaire, les États-Unis décident dans le plus grand des secrets de créer la première bombe atomique de l’histoire. Pour diriger ce projet, le gouvernement fait appel au brillant physicien Robert Oppenheimer. Dans un laboratoire ultra-secret de Los Alamos, au cœur du désert du Nouveau-Mexique, le scientifique et son équipe mettent au point cette arme révolutionnaire dont les conséquences, vertigineuses, continuent de peser sur le monde actuel.
Christopher Nolan choisit de raconter cette histoire avec une trajectoire tragique et sidérante moins spectaculaire que ses derniers essais Dunkerque et Tenet mais plus ambitieux encore. Oppenheimer est massif, une épopée de trois heures dotées d’un casting impressionnant : Cillian Murphy, Emily Blunt ainsi que Robert Downey.Jr.

Christopher Nolan n’offre pas simplement un film mais une immersion grâce à la mise en scène ainsi que la bande son du film, passant des rêveries du jeune physicien à une prise de conscience sur les répercussions de sa création.

Oppenheimer ne décrit pas seulement la création de l’arme nucléaire, il parle de la société d’après-guerre, période où les États-Unis sombrent brutalement dans la paranoïa communiste. Avec sa bombe, Oppenheimer a ouvert les portes d’un monde nouveau dont il a complètement perdu le contrôle.
Un biopic captivant, qui nous fait voyager de l’émerveillement de cette découverte, aux effroyables conséquences sur le monde.
Emma V.

Trio (Kaya Miyano)

note: 5Simple et addictif Les bibliothécaires - 12 janvier 2024

Voici un jeu de cartes familial, aux règles simples pour exercer vos talents de mémoire et de bluff. C.G.

Raowl n° 2
Peau d'âne la princesse qui pue (Tébo)

note: 4La peau d'Ane, ça pue ! Les bibliothécaires - 5 janvier 2024

Raowl, c'est l'histoire d'un sauveur de princesses, pas comme les autres. Il a un pouvoir : quand il éternue, il se transforme en un magnifique prince charmant qui déteste tout le monde !
Un jour Raowl rencontre Peau d'Ane mais ils se font vite capturer par un monstre...comment vont-ils parvenir à se sortir de ce pétrain? Je vous laisse le découvrir.
J'ai beaucoup aimé le duo formé par Raowl et Peau d'Ane. Et puis, la BD est suffisamment longue pour que le lecteur entre dans l'histoire et apprécie d'y rester pour son plus grand plaisir. Le ton humoristique fonctionne très bien. Et pour finir, j'ai également beaucoup aimé le graphisme de Tébo.
Youssef, stagiaire de 3ème au College Pompidou d'Enghien-les-Bains.

The last of Us saison 1 (Neil Druckmann)

note: 5Les liens du sans Les bibliothécaires - 3 janvier 2024

The last of us est l’adaptation du jeu vidéo à succès du même nom, dans lequel on suit un homme Joël et une jeune fille Ellie dans un monde postapocalyptique, à la suite d’une pandémie provoquée par un champignon, le cordyceps. Pour survivre, ils doivent traverser les Etats-Unis en ruine afin de conduire Ellie immunisée contre cette maladie dans un centre afin de produire un vaccin. Pour se faire, elle est accompagnée par Joël, un homme près à tout pour la protéger tel un père. Les deux personnages sont interprétés par deux acteurs talentueux Pedro Pascual et Bella Ramsay.

La réussite de la série réside dans le fait que les scénaristes et réalisateurs, Craig Mazin et Neil Druckmann sont restés les plus fidèles possible à l’esprit du jeu vidéo en conservant ce qui faisait son succès c’est à dire d’importantes séquences. Ceci s’explique certainement par le fait que Neil Druckmann est également scénariste du jeu vidéo. Cette adaptation bien que fidèle reste plutôt réaliste, il y a très peu de scène de confrontation avec les créatures contaminées contrairement au jeu vidéo ou d’autres séries du même genre tel que Walking Dead. Elle se concentre sur la relation entre les deux personnages principaux, une relation père-fille s’installe et l’amour adoptif dépasse tous lien du sang dans un monde où l’homme est totalement déshumanisé. Il s’agit là surement de la meilleure adaptation d’un jeu vidéo sur écran et le format série permet un développement plus complet de l’histoire. On attend impatiemment l’adaptation du deuxième volet du jeu vidéo qui pourrait se voir transformer en deux saisons supplémentaires dans la série. A suivre…
R.V

Maestro s (Bruno Chiche)

note: 4Combat des chefs Les bibliothécaires - 8 novembre 2023

Comme le titre le souligne, il n’y a pas un mais deux maestros dans la famille Dumar : François le père, interprété par le magnifique Pierre Arditi, grand chef d’orchestre au crépuscule de sa carrière dirige la Philharmonie de Paris et le fils Denis, joué par Yvan Attal vient de remporter une victoire de la musique classique. Le film s’ouvre sur un quiproquo, un poste s’est ouvert à la prestigieuse Scala de Milan mais les dirigeants ont malencontreusement contacté le père à la place du fils…et c’est au fils qu’il est demandé de réparer cette erreur en informant son père…
Cette situation délicate et hautement improbable sonne comme la fin de cette rivalité. En effet, le maitre fini par être dépassé par l’apprenti sachant que la Scala était le rêve du père. Le film joue beaucoup sur le tandem Arditi-Attal qui passe du grave au touchant. Le duo est parfaitement contrebalancé par la présence de Miou-Miou qui joue le rôle de la mère, dernier lien entre ces deux hommes qui se fuient.
Bruno Chiche signe une comédie dramatique attachante avec une bande son classique qui ravira les mélomanes et rafraîchit les films sur la thématique de la relation père-fils dans un domaine professionnel peu connu. À voir absolument.
R.V.

I inside the old year dying (P. J. Harvey)

note: 5Enfin de retour ! Les bibliothécaires - 7 novembre 2023

Un nouvel album de PJ Harvey reste un évènement dans le monde de la musique, et voilà bientôt trente ans que l’Anglaise se renouvelle à chaque opus.

"Inside the old year dying" dévoile plus que jamais la poétesse derrière la chanteuse. D’une exigence sans faille, et de sa voix gracieusement perchée, PJ Harvey délivre une expérience musicale riche, onirique voire expérimentale. Il n’en demeure pas moins accessible et la beauté de ce disque se distille au fil des écoutes. C.G.

Jeanne du Barry (Maïwenn Le Besco)

note: 4Scandaleusement Touchant ! Les bibliothécaires - 7 novembre 2023

Après avoir réalisé « Mon roi » et « Polisse » la réalisatrice et actrice Maïwenn se penche sur un récit historique autour de la dernière favorite du Roi Louis XV.

Jeanne, fille du peuple désirant une vie pleine de plaisirs et de connaissances, utilise ses charmes pour gravir les échelons de la société. Elle devient la favorite du Roi qui ignore sa condition et prend goût à la vie auprès d’elle. Leur amour ainsi que l’installation de Jeanne à la cour scandalisent Versailles.

Le film Jeanne du Barry est tourné à Versailles et Maïwenn déploie un déluge de dentelles, de bougies et de perruques poudrées. Un hommage tout particulier pour l’acteur Johnny Depp interprétant en français (V.O) le rôle du Roi Louis XV avec un charisme sans fin.

Ce film évoque le lien fort entre Jeanne du Barry et Louis XV et nous fait voyager à travers une multitude d’émotions de tendresse, hargne ou chagrin. Entre romance et drame : pour les passionnées d’histoire mais pas seulement !

Emma V.

Toujours prêtes ! n° 1 (Virginie Augustin)

note: 4Héroïnes des temps modernes Les bibliothécaires - 6 octobre 2023

Spin-off du "Petit théâtre des opérations", série de documentaires puis de BD à succès revisitant l’histoire de façon décalée, "Toujours prêtes" s’intéresse aux exploits improbables mais vrais d’héroïnes méconnues des deux guerres mondiales.
Composé de courtes chroniques humoristiques complétées d’une page biographique, ce premier tome fait la lumière sur ces femmes qui sont allées combattre sur les lignes ennemies et qui sont pourtant demeurées dans l’ombre de l’histoire.
Des petites Curies à Milunka Savic qui se déguisa en homme pour intégrer les rangs de l’armée serbe et terrorisa l’ennemi par la justesse et la vitesse de son lancer de grenades, en passant par Yoshiko Kawashima, princesse impériale chinoise déchue qui œuvra comme espionne pour le Japon, sans oublier les « sorcières » de l’armée soviétique, c’est autant de destinées incroyables et dignes des plus grands blockbusters américains qui nous sont contées par Julien Hervieux sans jamais se départir de son ton décalé, apportant de la légèreté à des épopées aux fins parfois tragiques. Le dessin toujours efficace de Virginie Augustin fait mouche, elle qui s’était déjà illustrée dans des bandes dessinées mettant en scène des femmes au caractère bien trempé ("40 Éléphants", avec Kid Toussaint ; "Joe la pirate" avec Hubert…).
Une succession de petites chroniques légères à picorer, mais qui se dévore aussi en un rien de temps tant ces histoires sont passionnantes et donnent envie d’en apprendre plus sur ces héroïnes des temps modernes.
Vv

Les oiseaux de papier (Mana Neyestani)

note: 4Traversée périlleuse Les bibliothécaires - 6 octobre 2023

Dessinateur de presse et de bande dessinée, Mana Neyestani s’est fait connaître par ses romans graphiques très documentés décrivant les paradoxes de la société iranienne. Réfugié politique en France depuis 2012, il réalise sa première bande dessinée de fiction avec Les oiseaux de papier et nous emmène au Kurdistan iranien, région pauvre et montagneuse située à la frontière avec l’Irak et également haut lieu de trafic d’articles de contrebande.

Persécutés par le pouvoir central et survivant dans des petits villages où il y a peu d’emploi, la plupart des Kurdes sont contraints de se faire embaucher comme passeur (ou « kolbar ») afin de gagner leur vie : ils doivent ainsi traverser la frontière à flanc de montagne et récupérer les marchandises en Irak (de l’alcool, des cigarettes, des vêtements, mais parfois des machines à laver et autres électroménagers volumineux…), qu’ils réacheminent vers l’Iran sur leur dos dans des conditions précaires et dangereuses, avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer, les gardes-frontières et les conditions climatiques étant bien souvent impitoyables.

Jalal, jeune diplômé en ingénierie, a rejoint les kolbars en espérant mettre de côté suffisamment d’argent pour soigner sa mère et épouser Rojan, promise à un autre. Tandis que Rojan tisse la laine en attendant le retour de son fiancé et rythme le récit par ses réflexions, l’expédition de Jalal et ses compagnons de route tourne bientôt à la catastrophe lorsque la neige commence à tomber et qu’ils s’égarent dans un champ de mines… Drame social bien mené, Les oiseaux de papier s’inscrit également dans une tension dramatique efficace, puisque le voyage des kolbars est également l’occasion pour certains de régler leurs comptes. Le dessin au trait fin et dur contribue à cette atmosphère pesante.
Vv

Aftersun (Charlotte Wells)

note: 5Dernier été Les bibliothécaires - 6 octobre 2023

Pour son premier film, l’écossaise Charlotte Wells creuse le sillon des souvenirs entre mélancolie et douceur de vivre.
Callum, jeune trentenaire offre des vacances à sa fille Sophie dans un hôtel en Turquie. Glaces, baignades, parties de billard ponctuent leurs journées oisives. Complices, ce duo s’offre une parenthèse enchantée. Sophie, un pied dans l’enfance et l’autre dans l’adolescence, observe avec curiosité le fonctionnement et les jeux des teenagers.
Ce film simple et subtil à la fois déborde de mélancolie.
Callum, grand gaillard aux traits doux, cache difficilement son mal-être. Ici et là, quelques indices éclairent sur son tourment. Mais surtout, cette mélancolie se diffuse dans les allers retours entre souvenirs joyeux et parcellaires fixés sur la pellicule du camescope de Sophie qui enregistre ces moments heureux dans l’insouciance de leur pouvoir de réminiscences, et sa réalité d’adulte, teintée de nostalgie et de regrets. Inlassablement, Sophie se raccroche à ces fragments d’images et ses souvenirs pour résoudre le mystère de ce père que l’on devine désormais absent.
Aftersun est un film puissant, obsédant, qui touche au cœur. C.G.

Retour à Séoul (Davy Chou)

note: 4En Corée et encore Les bibliothécaires - 6 septembre 2023

Née en Corée du Sud, il y a vingt-cinq ans, Freddie, très vite adoptée par un couple de Français arrive un jour à Séoul, par hasard, son avion pour le Japon annulé. À la découverte d’une culture et d’un pays dont elle ne connait ni les codes ni le langage, elle ne cherche pas particulièrement à renouer avec ses origines. Cependant, encouragée par sa logeuse, Freddie décide de retrouver son père et sa mère…
David Chou construit son film autour de quatre temps forts de la vie de Freddie, sur une période de 10 ans : un récit d’ellipses dans lequel se construit l’identité complexe de l’héroïne. À chaque nouvelle période, le spectateur compose avec la nouvelle version de Freddie qui, elle s’affranchit déjà de son passé. Fascinante et imprévisible, elle s’avère même taciturne voire antipathique tant elle refuse de se conformer à quoi que ce soit dans sa quête.
Avec ce « retour au pays », David Chou illustre par le long chemin de Freddie vers sa propre identité démontrant ainsi un processus incertain, aux sentiments contradictoires, fait d’interrogations et de rejets.
C.G

La famille Asada (Ryôta Nakano)

note: 5Une photo, une famille, des souvenirs inaltérables. Les bibliothécaires - 5 septembre 2023

La famille Asada est un film japonais du réalisateur Ryôta Nakano, sorti en France en janvier 2023. Il s’agit d’une comédie dramatique basée sur l’histoire réelle du célèbre photographe japonais Masashi Asada dont les mises en scènes photographiques mettent en lumière sa famille.

Le film présente deux parties, dont la première expose la vocation de Masashi pour son futur métier. Un appareil argentique reçu en cadeau par son père à l’âge de 12 ans sera le facteur décisif de sa future passion. La singularité de son style s’affirme alors puisque le photographe instaure une relation d’intimité avec son sujet, condition fondamentale de sa création. Sa personnalité atypique contraste avec le conformisme de la société nipponne. Soutenu par ses parents, mais incompris par son frère, sa détermination à se réaliser en tant qu’artiste ne cessera de croître, jusqu’à la mise en scène des ambitions et des espoirs perdus de chacun des membres de sa famille. Sera alors édité l’illustre album de la famille Asada : grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est possible.

La seconde partie du film met en scène une mémoire personnelle et collective dans le contexte du séisme survenu en 2011 au Japon sur la côte Pacifique. Masashi vient en aide à des sinistrés, en récoltant dans les décombres des maisons détruites toutes les photos englouties afin qu’ils puissent récupérer un ou plusieurs de leurs souvenirs les plus précieux.

A l’instar du réalisateur Kore-eda, Ryôta Nakano utilise le thème de la famille et du foyer comme l’essence même de son travail.
RV

Farmhand n° 1 (Rob Guillory)

note: 4Big Ferma Les bibliothécaires - 16 juin 2023

Après "Tony Chu", le détective cannibale, Rob Guillory revient avec une autre comédie à la fois lugubre et délirante. "Farmhand" met en scène une famille d’agriculteurs qui a prospéré dans une production agricole bien particulière : suite à une vision, le père de famille Jedediah Jenkins, agriculteur peu doué, a découvert un nouveau type de cellule souche humaine, capable de s’adapter à son environnement et de réparer tout tissu humain endommagé, lui permettant ainsi de cultiver… des organes humains ! Il fait ainsi de sa ferme le plus grand institut "fermaceutique" du pays où grands accidentés, amputés et autres viennent se faire greffer à l’envi.
Lorsqu’Ezekiel, le fils aîné, vient se réinstaller dans la région avec sa famille après avoir rompu les liens avec son père, il découvre une exploitation agricole prospère mais entourée de mystère, et qui doit faire face à l’espionnage industriel et les magouilles politiciennes. Sous ses airs de faiseur de miracle, le père Jenkins semble cacher bien des secrets, de même que le voisinage qui semble à la fois le craindre et le haïr…
Une délectable comédie noire aux airs de cartoon, flirtant avec le thriller et l’horreur.
Vv

Peau (Mieke Versyp)

note: 4À fleur de peau Les bibliothécaires - 16 juin 2023

Premier roman graphique de Sabien Clement et Mieke Versyp (qui remporta le prix Goscinny 2023 pour son scénario), "Peau" est avant tout l’histoire d’une mise à nue, et d’une amitié entre deux femmes aux parcours de vie très différents. D’un côté Esther, trentenaire solitaire et un peu paumée, qui trouve son seul divertissement dans l’atelier de dessin de nu qu’elle dirige. De l’autre, Rita, plus âgée, divorcée, décide de poser comme modèle à l’atelier afin d’arrondir ses fins de mois.

Leur amitié, d’abord ténue, se fait progressivement de plus en plus essentielle à mesure que l’on suit leurs vies respectives, dans toute leur fragilité et leur précarité, à la fois financière et affective : Esther vit ainsi une histoire d’amour naissante et brinquebalante tandis que Rita s’efforce de maintenir le lien avec sa fille indifférente qu’elle ne comprend plus. Les séances de dessin rythment ces moments de solitude et deviennent des moments de respiration et d’émancipation pour les deux femmes.

Un roman graphique extrêmement touchant, très humain dans la mesure où il dépeint avec beaucoup de délicatesse toutes les imperfections et les petites frustrations du quotidien. On décèle de la tendresse pour ces deux personnages qui apprennent à continuer de vivre et de se réinventer malgré les déceptions de la vie : comment faire peau neuve à partir de ce qu’on a vécu et souffert ?
La dessinatrice flamande Sabien Clement mélange allègrement les medium dans cet album graphiquement superbe : traits de stylos, crayon, peinture, collages intercalés de croquis au crayon. Un ensemble hétéroclite et sensuel aux tons doux et pastel.
Vv

Bullet Train (David Leitch)

note: 4Un train nommé carnage Les bibliothécaires - 6 juin 2023

Bullet Train est un blockbuster d’action, sorti durant l’été 2022. Le film est signé par le réalisateur David Leitch qui a commencé sa carrière comme cascadeur dans les années 90. Doublure de Brad Pitt dans Le Mexicain, Spy Games, Ocean's Eleven, Troie, et Mr. et Mrs. Smith, il devient par la suite le coréalisateur de John Wick, puis le réalisateur de Fast and Furious ainsi que de Deadpool. Ce dernier film Bullet train, l’adaptation d’un livre du romancier japonais, Kôtarô Isaka. Il imite le style de Guy Ritchie mélangeant avec brio violence et hilarité, ajoutant des touches Tarantinesques mais sans jamais réussir à égaler le maître. De nombreuses idées scénaristiques, reprises du chef d’œuvre Kill Bill convoquent à la fois : l’action située au Japon, les récits à tiroirs, les noms des personnages affichés à l’écran, les incessants flash-backs etc... C’est un très bon divertissement où scènes spectaculaires se mélangent à l’humour grinçant des personnages. On retrouve Brad Pitt dans son registre comique, dans lequel il excelle. Sa performance se rapproche de celle de Once upon a time… in Hollywood dans lequel il incarnait Cliff Booth. Ici il joue le rôle d’un tueur à gage qui ne veut plus utiliser d’armes car il suit une thérapie afin de se pacifier ce qui est complètement contradictoire avec son gagne-pain. Ce qui au départ devait être une simple mission va se convertir en un véritable carnage en huit clos, le mauvais Karma de « Coccinelle » allias Brad Pitt expliquant peut-être tout cela. Un film d'action à voir, entièrement désinhibé et comportant de nombreuses scènes de combats à la violence graphique assumée. R.V.

Enfants des autres (Les) (Rebecca Zlotowski)

note: 5Mère parallèle Les bibliothécaires - 1 juin 2023

Rachel (Virginie Efira), femme épanouie, professeur de lettres tombe amoureuse d’Ali (Roshdy Zem), papa de Leila 4 ans.
Dans ce très beau film, Rebecca Zlotowski interroge la figure de la belle-mère, loin de l’image de la marâtre puisqu'elle questionne plus largement la question de la parentalité et de la transmission en dehors de tout lien biologique.
C'est au contact de Leila que le désir de maternité se révèle chez Rachel alors que celle-ci est précisément rattrapée par son âge "biologique". Impuissance, dignité et acceptation animent ce magnifique personnage interprété par Virginie Efira.
Sujet à la fois banal et intime, Rebecca Zlotwoski réalise un film solaire qui touche à l'universel. C.G.

Rocky (John G. Avildsen)

note: 4Rocky où la fable de la chance offerte à n’importe qui Les bibliothécaires - 31 mai 2023

Rocky est un film que Stallone a entièrement imaginé et pour lequel il n’envisageait personne d’autre que lui-même pour le rôle principal. Et il a très bien fait car cela lui a rapporté 3 Oscar dont celui de meilleur film. Qui n’a jamais rêvé de gloire et de respect ? Qui n’a jamais souhaité que la chance lui sourit enfin ? Rocky c’est tout cela à la fois. C’est un drame social dans lequel un boxeur de seconde zone, homme de main à ses heures perdues, se voit offrir l’opportunité de décrocher le titre des poids lourds et ainsi, s’extraire de sa condition misérable. Stallone s’est inspiré de l’histoire de Chuck Wepner, un boxeur inconnu, qui aura tenu durant 15 rounds face au champion du monde le célèbre Mohamed Ali, perdant par KO technique à 16 secondes de la fin du match.

Rocky offre une énième relecture de « l’American Dream », une histoire de réussite personnelle décrochée par un travail acharné, une volonté de croire en soi jusqu’au bout et tenir debout coute que coute. C’est sur ce postulat que Rocky assoit son image de « battant ». Néanmoins, Stallone tient davantage de l’anti-héros, du loser magnifique auquel le spectateur s’attache forcément. Il émane de ce film beaucoup de sincérité et de tendresse pour ce boxeur. Et puis, on ne boudera pas son plaisir de spectateur en entendant les premières notes du thème composé par Bill Conti Gonna fly now.

Un film culte qu’il ne faut pas hésiter à redécouvrir tant Stallone y est très juste. R.V

Suis-moi je te fuis (Koji Fukada)

note: 3Promis...c'est la dernière fois ! Les bibliothécaires - 1 avril 2023

Suis-moi je te fuis est un film du réalisateur japonais Koji Fukada il s’agit d’une adaptation du manga The Mark of Truth de Mochiru Hoshisato. Le jeune Tsuji commercial dans une petite pme et amoureux indécis fricote secrètement avec deux de ses collègues. Au Japon il est très mal vu d’avoir une relation avec un collègue. Tsuji cache donc ses relations car il bénéficie d’une bonne situation dans cette société. Mais tout bascule le jour où il croise Ukiyo, jeune femme rencontrée à la sortie d’un konbini (sorte de superette japonaise), et qu’il va sauver in extremis d’un accident sur un passage à niveau.

Dès lors, Tsuji est impliqué systématiquement dans des incidents impliquant Ukiyo et il doit à chaque fois intervenir pour la sortir de situation dramatique. Cet engagement témoigne de son amour naissant pour Ukiyo dont elle sait tirer profit. En réalité, cet amour ne s’affirmera jamais.

Koji Fukada met en scène de façon magistrale le grain de sable qui enraye la machine du quotidien. Difficile pour Tsuji de reconnaitre cet amour, car dans cette société patriarcale japonaise, sclérosée par les contraintes sociales et familiales, il serait déclassé en s’impliquant totalement dans une relation avec cette jeune femme à perdre d’un point de vue social en s’impliquant totalement dans cette relation avec cette jeune femme, qui a tout perdu. Le film est à mettre en parallèle avec un autre film de Fukada, Hospitalité dans lequel un vieil ami de la famille Kobayashi va bouleverser leur quotidien. Fukada, à travers ces personnages, critique cette société japonaise qui sépare rigoureusement la vie privée de la vie professionnelle, créant parfois des situations irrationnelles soulignant au passage les inégalités hommes-femmes au sein du monde du travail.
Une plongée dans une relation à la fois complexe et bouleversante. R.V.

Revoir Paris (Alice Winocour)

note: 5Réparer les vivants Les bibliothécaires - 1 avril 2023

Inspiré des attentats de 2015, Alice Winocour livre son quatrième film dans lequel nous accompagnons une survivante, Mia, dans sa quête de reconstruction. Souffrant d’un blocage mental, elle entame une enquête sur les évènements de la soirée avec l’espoir de rassembler les morceaux éparses de sa mémoire pour réapprendre à vivre. Sur ce chemin, elle rencontre Thomas, marqué dans sa chair, et qui lui, souffre de trop se souvenir. Son témoignage ainsi que la confrontation avec d’autres survivants l’aideront dans sa quête.
Avec pudeur et délicatesse, Winocour filme les traumas et le chemin de résilience d’une survivante aux prises avec la présence fantomatique et bienveillante des disparus. C’est d’ailleurs un des points forts de la mise en scène de la réalisatrice.
Cette rupture brutale dans la vie de Mia ouvre aussi une nouvelle perception de son rapport à l’autre et surtout au monde qui l’entoure. Revoir Paris c’est aussi, littéralement, regarder Paris d’un autre œil, dans sa réalité sociale la plus injuste : un Paris de la clandestinité et de l’exploitation de la misère humaine, un Paris des Invisibles.
Le douloureux processus de reconstitution du puzzle permet à Virginie Efira de livrer une prestation sobre face à Benoît Magimel très touchant.
C.G.

Elvis (Baz Luhrmann)

note: 4La poule aux oeufs d'or Les bibliothécaires - 1 mars 2023

Elvis est un biopic du réalisateur australien Baz Luhrmann. Il s’agit d’un film renaissance pour Luhrmann car il n’avait rien réalisé depuis Gatsby le Manifique sorti en 2013. Une entreprise ambitieuse qui montre la complexité de l’univers qui entourait le King, abordée à partir du prisme de la relation entretenue entre Elvis et son manager le Colonel Parker, escroc vénal qui géra tout du long sa carrière musicale et cinématographique. Ce dernier apparait donc comme une sorte de narrateur sorti d’une foire aux monstres dont il a tous les attributs physiques et mentaux. La mise en scène de Luhrmann est encore une fois foisonnante et clinquante, et cette exubérance parfaite pour illustrer la vie du King. Tous les codes de la pop culture américaine s’y retrouvent : l’Amérique des trente glorieuses, l’Amérique puritaine qui veut se libérer. La mère consciente de l’impact de son fils sur les foules, a peur pour lui. Son formidable déhanché lui vaudra le sobriquet d’Elvis le pelvis et quelques démêlés avec la justice de l’époque. Il devra donc s’engager dans l’armée afin de laver son image.

La création artistique d’Elvis est une véritable révolution musicale, à l’origine de l’expansion d’un style issue la fusion du style blues, gospel, country pour inventer le rock n’roll. Le mélange parfait entre la musique noire américaine et son interprétation par un blanc devenu Le King, est un magnifique symbole de l’union possible entre les blancs et les noirs.

Dire que la prestation du jeune Austin Butler ressuscite une idole est vrai : sa manière de bouger et sa voix incarnent parfaitement Elvis. C’est une performance qui lui a valu le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique en 2023. Il immortalise à l’écran la déchéance du roi du rock n’roll. Elvis rêvait en effet d’être un grand acteur comme James Dean, et enfant, il voulait ressembler au héros Captain Marvel, finalement il sera une star internationale connue planétairement mais sans jamais quitter les Etats-Unis, englouti dans le faste de Las Vegas, sa prison dorée. L’interprétation du Colonel Parker par Tom Hanks est tout aussi extraordinaire et traduit minutieusement la relation malsaine d’interdépendance financière installée entre Parker et Presley au point de faire complètement disparaître le rêve de cette icône culturelle sans précédent. R.V.

Wendy (Benh Zeitlin)

note: 4Les enfants sauvages Les bibliothécaires - 1 mars 2023

Wendy, fillette à l'avenir tout tracé, vit dans une ville paumée du Sud des Etats-Unis où elle prête régulièrement main forte à sa mère, serveuse dans un boui-boui de gare.

Une nuit, Wendy découvre un enfant mystérieux courant sur les toits d'un wagon. Accompagnée de ses deux frères jumeaux, elle décide de suivre ce garçon prénommé Peter. Tous ensemble, ils atteignent une île fantastique où les enfants règnent en maître.

Voici donc une nouvelle adaptation du roman de J.M. Barrie "Peter Pan" avec la particularité que Wendy devient le personnage central de cette version. Filmé à hauteur d'enfant, ce film donne à voir l'enthousiasme de leurs aventures, leur insouciance et leur énergie déployées au milieu d'une nature bienveillante. Malgré les décors naturels et le traitement réaliste de l'histoire, il s'en dégage une dimension protectrice voire onirique.

Cette nouvelle adaptation inscrit le mythe de Peter Pan dans l’époque contemporaine et ses préoccupations écologiques et sociétales. C.G.
À partir de 12 ans.

As bestas (Rodrigo Sorogoyen)

note: 5Les bêtes humaines Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Antoine et Olga, un couple de français, vivent en Galice dans un hameau déserté où ils mènent une agriculture responsable et retapent des maisons en vue d’un éventuel repeuplement du village. A la faveur d’une pétition sur l’implantation d’éoliennes, une méfiance à l’égard des Français se mue en animosité de la part des voisins directs, un duo de frangins rustres. En effet, fort de ses convictions écologiques, Antoine s’oppose à cette installation et brise ainsi l’espoir de ses voisins de s’arracher à cette terre natale et néanmoins ingrate, grâce une compensation financière. Dès lors, cette querelle de voisinage ravive rancœurs et frustrations, fait place au harcèlement pour progressivement amorcer une descente aux enfers.
L’espagnol Sorogoyen signe un thriller rural et glaçant sur fond de lutte des classes où se confrontent pêle mêle les idéaux de néo ruraux et le désespoir des éleveurs confronté à une misère grimpante, le sentiment d’infériorité né du manque d’éducation ou encore la question d’appartenance à une terre. C.G.

Déjà vu (Trio Sr9)

note: 5Une pop très percutante Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Le trio Sr9 est composé de Nicolas Cousin, Paul Changarnier et Alexandre Esperet, trois amis issus du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon. Formés aux œuvres du répertoire classique, ils s’étaient précédemment attaqués à l’adaptation de Bach, Satie et Ravel tout en exploitant le répertoire de compositeurs de pièces pour marimba. Sur Déjà vu ils réinterprètent les succès de la pop music. Pour se faire ils jouent des percussions notamment leur instrument fétiche le marimba mais pas que… puisque tous les objets du quotidien sont détournés de leur usage premier : la casserole ou le verre à pied deviennent des instruments de musique à part entière.
Ils sont accompagnés pour le chant par des artistes majeurs de la scène francophone tels que Camilla Jordana, Camille, Sandra Nkaké, Malik Djoudi ou Blick Bassy. Les titres de Rihanna, Pharrell Williams, Billie Eilish, Ariana Grande ou Lana Del Rey deviennent plus minimalistes, plus acoustiques rendant ces reprises plus chaleureuses à l’image d’un duo piano voix. On peut saluer au passage le travail de Clément Ducol l’arrangeur qui ne garde que la pureté de ce mélange voix percussion pour nous offrir un album solaire.
R.V.

Ombre d'un mensonge (L') (Bouli Lanners)

note: 4Pieux mensonge Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Phil s’est exilé dans une petite communauté presbytérienne de l’île de Lewis, au nord de l’Ecosse. Une nuit, il est victime d’une attaque cérébrale qui le rend momentanément amnésique. À son retour, il est pris en charge par Millie, une femme de la communauté qui affirme qu’ils s’aimaient en secret avant son accident.
Pour son cinquième film, Bouli Lanners raconte une histoire d’amour entre une femme, à la fois prisonnière de cette île et de ses sentiments, et cet homme secret et fragilisé : tous deux en proie à un ultime désir de vie.
Très délicat, ce film a un petit air de déjà-vu, mais il séduit avec ses grandes étendues ; les paysages sont sublimés par une photographie soignée, et ses personnages bien dessinés et incarnés par Bouli Lanners lui-même et Michelle Fairley, la mère de la famille Stark dans la série Game of Thrones.
C.G.

Tilt (Confidence Man)

note: 3Un petit sucre pour la planète Les bibliothécaires - 31 janvier 2023

Tilt est le second album du quatuor australien Confidence Man. Le groupe est une véritable machine à produire des tubes au gout 90’s. Leur premier album Confident Music For Confident People sorti en 2018, se démarquait déjà par un son original mélangeant big beat des années 90 et électro. Dans ce nouvel opus, les mêmes composantes restent efficaces, auquel ils ajoutent une dance-pop, se rapprochant de Grace Jones, Madonna, des Chemical Brothers ou encore de Deee-lite. Le groupe abuse de la boîte à rythmes si marquante de cette époque provoquant une irrésistible envie de danser sur des résonances si nostalgiques. Le meilleur titre de l’album est incontestablement Holiday qui avec des paroles simples nous font voyager dans leur foisonnement psychédélique. Feels like a different thing est parfaitement calibré pour la piste de danse du Quai Ouest avec son texte court et répété en boucle… R.V.

Incroyable mais vrai (Quentin Dupieux)

note: 3Une histoire de gros tuyaux Les bibliothécaires - 10 janvier 2023

"Incroyable mais vrai" est une comédie du réalisateur Quentin Dupieux.
Comme à son habitude, il part d’un argument hautement improbable pour le développer avec une logique tout ce qui a de plus réaliste. Ici, un couple Alain et Marie, incarné par Alain Chabat et Léa Drucker achète un pavillon dans lequel se trouve une trappe magique. Le réalisateur prend son temps pour nous révéler l’intrigue de ce scénario complétement délirant, ce qui participe grandement à l’effet de surprise. Il est très difficile de parler de ce film sans en divulguer trop, ce qui pourrait gâcher à coup sur le plaisir de découverte. Néanmoins, le sujet traité reste d’actualité et aborde l’obsession de la jeunesse et la virilité obsessive qui conduit à tous les excès. Le film est amené par un très bon casting notamment Benoît Magimel en quadragénaire à l’attitude franchouillarde.
Ce film éveille la curiosité du spectateur; c'est aussi un très bon prélude à son film actuellement en salle "Fumer fait tousser".

Une étude en émeraude (Neil Gaiman)

note: 4Quand Conan Doyle rencontre Lovecraft Les bibliothécaires - 7 janvier 2023

Après avoir été blessé sur le terrain, un vétéran de la guerre anglo-afghane retourne dans la Londres brumeuse de Sa Majesté et se retrouve en colocation avec un homme solitaire et excentrique, pourvu de capacités déductives particulièrement remarquables. Sollicité par Scotland Yard, les deux nouveaux amis se lancent dans une enquête impliquant un meurtre d’une ampleur cosmique et terrifiante…
Si ce pitch vous semble familier, c’est qu’Une étude en émeraude est une savoureuse rencontre entre le monde horrifique de Lovecraft et l’univers très british d’Arthur Conan Doyle. Adaptée d’une nouvelle multi-primée de Neil Gaiman (auteur de romans à succès comme Coraline ou Good Omens, et scénariste de Sandman), la bande dessinée reprend parfaitement les codes du roman policier britannique, aussi flegmatique que piquant, et réussit à l’intégrer dans un cadre inquiétant et surnaturel.
Cependant, l’album plaira davantage aux amateurs de Sherlock Holmes qu’aux friands de récits horrifiques, car si le dessin de Rafael Albuquerque restitue à merveille le monde sinistre de Cthulhu et autres entités cosmiques menaçantes, il faut tout de même garder en tête les principaux personnages de Conan Doyle pour relever tous les indices et savourer pleinement le twist final…
Vv

La nuit du 12 (Dominik Moll)

note: 5L'enfer au bout de la nuit Les bibliothécaires - 4 janvier 2023

Clara a été brulée vive une nuit dans la région grenobloise.
Son assassin ne sera jamais retrouvé malgré l'acharnement des enquêteurs. Aucune divulgation prématurée puisque le film débute sur ce constat que chaque année, en France, 20 % des affaires criminelles ne sont pas élucidées.
Dominik Moll réalise un film haletant sans suspense, un film noir entêtant à l'image des interrogations continues des deux inspecteurs. Pourquoi cette sauvagerie ? Pourquoi tous les suspects paraissent complices ?
L'enquête vertigineuse démontre surtout la misogynie ordinaire autant que criminelle et finalement, l'identité du meurtrier importe peu face à ce constat accablant. Clara est morte parce qu'elle était une femme comme le résume bien une de ses amies.
Le duo d'anti-héros interprété Bastien Bouillon et Boulli Lanners est impeccable : un introverti solitaire hanté par cette enquête face un colosse sentimental au bout du rouleau.
Avec La nuit du 12, Dominik Moll signe un polar magistral sur la violence masculine.
C.G.

Le lecteur de cadavres (Garrido, Antonio)

note: 1Le lecteur de cadavres Soraya - 17 décembre 2022

Intéressant j'ai adoré

Ecole du bout du monde (L') (Pawo Choyning Dorji)

note: 4C'est loin mais c'est beau Les bibliothécaires - 9 décembre 2022

Assez rare pour le souligner, L’école du bout du Monde est un film bhoutanais. Pour les moins doués en géo, nul besoin d’ouvrir Google Map, le Bhoutan est un petit pays d’Asie coincé entre la Chine et l’Inde. Encore plus surprenant, ce pays méconnu offre un programme politique déroutant puisqu’il prône le « Bonheur Brut National », une manière d’interroger les valeurs et priorités d’une société.

Instituteur réticent, avec une furieuse envie de s’exiler en Australie, Ugyen doit encore une dernière année de service en tant que fonctionnaire à l’État. Que cela ne tienne, il sera muté dans «l’école la plus reculée du monde», perdue dans une vallée uniquement accessible après 8 jours de trek. Fini les SMS et l’ipod. Fini l’électricité.
Malgré d’ostensibles réserves, Ugyen se laisse émouvoir par une fillette désireuse de commencer l’école et finit par endosser le tablier du parfait maitre d’école.

Le film quasi documentaire offre des images magnifiques de ce petit village du Bhoutan perdu au milieu des montagnes où le sens de l'hospitalité, la solidarité et la bienveillance sont des valeurs humaines privilégiés. C.G.
À partir de 9 ans.

Stillwater (Tom McCarthy)

note: 4Pas belle la vie Les bibliothécaires - 8 décembre 2022

Stillwater est un thriller judiciaire réalisé par Tom McCarthy. Matt Damon campe un foreur américain venu en France pour épauler sa fille emprisonnée à Marseille et accusée du meurtre de sa colocataire. Convaincu de son innocence, il va enquêter pour trouver de nouveaux éléments afin que le dossier soit réexaminé. Très vite, il est confronté à la barrière de la langue et aux différences culturelles, mais au cours de ses investigations, il se lie d’amitié avec une jeune femme, Virginie et sa fille Maya. Progressivement, le film glisse de « thriller à suspense » américain à film psychologique digne d’un Jacques Audiard dont le scénariste attitré signe justement le scénario. C’est l’occasion pour le public américain de découvrir un autre Sud de la France, loin des cartes postales d’une côte d’Azur glamour. Peu à peu, un fossé se creuse entre celui qu’il pense être et celui qu’il devient au contact de cette ville. Ainsi, Il éprouve de l’attirance pour Virginie, femme indépendante et intello ce qui est en total opposition ses valeurs et ses idéaux de redneck. La construction narrative peut s’avérer déroutante mais constitue un vrai point fort du film tout comme son dénouement. Un très bon film entre romance et policier qui ne vous laissera pas sur une impression de déjà-vu puisque qu’il n’appartient ni aux standards des films policier américains ni aux films psychologiques français. R.V.

Le Développement (im)personnel (Julia de Funès)

note: 1Style pompeux et omissions importantes Amina - 28 novembre 2022

Je n’ai pas aimé :
- le style. Pour un livre censé descendre le DP, le moins qu’on puisse attendre est qu’il soit accessible. On est en droit de se demander si les gens qui ont compris tout le livre lisent du DP? Je ne pense pas qu’elle ait voulu créer un entre soi pompeux avec complexe de supériorité en opposition à la plèbe adepte de la sous-lecture qu’elle critique, mais presque. Ca confirme en tout cas que le DP soit plus « facile », et la philosophie réservée à une élite
-l’absence de nuance. La philosophie serait donc le seul moyen de se connaître? Venant d’une philosophe, ça me parait plutôt orienté
-la caricature grossière des coach. Un coach sportif a fait des études et a un diplôme. Il aurait été + utile de s’attarder sur la figure du gourou, plus dangereux car ne propose rien en suivi individuel et est suivi massivement (coucou Tony Robbins)
-l’absence de mention du DP business, sa dangerosité liée à l’impossibilité de l’appliquer pour tous. Elle aurait pu mettre en lumière la productivité toxique capitaliste et la course aux richesses.
-enfin, l’absence de mention de la loi d’attraction, thème aussi important en DP que mensonger
Elle passe à côté d’une grosse partie de ce qu’on pourrait critiquer en DP, pour étaler des traités philo qui ne serviront à personne, dans un style que les gens concernés ne comprendront pas

Allons enfants (Thierry Demaizière)

note: 4Le jour du hip-hop est arrivé Les bibliothécaires - 12 novembre 2022

Allons Enfants met en lumière une expérience unique en France : utiliser la danse hip hop pour attirer des élèves décrocheurs et les ramener vers la réussite scolaire. Et ça marche ! Le lycée parisien Turgot accueille au sein de cette section d’excellence, des élèves issus de quartiers défavorisés pour suivre ce cursus.
La caméra suit ces jeunes au plus près des corps et de l’émotion pour retranscrire cette fougue, cette énergie portée par le « crew ». En effet, cette expérience hip-hop mêle l’individuel et par conséquent le dépassement de soi au service du collectif en prônant le respect de l’adversaire. La valeur d’un danseur se juge fraternellement au cœur de l’arène.
Les réalisateurs Thierry Demaizière et Alban Teurlai choisissent de mettre en avant plusieurs témoignages de jeunes danseurs, des gamins avec des fêlures, des histoires familiales, des gamins qui ont la « déter » de prendre une revanche sociale sur la vie. Un parti pris émotionnel qui laisse de côté certains aspects de cette expérience de mixité sociale revendiquée. Ainsi, on ne voit jamais ce groupe de danseurs interagir avec d’autres élèves du lycée.
Pourtant, ce documentaire, politique dans ses intentions, montre une jeunesse passionnante, passionnée et multiculturelle. CG

Boogie nights (Paul Thomas Anderson)

note: 4Pour quelques centimètres de trop... Les bibliothécaires - 5 novembre 2022

Paul Thomas Anderson réalisait en 1998 son deuxième film avec Boogie nights, le film traite d’un sujet peu banal, le cinéma pornographique à la fin des années 70 aux Etats-Unis.
Eddie Adams incarné par Mark Walhlberg est un jeune homme de 17 ans un peu paumé vivant entre un père mutique et une mère hystérique. Dans ce climat, il se réfugie dans son travail de plongeur dans une boite de nuit de Los Angeles. C’est là qu’il est repéré par Jack Horner alias Burt Reynolds, un réalisateur célèbre de films pour adulte. Très vite, Eddie devient « Dirk Diggler » LA star internationale du porno. Outre la reconnaissance, ce milieu lui offre véritable famille et la relation entre Eddie et Jack s’apparente à celle d’un père et d’un fils.
Tous les personnages de Paul Thomas Anderson sont dépeints de façon touchante, tous ont une part d’ombre en eux, ce qui fait que le film par certains moments flirte avec le mélodrame. Le film est un hommage à la fin d’une époque culte, celle du disco, on ressent toute la nostalgie du réalisateur quand le film s’attarde sur les changements majeurs que s’apprête à vivre le cinéma porno : le passage à la vidéo fait entrer cet artisanat dans une ère plus industrielle. Dès lors, le film devient plus sombre ; la chute d’Eddie s’amorce avec son addiction pour la drogue. Paul Thomas Anderson réussit à nous séduire avec cette narration ambitieuse qui est un véritable hommage à une époque libre et sans tabou et à un cinéma de série B méconnu. Son dernier film Licorice Pizza vient d’ailleurs compléter l’exploration nostalgique de la fin des années 70 juste avant la décennie du désenchantement.
R.V.

Reine de coeur (Akira Mizubayashi)

note: 5Un coup de coeur Marion - 27 octobre 2022

Akira Mizubayashi approfondit ici son exploration des sujets d'Ame brisé. Le trauma de la guerre, la consolation qu'apporte la musique et les liens entre générations sont finement sondés. La langue est ciselée, élégante... Un vrai bonheur de lecture!

Freakout/release (Hot Chip)

note: 5Mélancolie euphorique Les bibliothécaires - 1 octobre 2022

Avec ce huitième album studio produit par Soulwax, les Anglais nous offre un passeport pour la danse et la joie contrairement à ce que pouvait laisser présager leur premier titre Down (« déprimé »). Les anglais retrouvent leur recette imparable : un mix entre rythmn’s blues, soul et house pop à paillettes ! Avec sa voix singulière de falsetto, le chanteur Alexis Taylor donne également dans le mélancolique sur certains titres comme « Not alone » ou « Time ».
Encore une fois, Hot Chip réussit le pont entre pop et dancefloor avec élégance et brio ! C.G.

Eugénie Grandet (Marc Dugain)

note: 5L'Avare Les bibliothécaires - 10 septembre 2022

Après la fougueuse adaptation des "Illusions Perdues" par Xavier Giannolli, c’est au tour d’"Eugénie Grandet" de se voir adapter au cinéma par Marc Dugain.
Sous la Restauration, Félix Grandet, marchand opportuniste et avare obsessionnel, dissimule sa large fortune à sa fille et à son épouse qu’il maintient dans une existence morne et sans distraction. L’arrivée soudaine du cousin joli cœur provoque le trouble chez Eugénie et déstabilise de fait l’ordre établi par ce père tyrannique.

Marc Dugain prend des libertés avec le texte original, centre son récit sur la volonté d’émancipation d’Eugénie, offrant ainsi une résonance très contemporaine à ce personnage de la littérature française. C’est aussi le portrait d’une jeune femme sincère fidèle à ses principes face à un monde corrompu par l’argent. C.G.

Maigret (Patrice Leconte)

note: 5Maigret ou l’enquête des non-dits Les bibliothécaires - 6 septembre 2022

Coréalisé par Patrice Lecomte et de Jérôme Tonnerre, Maigret est une libre adaptation cinématographique du roman Maigret et la jeune morte de l’auteur belge Georges Simenon. Gérard Depardieu y incarne le célèbre commissaire 30 ans après la dernière adaptation cinéma. Ce retour à l’écran du célèbre commissaire représentant d’une police d’un autre âge où l’investigation se base sur le flair et non pas sur la technologie est la volonté de Patrice Lecomte, grand fan de l’œuvre de Simenon.
L’intrigue se déroule dans le Paris des années 50 où le corps d’une jeune fille est retrouvé poignardé dans un parc. Maigret âgé, malade et à bout de souffle est personnellement touché par cette affaire puisqu’il y voit un parallèle avec sa propre fille disparue. L’enquête est donc un prétexte pour comprendre comment fonctionne le raisonnement du commissaire, et lui redonner goût à la vie en résolvant ce mystère devenu très personnel. Pour succéder à Jean Gabin, qui de mieux que Depardieu, lui aussi grand admirateur de l’œuvre de Simenon.
La force du film provient également de son économie narrative ; détails et indices subtilement distillés par-ci par-là. Tout est dans le non-dit, qui est finalement beaucoup plus percutant dans la narration. Ne passez pas à côté du bonus « Enquête sur Maigret » de 32 min, une petite pépite qui vous éclairera sur l’œuvre de Simenon et sur la réalisation de ce long métrage. Ce policier vous donnera envie de redécouvrir l’œuvre de Simenon disponible sur nos rayonnages ! RV

Sur la bouche (Rebecca Benhamou)

note: 4Cinquante nuances de rouge Les bibliothécaires - 2 septembre 2022

Avant la crise Covid, il s’en vendait environ dix chaque seconde en Europe. Un petit cylindre métallique dont le contenu se décline en mille teintes, aux noms inspirés de gourmandises, de fruits, d’émois et de fleurs. Le bâton de rouge à lèvres, instrument associé à la féminité par excellence, se voit retracer son histoire par Rebecca Benhamou qui nous fait voyager de la fin du XIXème siècle à nos jours.

Pudique et féminin à ses débuts, émancipateur lorsque les suffragettes se l’approprient, le rouge à lèvres se parera des lumières des « années folles » avant de se couvrir de vernis patriotique pendant la Seconde Guerre mondiale. Tour à tour émancipateur puis conformiste, parfois jusqu’à l’aliénation, il redeviendra à nouveau expérimental et subversif lorsque les hippies et les punks s’en joueront pour mieux défier les normes sociétales.

Un court essai captivant qui va au-delà de l’histoire des cosmétiques, et montre que le simple geste de se farder les lèvres n’a rien d’anodin. Ambigu et riche d’une multiplicité de sens, il est au contraire tributaire de l’évolution des mœurs occidentales et témoigne de la place des femmes dans l’espace public, qui va de pair avec la maîtrise de leur image.

En donnant la parole à des témoins de leur temps, de Zola à Madonna et David Bowie, en passant par Colette, Nikki de Saint-Phalle, Louise Brooks et Marilyn Monroe, Rebecca Benhamou réussit à brosser le portrait de tout un siècle et souligne la dimension à la fois symbolique et politique d’un objet à l’apparence anodine. Elle met ainsi en évidence la puissance de toute une industrie longtemps associée à la frivolité.
Vv

Vers les étoiles (Mary Robinette Kowal)

note: 5Vers les étoiles Abraham - 16 août 2022

Excellent, passionnant... à lire !
L'histoire des débuts à marche forcée de la conquête spatiale réécrite à l'aube d'un cataclysme écologique avec la mise en exergue du combat des femmes en réponse à la discriminations de celles-ci et des "noirs" dans la société des années 50.

Haute couture (Sylvie Ohayon)

note: 3Cousu de fil blanc... Les bibliothécaires - 2 juillet 2022

Haute couture est un film de 2021 réalisé par Sylvie Ohayon. Nathalie Baye (Esther), première d’atelier chez Dior et proche de la retraite rencontre par simultanéité d’évènements, une jeune banlieusarde interprétée par Lyna Khoudri (Jade). Esther, femme seule ne vivant que pour son métier, n’a presque plus de contacts avec sa fille. Un jour, en allant travailler, Esther se fait voler son sac par Jade. Cette dernière ayant des remords, le lui rapporte. Esther voit alors le potentiel de la jeune femme en observant la finesse de ses mains et lui propose de faire un stage dans la maison Dior.
Pour son deuxième film, Sylvie Ohayon est dans le déjà-vu, ne révolutionne pas le genre, mais place le focus sur l’ouvrage de ces femmes, ouvrant grand les portes du monde de la haute couture. Sa caméra arpente les couloirs de l’atelier de prestige faisant le portrait de ces petites mains souvent oubliées, minutieuses et aux compétences bien spécifiques. Une ode au beau geste et à l’excellence.
Parfois la distance de la caméra, regrettable et frustrante, perd la magie de cet univers. Le film s’appuie surtout sur un casting de haut vol, Nathalie Baye donne le change à Clotilde Coureau. Le film évoque aussi la notion de l’émancipation de la femme par le biais d’un métier d’art et d’exception. Un film dans la lignée d’Yves Saint Laurent mais sans jamais atteindre son niveau. R.V.

Nightmare Alley (Guillermo Del Toro)

note: 4Le chemin de la perdition Les bibliothécaires - 2 juillet 2022

Nightmare Alley est un film de Guillermo Del Toro sorti en 2021. Ce thriller se déroule dans les années 40. Il s’agit de l’adaptation du roman : le charlatan de William Lindsay Gresham. Après La forme de l’eau, Guillermo Del Toro nous emmène dans une ambiance fantastique où se croisent des monstres de foire issus d’un cirque itinérant dans lequel le personnage Stanton Carlisle joué par Bradley Cooper, s’est engagé après avoir tout perdu. Très vite il se prend d’amitié pour une voyante dénommée Zeena et son mari Pete, une ancienne gloire du mentalisme. Stanton Carlisle comprend alors les rouages de leurs arnaques et décide d’utiliser ses nouveaux talents sur des personnes riches issues de la société new yorkaise de l’époque.
On a peur mais de façon insidieuse, puisque sorti de l’habituel bestiaire de Guillermo Del Toro, on plonge ici dans une atmosphère spirituelle où la part sombre de Carlisle le poussera jusqu’à sa propre destruction. Cette nouvelle version diffère de celle de 1947, film noir où le personnage principal trouve sa rédemption dans les bras de sa dulcinée Molly.
L’excellente interprétation de Cate Blanchett en fine psychologue surpasse le jeu d’acteur de son acolyte Bradley Cooper.
La force du réalisateur est de créer des décors magnifiques de fêtes foraines populaires de l’Amérique de la fin du 19ème siècle. Sa compétence passée issue du monde des effets visuels et son amour des détails, crée un film très psychologique qui nous fait réfléchir sur nous-même et parvient à nous faire douter de nos propres convictions. RV

Et le désert disparaîtra (Marie Pavlenko)

note: 3Un futur sans verdure Les bibliothécaires - 25 juin 2022

Ce roman de Marie Pavlenko présente le monde sous un autre angle. Un monde, couvert de déserts, qui pourrait bientôt devenir le nôtre.
Au cours de ce récit, nous suivons le parcours de la jeune Samaa. Elle vit dans une tribu qui « chasse » des arbres pour ensuite les vendre ou les échanger contre de la nourriture et des éléments dont ils ont besoin pour vivre, comme de l’oxygène. Sa tribu ne veut pas que les femmes partent à la recherche d’arbres dans le désert. Cette règle ne convient pas à la jeune fille qui décide de suivre les hommes. Seulement le désert lui réserve des surprises.

Ce livre engagé nous ouvre les yeux sur l’importance de la nature et des conséquences permanentes que nous avons sur l’environnement. On y observe également le développement du personnage de Samaa un jeune fille courageuse qui se bat pour ce qu’elle veut, ce qui fait d'elle une vrai figure féministe. Le rythme du livre est parfois lent et très descriptif cependant cela n’est pas forcément négatif et montre également les épreuves auxquelles elle doit faire face .
Un roman passionnant qui se lit doucement et qui nous fait réfléchir.
J.Z.L.C

A pink story (Kate Charlesworth)

note: 5Une fresque captivante Les bibliothécaires - 8 juin 2022

Artiste et illustratrice britannique, Kate Charlesworth dévoile avec A Pink Story une autobiographie dessinée passionnante qu’elle met en parallèle avec la lutte pour les droits des personnes LGBTQI dans le monde anglo-saxon.
Féministe engagée et lesbienne assumée, Kate Charlesworth est née en 1950, une époque où la société britannique est encore hostile aux « invertis ». De la première occurrence à la radio du terme « homosexualité » aux lois de décriminalisation, en passant par les émeutes de Stonewall jusqu’à la légalisation du mariage entre personnes de même sexe, elle revient sur les étapes majeures de ce combat à la fois politique et sociétal et en décrit l’impact sur sa vie personnelle.

Les pages autobiographiques, dessinées dans un monochrome doux rehaussé de taches de couleur, alternent avec de très belles doubles pages foisonnantes d’informations et d’anecdotes cocasses consacrées à des personnalités ou des événements qui ont contribué à l’avancée de la cause, issus autant de la musique que de la littérature en passant par le cinéma, le théâtre, les sciences et les affaires de mœurs dont raffole la presse à scandale.

Affiches de films, couvertures de livres, photos, collages, paroles de chansons et parfois même extraits d’articles de presse ou reproduction de textes de loi, Kate Charlesworth multiplie les supports et brosse un portrait à la fois pop et engagé de la communauté queer de la seconde moitié du XXIème siècle, dont on découvre la culture, le mode de vie mais aussi les moments de gloire et de crise.
Témoin de l’évolution des mœurs et de la pensée occidentale, Kate Charlesworth réalise ainsi une fresque absolument captivante de l’histoire LGBTQI qui prend des allures d’encyclopédie par la densité et la richesse de son contenu.
Vv

Julie en 12 chapitres (Joachim Trier)

note: 5La pire personne au monde Les bibliothécaires - 1 juin 2022

Julie, figure féminine intemporelle, ça pourrait être vous, moi, elle….
Virevoltante, indécise, solaire, incohérente, désenchantée, Julie est coincée entre ses désirs et les attentes de la société. Alors elle navigue à vue, hésite, se trompe, que ce soit concernant ses envies professionnelles ou amoureuses. Le titre original du film « The worst person in the world », à savoir « la pire personne du monde » en français dans le texte…résume parfaitement ce que peut être Julie.
D’une grande simplicité en apparence, ce film demande une grande minutie d’écriture pour retranscrire ce réel et ces moments de vie naturels. Quelques scènes sont incroyablement poétiques ou renouvellent le genre de la comédie romantique. C.G.

La loi de Téhéran (Saeed Roustayi)

note: 5Poulet Farsi Les bibliothécaires - 1 juin 2022

La loi de Téhéran est le troisième film du jeune réalisateur iranien Saeed Roustayi, récompensé du Grand Prix et du Prix de la critique lors du dernier Festival international du film policier qui s’est déroulé à Reims en 2021. C’est un triller intense dans lequel on suit une équipe de la brigade des stups iranienne qui enquête sur le plus gros narcotrafiquant du pays surnommé Nasser Khakzad et interprété par le très bon Navid Mohammadzadeh. Dans ce pays où la possession de drogue par un narcotrafiquant en grande ou petite quantité est punissable d’une seule sanction, celle la peine de mort, les policiers se livrent à une traque massive et violente. Le but est d’asphyxier le trafic ainsi que ses consommateurs. Ainsi, la pression exercée sur les familles est telle que les langues finissent par se délier. La police de Téhéran use de tous les moyens pour obtenir renseignements et témoignages, si bien que rapidement, l'enquêteur interprété par Peymân Maâdi met la main sur sa proie. Dans ce jeu de cache-cache, les trafiquants sont eux aussi prêts à tout pour éviter de finir au bout d’une corde. Cette société, viscéralement corrompue, ne laisse aucune place à la morale ou l’éthique : même les enfants sont monnayables pour diminuer une peine. Le film est qualifié de polar social - mélange de thriller criminel et de critique sociale. Ce qui impressionne le plus c’est l’esthétique du film qui tient du réalisme documentaire. L’usage du champ contre-champ inverse peu à peu le sentiment que l’on éprouve pour chacun des personnages ; le dealeur retrouve un semblant de dignité alors que le policier finit par se rendre compte que tout ce en quoi il croit est faux.
L’Iran a trouvé un grand réalisateur de polar en la personne de Saeed Roustayi, dans la lignée des Abbas Kiarostami ou bien Asghar Farhadi. Du grand cinéma. R.V.