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Alexandre Tansman, né le à Łódź (Pologne) sous le patronyme Tancman et mort le à Paris, est un pianiste et compositeur franco-polonais.
Alexandre Tansman est né à Łódź le , dans une famille de la grande bourgeoisie juive, de Mosze Tansman (1868–1908) et Anna Gurwicz (1866–1935). Tansman est l'auteur d'une œuvre monumentale comportant plus de 300 opus, parmi lesquels une trentaine directement inspirés de la tradition juive.
Il commence le piano très jeune et, dès ses huit ans, se met à composer des miniatures sous l'inspiration de Chopin et Grieg. Après des études en numerus clausus au conservatoire de Łódź, avec Wojciech Gawroński (pl) notamment, où il étudie piano, harmonie et contrepoint (1902–1914), il part pour Varsovie, où il mène de front des études de droit, de philosophie et de musique (1915–1918), se perfectionnant en contrepoint, forme et composition avec Piotr Rytel (pl) (1884-1970). Tansman fait exécuter sa Sérénade symphonique à tout juste vingt ans. En 1919, il se présentant sous trois pseudonymes au concours de composition national et remporte les trois premiers prix,, avec Impression, Préludium en si majeur et Romance. Déçu de son accueil par les critiques, qui jugeaient son chromatisme et sa polytonalité caractéristiques trop audacieux et n'espérant aucune carrière dans son pays, il installe à Paris fin 1919 et il est joué tout au long des années 1920 et 1930.
Sa carrière musicale est le fruit d’une rencontre avec Maurice Ravel lors d'un dîner chez le décorateur Georges Mouveau, qui l’introduit dans les meilleurs salons — les « Rencontres du Lundi » de Roland-Manuel, chez Clémenceau et surtout chez les Godebski — auprès de son éditeur, Eschig, et le présente à nombre d’interprètes. Il fait rapidement partie de la vie musicale parisienne. Il se lie d’amitié avec les musiciens du groupe des Six dont Milhaud et fréquente Bartók, Gershwin, Honegger, Prokofiev, Roussel, Schönberg, Stravinsky, etc. Il fait partie de l’École de Paris, avec le Hongrois Tibor Harsányi, le Roumain Marcel Mihalovici, le Tchèque Bohuslav Martinů et le Russe Alexandre Tcherepnine. Il fait ses débuts en avril 1920 au piano, avec son Album polski et accompagne Margot Berson, violoniste juive polonaise.
« Tout ce que j'entendais comme musique était neuf pour moi. Le contact avec Debussy, Ravel, Stravinski m'a produit un choc prodigieux, tout en confirmant que mon langage, qui, intuitivement procédait des mêmes recherches, n'était pas celui d'un fumiste, mais une chose dans l'air. »
— Alexandre Tansman, Regards en arrière.
Tansman est l’un de ces créateurs polonais dont l’art est effectivement entré dans la composition de la vie artistique mondiale en « conquérant l'estime générale par ses œuvres symphoniques, sa musique de chambre, ses concertos de piano, ses ballets […] ». C’est Tansman qui, à côté de Szymanowski étant plus âgé de quinze ans de lui, était le premier créateur qui a lié la musique polonaise à un nouveau langage et à l’esthétique du XXe siècle. Tansman a dépassé de manière plus conséquente que Szymanowski la poétique du son du XIXe siècle et les modèles allemands.
En 1927 et 1928, il effectue un séjour aux États-Unis, où il crée son second Concerto pour piano, dédié à Charlie Chaplin, sous la baguette de Serge Koussevitzky à Boston, mais dirige également lui-même. Les commandes se multiplient, ainsi que les tournées américaines ou en Europe, avec Koussevitzky, Mitropoulos, Golschmann, Monteux, Mengelberg, Toscanini, Serafin, Stokowski.
Très cosmopolite et parlant sept langues, il entreprend un tour du monde en 1932-1933 et s'intéresse tant à l'Extrême-Orient (Huit poésies japonaises, 1919), à la musique balinaise, chinoise, qu'au Blues (Trois Préludes en forme de Blues) et au jazz (Sonatine transatlantique, 1930). Lors de cette tournée, passant par l'Inde, il rencontre Gandhi et au Japon se produit pour l'empereur. En 1937, veuf de sa première épouse Anna, il épouse Colette Cras, pianiste, fille du contre-amiral et compositeur Jean Cras (1908 –1953). Le 1er juin 1938, un décret signé par le président de la République française, Albert Lebrun, lui confère la nationalité française ; comme l'était devenu deux ans plus tôt Igor Stravinsky et comme le devient l'année suivante Bruno Walter.
Sa carrière est nettement divisée par la Seconde Guerre mondiale : en raison de l'antisémitisme, il est contraint avec sa famille, de se réfugier à Nice jusqu'en . Il parvient à s'exiler aux États-Unis grâce à un comité organisé par Chaplin, Toscanini, Koussevitzky, Stokowski, Mitropoulos et Golschmann. Dès son arrivée, il reçoit la « Elizabeth Sprague Coolidge Medal for Eminent Services to Chamber Music » pour sa 4e Sonate pour piano. Il y résidera jusqu’en . Durant ces presque cinq ans d’exil, il écrit plusieurs musiques de films, et surtout de nombreuses œuvres importantes, dont trois symphonies. Il multiplie les tournées, dirigeant et jouant dans les villes les plus importantes. Sa musique est très jouée et appréciée, jusqu'à paraître de nos jours dans une position surprenante :
De retour d'exil des États-Unis, il se fixe définitivement en France, tout en poursuivant une brillante carrière européenne. En France, le philosophe français Vladimir Jankélévitch est un admirateur et un ami fidèle de Tansman. En 1967, la S.A.C.E.M lui décerne le prix Hector Berlioz. Vers la fin des années 1970, il est de moins en moins joué en France, en raison peut-être de son langage musical, certes moderne et savant, mais aussi luxuriant, à une époque où apparaît le minimalisme et taxé à tort de néoclassicisme. En 1977, il est élu membre de la classe des Beaux-Arts de l’Académie Royale de Belgique, en remplacement de Dmitri Chostakovitch. La France le nomme Commandeur des Arts et des lettres en 1986 ; en Pologne, il reçoit la médaille du Mérite de la Culture et il est nommé post mortem, « Docteur honoris causa de l’Académie Musicale de Łódź ».
L'héritage artistique de Tansman comporte plus de 300 œuvres pour les formations instrumentales et vocales les plus diverses, parmi lesquelles 7 opéras, 11 ballets, 6 oratorios, 80 partitions orchestrales (dont 9 Symphonies), de nombreuses œuvres de musique de chambre, 8 Quatuors à cordes, 8 Concerti pour tous les instruments, une centaine de pages pour le piano, de nombreuses musiques de scène et de la musique de film, beaucoup d’œuvres à l'intention des enfants.
« On ne peut pas effacer de sa vie les années d’enfance et de jeunesse, les traditions culturelles, la mémoire du milieu dans lequel on a grandi », déclare Alexandre Tansman dans l’interview qu’il a accordé à Janusz Cegiella. Il le termine par les mots suivants : « Volens nolens, ma musique est-elle connue en Pologne ou non, j’appartiens à la culture polonaise ». Je pourrais, à vrai dire, terminer ici et, me basant sur cette citation constater que l’œuvre créatrice de Tansman n’appartient qu’aux Polonais. Il a cependant déclaré dans la phrase suivante : « Je suis citoyen français et je suis redevable à la France de mon évolution créatrice, de ma vie intime ainsi que de ma réputation internationale ».
On le redécouvre depuis peu, notamment grâce à l'abondante discographie de son œuvre.
Depuis 1996, dans sa ville natale de Łódź, l'Association pour la Promotion de la Culture (sous la direction artistique de Andrzej Wendland) organise tous les deux ans un prestigieux concours international de musique et un festival portant son nom.
Alexandre Tansman est inhumé au cimetière Sud de Saint-Mandé (division 18), à Paris.
Alexandre Tansman « rencontre une large audience dans ses deux patries d'adoption ». Son vaste catalogue comprend plusieurs centaines de partitions, dont « un grand nombre de qualité ». Il aborde presque tous les genres musicaux, où il reste associé cependant au piano et l'orchestre : neuf symphonies, avec celle pour orchestre de chambre (de 1917-1960), vingt-et-un concertos, sept opéras, un oratorio, trois cantates, onze ballets, huit quatuors à cordes (1917 à 1957), de la musique de chambre pour une variété d'instruments, ainsi que de la musique de film.
Tansman a des références diverses propres à son époque et son style fait voisiner tonalité, atonalisme et polytonalité. Avant de trouver un style très personnel, rapidement, il est dans les années 1920, influencé par le coloriste Ravel et l'esthétique néoclassique de Stravinsky, dont il partage « la rigueur, le dépouillement et l'éclectisme » et également par Darius Milhaud lorsqu'il fait référence à divers folklores ou à l'influence du jazz. Ses origines hébraïques et polonaises ont aussi trouvé une large place, par la musique instrumentale (Rhapsodie hébraïque, 1938) ou vocale (Isaïe le prophète, 1950) et les hommages à Chopin, à la polonaise (1924) ou par ses mazurka (1918-1932). Dès ses années de formation, il ressent un attrait pour l'Orient (Mélodies japonaises). Tansman cultivait l'éclectisme et aimait reprendre le bon mot de Ravel : « un compositeur qui résiste aux influences devrait changer de profession ».
« À la lecture des partitions de Tansman, on reste confondu par un incroyable potentiel d'écriture qu'il sut utiliser à merveille, surtout grâce à une grande logique de la forme, avec une recherche d'une simplicité et d'une limpidité extrêmes du discours tout en utilisant les dernières conquêtes de l'harmonie. »
— Erik Kocevar.
La réputation de l'œuvre pour piano de Tansman s'est fondée sur les « charmants recueils Pour les enfants » (1934, en quatre albums) au détriment de « ses trois sonates et admirables Préludes […] ». Son œuvre pour piano est d'un tout autre poids que ces seules enfantines et marquée par le temps long de sa carrière : « Il y a, dans les années vingt, un aventurier de l'harmonie, qui taille avec d'autres son sentier dans la forêt vierge polytonale et débusque toutes sortes d'accords barbares, de complexes agrégats que les critiques de l'époque ont vite appelés « tansmaniens » […]. Il y a ensuite l'amoureux du jazz, un musicien bien de son temps, qui s'est grisé de syncopes, de rythme déhanchés, d'accents déplacés, d'ostinatos frénétiques, d'harmonie « bleues » […]. Il y a un Tansman polonais tels […] ses recueils de Mazurkas [qui] représentent avec [celles] de Szymanowski le seul véritable écho de Chopin dans notre siècle […]. Enfin il y a le musicien grave, et parfois même austère, de la Quatrième Sonate, des trois Ballades — surtout des Intermezzi, sans doute le sommet de son œuvre pour piano. […] Quiconque reçoit ce message fraternel, mêlé d'angoisse et d'espérance, n'en peut être que bouleversé ».
La musique de chambre de Tansman montre dans ses premières œuvres une influence double de Ravel et Stravinsky, tant par le matériel thématique que la variété rythmique, un sentiment commun à l'époque, plus qu'une influence directe. La tendance est aussi nationaliste dans quelques inflexions mélodiques par l'emploi du chant traditionnel polonais et caractérisée également par l'« atmosphère de rêverie qui rappelle ses origines Juives ». Ensuite émerge « une personnalité audacieuse et vigoureuse avec un sens inné du lyrisme et de la romance [… le premier terme étant une des] caractéristiques saillantes ». Son huitième Quatuor à cordes (1956) est l'un des plus caractéristiques de son style : « Sa polyphonie offre une grande variété sous une écriture très fouillée ».
Dans l’immense production de Tansman, la musique vocale ou chorale n'occupe qu'une part réduite du corpus.
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Source : Article Alexandre Tansman de WikipédiaContributeurs : voir la liste
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