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Dogman (Matteo Garrone)

note: 5Chienne de vie Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Dogman est un film du réalisateur italien Matteo Garrone déjà connu pour son œuvre Gamorra sorti en 2008 et portant sur la mafia napolitaine.
Ici, il s’inspire d’un fait divers réel de la fin des années 1980, qui choqua toute l’Italie. Le scénario se déroule dans une station balnéaire de Campanie en déshérence. On suit Marcello, interprété par le formidable Marcello Fonte (Prix d’interprétation à Cannes), un toiletteur pour chien apprécié et aimé de tous. Marcello se retrouve malgré lui entraîné dans une spirale criminelle lorsque réapparait son ami Simoncino, un ancien boxer accro à la cocaïne. Celui-ci est obligé de commettre des cambriolages pour financer son addiction et contraint très vite Marcello à prendre part à ses exactions. Marcello se retrouve alors isolé de sa famille, détesté de tous, et n’a d’autre choix que d’assumer ses forfaits. Trahi, il doit tout recommencer à zéro, mais compte bien cette fois se venger.
Dogman pourrait être assimilé à un film de vengeance, mais cette finalité tant attendue par le spectateur, ne sera qu’un échec pour Marcello car celui-ci se retrouvera encore plus seul, vidé de toute humanité, montrant l’échec de la gentillesse face à la violence. Le but inavoué du réalisateur est la dénonciation de la violence qui sévit de façon récurrente en Italie et la passivité des gouvernants qui ont abandonné cette population. La parabole du début du film dans laquelle le chien violent devient gentil suite aux soins prodigués par Marcello ne s’applique pas à l’homme, Dogman résonne surtout comme le constat d’une violence qui pousse l'humain à ce qu'il est le plus souvent, une bête. Le film n’est pas sans rappeler les comédies satiriques des grands cinéastes italiens des années 60 tel que Comencini ou De Risi, où l’on cherchait à montrer l’envers du miracle économique. Un film haletant, à découvrir. R.V.