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Les Amazones (Adrienne Mayor)

note: 4À la rencontre des Amazones Les bibliothécaires - 15 janvier 2019

Adrienne Mayor nous entraîne sur les traces des Amazones, ces guerrières fantasmées qui ont fait couler beaucoup d’encre (et de sang) et qui ont peuplé l’imaginaire de l’Antiquité occidentale. Dans les mythes des Grecs et des Romains, elles sont de redoutables combattantes, forcément belles et braves, à l’égal des plus grands héros grecs et des plus valeureux généraux romains. Mais c’est leur caractère mortifère et castrateur qui a fait leur renommée et les a définies comme les dignes adversaires de héros civilisateurs qui en triompheront toujours systématiquement (ou presque…).

En s’appuyant sur de récentes découvertes archéologiques et génétiques ainsi que sur l’analyse de différents artefacts antiques, Adrienne Mayor rectifie le tir et met à jour la réalité historique des Amazones. Elle nous montre qu’il n’y eut jamais de femmes mutilant leurs enfants mâles ni se coupant un sein pour mieux guerroyer. Il y eut en revanche des femmes combattantes, issues de peuples nomades (et mixtes !) qui auraient été les premiers à domestiquer les chevaux et qui parcoururent les environs de la Mer Noire et les steppes eurasiennes jusqu’en Inde et en Chine. L’historienne nous révèle ainsi ce qu’on sait de ces « Amazones » réelles et de leur mode de vie. Elles combattaient en effet à l’égal des hommes et on ne les identifia que récemment comme figurant parmi les guerriers dont on a retrouvé les tombeaux tout au long du XXème siècle dans les régions de la Mer Noire et de la Mer Caspienne, guerriers qu’on a longtemps crus être uniquement des hommes.

Mais loin de nous limiter au monde européen, l’historienne nous conduira aussi en Perse, en Arabie, en Lybie puis en Asie centrale et en Chine, à la découverte de civilisations qui avaient leurs propres histoires de femmes guerrières. Ces combattantes semblaient parfois ne pas faire figure d’exception mais constituaient bien la norme au sein de peuples dont le principal mode de vie était sans cesse soumis à la mobilité et l’indépendance. Et c’est peut-être ce qui, chez les Amazones, a autant fasciné et dérangé les Grecs : leur redoutable indépendance qu’ils voyaient refléter dans le rejet de la féminité classique, telle qu’elle était conçue par la société gréco-romaine.
Vv