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Dernier train pour Busan (Sang-ho Yeon)

note: 4Zombies express Les bibliothécaires - 1 juin 2022

Dernier train pour Busan est un film d’horreur du réalisateur coréen Sang-ho Yeon. L’histoire est simple : un virus se répand et transforme son hôte en zombie. La narration se concentre sur un petit groupe de personnes prenant le train TCX, l’équivalent de notre TGV : un père et sa fille, un couple dont la femme est enceinte, un dirigeant d’entreprise, des lycéens. Mais le voyage ne sera pas de tout repos, puisque les passagers vont devoir se livrer à une lutte sans merci contre les nouveaux infectés. Certains de ces personnages, archétypes de la société coréenne, symbolisent la déshumanisation et l’individualisme mercantile qui règnent en maître. Ce film est donc une critique sociale, de par sa forme et par son sujet. Seok-woo par exemple, le père de la petite fille, arriviste et nombriliste, finira par changer sa façon d’être ce qui le conduit à une forme de rédemption et de réhumanisation. Cette pointe d’espoir au sein de ce monde apocalyptique, apparaît comme cynique de la part du réalisateur.
Le film parvient à renouveler le genre, grâce à des images dont la force iconographique se rapproche véritablement de la bande dessinée. Sang-ho Yeon, dont les compétences initiales sont issues de la réalisation de films d’animation, offre ici un scénario de la même veine d’un Snowpiercer, adaptation cinématographique de la bd le Transperceneige. Pour autant, les codes du genre sont ici bien ancrés dans le sillage d’un George Romero, ou hérités de films plus récents comme World War Z dans lequel les zombies se déplacent vite, en meute, telle une véritable vague destructrice.
Pour un voyage sans retour : à rapprocher du film Seoul station (sorti également en 2016), puis de Peninsula, à regarder comme sa suite (sorti en 2020). R. V.

Motomami (Rosalia)

note: 4Hola chica ! Que dices ? Les bibliothécaires - 1 juin 2022

Chevauchant une grosse cylindrée, la catalane Rosalia revient avec un nouvel album flamboyant dans lequel se télescopent flamenco, musiques latines, raggaeton, rap. Elle se joue de toutes ces influences, brouille les pistes pour accoucher d’un projet très singulier. Personnalité atypique, visuels et clips très soignés, revendiquée féministe, Rosalia invente définitivement son rythme. C.G.

Chala une enfance cubaine (Ernesto Daranas)

note: 4Une enfance à la Havane Les bibliothécaires - 31 mai 2022

Sorti en 2015, "Chala" a été un phénomène de société à Cuba. Loin des images d'Epinal qui font rêver les touristes, ce film présente un autre portrait de la Havane. Sans censure, le réalisateur Ernesto Daranas donne un coup de projecteur peu commun sur la vie des laissés-pour-comptes de la capitale sale et délabrée.
Chala est un enfant des rues, délaissé par une mère toxicomane, à la scolarité difficile et qui pour survivre trempe dans les combats de chien. En raison de ces activités, on veut le renvoyer de l'école. Seule son institutrice, figure maternelle aimante, croit en lui et se bat pour que Chala ne soit pas envoyé en maison de redressement.
Dans cette œuvre, il n’est pas seulement question de la marginalité de Chala, Daranas fait aussi découvrir une réalité cubaine, celle des immigrés de l'intérieur, appelés Palestinos, avec le personnage de Yéni, la petite amoureuse de Chala. Originaires de l'est de l'île, ces cubains n'ont pas le droit de vivre à la Havane. ; ils sont donc clandestins dans leur propre pays.
Sans complaisance, Chala pose un regard lucide sur Cuba et sur la situation de ses habitants.
A voir avec des enfants, à partir de 12 ans. C.G.

It's a sin (Russell T. Davies)

note: 5La ! Les bibliothécaires - 18 mai 2022

Minisérie de 5 épisodes, It’s a sin embrasse une décennie de pandémie de Sida en Angleterre. Si ce postulat de départ semble peu joyeux, cette série s’avère par-dessus tout festive, chaleureuse, pleine d’humour.

Alors que la libération sexuelle des jeunes homosexuels est en marche dans le Londres des années 80, cette décennie coïncide également avec une période d’ultra conservatisme nimbée d’homophobie rampante. De l’émergence de la maladie sous forme de rumeurs et de désinformation jusqu’à son éclatement, nous assistons à la prise de conscience progressive de Richie et de sa bande de potes. L’un des atouts de cette série chorale, est l’attachement aux personnages, drôles et exubérants à la fois. L’énergie de groupe ne cache jamais la psychologie individuelle des protagonistes, sans oublier la pop New Wave de Pet Shop Boy ou Bronski Beat qui accompagne brillamment la série.

Sans pathos bien que lacrymale, la série est avant tout politique. Elle dénonce l’époque, le traitement des malades du VIH et met en avant l’énergie du collectif pour lutter contre l’intolérance, le sentiment de honte et le conservatisme. CG

Onoda, 10 000 nuits dans la jungle (Arthur Harari)

note: 5Seul au monde Les bibliothécaires - 18 mai 2022

Onoda est un film français du cinéaste Arthur Harari. Toutes les caractéristiques françaises du film ont été gommées puisque ce dernier est entièrement en japonais, ainsi que le casting. Il s’agit d’une fresque monumentale d’une durée de 2 heures 47 dans laquelle on suit un soldat japonais retranché durant 30 ans dans la jungle de l’île de Jubang aux Philippines, persuadé que la seconde guerre mondiale n’est pas terminée et que le Japon ne doit pas capituler. Le début de la narration débute en 1974, date à laquelle le soldat Onoda rend les armes. Le film retrace la vie de ce jeune soldat envoyé sur l’île à la fin de l’année 44 avec une unité spéciale, pour une mission de guérilla. Leur but est de ralentir l’avancée américaine et le débarquement à venir. Le lieutenant Onoda, initialement choisi pour accomplir une mission de pilote kamikaze, refuse, et pour expier sa faute, accepte cette mission jusqu’au-boutiste.

Un film sur la solitude, l’endoctrinement, et la perte de toute forme de rationalité. Harari, traite ce sujet à l’instar d’autres réalisateurs de grands films de guerre comme Apocalypse now, et montre une nature très hostile, qui met l’homme à l’écart de toute civilisation, le menant jusqu’à la folie. Un univers parallèle s’immisce alors dans la tête du soldat, pour qui le complot vient nécessairement du monde extérieur.

Onoda est une expérience, une complainte montrant la chute d’un homme conditionné par les dogmes et les ordres.

On y trouve cependant une note d’espoir.

À voir absolument. R.V.

Debout les femmes ! (François Ruffin)

note: 5Les Invisibles Les bibliothécaires - 18 mai 2022

Debout les femmes ! est un documentaire qui émeut profondément puisqu’il traite de la condition des femmes exerçants des métiers au lien social essentiel. En ces temps électoraux bouleversés, ce film fait du bien à l’âme. En effet, dans notre pays, certaines personnes se soucient encore des autres, et notamment de ces femmes maintenues dans des conditions de travail très difficiles dont le salaire ne permet pas de dépasser le seuil de pauvreté, et ceci même dans les hautes sphères de l’Etat. C’est pour cette raison que François Ruffin, député de la France Insoumise, ainsi que Bruno Bonnell, député de la République en Marche, ouvrent une mission, durant la pandémie de COVID 19, au sein de la commission des affaires économiques, à propos de ces métiers considérés comme essentiels. François Ruffin et le réalisateur Gilles Perret traversent la France et dressent la condition de ces métiers de l’entretien, de l’éducation, ou bien encore de l’aide à la personne. Défile alors un ensemble de portraits touchants, de femmes de tous âges et de toutes nationalités, passionnées par leurs métiers de service aux autres. Malgré leur forte implication, elles n’obtiennent en contrepartie aucune reconnaissance. Ce travail précaire, à la limite du servage, ne permet aucune stabilité de vie, en raison des amplitudes horaires et du type de contrat, renouvelable ou pas, n’octroyant ni prime ni bonification. Elles bouclent leurs fins de mois avec des salaires avoisinant les 800 euros. Il est grand temps d’écouter et de mettre en lumière ces femmes de l’invisible.

Un road movie du quotidien qui ne vous laissera vraiment pas indifférent. R.V

Something is killing the children n° 1
Archer's peak (James Tynion IV)

note: 4Âmes sensibles s’abstenir ! Les bibliothécaires - 6 mai 2022

Dans la petite bourgade d’Archer’s Peak, les enfants disparaissent les uns après les autres. Indifférents à ce phénomène qui inquiète de plus en plus les adultes, James et ses copains s’aventurent une nuit dans la forêt après un pari stupide. Le jeune collégien sera le seul survivant d’un massacre sanglant. Devenu le suspect numéro un de la police, il s’efforcera de répéter en vain que là-bas au fond des bois, invisible aux yeux des adultes, quelque chose s’en prend aux enfants… Jusqu’à ce qu’arrive Erica, traqueuse de monstres qualifiée et manifestement la seule adulte capable de voir les créatures sanguinaires qui guettent dans l’obscurité.

Un début saisissant pour cette série où le suspense flirte avec l’horreur : bien que destinée aux ados, elle fera aussi le bonheur des amateurs du genre et des adeptes d’un fantastique un peu sanguinolent.
Le trait trouble et les couleurs contrastées du dessinateur Werther Dell’Edera participent de l’atmosphère angoissante : la palette terne et triste du quotidien baigne la petite ville d’une lumière maussade et inquiétante, qui trouve son paroxysme dans la violence des scènes de nuit, marquantes par leur vivacité et leur aspect graphique. Âmes sensibles s’abstenir !

Contes ordinaires n° 1
Contes ordinaires d'une société résignée (Ersin Karabulut)

note: 5Une anticipation poétique et acerbe Les bibliothécaires - 6 mai 2022

À travers quinze historiettes à l’imaginaire sombre et cynique, le dessinateur et satiriste turc Ersin Karabulut nous dépeint le quotidien d’une société contemporaine dans ses travers les plus troublants. Relevées d’une touche fantastique et surnaturelle, ces chroniques sociales de quelques planches suffisent à susciter le malaise (voire l’horreur ?) par des métaphores inquiétantes où la noirceur poétique le dispute à une satire glaçante et acerbe.
Entre le vieillard qui ne meurt jamais et vampirise ses proches, le fœtus dont on prédit la future carrière professionnelle dès l’échographie, les éruptions cutanées qui communiquent avec leurs hôtes ou encore ceux qui se couperaient volontiers bras et autres organes par amour, Karabulut évoque avec poésie et humour (noir, certes) une société du renoncement, minée par les carcans sociaux et complètement apathique. Drôlement effrayant : à découvrir si vous n’êtes pas trop déprimé !
Vv

Demandez-leur la lune (Isabelle Pandazopoulos)

note: 4Ouvrir la voix Les bibliothécaires - 1 avril 2022

Refusés en seconde générale, quatre ados en échec scolaire croisent la route d’une prof de français atypique qui s’est mis en tête de les présenter à un concours d’éloquence.
Tour à tour, le lecteur suit le parcours de chaque protagoniste découvrant ainsi des histoires familiales complexes, des fêlures mais aussi des espoirs enfouis. Farouk est en attente de papiers pour pouvoir rester en France, Samantha doit gérer une mère bi-polaire, Lilou rase les murs depuis la disparition de son frère et la honte qui s'est abattue sur sa famille et Bastien doit renoncer à l'école sur les ordres de ses parents pour reprendre l'entreprise familiale. Tous ont un point commun : une parole refoulée. Agathe Fortin, leur professeur de français croit en eux comme personne et à son contact, la parole va se libérer, ils vont trouver les mots pour dire qui ils sont et dévoiler leur émotions.
Ce roman ado traite à la fois de la force des mots et … des silences. L’introduction du roman est extrêmement puissante et condense le propos de l’auteur. Le sujet du décrochage scolaire n’est pas si fréquemment abordé en littérature jeunesse. C.G.

Sampled soul (Charles Aznavour)

note: 5Quand Aznavour rencontre Dr Dre Les bibliothécaires - 1 avril 2022

Les artistes s’inspirent les uns des autres à travers l’utilisation de « sample ».
Kezako ?...me direz-vous.

Un sample est un échantillon musical prélevé sur une œuvre dont certains artistes s’emparent pour l’injecter dans leurs propres morceaux. L’art du sampling permet ainsi de faire un pont entre le hip-hop, le plus souvent, et les autres genres musicaux (jazz, soul, disco…). On peut ainsi découvrir des artistes oubliés ou des morceaux peu connus leur donnant ainsi une nouvelle vie.

Cette compilation présente donc des titres originaux samplés par des rappeurs ou musiciens électro ces derniers années…À vous de retrouver dans quels morceaux vous l’avez entendu. Heureusement, et pour éviter de se faire des nœuds au cerveau, la jacquette vous donnera la réponse ! C.G.

Made in Bangladesh (Rubaiyat Hossain)

note: 5Femmes de courage Les bibliothécaires - 1 avril 2022

Made in Bangladesh est un film de la cinéaste bangladaise Rubaiyat Hossain qui traite de la condition de travail des femmes dans son pays. Des femmes décident de défendre leurs droits, face à des conditions de travail de plus en plus dures, en créant un syndicat. La première difficulté rencontrée est celle du patriarcat puisque l’homme a tout pouvoir. Elles sont menacées par leur direction et leur mari, et doivent surmonter de nombreux obstacles administratifs. Rien ne les effraie cependant et leur lutte acharnée peint ici un magnifique tableau de solidarité féminine, dans ce contexte impitoyable de mondialisation, au sein de l’industrie textile. Humour et réalisme se lient pour une belle leçon d’humanisme. R.V.

Le musée des merveilles (Todd Haynes)

note: 4Deux enfants dans la ville. Les bibliothécaires - 2 mars 2022

En 1977, dans le Minnesota, Ben, un garçon de 12 ans qui vient de perdre sa mère est frappé de surdité après un accident. Ce coup du sort le décide à partir pour New York à la recherche d’un père qu’il n’a jamais connu, armé d’un seul indice.
Cinquante ans plus tôt, Rose âgée de 12 ans aussi, sourde de naissance, se passionne pour la carrière d'une mystérieuse actrice. Maltraitée par son père, Rose traverse l’Hudson pour rejoindre Manhattan afin de découvrir son idole sur scène.
Dès lors, une double quête à la symétrie fascinante transporte le spectateur dans les rues de New York. Un demi-siècle sépare ces deux enfants mais leurs destins pourraient se rejoindre…
Un film extrêmement léché d’un point de vue esthétique, et surtout, concernant la restitution des époques : l’utilisation d’un sublime noir et blanc retraçant les années 20 de la fillette, les couleurs vintage des 70’s, attribuées à la vie de Ben. Le traitement de la surdité pour chacun des protagonistes, est très habilement mené : le spectateur est invité à percevoir de l’intérieur, par le biais de bruits très étouffés, les trépidations du monde extérieur. En contrepoint, la bande son reste efficace, avec le Space Oddity de David Bowie, surexploité cependant comme bande son des années 70.
Malgré de belles trouvailles, le film peut pâtir d’une intrigue trop lisse et prévisible. Ce film reste néanmoins un beau moment de cinéma à partager en famille car il rend hommage à cette capacité d’émerveillement que portent en eux les enfants. C.G.

A partir de 9 ans.

Free Guy (Shawn Levy)

note: 4Le mec à la chemisette bleue Les bibliothécaires - 2 mars 2022

Avec Free Guy Ryan Reynolds reste dans son rôle d’anti-héros qu’il affectionne depuis qu’il est devenu Deadpool. Et ce n’est pas un hasard si l’on retrouve les mêmes réalisateurs que sur la franchise de Marvel. Pour réaliser cette comédie familiale 2.0, on a mis à la commande Shawn Levy le créateur de la drôlissime trilogie La nuit au musée avec Ben Stiller, mais il est loin de sa meilleure réalisation Real Steel mélangeant réalité et monde virtuel. Ici Ryan Reynolds joue un PNG (Personnage Non Joueur pour les non-initiés) nommé Guy, sympathique banquier à chemisette bleue évoluant au sein d’un jeu vidéo ultra violent, cousin éloigné de GTA. Le film reprend un concept déjà exploité (Matrix, Ready Player One, The Truman Show) sans atteindre le niveau de ces films, mais on passe un très bon moment. Guy devient le bug de la matrice du jeu, il aspire à plus et il prend conscience de la réalité de son monde jusqu’à le pousser à prendre les armes …
Parfois le film oscille vers la comédie romantique mais sans jamais tomber dans les clichés. Ryan Reynolds est génial dans son incarnation d’intelligence artificielle candide se moquant subtilement au passage de certaines grosses franchises telles que Star Wars ou Avengers. Une très bonne comédie moderne qui plaira certainement aux geeks… et au reste de l’humanité. R.V.

Blizzard (Marie Vingtras)

note: 5Tu nous entends le blizzard?.... Les bibliothécaires - 8 février 2022

Dans une ville perdue de l’Alaska, une tempête de neige fait rage. Bess commet l’erreur de sortir avec l’enfant. Une seconde d’inattention, elle lâche sa main, il disparait. Accablée, elle décide d’affronter seule le blizzard pour le retrouver. Benedict part à leur recherche dès qu'il se rend compte de leur absence et entraine Cole contre son gré. Seul Freeman, nouvellement arrivé, reste à l’écart de cette quête.
Au fil de courts chapitres, ces quatre voix se succèdent pour raconter leur parcours et finalement leur présence au milieu de cette Nature rude et hostile. Cette construction habile dévoile progressivement les parcours de chacun, les liens qui les unissent, faisant monter la tension. Introspection, souvenirs et fantômes alimentent les témoignages des protagonistes dans un tourbillon impétueux… la blancheur et la grandeur de l’Alaska comme révélateurs de la noirceur humaine.
Un huis clos intime, noir et captivant, à l’écriture ciselée et concise! C.G.

Proxima (Alice Winocour)

note: 4Interstellaire Les bibliothécaires - 19 janvier 2022

Proxima est le dernier film de la réalisatrice Alice Winocour.Elle retrace ici le parcours d’une astronaute interprétée par Eva Green, alias Sarah Loreau, qui parvient à réaliser son rêve : celui de rejoindre la station spatiale afin d’accomplir les futures missions sur Mars. Une œuvre intime profondément féministe dans laquelle se dresse le portrait d’une femme bouleversante de courage. Un portrait méritant qui sert également d’hommage à toutes les pionnières de l’espace présentes dans le film et retrace leur rêve commun atteint du bout des doigts. Une œuvre dénonciatrice du machisme pervertissant ce milieu au sein duquel, Eva Green, campe une femme forte , capable de tenir tête aux hommes les plus mysogines. Une véritable ode à la persévérance et à l’opiniâtreté féminines, qualités parfaitement illustrées par ce personnage complet d’aventurière avertie et de mère attentive. R.V.

Mon cousin (Jan Kounen)

note: 3Quelle est l’odeur du pop-corn dans un réacteur en flamme ? Les bibliothécaires - 12 janvier 2022

Mon cousin est une comédie réalisée par le cinéaste franco néerlandais Jan kounen. On ne s’attendait pas à ce que le réalisateur de Dobermann ou 99 francs se lance dans ce style si particulier. Cette comédie a tout sur le papier d’un Buddy movie propre aux comédies françaises de Francis Veber ou Gérard Oury, mais avec la griffe de Kounen. En réalité, Mon cousin est bien plus que ça ! Le réalisateur ne se contente pas de nous faire rire, il cherche à faire réfléchir le spectateur afin que celui-ci définisse qui est le véritable fou de l’histoire. Le film repose sur le tandem improbable de Vincent Lindon, patron d’une multinationale viticole absorbé par son travail et prêt à signer un très gros contrat, et François Damiens, son cousin émotionnellement fragile surnommé le pop-corn par sa psychologue en rapport à ses réactions épidermiques incontrôlables. Oui mais voilà, Pierre a besoin de la signature de son cousin pour finaliser cette juteuse affaire, et ce dernier ne l’entend pas de cette oreille et cherche à s’impliquer dans l’entreprise familiale. La patte du réalisateur se retrouve dans certaine scène onirique rappelant 99 francs, ou dans la scène du crash aérien digne d’un blockbuster américain. Mon cousin est une comédie d’un nouveau genre qui vous fera réfléchir sur le surmenage qui parfois nous conduit à la folie. A regarder sans attendre. R.V.

Une histoire à soi (Amandine Gay)

note: 5Construire son histoire Les bibliothécaires - 5 janvier 2022

Née sous X, Amandine Gay aborde avec ce documentaire un sujet qu’elle connaît intimement : l’adoption. Une histoire à soi est portée avec force par les témoignages en voix hors champ de cinq adultes originaires de Corée du Sud, du Rwanda, du Sri Lanka, du Brésil et d’Australie élevé·e·s dans des familles françaises. Habilement entrecroisés, leurs récits sont illustrés par leurs archives personnelles constituées de vidéos et de photos.
Cette superposition visuelle et sonore révèle une réappropriation de leur propre histoire, dans laquelle tous partagent une expérience commune : le besoin d’un retour sur la terre de leur origine.
Activiste, sociologue, afro-féministe, Amandine Gay propose une œuvre à la fois intime et politique qui interroge également sur la perpétuation de l’adoption à l’internationale. C.G.

Trois films de Antonio Pietrangeli (Antonio Pietrangeli)

note: 4Très courageuses italiennes Martine - 10 décembre 2021

Très beau coffret d’un grand réalisateur italien quelque peu tombé dans l’oubli, s’attachant à décrire la société italienne après guerre,celle du tout début des années 60 à travers des tableaux de femmes s’émancipant et confrontées à des hommes encore très ancrés dans des rapports hommes femmes traditionnels.

200 mètres (Ameen Nayfeh)

note: 5Si loin, si proche Les bibliothécaires - 8 décembre 2021

200 Mètres à vol d’oiseau, ça peut paraître rien.
200 mètres et un mur, voilà ce qui sépare Mustapha de sa femme Salwa et de ses trois enfants. Celui-ci vit en Cisjordanie, les autres membres de sa famille en Israël. Pour traverser ce mur et les rejoindre, Mustafa doit posséder un permis de travailler ou une carte d’identité israélienne mais il s’en défend, par conviction. Chacun tente de résister au quotidien avec toute l’énergie, la ruse et la tendresse nécessaires.
Un week-end, une fonctionnaire israélienne lui refuse le passage de la frontière sous prétexte de l’invalidité de son permis de travail. Pour contrer cet interdit et retrouver les siens, Mustapha décide de faire appel à un passeur. Au même moment, Salwa l’informe que son fils ainé est hospitalisé en Israël après avoir été renversé par une voiture. Dès lors s’ensuit une interminable et périlleuse virée pour passer cette frontière.

Issu du documentaire, Ameen Nayfet dont c’est le premier long métrage choisit de mettre en scène le vrai afin de toucher un public très large. A la fois road movie, drame social et thriller, le réalisateur offre un film coup de poing qui entraine le spectateur aux côtés de Mustapha, tendu vers le même objectif et qui nous laisse à bout de souffle.
Témoins de l’absurdité de la situation, comme nous le sommes d’un conflit, depuis de nombreuses années. La question de la circulation des personnes ou du passage des frontières rappelle les diktats d’une vie soumise à l’occupation, même si dans ce film la présence de l’armée israélienne reste anecdotique aux détours d’une ou deux scènes. En effet, il ne suggère plus qu'il ne souligne la violence d'Etat israélienne, montrée ici dans les détails, dans les tracasseries du quotidien, et dans les entraves à la liberté subies jour après jour par la population palestinienne.
Le film d'Ameen Nayfeh, Prix du Public au festival de Venise, apporte un éclairage à échelle humaine, sans discours politique prononcé, sur une situation de plus en plus difficile à comprendre, à l'image de ce mur infini, gris, omniprésent dans le film, qui empêche la vie de circuler tout simplement. C.G.

La grande fabrique à crottes (Nadja Belhadj)

note: 4Indispensable pour les enfants curieux et/ou les adultes qui aiment briller en soirée mondaine! Les bibliothécaires - 12 novembre 2021

Lecteur coprophobe passe ton chemin, car avec ce livre tu vas devenir incollable en excréments!
Que ce soit ceux des animaux, celui de nez, son utilisation parfois surprenante dans l’art, la médecine ou bien l’agriculture, tout ce qu’il faut savoir sur le caca y est présent et expliqué simplement.
Indispensable pour les enfants curieux et/ou les adultes qui aiment briller en soirée mondaine!
T.V.

Not your muse (Celeste)

note: 5Au firmament Les bibliothécaires - 6 novembre 2021

Biberonnée aux sons des plus grandes chanteuses de comme Aretha Franklin ou Billie Holiday, la jeune britannique Céleste s’apprête à faire parler d’elle. D’une puissance vocale indéniable, elle imprime son style soul-jazz sur de nombreux morceaux. Néanmoins, c’est lorsque Céleste les interprète en souplesse, retenue et nuances qu’elle apparait la plus intéressante. Elle devient alors magnétique. D’ailleurs, son album forme un tout assez hétéroclite alternant les titrés efficaces taillés pour la radio plutôt pop (Stop the Flame, Tonight) et des morceaux plus acoustiques et intimes (Ideal woman). Une belle découverte. C.G.

Les suppliciées du Rhône (Coline Gatel)

note: 3avis Soraya - 5 novembre 2021

Roman captivant

Pilu des bois (Mai K. Nguyen)

note: 4Leçon de sagesse Les bibliothécaires - 4 novembre 2021

Willow est une petite fille qui vit avec son père et sa grande sœur depuis le décès de sa maman. Embêtée à l’école, elle a beaucoup de mal à exprimer ses émotions et à mettre des mots sur sa situation. Suite à une dispute familiale, elle s’enfuit dans les bois proches de sa maison et trouve refuge dans la nature réconfortante où elle avait l’habitude de se promener avec sa mère. Sa rencontre avec une petite créature elfique va l’aider à retrouver son chemin et sa famille, et à faire la paix avec elle-même et ses émotions.
Un album qui aborde habilement la question du deuil : malgré la gravité du sujet, cette bande dessinée mêle habilement une candeur touchante à une leçon de sagesse qui parlera aussi bien aux enfants qu’aux adultes. Ses jolies couleurs en font une petite douceur à découvrir tout en rendant un bel hommage à la nature.
Vv

Promising young woman (Emerald Fennell)

note: 4La femme qui jouait avec le feu Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

Promising young woman est un film de la réalisatrice britannique Emerald Fennel déjà connue pour sa série The crown et Killing Eve (coscénariste). Ce premier long métrage s’inspire directement du mouvement # Me Too, véritable mise en garde contre les prédateurs de femmes soumis à l’emprise de l’alcool. Il s’agit d’une critique acerbe de la société américaine et de l’élite masculine blanche, de certaines de leurs exactions commises en toute impunité et tolérées par les responsables des établissements universitaires. Le film est un mélange des genres entre viol et vengeance, thriller psychanalytique, satire sociale et comédie romantique. Carey Mulligan y est charismatique, elle interprète ici son meilleur rôle depuis The Dig : elle campe le personnage de Cassie, trentenaire très ambiguë, belle et intelligente, vivant chez ses parents le jour, se faisant rusée et calculatrice la nuit. Accompagnée par des acteurs tels que Christopher Mintz-Plasse, Clancy Brown, ou le grand Alfred Molina ainsi que d’une bande son très pop, le personnage de Cassie prend un ancrage fort qui marquera longtemps nos esprits. R.V.

Tropico salvaje (Gallera Social Club (La))

note: 5Electropicale Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

La Gallera Social Club est un voyage chargé de folklore Vénézuélien, de psychédélisme et d'électro comme l’illustre parfaitement l’album : Trópico Salvaje. Concentré survitaminé de funk, de rock et d’électro, La Gallera Social Club honore ses racines afro-venezueliennes tout en brouillant les pistes avec ce son "folk'electronico",véritable pépite pétrie de groove et de folie douce. C.G

Anne with an 'E' saison 1 (Moira Walley-Beckett)

note: 5Un brin de fraicheur, une bouffée d'optimisme Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

Anna Shirley, une adolescente orpheline, maltraitée en orphelinat et par les différentes familles qui l’ont accueillie, arrive par erreur dans la famille Cuthbert, où vivent Marilla et son frère Matthew. En effet, ces derniers s’attendaient à recueillir un garçon afin de les soulager dans les travaux à la ferme. Extrêmement bavarde et exaltée, cette enfant va venir bouleverser leur quotidien…
Cette série est l’adaptation d’un classique de la littérature jeunesse américaine traduit en français sous le titre Anne et la maison aux pignons verts de Lucy Maud Montgomery.
Anne, bavarde invétérée détonne par son enthousiasme à toute épreuve. Riche d’un monde intérieur foisonnant, la jeune fille à l’imagination débordante se nourrit de littérature, voit de la beauté dans les choses les plus banales et s’émerveille des innombrables richesses de la Nature. La Nature tient d’ailleurs une place prépondérante dans cette série tournée au Canada sur l’île du Prince Edouard.
Ancrée dans le Canada de la fin du XIXeme siècle, les thématiques fortes développées au fil des épisodes surprennent : l’homosexualité, le poids des traditions, la question des classes sociales, le racisme… L’autrice impose clairement une réflexion sur son temps en questionnant la place des femmes dans une société où elles sont cantonnées à des rôles secondaires.
C’est aussi une histoire d’amour, une rencontre entre deux êtres cabossés et cette enfant lumineuse, une re-découverte de la magie de l’enfance. Mais surtout, la série interroge sur la place de l’imagination et sa force de résilience.
Anne avec un « E » fait partie de ces personnages qui accompagne longtemps le lecteur/spectateur. « Anne Shirley est l'enfant la plus attachante, émouvante et délicieuse depuis l'immortelle Alice. » (Mark Twain)

A partir de 10 ans. C.G.

Our pathetic age (Dj Shadow)

note: 5le Beat en guerre contre la modernité Les bibliothécaires - 5 octobre 2021

Dj Shadow revient avec un nouvel album Our pathetic age dans lequel il aborde la peur des nouvelles technologies. Cet opus se compose de deux parties. La première, très électronique notamment sur les titres Singblade ,Intersectionality, Weightless, laisse beaucoup de place à l’expérimentation instrumentale et aux drums sur le titre Beauty, Power, Motion, Life, Work, Chaos, Law. Le titre Firestorm dénote, grâce à cette touche douceur apportée par le piano. La deuxième partie, plus vocale, accueille des invités prestigieux: le Wu-Tang Clan, De la Soul, Run The Jewels, Pharoahe Monch, Wiki. Tous issus de la scène hip hop, ils viennent épauler DJ Shadow avec pour cheval de bataille la dénonciation de l’omniprésence des écrans dans nos vies conduisant à la déshumanisation des rapports sociaux. Un album à écouter sans attendre. R.V.

Petite fille (Sébastien Lifshitz)

note: 4La lutte du genre Les bibliothécaires - 1 septembre 2021

Depuis l'âge de 3 ans, Sasha ne se reconnait pas dans son corps de petit garçon assigné à la naissance : Sasha veut être une fille!

Sébastien Lifshitz, précédemment césarisé pour son documentaire Adolescentes, livre ici un film bouleversant de délicatesse et d'intelligence sur la question de la transidentité chez un enfant.

Petit bout de femme à la force intérieure incroyable, Sasha parle peu, mais nombre d'émotions communiquent par le regard entre elle et les membres de sa famille. Un clan soudé contre vents et marées, véritables boucliers contre les éléments extérieurs : les institutions, la société... La maman de Sasha incarne cet amour inconditionnel pour son enfant. Trés présente dans le film, on la voit en proie à diverses émotions : le doute ou la culpabilité, la pugnacité et la combativité.

Le film regorge de scènes du quotidien pleines de grâce et de poésie notamment lors des moments de jeux dans le jardin, véritable écrin protecteur dans lequel Sasha s'offre la liberté d'être elle-même.

A chacun de ses longs-métrages, Lifshitz filme ses personnages au plus près, avec beaucoup d'amour et d'empathie, mettant en récit des vies anonymes en lutte pour la construction de leur propre identité. C.G.
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Josep (Aurel)

note: 5Les crayons de la colère Les bibliothécaires - 1 septembre 2021

Josep est un film d’animation du dessinateur Aurel. Le film évoque la « Retirada », c’est-à-dire l’exil en France des républicains espagnols suite à la victoire de Franco en 1939. C’est un biopic autour du dessinateur caricaturiste Josep Bartoli engagé dans le parti communiste catalan. Aurel dont c’est le premier long métrage montre le sort des espagnols, ayant fui le franquisme, sur le sol français, tout en rendant hommage à Bartoli et ses dessins.

Sur le plan artistique, le film est une succession de récits avec différentes temporalités. Le montage n’aide pas toujours à bien suivre la narration car Aurel mélange ses propres dessins à ceux de Josep et par moments, le style graphique est plus proche de la bande-dessinée que du film d’animation.

Le film retrace un passé peu glorieux de la France vis-à-vis de son voisin espagnol. Afin de contrebalancer cette vision individualiste et raciste, le réalisateur s’appuie sur un personnage fictif prénommé Serge, un jeune gendarme discret, ami et protecteur de Josep.

Le film déroule la vie de Serge en commençant au crépuscule de sa vie lorsque celui-ci transmet ses souvenirs à son petit fils qui prend conscience de l’Homme que fut son grand père. Josep est un hommage aux personnes qui osent désobéir face aux horreurs et aux injustices. Très émouvant, ce long-métrage est porté par un magnifique dessin, une musique exceptionnelle signée Sílvia Pérez Cruz et un casting unique rassemblant les acteurs Sergi Lopez, François Morel ou encore Gérard Hernandez.

L’art devient un support pour le devoir de mémoire, doublé d’un bel hommage d’un dessinateur à un autre. R.V.

Mon premier livre de codage informatique animé ! (Kiki Prottsman)

note: 5Excellent livre Fatiha - 1 août 2021

Ma fille de 6 ans a adoré ! Dommage qu'il soit aussi court. A quand une suite ?

Je veux un super-pouvoir ! (Émilie Vast)

note: 5Un album pour faire découvrir aux plus-petits les capacités extraordinaires des animaux Les bibliothécaires - 27 juillet 2021

Voler ? Déjà pris ! Courir très vite ? Aussi ! Beaucoup d'animaux ont des super-pouvoirs, alors que reste-t-il à Lapin ? Ce lapin aimerait bien avoir un super-pouvoir mais lequel choisir ? Au fil du temps, on s’aperçoit que les super-pouvoirs sont déjà présents dans la nature, quelques animaux aux capacités exceptionnelles ! Et finalement, on réalise que ce petit lapin en a un. Il suffit de bien le chercher ! Un documentaire animalier avec une histoire amusante.

Nowhere girl (Magali Le Huche)

note: 5OB LA DI OB LA DA... Les bibliothécaires - 27 juillet 2021

Magali 11 ans, fan absolue des Beatles, entre en sixième bien déterminée à réussir cette première année au collège. Elève moyenne jusqu’à présent, elle a décidé de devenir une super bonne élève appréciée de ses profs !
Mais voilà, les semaines passent et Magali a de plus en de plus mal à quitter le cocon familial : une boule grandit inlassablement dans son ventre, son cartable s’alourdit de jour en jour. Elle lutte de toutes ses forces pour se rendre au collège, mais un jour, son corps lâche. Entourée de parents compréhensifs et bienveillants, elle consulte un psy, le verdict tombe : phobie scolaire.
Sur son chemin de l’acceptation et de la guérison, Les Beatles seront ses compagnons de route, sa bouée de secours. Telle Alice, elle grimpe sur son Yellow Submarine et s’enfonce vers ce monde psychédélique, foisonnant de couleurs, loin de ses peurs et angoisses existentielles.
Autrice d’albums jeunesse, Magali Le Huche s’embarque dans ce récit autobiographique pour traiter d’un sujet peu exploité en littérature jeunesse : la phobie scolaire. Elle aborde le sujet de façon délicate et sensible. C’est aussi le récit d’une entrée fragile dans l’adolescence avec ce refus de grandir, de voir son corps évoluer, la peur de ne pas trouver sa place.
Nowhere girl est un roman graphique pop, une lecture bienveillante qui donne envie de replonger dans la discographie des Beatles ! C.G.

Good boys (Gene Stupnitsky)

note: 4Very bad boys Les bibliothécaires - 24 juillet 2021

Good Boys est un film de Gene Stupnitsky sorti en 2019. Le film est une comédie sur la préadolescence, avec une certaine touche grivoise à l’instar de ses ainés, les films Supergrave ou Sausage party tous deux scénarisés par Evan Goldberg et Seth Rogen, deux bras droits de Judd Apatow, réalisateur de 40 ans toujours puceau.
Le film suit trois amis d’enfance de 12 ans, Max, Thor et Lucas, qui se préparent à participer à leur première soirée, où ils espèrent pouvoir embrasser des filles. C’est pour cette raison que les ados s’embarquent dans une série de choix plus délirants les uns que les autres. Par moments, le film se transforme en remake de Supergrave en réinterprétant certaines de ses scènes mythiques. La grande réussite du film est de concilier le politiquement incorrect du style de Judd Apatow à l’enfance, et ça marche terriblement bien. On ne tombe jamais dans le mauvais gout grâce à la distance qui s’établit entre ces enfants et la réalité du monde adulte. Une comédie hilarante qui pourra être vue par les grands ados et leurs parents. R. V.

Les oiseaux du temps (Amal El-Mohtar)

note: 5C'est ainsi que l'on perd la guerre du temps Les bibliothécaires - 3 juillet 2021

Dans un futur lointain, deux mystérieuses factions se livrent une guerre temporelle sans merci et envoient leurs agents défaire et refaire discrètement l’histoire dans tous les passés possibles.
Lassées de ce conflit sans fin, Rouge et Bleu, les meilleures combattantes de chacun des deux camps, s’engagent dans une correspondance interdite, d’abord pour provoquer l’adversaire, avant que ne s’installent un respect mutuel et une confiance fragile. Mais tout se complique quand l’amour finit par s’immiscer entre les lignes et qu’il faut à tout prix le préserver sur le champ de bataille…

Un drôle d’ovni que cette romance épistolaire de SF écrite à deux mains !
D’une poésie troublante et envoûtante, la correspondance de Rouge et Bleu s’inscrit dans un contexte nébuleux : des tenants et aboutissants de la guerre nous ne saurons rien, ou presque. Et cela importe peu car seule compte la beauté féroce et mélancolique de leurs échanges, des lettres éphémères dissimulées de façon improbable à travers l’espace et le temps.
Un magnifique roman sur l’altérité et l’humanité, aussi fascinant que déroutant par sa prose à la fois sensuelle et hermétique. Un vertige dont on ressort le cœur battant, tout en regrettant de ne pas pouvoir faire durer le voyage un peu plus longtemps...
Vv

Immensità (Andrea Laszlo de Simone)

note: 5Italo Cosmique ♥ Les bibliothécaires - 3 juillet 2021

Immensità …un album aussi court qu’intense et profond, à l’image de cette couverture cosmique. L’italien Andréa Lazslo de Simone nous transporte dans une univers intimiste porté par cette pop symphonique sensuelle et lyrique. La puissance des chœurs et des arrangement de cordes y est pour beaucoup, sans parler de cette langue... Immensità nous fait ouvrir les bras pour se lover comme un bon vieux slow des années 70. C.G

30 jours max (Tarek Boudali)

note: 3Le retour de trop de la Bande à Fifi Les bibliothécaires - 3 juillet 2021

Avec 30 Jours max, Tarek Boudali répond à la question : que ferais-tu s’il te restait 30 jours à vivre ? Et pour y répondre la bande à Philippe Lacheau s’est mise en quatre pour nous faire vivre cette comédie déjantée agrémentée de scènes d’action cocasses. Rayane alias Tarek Boudali est un jeune flic trouillard et maladroit, qui ne cesse de consterner son entourage et ses collègues, mais il finit par se surprendre lui-même quand il apprend qu’il ne lui reste que 30 jours à vivre. On retrouve les gags qui ont fait le succès de la Bande à Fifi, avec une vraie volonté de filiation avec les humoristes des années 90, des Inconnus au Splendid, en passant par l’humour Canal + propre à De Caunes et Garcia, auxquels les compères rendent hommage en les invitant en guests stars. Mais il est vrai que le scénario peine à trouver son rythme, trop de ralentis inutiles cassent la dynamique du film. Le manque d’imagination contraint les scénaristes à s’inspirer des classiques de la comédie française. Le film ne parvient pas à sortir de cet humour redondant, ce qui l’empêche de créer un deuxième ou troisième degré, comme on peut le trouver dans les comédies de Judd Apatow. 30 jours max permet de passer un bon moment en famille mais reste loin derrière certaines comédies françaises auxquelles le film rend hommage. R.V.

Street Fighting Cat n° 1
Street fighting cat (SP Nakatema)

note: 5Yaku-Chat Les bibliothécaires - 23 juin 2021

La nuit, quand les humains s'endorment, les chats s’approprient les rues et les toits. Poussés par leurs instincts ancestraux, les chefs de bandes défendent ou agrandissent leur territoire à coups de griffes et de crocs pour écarter les plus retors des chats de poubelle. »

Voici le pitch que nous propose Street Fighting Cat.
En creusant davantage on finit vite par faire le rapprochement avec l’univers de la pègre japonaise, les yakuzas qui s’affrontent pour étendre leur territoire).

Le tout est traité avec humour et décalage. Le dessin très cartoon, voir SD (super déformé), renforce cette impression. Qu’on aime ou pas cela permet à Street Fighting Cat d’avoir sa propre identité et de se démarquer de la concurrence que représente la myriade de mangas sur les chats qu’on peut trouver au Japon. T.V.

55 jours chez mon chat (Sébastien Mourrain)

note: 5Témoignage étonnant et drôle d'un chat et son maître pendant cette période bien particulière Les bibliothécaires - 8 juin 2021

Grand coup de cœur pour cet album sans texte. L’auteur et illustrateur nous convie chez lui avec son chat pendant l’étrange moment de vie qu’a été le premier confinement .
Le lecteur se retrouve alors dans le quotidien de l’auteur , son intérieur, ses habitudes, sa famille parfois ….et son CHAT. Il nous décrit avec beaucoup d’humour des scènes de vies où chaque jour est différent. On pourrait presque confondre le chat et le maitre. Est-il un chat ou mime-t-il son chat ? qui est qui ? Tout est étrange et drôle à la fois. Les croquis étant en noir et blanc, on peut parfois s’amuser à chercher le chat.
A lire et à relire car des petits moments de vie peuvent nous avoir échappés.

Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary (Rémi Chayé)

note: 5L'enfance d'une cheffe Les bibliothécaires - 2 juin 2021

Dans un convoi de pionniers en route vers l'Oregon, le père de Martha Jane se blesse. Bien qu'âgée de seulement 11 ans, elle devient alors responsable de la caravane familiale. Moquée par les garçons du convoi, elle fait le dur apprentissage de la vie sur la route : elle soigne les chevaux, apprend secrètement à monter et à manier le lasso. Progressivement, une envie farouche de s'émanciper grandit chez cette gamine laissant deviner la grande Calamity Jane qu'elle deviendra : elle se coupe les cheveux et adopte les vêtements des garçons. Ainsi, en brisant les codes de la féminité et en bouleversant la place traditionnelle de la femme au sein de la communauté, elle devient une menace. Accusée à tort de vol, elle fuit le campement.
Nous voilà partis, aux côtés de Martha Jane, sur les chemins du Far West, en quête de rencontres et d'aventures, prêts à en découdre pour réparer l'injustice ! Caractère bien trempée, tête brulée, effrontée, Martha Jane Cannary est un sacré bout de femme !
D'un point de vue formel, ce long-métrage est une réussite. Les plaines à perte de vue, l'océan de nuages ou les feux de camps sont magnifiés par l'usage des aplats de couleurs et le jeu des contrastes.
Sans temps morts, à un rythme trépidant, Rémi Chayé livre sa version du western animé digne des films de John Ford ! C.G.

Aller-retour (Bon Entendeur)

note: 4“Mesdames Messieurs, bonsoir, vous écoutez Bon Entendeur.” Les bibliothécaires - 1 juin 2021

Ce collectif formé par trois jeunes français s’est fait connaître par ses mixtapes mensuelles postées sur Soundcloud (https://soundcloud.com/bon-entendeur) et mettant à l’honneur la culture française. Ils dévoilent aujourd’hui leur premier album, Aller-Retour, réunissant ce qui a fait leur succès : d’élégants collages de voix mythiques de la francophonie sur des beats rafraîchissants. Le disque compile de sympathiques voyages musicaux qui dépoussièrent notre patrimoine sonore en le raccordant à des codes modernes. Entre réarrangements de chansons des années 60–70 et créations originales mêlées à des entretiens (celle de Beigbeder particulièrement réjouissante), les 14 titres slaloment entre jolis hommages et remises à neuf. Le disque parfait pour un été déconfiné. C.G.

Blue Note re:imagined (Jorja Smith)

note: 5Coup de jeune Les bibliothécaires - 1 juin 2021

Le mythique label de jazz Blue Note sort une anthologie : véritable passerelle entre passé prestigieux et nouvel horizon . Il confie ainsi ses chefs-d'œuvre à de nouveaux talents principalement issus de la scène jazz londonienne qui y ajoutent des touches de funk, de soul et un poil d'électro. Des morceaux de Wayne Shorter, Eddie Henderson, Herbie Hancock sont transformés par Jorja Smith, Erza Collective ou bien Poppy Adujha. Cette dernière s'attaque justement au titre Watermelon Man d'Herbie Hancock, reprenant a cappella l'introduction du morceau originellement interprétée à la flûte, n'hésitant pas à y ajouter des paroles engagées.
Malgré la diversité des registres, cette compilation s'avère riche, équilibrée et cohérente. C.G.

Chicken skin music (Ry Cooder)

note: 5Viva America Les bibliothécaires - 1 juin 2021

Ryland Cooder est un musicien guitariste de blues qui a parcouru la planète et joué avec les plus grands noms, Rolling Stone Magazine le classe à la 8ème place des 100 plus grands guitaristes de tous les temps. Son style éclectique s’inspire du blues, du jazz, de la musique tex-mex, indienne, hawaïenne, cubaine et africaine. Sa carrière débute dans les années 60, en 1965 il forme les Rising Sons avec Taj Mahal que nous vous avions présenté au mois de mai, cela se conclura par la production d’un 45 tours Candy Man (un album complet de leurs enregistrements de 1964/1966 sortira finalement en 1992). En 1967 il collabore avec le Captain Beefheart's Magic Band pour le premier album du Captain, Safe as Milk. Il débute sa carrière solo en 1970, en reprenant des classiques de la musique américaine, folk, blues notamment sur son album éponyme Ry Cooder. Les 3 albums suivants sont marqués par un son rhythm’n’blues, 1972 Into the Purple Valley et Boomer's Story, et en 1974 Paradise and Lunch. C’est en 1976 que sort Chiken skin Music qui marque un tournant dans la carrière de Ryland car on retrouve toutes ses influences. Et cela commence dès la pochette où l’art populaire mexicain est mis à l’honneur. Le titre de l’album Chicken Skin Music fait référence à une expression hawaïenne pour la musique qui vous donne la chair de poule. Les titres Yellow roses et Chloe ont été enregistrés à Hawaï avec Gabby Pahuinui et Atta Isaacs, deux des plus grands musiciens de steel guitar propre à la musique traditionnelle hawaïenne. L’inspiration mexicaine se retrouve sur la reprise gospel de Stand By Me avec un arrangement norteño, ou encore avec un boléro sur le titre de Jim Reeves, He'll Have to Go, mettant en scène le jeu de l'accordéon de Flaco Jimenez. Bobby King et Terry Evans, deux habitués des disques de Cooder, complètent la danse en chantant un rhythm’n’blues chargé de gospel hawaïen sur le titre Always lift him up/Kanaka Wai Wai. Chicken skin Music reste à ce jour l’un des meilleurs albums de Ry Cooder avec ce son qui vous fera voyager dans une Amérique multiculturelle. RV

La bombe (Alcante)

note: 5génial Kamel - 11 mai 2021

Une claque visuelle et historique

Le Jardin, Paris (Gaëlle Geniller)

note: 4Fleurs du jardin Les bibliothécaires - 11 mai 2021

Au Jardin, chic cabaret parisien de l’entre-deux guerres dirigé par la mère de Rose, toutes les danseuses s’y épanouissent et portent un nom de fleur. Rose, 18 ans, a grandi dans ce cocon familial et protecteur fait de féminité et de bienveillance, et s’apprête à faire ses premiers pas sur scène. Et ce, malgré sa timidité… et le fait que Rose est un garçon.

Il y a beaucoup de candeur et de sincérité dans ce roman graphique, au départ pensé pour être un court-métrage d’animation. La palette, riche et généreuse, nous fait ressentir l’atmosphère à la fois feutrée et festive du Jardin de même que le bouillonnement du Paris des années folles en contraste avec la tranquillité vivifiante de la campagne alentour.

La narration, quant à elle, est une agréable surprise car elle évite les écueils que peut rencontrer un sujet aussi délicat que les frontières (ou leur absence) entre les genres et se recentre sur la personnalité candide mais lucide de Rose, qui s’assume pleinement et naturellement comme un homme qui aime porter des vêtements féminins.
Certes sa simplicité désarmante et son apparence androgyne font de lui l’objet de toutes les curiosités, mais jamais de façon malsaine, et le soutien qu’il trouve auprès de ses proches rend le récit du passage vers l’âge adulte réconfortant et optimiste. Une véritable bouffée de fraîcheur. Vv

Je ne veux pas être maman (Irene Olmo)

note: 4Une réflexion poétique et pertinente Les bibliothécaires - 11 mai 2021

Dans son enfance, qu’elle a passée à jouer à la poupée avec ses sœurs, Irene croyait que la maternité était une évidence, et non un choix. Devenue adulte, c’est ce choix, et plus particulièrement, le choix de ne pas devenir mère, qu’elle explore dans une bande dessinée autobiographique fleurie et poétique.

En partageant le cheminement personnel qui l’a conduite à prendre cette décision, la dessinatrice catalane évoque aussi non sans humour les réactions de son entourage, qui vont de l’incompréhension à la pitié. Elle témoigne ainsi de la pression sociale et de l’injonction à la maternité qui existent encore aujourd’hui dans nos sociétés occidentales. Sur un ton juste et réfléchi, cette bande dessinée permet de soulever des interrogations complexes et pertinentes. Vv

Animotecture (Tom Wainwright)

note: 5♥♥♥ Archi poilant Les bibliothécaires - 6 mai 2021

Le saviez-vous ? Le design, c’est aussi pour les animaux domestiques. Il n’y a pas de raison pour que Kiki n’ait pas droit à sa niche art déco!
Animotecture dévoile une fascinante collection d’objets design destinés à nos animaux chéris : chats, chiens, poules, oiseaux et même bernard l’hermite… Cherchez l’intrus. C’est au XXI siècle qu’apparait le design architectural pour animaux à la faveur d‘une industrie animalière grandissante. Ainsi, de très grands designers et architectes ont pensé la création d’aires de jeux ou habitats pratiques et ingénieux.
Si certains objets apparaissent luxueux de par leurs matériaux, d’autres ont été créés dans le cadre d’actions de bienfaisance et font la part belle aux matériaux écologiques/ou de récupération.
Le livre idéal pour tous les amoureux des animaux ou amateurs de design et à feuilleter en famille. C.G.

La cravate (Etienne Chaillou)

note: 4La cravate ne fait pas le moine Les bibliothécaires - 4 mai 2021

La cravate, documentaire de Mathias Théry et Etienne Chaillou, propose de suivre un jeune homme, Bastien Regnier, militant d’extrême droite. Le scénario s’appuie sur l’observation du parcours de Bastien mais en toute neutralité ; le parti pris très subtile des réalisateurs s’attache simplement à éclairer le spectateur, sans pour autant faire du militantisme anti-Front National. Plongé dans la campagne présidentielle de 2017, le tournage commence en novembre 2016 et finit en juillet 2017. Fils d’un chef d’entreprise, Bastien a vécu un parcours chaotique, se sentant rejeté et humilié à l’école et incompris au sein de sa famille. Ce garçon aura nourri de nombreuses peurs qui le conduiront à commettre à l’âge de 13 ans un acte violent. Cette révélation surgit au milieu du documentaire et caractérise un tournant crucial dans sa vie. Dès lors placé en famille d’accueil, il fera la rencontre d’un néo-nazi qui l’intègre dans son collectif Le Picard Crew. Après s’être radicalisé dans cette mouvance skinhead, il trouve son équilibre au sein du Front National, où il se sent utile et considéré. Cinq années durant il devient une petite main du parti. Son chef Éric Richermoz voit en lui un affidé bien utile qu’il pourra facilement exploiter à ses propres fins. Dès lors on a l’impression que la caméra devient une béquille thérapeutique pour Bastien : il verbalise alors les méfiances ressenties vis-à-vis des politiques qu’il qualifie d’arrivistes en quête de pouvoir. Le film se termine sur une question centrale pour: "Mais alors, en fait, je suis un connard ou pas ?". Cette chute pousse le spectateur à la réflexion, concernant la question du jugement et surtout des circonstances qui mènent à cette trajectoire idéologique. R.V.

Original album classics (Taj Mahal)

note: 5Blues Stories Les bibliothécaires - 4 mai 2021

Taj Mahal de son vrai nom Henry Fredericks est un musicien américain et le frère de Carole Fredericks. Dans ce coffret Original album classics on retrouve 3 albums des débuts de Taj Mahal, Taj Mahal, The natch’l blues (1968) et Mo’ Roots (1974). Fils d’un musicien de jazz américain, son style est caractérisé par un métissage musical varié, incluant des sonorités reggae. C’est un passionné de musique maitrisant une dizaine d’instruments allant de la guitare au banjo, en passant par la basse, les claviers, l’harmonica, le violoncelle ou encore la trompette. Les deux albums de 1968 sont des albums classiques de blues notamment avec les titres Dust My Broom, Everybody's Got To Change Sometime, pouvant rappeler le grand John Mayall. The Natch'l Blues s’inscrit dans la continuité du premier album ; on y retrouve les mêmes musiciens que sur Taj Mahal, on notera des arrangements sonores qui tendent vers la soul ou le funk propres à cette édition de l’album, ainsi que l’ajout de versions alternatives des titres The Cuckoo, New Strangers Blues et Things Are Gonna Work Out Fine, toujours dans ce style très funky notamment avec la présence de cuivres. Quant au troisième album Mo 'Roots plus tardif, on sort du blues traditionnel pour une approche plus expérimentale mélangeant les styles afin de retrouver les racines du blues. L’inspiration reggae se retrouve sur les morceaux Johnny Too Bad, Slave Diver et Desperate Lover, le style calypso sur les titres Blackjack Davey et Clara, et le style funk et soul dans Big Mama. On plonge même dans le bayou avec de la musique cajun de Louisiane sur le titre Cajun Waltz. Un vrai melting pot condensé en seulement huit titres. Ces albums sont une bonne manière de découvrir les origines de Taj Mahal, un artiste qui vous fera aimer le blues en réinterprétant les origines des musiques noires américaines. R.V.

Nuits appalaches (Chris Offutt)

note: 5Comme seule loi, les siens… Comme seule arme, ses mains. Les bibliothécaires - 29 avril 2021

Dans les profondes forêts du Kentucky, deux êtres perdus vont se croiser ; Tucker, jeune vétéran de la guerre de Corée de retour au pays et Rhonda petit bout de femme à la peau brune, elle, tombée dans le traquenard d’un oncle incestueux et lui, démolissant le portrait de ce parent agresseur… Et ne plus se quitter …Gagner sa vie dans ces vallées éloignées quand on a un solide véhicule et du cran c’est travailler pour Beanpole le trafiquant d’alcool local … Et dans leur maison perdue au milieu des bois Le temps s’écoule au rythme des courses de contrebande, et si l’amour reste intacte, la vie parfois fracasse le plus profond d’une famille, les enfants. Si Jo la plus grande dénote d’une étonnante maturité, Big Billy, Bessie, Ida et Velmey leurs quatre autres enfants sont déficients sans que la médecine puisse l’expliquer. Alors quand les services sociaux décident de leurs retirer, Tucker sait comment les protéger…
D’une écriture efficace et aiguisée comme le couteau Ka-bar que Tucker porte à la ceinture, Chris Offutt nous entraîne sur des chemins de terre poussiéreux à la rencontre de ces hommes et de ces femmes, descendants de trappeurs, qui ont appris à ne s’en remettre qu’à eux-mêmes, quittes à transgresser la loi et l’ordre. Un récit entre roman noir et western dans lequel souffle le vent au parfum boisé des collines appalaches. Y.G.

Le démon de la Colline aux Loups (Dimitri Rouchon-Borie)

note: 4Là haut dans le Noir Les bibliothécaires - 8 avril 2021

Depuis sa cellule de prison, Duke tape sur sa machine à écrire pour raconter sa vie et les raisons de sa détention. La première erreur de cet enfant a été de voir le jour. Son enfance débute sur la colline aux loups, dans une fratrie nombreuse ou aucun des enfants n’est nommé, laissés à l’abandon, voire élevés au rang d’animal sauvage. Totalement reclus, ils ignorent tout de la vie extérieure à la maison. A l’humiliation et au mépris va s’ajouter l’indicible violence, de celle qui laisse le lecteur sans voix, abasourdi, au bord de la nausée. Âmes sensibles s’abstenir.
De ce traumatisme nait le « démon » qui n’aura plus de cesse de le poursuivre, de l’habiter, de tout emporter sur son passage.
Malgré ses actes impardonnables, on s’accroche à ce personnage étonnamment candide et lumineux, broyé par le destin et pris dans un engrenage infernal laissant le lecteur impuissant devant la victoire du Mal sur le Bien.
Le langage de Duke, « son parlement » comme il le nomme, ne s’embarrasse pas de ponctuation. Intense et naïve, dépouillée mais précise, cette écriture donne une grande force au personnage principal et au roman.
Le Démon de la colline aux loups est donc une lecture forte, remplie d’émotions brutes, dont les scènes et les pensées maudites hantent durablement, même une fois le livre refermé. C.G.