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Des diables et des saints (Jean-Baptiste Andréa)

note: 5Sympathy for the devil... Les bibliothécaires - 8 avril 2021

Vous qui preniez l’avion ou le train, vous l’avez forcément croisé, penché sur son instrument, ce pianiste virtuose jouant exclusivement du Beethoven. Jour après jour, Joseph guette son passage…
Suite au décès de ses parents et de sa petite soeur, Joseph, 15 ans, adolescent des beaux quartiers et désormais sans famille, est transféré dans un orphelinat Les Confins construit dans un fond de vallée des Pyrénées. Tout est dans le nom « après les Confins, il n’y avait plus rien ». Tenue d’une main de fer par l’Abbé Sénac et son assistant tortionnaire, Joseph y découvre la maltraitance, l’enfermement le chagrin, mais aussi l’amitié, la solidarité et l’amour.
Jean Baptiste Andréa signe ici un roman sur l’enfance, celle qui nous constitue, nous porte et ne nous quitte jamais. C’est un récit tendre, émouvant, poignant qui tient le lecteur en haleine et que l’on referme à contrecœur. C.G.

Mon traître (Sorj Chalandon)

note: 5Avec coeur et à sang Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Ce livre est avant tout une histoire de coup de foudre pour l’Irlande. Antoine, artisan luthier à Paris, tombe amoureux du pays, pour le meilleur et pour le pire.
Il est accueilli à Belfast, dans les années 1970, par un couple touché dans la chair par le conflit Nord-irlandais. Le narrateur va découvrir les horreurs de la guerre mais aussi la « beauté terrible » du combat pour l’unification. A travers les amitiés de « Tony », sa fascination pour l’IRA, son engagement, l’auteur nous révèle l’histoire de ce conflit qui s’est terminé dans les années 2000. Au fil des années, Antoine perdra également son idéalisme, confronté à la violence et à la trahison, comme un jeune perd ses illusions face à la réalité.
Le ton et l’écriture de Sorj Chalandon accompagnent l’élan passionnel du narrateur avec justesse, l’écrivain s’est inspiré de son histoire personnelle. E.T.

Cuz I love you (Lizzo)

note: 5Si Aretha Franklin faisait du hip-hop... Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Militante de l’acceptation de soi, Lizzo insuffle une sacrée dose d’énergie et de jovialité sur la scène rap américaine. Elle impose son statut de femme noire et obèse dans une industrie musicale normée à coups de prestations scéniques délurées et audacieuses. Le corps de Lizzo est au cœur de sa démarche artistique et elle le met en scène au service d’un puissant message : accepter son corps, apprendre à s’aimer pour aimer les autres. Un programme de développement personnel à elle seule !
À la croisée des genres entre hip hop et soul, funk et gospel, morceaux chantés et rappés, Lizzo distille une parole friponne sans détour et avec beaucoup d’humour !
C.G.

Énorme (Sophie Letourneur)

note: 3Un malheureux évènement Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Sophie Letourneur signe avec Énorme une comédie très atypique s’éloignant des références fleuretant parfois avec le film documentaire. On suit un couple de quadra interprété par Jonathan Cohen et Marina Foïs deux poids lourds de la comédie que l’on avait déjà vu à l’écran ensemble dans Papa ou Maman 2 de Martin Bourboulon. Elle interprète une pianiste célèbre totalement dépendante de son mari et lui un mari-homme à tout faire très envahissant vivant par procuration la célébrité de sa femme, et allant jusqu’à organiser sa vie intime. Jonathan Cohen occupe tellement l’espace qu’il en crève l’écran au point qu’il en devient presque trop gênant. Après avoir contribué incidemment à la naissance d’un nouveau-né, celui-ci décide de faire un enfant à sa femme, sans concertation, en substituant sa pilule contraceptive. Le film bascule vers le genre documentaire lorsque l’on suit la grossesse de Claire. Le grotesque fait également son apparition à travers le déni de grossesse de Claire qui se matérialise par un ventre énorme, et la couvade de Frédéric qui en devient pathétique.
Sophie Letourneur livre ici un film qui interroge, puisqu’il dit beaucoup sur une maternité non désirée et notamment sur l’appropriation du corps de la femme par l’homme. Il y a un vrai paradoxe car bien que le sujet soit grave, il est traité avec beaucoup d’humour. Certains diront qu’il est heureux que ce soit une femme qui traite de ce genre de sujet car les détracteurs auraient crié au scandale. Le film est aussi un hommage à tous les soignants qui sont là pour veiller sur les futurs parents. Un film qui rappellera de bons ou mauvais souvenirs aux parents. R.V.

Budapest concert (Keith Jarrett)

note: 5"Der des Der" Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Lorsque Keith Jarrett s’installe seul au piano, nul ne sait ce qui va se passer. Sans partition, sans préméditation, Keith Jarrett improvise…Son Opus « The Koln Concert » en 1973 révélait l’artiste au monde entier.
Dans ce nouvel enregistrement de 2016, Keith Jarrett démontre à nouveau l’étendue de son talent : classique, contemporain, du mélodique ou dissonant en passant par le blues, ses pièces musicales ont raccourci et s’étendent néanmoins sur un double album. Une double dose de Jarrett pour ce qui sera probablement son dernier album enregistré live. C.G.

Light of my life (Casey Affleck)

note: 5« A Girl Story » Les bibliothécaires - 2 avril 2021

Casey Affleck signe avec Light of my life un récit post apocalyptique plein de tendresse. On suit un père (Casey Affleck) et sa fille (Anna Pniowsky) dans un monde où les femmes ont presque toutes disparu suite à un virus. Le film fait donc écho à la pandémie actuelle. Ce père essaye tant bien que mal de faire survivre sa fille en la cachant du reste du monde tel un nouveau Noé, non pas dans les eaux, mais dans une tente au milieu des bois. Ce père tente de combler le vide laissé par la mère, mais maladroitement, voulant tout contrôler, il en oublie l’essentiel qu’est l’amour. Dans ce monde où seule prime l’éducation survivaliste, tout individu croisé est appréhendé comme un ennemi à évincer à tout prix. Peu à peu, il parviendra à se dépasser pour entrevoir la possibilité de faire confiance à l’autre.
Le film ne révolutionne pas le genre mais s’inscrit dans une continuité liée au style propre du plus jeune de la fratrie Affleck. Ce long métrage peut s’apparenter à La Route de John Hillcoat dans lequel on suit l’errance d’un père et de son fils au sein d’un monde post apocalyptique, ou encore de Debra Granik, Leave no trace, où un père vit aussi seul avec sa fille dans les bois, loin de la civilisation. Le film n’est pas non plus sans rappeler le précédent film de Casey Affleck Ghost Story, dans le rythme de sa narration alternant habilement langueur et tension.
Un film d’amour touchant, où la relation à l’autre est toujours remise en cause. R.V.

La poule qui dit NON! (Nicolas Gouny)

note: 4Une poule capricieuse! Les bibliothécaires - 27 mars 2021

Vous pourrez retrouver dans l'espace jeunesse , de nombreux albums de poules !
Celles qui ne veulent pas pondre pour ne pas se décoiffer, celles qui revendiquent, les militantes, les trop gourmandes...

Monique, la poule de notre gentil et très compréhensif fermier, est très exigeante. Elle désire un poulailler privé , un oreiller..
Mais elle fait des œufs MAGNIFIQUES !! Patient le fermier va céder à tous ses caprices.
Elle va lui faire un œuf d’une très grande beauté et là de nouveau caprice de star ....

Nicolas Gouny s’est entouré de Pog un Illustrateur de talent qui « gribouille, scribouille, peinturlure » …une très belle collaboration pour nous délivrer un album drôle.

Ce que je ne veux pas savoir (Deborah Levy)

note: 5Un voyage en eaux troubles : un récit autobiographique puissant et libérateur Les bibliothécaires - 24 mars 2021

Ce récit autobiographique est un plaidoyer pour la libération des femmes. Deborah Levy nous raconte ce chemin à mener pour trouver la force d’être dans le monde, libre, sans se voir assigner une place parce qu’on est une femme, une mère.
Avec sincérité et esprit, l’autrice porte sa voix de femme. Elle livre à travers un voyage non seulement géographique mais temporel, les prémices de sa vocation d’écrivaine et son féminisme.
Le premier chapitre, essentiel, frappe fort. L’autrice met à distance son désarroi avec courage. Elle a fui son quotidien, se retrouve à Majorque dans un hôtel paumé. Elle regarde en face sa douleur et son étouffement tout en citant des écrivains qui l’accompagnent dans cette prise de conscience, dans cette quête de soi.
La voix de l’autrice est là encore, vibrante, dans celle de la petite fille confrontée au tragique en Afrique du Sud puis celle de l’adolescente en exil en Angleterre. Déborah Lévy sait, sans nostalgie et non sans humour, se remémorer les moments fondateurs de sa vie et de sa vision du monde.
Un livre bouleversant, Deborah Levy y est d’une grande pudeur tout en “parlant fort ». Prix Femina étranger 2020. E.T.

Après nous, les animaux (Camille Brunel)

note: 3Retour à la vie sauvage Les bibliothécaires - 23 mars 2021

Après nous, les animaux de Camille Brunel.

2086, l’humanité est décimée par les maladies véhiculées par les insectes, ne reste que des animaux sur la surface de la terre. Le décor post apocalyptique est posé ! Actuellement, cette tendance fleurit en littérature jeunesse si bien qu’il devient difficile de trouver l’originalité. Pourtant, ce roman se distingue brillamment par sa singularité.
Un groupe hétéroclite d’animaux (comprenant chimpanzés, lycaons, vaches, geais, éléphants…) issu d’un cirque espagnol et embarqués sur un paquebot à la dérive finit par échouer sur les côtes du Mexique. Arche sans Noé, ce bestiaire se retrouve livré à lui-même dans une Nature hostile où il tentera de survivre, de s'organiser et de partir à la recherche de ceux qui étaient encore récemment leurs maîtres.
Camille Brunel propose une fable écologique engagée pour la cause animale soulignant les relations entre les hommes et les animaux, leurs animalités respectives et le fragile équilibre des individus soumis à leurs propres instincts. Le choix stylistique de l’auteur est une force du roman puisque les animaux ne se comportent pas comme des humains, ils ne parlent pas, seules leurs émotions et bestialité sont soulignées.
Malgré ses nombreuses qualités et son message politique, le lecteur chemine avec ces animaux mais le périple est répétitif, long, voire trop long. Malgré un bon départ, quelques tensions et rebondissements, je n’ai jamais complètement accroché à ce récit. C.G.

Les fleurs de la ville (Jon Arno Lawson)

note: 5Un album sans texte qui laisse notre imagination s’évader à volonté ! Les bibliothécaires - 5 mars 2021

Une balade en noir et blanc avec quelques touches de couleur de ci de là.
Une petite fille marche avec son papa. Elle remarque des tâches de couleur pendant son trajet.
Beaucoup de poésie, de tendresse et d'amour dans cet album sans texte où notre imagination peut voguer à l’infini.

Les enfants du temps (Makoto Shinkai)

note: 3À la recherche du soleil perdu Les bibliothécaires - 2 mars 2021

Les enfants du temps est la nouvelle fable écologique du réalisateur japonais Makoto Shinkai, déjà connu pour ses œuvres précédentes Your Name ou The garden of words. Cependant, ce dernier n’est pas à la hauteur des deux précédents, sans pour autant le caractériser de mauvais film, bien au contraire. La splendeur des paysages est à couper le souffle, mais le scénario manque d’originalité. Tout comme dans Your Name, on suit deux adolescents plongés dans une romance bercée de fantastique et le contexte des pluies diluviennes rappelle celui de The garden of words. Les enfants du temps se déroule donc à Tokyo, sous une météo au déluge incessant, où un jeune garçon dénommé Hodaka, qui a fui son île natale, se retrouve dans cette jungle urbaine sans un sou en poche. Il trouve alors un petit boulot dans une revue traitant du paranormal et pour laquelle il doit enquêter sur les prêtresses du temps. Très sceptique, il finit pourtant par rencontrer Hina, et entre les deux adolescents une grande complicité va naître.
Shinkai traite ici de façon très fébrile la question du dérèglement climatique. Cherche-t-il à minimiser la responsabilité humaine ou bien à en dénoncer son inconséquent aveuglement? L’intention est louable mais la réalisation est maladroite, car le message à transmettre aux nouvelles générations tend à être mal interprété.
Aussi, et pour le plaisir de ses fans, le réalisateur offre un caméo des personnages de Your Name : alors ouvrez grand vos yeux et retrouvez-les furtivement! R.V.

Cool jazz (Bobby McFerrin)

note: 4la cool jazz attitude Les bibliothécaires - 2 mars 2021

Fort d’un succès en ligne Decca Records a décidé d’éditer cette compilation qui sent bon le soleil et le sable chaud. De Norah Jones à Nat King Cole, de Melody Gardot à Stan Getz en passant par Louis Armstrong et Gregory Porter découvrez cette compilation de 30 standards du jazz et de reprises façon jazzy. On adore la reprise de Rihanna Don’t stop the music par Jamie Cullum, ou encore un très bon Hit the road jack repris par Shirley Horn, ou encore la voix suave et mélodieuse de Julie London sur le succès planétaire de Cry me a river de Justin Timberlake. Un vrai « feel good » CD qui vous fera patienter jusqu’à l’été prochain. La bande son idéale de vos prochaines escapades estivales. R.V.

Reine d'un été (Joya Thome)

note: 5Le goût de l'été Les bibliothécaires - 4 février 2021

Léa, 10 ans, voit arriver les vacances d’été avec une certaine appréhension. Cette année, elle se sent trop éloignée des préoccupations de ses copines et décide de ne pas partir en colonie de vacances avec elles. Seule, elle va alors découvrir sa ville sous un autre jour et rencontrer de nouveaux amis : une bande de garçons intrépides. Mais avant d’intégrer ce groupe, elle devra faire ses preuves. L’été s’annonce plein d’aventures et de belles expériences.
Léa vit le dernier été de son enfance avant de glisser doucement vers l’adolescence. La réalisatrice capture cet entre-deux-âges délicat. L’héroïne s’accroche encore à cette insouciance enfantine si bien incarnée par les activités de ce groupe de p’tit gars. La campagne allemande se prête parfaitement à cette sensation de possibles et laisse même transparaître une douce nostalgie. Nostalgie du dernier été passé pour les enfants, nostalgie de l'enfance pour les adultes. C’est sans doute là que réside le point fort du film : il peut parler à toutes les générations. C.G.

Felicità (Bruno Merle)

note: 4Le bonheur n’est pas que chez les autres Les bibliothécaires - 4 février 2021

Bruno Merle signe avec Felicità son deuxième long métrage après Héros : il s’agit là d’une comédie dramatique incisive et drôle. On suit une famille qui se prépare comme toutes les familles à la rentrée de septembre de leur enfant. A cette occasion on prend le petit déjeuner en famille, on vérifie les fournitures, mais un petit grain de sable va très vite venir perturber cet équilibre apparent.

La scène d’ouverture du film est hilarante, marquée par un premier canular du père lors d’un déjeuner dans un fast-food. Elle montre que le mensonge est érigé comme un art de vivre dans cette famille peu ordinaire. On est vite intrigué par le personnage de Tommy, la fille du couple (et du réalisateur), interprétée par Rita Merle. Adolescente aux attitudes « autistes », Tommy fuit la réalité de son quotidien peu enviable. L’impasse psychologique dans laquelle elle se perd, traitée à travers des mises en situation fantasques, opère un réflexe empathique qui stimule tout autant l’imaginaire du spectateur.

Le rôle du père, comme repris de justice un peu paumé, est brillamment interprété par Pio Marmaï (similaire à celui qu’il tenait dans En liberté de Pierre Salvadori). Aux côtés de Camille Rutherford, ils incarnent des parents borderline, dans une situation précaire, et leurs mésaventures créent chaque fois un comique de situation des plus cocasses. Se posent alors, à travers le fil rouge de l’humour, des questions cruciales comme celle de l’immaturité parentale et des conséquences de celle-ci sur la vie d’un enfant.

Ce feel good road movie offre à voir de magiques paysages du littoral breton, jusqu’à l’épilogue final et jubilatoire qui vous fera immanquablement sourire. R.V.

That kinda music (Tom Misch)

note: 4Les fusions de Misch Les bibliothécaires - 4 février 2021

Après le succès de l’album Geography en 2018, le guitariste, chanteur et producteur londonien Tom Misch signe son retour en 2020 avec la sortie de What Kinda Music qu’il compose avec le batteur de jazz Yussef Dayes. Comme auparavant, il n’hésite pas à mélanger les styles et les sons passant de la pop, au funk, au hip-hop, à la soul, au jazz ou même au disco, pour un résultat toujours aussi singulier. Les quatre premiers morceaux de l’album sont structurés alors que la seconde partie laisse libre cours à l’improvisation et à l’expérimentation, à partir de sonorités plus jazzy. Un album à écouter plusieurs fois pour l’apprécier pleinement. R.V.

Nous, les chiens.. (Seong-Yun Oh)

note: 4Une vie de chiens Les bibliothécaires - 4 février 2021

Moong-chi est un chien qui aime ses maîtres et n'arrive pas à croire et à accepter qu'il a été abandonné en pleine nature par ceux-ci… Ses nouveaux compagnons d’aventure, d’autres chiens abandonnés, vont lui apprendre à vivre en communauté et à survivre en trouvant leur propre nourriture. Solidaire et déterminée, la petite bande de chiens errants va peu à peu réapprendre à se débrouiller seule et à découvrir la liberté.
Nous, les chiens est un film d’animation singulier et ambitieux par les thématiques abordées : l’abandon des animaux de compagnie, l’opposition chiens-hommes, opposition ville-nature. L’engagement des réalisateurs pour la cause animale n’épargne pas les cœurs sensibles, c’est pourquoi nous conseillons ce film à partir de 8 ans et dans le cadre familial.
Le style graphique pourra déplaire à certains mais les paysages mis en valeur par les formes et les lignes sont remarquables de réalisme. C.G.
À partir de 8 ans

Malgré tout (Jordi Lafebre)

note: 4L'amour à rebours Les bibliothécaires - 2 février 2021

Un soir d’automne, deux jeunes retraités, Ana et Zeno, se retrouvent sous une pluie battante. Ana, les pieds sur terre et épouse et mère dynamique, vient de quitter la mairie qu’elle a longtemps dirigée. Zeno, fantasque et éternel célibataire, a enfin terminé la thèse sur laquelle il travaillait. Ils sont amoureux et attendent ce premier rendez-vous depuis quarante ans.
Mais pourquoi avoir attendu si longtemps pour se retrouver ? C’est tout l’objet de cet album qui commence au chapitre 20 de leur vie puis remonte à rebours leur histoire d’amour, depuis la fin jusqu’au commencement : comme une machine à remonter le temps, chaque chapitre en appelle un autre situé plus avant dans le passé pour venir progressivement au premier regard, dans un final étonnant qui pousse le procédé à l’extrême.
Le dessin de Jordi Lafevre est vif et expressif et les protagonistes, attachants, sont escortés d’une galerie de personnages secondaires tout aussi touchants. Tendre et délicat, cet album est un poème, une ode à l’amour, inconditionnel, qui traverse le temps. En cette période trouble, un peu de bonheur et de gens heureux, ça fait du bien !
Vv

Le roi des oiseaux (Aleksandr Vladimirovič Utkin)

note: 5Un album envoûtant Les bibliothécaires - 2 février 2021

Dans un magnifique album aux couleurs chatoyantes, le dessinateur russe Alexander Utkin nous entraîne à la découverte des contes et légendes du folklore slave.
Et si comme dans beaucoup de récits, tout semble toujours commencer par une pomme d’or, les légendes slaves se déploient avec une impressionnante galerie de personnages mémorables, du brave marchand à l’esprit maléfique des rivières, en passant par le flamboyant roi des oiseaux au jeune et rusé héros parti à la découverte du monde. Les palais dorés surgissent des coffres, les princesses ensorcelées du plumage éclatant des cygnes…
On retombe en enfance le temps de la lecture, dans une parenthèse enchantée où l’émerveillement des contes surgit à chaque page tournée, et on se surprend à rêver du temps où les bêtes parlaient, et où l’aventure et la magie guettaient à chaque détour de chemin.
Le dessin au trait gras et charbonneux, proche du pastel, assorti à une palette de couleurs riches et profondes, achèvent de donner à l’album une dimension à la fois intemporelle et moderne, rappelant les premiers films d’animation Disney.
Un album envoûtant, qui plaira à ceux qui ont déjà dévoré toute la mythologie grecque et égyptienne et qui connaissent leurs contes de fées sur le bout des doigts. Vivement le tome 2 !
Vv

Les règles de l'amitié (Lily Williams)

note: 4Sang tabou Les bibliothécaires - 2 février 2021

Sasha, adolescente timide et effacée, est nouvelle au lycée d’Hazelton. Catastrophe, son premier jour au lycée est aussi le jour de ses premières règles et son pantalon blanc en fera les frais… Mais un groupe de trois copines de longue date, Abby, Christine et Brit, la prend sous son aile et l’entraîne aux toilettes se débarbouiller. D’où un constat d’Abby, élève modèle et artiste engagée, face au distributeur de tampons désespérément vide : « Le papier toilette est gratuit dans les lieux publics. Pourquoi pas les protections menstruelles ? C'est naturel de saigner ! »
C’est le début d’une grande amitié mais aussi d’un combat mené par la petite bande à l’école contre le tabou qui empêche encore de parler librement de ses règles, et qui, au-delà du cadre scolaire, pose un véritable problème de santé publique.
Entre les compétitions sportives, les devoirs et les premiers émois amoureux, la BD évoquera de façon habile des problèmes comme l’endométriose, le choc toxique, mais montre aussi que chacune vit ses règles différemment.
Une bd intelligente et fine, avec des personnages attachants et crédibles, et colorée, comme il se doit, d’un beau camaïeu de rouge ! À mettre entre toutes les mains !
Vv

Ce qu'il faut de nuit (Laurent Petitmangin)

note: 5Le coeur des hommes Les bibliothécaires - 9 janvier 2021

Ce qu’il faut de nuit est une lecture aussi éprouvante qu’époustouflante.

C’est le récit d’un père veuf, ouvrier, encarté au parti socialiste, qui tente de faire face aux accidents de la vie et aux hasards. Avec pudeur et dignité, il raconte la perte de son épouse, l’éducation de ses deux fils, les liens qui se distendent à mesure qu’ils grandissent, les orientations politiques divergentes jusqu’au point de rupture dramatique.
Ça parle d’amour paternel et fraternel, de résignation, de honte, d’amitié, de lutte des classes, de racisme et de pardon.

Pour ce premier roman, Laurent Petitmangin opère une entrée en littérature remarquable avec ce roman sensible aux accents sociaux qui résonnent avec notre époque. C.G.

Sans foi ni loi (Brunet, Marion)

note: 5Hors la loi Les bibliothécaires - 9 janvier 2021

Afin de sauver sa peau, une hors la loi, Abigail Stenson kidnappe le jeune Garrett et l’entraîne dans une cavale au cours de laquelle il rencontrera l’aventure, l’amour, l’amitié et goûtera (à) la liberté absolue.

Le genre incontournable qu’est le western au cinéma, est en revanche assez rarement exploité en littérature et notamment en littérature jeunesse. Marion Brunet amène ici le lecteur dans l’Ouest américain des années 20 et emprunte au genre les codes qui font son succès : grands espaces, saloons, coups de feu. Néanmoins, elle dépoussière les clichés en choisissant une femme comme héroïne.

Taiseuse, insaisissable, sauvage, le portrait d’Abigail Stenson se dévoile progressivement à travers le regard du jeune homme. A son contact, et au fil de leur cavale, il observe, apprend, gagne en confiance. Très vite, Garrett envisage ce voyage comme un échappatoire ; il se déleste de ses attributs d’otage et de victime pour s’émanciper notamment de la ferme familiale et de la violence paternelle. L’évolution du personnage de Garrett est vraiment touchante d’autant que c’est lui qui se fait le narrateur de cette aventure, dix ans après les faits.

Bien que classé dans la littérature « young adults », par les thèmes abordés, la narration, le style et à la violence de certaines scènes ou sous-entendus, ce roman peut légitimement trouver sa place dans le rayon adulte. C’est surtout le signe d’une très bonne littérature, sans frontière. Son style d’écriture au fort pouvoir évocateur transporte le lecteur au plus près des sensations. Elle s’applique à poser un cadre, décrire des scènes comme au cinéma.
Enfin, Marion Brunet mêle intelligemment les questions de la filiation et de la liberté.
Si Abigail Stenson incarne un modèle d’émancipation pour Garrett, elle n’en demeure pas moins rude: certains la trouveront même égoïste, se délestant de toutes contraintes familiales, mais c’est le prix à payer pour conserver sa liberté. A l’âge des ruptures, Garrett délaisse la solitude en traçant sa propre voie aux cotés de sa nouvelle fratrie. C.G.

Matthias & Maxime (Xavier Dolan)

note: 5La confusion des sentiments Les bibliothécaires - 6 janvier 2021

Lors d’un week-end festif, deux amis d’enfance sont amenés à s’embrasser pour les besoins d’un film amateur. Ce baiser de cinéma chamboule la vie des protagonistes en faisant naître doutes et sentiments ambivalents.
Avec Mathias et Maxime, Xavier Dolan se rapproche de ses premiers films, tournant au Québec, avec des acteurs inconnus qu’il suit au plus près, caméra à l’épaule. Le rythme rapide est soumis à l’énergie de cette bande d’amis, et semble être filmé à la limite de l’improvisation. Rien n’est laissé au hasard chez Xavier Dolan. La mise en scène pleine de fougue, voire frénétique, est à l’image de la confusion des sentiments qui assaillent les garçons. Tous deux sont déstabilisés: Mathias devient agressif, empli d’une colère sourde, Maxime, plus introspectif, souffre en silence.
Le départ imminent de Maxime en Australie ajoute au sentiment d’urgence et au trouble des deux personnages principaux. Il est l’enjeu même des scènes d’adieux et de confrontations, dans lesquelles se concentre la force émotionnelle du film.
Dolan filme avec pudeur et délicatesse la ligne parfois ténue entre l’amour et l’amitié et ce sentiment indicible face à la disparition inéluctable de quelque chose qui aura bientôt disparu. Il a mis une fois de plus en exergue la complexité des relations humaines tout en montrant qu’elles valent la peine d’être vécues. C.G.

La plus belle femme du monde (William Roy)

note: 4De l'extase à la wi-fi Les bibliothécaires - 18 décembre 2020

William Roy et Sylvain Dorange retracent la vie d’Hedy Lamarr, icône du cinéma hollywoodien de l’entre-deux guerres qui s’était fait connaître dans le sulfureux film Extase puis dans Samson et Dalila de Cecil B. De Mille. Au-delà de la fascination exercée par sa beauté et du scandale provoqué par sa réputation de croqueuse d’hommes, celle que l’on surnommait « la plus belle femme du monde » était aussi une inventrice de génie.
Hedy se consacre en effet, entre deux tournages, à sa passion de toujours : les innovations technologiques. Au cours de la seconde guerre mondiale, elle mettra au point un système de transmission cryptée dans le but d'éviter les torpillages des vaisseaux américains. Mais le système est trop en avance sur son temps et se heurte à l’incompréhension et au rejet amusé des hauts-gradés de l’armée américaine, qui suggèrent plutôt à Hedy de mettre sa plastique éblouissante au service de l’effort de guerre…

À travers cet album dont le graphisme et les couleurs ne sont pas sans rappeler les affiches art déco de Cassandre, William Roy et Sylvain Dorange soulignent un pan méconnu de la personnalité d’Hedy Lamarr. La bande dessinée révèle également les contradictions de l’inventrice qui, tout en souhaitant être reconnue pour ses capacités intellectuelles, s’est toujours sentie obligée de répondre aux exigences esthétiques qui lui sont imposées, et ce, parfois jusqu’à l’obsession.
Ainsi, à la suite d'opérations chirurgicales catastrophiques, elle n'osera plus se montrer en public jusqu'à la fin de sa vie, pas même pour aller retirer la récompense que lui remettra en 1997 l'Electronic Frontier Foundation pour ses travaux, à l'origine des techniques sur lesquelles reposent aujourd'hui la téléphonie mobile, le GPS et le wi-fi.

Si la lecture est particulièrement instructive et agréable, on n’en ressent pas moins la frustration et la solitude du personnage et c’est avec un sentiment d’amertume et de mélancolie que l’on referme l’album.
Vv


Dimanche chez les Minton (Sylvia Plath)

note: 4La part destructrice du rêve Les bibliothécaires - 18 décembre 2020

Sylvia Plath est essentiellement connue pour son œuvre poétique, et pour le couple qu’elle formait avec le poète britannique Ted Hughes. Dans ce recueil, l’écrivaine américaine, également autrice de romans et d’essais, se révèle aussi une talentueuse nouvelliste, à travers cinq textes courts qui portent un regard désabusé et féroce sur le conformisme social de son temps, et notamment sur les relations au sein du couple marié.
Jeune femme brillante qui fit publier ses premiers textes avant l’âge de dix ans et fréquenta l’université de Cambridge, Sylvia Plath se sentit rapidement déchirée entre son besoin impérieux d’indépendance et ses obligations d’épouse et de mère. Dans les nouvelles qui composent Dimanche chez les Minton, elle convoque ainsi un imaginaire parfois violent et hostile contre l’oppression des faux-semblants et les conventions sociales. Elle interroge ainsi la force et la violence de l'imagination et du rêve dans une tentative désespérée d'émancipation, parfois jusqu'à l'auto-destruction.

Ce recueil, court et remarquable, est donc un excellent moyen de découvrir son œuvre en prose. Prise en étau entre sa vie de famille et ses aspirations littéraires, Sylvia Plath se mit la tête dans un four à l’âge de trente ans, après avoir au préalable, préparé le petit-déjeuner de ses deux enfants.
Vv

Atlantique (Mati Diop)

note: 4Les Fantômes de l'Afrique Les bibliothécaires - 10 décembre 2020

Atlantique est le premier long métrage de la réalisatrice sénégalaise Mati Diop. Récompensé du Grand Prix lors du dernier festival de Cannes 2019, ce film montre la dualité de la ville de Dakar dont la réalité est prise entre modernité et tradition. Ce contraste, marqué entre les richesses architecturales de la mégalopole et les bidonvilles du centre-ville, se retrouve également dans la manière de vivre des habitants, en particulier des jeunes adultes, englués dans un quotidien sans avenir. C’est dans ce contexte que la réalisatrice oriente sa caméra sur la jeune Ada qui doit se plier aux traditions en épousant Omar, un exilé qui a fait fortune en Italie. Mais Ada n’aspire qu’à une chose : profiter de la vie en vivant aux côtés de Souleiman, son véritable amour. Le deuxième thématique point de vue du film, plus onirique, aborde la question de l’émancipation et de l’évasion, par la mer. La dimension politique et sociale prend alors toute sa force, sous une forme presque fantastique,lors d’une scène surnaturelle où les morts côtoient les vivants et cela suffit à susciter l’effroi de manière très efficace.
Atlantique est donc une fable traitant de l’exploitation d’un continent et de sa jeunesse. R. V.

Seules les bêtes (Dominik Moll)

note: 4Ultra moderne solitude Les bibliothécaires - 1 décembre 2020

D’une première scène cocasse introductive dans les rues bruyantes d’Abidjan, à des contrées montagneuses, enneigées et silencieuses, rien ne semble lié ou faire sens. Et pourtant…
Ce contraste happe le spectateur d’autant qu’une intrigue est dévoilée très rapidement : une femme a disparu, son véhicule abandonné a été retrouvé sur une route des Causses. Les gendarmes n’ont pas de piste précise, interrogent quelques individus formant ainsi une galerie de personnages principaux, connectés entre eux par des enjeux divers.
Très riche et habilement menée, cette narration éclatée parvient non seulement à capter très vite l’attention mais révèle progressivement l’intrigue aux moyens de points de vue divers et de contrechamps astucieux. Mais finalement, tous les protagonistes ont au fond quelque-chose en commun : une solitude affective qui les plonge dans les abymes de la passion amoureuse.
Du point de vue des genres, Dominik Moll navigue habilement entre le polar, le drame social et la comédie. Malgré quelques invraisemblances, que nous mettrons sur le compte de la fable moderne, le film n’en demeure pas moins un puzzle complexe et captivant. C.G.

Beach Boys' christmas album (Beach Boys (The))

note: 4Sea, sex and....snow Les bibliothécaires - 1 décembre 2020

Les Américains excellent dans l’art de la reprise de la chanson de Noel, et les Beach Boys se sont eux aussi confrontés à cet exercice. Sorti en 1964, The Beach Boys Christmas Album, sort du lot car le groupe ne se contente pas de reprendre des classiques, mais propose sur les 12 chansons, 5 titres originaux composés par le génie Brian Wilson, dont le fabuleux Little St Nick devenu part entière du folklore américain
L’album fait la part belle à la marque de fabrique des Beach Boys : les harmonies vocales. Autre originalité, le groupe s’est offert les services d’un Big Band sur les classiques pour donner une atmosphère plus festive, à la manière des groupes vocaux des années 50. C.G.

Celle qui marche la nuit (Delphine Bertholon)

note: 4Bienvenue dans la maison hantée Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Un roman jeunesse qui flirte entre fantastique et thriller. Le suspense est bien amenée et l’on peut facilement s’identifier au narrateur et s’approprier son malaise grandissant dans cette demeure si particulière.
Il s’adresse surtout à un public pré-adolescents (les plus âgés risquent d’être moins réceptifs au récit.)

Bonbon Super n° 1
1, 2, 3 pistache (Saïd Sassine)

note: 4Du sucre, des épices et un tas de bonnes choses... Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

L’île Coco, colorée, ensoleillée et paradisiaque, a tout de la destination de rêve. C’est cependant sans compter son immense volcan hyper émotif, qui garde l’entrée des Enfers. Alors que le maître des Enfers est en voyage pour affaires, son fils Stan s’en donne à cœur joie et dévore les cœurs de tous les couples d’amoureux de l’île.
La situation est critique et la dépression guette lorsque sont envoyées en renfort de l’espace les Bonbons Supers, trois fillettes aux super pouvoirs qui atterrissent sur l’île sous forme de bonbons magiques. Si Praline et Amande sont recueillies par Cassius, chien ermite dépressif anciennement chasseur de monstres, leur sœur Pistache tombe directement à la merci du prince des Enfers. Dévorée par un monstre, elle renaît plus monstrueuse et dangereuse que jamais…

Une bande dessinée pleine de peps qui saura plaire aux plus jeunes et jouer de la corde nostalgique avec les moins jeunes : avec son graphisme pop et coloré et ses super-héroïnes qui se transforment façon magical girl (avec billes de pouvoir, explosion d’étoiles et lumières magiques), Bonbon Super est un bel hommage aux dessins animés des années 90.
Il ne faut pas se laisser prendre par son allure à première vue un peu légère : s’il semble être fait de « sucre, d’épices et d’un tas de bonnes choses », l’univers créé par Saïd Sassine est aussi riche de références, et permet, mine de rien, d’aborder des thèmes comme la mort ou le deuil. Un délice acidulé qui fond sous la langue comme un bonbon.
Vv

Les menhirs de glace (Kim Stanley Robinson)

note: 4Mémoire défaillante Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Connu pour son œuvre de SF traitant notamment de la terraformation de la planète Mars (Trilogie martienne), le romancier Kim Stanley Robinson interroge dans ce recueil de nouvelles d’anticipation la mémoire humaine face aux progrès technologiques.

Nous sommes en 2247 et des hommes vivent déjà depuis plusieurs générations sur Mars. Les évolutions de la science et de la médecine leur ont permis de vivre jusqu’à 600 ans en retardant leur vieillissement. Cependant, si l’on vieillit moins vite, la mémoire, elle, n’a pas suivi et ne couvre que l’étendue d’une vie auparavant considérée comme normale et qui ne dépasse donc pas les cent ans. Une évolution qui bouleverse donc le parcours de vie de l’individu et ses interactions avec les autres : quid des relations sociales et familiales lorsque l’espérance de vie de tout un chacun est ainsi étendue et que l’on a presque l’éternité devant soi ? De la construction de l’histoire collective, des soubresauts politiques et économiques et de leurs conséquences sur l’imaginaire commun, lorsqu’histoire et actualités se confondent constamment ?

Le lecteur est donc confronté à des situations déstabilisantes où des personnages plusieurs fois centenaires ne se souviennent que des années les plus récentes de leur vie : ainsi d’un fringant archéologue de 200 ans qui dirige des fouilles dans les ruines de sa ville de naissance, détruite par une guerre dans sa jeunesse, guerre dont il n’a naturellement plus aucun souvenir et qui est prétexte à nombre de propagandes et de récupérations politiques à l’échelle de la géopolitique interplanétaire.
On en a un autre exemple plus symbolique avec les menhirs de glace découverts sur Pluton, des monuments que vénère l’humanité (bien présente lors de leur construction), certaine qu’ils appartiennent à un passé commun mais oublié, puisque faute de documentation fiable, personne ne se souvient précisément de leur signification ni des raisons de leur édification.

Une lecture captivante que pourraient apprécier ceux que rebuterait la science-fiction faite d’explosions, d’attaques extraterrestres et de guerres intergalactiques.
Vv

Meurtre à la bibliothèque (Franck Andriat)

note: 4Un livre et deux fins possibles. A vous de choisir! Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Damien, commissaire à la retraite, profite du calme et de la tranquillité qu'il a bien mérité. Seulement un jour tout bascule : un gratin d’aubergines brûle, une chasse d’eau coule et la bibliothèque où travaille sa femme devient un lieu de crime. Ni une ni deux, Damien rempile et mène l'enquête !

Nous avons ici un roman policier plein d'humour avec une écriture très agréable ET deux chutes possibles. Ce court roman de 180 pages devrait plaire aux détectives en herbe. Frank Andriat, l'auteur de Mon pire ami et Depuis ta mort (tous deux disponibles dans votre médiathèque) nous prouve une fois de plus qu'il maitrise parfaitement son sujet.

Au bonheur des dames (Agnès Maupré)

note: 4Accro au shopping Les bibliothécaires - 6 novembre 2020

Denise, jeune Provinciale bien droite dans ses bottes, monte chercher du travail à Paris, alors en pleine restructuration. C’est la fin du XIXème siècle et sur les grands boulevards qui percent récemment la ville, une âpre lutte se joue entre les petits commerces spécialisés et les grands magasins. Faute de travail ailleurs, Denise sera embauchée au Bonheur des Dames, magasin de « nouveautés » aux vingtaines de rayons et aux centaines d’employés. Elle y apprendra ce qui constitue la base du commerce moderne, de la réclame à la vente à perte, en passant par l’aménagement des rayons et des étalages et la concurrence féroce que se livrent les employés aux situations précaires.

Agnès Maupré redonne des couleurs à un classique avec une adaptation moderne du Bonheur des dames d’Émile Zola, tout en restant fidèle au roman original. Elle nous en montre l’aspect visionnaire dans sa description du consumérisme et des techniques de vente, qui sont encore utilisées aujourd’hui et mises en évidence de façon fluide et pertinente dans la bande dessinée. Essor du capitalisme, économie de marché, impunité des patrons, tout le propos de Zola est là, d’autant que la figure du grand magasin en pleine expansion qui dévore et ruine les petits commerces alentour fait toujours douloureusement écho aujourd’hui...

Maupré donne enfin une interprétation moderne bienvenue au personnage de Denise, qui se faisait déjà défenseure des opprimés chez Zola, mais qui acquiert ici une dimension féministe. Le trait, souple et dynamique, est servi par des couleurs vives et audacieusement criardes, et illustrent parfaitement le mouvement constant (des marchandises, du personnel) qui rythmait la vie du grand magasin. Elles donnent ainsi au lecteur comme aux personnages l’impression de se perdre parmi les rayons et les articles, tous plus éblouissants et tentateurs les uns que les autres.
Une adaptation réussie qui dépoussière une lecture qui pourrait rebuter certains, traumatisés par de mauvais souvenirs de devoirs scolaires…
Vv

Monsieur je-sais-tout (Stephan Archinard)

note: 3Accepter la différence Les bibliothécaires - 5 novembre 2020

Stéphan Archinard et François Prévôt-Leygonie signent avec Monsieur je-sais-tout une comédie sur le handicap. Le thème traité est l’autisme à travers le syndrome d’Asperger. On retiendra surtout la performance du jeune Max Baissette de Malglaive qui interprète avec justesse le personnage de Léo en rendant à l’écran toutes les caractéristiques de ce syndrome si particulier sans jamais tomber dans la caricature. Quant à Arnaud Ducret, le personnage du célibataire endurci lui va comme un gant. Le film ne révolutionne pas le genre mais il rappelle sans aucun doute le scenario de Rain Man version française. On assiste donc à la rencontre de deux personnes que tout oppose et qui vont apprendre à s’apprécier. La force du film est dans ce duo qui fonctionne parfaitement. Un récit d’une grande douceur qui se laisse regarder avec beaucoup de compassion, comme les grands succès qu’ont été Hors-normes ou bien encore Intouchable mais avec beaucoup moins de force narrative. R.V.

Gloria mundi (Robert Guediguian)

note: 4Les Misérables Les bibliothécaires - 4 novembre 2020

Robert Guédiguian signe avec Gloria Mundi un de ses films les plus sombres. Filmé en plans larges, il montre la réalité de certains quartiers pauvres au quotidien, dans lesquels l’individualisme et le capitalisme l’emportent sur des valeurs telles que la famille ou la solidarité. Le réalisateur expose le conflit générationnel au sein d’une famille recomposée, véritable microcosme de notre société actuelle: la jeune génération est prête à tout pour réussir, quitte à broyer les plus miséreux. Les rivalités et la jalousie font véritablement imploser cette famille, et les valeurs les plus essentielles, comme celle de l’amour, y sont souillées. Les plus jeunes se complaisent dans des actes sexuels sordides exposés sur les réseaux sociaux sans se préoccuper des conséquences. Finalement, les ainés se résignent à ne plus combattre dans ce monde, à l’image de Sylvie interprétée par Ariane Ascaride la compagne et égérie de Robert Guédiguian, qui refuse de faire grève afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille. Le film sonne comme un cri de colère afin de réveiller les consciences. La seule note d’espoir, est bien celle de la scène introductive du film: la naissance de la petite Gloria portée à l’écran comme un acte sacré.
R. V.

Peau d'homme (Hubert)

note: 5Mauvais genre Les bibliothécaires - 4 novembre 2020

Dans l’Italie médiévale, Bianca, jeune fille de bonne famille, rencontre pour la première fois son futur époux, Giovanni. Les noces sont prévues une quinzaine de jours plus tard mais la jeune femme regrette de ne pas avoir l’occasion de mieux connaître ce futur mari, jeune commerçant prospère mais distant. C’est sans compter sur la complicité de sa marraine, qui lui révèle un secret familial précieusement transmis de mère en fille : une « peau d’homme » !
En la revêtant, Bianca prend l’apparence d’un bel éphèbe, Lorenzo, ce qui lui permettra de se mêler au monde des hommes en toute discrétion ! C’est donc sous les traits et l’identité de Lorenzo que Bianca découvre une liberté grisante interdite aux femmes, cantonnées à la pudeur et à la honte par le fanatisme religieux ambiant. En tant que Lorenzo, la jeune fiancée se rapproche donc incognito de son futur mari, dont elle devient rapidement l’ami puis l’amant…

Entre la farce et le marivaudage, cet album est un véritable hommage à la tolérance et à l’émancipation féminine. En soulignant la différence entre les attentes sociales imposées aux hommes et aux femmes, que Bianca, héroïne vive et révoltée, ne se privera pas de renverser, Hubert et Zanzim nous livrent un conte lumineux et humain qui se confond avec la satire sociale, dénonçant l’hypocrisie de tout un système. Et nous invitent, avec subtilité, à une réflexion sur l’identité sexuelle et le genre. Tout un programme, me direz-vous, magnifié par le dessin naïf de Zanzim, dont les jeux avec les enluminures et les perspectives ne sont pas sans rappeler l’art pictural médiéval.

Un album sensible, aussi réjouissant que flamboyant, et pour le scénariste, une bien élégante façon de tirer sa révérence. Merci Hubert !
Vv

100 ans (Heike Faller)

note: 5Un livre unique pour tous les âges Les bibliothécaires - 17 octobre 2020

“ Qu’avez-vous appris dans la vie ? ”, c’est la question qu’a posée l’auteure, Heike Faller, journaliste en Allemagne, à des dizaines de personnes à travers le monde. Les réponses reçues ont ainsi donné vie à un livre mettant en lumière ce que l’on découvre à travers les âges, de la naissance à 99 ans.
Tendre , drôle , émouvant , dynamisant ... 100 ans, Tout ce que tu apprendras dans la vie fait partie de ces ouvrages qui réunissent et qui consolident les liens entre les générations. Chacun, quelque soit son âge, son origine, et son parcours de vie, s’identifie dans son passé, son présent, son avenir peut-être.
Un livre poétique qui parle à tous!

Tuer le fils (Benoît Séverac)

note: 5Tuer le fils Dominique - 14 octobre 2020

Belle écriture. Beaucoup d'humanité. Amitié forte entre trois policiers.
Suspense bien entretenu.

Peau de mille bêtes (Stéphane Fert)

note: 5Peau d'Âne, version girl power Les bibliothécaires - 13 octobre 2020

Lou, petit prince naïf mais sincère, manie bien mieux les mots que l’épée. Il est certain d’une chose : son destin n’est pas de secourir les princesses ni de combattre les dragons, mais d’écrire une encyclopédie botanique révolutionnaire. C’est donc au cours d’une promenade en forêt que sa route croise celle de la redoutable princesse Ronces, fille maudite du roi des insectes. En effet, celui-ci la tient jalousement cachée des regards sous l’œil vigilant des mille bêtes des forêts, en attendant qu’elle devienne la parfaite épouse apte à remplacer la défunte reine. Avec l’aide de Margot, une bonne fée aux douteuses allures de sorcière, Ronces partira en quête de son indépendance, même si pour cela, elle doit devenir un monstre aux yeux des hommes…

Dans cette réécriture délicieusement cruelle du conte de Charles Perrault, Stéphane Fert met en scène une héroïne forte et mémorable, tout en bouleversant avec malice les codes traditionnels et archaïsants des contes. De nombreuses références à la littérature et au cinéma fourmillent, ne serait-ce que dans le texte d’une grande poésie qui doit autant à Baudelaire qu’à Hugo, sublimant un dessin rond au trait gras et une palette d’une richesse voluptueuse. Un très beau récit d’émancipation féminine !
Prix Imaginales 2020.
Vv

Esja (Hania Rani)

note: 5Piano solo Les bibliothécaires - 7 octobre 2020

Hania Rani appartient à la mouvance du « néo-classique » ou « néoclassicisme ». Sous cette étiquette, on peut placer de nombreux artistes contemporains tels que Ludovico Einaudi, Nils Frahm ou Arnald Olafssur.
Tous explorent le potentiel infini du piano droit. Hania Rani l’associe à quelques touches électroniques des plus minimalistes. Mélodies romantiques, atmosphériques ou mélancoliques, ces morceaux donnent une sensation de temps et d’espace illimités. Les boucles, propres à la musique répétitive, embarquent l’auditeur dans une expérience immersive. D’aucuns pourront argumenter que ce style néoclassique peut s’avérer ennuyeux et qu’il est préférable de se tourner vers l’inspiration première de ces artistes à savoir Debussy, Saint-Saëns ou Satie. C.G.

Notre-Dame du Nil (Atiq Rahimi)

note: 5Les origines d'un génocide Les bibliothécaires - 3 octobre 2020

Notre Dame du Nil est un film du réalisateur Atiq Rahimi adapté du roman éponyme de Scholastique Mukasonga, récompensé par le prix Renaudot 2012. Le film retrace les circonstances qui ont mené au génocide des Tutsis en se focalisant sur un pensionnat catholique de jeunes filles vingt ans auparavant. Ces dernières sont vouées à devenir les élites dirigeantes du pays. Apparaissent alors des querelles raciales, liée à la colonisation à l’encontre des jeunes filles Tutsies et émanant des jeunes filles Hutues. Notre Dame du Nil est un film investi d’une mission : celle de dénoncer sans fard les affres de la condition humaine. R.V.

Indispensable Bo Diddley vol.2 (The) (Bo Diddley)

note: 5Get the rythm... Les bibliothécaires - 3 octobre 2020

Bo Diddley, de son vrai nom Elias Otha Bates McDaniel, tient son pseudonyme de l'instrument assez rudimentaire qu'utilisaient les musiciens noirs débutants à la naissance du blues, parce qu'ils n'avaient pas les moyens de se payer une vraie guitare. En effet, le son de cet instrument, constitué d'un morceau de fil de fer accroché au mur et sur lequel on faisait glisser un goulot de bouteille, se rapprochait de celui d'un instrument à cordes.

Au début de sa carrière, Bo Diddley, bien connu pour son riff de guitare, le Diddley beat, très percussif, l’abandonne progressivement pour un blues plus proche de celui du rythm and blues, élargissant ainsi son public. Plus tard, des musiciens comme les Rolling Stones, les Yardbirds et bien d’autres, le considèrent comme un père spirituel et reprennent ses titres. Ce musicien a également été le précurseur du style "chanté parlé", qu'il a découvert très jeune lorsqu'il fréquentait les chœurs des églises baptistes. Beaucoup de ses compositions sont d’ailleurs inspirées des gospels.

Ce coffret permet de mettre en lumière cet artiste trop souvent éclipsé commercialement par ses comparses Chuck Berry et Little Richards et les rockers blancs dans l'Amérique de la ségrégation raciale. C.G.

Vox Low (Vox Low)

note: 5Un album pour "s'alounger"... Les bibliothécaires - 3 octobre 2020

Vox low, jeune groupe parisien, a connu ses débuts avec Jean-Christophe Couderc et Benoît Raymond, formant le duo Think Twice dans les années 2000, en plein boom de la french touch et produit à l’époque par Laurent Garnier. Bien loin aujourd’hui de cet univers, et rejoint par Mathieu Autin à la batterie et aux percussions, par Guillaume Léglise à la Guitare et aux synthés, le groupe oscille entre un univers punk et psychédélique aux textes sombres, soutien aux laissés pour compte. Composé de 9 titres en anglais, l’album transporte dans un univers hypnotique où pour lequel la voix de Jean-Christophe Couderc survole des nappes synthétiques rappelant les sonorités des années 80. Certains morceaux très entêtants tels que « Ride Alone » et « Something Is Wrong » offre un voyage vers la nouvelle vague punk française, à découvrir sans attendre. R.V.

Frenchy (Thomas Dutronc)

note: 4Des classiques qui sortent de l'ordinaire Les bibliothécaires - 18 septembre 2020

Le guitariste et chanteur Thomas Dutronc signe avec Frenchy son deuxième album chez le célèbre label de jazz Blue Note. C’est une reprise de 14 standards de la chanson française passés à la postérité car ils ont traversé l’Atlantique et ont été repris par les plus grands tels que Franck Sinatra, Louis Armstrong, Tony Benett, Nat King Cole, Dean Martin ou Nina Simone. On trouve parmi cette liste de titres : La belle vie ; Comme d’habitude ; Ne me quitte pas ; La vie en rose ; C’est si bon et des titres plus surprenants tel que Get lucky du groupe électro Daft Punk. Cet album très jazzy est une œuvre soignée pour laquelle Dutronc s’est entouré des meilleurs : Rocky Gresset (guitare), Éric Legnini (piano), Thomas Bramerie (contrebasse) et Denis Benarrosh (batterie). On retrouve toute l’influence du jazz manouche si typique de Django Reinhardt, ainsi que des collaborations prestigieuses du monde du rock, de la pop ou du jazz avec Iggy Pop, Diana Krall, Youn Sun Nah, Stacey Kent ou Billy Gibbons le guitariste des ZZ top, on obtient alors un C’est si bon en anglais et en français, tellement swingue, avec les voix si différentes de Dutronc, de Diana Krall et d’Iggy Pop qui se marient à merveille. Laissez-vous porter et redécouvrez ces titres sous un jour nouveau. R.V.

Taupe & Mulot n° 1
Les beaux jours (Henri Meunier)

note: 5Une p'tite part de tarte aux lombrics? Les bibliothécaires - 18 septembre 2020

..." Après tout, les paysages dans les tableaux sont toujours plus ou moins inventés, car on peint plus avec son coeur qu'avec ses yeux !"

Comment ne pas tomber amoureux de ces deux bestioles ? Taupe & Mulot, les deux protagonistes de ce savoureux album nous conduisent dans leurs aventures au cœur d'une Nature généreuse et accueillante. C'est le printemps et les deux comparses débordent d'énergie et d'envie de la re-découvrir.

Caractères différents mais complémentaires, entraide, encouragement et bienveillance ...
Ce texte véhicule des valeurs positives avec beaucoup de légèreté et d'humour. Les mots d'Henri Meunier sont riches, subtils et poétiques, quant aux dessins de Benjamin Chaud, ils foisonnent de détails humoristiques. Une très belle complémentarité texte/images qui séduit à la fois les parents et les enfants. D'ailleurs, ce livre peut s'adresser aux lecteurs débutants comme aux plus petits pour une lecture accompagnée. C.G.

Ramages (Birds On A Wire)

note: 5Ramage et Plumage Les bibliothécaires - 1 septembre 2020

Birds on a wire, sont deux artistes féminines : Rosemary Standley à la voix magique ( échappée de Moriarty) et Dom la Nena au violoncelle. Elles signent un deuxième opus de reprises de chansons venues de tous les horizons et essentiellement glanées dans leurs souvenirs d'enfance respectifs. Elles revendiquent clairement une nouvelle couleur pour ces morceaux en explorant divers genres musicaux. Des sons et des instruments tels que le clavecin ont été empruntés aux musiques traditionnelles, au baroque, au folk. C’est un album épuré et gracieux, un vrai régal pour les oreilles. C.G.

Resistance (Soul Jazz Orchestra (The))

note: 5Tropicool zouk Les bibliothécaires - 1 septembre 2020

Entre Afrobeat, musiques latines et jazz, le groupe canadien Souljazz perfectionne un groove imparable. Pour Résistance, le sextuor insuffle des éléments mélodiques propres aux Antilles et à l'Afrique de l'Ouest francophone sur fond d’afrobeat. Ça chante en créole et ça flirte avec le zouk pour notre plus GRAND plaisir ! En piste ! C.G.

Asako I&II (Ryûsuke Hamaguchi)

note: 4Un amour peut en gâcher un autre Les bibliothécaires - 1 septembre 2020

Asako I&II est un film du réalisateur japonais qui avait marqué l’Europe en 2015 grâce à sa série réalisée pour le cinéma Senses, et qui dressait le portrait de quatre femmes partageant une amitié sans faille jusqu'à la disparition de l’une d’entre elles.

La disparition est ici aussi un thème essentiel : tout commence avec le départ de Baku, le premier amour d’Asako. Le film dresse le portrait de cette femme meurtrie intérieurement. Le cinéma D’Hamaguchi provient de la scène indépendante nipponne, à la trame très artistique. On note également l’influence du cinéma européen, en particulier celui d’Hitchcock, par la double interprétation de Masahiro Higashide qui n’est pas sans rappeler un remake inversé de Vertigo. C’est une œuvre touchante qui s’appuie sur la force et l’influence du premier amour. Cette adaptation fidèle du roman de Tomoka Shibasaki rappelle certains mélodrames de Douglas Sirk où le bonheur se mêle à la tristesse. L’œuvre touche par la façon dont la poétique conjugale quotidienne est traitée.

Asako, femme discrète, a du mal à s’ouvrir aux autres, perturbée par la perte d’un amour passé et rencontre à nouveau quelqu’un qui est la copie conforme de son premier amour. Cette femme sensible assume ses choix dans une société japonaise qui pèse par ses traditions.

Restant fidèle à ses sentiments, elle découvre ce qu’est le véritable amour, et c’est bien là la force du réalisateur: mettre en exergue ce sentiment si puissant. Une œuvre d’une grande délicatesse à voir et à revoir. R.V.

Là où chantent les écrevisses (Delia Owens)

note: 4L'enfant sauvage Les bibliothécaires - 26 août 2020

1952 Au cœur des marais d’une petite ville de Caroline du Nord, Kya est la dernière d’une fratrie qui se délite sous la violence d’un père alcoolique. La mère déserte, puis ses frères et sœurs, tous quittent la cabane délabrée qui tient lieu de foyer et la laisse seule avec son père. Jusqu’au jour où celui-ci quitte le marécage pour ne jamais revenir. Kya a 10 ans et va faire l’apprentissage de la vie dans le plus grand dénuement et la plus grande solitude au coeur de ce marais, à la fois espace nourricier mais aussi lieu sauvage et secret. Aux yeux des habitants de Barkley Cove, Kya devient la mystérieuse Fille des Marais, source de fantasmes et de préjugés.

1969 Deux enfants découvrent, dans les marais, le corps sans vie de Chase Andrews, le wonder boy local .Le roman débute d'ailleurs par cette disparition. De l'enquête qui découle de cette mort, l'auteure remonte le temps et le lecteur découvre la vie de Kya. Ces deux histoires parallèles finiront par se croiser.

Véritable ode à la Nature, ce roman possède une incroyable puissance d’évocation.Les descriptions de la vie du marais sont tellement imbriquées dans le récit qu'elles l'étoffent intelligemment. Odeurs des eaux saumatres, couleurs des plumes d'oiseaux, le touché des coquillages dentelés, bruissements de feuilles, oiseaux bigarrés...Kya s'approprie ce marais, sa "Terre-Mère". Le lecteur s'attache à Kya, enfant avide de savoirs, sauvage et solitaire mais surtout dotée d'un élan de (sur)vie admirable. D'ailleurs, Kya s'inscrit dans la lignée d’héroïnes fortes et combatives dont la litterature actuelle foisonne (My absolut Darling, Dans la forêt, Manuel de survie à l'usage des jeunes filles...).
Un hymne sublime à la nature, à la solitude et à la résilience. C.G.

N'oublie pas ton rêve (Simon Philip)

note: 5A la poursuite de ses rêves Les bibliothécaires - 31 juillet 2020

« N'oublie pas ton rêve » est un album très touchant. Bernard, un petit lapin, essaie de passer inaperçu, invisible...dur pour lui d’affronter le regard des autres.
Simon Philip encourage ses petits lecteurs à assumer leurs différences et à croire en eux.
Il invite son personnage, Bernard, à rêver et ainsi devenir lui-même.
Les illustrations très colorées sont amusantes, les expressions des lapins étonnantes !

Ad Astra (James Gray)

note: 5Un peu plus prés des étoiles Les bibliothécaires - 12 juin 2020

Après The lost city of Z, James Gray propulse le spectateur sur Neptune, aux côtés de Roy McBride incarné par Brad Pitt, un astronaute de la NASA à la recherche de son père super-héros, disparu 16 ans plus tôt au cours d'une mission, mais avant tout en quête de lui-même.

Disons-le d’emblée, Brad Pitt est exceptionnel dans le rôle de cet astronaute torturé rompu à l'exercice du self-controle, barrant la route à la moindre émotion, se délestant de toute attache. Une sorte de léthargie affective le plonge dans une profonde mélancolie bien dissimulée.
Jams Gray régale le spectateur par la beauté de l'image, la mise en scène dépouillée mais grandiose. Néanmoins, cela reste un film de science-fiction impliquant quelques codes du genre, inévitables. Sans les dévoiler, ces quelques scènes rappelleront aux spectateurs d'autres chefs-d'oeuvre mais le cinéaste ne s'éloigne jamais de cette quête d'introspection. En effet, le héros part à la recherche du père disparu afin de renouer avec une part manquante de son histoire, et comprendre, mais la quête du père fonctionne comme un révélateur. C'est aux confins de la galaxie qu'il parvient à s'en démarquer, à trouver la force de vivre, avec la volonté d'apprendre à aimer et à être aussi aux autres. C.G.