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Le livre qui dit non (Cédric Ramadier)

note: 4Un livre ludique à lire pendant la phase d'opposition Les bibliothécaires - 6 juillet 2019

L’auteur a une façon ludique, originale et très personnelle de nous parler des émotions. On vit et ressent les humeurs changeantes de son personnage, le livre ! Il peut ainsi être en colère, amoureux ou grognon…
Mais son ami la petite souris trouvera avec beaucoup de tendresse, de câlin et un bisou ..des solutions.

El Mal querer (Rosalia)

note: 5Flamenco 2.0 Les bibliothécaires - 6 juillet 2019

Jeune catalane, Rosalia dépoussière littéralement le flamenco. Elle pulvérise les codes de ce genre ancestral en y insufflant des sonorités urbaines. Mixé avec du hip-hop, du Rn’B, de la pop et de l’électro, ce produit typique de la terre d’Espagne hyper édicté, se pare ici de nouveaux atours. Très controversée par les puristes et accusée de dénaturer cet art, elle lui rend plutôt hommage et l’amène sur un nouveau terrain. C.G.

Sans un bruit (John Krasinski)

note: 4Le silence est d’or Les bibliothécaires - 2 juillet 2019

Sans un bruit de John Krasinski, sorti en 2019, ouvre une nouvelle ère du film d’horreur en prenant le silence comme maître du suspense. On suit une famille composée de trois enfants et des parents essayant de survivre, dans un univers post-apocalyptique, à des créatures monstrueuses dont l’origine nous est inconnue. Le réalisateur, bien inspiré lors de son casting, choisit à la fois des acteurs expérimentés et de jeunes novices. Le rôle de la mère est tenu par la compagne de Krasinski, Emily Blunt, déjà habituée aux rôles de science-fiction (Edge of tomorrow) et celui du du père par Krasinski lui-même.
Le réalisateur ne s’attarde pas en explication mais préfère plonger dès le début du film le spectateur dans un suspense haletant : on est immédiatement envahi par la peur avec la capture du plus jeune enfant suite à un manque d’attention des parents. Certaines scènes très inspirées de La guerre des mondes ne révolutionnent pas le genre mais participent à ce climat, le tout plongé dans un silence de plomb, digne du chef d’œuvre Alien. Une mention spéciale à la jeune actrice sourde Millicent Simmonds, splendide dans son univers insonore plein d’effroi.
Quelques observations cependant : la musique impose son appréciation émotionnelle au spectateur, qui aurait préféré sans doute la puissance évocatrice du silence. La fin du film est jubilatoire grâce à la découverte du point faible de ces terrifiantes bébêtes…
Sans oublier le bonus: un making-of qui permet de mieux comprendre la réalisation de ce petit chef-d’œuvre, entre l’horreur et science-fiction. R.V.

A ghost story (David Lowery)

note: 4Ghost in translation Les bibliothécaires - 2 juillet 2019

A Ghost Story explore ici un genre nouveau pour le réalisateur David Lowery adoptant le point de vue du fantôme (déjà traité - différemment - par le réalisateur Jerry Zucker dans les années 1990 dans le film Ghost, interprété par Patrick Swayze).
Il s’agit d’un couple installé dans un pavillon de banlieue américaine dont l’histoire vire au drame lorsque l’époux, interprété par Casey Affleck, meurt dans un accident de voiture. Ce dernier revient sous les traits d’un fantôme, hanter la vie de sa femme.
Mais ce fantôme drapé de blanc reste invisible pour le reste de l’humanité. Il erre telle une âme en peine, condamné au purgatoire. Ne subissant pas l’influence du temps, il cherche à trouver un sens à sa présence. Plus rien ne subsiste en lui de sa vie antérieure car il a tout oublié, seulement l’attachement au lieu. David Lowery prend son temps, il filme un drame poétique et contemplatif qui contraste avec les traditionnels films du genre qui s’insèrent dans le registre de l’horreur. De longs plans séquence ponctués d’une musique douce où les seules scènes effrayantes sont celles de l’apparition du fantôme montrent une connexion entre le mort et les vivants. Tout est fait pour que le spectateur soit pris de compassion pour ce spectre qui expérimente la solitude.
Un film d’une douceur absolue qui invite à une belle réflexion sur la vie après la mort. R.V.

Dans un rayon de soleil (Tillie Walden)

note: 5Un space opera poétique et dépaysant Les bibliothécaires - 21 juin 2019

Dans une galaxie pas si lointaine, un vaisseau papillonne de planète en planète à la recherche de monuments désaffectés. Il s’agit de l’équipage d’Alma et de Char, chargé de restaurer les ruines d’une civilisation passée qui parsèment l’espace. C’est ce groupe hétéroclite que rejoint Mia, fraîchement diplômée et hantée par le souvenir d’un amour disparu.
Dans un voyage onirique à travers un espace infini, Tillie Walden signe un space opera amoureux d’une mélancolie lancinante. La beauté et l’énigmatique obscurité des paysages spatiaux insufflent une grande poésie à la narration, ponctuée par les couleurs éclatantes des astres et des comètes qui baignent l’atmosphère. Magnifique et absolument dépaysant.
Vv

KidZ n° 1 (Aurélien Ducoudray)

note: 4Madame Finksen n’a plus toute sa tête Les bibliothécaires - 8 juin 2019

Comment survivre à l’apocalypse zombie quand on a 10 ans, que l’on est réfugié dans un pavillon de banlieue sous le soleil de Californie et que l’on a vu ses parents s’entredévorer ? En comptant sur sa bande de copains; Brooks, Cochonou, Mickey et les jumeaux, et en organisant la défensive entre expéditions punitives et recherche de biens de consommation. La survie à tout prix jusqu’au jour où la petite communauté est confrontée à un problème majeur : l’arrivée de deux jeunes filles, Polly et Sue…

Quand Walking Dead rencontre la série bande dessinée Seuls…Points communs avec cette série : des adolescents dont les parents ont disparu, le décor d’une banlieue pavillonnaire, mais dans Kid’Z, nos jeunes héros ont fort à faire avec des zombies…
Pour les plus jeunes, la thématique « zombies » est souvent abordée sur le registre de l’humour (Zombillénium, Mélusine, Kid Paddle…), la série Kid’Z s’adresse aux plus grands de nos jeunes lecteurs, elle alterne humour et aventure tout en jouant le jeu du genre « zombie » avec quelques coups de batte de base-ball.

Ducoudray, scénariste prolixe, a écrit peu de scénarios de bandes dessinées pour la jeunesse. Il nous livre un album qui sait alterner les scènes d’actions et les moments d’intimité en laissant de la place à l’univers de l’adolescence. Le dessinateur Joret vient de l’animation et du jeu vidéo, l’efficacité de son dessin au trait rapide dynamise le récit.
Cette nouvelle série devrait combler les jeunes lecteurs qui ont dévoré les albums Seuls et regardé la série télévisée Stranger Things. Y. G.

Charlotte impératrice n° 1
La princesse et l'archiduc (Fabien Nury)

note: 4Profiter du destin et arracher le pouvoir Les bibliothécaires - 8 juin 2019

1850, Charlotte 10 ans fille de Léopold 1er, Roi des Belges, est conduite devant sa mère Louise d’Orléans qui vient de décéder. Quelques années plus tard, sa rencontre avec Maximilien 1er et le mariage qui va suivre, marque le début de son parcours d’archiduchesse qui sert de trame à cette nouvelle série historique. Nous découvrons à ses côtés les coulisses tourmentées de ces cours d’Europe au milieu du XIXème siècle. Jeu de pouvoirs dans cette Europe en guerre qui oppose les empires mais aussi affrontements dans le couple entre Charlotte et Maximilien…

Charlotte impératrice n’est pas une série historique de plus dans la production éditoriale foisonnante de bande dessinée. C’est une rencontre, celle du scénariste Fabien Nury dont les séries (Il était une fois en France, La Mort de Staline, L’Or et le sang, Silas Corey, Tyler Cross…) prévalent de la qualité de celle-ci et du dessinateur Mathieu Bonhomme (Esteban, Le Marquis d’Anaon, Lucky Luke, Texas cow-boys…) à l’élégant dessin d’un réalisme épuré…Le résultat, une fresque historique sur cette partie de l’histoire peu traitée en bande dessinée, l’Europe du milieu du XIXème siècle et sur l’expédition mexicaine qui entraîna les troupes françaises au Nouveau Monde. Cet album raconte aussi un parcours de femme, celui de Charlotte qui devra forcer son destin, mariée très jeune et confrontée à la pression du pouvoir impérial, pour gagner face un mari défaillant l’autonomie d’une impératrice. Y. G.

Je voudrais que la nuit me prenne (Isabelle Desesquelles)

note: 5Voir la lumière d’une étoile ne prouve pas son existence Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Dès le premier chapitre une émotion mystérieuse vous étreint. D’où vient ce serrement à la gorge à la lecture alors que l’auteur nous décrit l’enfance de Clémence petite fille de huit ans ? Le regard d’une petite fille témoin de l’amour de ses parents, un père « maître d’école » et une maman au cœur immense et rayonnant. La petite fille s’émerveille de la vie, de cet amour, du quotidien entre des parents aimés et s’aimant. Cette petite fille projette cet amour partagé, ce trop-plein d’émotions dans un sentiment naissant pour son petit voisin, un amour déjà mature, bouleversant. Le roman aborde l’enfance par la force des moments vécus qui ne seront bientôt que des souvenirs…Pourquoi dans ce quotidien d’amour familial et de fantaisie, imperceptiblement une ombre vient à planer…
Une écriture habile à décrire le sensible au service d’une histoire qui éclaire le pourquoi de cet émoi ressenti. Une belle lecture qui a su convaincre aussi les jeunes lecteurs qui lui ont attribué le prix Femina des lycéens 2018. Y.G.

Helena (Jérémy Fel)

note: 5Dans l’obscurité du champ de maïs, j’ai bien cru apercevoir l’épouvantail se déplacer… Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Longue traînée de bitume dans la chaleur de l’été, Hayley roule dans sa décapotable rutilante vers la gloire, le tournoi de golf pour lequel elle s’est entraînée. Jeune et jolie californienne, tout lui réussit, à part le petit copain qui semble chercher ailleurs. Et…Le cabriolet tomba en panne…
Mais quand tout vous sourit, c’est une charmante famille américaine, mère courage et ses trois enfants, qui vous accueille pour vous permettre de dépanner votre Aston Martin…Mais même dans les contes de fée, la maison de pain d’épices s’avère être un piège redoutable. Dans cette ferme balayée par les vents chauds du Kansas, perdue au milieu des champs de maïs, un jeune ogre de dix-sept ans contient sa rage…
Ce thriller psychologique semble issu de la plume d’un auteur américain … Le plus américain des jeunes auteurs français (son deuxième roman) nous livre un roman qui s’inspirent autant du conte, de la littérature américaine que du cinéma et des séries. Un croisement entre Truman Capote, le magicien d’Oz et Stephen King…
Jusqu’où une mère peut aller pour sauver ses enfants…Y.G.

Gaspard va au mariage (Antony Cordier)

note: 5Family Business Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Ce film original ressemble à un conte de Charles Perrault. On y trouve des forêts, une grande maison familiale qui tient lieu de château, une fratrie aux rapports ambigus, une maman décédée et le remariage du Père.
Après plusieurs année d’absence, Gaspard, rejoint donc sa famille dans le Limousin pour assister au remariage de son père. Par le biais d’une rencontre improbable dans le train, il parvient à convaincre une jeune fille de jouer le rôle de sa petite amie pendant le séjour pour échapper aux griffes de cette fratrie. Précisons que le lieu du mariage n’est autre qu’un zoo détenu par la famille depuis toujours et où les enfants ont grandi. C’est également un lieu d’enfermement pour le frère et la sœur de Gaspard qui restent comme emprisonnés dans cet univers d’enfance et que Gaspard tente de fuir depuis toujours. Il est bien là, l’enjeu principal du film : faire le deuil de l’enfance pour devenir adulte.
Le film souffre de plusieurs défauts mais vaut le détour pour son humour décalé et sa douce extravagance. C.G.

Bach inspirations (Thibaut Garcia)

note: 5Cordes de Paradis Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Thibaut Garcia est un jeune guitariste classique diplômé du conservatoire de Toulouse : révélation dans la catégorie Soliste Instrumental des victoires de la musique classique 2019. Il offre ici un album guitare seule intitulé Bach inspirations dans lequel il rend hommage au grand compositeur allemand en interprétant trois œuvres inspirées de sa musique. L’écoute de l’album transporte dans un univers néo-classique. C’est une manière de découvrir un répertoire pour guitare, mal connu du grand public, et qui s’inspire directement des compositions de Bach, d’œuvres qui furent initialement écrites pour être jouées à la guitare comme La catedral de Agustín Barrios-Mangoré, ou encore les Inventions d’Alexandre Tansman. Epoustouflante interprétation de l’Ave Maria par la soprano Elsa Dreisig accompagnée par la guitare seule de Thibaut Garcia. Un véritable moment de paix à écouter égoïstement installé dans son salon un verre à la main. R.V.

Amanda (Mikhaël Hers)

note: 5Guérir à deux Les bibliothécaires - 4 juin 2019

Dans ce film on suit David Sorel, jeune homme de 24 ans un peu débrouillard qui jongle entre son travail d’élagueur à la ville de Paris et celui de réceptionniste pour touristes au compte de son propriétaire bailleur. Il soutient sa grande sœur Sandrine, mère célibataire et professeur d’anglais au lycée Arago, en allant chercher sa nièce Amanda, âgée de 7 ans, à l’école. Bien qu’il soit souvent en retard, il fait de son mieux, et une relation très complice s’installe entre sa nièce et lui. Ce lien fort s’explique aussi par le lourd passé du frère et de la sœur, abandonnés tout jeunes par leur mère et dont le père est décédé. Cependant, tout bascule un soir d’été lorsque David, arrivé en retard au pique-nique prévu avec des amis au bois de Vincennes, découvre le carnage. Des terroristes islamistes ont tiré sur la foule. Sa sœur figure parmi les victimes laissant une fille de sept ans et un frère de vingt-quatre ans désemparés, meurtris par l’absence. Le film sorti 3 ans après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris est un hommage aux victimes mais n’en constitue pas le sujet.
Il s’agit ici de faire une observation du deuil. Ce thème ainsi que celui du passage brutal à l’âge adulte sont récurrents dans la filmographie du cinéaste. Il faut avancer coûte que coûte pour ne pas sombrer: faire des choix, comme celui de devenir père. Le réalisateur parvient à capter avec justesse toutes les subtilités affectives éprouvées. Amanda perd tout espoir, mais la guérison n’est jamais loin comme le suggère la scène finale à Wimbledon, où le sourire d’Amanda renaît. R.V.

Walter Appleduck n° 1
Cow-boy stagiaire (Fabcaro)

note: 4Le bon, la brute et le stagiaire Les bibliothécaires - 17 mai 2019

Walter Appleduck est un jeune garçon poli, cultivé et bien éduqué qui fait un master cow-boy et part en stage dans la ville déjantée de Dirty Old Town. Devenu l’assistant d’un shérif adjoint d’une paresse exemplaire, il va apprendre les rudiments du métier dans les circonstances les plus farfelues. De l’absurde et du loufoque à la sauce far-west. Vv

La fille dans l'écran (Lou Lubie)

note: 4De l'autre côté de l'écran Les bibliothécaires - 17 mai 2019

Dans un roman graphique réalisé à quatre mains, Lou Lubie et Manon Desveaux donnent vie à une touchante histoire d’amitié et d’amour entre deux jeunes femmes que tout, y compris la distance, semblait séparer.

Le dessin dynamique et coloré de Lou Lubie suit ainsi le quotidien de Marley, pétillante jeune femme exilée à Montréal qui, entre deux soirées, a un peu laissé de côté sa passion pour la photographie. Dans un petit village perdu du Périgueux, Coline, aspirante illustratrice sujette à des crises d’angoisses et mise en scène par le dessin sobre de Manon Desveaux, tombe sous le charme des photos prises par Marley et décide de lui demander l’autorisation de s’en inspirer pour ses propres dessins.

Après un premier contact hésitant et timide par mail, les messages se suivent et se multiplient et une amitié sincère se crée entre les deux jeunes femmes, que l’on suit de façon parallèle avec les planches de chacune des deux dessinatrices qui se font face à chaque page tournée. Jusqu’à la rencontre en vrai…

Une lecture agréable, pas forcément révolutionnaire et un peu fleur bleue mais intéressante dans la démarche narrative et dans l’utilisation de la technologie par les deux personnages pour établir le contact. On se laisse aisément conquérir par la sincérité des personnages et la simplicité de leur relation par écrans interposés.
Vv

Sur les chemins noirs (Sylvain Tesson)

note: 5Sur la route Les bibliothécaires - 15 mai 2019

Sylvain Tesson fait partie de ses auteurs-voyageurs qui ne dissocient pas le voyage de l’écriture, comme Jack London, Jack Kerouac ou Joseph Kessel avant lui. Ici, il parcourt la France à pied, du Mercantour aux côtes du Cotentin pour découvrir son propre pays. Réflexions personnelles et observations de l'évolution du paysage l'accompagnent le long de ses chemins noirs. Récit sociologique autant qu'intime, Sylvain Tesson livre un texte magnifique, d'une simplicité lumineuse.
Un périple loin de la civilisation, en pleine nature, soit un des thèmes de prédilection d’un écrivain qui a fait du récit autobiographique le cœur de toute son œuvre. F.P.

Foxwarren (Foxwarren)

note: 5FolkWarren Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Andy Shauf, artisan solitaire, concrétise un nouveau projet musical entouré de ses complices d’enfance. De la douceur emmenée par une voix mélancolique, les morceaux de cet album accrochent l’oreille par leur coté irrésistible et entêtant. La musique de Foxwarren est à la fois planante, atmosphérique et parfois synthétique. C.G.

Pink air (Elysian Fields)

note: 5Un ciel pas si rose Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Pink air est le 9ème album du groupe new yorkais Elysan Fields, porté par la voix de la charismatique Jennifer Charles et les guitares d’Oren Bloedow. Le duo signe ici un album rock sombre en abordant les thématiques sociétales et politiques s’inspirant des pires craintes des Américains comme celle des problèmes écologiques, ou encore d’une dictature menée par un dirigeant narcissique censé représenter Trump. Un sentiment de peur contrebalancé par l’humour et un ton caustique se dégage des textes de Jennifer Charles. On le trouve en définitive plus blues, comme l’atteste le premier titre Storm cellar, puis on passe à des morceaux plus rock voire disco-rock comme Tidal wave, et enfin presque psychédéliques avec le titre Karen 25. Cet album gagne en intensité notamment avec Dispossessed qui rappelle les années 90 et des groupes comme Dolly.
Pink air est sans conteste un immense moment de rock qui ne peut laisser indifférent. R.V.

Boarding house reach (Jack White)

note: 3Jack White en roue libre Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Boarding house reach est le troisième album solo de l’ancien membre des White Stripes, j’ai nommé Jack White. Dans cet album, mister White renoue avec ses origines de batteur et les percussions y sont très présentes. On découvre un album tout en expérimentation et pas totalement maîtrisé, et c’est bien là qu’est l’intérêt : faire découvrir plusieurs batteries, percussions et basses. morceau Ice station zebra mélange des sons à la fois Hip-Hop, Jazz, Funk, Rock, Metal sur une plage de plus de 4 minutes. Aujourd’hui Jack White laisse place à son imagination, à une musique très personnelle, apporte sa vision de ce que la musique "devrait" être aujourd'hui, une sorte de chaos funky. Bien que le début soit très ancré sur ses origines musicales blues, l’album propose une transition vers des sons contemporains comme dans Why Walk the Dog ? Cette oeuvre créée dans son appartement de Nashville loin de toute civilisation, avec pour seule compagnie une flopée d’instruments, montre la folie créatrice de ce génie du rock. Finalement l’audace fera place à un fourre-tout quelque peu chaotique.
Un album qui vous laissera peut-être perplexe car sa réalisation et la simplicité des textes ne sont sans doute pas ici à la hauteur de ses ambitions créatrices. R.V.

Call me by your name (Luca Guadagnino)

note: 4Plaisir des sens Les bibliothécaires - 4 mai 2019

Call me by your name est un film franco-italo-américain du réalisateur Luca Guadagnino adapté du roman Appelle-moi par ton nom, d’André Aciman. L’histoire se déroule durant l’été 1983 en Lombardie où une famille de la haute société française passe ses vacances, comme tous les étés, dans la vieille demeure familiale. Le père interprété par Michael Stuhlbarg est un professeur américain d’archéologie et d’histoire de l’art à l’université et la mère campée par Amira Casar est traductrice de profession. Leur fils Elio, un jeune homme de 17 ans, très mûr pour son âge, passe son temps entre la lecture, la musique et rencontrer ses amis. Pour lui c’est le temps des premiers flirts avec son amie Marzia. Mais tout bascule lorsque qu’Oliver, un étudiant américain, débarque chez lui pour aider son père dans ses recherches. Entre Elio et Oliver, une attraction immédiate s’opère.
Timothée Chalamet (Elio) est vraiment fantastique dans son rôle d’adolescent jouant sur les deux tableaux ; les sentiments se mélangent en lui, à un âge où tout est tumultueux, puis la montée du désir et le torrent d’émotions ¬contradictoires le libère. La force de cette relation réside dans le dépassement de la question du genre, de la sexualité, sublimé par cette connexion entre deux êtres. La romance est traitée de la même manière qu'une histoire d'amour hétérosexuelle. Deux personnes se rencontrent, se cherchent, et ne pourront plus se passer l'une de l'autre. Cet amour, aussi bref soit-il, peut être vécu, car Elio vit dans un environnement qui le permet : son père encourage cette amitié même lorsqu’il comprend qu’il s’agit d’amour. La force de ce film réside du pouvoir de plonger le spectateur dans un monde sensoriel, lui faire vivre et ressentir les émotions d’Elio
Un film sublime plein de charme et de volupté. R.V.

Macaroni ! (Thomas Campi)

note: 5Un récit humain et touchant à découvrir Les bibliothécaires - 10 avril 2019

Au fil du scénario de la BD, on apprend qu’Ottavio a fui son pays sous l’influence de la propagande, pour rejoindre, comme beaucoup d'autres, ce qui devait être l'eldorado belge, mais qui s’est en fait révélé être l’enfer de la mine de charbon.
Lorsque Roméo doit passer quelques jours à Charleroi dans la petite maison en briques rouges de son grand-père Ottavio, le jeune garçon de 11 ans se dit que cela va être un enfer d’habiter toute une semaine chez ce « vieux chiant ».
Aujourd'hui, bien que les souvenirs, les regrets des occasions manquées, la maladie, les secrets de ce vieil homme seul s'entremêlent, ces quelques jours vont, en réalité, changer Roméo pour toujours. En plus de se rapprocher de son « nonno », qui est loin d’être le « vieux chiant » qu’il pensait, Roméo va se lier d’amitié avec Lucie, la petite voisine espiègle et un cochon prénommé Mussolini.

L’écriture de Zabus est efficace et parle de quête d’identité, de transmission entre générations, de non-dits familiaux tout en abordant les thèmes de la vieillesse, de l'immigration et les regrets d’un homme au crépuscule de sa vie.
Petit bonus : ne zappez surtout pas la préface de Salvatore Adamo, elle est émouvante. Ses parents ayant connu une trajectoire assez similaire à celle d’Ottavio. Enfin, la postface éclaire aussi sur la vie sinueuse et la genèse de ce projet avant qu'il ne se concrétise en BD : les changements de formats et de dessinateur, les réécritures…
En refermant le livre, on se dit qu’on aurait bien voulu passer un peu plus de temps avec Roméo et son père, partis sur les traces de son grand-père en Italie. Ce qui prouve que le dessinateur et le scénariste ont réussi le pari de nous embarquer dans leur univers !
Un album touchant parce que sensible et émouvant...
F. D.


Roux ! (Musée national Jean-Jacques Henner)

note: 5Splendeurs et misères de la rousseur Les bibliothécaires - 10 avril 2019

Cuivré, mordoré, fauve, auburn, brique, rouille, roussâtre, carotte, cannelle, les mots ne manquent pas pour désigner l’orangé qui se décline en mille nuances et mille connotations sitôt qu’il pare une chevelure ou un pelage.
À l’origine de ce catalogue qui revient sur l’exposition « Roux ! » qu’accueillit le musée Jean-Jacques Henner, quelques traits de sanguine de ce peintre qui se fit connaître pour ne représenter « que » des rousses. On voyage dans le temps et dans le monde symbolique de la rousseur, une couleur ambiguë, flamboyante et sanguine, symbole de puissance et de virilité dans certaines traditions mais aussi de violence et de malfaisance dans d’autres.
Suscitant à la fois la fascination et la répulsion, la couleur rousse orna ainsi la chevelure de figures bibliques telles que Judas ou Marie-Madeleine, illustra la fourberie du géant nordique Loki ou du dieu égyptien Seth. Mais furent roux également la sublime Vénus de Botticelli ou le rusé Renart du roman médiéval. Roux encore furent les puissants dieux des Cherokee et les masques des chefs des îles du Pacifique. Splendeurs et misères de la rousseur, partez à la découverte d’une couleur ambivalente et passionnante.
Vv

My absolute darling (Gabriel Tallent)

note: 5Tu seras forte ma fille! Les bibliothécaires - 10 avril 2019

Premier roman de Gabriel TALLENT et force est de constater que ce dernier porte bien son nom. Turtle (Julia de son vrai nom) est une adolescente de 14 ans vivant seule avec un père violent et abusif. Elle va tant bien que mal tenter de s’émanciper de cette relation malsaine dans laquelle elle est empêtrée et réapprendre à vivre normalement.
Le récit, prenant et immersif, mène le lecteur à ressentir au fil de l’histoire les mêmes angoisses et sentiments d’impuissance que l’héroïne. Sans pour autant s’identifier à elle, on l’accompagne, subordonnés à son esprit, se mais on subit, impuissants, tout ce qui lui arrive. Nous aimerions lui crier des choses mais jamais notre voix ne l’atteint : la logique n’exclut pas la frustration…
Lire ce roman c’est un peu comme sentir une araignée invisible se balader sur notre corps sans moyens de la déloger. La lecture à certains moments est presque douloureuse et pourtant, il est impossible de s’en éloigner. Nous la poursuivons coûte que coûte.

Avec toi (Pauline Delabroy-Allard)

note: 5Un album tendre et poétique! Les bibliothécaires - 3 avril 2019

C’est avec tendresse et délicatesse que Pauline Dellabroy Allard délivre dans cet album jeunesse « Avec toi » le récit d’une journée type d’une mère et sa fille.
Un récit à 2 voix : sur la page de gauche se déroule le point de vue de la maman, sur celle de droite celui de l’enfant. On suit pas à pas chaque événement de la journée entre les moments de partage, l’absence et l’éloignement, entre fusion et désaccords.
Un album poétique et philosophique où l’auteur met en lumière et sublime nos quotidiens.

The cakemaker (Ofir Raul Graizer)

note: 5Les gâteaux de l'amour Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Ce premier long métrage israélien apparaît comme une leçon de tolérance à travers la rencontre de deux personnages Thomas et Oren. Thomas, un jeune pâtissier allemand, entretient une liaison avec Oren, un israélien de passage en Allemagne. Les deux amants se voient lors des déplacements professionnels d’Oren à Berlin. Oren mène alors une double vie celui-ci étant marié et père d’un enfant à Jérusalem. Oren et Thomas vivent un amour sincère puisqu’ils n’ont aucun secret l’un pour l’autre. Oren raconte sans tabou à Thomas sa vie avec ses proches, et cette relation libre s’affranchit de toute contrainte. Pour Oren il est bien plus simple de vivre librement sa bisexualité en Allemagne plutôt que dans son pays ultra-orthodoxe. Ainsi, tout s’effondre lorsque Thomas apprend qu’Oren est décédé dans un accident de voiture à Jérusalem. Assommé par le deuil, Thomas décide de partir à Jérusalem dans un pays où il ne connait ni la langue, ni la culture, ni la religion, afin de se confronter à la part inconnue de la vie d’Oren. Sans révéler ses véritables motivations, il va se rapprocher de la famille d’Oren, en trouvant du travail auprès d’Anat sa femme.
Le réalisateur cherche alors à rapprocher deux cœurs endeuillées en montrant leur complicité naissante. L’attitude bienveillante de Thomas est à l’image de ses pâtisseries, qui apportent réconfort et chaleur. Très vite il se rend indispensable dans le café d’Anat puisque celui-ci fait prospérer l’affaire par la vente de ses merveilleuses pâtisseries, et ce malgré les obligations liées à la religion juive qui lui interdisent d’utiliser un four. Ofir Raul Graizer dénonce ici l’inflexibilité de la religion juive. Le réalisateur fait preuve ici d’une grande audace en traitant de sujets aussi polémiques dans un pays où la religion est très présente. En effet, rares sont les films s’aventurant sur ce terrain dans le cinéma israélien. L’autre but inavoué du réalisateur est la volonté de rapprocher l’Allemagne et Israël, deux pays liés par un passé tragique.
The cakemaker révèle finalement un beau drame intime qui réchauffe le cœur et aborde subtilement de nombreux sujets: le deuil, la religion, l’homosexualité. R.V.

Ann O'Aro (Ann O'Aro)

note: 5Du corps au coeur Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Artiste atypique dans son parcours et son chant, Ann O’aro sort un album singulier et bouleversant. Elle s’empare du maloya, genre musical emblématique de sa natale Réunion. Elle interprète plus qu’elle ne chante son histoire douloureuse et son enfance meurtrie. Sa musique aborde des sujets intimes et tabous utilisant des mots crus et brutaux, cherchant ainsi à dépasser sa souffrance à la façon d’une thérapie. C’est un album à découvrir, saisissant et sauvage.

Tales of America (J.S. Ondara)

note: 4American Boy Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Sur les traces de Bob Dylan, son idole absolu, JS Ondara quitte son Kenya natal pour rejoindre Minneapolis et se lancer dans la chanson. C’est ici sa version à lui de l’ «American dream », sujet inépuisable notamment pour un songwiter de chansons folk blues. De sa voix haut perchée, un brin androgyne, il interprète des ballades évoquant son parcours d’immigré confronté aux violences sociales et politiques de ce pays d'adoption. La guitare sèche et sa voix de griot soul colorent ses titres d'une douce mélancolie.

Sharp objects (Jean-Marc Vallee)

note: 4Drôles de Dames Les bibliothécaires - 3 avril 2019

Camille Peaker, journaliste à Saint Louis, se retrouve à enquêter sur le meurtre de deux jeunes filles dans la ville de son enfance, Wind Gap.
Hantée par de douloureux souvenirs de son passé, elle revient à contrecœur dans cette bourgade ou le décès de ces jeunes filles fait écho à la mort de sa jeune sœur bien des années plus tôt. L'efficacité de cette série repose sur divers éléments : en premier lieu, sa distribution. Le trio d'actrices est impeccable. Torturées ou tyranniques, leur jeu est sensible et subtil. Le sens de la narration et la dramatisation participent également à sa réussite. Certes, le rythme est lancinant comme un poison se répandant lentement mais de nombreux flashbacks plongent le spectateur dans le passé de Camille pour constituer les pièces d'un puzzle, source de compréhension des addictions de Camille et de son antipathie pour sa mère.
Enfin, n’oubliez pas de regarder le générique jusqu’à la fin…C.G.

Antonia (Gabriella Zalapì)

note: 5Journal d’une épouse délaissée Les bibliothécaires - 15 mars 2019

Palerme, 1965. Antonia est mariée et s’ennuie profondément, elle est seule et ne supporte plus la vie à deux .Son mari, un notable de la ville, est autoritaire et peu aimant. Elle a un fils qui est élevé par une nourrice exclusive. Suite au décès de sa grand-mère, elle tient un journal qu’elle étoffe de lettres, carnets et photographies. En dépouillant ces archives, elle reconstruit le puzzle du passé familial. Elle puise dans cette recherche la force nécessaire pour échapper à sa condition.
Roman d’une femme émancipée dans les années 1960,qui est rythmé de photographies tirées des archives familiales de Gabriella Zalapì, ce qui donne un caractère biographique à ce journal. D.S.

Contes ordinaires n° 1
Contes ordinaires d'une société résignée (Ersin Karabulut)

note: 4Une anticipation poétique et acerbe Les bibliothécaires - 8 mars 2019

À travers quinze historiettes à l’imaginaire sombre et cynique, le dessinateur et satiriste turc Ersin Karabulut dépeint le quotidien d’une société contemporaine dans ses travers les plus troublants. Relevées d’une touche fantastique et surnaturelle, ces chroniques sociales de quelques planches suffisent à susciter le malaise (voire l’horreur ?) par des métaphores inquiétantes où la noirceur poétique le dispute à une satire glaçante et acerbe.
Entre le vieillard qui ne meurt jamais et vampirise ses proches, le fœtus dont on prédit la future carrière professionnelle dès l’échographie, les éruptions cutanées qui communiquent avec leurs hôtes ou encore ceux qui se couperaient volontiers bras et autres organes par amour, Karabulut évoque avec poésie et humour (noir, certes) une société du renoncement, minée par les carcans sociaux et complètement apathique. Drôlement effrayant : à découvrir si vous n’êtes pas trop déprimé ! Vv

La tour fantôme n° 1 (Taro Nogizaka)

note: 4À tour de rôle ! Les bibliothécaires - 8 mars 2019

L'histoire se déroule en 1954, dans la ville de Kobe au Japon.
La tour de l'horloge, aussi communément appelée Tour Fantôme, est l'un des endroits les plus effroyables de la ville. En effet le 23 Juin 1952, à 23h53 exactement, un horrible drame s'y est produit. Tatsu Fujiwa, une femme de 60 ans, a brutalement été assassinée par sa fille adoptive, Rika, âgée de 23 ans ! Depuis, deux ans se sont écoulés.

Taichi Amano, un jeune homme un peu perdu et vivant en marge de la société se retrouve par la force des choses à enquêter sur cette fameuse tour, le menant de rencontres en découvertes sordides.
Cette série alterne les genres de manière très fluide, passant du drame au policier, puis du mystère à l’horreur sans la moindre discordance. Les personnages sonnent vrai, chacun évoluant à sa propre manière opposant parfois son intérêt personnel à l’objectif du groupe. Ainsi ils vont tour à tour s’entraider, dissimuler des informations et mettre également en danger les autres.

L’ambiance générale rétro et délicieusement glauque ne sera pas au goût de tout le monde mais ce serait se passer d’une histoire prenante et SURprenante.
À noter tout de même la présence importante de violence (modérée certes mais tout de même) : La tour fantôme vise donc avant tout un Public Adulte et adolescent.
T. V.

Incendies (Denis Villeneuve)

note: 4Femme qui chante Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Incendies est un film du réalisateur canadien Denis Villeneuve sorti en 2010. Villeneuve, déjà connu pour ses succès de science-fiction tels que Premier Contact ou Blade Runner 2049, montre ici tout son talent de metteur en scène en matière de dramaturgie. Ce film est une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Wajdi Mouawad, portant sur la quête identitaire autour du passé d’une femme réfugiée au Canada. A la lecture du testament de leur mère Nawal Marwan, ses enfants Jeanne et Simon se voient remettre par le notaire deux enveloppes : l’une destinée à leur père qu’ils croyaient mort avant leur arrivée au Canada, et l’autre destinée à leur frère dont ils ignoraient l’existence. Le film se transforme alors en enquête sur le terrain, dans un pays du Moyen Orient (certainement le Liban pendant la guerre civile) jamais nommé. Le cinéaste alterne entre récits présents et passés que le spectateur doit raccorder entre eux afin de retracer la vie de cette femme qui devient à la fois mère mais aussi terroriste, prisonnière de guerre, et femme violée. Ce procédé permet au spectateur d’atteindre une plus grande compassion pour les jumeaux qui découvrent leur histoire au fur et à mesure de leurs recherches.
Un film très dur qui ne vous laissera pas indifférent. R. V.

Soundtrax (Fred Pallem)

note: 5Une collection de vraies fausses B.O. de films Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Toujours inclassables, les musiques de Fred Pallem s’inspirent systématiquement de sa première passion : les musiques de films. Un voyage à travers le temps et les salles obscures de cinémas de genres : du thriller italien aux séries Z, en passant par la Blaxploitation et les nanars érotiques français des années 70. Suspense, émotions, humour :16 titres jubilatoires de vraies-fausses bandes originales dont seul notre imaginaire peut en définir le film. « Cet album a été pensé comme une B.O, sans le film, avec la seule volonté de convoquer des images. C’est un album pour "tripper", se faire son propre scénario. » A découvrir absolument ! C.G.

137 avenue Kaniama (Baloji)

note: 5Un aller retour Kinshasa-Bruxelles, svp… Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Baloji est belgo-congolais, ou « kongaulois », comme le dit le titre de l'une de ses chansons. Baloji produit ici un rap atypique, un métissage festif de hip-hop, de funk, de house et chargé d'influences africaines. L’afro beat de Fela Kuti n’est pas très loin non plus : morceaux longs, rythmes répétitifs envoûtants. Mais pas seulement : Baloji est également un enfant de la chanson francophone avec des textes puissants au service d’un récit autobiographique ou engagés pour évoquer des satires sociales et politiques. Sa musique est un terrain de jeu qui lui permet de traiter le désespoir avec humour, de transcender les situations, puis de s'en détacher. C.G.

Dogman (Matteo Garrone)

note: 5Chienne de vie Les bibliothécaires - 1 mars 2019

Dogman est un film du réalisateur italien Matteo Garrone déjà connu pour son œuvre Gamorra sorti en 2008 et portant sur la mafia napolitaine.
Ici, il s’inspire d’un fait divers réel de la fin des années 1980, qui choqua toute l’Italie. Le scénario se déroule dans une station balnéaire de Campanie en déshérence. On suit Marcello, interprété par le formidable Marcello Fonte (Prix d’interprétation à Cannes), un toiletteur pour chien apprécié et aimé de tous. Marcello se retrouve malgré lui entraîné dans une spirale criminelle lorsque réapparait son ami Simoncino, un ancien boxer accro à la cocaïne. Celui-ci est obligé de commettre des cambriolages pour financer son addiction et contraint très vite Marcello à prendre part à ses exactions. Marcello se retrouve alors isolé de sa famille, détesté de tous, et n’a d’autre choix que d’assumer ses forfaits. Trahi, il doit tout recommencer à zéro, mais compte bien cette fois se venger.
Dogman pourrait être assimilé à un film de vengeance, mais cette finalité tant attendue par le spectateur, ne sera qu’un échec pour Marcello car celui-ci se retrouvera encore plus seul, vidé de toute humanité, montrant l’échec de la gentillesse face à la violence. Le but inavoué du réalisateur est la dénonciation de la violence qui sévit de façon récurrente en Italie et la passivité des gouvernants qui ont abandonné cette population. La parabole du début du film dans laquelle le chien violent devient gentil suite aux soins prodigués par Marcello ne s’applique pas à l’homme, Dogman résonne surtout comme le constat d’une violence qui pousse l'humain à ce qu'il est le plus souvent, une bête. Le film n’est pas sans rappeler les comédies satiriques des grands cinéastes italiens des années 60 tel que Comencini ou De Risi, où l’on cherchait à montrer l’envers du miracle économique. Un film haletant, à découvrir. R.V.

Kedi, des chats et des hommes (Ceyda Torun)

note: 4Des chats et des hommes Les bibliothécaires - 15 février 2019

Si vous aimez regarder des vidéos de chats sur internet (qui n’aime pas les vidéos de chats ??), ce film de Ceyda Torun est fait pour vous : la réalisatrice turque nous propose de suivre le temps d’une journée les gambades de sept matous parmi les milliers qui vagabondent à leur gré dans les rues d’Istanbul. Des chats, du soleil et de beaux paysages, que demander de plus ?

Aux animaux la guerre (Nicolas Mathieu)

note: 5Ils ne mourraient pas tous, mais tous étaient frappés… Les bibliothécaires - 15 février 2019

Le prix Goncourt 2018 a récompensé Nicolas Mathieu pour « Leurs enfants après eux ». Mais connaissez-vous son premier et précédent roman paru chez Actes Sud dans la collection Actes Noirs, la fameuse collection de Stieg Larson et de Camilla Lackberg ?
Nicolas Mathieu nous livrait en 2014 un polar complexe enraciné dans le terroir vosgien fracassé par les licenciements économiques. Nous découvrions une palette de personnages bousculés, déclassés, aspirés par le quotidien dans lequel les « héros » étaient en équilibre entre le mal et le bien. Derrière l’esprit roman policier de cette fresque du quotidien pointait déjà le roman politique de la France « périphérique ». Nicolas Mathieu a adapté fin 2018 son roman en une série de très bonne facture pour la télévision. Y.G.

Botanicum (Katherine J. Willis)

note: 5Promenade végétale Les bibliothécaires - 15 février 2019

Entre herbier et cabinet de curiosités, ce livre invite à la déambulation planche après planche. Le lecteur y découvre la merveilleuse diversité que la Nature a à offrir au travers de somptueuses illustrations mises en valeur par le format de l’ouvrage. Et puis, les textes sont exigeants MAIS totalement abordables aux enfants. C’est le livre parfait à feuilleter avec les enfants pour (re)-découvrir le monde végétal complexe et fascinant. C.G.

Dans la forêt (Jean Hegland)

note: 5Séquoia le problème? Les bibliothécaires - 15 février 2019

Deux sœurs, Nell et Eva, vivent dans la demeure familiale au fin fond des bois à bien 50 kilomètres de toutes formes de civilisations tandis que le monde civilisé extérieur se meurt tel un feu de bois mal attisé.
Si vous êtes à la recherche d’une histoire pleine de bons sentiments, passez votre chemin : ce roman est un roller-coster émotionnel, alternant des moments de tendresse touchante avec des épisodes au désespoir certain.C’est comme-ci nous étions soumis au rythme des jongleries bigarrées d’un saltimbanque nous plongeant dans une espèce d’expectative angoissante.
Nous sommes ici les spectateurs de la vie des deux jeunes femmes livrées à elles-mêmes, tentant de vivre plutôt que de survivre.
Préparez-vous pour sa lecture car ce roman est une longue course en apnée où les moments de répit sont rares et fugaces. T.V.

Sketches of nowhere (Antoine Pierre)

note: 4Un son de nulle part Les bibliothécaires - 1 février 2019

Antoine Pierre et son quintet Urbex signent un deuxième album intitulé Sketches of nowhere? jazz planant inspiré des plus grands comme Miles Davis, mais aussi teinté d’une touche plus électro absente du précédent album sorti en 2016. Cette confrontation entre acoustique et électro montre une volonté de mélanger tradition et innovation. Il s’agit d’une suite d’improvisations, enregistrée en studio avec de nombreuses collaborations, notamment celle de Ben Van Gelder au saxophone ou encore de Magic Malic à la flute et au chant. La principale nouveauté de l’album est ce besoin de mixer le son rock et jazz, ce qui donne une spontanéité à l’ensemble de la création. L’ambiance de l’album est presque hypnotique. La présence de Bert Cools et de sa guitare électrique dans le quintet ont a fortement orienté l’album vers la musique électronique notamment en utilisant des pédales d’effets. Les morceaux sont des improvisations qui s’inspirent du vécu des musiciens, comme sur le titre Entropy où Antoine Pierre s’intéressait aux théories de Stephen Hawking. Ce principe de l’entropie qui stipule le désordre croissant, propose un début de morceau très ordonné, qui au fur et à mesure se déconstruit, et le désordre augmentant aboutit à une fin totalement chaotique. Ce voyage en dix pistes s’accompagne d’un livret comportant des photos d’enregistrements studio, comme pour tracer ce qui paraissait être une simple et éphémère collaboration, et qui finalement se poursuivra pour de nombreux concerts. A découvrir sans attendre. R. V.

Exotic worlds and masterful treasures (Stimulator Jones)

note: 5Sous le soleil, la plage Les bibliothécaires - 1 février 2019

Avant l’écoute même de l’album, l’esthétique rétro chic du collage de la couverture interpelle : champignons géants (hallucinogènes ?), femmes nues lascivement étendues, fruits exotiques. La musique de Stimulator Jonesrenvoie aux années 80-90 pour une balade en roller sous les palmiers de la côte californienne, un casque sur les oreilles envoyant des morceaux soul et funky à souhait. Ce groove sirupeux, voire cliché, n’en demeure pas moins séduisant. C.G.

Broadway Limited (Malika Ferdjoukh)

note: 4Swing Time Les bibliothécaires - 15 janvier 2019

Suite à une méprise linguistique et grâce à un bocal de soupe d’asperges, Jocelyn Brouillard, 17 ans, étudiant français en musicologie et fraîchement débarqué à New York, se retrouve logé à la pension Giboulées, exclusivement réservée aux jeunes filles.

On est en 1948 : tandis que le vieux continent se relève péniblement de la guerre, Jocelyn découvre une Amérique où le jazz et les paillettes explosent dans les clubs et les théâtres de Broadway, alors qu’en coulisses, la peur du « rouge » s’érige progressivement en chasse aux sorcières au sein du monde éclatant du show-business et des comédies musicales.

C’est bien peu de chose pour égratigner les rêves de Jocelyn et ses nouvelles camarades de pension, attachantes jeunes demoiselles téméraires et pétillantes, assoiffées de gloire et de justice, et qui s’imaginent volontiers au bras d’un Fred Astaire ou récoltant déjà les acclamations d’une Ginger Rogers. Mais derrière chaque rêve, se cache une blessure secrète, une quête personnelle dont chacune tente de venir à bout.

Alors que le roman s’insère à l’aube de la guerre froide, on s’amuse pourtant avec ces jeunes gens et on se prend à croire avec eux en un monde qui tournerait tout en musique et où les grandes vedettes d’hier et d’aujourd’hui feraient irruption dans nos vies avec la facilité d’un caméo d’Alfred Hitchcock. Ces filles du docteur March d’un nouveau genre, gardées par un dragon mélancolique et mélomane, n’ont pas fini de nous faire rêver… et danser. À lire avec les plus beaux morceaux de jazz en fond !
Vv

Les Amazones (Adrienne Mayor)

note: 4À la rencontre des Amazones Les bibliothécaires - 15 janvier 2019

Adrienne Mayor nous entraîne sur les traces des Amazones, ces guerrières fantasmées qui ont fait couler beaucoup d’encre (et de sang) et qui ont peuplé l’imaginaire de l’Antiquité occidentale. Dans les mythes des Grecs et des Romains, elles sont de redoutables combattantes, forcément belles et braves, à l’égal des plus grands héros grecs et des plus valeureux généraux romains. Mais c’est leur caractère mortifère et castrateur qui a fait leur renommée et les a définies comme les dignes adversaires de héros civilisateurs qui en triompheront toujours systématiquement (ou presque…).

En s’appuyant sur de récentes découvertes archéologiques et génétiques ainsi que sur l’analyse de différents artefacts antiques, Adrienne Mayor rectifie le tir et met à jour la réalité historique des Amazones. Elle nous montre qu’il n’y eut jamais de femmes mutilant leurs enfants mâles ni se coupant un sein pour mieux guerroyer. Il y eut en revanche des femmes combattantes, issues de peuples nomades (et mixtes !) qui auraient été les premiers à domestiquer les chevaux et qui parcoururent les environs de la Mer Noire et les steppes eurasiennes jusqu’en Inde et en Chine. L’historienne nous révèle ainsi ce qu’on sait de ces « Amazones » réelles et de leur mode de vie. Elles combattaient en effet à l’égal des hommes et on ne les identifia que récemment comme figurant parmi les guerriers dont on a retrouvé les tombeaux tout au long du XXème siècle dans les régions de la Mer Noire et de la Mer Caspienne, guerriers qu’on a longtemps crus être uniquement des hommes.

Mais loin de nous limiter au monde européen, l’historienne nous conduira aussi en Perse, en Arabie, en Lybie puis en Asie centrale et en Chine, à la découverte de civilisations qui avaient leurs propres histoires de femmes guerrières. Ces combattantes semblaient parfois ne pas faire figure d’exception mais constituaient bien la norme au sein de peuples dont le principal mode de vie était sans cesse soumis à la mobilité et l’indépendance. Et c’est peut-être ce qui, chez les Amazones, a autant fasciné et dérangé les Grecs : leur redoutable indépendance qu’ils voyaient refléter dans le rejet de la féminité classique, telle qu’elle était conçue par la société gréco-romaine.
Vv

Entre 2 rives (Ki-Duk Kim)

note: 4Ouvre tes yeux Les bibliothécaires - 5 janvier 2019

Entre 2 rives est un film réalisé en 2016 par le réalisateur coréen Kim Ki-duk. A travers l’histoire d’un pêcheur nord-coréen nommé Nam Chul-woo et interprété par Ryoo Seung-bum, il a voulu dénoncer toute la brutalité de la relation fratricide qui s’exerce entre les Corées pour des raisons idéologiques totalement dénuées de sens (le Sud capitaliste et le Nord communiste). Nam Chul-woo, modeste pêcheur nord-coréen, tombe en panne au milieu du lac qui fait office de frontière entre les deux Corées. Ses filets se sont pris dans l’hélice du moteur et il dérive ainsi jusqu’en Corée du Sud. Interpelé, il est considéré comme un espion, et les méthodes alors utilisées à son égard n’ont qu’un but: le faire avouer. Les interrogatoires pratiqués en Corée du Sud ressemblent beaucoup à ceux du Nord. Le parallèle vaut aussi pour les méthodes de manipulation de l'opinion publique. Les deux Corées sont semblables dans leurs contradictions. Un terrible mécanisme kafkaïen se met alors en place, rendant impossible tout retour en arrière pour notre malheureux héros. Quoi qu’il fasse il est considéré comme un espion des deux côtés. Petit à petit Nam Chul-woo est broyé par les deux systèmes, alors que son seul but était de rentrer chez lui pour retrouver sa famille.
Le 22ème film de Kim Ki-duk se veut ouvertement politique et renvoie dos à dos deux pays paranoïaques et antagonistes. Kim Ki-duk remet notamment en cause le capitalisme exacerbé de la Corée du Sud qui n’arrive plus à satisfaire sa population et dénonce un système démocratique qui n’en a que les apparences. La façon de filmer traduit la colère du cinéaste dont la principale préoccupation est le temps qui passe. Plus on avance dans la narration plus les antagonismes entre les deux pays augmentent. Mais l’espoir est encore permis à travers le personnage de Oh Jin-woo, jeune garde du corps de Nam, car la jeunesse est la clé de la réunification, grâce à son ouverture d’esprit. Une véritable leçon de tolérance. R. V.

Andalusia of love (Marcel Khalife)

note: 4Andalousie mon amour Les bibliothécaires - 3 janvier 2019

Marcel Khalifé, compositeur, chanteur et oudiste libanais, reprend dans ce nouvel album Andalusia of love les poèmes de son grand ami Mahmoud Darwich disparu en 2008. Leur complicité artistique avait déjà rencontré de nombreux succès, notamment avec l’album Promises of the storm sorti en 1976, mais aussi de grandes mésaventures avec l’album The arabic coffee pot sorti en 1995 qui valut à Khalifé un procès pour blasphème religieux, ayant utilisé un verset du Coran. Dans cet opus Andalusia of love, on retrouve un long poème d’amour écrit par Darwich, vibrant hommage à l’ancien Khalifa andalou du 15ème siècle où Musulmans et Chrétiens coexistaient en paix, faisant écho à l’engagement humaniste et pacifique partagé par les deux auteurs. Le poème est traduit en anglais sur la pochette du cd, laissant au public la possibilité de s’imprégner du texte. La voix grave de Khalifé donne une résonance spirituelle et poignante au texte, l’oud et sa voix se mélangent parfaitement pour créer une douce harmonie orientale, l’ensemble accompagné de son quartet composé à la fois de son fils Ainé Rami au piano, et de son cadet Bachar aux percussions. Le piano donne des notes de virtuosité et de modernisme à toute l’œuvre. Andalusia of love vous submergera d’émotions à coup sûr. RV

Rider (The) (Chloé Zhao)

note: 5Rider on the storm Les bibliothécaires - 3 janvier 2019

The rider dresse le portrait bouleversant d’une étoile montante du rodéo et dresseur de chevaux, tentant de trouver un nouveau sens à sa vie après un tragique accident qui le prive de sa passion. Pour ce deuxième film, Chloe Zhao pose à nouveau sa caméra dans le Dakota du Sud mais les cowboys de son western moderne s’avèrent cassés, désœuvrés, vulnérables dans ces grandes plaines américaines. Une Amérique sublimée et en même temps étouffante.
Elle s’attache aussi à montrer une communauté, hors du temps et socialement isolée, qui glorifie la nature, se retranche dans des traditions et une culture forte, qui à nos yeux d’Européens, peuvent paraître incompréhensibles.
Une scène est remarquablement filmée : une chorégraphie entre le cheval et Brady. Le jeune homme tente de dompter le cheval, il l’approche progressivement, il le monte puis redescend et ainsi de suite jusqu’à ce que le cheval l’accepte définitivement sur son dos. Elle capte la relation fusionnelle entre ces deux êtres permettant à Brady de trouver le chemin du deuil et de la guérison. C’est bouleversant et magnifique

Hip hop after all (Guts !)

note: 5Habillés pour l'hiver Les bibliothécaires - 2 janvier 2019

Loin d’être une nouveauté, Hip Hop after all mérite d’autant plus l’écoute. Œuvrant dans les coulisses du hip hop, Guts, producteur de l’ombre, signe içi une pépite. Cet alchimiste du son a composé 16 titres melting pot mêlant élégamment soul, funk, jazz et rap old school. La production de cet album vous rappelera le son des 80/s ou 90’s. Et puis, les transitions entre chaque titre sont soignées comme sur une vieille station de radio américaine Hip hop after all donne chaud, alors vous voilà parer pour l’hiver. C.G.

Moi, ce que j'aime, c'est les monstres (Emil Ferris)

note: 5Monstres et cie Les bibliothécaires - 15 décembre 2018

Remarquable première œuvre de la dessinatrice Emil Ferris, Moi ce que j’aime, c’est les monstres se présente à la fois comme le journal intime et le carnet à dessins d’une fillette de 10 ans. Karen Reyes vit avec une famille aimante mais pauvre dans le sous-sol d’un immeuble de Chicago dans les années 60. Fascinée par les monstres en tout genre, elle est malmenée à l’école mais laisse sa créativité se déployer dans son journal où elle se représente volontiers en loup-garou et reproduit (au stylo bille !) tableaux de maîtres et couvertures de pulp comics d’horreur.

Son journal devient un carnet d’enquête lorsqu’elle apprend l’inexplicable mort de sa sympathique mais mystérieuse voisine, Anka Silverberg, rescapée de la Shoah : persuadée qu’il ne s’agit pas d’un suicide comme le conclut la police, Karen se lance dans une enquête qui la mènera à s’interroger sur son entourage et sur elle-même, tout en lui faisant découvrir la jeunesse d’Anka dans l’Allemagne des années 30 et pendant la seconde guerre mondiale. Les deux récits s’entremêlent et abordent les problématiques sociales de l’Amérique des années 60, plongée dans la lutte pour les droits civiques.
Dense et prenant, ce premier tome est une véritable prouesse artistique et se conclut sur un cliffhanger qui annonce déjà une série d’envergure. À découvrir.
Vv

Hiver indien (Charlotte Bousquet)

note: 3Une douce histoire de Noël Les bibliothécaires - 15 décembre 2018

Hiver indien est une nouvelle collaboration de Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini qui avaient déjà signé ensemble une série de BD pour ados (collection les Graphiques chez Gulf Stream). Cette fois-ci elles restent dans l’univers adolescent avec un roman graphique centré sur la musique.

Manon, 16 ans, est timide et peu sûre d’elle. Elle se remet difficilement d’un échec à une audition de piano dû au trac et à la pression de ses proches. L’adolescente trouve peu de réconfort auprès d’un père effacé qui ne la comprend pas et qui vit dans l’orbite d’une famille en apparence unie mais minée par les rivalités et les rancœurs.
Alors qu’elle s’apprête à les retrouver pour les fêtes de fin d’année, réapparaît dans leur vie Nadia, la marraine de Manon, qui s’était brouillée avec la famille pour avoir tout quitté afin de réaliser son rêve de devenir violoncelliste. Entre les deux femmes naîtra une complicité qui permettra à Manon de reprendre confiance en elle et de s’affirmer. Un sympathique roman graphique sur la transmission et les incertitudes de l’adolescence.
Vv

Saint Georges (Marco Martins)

note: 5Les poings au service du desespoir Les bibliothécaires - 1 décembre 2018

Saint Georges est un film de Marco Martins sur la crise financière au Portugal en 2011. Il a été présenté lors de la Mostra de Venise en 2016 et Nuno Lopes l’acteur principal a obtenu le prix du meilleur acteur. Est mis en scène la déchéance de Jorge, un homme qui a tout perdu: son emploi, sa femme, et bientôt son fils. La boxe, sa seule sortie de secours, ne lui rapporte plus rien. Il propose alors ses services à une entreprise de recouvrement qui sème la terreur auprès des victimes de la crise comme lui.
Dans ce film sombre, la misère est visible partout, il n’y a aucune échappatoire. Le personnage erre dans une ville fantomatique de Lisbonne, méconnaissable. La plupart des scènes se passent la nuit dans des quartiers pauvres. Le racisme s’invite aussi au travers les échanges de ces victimes de la crise financières qui prennent pour responsable les étrangers venus au Portugal pour travailler. Le regard que le père de Jorge porte sur sa femme Susanna en est symptomatique : il l’appelle « la Brésilienne », avec beaucoup de mépris. Toutes ces vérités lui arrivent en pleine face, et ces coups-là sont bien plus douloureux que ceux reçus sur le ring. Cette morale il tentera de l’inculquer à son fils après son dernier combat.
La déshumanisation de cette société touche même les sentiments, puisque l’amour entre les êtres est mis à l’épreuve par le matérialisme. Comment peut-on encore vivre quand on n’a plus rien? Pour certain la solution est toute trouvée, il ne reste plus qu’à disparaitre une bonne fois pour toute.
Ici, Marco martins a voulu donner le témoignage d’une réalité qui a modifié les mentalités de tout un pays : un univers poignant qui ne vous laissera pas indifférent.R.V.

Dancehall (Blaze (The))

note: 5Sur le dance...hall Les bibliothécaires - 1 décembre 2018

L’itinéraire fulgurant de The Blaze ressemble à celui de nombreux groupes découverts sur le net. C’est d’autant plus vrai que leur musique s’écoute autant qu’elle se regarde. En effet, ces deux cousins réalisent des clips aux allures de courts métrages sensuels dans lesquels sont glorifiées les notions de jeunesse, de communautés ou d’amitiés. Côté musique, leurs mélodies mêmes racontent des histoires. Une voix soul et robotique traverse la quasi-totalité des morceaux leur donnant une touche mélancolique voire crépusculaire. Cette électro-house pourra convaincre les plus récalcitrants à la musique électronique. C.G.