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Une soeur (Bastien Vivès)

note: 5Une fille ? Je ne connais pas ce Pokémon... Bibliothècaires - 21 mars 2018

Antoine, 13 ans, passe des vacances en bord de mer, avec sa mère, son père et son petit frère Titi. Son quotidien sans histoire va être bouleversé par l’arrivée d’Hélène, 16 ans, une amie de la famille…

Bastien Vivès nous livre ici l’histoire d’un premier amour pleine d’émotion, et nous transporte par un dessin fin, épuré et très poétique. Une fois commencée, les pages de la bande dessinée se tournent d’elles-mêmes, jusqu’aux dernières cases où, comme les personnages, on regrette que ce soit si vite terminé.

On pourra toutefois regretter quelques scènes un peu trop explicites, amenées et puis stoppées de manière assez abrupte (un peu comme si l’auteur s’était dit « ça y est, ça c’est fait, on passe à autre chose… »).

Une bande dessinée très poétique et forte en émotion donc, destinée plutôt à un public averti.
A. M.

Le photographe de Mauthausen (Salva Rubio)

note: 4Photographier l'enfer Les bibliothécaires - 10 mars 2018

En 1946, Francisco Boix, photographe espagnol, membre du parti communiste et survivant du camp de concentration de Mauthausen, témoigne au procès de Nuremberg. Des photos prises puis cachées dans le camp lors de son emprisonnement lui permettent d’identifier et de faire condamner des officiers nazis.

Ce roman graphique est un hommage rendu par Salva Rubio et Pedro J. Colombo à un de ces oubliés de la Seconde Guerre mondiale au parcours hors du commun : issu d’une famille sympathisante de gauche, Francisco Boix fuit l’Espagne après la prise du pouvoir par Franco. Il rejoint alors les forces armées françaises et est capturé en 1940 par le Troisième Reich. Son passé républicain puis son engagement communiste en font immédiatement un double prisonnier politique envoyé en sûreté au camp « de travail » de Mauthausen, en Autriche : un enfer dont Boix s’efforcera de conserver les traces tout au long de sa captivité.

Ancien photographe de profession, il est en effet affecté au service d’identification du camp où il développe les photos des exécutions prises par un officier SS particulièrement fasciné par la mort, et qu’il sera parfois contraint d’assister dans l’immortalisation des scènes macabres. Il fait alors plusieurs copies des pellicules qu’il dissimule un peu partout dans le camp, et parviendra même à en faire sortir quelques-unes.

Enrichi d’un remarquable dossier avec quelques-unes de ces fameuses photos à l’appui (âmes sensibles s’abstenir), ce roman graphique témoigne des tentatives du photographe de mettre des images sur l’indicible et la barbarie.
Il lève également le voile sur le statut difficile de ces survivants espagnols qui, à la fin de la guerre, ne trouvent plus leur place : communistes pour une grande majorité d’entre eux, il leur est impossible de retourner en Espagne où Franco les attend de pied ferme. Et parce qu’ils ont survécu à l’enfer, ils suscitent la méfiance dans les pays alliés et sont considérés comme des collaborateurs par l’Union Soviétique.
Le photographe de Mauthausen interroge donc l’engagement, qu’il soit politique ou artistique, ainsi que ses limites, dans l’élaboration de ce difficile travail de mémoire.
Un roman graphique extrêmement fort.
Vv

S'unir c'est se mélanger (Laurent Cardon)

note: 4Unissons-nous Les bibliothécaires - 10 mars 2018

Branle-bas de combat au poulailler, une poule a disparu. comment s'organiser pour la retrouver et qui doit décider ?
Démocratie, différence, égalité, liberté individuelle sont les thèmes abordés avec humour dans cet album. Sans oublier la chute qui nous a bien fait rire!

Good time (Benny Safdie)

note: 5Une vraie expérience de cinéma. Les bibliothécaires - 10 mars 2018

Un braquage amateur tourne mal. Connie parvient à s’enfuir, son frère Nick est arrêté. Connie n’a plus qu’une idée en tête : libérer son frère et commence alors une virée frénétique et hypnotique dans les rues crades de New York. Le New York des frères Safdie est peuplé de marginaux, chaotique et imprévisible. Caméra au poing, visages filmés en plans rapprochés, leur cinéma se rapproche du documentaire et capte l’urgence comme l’inéluctable dérive de Connie. Les décisions prises ne sont jamais les bonnes et leur enchainement frise même l’absurde. Cette atmosphère survoltée, soutenue par la musique hypnotique d’Oneothrix Point Never (primé au Festival de Cannes) achève de faire de cette cavale urbaine une vraie expérience de cinéma.Cg

Tramontane (Vatche Boulghourjian)

note: 5Une révélation à voir sans attendre! Les bibliothécaires - 10 mars 2018

Vatche Boulghourjian signe avec Tramontane un film bouleversant. Rabih, un jeune Libanais aveugle, doit voyager en Europe pour une tournée avec sa chorale. Lors des formalités pour obtenir son passeport, on lui explique que sa pièce d’identité est fausse et qu’il risque des poursuites judiciaires. Sa recherche identitaire se heurte alors à l'ignorance et aux mensonges de son entourage. Mais son insistance lui permet de découvrir qu’il a été adopté. Rabih est né un an avant la fin de la guerre civile qui a duré 15 ans, son oncle Hishamn, frère de sa mère adoptive, l’a recueilli près d’une zone de combats où ont été tués ses vrais parents. La quête de vérité pousse Rabih à traverser le pays, et ce voyage devient le symbole d’un passé douloureux qui refait surface à la fois pour lui mais aussi pour tout un pays. Le cinéaste montre à quel point il est difficile d’obtenir des réponses dans un pays où l’on cherche à fuir un passé fratricide. Vatche Boulghourjian lance un message fort en choisissant un acteur aveugle pour son premier film, celui de l’espoir. L’espoir de toute une nation qui doit apprendre à se pardonner, car elle ne peut revenir sur son passé, tout comme Rabih ne peut réécrire son histoire. Le film est porté par la performance de Barakat Jabbour (Rabih), acteur aveugle dont c’était le premier rôle au cinéma. Les chants traditionnels qu’il interprète avec sa chorale sont juste poignants. Une révélation à voir sans attendre

Your lie in april n° 1 (Naoshi Arakawa)

note: 4Une lecture qui donne une furieuse envie de se mettre à la musique ! Les bibliothécaires - 20 février 2018

Quand Arima Kōsei était petit, il était considéré comme un enfant pianiste prodige. Mais depuis la mort de sa mère, il ne peut plus entendre le son du piano. Quelques années plus tard, il rencontre une violoniste nommée Kaori Miyazono qui va le forcer à participer à plusieurs compétitions de piano, lui faisant redécouvrir le monde musical.

Nous sommes face à une curiosité : un manga sur la musique. Certains d’entre vous sont sûrement déjà en train de hausser les sourcils et pourtant, malgré l’absence totale d’ambiance musicale (manga oblige… Après, libre à vous de vous préparer votre playlist au préalable pour une immersion optimale !), Your lie in april arrive à nous retransmettre les émotions ressenties par nos jeunes artistes !
Et c’est une jolie prouesse car très vite, nous allons nous rendre compte que le véritable intérêt de cette série, n’est PAS la musique en elle-même, mais plutôt tout ce qui en découle : ainsi le lecteur aura très vite fait, d’angoisser avant chaque représentation, se sentir impuissant et désemparé devant les échecs de nos héros ou bien sourire bêtement devant un moment calme et joyeux.

Ce shôjo réussit à captiver son lecteur en à peine un claquement de doigt (qu’il soit une fille ou un garçon d’ailleurs !) et ses rebondissements bien que parfois un peu classiques sont nombreux et nous font apprécier d’autant plus, les petits moments où « tout va bien ». Bouclez donc vos ceintures et préparez-vous à de nombreux ascenseurs émotionnels !

Enfin pour finir, cette série laissera une petite trace dans votre cœur, et fort est à parier qu’une fois terminé, vous aurez vous aussi une furieuse envie de vous mettre à jouer d’un instrument ! (Envie qui retombe relativement vite, rassurez-vous.)
T. V.

Une soeur (Bastien Vivès)

note: 4Une fille ? Je ne connais pas ce Pokémon... Les bibliothécaires - 20 février 2018

Antoine, 13 ans, passe des vacances en bord de mer, avec sa mère, son père et son petit frère Titi. Son quotidien sans histoire va être bouleversé par l’arrivée d’Hélène, 16 ans, une amie de la famille…

Bastien Vivès nous livre ici l’histoire d’un premier amour pleine d’émotion, et nous transporte par un dessin fin, épuré et très poétique. Une fois commencée, les pages de la bande dessinée se tournent d’elles-mêmes, jusqu’aux dernières cases où, comme les personnages, on regrette que ce soit si vite terminé.

On pourra toutefois regretter quelques scènes un peu trop explicites, amenées et puis stoppées de manière assez abrupte (un peu comme si l’auteur s’était dit « ça y est, ça c’est fait, on passe à autre chose… »).

Une bande dessinée très poétique et forte en émotion donc, destinée plutôt à un public averti.
A. M.

Misery (Rob Reiner)

note: 5A conseiller aux amoureux des films d’épouvante. Les bibliothécaires - 10 février 2018

Auteur à succès, Paul Sheldon vient tout juste de terminer son dernier manuscrit. Lorsqu’il quitte l’hôtel où il a l’habitude de se rendre pour écrire et trouver l’inspiration, il est surpris par une tempête de neige et finit par avoir un accident. Il est alors secouru, enseveli dans la neige, par Annie Wilkes, une admiratrice de sa saga de romans Misery. Gravement blessé, il est soigné par cette infirmière apparemment bienveillante, qui vit seule dans une maison isolée, mais Paul ne va pas tarder à voir sa convalescence tourner au cauchemar quand Annie, lisant le dernier roman de Misery, découvre que son héroïne préférée est morte…
Adapté du roman éponyme de Stephen King, Misery est un film d’épouvante jouant aussi bien sur le gore que sur la pression psychologique, que ce soit au niveau de la tension générée par ses scènes de suspens que par le personnage de Annie Wilkes et ses crises de colère imprévisibles. Rob Reiner réussit ainsi à alterner scènes d’actions et de tortures violentes, et une atmosphère glauque mettant nos nerfs à dure épreuve. À noter, l’incroyable prestation de Kathy Bates qui reçut l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle en 1991.
Au final, Misery ne nous laissera pas indifférent, le réalisateur nous tenant en haleine tout au long du film, à nous faire nous demander qui du héros ou de sa geôlière s’en sortira vivant… Mais pas indemne. On pourra regretter toutefois une fin un peu trop empressée, après toutes ces minutes d’angoisse, comme souvent chez King.
Du bon Stephen King donc, un classique même, à conseiller aux amoureux des films d’épouvante.

The lost city of Z (James Gray)

note: 5la jungle leur appartient …. Les bibliothécaires - 10 février 2018

Trés loin de New York, sa terre de prédilection, James Gray nous entraîne en forêt amazonienne pour relater l'histoire vraie de l'explorateur Percy Fawcett. Ce Britannique est missionné en Bolivie par la Royal Geographic Society pour cartographier des régions jusque-là inexplorées. Mais là-bas, il trouve des restes d'une possible cité perdue.
Sous ce récit d'aventures, James Gray ravive ses obsessions pour des personnages tiraillées entre deux mondes ou mus par des pulsions contraires. Et puis, içi encore, à l’instar de La nuit nous appartient, la question de la famille constitue le dilemme suprême. Au cœur de l’hostilité verdoyante, il pense à sa famille laissée en Angleterre mais une fois rentré, il demeure tourmenté par ces contrées inexplorées et cette cité inconnue. Il incarne nos aspirations à l’ailleurs.
C’est un film subtile et grandiose, une quête identitaire aux allures de film d’aventures. Cg

Awaken, my love ! (Childish Gambino)

note: 5Un album qui réveille Les bibliothécaires - 10 février 2018

Derrière Childish Gambino se cache Donald Glover, l'interprète, compositeur, auteur et réalisateur habitué du petit écran dans la série Community où il incarne Troy Barnes ou plus récemment sur grand écran au côté de Matt Damon dans Seul sur Mars. Awaken, My love ! son troisième album quitte l’univers hip-hop très présent dans ses deux premiers opus pour un style plus funk, néo-soul comme dans le morceau Boogieman qui puise ses sonorités dans le disco funk des seventies. D’autres comme zombies ne sont pas sans rappeler des influences électro de la scène française en particulier Kavinsky. Childish Gambino change de style et ça lui va plutôt bien, c’est dans ce nouveau registre qu’on espèrera le retrouver.

13 (Indochine)

note: 513 comme rêve et espoir Les bibliothécaires - 10 février 2018

C’est avec plaisir que l’on retrouve le mythique groupe de rock français des années 80 Indochine. Il s’agit du treizième album de la formation dont la pochette est signée par le photographe Erwin Olaf, mettant en scène treize enfants portant des costumes colorés avec des bannières. Depuis l'arrivée d’Oli de Sat au synthé, le groupe est marqué par les influences électro pop et new wave. Ce treizième opus n’échappe pas à la règle et il est porté par la voix posée du leader Nicola Sirkis qui signe l’ensemble des textes de l’album. Ces textes sombres dressent le portrait du monde actuel où les drames de l’actualité se succèdent comme dans Un été français qui évoque les attentats de Paris et du Bataclan, mais l’espoir n’est jamais loin comme avec le titre 2033. Indochine reste fidèle à ses thèmes de prédilection : la tolérance, l’égalité des droits, la mort, l’oppression, l’espoir, c’est pour cette raison que le groupe plaît toujours autant aux plus jeunes et aux moins jeunes.
A écouter sans attendre.

Les mille et une vies des urgences (Dominique Mermoux)

note: 4Alors voilà. Les bibliothécaires - 1 février 2018

« Je vais parler. Parler jusqu’à ce que les avions décollent, jusqu’à ce que son fils revienne. La patiente m’écoutera. Tant qu’elle écoute, elle est en vie. »

Dans le service de cancérologie d’un hôpital, une femme en phase terminale attend impatiemment le retour de son fils, retenu en Islande par un volcan capricieux. Pour la divertir, Baptiste, jeune interne affecté aux urgences, lui tient chaque jour compagnie et partage avec elle des anecdotes de son quotidien débordé.
Étonnantes, cocasses ou émouvantes, ces petites histoires donnent un aperçu du rythme effréné des urgences, par lesquelles passent des milliers de vie chaque année. Le quotidien du personnel médical y oscille entre la routine des consultations et des soins quotidiens, jusqu’aux interventions médicales plus conséquentes, du déplacement sur les lieux d’une défenestration à l’amputation d’un accidenté de la route.

Adapté de l’ouvrage Alors voilà. Les 1001 vies des urgences de Baptiste Beaulieu, recueil d’anecdotes elles-mêmes tirées du blog de l’auteur, cette bande dessinée dépeint avec beaucoup de sensibilité et ce qu’il faut d’humour et d’autodérision un quotidien éprouvant, celui du personnel soignant comme des personnes qui y sont soignées …
Mieux encore, elle détricote au fil des pages les tensions qui peuvent exister entre eux, issues d’une méconnaissance du service et de l’incompréhension que peuvent parfois provoquer les maux complexes de chaque être humain.

Dans l’objectif d’enfin réconcilier personnel médical et patients, Baptiste Beaulieu et Dominique Mermoux nous montrent que, oui, dans la vie, il y a la violence et la solitude, il y a la maladie et la mort. Mais cela ne va pas sans l’empathie, la compassion, le courage, l’humanité enfin, une humanité bouillonnante de vie et de volonté de vivre.
On referme le livre, confiant, en se disant que, finalement, elle s’en sort peut-être pas si mal que ça, l’humanité…
Vv

40 éléphants n° 1
Florrie, doigts de fée (Kid Toussaint)

note: 4Le crime est notre affaire Les bibliothécaires - 17 janvier 2018

Londres, 1920. À la fin de la Première Guerre mondiale, Florrie, jeune pickpocket aux doigts de fée, est repérée par Esther, modeste mère de famille qui l’enrôle bientôt au service des Quarante Éléphants, un gang localisé dans le quartier populaire d’Elephant & Castle… et composé exclusivement de femmes.

Car si ces dernières ont remplacé les hommes dans la vie civile au cours de la guerre, certaines d’entre elles se sont également approprié les milieux mafieux de la capitale britannique. Voleuses, tueuses, empoisonneuses, proxénètes ou encore escrocs, ces dames entendent bien conserver des prérogatives durement acquises et que revendiquent à présent leurs collègues masculins à la fin de la guerre. D’autant que l’arrivée d’une nouvelle recrue au sein du clan suscite bien des soupçons et des divisions : le gang est en effet rapidement ciblé par la police et certains de ses membres, arrêtés…

Si les personnages et leurs aventures sont issus de l’imagination du scénariste, cette nouvelle série de Kid Toussaint s’inspire du réel et tristement célèbre gang des « Forty Elephants ». Pendant féminin des quarante voleurs dans l’Angleterre du XXème siècle, ces femmes ont régné sur les bas-fonds londoniens pendant près d’un siècle. Menées par leur propre reine, elles imposaient des tributs dont les autres gangs devaient s’acquitter et furent les auteures de razzias monumentales qui laissèrent la police longtemps démunie.

Le propos de la bande dessinée est, quant à lui, d’une redoutable efficacité : les rebondissements s’enchaînent sans laisser au lecteur le temps de reprendre son souffle et la large variété de ces gangsters pas comme les autres achève d’alimenter une intrigue qui se termine sur un cliffhanger…Aux vues du grand nombre de personnages, on espère seulement que Kid Toussaint trouvera le temps et la place de donner à chacun de ces Elephants toute leur profondeur…
Suite au prochain volume qui conclura ce premier cycle narratif.
Vv

Harmonies (Lord Echo)

note: 5Une musique délicieuse et envoutante Les bibliothécaires - 3 janvier 2018

On prend du reggae, du rocksteady, de la disco, de la soul Africaine, un peu de techno, on mélange le tout et c’est ainsi qu’on obtient la recette magique de Harmonies. La sauce Lord Echo, c’est une musique répétitive qui fusionne les genres. Le résultat est aussi délicieux qu’envoutant.

Après la tempête (Kore-eda Hirokazu)

note: 4L'espoir empêche de vivre Les bibliothécaires - 3 janvier 2018

Dans son film Après la tempête, le réalisateur Kore-Eda dresse le portrait mélancolique d’une famille japonaise d’aujourd’hui, distillant par petites touches une note d’espoir à travers l’histoire d’un père qui essaie de reconquérir sa famille. Ryota, ancien écrivain prometteur, devenu détective privé, possède les mêmes travers que son défunt père: il joue aux courses, ment pour soutirer de l'argent à son entourage, et contraint ainsi son ex-femme Kyoko à le menacer de payer la pension alimentaire afin que celui-ci puisse voir son fils. Les deux personnages s’opposent : elle souhaite avancer, se reconstruire dans une nouvelle relation, tandis que lui cherche désespérément à redorer son blason de père et d’époux. Puis soudain, l’espoir renait lorsque la famille est à nouveau réunie. Fidèle à la tradition cinématographique japonaise, Kore-Eda se révèle être le digne héritier d’Ozu par les thèmes qu’il aborde, notamment celui de la famille ou en puisant dans les nombreux problèmes sociétaux japonais. Il parvient à créer une histoire à partir de petits moments de vie banals.
La morale de cette fable pourrait être que les blessures ne s’effacent jamais totalement, et qu’il reste toujours l’espoir que les choses s’améliorent comme le calme qui se dessine après tempête.

La lumière allumée (Richard Marnier)

note: 5Un album sur l'anticonformisme et la tolérance Les bibliothécaires - 3 janvier 2018

Voici ma ville, une ville sans surprise et sans histoire.
Dans mon quartier,
chaque maison a une porte,
deux fenêtres et un toit rouge bien régulier…

Cet album sur l'anticonformisme et la tolérance a pour cadre une ville calme, sans surprise, où toutes les maisons sont identiques. Un jour, un habitant se construit une demeure avec tout ce qu'il a ramené de ses voyages. S'il provoque le scandale au début, les voisins s'y font et tous, petit à petit, l'imitent en décorant leur maison au gré de leur fantaisie.

Le premier homme (Jacques Ferrandez)

note: 5Une superbe adaptation d’une œuvre encore trop méconnue… Les bibliothécaires - 21 décembre 2017

Le manuscrit du roman "Le premier homme", a été retrouvé dans la voiture qui, le 4 janvier 1960, percuta un platane, tuant Albert Camus sur le coup. A ses côtés, 144 pages rangées dans une sacoche en cuir. L’œuvre sera publiée plus de 30 ans après, en 1994.

C’est à partir du texte du roman, mais aussi des brouillons d'Albert Camus et de ses petites notes prises sur des enveloppes, des tickets de métro que Jacques Ferrandez accomplit ici un véritable exercice de reconstitution. Toute cette matière lui a servi, non pas à remplir des blancs, mais à adapter, avec merveille, une fois encore, cette œuvre inachevée pour laquelle Albert Camus avait de grandes ambitions, un peu comme son "Guerre et paix", une trilogie basée sur l'amour et la fraternité.

Grâce à son travail, Jacques Ferrandez présente une version dessinée ultra-respectueuse de l’œuvre de l’écrivain qui est autant historique, idéologique, qu’autobiographique.
On y retrouve la lumière et les magnifiques paysages méditerranéens qu'il sait si bien peindre. Le dessinateur nous plonge dans l'enfance de Jacques Cormery (A. Camus lui-même) en Algérie, en nous décrivant, à la fois, la relation si particulière qu’il entretenait avec son instituteur qui lui offrit la possibilité d'étudier, et nous montre également comment il s’est construit.
A travers l'histoire familiale du personnage, l’auteur nous livre aussi l’histoire de ces Européens venus bâtir une nouvelle vie en Algérie, restituant la dureté de leurs vies, leur quotidien, puis les tensions des années 50 liées à la décolonisation.

Commencée avec ses "Cahiers d'Orient", poursuivie avec l'adaptation de "L'hôte", puis celle de "L'étranger" et maintenant avec "Le premier homme", Jacques Ferrandez continue à apporter un éclairage saisissant, à la fois, sur l'histoire qui lie la France à l'Algérie, mais aussi sur l'œuvre d'Albert Camus.
Une lecture qui ne laissera personne de marbre…
F. D.

Bonjour Père Noël (Michaël Escoffier)

note: 5Un album drôle! Les bibliothécaires - 9 décembre 2017

Dans cet album on aborde avec humour la question du partage et du bonheur que
procure le plaisir d'offrir, le Père Noël va au grès de ses visites se faire déposséder mais
pas d'inquiétude les jouets sont sains et saufs.

Le père Noël des escargots (Pierre Crooks)

note: 5En attendant Noël Les bibliothécaires - 9 décembre 2017

Un conte qui fait le lien entre les
Noëls d’année en année, en égrenant les rencontres selon les saisons. Les illustrations colorées et au scotch apportent
un angle nouveau et moderne dans un univers si traditionnel.

La playlist des philosophes (Marianne Chailland)

note: 5Philosopher en chanson Les bibliothécaires - 9 décembre 2017

La Playlist des philosophes fait le pari audacieux d’expliquer les grands concepts philosophiques à partir de chansons de variétés.
Plus besoin pour les futurs bacheliers de lâcher leurs écouteurs pour réfléchir et réviser leurs cours. En effet, qui aurait pu penser que l’on puisse aborder la philosophie platonicienne grâce à Stromae ou bien encore comprendre la philosophie nietzschéenne en écoutant Mika ! Dans la chanson de Mika : « Elle me dit » c’est la mère qui incarne ce que Nietzsche a appelé- l’homme du ressentiment -
L’auteur ( professeur de philosophie) est lucide et imagine volontiers que sa démarche sera dénoncée par les puristes et elle dénonce avec ironie : « Aimer la chanson de variétés semble bel et bien constituer un signe extérieur d’affliction culturelle » (cf. préface du livre). Gageons que cet essai ne laissera aucun lecteur indifférent et qu’il a bien sa place dans les rayons d’une bibliothèque!

Les petites victoires (Yvon Roy)

note: 4Lumineux et touchant Les bibliothécaires - 8 décembre 2017

Dessinateur de bandes dessinées au Canada, Yvon Roy livre avec Les petites victoires une œuvre en partie autobiographique puisqu’il s’inspire de son vécu pour évoquer dans cette BD le sujet de l’autisme. Il partage plus particulièrement son expérience en tant que parent d’un enfant autiste dans le quotidien de Marc et Chloé, jeunes parents d’un petit garçon chez lequel se manifestera le handicap dès le plus jeune âge.

On suit le quotidien d’Olivier de sa naissance jusqu’à ses huit ans, et notamment son éducation par des parents qui s’efforcent de s’adapter à son handicap. Il s’agit donc moins d’une bande dessinée sur l’autisme en tant que telle que sur la façon dont les parents, et notamment le père, alter ego de l’auteur, opère un véritable travail sur soi afin d’accepter la différence de son fils et l’aider à surmonter son handicap et son isolement.

Aucun pathos cependant dans ce récit optimiste et lumineux, servi par un dessin sobre et parfois même quelques notes humoristiques. Le propos reste cependant touchant et encourageant, le père déployant des trésors de patience, d’autant qu’il est constamment soutenu par ses proches et notamment par la mère de son enfant et ce, même après leur séparation. A voir ici un très beau portrait de l’amour parental, solidaire, inconditionnel.

Mais le plus intéressant est l’approche adoptée par le père d’Olivier qui, craignant que les méthodes de prise en charge préconisées par les médecins risquent de conforter son fils dans son isolement, décide d’aller à leur encontre dans des petits jeux ingénieux afin d’habituer le petit garçon à la réalité et à ses changements. Un travail qui se fait à petits pas, à coups de persévérance et de petites victoires qui permettent à Olivier de s’épanouir, mais surtout établit une réelle complicité entre l’enfant et le père et facilite leur communication, et celle d’Olivier avec le monde qui l’entoure.

L’auteur témoigne ainsi d’une approche différente de l’autisme, qui ne vise en aucun cas à décrier les méthodes des spécialistes mais insiste sur la nécessité de s’adapter aux particularités de l’enfant, d’apprendre à le connaître. Avec, à la clé, des résultats souvent inattendus mais toujours encourageants.

Une BD qui traite donc d’un sujet difficile de façon positive, suscite à la fois de l’espoir et permet une sensibilisation à cet handicap encore mal connu du monde médical.
Vv

Grave (Julia Ducournau)

note: 4La chair et Le sang Les bibliothécaires - 2 décembre 2017

Végétarienne de mère en fille, Justine, étudiante en école vétérinaire, se voit forcer d’ingurgiter de la viande crue lors d’un rituel de bizutage. Dès lors, LA véritable nature de Justine se dévoile…
Avec Grave, Julie Ducournau marque une entrée fracassante dans le cinéma français en explorant le cinéma de genre.
Attention, ce film est déconseillé aux âmes sensibles et certaines scènes hyperréalistes mettent à rude épreuve les nerfs du spectateur. Le rire jaune n’est jamais très loin, questionnant ainsi notre position écartelée entre dégoût et curiosité morbide.
La question tabou du cannibalisme est ici traitée en corrélation avec la recherche d’identité. En effet, Justine se trouve confrontée à son animalité, à CE corps aux appétits hors-normes. La transition vers le monde des adultes s’accompagne de révélations horrifiques qui mettent à mal les certitudes de l’enfance.
Le tandem des deux soeurs ne laisse pas non plus indifférent, entre attraction et répulsion, confrontation et complicité, intérêt et convoitise pour la même proie.

Brigade criminelle (Raynal Pellicer)

note: 5Dans le quotidien de la Crim' Les bibliothécaires - 21 novembre 2017

Le décor du siège de la police judiciaire parisienne depuis 1913 change en ce début d’automne 2017. Terminé le célèbre escalier en colimaçon long de 148 marches, les bureaux exigus, les toits de Paris en ligne de fuite… Adieu le fameux et mythique 36, quai des Orfèvres… Bonjour le 36, rue du Bastion dans le quartier Clichy-Batignolles…

Heureusement, reste une trace indélébile de cette histoire. Et quelle trace ! Une BD plus précisément. Celle de Raynal Pellicer et de Titwane intitulée « Brigade criminelle : immersion au cœur du 36, quai des Orfèvre. »
Car les (anciens) locaux de la brigade criminelle sont presque aussi chargés d’histoire que la brigade elle-même. Les auteurs arrivent, d’ailleurs, dans cet ouvrage à en dresser des tableaux saisissants.

Pour beaucoup, la "Crim’" est considérée comme le plus prestigieux des services de la Police judiciaire parisienne. Mais aussi un des plus secrets car très rarement ouvert aux journalistes ou au public. Le document relate le quotidien de groupes d’enquêtes de droit commun et celui de la Section anti-terroriste. Il nous plonge dans la vie de la Brigade, nous explique son organisation et nous fait suivre sur le terrain quelques affaires comme celles du « Meurtre au Père-Lachaise » ou « Le peintre sans visage » avec retranscription des gardes à vue et interrogatoires… à l’appui.

Les ripeurs, les mains sales, les procéduriers... Tous ont des fonctions bien précises. A tel point qu’un chapitre est consacré au rôle fondamental du procédurier chargé d’effectuer les premières constatations, et qui n’existe dans aucun autre service de police.

Les dessins à l’aquarelle de Titwane finissent de nous dépeindre les atmosphères si particulières des scènes de crime et des locaux dans lesquels les policiers exerçaient pour nous plonger au cœur de l’action ! Cet ouvrage très fourni en textes et richement augmenté par les illustrations du talentueux Titwane, constitue un compte-rendu captivant de cette expérience rare.

Une superbe découverte, vivement conseillée !
F. D.

Space boulettes (Craig Thompson)

note: 5Baleines de l'espace Les bibliothécaires - 21 novembre 2017

Violette Marlocke est une petite fille qui vit dans un camping-vaisseau spatial avec ses parents. Sa maman travaille en tant que styliste à la station spatiale la plus proche tandis que son papa passe ses journées à récupérer les déchets de baleines de l’espace, source fondamentale de carburant pour les vaisseaux. Un jour, l’une d’entre elles tombe malade et déclenche ce qui s’annonce comme le pire désastre écologique de l’histoire cosmique : la diarrhée de baleine, qui emporte tout sur son passage ! Le père de Violette disparaît et la fillette se lance immédiatement à sa recherche à travers l’univers…

Après Habibi et Blankets (également disponibles dans votre bédéthèque !), Craig Thompson propose avec Space Boulettes une aventure loufoque et touchante, avec des personnages hauts en couleur et un univers complètement déjanté.

On suit avec fébrilité l’expédition de sauvetage de l’intrépide Violette qui traversera les décharges intersidérales, manipulera des exosquelettes spatiaux et recevra l’aide d’un jeune poulet bibliophile, du dernier lumpkin de son espèce et d’un gang de motards interstellaires...

Le dessin dynamique et expressif, et les couleurs vives et profondes font de cette bande dessinée une lecture tout à fait réjouissante. A noter que le volume se termine sur un petit dossier nous révélant les arcanes de la traduction des jeux de mots et de la transposition des références du texte, ancrés dans la culture américaine.
Vv

Monsieur désire ? (Hubert)

note: 4La vertu servant le vice Les bibliothécaires - 8 novembre 2017

Dans l’austère Angleterre victorienne, le jeune et fortuné sir Édouard révolte l’aristocratie autant qu’il la fascine par ses frasques incessantes et ses mœurs de vie dissolues. Lisbeth, domestique discrète et travailleuse, entre à son service et demeure imperturbable face aux provocations de son maître dont elle devient bientôt la confidente, bouleversant ainsi la hiérarchie de la maison et les conventions sociales. Dans un discours qui oscille entre le raffinement des cercles aristocratiques et la dureté de la condition de travail des domestiques, les dialogues habilement menés illustrent la progression de cette relation hors du commun, mise en images par le dessin élégant de Virginie Augustin.
Vv

Rock 'n' roll (Guillaume Canet)

note: 4Mais pourquoi t’as fait ça?! Les bibliothécaires - 4 novembre 2017

Dans Rock’n roll Guillaume Canet joue son propre rôle, et tout semble aller pour le mieux dans sa vie personnelle et professionnelle mais tout est remis en cause par une jeune comédienne qui lui reproche de ne pas faire assez rock. Et là tout bascule, le gendre idéal qu’incarne Guillaume Canet entame une métamorphose ; Guillaume se cherche une nouvelle jeunesse en passant par des solutions extrêmes qui auront à la fois des conséquences sur sa vie familiale et sur sa carrière.
Rock’n roll est une satire du monde du show business dans lequel des hommes et des femmes courent après leurs gloires passées. Guillaume Canet fait preuve d’autodérision avec cette version ridicule du couple qu’il forme avec Marion Cotillard. On est loin, très loin du glamour auquel ils nous ont habitués.

Une vie (Stéphane Brizé)

note: 4La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit Les bibliothécaires - 4 novembre 2017

Stéphane Brisé, réalisateur de la Loi du marché, s’attaque à l’adaptation du premier roman de Guy de Maupassant, publié en 1883.Jeanne, jeune aristocrate provinciale, à peine sortie du couvent retrouve le château-cocon de son enfance et des parents tendres et protecteurs. Ses perspectives d’avenir se limitent à réussir un beau mariage et fonder une famille.
Ses parents la laissent épouser le vicomte Julien de Lamare. Dés lors, la candide Jeanne vit les premières désillusions de sa vie d’adulte et l’intrigue progresse inexorablement vers des trahisons et des drames que le spectateur sent poindre.
La construction du film n’est pas linéaire et chronologique de manière à souligner le passage du temps. Le film est tissé de ruptures narratives, d’ellipses. Les flashbacks notamment illustrent parfaitement le ressassement de l’héroïne, le passé devenant un refuge face à la brutalité du présent. La représentation de la Nature omniprésente apparait également intéressante, à l’unisson de la psychologie de Jeanne. Le réalisateur exploite intensément les sons de la Nature.
Ce film est nimbé d’une grâce et d’une poésie absolue, incarnée par la présence singulière de Judith Chemla qui donne à Jeanne sa fraicheur et sa noirceur.

La fissure (Carlos Spottorno)

note: 4Les limites de l'Europe Les bibliothécaires - 18 octobre 2017

En 2013, dans le contexte des migrations amorcées par le printemps arabe, plus de 300 migrants périssent en mer au large des côtes de l’île de Lampedusa. Il n’en faut pas plus pour deux journalistes d’El Pais Semanal pour se lancer dans un reportage ambitieux aux points les plus chauds des frontières européennes.

De l’enclave espagnole de Melilla au nord du Maroc jusqu’au centre d’accueil surpeuplé d’Hermanli en Bulgarie, en passant par les frontières hermétiquement fermées de la Hongrie, Carlos Spottorno et Guillermo Abril suivent et photographient ces populations issues de pays différents et dont le seul objectif est de franchir les portes bien gardées de l’Union Européenne.
À la frontière entre le reportage photo et la bande dessinée, ce documentaire est frappant d’une réalité bien souvent mise de côté par les discours politiques et témoigne d’une Union Européenne qui se désolidarise et qui semble bien démunie face à des vagues d’immigration de plus en plus conséquentes. Pour ces clichés exceptionnels, Spottorno et Abril seront récompensés par l’organisme du World Press Photo en 2015.

Entre le discours contrôlé des agents de police aux frontières et les visites impromptues de camps d’immigrés surpeuplés, les deux journalistes révèlent dès 2014 les fragilités de l’Union Européenne, des fissures que ne feront qu’amplifier la crise ukrainienne puis le Brexit, ou encore l’essor général des nationalismes en Europe. La deuxième partie de l’ouvrage est ainsi consacrée à des voyages aux limites de l’ancien bloc soviétique, où les échanges tendus avec la Russie se font à coups d’entraînement post-apocalyptiques et de défilés militaires soutenus par l’Otan.

Un ouvrage saisissant, à lire ne serait-ce que pour ses photographies marquantes.
Vv

Histoire de la prostitution (Laurent De Sutter)

note: 4Splendeurs et misères des courtisan(e)s Les bibliothécaires - 14 octobre 2017

Une petite histoire édifiante de la prostitution : ou quand les prostituées étaient les seules femmes libres de Babylone, et que les hétaïres se mettaient à la politique ; dans l’Europe médiévale, l’Église catholique les considérèrent même (de manière officieuse) comme régulatrices de paix sociale.
De Rome, « lupanar à ciel ouvert » au quartier de Yoshiwara au Japon, où les rapports tarifés se pratiquaient avec ses rites et ses codes, en passant par la prostitution européenne dans les colonies, ce documentaire revient de façon efficace et synthétique sur le statut des prostitué(e)s et de la prostitution, de l’Antiquité à nos jours.
Vv

Fire Punch n° 1 (Tatsuki Fujimoto)

note: 4La vengeance est un plat qui se mange... (très) chaud ? Les bibliothécaires - 14 octobre 2017

Avec un titre pareil, on pourrait s’attendre à un énième manga de super héros en costume affriolant, protégeant la veuve et l’orphelin... Et pourtant, il n’en est rien.
Voici le speech : le monde est en train de mourir dans un froid glacial. Certains membres de la population possèdent des pouvoirs qui les aident à survivre, mais ce sont surtout des outils pour exploiter les autres. Ou même se faire exploiter. Quant aux humains normaux, ils servent d'esclaves au mieux, de combustible au pire.
Agni et sa soeur, Luna, font partis de ces « élus » et possèdent la faculté de se régénérer. Agni utilise ce pouvoir pour nourrir les habitants de son village. Pourtant cela ne suffira pas à les préserver du terrible malheur qui va s’abattre sur eux… Agni sera le seul survivant du massacre qui a brûlé tous ses proches. Il part alors dans une quête effrénée pour assouvir sa soif de vengeance !

Bien que l’histoire paraît somme toute assez classique, la grande force de Fire Punch réside dans sa volonté d’aller toujours plus loin : ainsi on explorera des thèmes hautement dérangeants tel que l’esclavage, le cannibalisme, l’inceste et bien d’autres, Fire Punch décrit avec brio toute l’horreur dont l’espèce humaine est capable en situation de crise.
Ce manga s’adresse à un public mature et averti (16 ans et +), les scènes violentes (aussi bien sur le plan physique que moral) sont courantes et les plus sensibles pourraient ne pas être à l’aise.
Pour peu que ces quelques obstacles ne nous aient pas refroidi, on se délecte des (més-) aventures d’Agni le vengeur enflammé et nous le suivons tel un papillon de nuit traquant inlassablement la moindre petite lueur dans l’obscurité.
En conclusion, Fire Punch, c’est dur, ça fait grincer des dents, mais c’est diablement bon et on en redemande. T. V.

Coluche (François Dimberton)

note: 5C’est l’histoire d’un mec… formidable ! Les bibliothécaires - 14 octobre 2017

Dans Coluche : une vie d'enfoiré !, François Dimberton nous offre un très bel aperçu de ce qu’a pu être la vie de l’artiste. À la lecture de cette BD, on peut se dire qu’il a vécu mille vies tellement son existence fut rocambolesque !

Le scénario réussit à saluer, sans rien oublier, les différentes étapes de cette carrière fulgurante et hors norme : découvrir où il est né, qui étaient ses parents, ses amis d’enfance, son adolescence, son entrée dans la vie active après le service militaire, sa première compagnie, sa rencontre avec G. Moustaki, son aventure avec Miou-Miou, ses enfants, ses passions, ses crises de nerfs et ses premiers succès populaires… jusqu’à ses déboires avec l’alcool et la drogue qui l’ont coupé de tout. Sans compter le fisc qui lui maintenait la tête sous l’eau… avant la rédemption et la consécration quelques années plus tard.
Même si on connaît la vie de l’humoriste, F. Dimberton arrive quand même à nous surprendre en nous livrant quelques passages méconnus dans la vie de l’artiste comme cet exil en Thaïlande lors de l’été 1984.

Cette BD, au final, est agréablement bien construite, l’auteur raconte avec émotion la vie entière de Coluche, allant à l’essentiel, assaisonnée de répliques cultes de l’humoriste. Le dessin de Rémi Torregrossa est, quant à lui, réalisé avec beaucoup de précision. Son trait réaliste et fin donne vie aux innombrables visages de stars de l’époque reconnaissables au premier coup d’œil.
En résumé, « Coluche : une vie d'enfoiré ! » est une belle réussite et nous offre un excellent moment de lecture ! F. D.

Le grand livre des superstitions (Édouard Brasey)

note: 5Halloween ou le Nouvel An Celte (Samhain) Les bibliothécaires - 10 octobre 2017

J’étais à la recherche des origines d’All Hallows’Eve « veille de tous les saints ». Grâce à ce livre j’ai tout trouvé, mieux, désormais les superstitions ne sont plus des mystères pour moi mais une multitude d’Histoires des sociétés !
Voici donc une petite pépite documentaire proposant un voyage léger et agréable dans les lointaines racines de nos superstitions, pour certaines nimbées de quelques créatures fabuleuses, pour d’autres prenant leur source dans les fêtes et croyances populaires de jadis !

Ainsi donc, Samhain ou « Samon » en gaulois Kesako ? C’est simplement « la fête des derniers labours d’Automne » mais aussi la « veille de tous les saints » en bref, le moment du « nouvel An Celte ». Période où les limites de l’Espace et du Temps sont abolies car les esprits de l’Autre monde se mêlent librement aux vivants, moment où l’on fête la fin des moissons tout en se préparant au passage des mois d’hiver et de froid. Pas de tristesse donc dans cette fête, ni d’étranges citrouilles charnues mais un instant particulier pour célébrer les Esprits anciens et partager les joies de l’été passé.
J’aime ce livre car il nous permet de nous remémorer que d’un Mythe naît souvent un Rite… L.V.

(Vous aimerez également : « Les druides » de Miranda Green & « Les Cultes, mythes et religions » de Salomon Reinach)

Mes courges, melons, pâtissons (Blaise Leclerc)

note: 5Cet Automne faites le plein de bêta-carotène , c’est la fête ! Les bibliothécaires - 10 octobre 2017

C’est la saison, les étals de certains primeurs regorgent de belles couleurs chatoyantes grâce à la panoplie des diverses cucurbitacées. Cucur…quoi ? ;o Cet ouvrage vous en fera re-découvrir pas moins de 40 ! Si si, mais alors, que sont exactement les cucurbitacées ? D’où proviennent-elles ? Et enfin par quelle multitude de vitamines nous revigorent-t-elles ?
Et bien dans ce livre vous y trouverez tous leurs secrets. Chaque variété y est présentée sous la forme d’une petite fiche illustrée, comme par exemple la Giraumon turban ou la Patidou. Il vous sera même permis de vous régaler par des recettes toutes aussi gourmandes qu’appétissantes (j’ai testé !  ) Les conseils de l’auteur, chantre de la biodiversité et jardinier-Bio devenu « expert en la matière» vous convaincra d’en cultiver pour vous-même. Donc plus qu’une lanterne pour « la fête des derniers Labours » du 31 octobre, mettez-les dans vos paniers et mangez-les ! Par L.V.

Imbattable n° 1
Justice et légumes frais (Pascal Jousselin)

note: 4C’est un oiseau ? C’est un avion ! Non, c’est Imbattable ! Les bibliothécaires - 5 octobre 2017

Si vous êtes un fidèle du Journal de Spirou, Imbattable ne doit pas vous être inconnu… Sinon, précipitez-vous sur le premier tome de ses exploits, car ce super-héros à l’allure de déjà vu n’a rien à envier à ses super-prédécesseurs.

Mieux encore : il ne se transforme pas, ne se régénère pas et n’a même de rayon supersonique. Sa kryptonite ? Les desserts de sa mémé. Par contre, il peut se déplacer entre les vignettes de bande dessinée comme personne, ce qui est drôlement pratique pour voir et intervenir sur les événements à venir !

Ajoutez à cela un super-stagiaire capable d’agir sur la perspective, un petit vieux qui peut influer sur les bulles en fonction de son humeur et quelques méchants diaboliques (ou pas…) du même acabit, et vous aurez une idée du joyeux chaos que sont les aventures d’Imbattable.

(Alors oui, il décroche aussi les chats des arbres et règle les soucis de plomberie de ses concitoyens entre deux courses pour sa mémé. Que voulez-vous, agir pour le bien et la justice, ce n’est pas seulement défaire des savants fous tous les jours…)
Vv

Her tape #1 (Her)

note: 5A la bonne Her Les bibliothécaires - 3 octobre 2017

Le disque de Her s’ouvre sur une ode aux femmes et à la féminité. Ce duo breton écrit des morceaux sensuels matinés de soul et d’une pointe d’électro pour donner langueur mais intensité.
Sur ce mini album, ils confrontent leur morceaux produits à leur verson live plus dépouillée.On y trouve d’ailleurs un belle reprise de Sam Cooke A Change is gonna come. C.G.

Cigarettes After Sex (Cigarettes After Sex)

note: 5L'amour, c'est comme une cigarette... Les bibliothécaires - 3 octobre 2017

Ambiance enfumée et sensuelle pour ces ballades de Cigarettes after sex. Rarement groupe n’aura si bien porté son nom tant l’ambiance suggestive habille chaque morceaux de cette album.
On trouve la même patte sonore sur chaque titre et néanmoins aucun sentiment de lassitude à l’écoute de cette pop intimiste. La voix est également troublante : celle d’un homme dont le timbre se rapproche de celui d’une femme. Sans grande surprise pour autant, cela parle d’amour et du souvenir de l’amour comme pour illustrer une comédie tristement romantique. C.G.

Premier contact (Denis Villeneuve)

note: 4Tu viens pour la paix ou pour la guerre? Les bibliothécaires - 3 octobre 2017

Premier contact est un film qui rejoint la lignée des films de science-fiction essayant de comprendre le but de la venue des extra-terrestres. Pour cela l’armée américaine engage des scientifiques spécialisés en linguistique (Amy Adams et Jeremy Renner) afin de comprendre les symboles dessinés par les Heptapodes. Cela n’est pas sans nous rappeler le scénario de Rencontres du troisième type de Steven Spielberg. Içi, deux visions du monde s’opposent : d’un côté les Russes et les Chinois qui veulent à tout prix s’attaquer à ces envahisseurs et de l’autre, les Américains qui cherchent à comprendre ce que veulent ces voyageurs. Tout se résume par l’interprétation d’un mot. Ce mot veut-il dire « armes » ou « outils » ?
Le film est donc une réflexion sur la méfiance vis-à-vis de ce qui est étranger. L’originalité du film réside également dans son organisation temporelle, les découvertes que fait le personnage de Amy Adams façonne sa perception, sa pensée, ses rêves. Le spectateur est comme perdu : il n’arrive plus à savoir si ce qu’il voit fait partie du passé, ou du présent. R. V.

Découvertes insolites autour de Paris (Dominique Lesbros)

note: 4Au-delà du périph... Les bibliothécaires - 30 septembre 2017

Fin des Vacances ? Vive les Week-ends ! Les curiosités, bizzareries, intrigues sont un supplément d’âme à vos sorties ? Voici de quoi sustenter vos besoins d’étrangetés au-delà du Périph’. « Bien-être » assuré ! Suivez le Guide : retrouvez toutes les réponses de la p. 4 à la p. 239.
-Vous êtes un As du Poker ? mais saviez-vous que la Carte à jouer avait son musée ?
-Vous rêvez d’être une Star ou mieux une vedette, venez vous photographier dans le temple « d’Hollywwod-sur-Seine » à côté de la « Machine à rêves »… Atmosphère, atmosphère !
-Qu’est devenu le repaire des chiffonniers en 1899 ? indice : l’endroit est classé Monument Historique depuis 1987. Que suis-je ?
-Parce-que la Paix est votre seconde nature ? Rendez-vous à Suresnes à tire-d’aile ; tandis que si pour vous le Zen est essentiel c’est à Rueil-Malmaison que vous le retrouverez.
-Classée Monument Historique en 1994 elle représente un doux mélange de styles architecturaux aussi divers que tous les continents. Insolite mais pas que … elle provoque également des accidents de circulation. Une idée ?
-Les Vampires et les monstres fantastiques font parties de vos lectures préférées, que diriez-vous de les voir en vrai ? Rappel, les visites sont sur RDV : normal !
-Quand il vous dit « Tu as de beaux yeux» et que ça sonne pour vous l’air d’un déjà vu, préférez l’original à la copie en allant à Mériel. Par L.V.

Injuriez-vous ! (Julienne Flory)

note: 5Dis-moi comment tu injures je te dirais qui tu es… Les bibliothécaires - 30 septembre 2017

Ce livre (trop court) explore une variété d’injures et d’insultes courantes. À chaque fois, l’auteur reconstitue le contexte et le sens, expliqués clairement et facilement. Il propose, bien plus qu’une liste de mots ou d’expressions, mais une partie de l’Histoire de nos sociétés et de ces groupes, du point de vue de leurs comportements verbaux et de leurs mécanismes de défense. Étonnant !
« Nous ne pouvons pas utiliser le langage comme nous le souhaitons ; nous sommes soumis à une standardisation et à des Normes » mais alors en quoi l’insulte serait-elle un « sujet politique » ayant le pouvoir magique de redéfinir le Monde. Pourquoi choisit-on telle injure plutôt qu’une autre ou encore pourquoi les injures ordinaires font appel au corps (souvent féminin) ?
Voici une lecture Coup de cœur éclairant sur nos sociétés & Coup de poing sur nos préjugés, le tout savamment orchestrés pour nous restituer les clefs d’une compréhension qui souvent nous dépasse. Autant passionnant qu’instructif ! Par LV. la B****** qui vous veut du bien.

Toutes les lettres pour agir (Éditions Francis Lefebvre)

note: 4Des lois et vos droits Les bibliothécaires - 29 septembre 2017

« Toutes les lettres pour agir » c’est l’indispensable correspondance juridique (de qualité) qui vous aide à faire valoir vos droits sur des questions aussi vastes que celle de notre quotidien (habitation ; voiture ; consommation ; finances, impôts ; famille et cætera..).
Le petit + est que vous y retrouvez des conseils et des explications juridiques « accessibles pour tous ».

Un Coup de Cœur vous dit-on ! S.A. et L.V.

Coming home (Zhang Yimou)

note: 4Je ne t’oublierai jamais Les bibliothécaires - 20 septembre 2017

Dans Coming home Zhang Yimou nous présente de façon dramatique le contexte social de la Chine pendant la révolution culturelle à travers la figure de son actrice préférée Gong Li. Celle-ci campe une mère de famille déchirée entre sa fille fidèle au partie unique et son mari prisonnier politique de par ses engagements. La fille rêve d’être la danseuse principale d’un ballet, mais le rôle lui échappe de par sa filiation, elle décide donc de dénoncer son père. La douleur provoquée par cette suite de drame rendra le personnage de Gong Li amnésique, tout comme ce pays qui refuse de voir la déchirure provoquée par la révolution culturelle de Mao. La critique du régime imprègne l’intrigue du film mais celle-ci se fait sans violence, le pardon est le maître-mot.
Un film émouvant porteur d’espoirs. R.V.

Ouï (Camille)

note: 5Ouï, trois fois Ouï Les bibliothécaires - 2 septembre 2017

Depuis 15 ans, Camille trace son sillon dans la chanson française. Chaque album diffère du précédent et de désir d’originalité renouvelé participe de sa singularité.
Ecouter un album de Camille, c’est une expérience auditive, certes, mais également sensuel. Dans sa musique, le corps et son potentiel percussif entrent en jeu mais aussi le souffle, la voix. La voix sous toutes ses formes : chœurs, vocalises, syllabes répétées à l’envie. Sur cet album encore, on ressent son amour des mots et leur association, elle les croise, les fait rimés pour créer un rythme, parfois au mépris du sens. Mais le plus souvent, ses mots sont sensibles, poétiques et subtiles. A écouter absolument son texte « Fontaine de lait ». CG

Les 8 salopards (Quentin Tarantino)

note: 5Mais qui est donc l'imposteur ? Les bibliothécaires - 3 août 2017

L’intrigue des huit salopards se situe peu de temps après la guerre de Sécession. Le chasseur de prime John Ruth conduit sa prisonnière Daisy Domergue à Red Rock pour se faire exécuter et empocher la récompense attendue, mais évidemment rien ne va se passer comme prévu puisque le blizzard et les rencontres sur le chemin le contraignent à s’arrêter à l’auberge de Minnie. C’est dans ce huis-clos que nait la suspicion entre des personnages très différents les uns des autres. Tarantino fait monter la tension entre les personnages en entremêlant leur vie, ce qui finira par les conduire à un carnage digne d’un bon Pulp Fiction ou d’un bon Kill Bill. L’autre intérêt du film est de revisiter le western; on ne s’éternise pas sur les paysages mais sur le fond des personnages. R.V.

Un sac de billes (Christian Duguay)

note: 4La bille du souvenir Les bibliothécaires - 3 août 2017

Un sac de bille est le récit poignant de la fuite de deux frères juifs, Maurice et Joseph, vers la zone libre pendant l’occupation allemande, afin de retrouver leur famille. Christian Duguay montre toute l’ingéniosité et le courage de ces deux enfants. Il met également en exergue l’amour fraternel qui permet de faire face dans toutes les situations. Le film est une adaptation du roman éponyme de Joseph Joffo. Il est également vivement recommander de visionner le magnifique documentaire en bonus sur Joseph Joffo. Celui-ci, en compagnie du réalisateur, revient sur les lieux de son exil et partage avec nous ses impressions. C’est un fabuleux témoignage sur la réalité juive pendant l’occupation ; à voir et à revoir.

Inséparables (Sarah Crossan)

note: 5Un roman captivant pour les ados Les bibliothécaires - 7 juillet 2017

Inséparables raconte l’histoire de deux sœurs siamoises : Grace et Tippi.

Elles ont deux têtes, deux cœurs, quatre bras, deux jambes.

On ne leur donnait que quelques mois à vivre , et voilà qu’elles s’apprêtent à faire leur première rentrée au lycée, au milieu d’autres élèves.

Et ça les terrifie.

On va donc suivre les deux adolescentes dans leur découverte du lycée. On va aussi les voir affronter la violence du regard des autres.

Mais heureusement Grace et Tippi noueront aussi de belles amitiés …
Ce roman écrit en vers libres est captivant vraiment et ne laissera aucun lecteur indifférent. J. B.

Les légendaires n° 5
Coeur du passé (Patrick Sobral)

note: 1les légendaires c'est géniale! Fleur - 24 juin 2017

j'ai lu tous les légendaires et tous m'ont passioné ! Honnetenment j'attends avec impatience le dernier tome qui va normalement sortir! c'est une histoire fabuleuse! (moi mon héros préféré des légendaires dont je suis fan depuis que je lis les légendaires c'est ... SHIMY et oui :)

Joséphine Baker (Catherine Catel Muller)

note: 4J'ai deux amours Les bibliothécaires - 10 juin 2017

Avec Kiki de Montparnasse et Olympe de Gouges, Catel Muller et José-Louis Bocquet avaient déjà exploré le destin exceptionnel de deux femmes qui ont su marquer leur époque et leurs contemporains. Cette fois-ci, leur inspiratrice est une grande dame qui chantait qu’elle avait « deux amours : [son] pays et Paris »…

Américaine d’origine et Française d’adoption, Joséphine Baker a commencé à danser dans les rues de Saint-Louis avant de terminer sa carrière sur les plus grandes scènes internationales. Entre temps, elle a introduit le charleston en Europe, intégré les forces de l’armée de l’air pour le compte de la France libre, marché aux côtés de Martin Luther King pour les droits civiques des Afro-Américains, adopté douze enfants de différentes nationalités, et charmé les plus grandes personnalités du XXème siècle.
Un destin tumultueux que Catel et Bocquet se sont appliqués à croquer dans un pavé de plus de 500 pages, qui s’avale pourtant d’une traite tant la vie de l’artiste semble tenir du roman. Chaque pas de swing, chaque note de jazz sont rendus par l’expressivité et le dynamisme des dessins.

Le choix du scénariste de suivre chronologiquement les événements qui ont marqué la vie de Joséphine peut, à première vue, sembler indigeste, mais nous permet de mieux saisir l’évolution personnelle de la femme qui se cache derrière la vedette. Une évolution que l’on suit avec d’autant plus de plaisir et de surprise lorsque l’on se rend compte que Joséphine Baker a pratiquement croisé tous ceux qui ont modelé son époque. Reconnaissable à son pagne de bananes et à son léopard de compagnie, figure d’exotisme et d’excentricité, Joséphine Baker a pourtant su se forger une solide réputation auprès de la haute sphère politique et culturelle de son temps. Derrière l’image de la première icône noire internationale, Catel et Bocquet ont su dévoiler la femme dans toute son humanité et son expressivité. Une lecture enrichissante, que l’on pourra compléter, en fin d’ouvrage, avec la biographie complète de Joséphine Baker ainsi que celles, plus rudimentaires, des personnages qu’elle a croisés…
Vv

Le gourmet solitaire (Jirō Taniguchi)

note: 5itadakimasu ! Les bibliothécaires - 10 juin 2017

S’il fallait mal résumer ce manga, ça donnerait quelque chose du genre : « Bon ben c’est l’histoire d’un type qui a faim donc il mange ».
Mais plus sérieusement, on suit les promenades culinaires de monsieur INOGASHIRA, un commercial indépendant. Cet homme est assez basique, il n’a pas de réelle substance et aurait tout aussi bien pu être monsieur Marcel ou madame Bellerose, ce qui n’aurait pas changé grand-chose… Oui cela peut paraitre choquant de prime abord, mais on se rendra compte très vite que son rôle à lui n’est pas d’être intéressant, au contraire il se doit d’être le plus transparent possible pour laisser la part belle au reste.
Mais le reste c’est quoi ? Le reste c’est les plats appétissants que va engloutir le protagoniste. C’est la description des repas (et les dessins bien sûr) qui feraient saliver les plus perspicaces. C’est le cadre dans lequel sont commandés ces casse-croûtes, allant du petit boui-boui au restaurant familial, chaque lieu a sa propre atmosphère et on s’y projette sans le moindre mal.

L’intérêt de ce manga (autre que de donner faim) se situe aussi dans les explications à la fois sommaires et complexes qui accompagnent chaque plat. Anecdote sur l’aliment, conseils de préparation, etc... Le personnage à toujours un petit truc à dire à propos de tout. Alors, on aime ou on n’aime pas, mais on ne dit pas non avant d’avoir gouté : laissez-vous tenter et bon appétit bien sûr. T.V.

William Z Villain (William Z Villain)

note: 4Blues fantomatique Les bibliothécaires - 8 juin 2017

Sur cet album qui porte son nom, William Z. Villain fait tout ou presque. Guitare, piano, percussions, chant. Une musique brute, les deux pieds dans la poussière.
William Z. Villain fait entrer les sons de la nature sur son disque. Le bruit de l’océan ou un concert de criquets ! Mais c’est bel et bien du blues : un blues étrange notamment coloré par des jeux de voix, tantôt haute, tantôt basse. Quelques balades et des rythmes afro-cubains trouvent également leur place sur cet album-pépite. C.G.

Mademoiselle (Chan-Wook Park)

note: 4Thriller érotique à la sauce teryaki Les bibliothécaires - 2 juin 2017

Années 30, la Corée est colonisée par le Japon. Une jeune servante coréenne, recommandée par un comte japonais, entre au service d'une jeune et riche héritière japonaise, qui vit avec son vieil oncle.
Rapidement, le spectateur comprend qu’il s'agit d'une combine (entre le faux comte et la servante, complices) pour priver la jeune Japonaise de son héritage. Mais l'histoire ne fait que commencer....
Park Chan Wook, réalisateur coréen est passé maitre dans l’art de la manipulation. Le film est construit en 3 parties, chaque partie plus complète que la précédente et donnant à l'histoire un autre point de vue, une autre tournure, comme un thriller, un jeu de manipulation et de séduction passionnant. Victime ou complice, chaque protagoniste l’est tour à tour.
L’esthétisme est poussé à son paroxysme : photographie, décor ou costumes, tout est extrêmement stylisé et détaillé, peut-être trop parfois. C.G.